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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Pour une dynamique patriotique, un esprit de rassemblement national

     

    par François Marcilhac

    C’est la une de La Croix qui, ce lundi 14 décembre, résume le mieux les résultats des élections régionales : « La défaite pour tous ». Défaite du Front national qui, bien que devenu le premier parti de France, ne remporte aucune région. 

    Défaite de l’opposition parlementaire, qu’il est bien difficile d’appeler la droite et qui, réunissant l’ex-UMP et le centre, ne connaît un succès relatif que grâce à l’apport des voix de gauche, du moins dans deux grandes régions, et n’en remporte que laborieusement cinq autres. Défaite de la gauche qui, si elle limite les dégâts par rapport à ce que les media avaient annoncé, ne sera plus qu’à la tête de cinq régions, alors qu’elle en dirigeait la quasi-totalité. D’ailleurs, lucide, Valls a aussitôt commenté : « Ce soir, il n’y a aucun soulagement, aucun triomphalisme, aucun message de victoire », puisque « le danger de l’extrême droite n’est pas écarté, loin de là ». C’est donc un lâche soulagement pour le pays légal : le front panurgique a fonctionné encore une fois. Le discours de l’oligarchie, reposant sur ces deux piliers que sont la peur et la haine, a poussé un nombre important d’abstentionnistes du premier tour à se déplacer pour le second, allant aux urnes tels des moutons à l’abattoir démocratique. La Bête immonde n’était-elle pas en position, toute théorique, d’avaler quatre régions, de les « défigurer », selon l’inénarrable Kosciusko-Morizet ? Valls n’avait-il pas prévenu de manière sidérante que la France est à la veille de la « guerre civile » ?

    Non pas, évidemment, parce que l’Etat islamique dispose au sein même de la population d’un grand nombre d’agents dormants, prêts à commettre des massacres sur un simple SMS, mais parce que Marine Le Pen, Florian Philippot, Louis Aliot ou Marion Maréchal-Le Pen étaient sur le point de mutiler la « République » de pans entiers de son territoire en prenant la tête de plusieurs régions. Du reste, « la République est la seule et la plus forte des réponses ». On connaît la musique : le « patriotisme » (Valls) consiste bien sûr à voter pour les candidats d’une « société cosmopolite » (Hidalgo) assumée, car il s’agit alors d’un « patriotisme d’ouverture, européen », aux antipodes du « patriotisme de fermeture » (Raffarin) des tenants d’une « France frileuse, apeurée, protectionniste, anti-europénne » (Juppé). Dimanche soir, la langue de bois a fonctionné à plein régime.

    « Il y a des victoires qui font honte aux vainqueurs. [...] ils auront sabordé la démocratie », a, pour sa part, déclaré la benjamine du clan Le Pen devant ses militants. Plus exactement, il y a des victoires qui devraient faire honte aux vainqueurs si ces derniers avaient encore un minimum de décence et n’instrumentalisaient pas la morale à seule fin d’assurer leur monopole du pouvoir — on comprend pourquoi à l’Action française, « nous ne sommes pas des gens moraux » : c’est par éthique. Quant à avoir « sabordé la démocratie », on nous permettra d’en douter, à moins de croire en l’existence d’une « démocratie » toute de pureté et de désintéressement qui n’existe que dans les contes de fée qui font d’une introuvable Volonté générale le socle du Bien commun — et encore à quel prix : celui de renoncement à toutes les libertés individuelles. Non ! De même, « ceux qui disent s’opposer mais en réalité vous trompent » et « se partagent le pouvoir  » n’ont révélé aucuns « liens occultes » (Marine Le Pen) — ces liens sont connus de tous, et des électeurs en premier. Ni sabordement de la démocratie ni révélation fracassante, donc : ce qui s’est passé durant la semaine écoulée, c’est le libre jeu d’une démocratie qui n’a jamais été qu’un exercice de dupes, dans lequel une opinion publique préfabriquée par les puissances d’argent monopolise la parole publique.

    Sinon, comment expliquer que la quasi-totalité des électeurs de gauche, sur ordre de la rue de Solferino, acceptent de voir en Xavier Bertrand ou en Christian Estrosi, qu’ils vouaient aux gémonies quelques jours auparavant, des sauveurs de la liberté et du « pacte républicain » ? Comment expliquer que des abstentionnistes, qu’on croyait perdus pour la démocratie représentative, sur un coup de sifflet des chiens de garde de l’oligarchie, se soient rués dans les bureaux de vote pour créditer de leur confiance perdue ceux qui les avaient détournés de leur « devoir civique » ? S’il y a mystère, c’est celui de la démocratie elle-même, qui transforme l’électeur en schizophrène obtempérant à intervalles réguliers à des slogans qui le font aller voter presque comme un zombie contre la seule alternance crédible au sein du système lui-même.

    Faut-il alors « s’inquiéter, comme Marine Le Pen, sur les dérives et les dangers d’un régime à l’agonie » ? Si on voit à quoi font référence « les dérives et les dangers » — cette guerre civile manifestement souhaitée par l’oligarchie en cas d’arrivée au pouvoir du FN —, en revanche de quel « régime à l’agonie » parle-t-elle ? Commencerait-elle enfin à remettre en cause ce règne de l’étranger qu’est une République à laquelle elle et Philippot vouent pourtant un culte aussi nouveau au FN qu’exclusif ? Car, après tout, ce qu’elle continue d’appeler l’UMPS ne constitue pas un régime mais seulement une de ses multiples traductions historiques.

    Il est certain en tout cas que, pour l’oligarchie française et européenne — la première prenant ses ordres auprès de la seconde —, le 13 décembre ne saurait faire oublier le 6, c’est-à-dire le FN arrivant premier dans six régions, d’autant que celui-ci a encore progressé au second tour pour atteindre un record historique en voix — quelque 6,8 millions — avec, en sus, une abstention supérieure de vingt points à la présidentielle de 2012. L’oligarchie sait qu’elle n’en a pas fini avec la rébellion du peuple français, une rébellion qu’exprime aux yeux de celui-ci, faute d’une autre offre électorale, un Front national qui serait bien malvenu de ne s’en prendre qu’aux autres. Marine Le Pen a promis au soir du second tour la naissance de comités Bleu-Marine en veux-tu en-voilà partout en France. Il n’est pas certain que ce réflexe de boutique soit à la hauteur de la situation — surtout quand on connaît le degré d’autonomie du RBM par rapport à la maison-mère.

    Le report, ou plutôt la totale absence de report des électeurs de Debout la France de Dupont-Aignan sur les listes FN au second tour devrait la faire réfléchir. Sans compter un électorat catholique qui se redroitise mais que le FN fait tout pour repousser, exception faite de Marion Maréchal-Le Pen qui, d’ailleurs, a réalisé le meilleur score national. Pourquoi Marine Le Pen gagnerait-elle seule là où un Mitterrand, un Chirac, un Sarkozy ou un Hollande pourtant, eux, enfants légitimes du système, ont dû composer pour accéder à l’Elysée ? Tant que le FN n’entrera pas dans une logique de rassemblement national, c’est-à-dire tant qu’il n’acceptera pas de n’être qu’une composante d’une dynamique patriotique que le système est bien content de lui voir monopoliser au plan médiatique, cette unique cible lui facilitant son travail de sape, il continuera de se heurter à ce plafond de verre qui, quoi qu’en dise Marion Maréchal-Le Pen, existe toujours et surtout, ce qui est bien plus grave, il freinera la victoire du pays réel sur l’oligarchie, des « patriotes » sur les « mondialistes ». 

    L’Action Française 2000

  • Rendre les liber­tés réelles aux populations, par Philippe SCHNEIDER.

    1934, Hit­ler, depuis un an chan­ce­lier du Reich après avoir gagné les élec­tions, veut annexer l’Autriche, son pays natal. C’est la pre­mière ten­ta­tive « d’Anschluss ». Un pays réagit immé­dia­te­ment en mas­sant une armée à la fron­tière autri­chienne et mena­çant d’intervenir si l’Allemagne pour­suit son pro­jet. 

    2.jpgCe pays, c’est l’Italie dont le diri­geant prin­ci­pal est Mus­so­li­ni. Il est objec­ti­ve­ment le prin­ci­pal adver­saire de l’Allemagne nazie.

    Fin 1935, l’Italie attaque l’Ethiopie pour agran­dir son empire colo­nial. C’est mal vu des Anglais qui, par le tru­che­ment de la Socié­té des Nations fait condam­ner l’Italie. Des sanc­tions poli­tiques et éco­no­miques sont prises. Les Fran­çais, comme des « mou­tons », suivent bête­ment, ce qui est condam­né fort jus­te­ment par l’Action Fran­çaise. La consé­quence est catas­tro­phique pour la suite car, du coût, l’Italie se rap­proche de l’Allemagne et ils deviennent alliés. Que se serait-il pas­sé en 1940 si l’Italie avait été de notre côté ?

    Pour­quoi par­ler de cela ? Car la même erreur semble se repro­duire aujourd’hui : Les Etats Unis d’Amérique diri­gés par le stu­pide Joe Biden – comme presque tous les pré­si­dents amé­ri­cains en poli­tique étran­gère ! – veut  prendre des sanc­tions contre la Rus­sie qui est accu­sé d’oser avoir des actions dans le monde « non cor­rectes ». En fait, agir un peu comme les USA en plus modé­ré (inter­ven­tions dans la poli­tique inté­rieure d’autres pays par exemple). Et il veut entraî­ner tous les pays de l’OTAN dans cette poli­tique. Elle est désas­treuse et ne peut qu’entrainer un rap­pro­che­ment de plus en plus étroit entre la Rus­sie et la Chine. Il est cepen­dant pro­bable que la Rus­sie ne le sou­haite pas, comme Mus­so­li­ni ne sou­hai­tait sans doute pas l’alliance alle­mande. Les consé­quences peuvent être terribles.

    Biden est venu faire une tour­née en Europe pour don­ner ses ordres et à envoyer son secré­taire d’Etat les pré­ci­ser. Ange­la Mer­kel semble rechi­gner. En fait, elle veut que le gazo­duc qui doit relier la Rus­sie à l’Allemagne qui est presque ter­mi­né entre en acti­vi­té. Il semble que les Amé­ri­cains, sans doute à contre cœur, l’aient accep­té car les sanc­tions prises contre les entre­prises par­ti­ci­pants à sa réa­li­sa­tion ont été dis­crè­te­ment levées. Pour le reste les Alle­mands sont d’accord. Que va faire l’homme qui nous sert de Pré­sident ? Il dit qu’il a le droit de par­ler avec le Pré­sident Pou­tine. C’est bien. Mais encore ? La France doit par­ler avec la Rus­sie comme avec un pays ami avec qui nous devons avoir des rela­tions ami­cales. La pre­mière chose serait de recon­naître la Cri­mée comme fai­sant par­ti de la Rus­sie, ce qui est vrai his­to­ri­que­ment. Ce serait un fait mar­quant qui per­met­trait de dis­cu­ter plus serei­ne­ment des autres pro­blèmes qui peuvent exis­ter et pas­ser des accords éco­no­miques et com­mer­ciaux avec ce grand pays. Ce pour­rait être l’amorce d’une grande poli­tique étran­gère indé­pen­dante tout en gar­dant nos alliances, seule l’intégration de notre armée dans l’organisation mili­taire de l’OTAN doit être sup­pri­mée. Le pro­blème est jus­te­ment qu’il faut être indé­pen­dant pour le faire, ce qui n’est plus le cas. La France doit rendre des comptes aus­si bien à Bruxelles/Berlin qu’à Washing­ton. C’est vrai dans ce domaine comme dans tous les autres : éco­no­mie, finances, agri­cul­tures, jus­tice,… et même en grande par­tie notre défense. Notre Pré­sident ne fait rien car il ne peut rien faire sinon d’être un pâle « porte parole ». Alors, il parle pour faire sem­blant de faire quelque chose. Et un autre pré­sident (ou pré­si­dente) ne ferait rien de plus car pri­son­nier du système.

    Dès lors, pour­quoi voter ? Aucun can­di­dat poten­tiel (pour l’instant) à la pré­si­dence ne pro­pose de « cas­ser » ce sys­tème et d’abord de reprendre notre indé­pen­dance natio­nale. Il y a long­temps que le Ras­sem­ble­ment Natio­nal a aban­don­né ce qui avait fait la force du Front National !

    Pour les Fran­çais, tout dépend de l’élection pré­si­den­tielle. Ils ont ain­si lar­ge­ment bou­dé les élec­tions locales que nous venons de vivre. Ils consi­dèrent que les can­di­dats à ces scru­tins ne sont que des repré­sen­tants « d’écuries » pré­si­den­tielles. C’est sou­vent vrai dans notre pays trop cen­tra­li­sé. Il faut dire aus­si que le stu­pide décou­page en « grandes régions » est un véri­table « repous­soir ». Que peut signi­fier « Grand Est » pour un Lor­rain sinon une preuve de plus du stu­pide cen­tra­lisme tech­no­cra­tique pari­sien ? Cepen­dant, c’est aus­si faux car c’est au plan local que des per­son­na­li­tés inté­res­santes peuvent faire preuve d’efficacité pour le bien com­mun, même dans notre régime répu­bli­cain. Et il y a bon nombre de per­sonnes qui s’engagent au niveau local, et nous en trou­vons aus­si bien  dans des par­tis – quelque soit le par­ti – ou indé­pen­dants. Et c’est dom­mage qu’ils ne soient pas recon­nus la plu­part du temps. En fait, c’est à ces élec­tions, dans un pays « nor­mal » qu’il devrait y avoir le plus de par­ti­ci­pa­tion car ces élus vont s’occuper de la vie des per­sonnes dans leur quo­ti­dien. Mais il fau­drait aus­si qu’ils aient plus de pou­voirs réels. Donc que l’on en finisse avec la cen­tra­li­sa­tion républicaine.

    Rendre les liber­tés réelles aux popu­la­tions, aux col­lec­ti­vi­tés locales, voi­là un « pro­gramme » à suivre. Et en même temps, mais c’est indis­pen­sable pour  y arri­ver, rendre sa liber­té à notre Nation. Il nous faut un pou­voir indé­pen­dant, fort dans les domaines réga­liens et per­met­tant aux Fran­çais de reprendre leurs liber­tés. Ce seraient  « les répu­bliques fran­çaises sous le Roi ».  C’est impos­sible dans notre répu­blique apa­tride qui n’a plus rien de « Française ».

     

    http://lalorraineroyaliste.unblog.fr/

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • L’Ukraine et le coup de bluff de Wladimir Poutine. Yves-Marie Laulan

    Poutine joue avec le sort de l’Ukraine comme un gros matou s’amuse avec une minuscule  souris. Il joue aussi avec les nerfs du monde occidental qui voudrait tant que ce cauchemar s’en aille de lui-même pour qu’il puisse enfin  retourner tranquillement à ses petites occupations  quotidiennes. Hélas, le problème ukrainien a la tête dure.

    Cette affaire a eu au moins de mérite de révéler au monde le vrai visage de Wladimir Poutine que l’on avait presque oublié après les fastes somptueux des Jeux de Sochi. Panem et circences disaient les anciens Romains. Nous avons eu les jeux du Cirque blanc et maintenant il nous faut avaler le pain noir de la géopolitique. Tout a son prix.

    1. On connait l’enchainement des faits. C’est au départ le refus, en novembre 2013, du président Yanoukovitch de signer l’accord commercial laborieusement négocié avec l’Union européenne pour tenter de sauver le pays de la faillite. Cette reculade, opérée sous la pression de Moscou, provoque alors l’embrasement de la place Maidan à Kiev. C’est la réaction  de colère de tout un peuple excédé devant l’incurie d’un potentat corrompu, incapable, mais fidèlement inféodé à la Russie. Les Ukrainiens voient, la mort dans l’âme, s’échapper l’espoir d’un rapprochement avec l’Europe avec la perspective d’une vie meilleure dans un environnement de liberté. Ces  manifestations provoquent la mort d’environ 80 personnes et des centaines de manifestants sont blessés par des tirs à balles réelles.  

    poutine ukraine.jpg

     Poutine lors de sa conférence de presse, juste après l'intervention Russe en Crimée...

    La destitution du président et l’installation d’un nouveau responsable à Kiev va à son tour provoquer l’entrée en scène de la Russie de Wladimir Poutine. Ce dernier craint de voir s’évaporer sous ses yeux le rêve d’une reconstitution, ne serait-ce que partielle, de l’ancien empire soviétique enfoui sous les décombres de la Perestroïka dans les années 90. Il caresse, en effet,  la vision d’une nouvelle Union eurasiatique, dont l’Ukraine serait évidemment la pièce maîtresse, aux côtés de la Biélorussie et peut-être , si tout se passe selon ses vœux, d’autres pays encore qui ont échappé à l’orbite russe (1).

    Et il faudrait renoncer à ce rêve grandiose pour une poignée de manifestants, évidemment des « bandits » et des « terroristes », qui avaient la prétention de vivre mieux dans la liberté.  Il fallait réagir. Et Poutine a réagi à sa façon en prenant la Crimée en otage et en faisant peser une pesante menace sur toutes les régions ukrainiennes plus ou moins peuplées de russophones.Car pour compliquer encore davantage le problème, l’Ukraine est loin d’être homogène. C’est un pays divisé par la langue et le sentiment d’appartenance à la nation ukrainienne ou à la Russie.

    2. C’est à cette occasion que  l’ancien officier du KGB qu’est Poutine a révélé sa personnalité profonde, jusqu’alors dissimulée sous les travestis d’un président autoritaire certes, mais « convenable », voire fréquentable, car encore soucieux, semblait-il, de respecter les apparences de la démocratie. On découvre aujourd’hui les traits d’un aventurier sans trop de scrupules, ou plutôt d’un joueur de poker menteur qui mise sans pudeur sur la faiblesse supposée de ses adversaires. Qui sera capot en premier ? Jusqu’à présent, c’est lui qui a raflé la mise. Mais pour combien de temps ?

    Car une partie de ce genre se joue toujours en deux temps. La deuxième manche pourrait bien avoir lieu dans deux ans, avec l’élection d’un nouveau président américain, vraisemblablement républicain, par une Amérique humiliée de son impuissance. Et à ce moment-là, le renard Poutine risque fort de devoir rentrer dans son trou, la queue entre ses jambes. Car le nouveau président américain risque fort de siffler la fin de la récréation. Mais, pour le moment, Poutine a le champ libre...

    Les pays de l’Union européenne s’agitent éperdument comme des poules gloussant après leurs poussins perdus et l’Amérique brandit piteusement des menaces en carton-pâte : un vrai « tigre de papier » comme  diraient les Chinois qui observent avec narquois la partie en se gardant bien d’intervenir.

    3. Poutine est-il l’héritier d’Hitler ou de Staline ? On peut espérer que non. Mais il emprunte sans doute aucun certains traits à l’un et à l’autre. Car il a le goût du bluff du premier et le machiavélisme du second. Comment ne pas voir, en effet, que le comportement du président russe évoque irrésistiblement celui d’Hitler volant au secours des Allemands des Sudètes en 1938.

    Le scénario  est bien connu. Rappelons-nous.

    La puissance dominante de l’époque, en l’occurrence l’Allemagne du IIIème Reich, agite la menace de protéger ses ressortissants installés en pays étranger, lesquels seraient molestés, ou menacés de l’être, par des « bandits » ou des « terroristes », que les autorités du pays d’accueil seraient bien incapables de contrôler, pour autant qu’ils le veuillent (2).

    Des manifestations spontanées se produisent alors, ou mieux, sont provoquées, ou même tout simplement organisées par des éléments infiltrés (3). Dès lors, il est du devoir national  d’intervenir par la diplomatie d’abord, par les armes ensuite si nécessaire, pour sauver la vie, ou le bien être, des populations opprimées. Et le tour est joué.

    Et c’est très exactement la mise en scène que la Russie de Poutine est en train d’organiser en Crimée et demain peut-être ailleurs, sous les yeux des Européens pusillanimes stupéfaits de tant d’audace et de cynisme. Tout cela se passe naturellement sous le blanc manteau des droits de l’homme, ou du devoir d’ingérence mis à la mode par ce grand naïf de Bernard Kouchner (qui n’avait évidemment pas prévu le mauvais usage que l’on pouvait en faire entre les mains d’un responsable malveillant) .

    4. Comme tous les grands joueurs de poker, Wladimir Poutine a eu de la chance. Il a pratiquement toutes les cartes en mains. Car en face de lui il n’a guère qu’une Europe invertébrée, pusillanime et divisée, qui se soucie de stratégie géopolitique de long terme comme un poisson d’une pomme. Une Europe qui, en 60 ans, n’a pas été capable de créer une défense commune digne de ce nom. Elle est en passe de payer cette carence aujourd’hui au prix fort quand le poids des armes pourrait peser plus lourd que celui de l’euro.

    Ainsi Angela Merkel, qui disposait jusqu’ici d’un parcours sans faute dans le domaine économique, montre ici les limites de ses capacités de chef d’Etat. Est-ce l’éternel féminin qui reprend le dessus devant le risque de violence résultant d’une confrontation militaire ? Ou alors est-elle à ce point aveuglée par les avantages du marché russe si riche de potentialités commerciales au détriment de toute autre considération géopolitique ?

    Il est vrai que de son côté François Hollande ne donne pas l’impression d’une plus grande fermeté, comme si l’action de son gouvernement devait se borner  à protéger les Musulmans en Centre-Afrique.

    Quant à l’Angleterre, naguère si sourcilleuse des équilibres européens et si prompte à défendre le droit international, la voilà aussi quasiment réduite au silence. 

    5. En réalité, tout se passe comme si l’Europe se préparait à revivre les accords de Munich de septembre 1938 signés, on s’en souvient, entre deux personnages bien falots, Edouard Daladier et Neville Chamberlain d’une part, et, d’autre part, Adolph Hitler.

    Ce dernier, devant la lâcheté de ses interlocuteurs, s’était cru tout permis et avait mis la main sans barguigner sur la malheureuse Tchécoslovaquie promptement dépecée. Mais, quelques mois plus tard, c’était la guerre. L’Europe avait négligé d’écouter l’avertissement prophétique de Winston Churchill : « Vous avez accepté la honte pour ne pas avoir la guerre. Vous avez la honte et vous aurez la guerre ». L’histoire, dit-on ne se répète pas mais parfois elle bégaie. Wladimir Poutine va-t-il commettre la même erreur de jugement ou saura-t-il s’arrêter à temps et savoir jusqu’où ne pas aller trop loin ?

    Par ailleurs, et c’est bien là le drame, l’Europe n’a guère envie de payer pour une Ukraine qui serait lourdement à sa charge. Et tant pis pour les  morts de la place Maidan. Morts pour rien ? Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire.

    6. En tout état de cause,  les Occidentaux, Etats-Unis inclus, n’ont toujours pas compris que l’URSS - pardon, je voulais dire la Russie de Poutine - n’a pas les mêmes règles de jeux qu’eux-mêmes. L’Occident se plait à échanger des balles avec grâce en respectant les règles comme au  tennis; les Russes sont enclins à considérer que  seul compte le résultat,  quels que soient les moyens employés. 

    On l’a vu, l’objectif de Poutine, après des Jeux d’hiver réussis (4),  au cours desquels il a eu le loisir de  contempler tous les sportifs neigeux de la planète évoluer à ses pieds, est de rétablir une zone d’influence  russe, sous le vocable commode d’Union eurasiatique. Cet ensemble regrouperait sous la domination russe tous  les pays qui ont cru pouvoir se soustraire à l’influence russe, à la faveur de l’indépendance, et cela pour un prix raisonnable.

    Vu sous cet angle, la Crimée n’est qu’un commencement, un banc d’essai en quelque sorte. Pour atteindre ses objectifs, tous les moyens lui seront bons, mensonges éhontés, faits travestis, informations tronquées, mutilées, perverties pour les besoins de la cause, arguments et justifications fallacieux.

    Le président russe ne parle-t-il pas, sans rire, d’un « coup d’Etat » pour dénoncer le renversement de son protégé Yanoukovitch ? N’évoque-t-il pas la levée spontanée de groupes d’autodéfense pour désigner sous ce vocable trompeur les troupes russes en tenue camouflée envoyées pour  patrouiller  en Crimée ? La Russie n’a pas connu près d’un siècle de régime communiste totalitaire sans avoir appris un certain langage, la novlangue soviétique, et retenu certaines leçons de comportement. Communisme ou non, ces reflexes sont toujours là. On les voit déjà à l’œuvre à l’occasion de la crise en Ukraine.

    C’est la raison pour laquelle les menaces de sanctions brandies, gel des avoirs des oligarques dans les banques, refus de visas pour les Etats-Unis, sont tout simplement  dérisoires. La Russie ne cèdera qu’à la force ou si le prix à payer devait dépasser excessivement les enjeux.

    7. Certes, sur le papier  le rapport des forces en présence est de façon écrasante en faveur de l’Amérique. La Russie a conservé sous les drapeaux près d’un million d’hommes en armes assortis d’équipements obsolètes, certes, pour la plupart, mais surabondants, pour un budget  de défense d’environ 61 milliard de dollars. Mais cela ne représente que le dixième de celui des Etats-Unis. Car l’Amérique,  de son côté, dispose d’effectifs militaires de plus d’un million et demi de personnes pour un budget littéralement colossal : 663 milliards de dollars.

    Mais le maillon faible du dispositif occidental est l’Europe. Cette dernière, entre la France, la Grande Bretagne et l’Allemagne, n’est guère en mesure d’aligner qu’entre 50 à 100 000 soldats tout au plus, en état de combattre. Cela n’est pas fait pour surprendre. Car cela fait 60 ans que les budgets militaires des membres européens de l’Alliance Atlantique, dévorés par les crédits sociaux, se réduisent d’année en année comme une peau de chagrin. L’Europe ne rêve que retraites, soins de santé ou avantages sociaux. La sécurité extérieure n’entre pas dans ses catégories mentales. Ce n’est pas avec des dispositions  de ce genre que l’on gagne une guerre psychologique.

    Ce n’est pas non plus avec des moyens  militaires aussi étriqués que l’on peut songer à impressionner la Russie le moins du monde. Et Poutine le sait pertinemment. Le malheur veut que ses interlocuteurs européens le savent aussi. Les Etats-Unis et l’Europe peuvent donc s’attendre à une longue guerre d’usure, à laquelle ils ne sont nullement préparés, une nouvelle Guerre Froide. Ils ont de bonnes chances de la perdre. Dans l’état actuel des choses en tous cas.

    Certes, l’Otan existe encore là où le Pacte de Varsovie a disparu. Mais qu’importe. Il y a belle lurette que l’Otan n’existe plus qu’à l’état de squelette dépourvu de substance, plus préoccupé d’écologie et de la protection du pollen pour le miel des abeilles que du maintien de forces opérationnelles en état d’alerte. La crise, le laisser aller, la conviction que l’état de la paix éternelle était enfin advenu sur terre, combiné à la lâcheté, à l’inertie, tout cela a fait son œuvre.

    La conséquence est que, sans le soutien américain, l’Europe est totalement désarmée face à un adversaire potentiel plus de dix fois plus puissant. Les quelques pays européens qui ont conservé un appareil militaire de quelque conséquence, comme la France et l’Angleterre,  l’ont épuisé sur des théâtres d’opération totalement dépourvus d’intérêt stratégique, Libye, les Iles Falkland ou l’Afghanistan.

    Quant à la fameuse dissuasion nucléaire, encore faudrait-il avoir encore la force morale de s’en servir. Un de Gaulle ou une Margueritte Thatcher l’auraient fait sans troubles excessif de conscience. Mais un Cameron en fin de parcours ? Ayons la charité de ne pas nous poser la même question pour François Hollande. Il faut des âmes d’airain pour affronter sans faiblir des épisodes à hauts risques. Mais les héros se sont faits rares de nos jours.

    Car, répétons-le, c’est une guerre psychologique, un conflit de volontés qui s’engagent. Et à ce jeu-là, l’Europe n’est pas la mieux armée. L’Amérique non plus, qui regarde de plus en plus vers le Pacifique et la Chine, quand ce n’est pas le Moyen-Orient. Elle ne considère plus l’Europe comme un théâtre d’opération d’importance majeure comme au temps de la Guerre Froide. Peut-être est-ce à tort. Quoiqu’il en soit, Poutine est mieux loti car il sait clairement ce qu’il veut et comment y parvenir.

    Une affaire à suivre en tous cas. Car les dés n’ont pas fini encore de rouler sur la table. 



    (1) On songe évidemment à la Moldavie et à la Géorgie.

    (2) On observera non sans quelque gêne que  c’est un peu le même enchainement qui a servi de justificatif à l’intervention de la France en Libye contre le régime Kadhafi. Je l’avais vivement condamnée à l’époque (voir la Lettre de l’IGP n° 14)

    (3) Au besoin transportés comme c’est le cas, en bus, de nos jours en Crimée.

    (4) Entendons par là sans attentats terroristes

  • Reconstruire Saint Cloud ? Oui, absolument ! Comme les Tuileries...

     saint cloud,tuileries

    En image de synthèse, ce que donnerait la reconstruction : ça vaut le coup, non ?

    Site officiel de l'association "Reconstruisons Saint Cloud !" : http://www.reconstruisonssaintcloud.fr/

     

    Laurent Bouvet, qui préside l'association Reconstruisons Saint Cloud !, est un "ami" de notre page Facebook "Lafautearousseau royaliste".

    Nous pensons, comme lui, que reconstruire Saint Cloud, comme reconstruire les Tuileries, serait une excellente idée, en partie pour les mêmes raisons, d'ailleurs; et qu'il est bon de relayer son action, en en expliquant bien le pourquoi.

    En ouvrant le lien que vous avez ci-dessous, vous pourrez voir, à côté de l'exposé du projet, un encart parlant d'un autre projet, la reconstruction des Tuileries, avec la réaction de certains, qui, comme Alexandre Gady, trouvent que "c’est totalement grotesque de vouloir édifier de faux monuments", croyant malin d'ajouter "Et pourquoi pas aussi reconstruire Lutèce sur l’île de la Cité ?".

    Historien d'art à La Sorbonne, Alexandre Gady n'est  sûrement pas un sot : il n'est pas d'accord avec nous, et nous avec lui, voilà tout. C'est son droit le plus strict, comme c'est le nôtre.

    Nous lui rappellerons cependant que les Russes ont reconstruit le plus fidèlement qu'il était possible la cathédrale du Christ Sauveur, à Moscou, dynamitée par Staline. Il existe une vidéo montrant l'écroulement de cette merveille devant un Staline hilare, au moment où le marxisme-léninisme triomphait partout : oui mais voilà, la roue a tourné, Staline est mort, et le marxisme-léninisme aussi, et nul ne s'en plaint; et la cathédrale du Christ Sauveur a été reconstruite à l'identique, et même encore plus belle : Alexandre Gady pense-t-il que les Russes (en l'occurrence les Moscovites) ont tort de vouloir reconquérir leur passé, se ré-approprier leur Histoire, leurs racines, leurs traditions, leur esprit ? 

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    5 décembre 1931 - ci-dessus - et aujourd'hui -ci-dessous...

    Ou : les forces de Vie plus fortes que les forces de Mort; l'Esprit plus fort que sa négation : ce que des insensés ont détruit est reconstruit, encore plus beau. C'est la destruction qui est détruite, et l'esprit de mort qui est mort...  

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    Autre exemple : à Berlin, les Allemands veulent reconstruire le château des Hohenzollern. Il avait été rasé par les marxistes-léninistes lui aussi (des marxistes-léninistes qui se revendiquaient fiers héritiers de la grande Révolution de 1789 : "Février, c'est 1789; octobre, c'est 1793..."). A sa place, un monstrueux, "hénaurme" et effroyablement hideux palais du peuple, dans le plus épouvantable style stalinien, proclammé "réalisme socialiste" : bref, plus monstrueux que "ça", tu meurs... Les Berlinois ont effacé l'horreur (fini, parti, pfouit !, envolé le "réalisme socialiste"...) et ils refont le château.

    Là aussi, Alexandre Gady pense-t-il que les Allemands sont des sots, et qu'ils ont fait, comme les Russes, quelque chose de "totalement grotesque" ? S'il veut le penser, c'est son droit et, après tout, nous n'avons rien à dire là-dessus : il peut bien, évidemment, penser ce qu'il veut. Et nous pouvons, nous, penser exactement le contraire, le dire, et militer pour la reconstruction de Saint Cloud, et des Tuileries.

    Comme les Russes ont retrouvé une parcelle de leur âme en retrouvant "leur" cathédrale du Christ Sauveur; les Allemands avec "leur" château des Hohenzollern, nous voulons, nous, retrouver une parcelle de notre Être profond, de notre Esprit, de notre Civilisation en retrouvant un peu de ce dont un épisode effroyable et unique dans notre Histoire nous a privés.


    http://www.reconstruisonssaintcloud.fr/Le_Parisien_02-09-12.pdf 

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    Autre image de synthèse, pour un autre lieu emblématique de notre Histoire : le "château de Paris", les Tuileries.... 

  • Hubert Védrine [3] : « Le marché impuissant »

     

    Dans son dernier essai, Le monde au défi, Hubert Védrine fait le constat de l'impuissance voire de l'inexistence de la communauté internationale. Il dresse un vaste et éclairant panorama de l'état du monde et des illusions perdues du marché, de la mondialisation heureuse et de l'Union européenne. Secrétaire général de l'Élysée sous François Mitterrand et ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002, Hubert Védrine se distingue par sa finesse d'analyse et sa connaissance précise des dossiers. Loin des incantations et de la dialectique binaire qui tend à remplacer la géopolitique, il défend, à la manière d'un Bainville, une vision réaliste et pragmatique de la politique étrangère. Il plaide pour « un  retour au monde réel, et inévitablement à la realpolitik, moins néfaste que l'irreal politikLafautearousseau en publie au fil des jours des extraits choisis par Vincent Trémolet de Villers pour Le Figaro [8.04].  LFAR

     

    3791358239.jpgLe marché impuissant 

    Avatar économique de la communauté de valeurs : la conviction que le marché - l'économie globale de marché (en l'espèce dérégulée et financiarisée), la « démocratie de marché » - avait vocation à unifier le monde et à dissoudre les identités récalcitrantes comme de vulgaires calculs rénaux. Si la liberté du commerce est un dogme (celui-là même au nom duquel, au milieu du XIXe siècle, l'Empire britannique avait fait la guerre à la Chine pour l'obliger à acheter son opium qu'elle produisait en Inde), le protectionnisme n'est pas une erreur, mais une hérésie. Et tous les particularismes antagonistes de l'Histoire ont vocation à se fondre dans le marché mondial. À l'évidence, ce n'est pas ce qui s'est produit, d'où, entre autres, le piétinement des négociations générales dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce pour ouvrir les marchés et harmoniser les normes. La mondialisation récente a créé des milliardaires à foison et sorti des centaines de millions de paysans (en général asiatiques) de l'extrême pauvreté, mais au prix d'un accroissement faramineux des inégalités de plus en plus insupportable.

    Partie pour être un triomphe de l'Occident, à la fois géopolitique, économique, idéologique, culturel et conceptuel, l'histoire du dernier quart du XXe siècle démontre en fait que les perceptions des peuples ne sont pas devenues homogènes par le miracle de la mondialisation, de la généralisation des portables et d'Internet, de l'action de l'ONU, de la multiplication des sommets, que nos valeurs occidentales universelles ne sont pas partout considérées comme universelles, que les mémoires des peuples ne coïncident toujours pas entre elles, pas plus que leurs espoirs ou leurs craintes. L'histoire reste dans beaucoup de pays un réservoir ou l'on cherche des munitions pour les controverses du moment et les batailles de demain. En France, la névrose est plus forte qu'ailleurs et un roman masochiste antinational prétend y supplanter le simpliste roman national façon IIIe République. On y est passé de l'autoglorification sans nuances à l'autoaccusation expiatoire sans s'être stabilisé de façon consensuelle à l'étape intermédiaire de la lucidité historique. 

    Hubert Védrine      

    A lire aussi dans Lafautearousseau :

    Hubert Védrine [1] : « La communauté internationale n'existe pas »

    Hubert Védrine [2] : « L'hubris américaine »     

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    Le monde au défi, Fayard, 180 p.

  • Contre les idéologies, les faits: en réponse aux élucubrations d'Eric Besson et d'autres officiels du Système, très rapi

               Eh oui, les chiffres sont là, et ils sont intrafiquables: au total, ce sont bien presque cinq millions de Français perdus, volatilisés, sortis de l'histoire dans le siècle et demi qui a suivi la Révolution.... Dont énormément de jeunes, qui n'ont pas eu le temps de fonder un foyer, et d'avoir une descendance.

               Voilà pourquoi -et c'est la seule et unique raison: la dé-raison de la politique (?) menée par ceux qui se voulaient pourtant les tenants de la Raison- voilà pourquoi, donc, la France a eu besoin, après la première Guerre Mondiale, et pour la première fois de son histoire, de faire appel à des populations extérieures.

               Encore celles ci vinrent elles d'Europe, pour l'essentiel. Elles avaient donc, en gros et à peu de choses près, les mêmes fondements spirituels, culturels, mentaux et moraux que nous. Et leur proportion, par rapport à la population française, est de toutes façons restée raisonnable, permettant leur intégration, puis leur assimilation.

               Malgré de réelles -et inévitables- frictions, qu'il serait vain et sot de nier, mais qui n'ont, au final, pas entravé l'irrésistible processus d'intégration/assimilation

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    Ossuaire de Douaumont.
    Un million cinq cent mille jeunes français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue.....

                 Il faut le dire et le répéter jusqu'à ce que cela s'impose, car c'est la réalité, face à leur(s) mensonge(s): ces arrivées de population n'eurent donc rien à voir avec ce qui devait se passer à partir de 1975, quand Chirac ouvrit follement la France au monde, en en faisant une sorte de hall de gare(pour reprendre l'image fort juste de Finkielkraut, qui parle aussi, toujours avec réalisme, de tiroir-caisse !...).

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                 Le déséquilibre actuel est donc une donnée tout à fait nouvelle dans notre Histoire, et tout à fait inédite, et il ne date -en tant que fait nuisible et dangereux, voire mortel- que d'il y a 30 ans à peine, c'est à dire d'hier, si on le rapporte à l'échelle de l'Histoire.

                 Il n'y a jamais rien eu de tel avant, et ce depuis nos origines. Dire le contraire c'est, au mieux se tromper, car -nous l'avons dit- on a été trompé; au pire, mentir. Mais alors mentir pour quoi ? et dans quel(s) but(s) ? Poser la question, nous l'avons vu, c'est y répondre...

                Pour conclure ces trop rapides réflexions, il reste à redire et à réaffirmer ce qu'est et ce que signifie "être Français", lorsqu'on a de la France cette vision historique, qui est la nôtre, directement opposée et contraire à la vison idéologique des révolutionnaires: être Français, c'est accepter un Héritage et une longue Histoire, l'Histoire de ce pays original, héritier des Celtes, qui ont rencontré les Grecs, puis Rome, ce qui a donné la Gaule Romaine, mélange harmonieux de gréco-romains et de gallo-romains. Lesquels ont, par la suite, reçu et accepté le christianisme.

                 Une Histoire qui remonte donc à fort longtemps, et qui prend un tour décisif en 496, à Reims, avec le baptême de Clovis.

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    La Dame de Brassempouy, première représentation connue de la femme (environ 20.000 ans)

              Et qui qui recouvre les 2000 ans de ce Peuple dont parlait ainsi de Gaulle: "Il ne faut pas se payer de mots. C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races, et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes avant tout un Peuple européen, de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne.".

              Être Français, c'est aussi, après avoir accepté cet Héritage, choisir de le transmettre à son tour aux générations futures; c'est être un "Héritier-Transmetteur". A la folle et idéologique définition du Français que proposent les révolutionnaires d'aujourd'hui -dont la fraction trotskyste n'est que la plus remuante...- ("est Français qui veut"), nous opposons une définition enracinée et charnelle (pour parler comme Péguy ou Barrés): est Français non pas qui veut, mais est français qui veut transmettre. Ce qui, on en conviendra, est sacrément différent...

               Transmettre..... 

               Transmettre un héritage qui ne commence bien sûr pas à la Révolution mais au Sacre de Reims en 496, et s'enracine -on l'a trop rapidement vu- encore bien plus avant, dans l'apport Celte, Grec, Romain, chrétien. Mais qui, à l'inverse, ne s'est pas arrêté en 1793, malgré les horreurs et les folies de la Révolution: nous sommes les héritiers de toutes les France et "Tout ce qui est national est nôtre".

    MARC BLOCH 1.jpg

              Nous reprenons à notre compte le fameux "Ensemble, et quand vous voudrez, nous reprendrons le grand mouvement de 1789 !". Et l'ample vision de Marc Bloch (ci dessus), lorsqu'il affirme qu'il y a deux catégories de personnes qui ne comprendront jamais ce qu'est la France: ceux qui refusent de vibrer en souvenir du Sacre de Reims, et ceux qui écoutent sans émotion l'évocation de la Fête de la Fédération...   (à suivre.....).

  • Anniversaire du traité de Rome : « L'Union européenne telle que nous la connaissons est en fin de vie. »

     

    A l'occasion de l'anniversaire du Traité de Rome, Alexandre Devecchio a réalisé ce Grand Entretien avec Coralie Delaume et David Cayla, qui font le point sur l'Union européenne [Figarovox, 24.03]. Telle que nous la connaissons, elle est, selon eux, en fin de vie. Ce qu'ils démontrent au fil d'une analyse serrée, minutieuse et documentée qui intéresse les patriotes français, amis d'une Europe réelle non idéologique. Dont nous sommes.  Lafautearousseau

     

    Ce 25 mars marque le soixantième anniversaire du traité de Rome, acte de naissance symbolique de l'Union européenne. Quel bilan tirez-vous de soixante de construction européenne ?

    Un bilan assez calamiteux, forcément. Il n'y a qu'à voir comment se sont passés les divers anniversaires de ce début d'année. Car celui du traité de Rome n'est pas le premier que l'on « célèbre ». L'année 2017 est aussi celle des 25 ans du traité de Maastricht, et celle des 15 ans de l'euro qui est entré dans nos portefeuilles le 1er janvier 2002.

    Personne n'a eu le cœur à festoyer.Personne n'a pourtant eu le cœur à festoyer. Et pour cause. Les deux années qui viennent de s'écouler ont vu se succéder deux événements majeurs. D'abord la crise grecque de janvier à juillet 2015, qui s'est soldée une mise en coupe réglée de la Grèce. Comme l'explique le spécialiste du pays Olivier Delorme la situation économique du pays est désormais effroyable. Sa dette est très clairement insoutenable, ainsi que le répète inlassablement le FMI, bien plus lucide dans ce domaine que les Européens. Son PIB, qui s'est rétracté d'un quart depuis le début de la crise en 2010, a encore reculé de 0,1 % en 2016. Cela signifie qu'en dépit d'une cure d'austérité digne du Guinness Book, l'économie hellène ne se relève pas. Le fait que Michel Sapin puisse affirmer, au sortir de l'Eurogroupe du 20 mars que « Le drame grec est derrière nous » montre que la « postvérité » et les « alternative facts » ne sont pas l'apanage des « populismes ». Il est évident que le problème grec se reposera très bientôt.

    L'autre événement majeur est évidemment le Brexit, qui sera officiellement enclenché le 29 mars. Symboliquement, c'est un coup très dur pour l'Union européenne, qui se rétracte pour la première fois alors qu'elle n'avait fait jusque-là que s'élargir. On a beau nous seriner que la Grande-Bretagne était très peu intégrée, l'événement reste lourd de sens.

    D'autant qu'en choisissant l'option du « Brexit dur » et en affirmant qu'à un mauvais accord avec l'UE elle préférait « pas d'accord du tout », Theresa May envoie le signal d'un retour du volontarisme en politique, ce qui ne manquera pas de susciter l'intérêt et l'envie dans les pays voisins.

    De plus, contre toute attente, l'économie du pays ne s'effondre pas. Le professeur britannique Robert Skidelsky a récemment expliqué pourquoi dans une tribune parue dans la presse suisse : «la nouvelle situation créée par le Brexit est en fait très différente de ce que les décideurs politiques, presque exclusivement à l'écoute de la City de Londres, avaient prévu. Loin de se sentir dans une moins bonne situation (...), la plupart des électeurs du Leave pensent qu'ils seront mieux lotis à l'avenir grâce au Brexit. Justifié ou non, le fait important à propos de ce sentiment est qu'il existe ». En somme, les Britanniques ont confiance dans l'avenir, et cela suffit à déjouer tous les pronostics alarmistes réalisés sur la foi de modèles mathématiques. Or si la sortie du Royaume-Uni se passe bien économiquement, ça risque là encore de donner des idées aux autres pays.

    L'Union européenne est de moins en moins hospitalière. Les dirigeants européens semblent baisser les bras pour certains, tel Jean-Claude Juncker lâchant un « Merde, que voulez-vous que nous fassions ?» devant le Parlement européen le 1er mars. D'autres s'adonnent carrément à l'injure tel Jeroen Dijsselbloem, le président néerlandais de l'Eurogroupe, affirmant toute honte bue le 21 mars : « Durant la crise de l'euro, les pays du Nord ont fait preuve de solidarité vis-à-vis des pays touchés par la crise. En tant que social-démocrate, j'accorde une très grande importance à la solidarité. Mais [les gens] ont aussi des obligations. On ne peut pas dépenser tous l'argent dans l'alcool et les femmes, et ensuite appeler à l’aide ». Bref, le bilan de la construction européenne en ce jour anniversaire est peu engageant, c'est le moins que l'on puisse dire.

    Votre dernier livre s'intitule La fin de l'Union européenne. Quels pourraient être le scénario de la fin de l'UE. Une nouvelle crise grecque ? La victoire du FN à la présidentielle ?

    D'abord, nous observons que l'Union européenne est déjà en voie de décomposition du fait de son incapacité à faire respecter ses propres règles par les États membres.

    Dans notre livre, nous parlons de la fin de l'Union européenne au présent et non au futur. On a pu observer les déchirements européens à l'occasion de la crise des réfugiés. La Commission a été obligée de suspendre l'application des traités dans l'urgence pour faire face à la désunion. Quant à la crise de la zone euro, elle a été l'occasion de tels déchirements qu'aujourd'hui cette même Commission renonce à sanctionner l'Allemagne pour ses excédents et le Portugal et l'Espagne pour leurs déficits. De même, aucune sanction n'est tombée contre la Hongrie qui a réformé sa Constitution et sa justice de manière à pouvoir contourner l'application du droit européen sur son propre territoire.

    Pourtant, on fait comme si. Les institutions européennes tournent en partie à vide, mais elles tournent, et en France le droit européen continue de s'imposer tout comme la logique d'austérité de s'appliquer. Jusqu'à quand ? Peut-être qu'une victoire du Front national accélérerait la rupture de la France avec les règles européennes et précipiterait son éclatement institutionnel mais rien n'est moins sûr. Encore faudrait-il que Marine Le Pen fasse ce qu'elle promet actuellement, et il n'est pas certain du tout qu'elle en ait les moyens. Avec qui gouvernerait-elle pour avoir une majorité ? Avec une partie de la droite traditionnelle ? Mais cette dernière ne veut absolument pas qu'on touche au statu quo...

    Un autre scénario envisageable serait en effet un défaut grec et une sortie de la Grèce de la zone euro. L'intransigeance allemande pousse de fait ce pays à envisager une stratégie de rupture, car comme on l'a dit précédemment, rien n'est résolu. Le jour où la Grèce fait officiellement défaut, les Allemands vont être contraints à « prendre leurs pertes » et donc à reconnaître ce qu'ils ont toujours refusé jusqu'à présent, c'est-à-dire qu'une union monétaire implique une union de transferts. Pas sûr qu'après cela l'Allemagne que souhaite encore rester dans l'euro.

    Le scénario d'une crise extérieure est aussi envisageable. Après tout, la crise financière de 2008-2009 est venue des États-Unis. Quelle réaction auraient les autorités européennes en cas de nouvelle crise financière mondiale ? Comment l'Allemagne, premier pays créancier au monde, absorberait-elle la perte de son épargne qui ferait suite à une déflagration financière mondiale ? Que se passerait-il si une nouvelle crise touchait par exemple l'Italie ou si une brusque remontée des taux d'intérêt rendait de nombreux pays d'Europe du Sud à nouveau insolvables ?

    Ce ne sont pas les scénarii de crise qui manquent. Ce qui manque, ce sont les scénarii crédibles qui permettrait à l'Union européenne d'en sortir renforcée. Aujourd'hui, on constate une telle divergence entre les économies des pays membres que tout choc externe touchera différemment les pays. Les pays créanciers seront-ils solidaires des pays débiteurs et inversement ? Vu les rapports de forces politiques actuels on peut sérieusement en douter.

    Enfin, il ne faut pas minorer l'importance de ce qui se passe en Europe de l'Est. Début février, le Belge Paul Magnette, pourtant connu pour être un fervent européen, constatait que « L’Europe est en train de se désintégrer ». Puis il lançait cet oukase : « j’espère que le Brexit sera suivi par un Polxit, un Hongrexit, un Bulgxit, un Roumaxit ». C'est iconoclaste, mais c'est lucide. La passe d'armes qui s'est récemment produite entre la Pologne et l'Union autour de la reconduction de Donald Tusk à la présidence du Conseil laissera des traces à Varsovie. Les propos échangés ont été très durs. Le ministre des Affaires étrangères polonais, Witold Waszczykowski, a affirmé que son pays jouerait désormais « un jeu très dur » avec l'UE. Puis d’ajouter : « Nous allons devoir bien sûr abaisser drastiquement notre niveau de confiance envers l'UE. Et aussi nous mettre à mener une politique négative ».

    La chute de l'UE était-elle inscrite dès le départ de son ADN ou s'agissait-il d'une bonne idée qui a été dévoyée ?

    Certains « eurosceptiques » pensent que le ver était dans le fruit, que la personnalité même des « Pères fondateurs » (Monnet, Schumann) souvent proches des États-Unis et/ou des milieux d'affaires portait en germes l'échec de l'Europe, qui ne pouvait être qu'un grand marché intégré un peu amorphe, une sorte de grande Suisse. Ce n'est pas notre avis.

    Il y a eu en effet, pendant toute l'époque gaulliste, un affrontement entre deux visions de l'Europe. Celle de Monnet et des autres « Pères fondateurs », désireux de fonder une Europe supranationale qui échappe aux « passions populaires » et soit confiée aux bons soins de techniciens. C'est elle qui s'est imposée, puisque l'Union européenne est un édifice économico-juridique avant tout, un Marché unique ficelé dans un ensemble de règles de droit qui sapent la souveraineté des pays membres. Cette Europe fait la part belle à l'action d'entités « indépendantes » : Commission, Banque centrale européenne, Cour de justice de l'Union. Celles-ci prennent des décisions majeures mais ne sont jamais soumises au contrôle des citoyens et à la sanction des urnes. On a donc décorrélé la capacité à décider et la responsabilité politique, ce qui est tout de même assez grave pour la démocratie.

    Pourtant, il existait une autre conception de l'Europe, celle des gaullistes. Elle semble d'ailleurs connaître actuellement un regain d'intérêt puisque l'on entend parler à nouveau, si l'on tend l'oreille, « d’Europe européenne ». Il s'agissait de bâtir une Europe intergouvernementale et d'en faire une entité politique indépendante de chacun des deux blocs (c'était en pleine Guerre froide), dont l'objet serait essentiellement de coopérer dans le domaine des Affaires étrangères, de la Défense, de la recherche scientifique, de la culture. Ça a été l'objet des deux plans Fouchet, au début des années 1960, qui ont échoué. Après cet échec, le général de Gaulle n'a pas tout à fait renoncé au projet. Faute d'avoir pu convaincre les Six, il a proposé à l'Allemagne d'Adenauer un traité bilatéral bien connu, le traité de l'Élysée. Ce traité a été signé parce qu'Adenauer y tenait. Le chancelier a toutefois fait l'objet de nombreuses pressions dans son pays, de la part de gens qui ne voulaient absolument pas renoncer au parapluie américain au profit d'un rapprochement franco-allemand. Ceux-là ont donc fait rajouter au traité de l'Élysée un préambule dans lequel il était écrit que le texte ne portait pas préjudice à la loyauté du gouvernement fédéral vis-à-vis de l'OTAN.

    C'est une vieille histoire, celle de l'affrontement de deux visions. Les uns voulaient un marché et des règles de droit intangibles pour cadenasser les peuples. Les autres voulaient créer une entité stratégique indépendante à l'échelle du monde et respectueuse des souverainetés. Rien n'était écrit, c'est l'état des rapports de force de l'époque qui a tranché. En tout état de cause, il est singulier de voir les prétendus gaullistes d'aujourd'hui prêter allégeance à l'Europe telle qu'elle est, et un François Fillon, par exemple, se ruer à Berlin pour promettre des « réformes structurelles » à Angela Merkel...

    Il faut ajouter qu'ensuite, les choses se sont dégradées par paliers. Le traité de Rome, qui créait le Marché commun, a plutôt été une bonne chose pour l'économie du continent. Le marché s'est élargi pour les produits finis des pays membres, et a offert des débouchés supplémentaires à leurs entreprises. Mais la transformation du Marché commun en Marché unique avec la signature de l'Acte unique de 1986 change tout. Pour nous, c'est une date clé. À ce moment-là, ce ne sont plus seulement les marchandises qui circulent librement, ce sont les facteurs mobiles de production, c'est-à-dire le capital productif et le travail. Ils vont naturellement s'agréger dans le centre de l'Europe, alors plus industrialisé donc plus attractif, pour des raisons historiques que nous expliquons longuement. En résulte un phénomène de « polarisation » qui appauvrit les pays de l'Europe périphérique, et enrichit le cœur, notamment l'Allemagne.

    L'Acte unique est donc un virage substantiel. Mais la mise en place de l'euro, qui fluidifie encore les mouvements de capitaux et qui rend l'Allemagne sur compétitive parce qu'il est sous-évalué pour elle, n'arrange rien. Enfin, l'élargissement à l'Est des années 2004 et 2007 est une nouvelle étape, car elle fait entrer dans le Marché unique de très nombreux Européens qui bénéficient de la libre circulation des personnes comme tout le monde, mais dont les salaires et les protections sociales sont bien moindres qu'à l'Ouest. Cela accroît très fortement la mise en concurrence des travailleurs. Les pays de l'Est se sont d'ailleurs spécialisés dans le dumping social.

    Après la chute de l'UE, faudra-t-il reconstruire une nouvelle Europe ? Pourquoi ne pas conserver une partie de ce qui a été construit ? N'y a-t-il rien à sauver de l'Union européenne ?

    Il y a des choses à sauver. Mieux, il y a des choses à développer. Toutefois, cela nécessite que soit préalablement défait l'existant, car l'édifice juridico-économique qu'est l'Union européenne (et qui n'est pas l'Europe, il faut insister là-dessus) met les pays européens en concurrence les uns avec les autres au lieu de les rapprocher. Au point de faire (re)surgir des animosités que l'on croyait hors d'âge, et même de conduire à des propos à la limite du racisme, comme ceux de Dijsselbloem évoqués plus haut.

    Pour la suite, il faudra bien admettre que tout ce qui a marché jusqu'à présent en Europe relève de l'intergouvernemental et ne doit rien à l'Union. On peut donner quelques exemples : Airbus, entreprise d'abord franco-allemande mais ayant attiré à elle les Néerlandais et les Espagnols, justement parce que ça fonctionnait. À ceci près qu'on ne pourrait plus le refaire aujourd'hui, car les règles européennes en vigueur actuellement, notamment la sanctuarisation de la « concurrence non faussée », ne le permettraient pas. Voilà à cet égard ce que dit Jacques Attali : « On ne pourrait plus faire Airbus aujourd'hui (…) la Commission européenne concentre toute son attention et ses efforts sur la politique de concurrence. Cela conduit à un désastre, parce qu'une politique de concurrence sans politique industrielle s'oppose à la constitution de groupes européens de taille mondiale ».

  • Sur Valeurs Actuelles, on m’a INTERDIT de m’ASSIMILER - Claire Koç.

    Claire Koç, dans « Claire : le prénom de la honte », raconte combien son assimilation à la culture française aura été difficilement reçue par sa famille et au sein de la communauté turque. Journaliste à France info, elle décrit comment l’adhésion à l’identité et l’obtention de la nationalité française y est socialement dévalorisée voire parfois prescrite. Récit d’une assimilation interdite, entre chantage au racisme et rejet de l’intégration.

  • Paris, ce lundi 30 janvier : Les Eveilleurs vous invitent...

    Les Éveilleurs

     

    Plus que huit jours pour vous inscrire à notre soirée du 30 janvier prochain avec Gabrielle Cluzel et Elisabeth Lévy qui incarnent si bien l'impertinence à la française !

    Réforme des retraites, droit de grève, euthanasie, crise énergétique : nos invitées vous apporteront les clés de compréhension nécessaires de cette actualité française bien chargée.

     

    S'INSCRIRE

     

  • L'Afrique Réelle n°129 - Septembre 2020, par Bernard Lugan.

    1A.jpgSource : http://bernardlugan.blogspot.com/

    Sommaire

    Numéro spécial :  

     

    Esclavage, l'histoire à l'endroit

    - La véritable histoire de la Traite

     

    Dossier : La Traite arabo-musulmane

    - Les esclaves européens

    - Les rachats des esclaves européens par les ordres missionnaires

    - Le « vivier » sahélien

    - La traite arabo-musulmane en Afrique orientale

     

    Dossier : La Traite atlantique

    - Les négriers africains partenaires des négriers européens

    - La traite atlantique est-elle à l’origine de la richesse de l’Europe ?

    bernard lugan.jpgEditorial de Bernard Lugan

     

    Ce numéro spécial consacré aux Traites esclavagistes était une nécessité. Le terrorisme pratiqué par ceux qui se sont baptisés « décoloniaux » ou « indigénistes », cache en effet, derrière une volonté de revanche historique relevant peut-être de la psychanalyse, une tentative de prise de pouvoir culturel et idéologique. A travers un prétendu « anti-racisme » reposant sur un puissant racisme anti-Blanc. 

     

    Toute société non frappée de « sida mental » aurait répondu à ce qu’il est difficile de qualifier autrement que de « foutaises », par le sarcasme avantageusement associé au pédagogique rosse-coquin qui, traditionnellement, permettait de remettre de l’ordre chez certains esprits égarés.

     

    Tout au contraire, à deux ou trois exceptions près, journalistes et hommes politiques - RN compris -, rassemblés dans un immense troupeau de couards, se sont couchés devant deux ou trois braillards au casier judiciaire plus que chargé. Tels des lemmings apeurés, ils se sont ainsi faits les suivistes d’une subversion qui les emportera. 

    Le monde économique n’est pas en reste. Un des plus clairs symboles de l’aplatissement ayant été donné par la firme l’Oréal dont les actuels dirigeants sont entrés avec fracas dans le club des « baise-cul du fait accompli » en retirant « blanc » et « blanchiment » de la description de leurs produits de beauté. Pensent-ils, les naïfs, que cela suffira à faire oublier le « NOIR » passé d’une maison jadis fondée par l’ « infréquentable » Eugène Schueller, financier, entre autres, de la Cagoule et de Marcel Déat ?

     

    L’actuel terrorisme intellectuel se fait au nom de la dénonciation de la traite négrière. Or, si tous les peuples ont pratiqué l’esclavage, seuls les Blancs l’ont aboli. Une mesure unilatérale imposée ensuite par la colonisation vue comme libératrice par les peuples mis en servitude par leurs « frères » africains et par les esclavagistes arabo-musulmans. L’histoire des Bambara, des Dogon, de tous les peuples de la bande sahélienne et de ceux la cuvette du Congo est éloquente à cet égard. 

    Comme selon la formule de Braudel la Traite « n’a pas été une invention diabolique de l’Europe », et comme elle a été abolie il y a deux siècles, elle devrait donc relever de l’histoire. Or, les « décoloniaux » en ont fait une arme politique en la re-écrivant sur la base d’impératifs moraux d’aujourd’hui. Un anachronisme contre lequel tout étudiant en histoire était jadis mis en garde dès la première semaine de sa première année universitaire.

    La réalité est que, comme je le démontre dans mon livre Esclavage, l’histoire à l’endroit :

    1) La Traite ne fut pas que l’affaire des Européens. Existèrent en effet en la précédant et en lui survivant, et les traites inter-africaines et les traites arabo-musulmanes. 

    2) Drame affreux pour les victimes, la Traite fut une source de bénéfice et de puissance pour ceux des Africains qui étaient les fournisseurs des négriers européens, une partie de l’Afrique s’étant enrichie en en vendant l’autre partie. 

    3) La traite des esclaves par les Européens eut été impossible sans le concours d’États esclavagistes africains.

    4) La richesse de l’Europe ne repose pas sur les profits de l’odieux commerce car l’apport du capital négrier dans la formation du revenu national des nations esclavagistes dépassa rarement la barre de 1%. En moyenne la contribution de la Traite à la formation du capital anglais se situa ainsi annuellement, autour de 0,11%.

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  • Patrimoine cinématographique • Le déclin de l'Empire américain

    Par Pierre Builly

    Le déclin de l'Empire américain de Denys Arcand (1986)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgLa fatigue du monde occidental

    Voilà un film qui a eu, en France et partout ailleurs je crois, un grand retentissement et dont on ne parle plus du tout.

    Et pourtant, avec sa suite et son binôme, Les invasions barbares, il forme une des critiques les plus cohérentes, les plus intelligentes et les plus vraies de l'épuisement vital du monde occidental et du processus général d'effritement des existences, livrées à elles-mêmes par la disparition des systèmes de valeur antagoniques et par l'institution de l'individu comme sa propre et unique mesure. (On le voit partout dans le monde avec la généralisation du mariage pour tous). 

    220px-Declineamempire_ver1.jpgJe n'avais encore jamais fait le lien, qui m'est apparu pourtant hier de façon aveuglante, entre Le déclin de l'Empire américain, qui date de 1986, et l’œuvre romanesque du plus original des romanciers actuels, Michel Houellebecq, dont Extension du domaine de la lutte est sorti en 1994, et Les particules élémentaires en 1998. 

    Peu de ressemblances apparentes entre les flamboyants universitaires québécois du film, qui manient la langue avec une virtuosité et une gourmandise également exemplaires et les personnages décrits par le romancier, souvent falots, parcimonieux, étriqués, coincés au delà du possible. Mais, dans l'un et l'autre cas, pesanteur, lourdeur de la sexualité ou, plutôt, à l'omniprésence de la sexualité obligatoire. 

    Au début du film, Dominique (Dominique Michel), interviewée par Diane (Louise Portal) dans le cadre gigantesque et glaçant d'une de ces galeries couvertes qui permettent, pendant l'hiver, d'affronter les éléments québécois donne la clef du titre du film : Le bonheur personnel s'amplifie, dans le champ littéraire, au fur et à mesure que diminue le rayonnement d'une nation. Le bonheur personnel ou plutôt, me semble-t-il, son exigence revendiquée, exclusive aspiration. C'est à peu près, considéré sous un autre angle d'attaque, ce qu'écrit Houellebecq : l'extension à toutes les sphères de la vie de la logique économique libérale. 

    e9794063215244be3c6bb3055672e1d28ad2a626.png_1200x630.pngC'était sûrement un sacré pari pour Denys Arcand de tourner un film presque entièrement animé par les dialogues, eux-mêmes intervenant principalement dans des lieux clos. Un minimum d'incursions, sous forme de brefs flashbacks dans les récits des participants : le récit de la soirée échangiste de Louise (Dorothée Berryman) et Rémy (Rémy Girard), la rencontre dans un salon de massage de Pierre (Pierre Curzi) et de Danielle (Geneviève Rioux). Et malgré un discours qui tourne continuellement sur les pratiques sexuelles, aucune image trouble si ce n'est, sans doute, lors de l'évocation de sa rage de drague homosexuelle par Claude (Yves Jacques) ; séquence et rage qui font d'ailleurs singulièrement songer aux Nuits fauves de Cyril Collard. 

    arti3.jpgMalgré de superbes cabrioles verbales et le brio formidable de tous les acteurs, Le déclin de l'Empire américain est tout, sauf un film drôle ; c'est même le constat d'un désastre, qui apparaît, très furtivement, très fugitivement, au coin d'une réplique qui mentionne l'éloignement de tous les couples avec leurs enfants, ou l'absence d'enfants... 

    Parce que vieillir est intolérable si l’on a perdu le désir de transmettre. Mais si l’on a pu donner un peu de souffle à la matière, le souffle qu’on a reçu et à qui, si possible on a pu ajouter quelque chose, où est le drame ? On n’est que fils et que père : le reste n’a pas beaucoup d’importance.   ■

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    DVD autour de 5 € .

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Génocide arménien : de plus en plus, les professeurs doivent faire face au négationnisme, par Laure Marchand.

    Des professeurs témoignent d'une contestation croissante du génocide arménien. Photo d'illustration. (AFP)

    Encouragées par des associations franco-turques, les contestations des élèves et de leurs parents du génocide arménien sont de plus en plus fréquentes, pendant les cours et en dehors. Des enseignants témoignent de leurs difficultés et de leur malaise.

    3.jpg« C’est une blague en salle des profs en début d’année : ‘Tu tiens bien ta classe? Eh bien, dans quelques jours c’est fini' », raconte Alexandre Mimouni, en poste dans un collège strasbourgeois. Peu après la rentrée, la Première Guerre mondiale est traitée en cours d’histoire en classe de troisième. L’extermination planifiée des Arméniens, commise par l’Empire ottoman en 1915, fait partie du programme et est fréquemment niée par des élèves d’origine turque et leurs parents. Plus d’un siècle après les faits, Ankara refuse toujours de reconnaître ce génocide. Cette remise en question en milieu scolaire s’inscrit dans un discours nationaliste turc qui inquiète les professeurs.

    « Une montée en puissance de la négation »

    Enseignant d’histoire-géo depuis vingt-trois ans, Alexandre Mimouni est habitué au déni de certains élèves et prépare avec soin le sujet afin de désamorcer les réactions possibles. Ce qui n’a pas empêché, un jour, un père de téléphoner à la cheffe d’établissement pour l’accuser « d’exciter tout le quartier depuis quinze jours avec ce soi-disant génocide » et la prévenir : « Sachez que ça suffit. » Depuis quelques années, il remarque « une montée en puissance de la négation, beaucoup plus virulente ». Le phénomène est difficile à quantifier. « Il s’agit d’une question considérée comme sensible, dépendante de l’état des relations entre la France et la Turquie », précise Jérôme Grondeux, doyen des inspecteurs généraux d’histoire-géographie. « On est passé de presque aucun signalement il y a une dizaine d’années à quelques demandes d’intervention chaque année, expose Christophe Marchand, responsable de l’équipe académique valeurs de la République (EAVR) en Alsace. Les professeurs qui font part de difficultés de façon informelle et disent redouter cette partie du programme sont plus nombreux qu’avant. »

    Un négationnisme encouragé par des institutions franco-turques

    Au Mémorial de la Shoah, Alban Perrin, responsable des formations des professeurs sur l’histoire des génocides, constate « des difficultés sur l’ensemble du territoire : quand on leur demande s’ils ont déjà fait face à des contestations d’un génocide, c’est celui des Arméniens qui vient en premier, alors que celui direct de la Shoah est rarissime ». Les contestations surviennent le plus souvent lorsque le génocide est abordé dans les programmes, en troisième et en première. Ou le 24 avril, journée nationale de commémoration du génocide arménien depuis deux ans.

    Le négationnisme va d’une simple remarque – « c’est pas vrai » ou « les Arméniens l’ont bien cherché » – à des refus revendiqués, comme des mots dans les carnets de correspondance de parents qui ne veulent pas que leur enfant assiste au cours ou fasse un devoir… Un des élèves de Nathalie*, prof en collège, lui a apporté « une liasse de documents démontant point par point les sources utilisées dans les manuels ». « J’ai compris, dit Nathalie, que les élèves étaient préparés en amont. »

    De fait, ces initiatives sont encouragées par des institutions et associations franco-turques. Cojep International, relais de Recep Tayyip Erdogan auprès de la diaspora et des institutions européennes, a ainsi édité un livret afin d' »aider [les] jeunes d’origine turque à exprimer leurs idées sur le sujet des événements de 1915, lorsqu’ils rencontrent des problèmes au cours d’une déclaration ou d’un cours d’histoire à l’école ». Le site du ministère des Affaires étrangères de Turquie présente un dossier « historique » reprenant les arguments négationnistes.

    Souvent de pair avec un nationalisme exacerbé

    Chez les élèves, le refus de la réalité va fréquemment de pair avec un nationalisme exacerbé. Frédéric, professeur dans un lycée sans histoires des Yvelines, a vu surgir le négationnisme pendant un cours sur l’Etat de droit en enseignement moral et civique dans une classe de seconde. Il s’accompagnait de la négation de l’existence des Kurdes et d’une promotion violente du régime de Recep Tayyip Erdogan. « Ce qui m’a le plus interpellé a été de voir à quel point le catéchisme nationaliste turc était intégré par ces élèves, confie-t-il. En tirant sur le fil, les éléments de propagande venaient les uns après les autres. Un délire identitaire et paranoïaque. Cette question du génocide arménien est parfaitement intégrée dans la défense du pouvoir actuel turc. »

    La situation s’est envenimée avec un des élèves. La mère s’en est mêlée avec un message sur le logiciel de vie scolaire Pronote : « Comment pouvez-vous enseigner des choses pareilles à nos enfants? » La proviseure les a convoqués. « En allant au rendez-vous, j’ai eu peur, je ne savais pas sur qui j’allais tomber. Et si cette femme venait avec une fiole d’acide? Est-ce que ce jeune homme allait traduire en acte ses idées? » L’entretien s’est finalement déroulé sans encombre.

    Lorsqu’ils ne parviennent pas à ébranler cette idéologie, des professeurs ressentent un malaise. « La dernière fois que ça m’est arrivé, c’était après l’assassinat de Samuel Paty, raconte Stéphanie, qui enseigne dans un collège de Mulhouse. Mon père m’a dit : ‘Fais gaffe quand même à ce que tu dis, je n’ai pas envie de venir te récupérer en deux morceaux.' »

    * Les professeurs cités avec un prénom ont été anonymisés.

    Source : https://www.lejdd.fr/

  • Mais pour qui donc roule « la Polony », par Hen­ri Temple.

    Dans l’é­di­to du 30 sep­tembre dans son maga­zine Marianne, Nata­cha Polo­ny est reve­nue sur le face à face Mélenchon/Zemmour du 23 sep­tembre : on ne pour­ra pas lui repro­cher de ne pas avoir pris le temps de la réflexion…

    2.pngMais cette réflexion semble concen­trée dans l’in­ti­tu­lé de cette chro­nique ambi­guë : « Mélen­chon contre Zem­mour, créo­li­sa­tion contre croi­sade : la grande escro­que­rie » et quelques for­mules tout aus­si réduc­trices telle : « Dans le débat Zem­mour-Mélen­chon, on n’au­ra trou­vé que deux cari­ca­tures : un pas­sé ossi­fié d’un côté, un hori­zon gazeux de l’autre ». Dans son émis­sion Polo­news (BFM TV ou  »TV Macron ») elle avait déjà affir­mé : « le débat Mélenchon/Zemmour tra­hit les fai­blesses des deux  »can­di­dats »…». On appré­cie­ra les veni­meux guille­mets autant que le manque de nuance de l’appréciation. Comme les deux  »can­di­dats »(sic) sont déjà cré­di­tés par les son­dages de 11 à 15 % on sup­po­se­ra que cette  »fai­blesse » impu­tée (à seule­ment 7 ou 8 points du pré­sident en exer­cice…) est intel­lec­tuelle ou pro­gram­ma­tique. Pour­tant Madame Polo­ny com­mence pru­dem­ment par une sorte d’ap­pro­ba­tion, concé­dant que ce débat tran­chait avec les habi­tudes média­tiques cou­rantes où des jour­na­listes enferment les hommes poli­tiques dans leurs grilles de ques­tions aux réponses minu­tées. Mais il ne s’a­git que d’une esquisse d’ap­pro­ba­tion, pour mieux immé­dia­te­ment la contre­dire par une charge : Mme Polo­ny déplore  »évi­dem­ment » (sic)…le temps pas­sé sur les ques­tions d’immigration et d’identité » … et dit « n’y avoir trou­vé que deux cari­ca­tures. Les  »viols » et les  »pillages » dénon­cés par le contemp­teur des  »ban­lieues isla­mi­sées » d’un côté, les ver­tus iré­niques de la  »créo­li­sa­tion » de l’autre. Un pas­sé ossi­fié d’un côté, un hori­zon gazeux de l’autre ». Mme Polo­ny reproche aux débat­teurs de ne pas expo­ser « clai­re­ment, la ques­tion de ce qui nous consti­tue en tant que peuple, et du droit de ce peuple à se per­pé­tuer. » Nous lui sug­gé­re­rons de se réfé­rer à notre étude : L’i­den­ti­té natio­nale, un droit de l’homme ? (in Qu’est-ce qu’une nation en Europe ? Presses Paris Sor­bonne 2018). Car son appel à la clar­té est sabor­dé par ce qui suit : « Le piège de l’identité est qu’elle semble induire une forme figée, immuable, dont cha­cun sait qu’il s’agit d’une fic­tion. » Insai­sis­sable, telle une diva, la Polo­ny dit  »en même temps » qu’il faut expo­ser clai­re­ment notre iden­ti­té mais que c’est un piège, celui d’une immua­bi­li­té fic­tive. On s’y perd. Tou­jours  »en même temps », Mme Polo­ny balaye la  »créo­li­sa­tion » mélen­cho­nienne d’une rafale de péri­phrases, puis un coup de grâce : « c’est une escro­que­rie intel­lec­tuelle ! ». Or ce sont les deux débat­teurs que le titre de l’ar­ticle accu­sait d’escroquerie…Certes Mme Polo­ny trouve une faille chez le lider maxi­mo : « les sala­fistes qui déploient dans cer­taines ban­lieues fran­çaises leur vision tota­li­taire de l’islam n’ont aucune inten­tion de se  »créo­li­ser »…la créo­li­sa­tion est un constat a pos­te­rio­ri, elle ne sau­rait être un pro­jet politique…Cela n’a rien à voir avec la consti­tu­tion, dans les ghet­tos urbains créés par des poli­tiques publiques irres­pon­sables et par la des­truc­tion de l’école répu­bli­caine, de micro-socié­tés dans les­quelles des prê­cheurs finan­cés par le wah­ha­bisme et les Frères musul­mans entraînent des jeunes à haïr leur pays ». Mais n’est-ce pas là ce que dénonce Zem­mour ? Mme Polo­ny ne part-elle pas aus­si en  »croi­sade » ? Puis,  »en même temps » : « Il y a quelque chose de gênant dans le spec­tacle de pos­tures poli­tiques dont le but unique est de flat­ter son propre public. Gênant et dan­ge­reux. L’élection pré­si­den­tielle qui s’annonce devrait nous per­mettre de poser col­lec­ti­ve­ment un diag­nos­tic sur les crises aux­quelles nous sommes confron­tés. » Il fau­drait, dit-elle, « revi­vi­fier une iden­ti­té fran­çaise faite d’art de vivre, de liber­té vis­cé­rale et de vision lit­té­raire du monde, la trans­mettre par l’école, par les médias et la culture, et com­battre tout ce qui la nie ou la détruit, tel devrait être le pro­jet de récon­ci­lia­tion d’un can­di­dat à l’élection pré­si­den­tielle ». Sauf qu’on est, sur ce thème, depuis 50 ans dans l’in­can­ta­tion et les mil­liards d’eu­ros déver­sés ; en vain.

    Alors ? Jalou­sie d’é­di­to­ria­liste, tra­vail de  »sni­per » ? Pru­dence com­mer­ciale ? Selon la maxime de Marianne « Le goût de la véri­té n’empêche pas de prendre par­ti » ; certes. Mais le goût de prendre par­ti empêche par­fois aus­si la vérité. 

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Dans Politique Magazine, pourquoi tout est allé très vite, par Louis Anders.

    La chute de l’activité économique consécutive à l’épidémie de coronavirus atteint une intensité jamais vue. Elle met en péril les montagnes de dette d’entreprises émises ces dernières années.

    L’épidémie de coronavirus est mal tombée pour l’économie. Dès la fin d’année 2019 en effet, l’activité semblait avoir atteint un plafond. Dans la zone euro, le PIB n’avait augmenté que de 0,1% au dernier trimestre 2019 et la production industrielle allemande en décembre affichait un recul de 6,8% sur un an. Le Japon s’orientait déjà vers une récession. La Chine avait produit en 2019 son plus faible taux de croissance officielle en 30 ans (6,1%). Seuls les États-Unis, moins dépendants du reste du monde, sortaient du lot.

    Puis est venu l’événement imprévisible, le cygne noir. Une épidémie qui a forcé les autorités à établir des confinements en masse, sans certitude sur la date de sortie de crise. Conséquence implacable : l’activité s’est écroulée. D’abord en Chine, le premier pays touché, où les ventes de voitures neuves ont par exemple baissé de 90% sur un an au pire de la crise. En Europe, les premiers foyers d’infection se sont développés en février. En mars, l’Italie était déjà passée au stade du confinement total. Puis est venue à divers degrés la France, l’Allemagne, le Benelux, l’Espagne, la Grande-Bretagne…

    -40% en un mois

    Le jeudi 20 février, aux États-Unis, la plus grande Bourse d’actions au monde atteignait encore un nouveau plus haut historique. Cette hausse avait des airs de fuite en avant. Les sociétés Apple et Microsoft atteignaient par exemple une valorisation record alors qu’elles avaient averti de résultats à venir plus faibles que prévus en raison des difficultés d’approvisionnement en Chine. Des titres d’entreprises encore déficitaires s’envolaient à des niveaux stratosphériques (x3 pour Tesla en trois mois, x5 pour Virgin Galactic en deux mois). En Europe, les indices étaient revenus aux niveaux d’avant la crise financière de 2008. Mais, dans le même temps, des valeurs refuges comme les titres du Trésor états-unien et allemand ou l’or étaient tout aussi favorisés par les gérants.

    Les Bourses d’action ont logiquement corrigé la semaine du 24 février (-12% sur l’indice des cinquante plus grandes valeurs européennes). Puis encore la semaine suivante. Puis la suivante… En un mois, le CAC 40 aura ainsi perdu jusqu’à 40% de sa valeur. Du jamais vu. Après avoir résisté plus de deux semaines, c’est l’immense marché des dettes d’entreprises qui commençaient à voir des premières ventes massives de titres obligataires, dans la semaine du 9 mars. L’information n’est pas anodine : le montant de cette dette obligataire a dépassé les dettes gouvernementales et celles des ménages dans nombre de grands pays ces dix dernières années. Le retournement économique est violent, brutal. Il produira des pertes et des faillites dans le secteur privé.

    Le marché de la dette gèle

    Depuis la grande crise financière de 2007-2009, les élites financières sont conscientes qu’un nouveau gel du système bancaire est possible. Pour garder la main, elles ont déjà préparé des plans : prélèvement légal de l’épargne sur les comptes des déposants en Europe avec la directive sur l’union bancaire, interdiction progressive des retraits de cash pour éviter que l’argent ne sorte des bilans bancaires, taux de refinancements portés à 0% ou en-dessous. Un retournement économique et une déflation mettant en péril la pyramide de dettes constituent une hantise.

    D’où la réponse extrêmement forte de la Banque centrale américaine (Fed), qui a abaissé en urgence ses taux de refinancement de 2,5% à 0% entre le 3 et le 17 mars. Elle a également lancé un vaste plan d’achats de titres du Trésor public et de titres de dette privée. Le 18 mars pourtant, une séance catastrophique voit l’ensemble des actifs financiers s’effondrer : actions, obligations d’État, pétrole, or… Un signe très net que l’ensemble des intervenants cherche à récupérer son argent. Le système financier étant sur le point de geler, la Banque centrale européenne annonce à minuit (!) un gigantesque plan d’achats de dettes publiques et privées (pour 750 milliards d’euros).

    L’éclaircie est de courte durée : deux jours plus tard, les indices boursiers américains affichent encore une volatilité et une fébrilité anormales, tandis que le pétrole s’effondre, et que les obligations d’entreprises les moins bien notées subissent des ventes massives. Le 23 mars, la Fed annonce l’ouverture directe de son guichet pour les marchés du crédit aux particuliers, aux PME et aux grandes entreprises américaines. Elle assure également que les programmes existants d’achats de bons du Trésor états-unien et de titrisations d’hypothèques immobilières seront augmentés autant que nécessaire… L’annonce d’une création de dollars sans limitation est inédite. Les autorités monétaires sont en train de prendre en charge les titres détenus par les agents privés. Cependant, elles ne peuvent remplacer les intermédiaires sur le terrain. Dans le système financier, l’argent ne circule plus ou presque.

    Entre espoirs et ruptures

    Des premières estimations du Produit intérieur brut (PIB) pour le deuxième trimestre sont avancées : dans le contexte d’un confinement sévère, la production en Europe et aux États-Unis pourrait reculer de 25% à 70% en glissement annuel…

    Conscients du contexte exceptionnel, et désireux de relancer la machine, les gouvernements annoncent des dépenses budgétaires massives, notamment des aides financières aux commerces et entreprises forcées de fermer leurs portes) : près de 500 milliards d’euros en Allemagne, 300 milliards promis en France, 2000 milliards de dollars aux États-Unis (en cours de négociation au moment où nous rédigeons ces lignes).

    En l’espace de quatre semaines, l’épidémie virale aura fait plonger les grandes économies dans une dépression profonde. Elle aura conduit à des mesures monétaires inédites lourdes d’aléa moral et de risques inflationnistes en cas de sortie de crise. Et provoqué des ruptures majeures dans les chaines de production transfrontalières.

    La suite ? Elle dépendra du contrôle de l’épidémie, dont la propagation et la résorption sont inégales sur la planète. Elle dépendra de la confiance qui restera dans le système économique et financier contemporain. Il y aura probablement un avant et un après coronavirus.

  • Michèle Tribalat contre Jean-Paul Delevoye : Où Jean-Paul Delevoye a-t-il vu que l’Europe a besoin de 50 millions d’immi

     

    Le haut-commissaire aux retraites avait évoqué ce chiffre lors d’un déplacement à Créteil. Mais d’où sort-il ? La démographe Michèle Tribalat a mené l’enquête: cette projection est issue d’un rapport vieux de... 24 ans.

    ∗ Michèle Tribalat a mené des recherches sur les questions de l’immigration en France, entendue au sens large, et aux problèmes liés à l’intégration et à l’assimilation des immigrés et de leurs enfants. Elle est notamment l’auteur de Statistiques ethniques, une querelle bien française (éd. L’Artilleur, 2016).

    Le 29 novembre dernier, alors qu’il présentait la réforme des retraites devant un  public de jeunes à Créteil, Jean-Paul Delevoye a déclaré ceci : «Je suis très frappé par la réaction des peuples européens, puisque la démographie européenne et son vieillissement font que si on veut garder le même nombre d’actifs dans la machine économique (…), il faudra 50 millions de populations entre guillemets étrangère pour équilibrer la population active en 2050, en Europe».

    Je me suis demandé d’où venait ce chiffre de 50 millions. Je ne voyais qu’une source possible, mais improbable en raison de son ancienneté. La Division de la Population des Nations unies avait bien publié un rapport dans lequel était posé ce genre de question («Les migrations de remplacement: s’agit-il d’une solution au déclin et au vieillissement des populations ?») et y consacre un chapitre à l’Europe. Mais cette publication datait de 2000 et portait sur la période 1995-2050! Je ne voyais pas bien le rapport avec ce qu’on pouvait dire aujourd’hui, 24 ans plus tard, sur une période raccourcie et pour une Union européenne à 28 alors que l’Union européenne ne comprenait alors que 15 États.

    Mais, d’après la cellule «Vrai du Faux» de France Info, c’est bien dans le rapport des Nations unies de 2000 que Jean-Paul Delevoye aurait pêché ce chiffre de 50 millions. Alix Couture explique que Jean-Paul Delevoye s’est un peu embrouillé avec les données publiées par l’ONU et que ces 50 millions (enfin à peu près puisque le chiffre de l’ONU est de 47,4 millions) se rapportent à l’immigration nécessaire pour maintenir la population totale de l’UE à son niveau de 2000. Et c’est vrai.

    Si je résume, Jean-Paul Delevoye se trompe de colonne

    L’immigration correspondant au maintien de la population d’âge actif (15-64 ans) se trouve dans la colonne suivante du tableau 28 p. 92 du chapitre consacré à l’UE. C’est une immigration nette de 79,4 millions qu’il faudrait pour maintenir la population d’âge actif au niveau atteint en 2000 (Tableau ci-dessous qui retient une partie du tableau 28). Mais France Info a aussi dédaigné cette colonne pour sauter directement à la dernière colonne du tableau présentant l’immigration nécessaire pour maintenir constant le ratio 15-64/65 ans+, ce qui n’est pas la même chose: «Pour conserver son ratio de 1995, l’Union européenne devrait accueillir 701 millions de migrants, dont 94 millions en France, 188 millions en Allemagne, 59 millions au Royaume-Uni et 120 millions en Italie.»

     

    rapport de la Division de la population des Nations unies de 2000


    France Info en tire une étrange conclusion: «Et pour la population active? Le scénario élaboré par l’ONU est beaucoup plus ambitieux. C’est l’autre problème de la déclaration de Jean-Paul Delevoye: il s’appuie sur ce qui est, d’après les auteurs du rapport eux-mêmes, un scénario «irréaliste».»

    Donc, si je résume, Jean-Paul Delevoye se trompe de colonne, mais France Info qui cherche à lui faire la leçon, aussi, et j’espère de bonne foi. En effet si l’information reprise par le premier est fausse, celle reprise par France Info ne correspond pas à celle que vise Jean-Paul Delevoye qui, pourtant, existe bel et bien dans le tableau présenté par les Nations unies (quatrième colonne).

    La projection des Nations Unies n'est donc pas adaptée à la situation actuelle.

    Au-delà de ces erreurs, je m’étonne de l’absence d’interrogation sur l’ancienneté de cette référence. La projection démarre en… 1995, soit il y a 24 ans! Comment se servir d’une projection aussi ancienne pour essayer d’anticiper une évolution sur la période qui nous sépare de 2050 (31 ans si on se place en 2019, contre 55 ans vu de 1995, ou 50 ans si l’on retient les chiffres donnés par les Nations unies pour la période 2000-2050).

    Par ailleurs, en 1995, l’UE ne comprend que 15 États, contre 28 aujourd’hui. En 2018, 20 % de la population de l’UE28 réside en dehors de ces 15 États. La projection des Nations unies n’est donc pas adaptée à la situation actuelle.

    Enfin, l’immigration dont il est question dans la projection des Nations unies, c’est l’immigration nette. Autrement dit le solde migratoire: les entrées moins les sorties du territoire. Ce solde ne dit pas grand-chose sur le nombre d’étrangers qui devraient immigrer dans l’UE-28 pour maintenir la population d’âge actif, nombre qui devrait être beaucoup plus élevé que le nombre projeté d’immigration nette.

    Ces précisions, si elles sont nécessaires, n’éclairent guère la question posée par Jean-Paul Delevoye, puisque la fausse réponse qu’il y apporte se réfère à un travail de toute façon daté.