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L’Ukraine et le coup de bluff de Wladimir Poutine. Yves-Marie Laulan

Poutine joue avec le sort de l’Ukraine comme un gros matou s’amuse avec une minuscule  souris. Il joue aussi avec les nerfs du monde occidental qui voudrait tant que ce cauchemar s’en aille de lui-même pour qu’il puisse enfin  retourner tranquillement à ses petites occupations  quotidiennes. Hélas, le problème ukrainien a la tête dure.

Cette affaire a eu au moins de mérite de révéler au monde le vrai visage de Wladimir Poutine que l’on avait presque oublié après les fastes somptueux des Jeux de Sochi. Panem et circences disaient les anciens Romains. Nous avons eu les jeux du Cirque blanc et maintenant il nous faut avaler le pain noir de la géopolitique. Tout a son prix.

1. On connait l’enchainement des faits. C’est au départ le refus, en novembre 2013, du président Yanoukovitch de signer l’accord commercial laborieusement négocié avec l’Union européenne pour tenter de sauver le pays de la faillite. Cette reculade, opérée sous la pression de Moscou, provoque alors l’embrasement de la place Maidan à Kiev. C’est la réaction  de colère de tout un peuple excédé devant l’incurie d’un potentat corrompu, incapable, mais fidèlement inféodé à la Russie. Les Ukrainiens voient, la mort dans l’âme, s’échapper l’espoir d’un rapprochement avec l’Europe avec la perspective d’une vie meilleure dans un environnement de liberté. Ces  manifestations provoquent la mort d’environ 80 personnes et des centaines de manifestants sont blessés par des tirs à balles réelles.  

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 Poutine lors de sa conférence de presse, juste après l'intervention Russe en Crimée...

La destitution du président et l’installation d’un nouveau responsable à Kiev va à son tour provoquer l’entrée en scène de la Russie de Wladimir Poutine. Ce dernier craint de voir s’évaporer sous ses yeux le rêve d’une reconstitution, ne serait-ce que partielle, de l’ancien empire soviétique enfoui sous les décombres de la Perestroïka dans les années 90. Il caresse, en effet,  la vision d’une nouvelle Union eurasiatique, dont l’Ukraine serait évidemment la pièce maîtresse, aux côtés de la Biélorussie et peut-être , si tout se passe selon ses vœux, d’autres pays encore qui ont échappé à l’orbite russe (1).

Et il faudrait renoncer à ce rêve grandiose pour une poignée de manifestants, évidemment des « bandits » et des « terroristes », qui avaient la prétention de vivre mieux dans la liberté.  Il fallait réagir. Et Poutine a réagi à sa façon en prenant la Crimée en otage et en faisant peser une pesante menace sur toutes les régions ukrainiennes plus ou moins peuplées de russophones.Car pour compliquer encore davantage le problème, l’Ukraine est loin d’être homogène. C’est un pays divisé par la langue et le sentiment d’appartenance à la nation ukrainienne ou à la Russie.

2. C’est à cette occasion que  l’ancien officier du KGB qu’est Poutine a révélé sa personnalité profonde, jusqu’alors dissimulée sous les travestis d’un président autoritaire certes, mais « convenable », voire fréquentable, car encore soucieux, semblait-il, de respecter les apparences de la démocratie. On découvre aujourd’hui les traits d’un aventurier sans trop de scrupules, ou plutôt d’un joueur de poker menteur qui mise sans pudeur sur la faiblesse supposée de ses adversaires. Qui sera capot en premier ? Jusqu’à présent, c’est lui qui a raflé la mise. Mais pour combien de temps ?

Car une partie de ce genre se joue toujours en deux temps. La deuxième manche pourrait bien avoir lieu dans deux ans, avec l’élection d’un nouveau président américain, vraisemblablement républicain, par une Amérique humiliée de son impuissance. Et à ce moment-là, le renard Poutine risque fort de devoir rentrer dans son trou, la queue entre ses jambes. Car le nouveau président américain risque fort de siffler la fin de la récréation. Mais, pour le moment, Poutine a le champ libre...

Les pays de l’Union européenne s’agitent éperdument comme des poules gloussant après leurs poussins perdus et l’Amérique brandit piteusement des menaces en carton-pâte : un vrai « tigre de papier » comme  diraient les Chinois qui observent avec narquois la partie en se gardant bien d’intervenir.

3. Poutine est-il l’héritier d’Hitler ou de Staline ? On peut espérer que non. Mais il emprunte sans doute aucun certains traits à l’un et à l’autre. Car il a le goût du bluff du premier et le machiavélisme du second. Comment ne pas voir, en effet, que le comportement du président russe évoque irrésistiblement celui d’Hitler volant au secours des Allemands des Sudètes en 1938.

Le scénario  est bien connu. Rappelons-nous.

La puissance dominante de l’époque, en l’occurrence l’Allemagne du IIIème Reich, agite la menace de protéger ses ressortissants installés en pays étranger, lesquels seraient molestés, ou menacés de l’être, par des « bandits » ou des « terroristes », que les autorités du pays d’accueil seraient bien incapables de contrôler, pour autant qu’ils le veuillent (2).

Des manifestations spontanées se produisent alors, ou mieux, sont provoquées, ou même tout simplement organisées par des éléments infiltrés (3). Dès lors, il est du devoir national  d’intervenir par la diplomatie d’abord, par les armes ensuite si nécessaire, pour sauver la vie, ou le bien être, des populations opprimées. Et le tour est joué.

Et c’est très exactement la mise en scène que la Russie de Poutine est en train d’organiser en Crimée et demain peut-être ailleurs, sous les yeux des Européens pusillanimes stupéfaits de tant d’audace et de cynisme. Tout cela se passe naturellement sous le blanc manteau des droits de l’homme, ou du devoir d’ingérence mis à la mode par ce grand naïf de Bernard Kouchner (qui n’avait évidemment pas prévu le mauvais usage que l’on pouvait en faire entre les mains d’un responsable malveillant) .

4. Comme tous les grands joueurs de poker, Wladimir Poutine a eu de la chance. Il a pratiquement toutes les cartes en mains. Car en face de lui il n’a guère qu’une Europe invertébrée, pusillanime et divisée, qui se soucie de stratégie géopolitique de long terme comme un poisson d’une pomme. Une Europe qui, en 60 ans, n’a pas été capable de créer une défense commune digne de ce nom. Elle est en passe de payer cette carence aujourd’hui au prix fort quand le poids des armes pourrait peser plus lourd que celui de l’euro.

Ainsi Angela Merkel, qui disposait jusqu’ici d’un parcours sans faute dans le domaine économique, montre ici les limites de ses capacités de chef d’Etat. Est-ce l’éternel féminin qui reprend le dessus devant le risque de violence résultant d’une confrontation militaire ? Ou alors est-elle à ce point aveuglée par les avantages du marché russe si riche de potentialités commerciales au détriment de toute autre considération géopolitique ?

Il est vrai que de son côté François Hollande ne donne pas l’impression d’une plus grande fermeté, comme si l’action de son gouvernement devait se borner  à protéger les Musulmans en Centre-Afrique.

Quant à l’Angleterre, naguère si sourcilleuse des équilibres européens et si prompte à défendre le droit international, la voilà aussi quasiment réduite au silence. 

5. En réalité, tout se passe comme si l’Europe se préparait à revivre les accords de Munich de septembre 1938 signés, on s’en souvient, entre deux personnages bien falots, Edouard Daladier et Neville Chamberlain d’une part, et, d’autre part, Adolph Hitler.

Ce dernier, devant la lâcheté de ses interlocuteurs, s’était cru tout permis et avait mis la main sans barguigner sur la malheureuse Tchécoslovaquie promptement dépecée. Mais, quelques mois plus tard, c’était la guerre. L’Europe avait négligé d’écouter l’avertissement prophétique de Winston Churchill : « Vous avez accepté la honte pour ne pas avoir la guerre. Vous avez la honte et vous aurez la guerre ». L’histoire, dit-on ne se répète pas mais parfois elle bégaie. Wladimir Poutine va-t-il commettre la même erreur de jugement ou saura-t-il s’arrêter à temps et savoir jusqu’où ne pas aller trop loin ?

Par ailleurs, et c’est bien là le drame, l’Europe n’a guère envie de payer pour une Ukraine qui serait lourdement à sa charge. Et tant pis pour les  morts de la place Maidan. Morts pour rien ? Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire.

6. En tout état de cause,  les Occidentaux, Etats-Unis inclus, n’ont toujours pas compris que l’URSS - pardon, je voulais dire la Russie de Poutine - n’a pas les mêmes règles de jeux qu’eux-mêmes. L’Occident se plait à échanger des balles avec grâce en respectant les règles comme au  tennis; les Russes sont enclins à considérer que  seul compte le résultat,  quels que soient les moyens employés. 

On l’a vu, l’objectif de Poutine, après des Jeux d’hiver réussis (4),  au cours desquels il a eu le loisir de  contempler tous les sportifs neigeux de la planète évoluer à ses pieds, est de rétablir une zone d’influence  russe, sous le vocable commode d’Union eurasiatique. Cet ensemble regrouperait sous la domination russe tous  les pays qui ont cru pouvoir se soustraire à l’influence russe, à la faveur de l’indépendance, et cela pour un prix raisonnable.

Vu sous cet angle, la Crimée n’est qu’un commencement, un banc d’essai en quelque sorte. Pour atteindre ses objectifs, tous les moyens lui seront bons, mensonges éhontés, faits travestis, informations tronquées, mutilées, perverties pour les besoins de la cause, arguments et justifications fallacieux.

Le président russe ne parle-t-il pas, sans rire, d’un « coup d’Etat » pour dénoncer le renversement de son protégé Yanoukovitch ? N’évoque-t-il pas la levée spontanée de groupes d’autodéfense pour désigner sous ce vocable trompeur les troupes russes en tenue camouflée envoyées pour  patrouiller  en Crimée ? La Russie n’a pas connu près d’un siècle de régime communiste totalitaire sans avoir appris un certain langage, la novlangue soviétique, et retenu certaines leçons de comportement. Communisme ou non, ces reflexes sont toujours là. On les voit déjà à l’œuvre à l’occasion de la crise en Ukraine.

C’est la raison pour laquelle les menaces de sanctions brandies, gel des avoirs des oligarques dans les banques, refus de visas pour les Etats-Unis, sont tout simplement  dérisoires. La Russie ne cèdera qu’à la force ou si le prix à payer devait dépasser excessivement les enjeux.

7. Certes, sur le papier  le rapport des forces en présence est de façon écrasante en faveur de l’Amérique. La Russie a conservé sous les drapeaux près d’un million d’hommes en armes assortis d’équipements obsolètes, certes, pour la plupart, mais surabondants, pour un budget  de défense d’environ 61 milliard de dollars. Mais cela ne représente que le dixième de celui des Etats-Unis. Car l’Amérique,  de son côté, dispose d’effectifs militaires de plus d’un million et demi de personnes pour un budget littéralement colossal : 663 milliards de dollars.

Mais le maillon faible du dispositif occidental est l’Europe. Cette dernière, entre la France, la Grande Bretagne et l’Allemagne, n’est guère en mesure d’aligner qu’entre 50 à 100 000 soldats tout au plus, en état de combattre. Cela n’est pas fait pour surprendre. Car cela fait 60 ans que les budgets militaires des membres européens de l’Alliance Atlantique, dévorés par les crédits sociaux, se réduisent d’année en année comme une peau de chagrin. L’Europe ne rêve que retraites, soins de santé ou avantages sociaux. La sécurité extérieure n’entre pas dans ses catégories mentales. Ce n’est pas avec des dispositions  de ce genre que l’on gagne une guerre psychologique.

Ce n’est pas non plus avec des moyens  militaires aussi étriqués que l’on peut songer à impressionner la Russie le moins du monde. Et Poutine le sait pertinemment. Le malheur veut que ses interlocuteurs européens le savent aussi. Les Etats-Unis et l’Europe peuvent donc s’attendre à une longue guerre d’usure, à laquelle ils ne sont nullement préparés, une nouvelle Guerre Froide. Ils ont de bonnes chances de la perdre. Dans l’état actuel des choses en tous cas.

Certes, l’Otan existe encore là où le Pacte de Varsovie a disparu. Mais qu’importe. Il y a belle lurette que l’Otan n’existe plus qu’à l’état de squelette dépourvu de substance, plus préoccupé d’écologie et de la protection du pollen pour le miel des abeilles que du maintien de forces opérationnelles en état d’alerte. La crise, le laisser aller, la conviction que l’état de la paix éternelle était enfin advenu sur terre, combiné à la lâcheté, à l’inertie, tout cela a fait son œuvre.

La conséquence est que, sans le soutien américain, l’Europe est totalement désarmée face à un adversaire potentiel plus de dix fois plus puissant. Les quelques pays européens qui ont conservé un appareil militaire de quelque conséquence, comme la France et l’Angleterre,  l’ont épuisé sur des théâtres d’opération totalement dépourvus d’intérêt stratégique, Libye, les Iles Falkland ou l’Afghanistan.

Quant à la fameuse dissuasion nucléaire, encore faudrait-il avoir encore la force morale de s’en servir. Un de Gaulle ou une Margueritte Thatcher l’auraient fait sans troubles excessif de conscience. Mais un Cameron en fin de parcours ? Ayons la charité de ne pas nous poser la même question pour François Hollande. Il faut des âmes d’airain pour affronter sans faiblir des épisodes à hauts risques. Mais les héros se sont faits rares de nos jours.

Car, répétons-le, c’est une guerre psychologique, un conflit de volontés qui s’engagent. Et à ce jeu-là, l’Europe n’est pas la mieux armée. L’Amérique non plus, qui regarde de plus en plus vers le Pacifique et la Chine, quand ce n’est pas le Moyen-Orient. Elle ne considère plus l’Europe comme un théâtre d’opération d’importance majeure comme au temps de la Guerre Froide. Peut-être est-ce à tort. Quoiqu’il en soit, Poutine est mieux loti car il sait clairement ce qu’il veut et comment y parvenir.

Une affaire à suivre en tous cas. Car les dés n’ont pas fini encore de rouler sur la table. 



(1) On songe évidemment à la Moldavie et à la Géorgie.

(2) On observera non sans quelque gêne que  c’est un peu le même enchainement qui a servi de justificatif à l’intervention de la France en Libye contre le régime Kadhafi. Je l’avais vivement condamnée à l’époque (voir la Lettre de l’IGP n° 14)

(3) Au besoin transportés comme c’est le cas, en bus, de nos jours en Crimée.

(4) Entendons par là sans attentats terroristes

Commentaires

  • Si je comprends bien, M. Laulan déplore la force cynique de Poutine et la faiblesse des Occidentaux. Ce n'est pas tout à fait l'analyse faite par M. Delanglade dans ses trois notes consacrées à l'Ukraine. Ce blog a-t-il une ligne politique ou n'est-il, comme "Boulevard Voltaire", qu'une tribune ouverte à tous ?

  • Même question.

  • Bien que je respecte Yves Marie Laulan, je ne puis approuver cet article, sur de nombreux points.
    D'abord le traité avec l'Europe impliquait des choix exclusifs, qui supposaient de tourner le dos à la Russie, alors que l'Ukraine ne peut vivre sans elle.
    Ensuite, parler de "manifestants" alors que les photos qui s'affichent partout montrent des insurgés armés de kalachnikovs paraît abusif. J'en profite pour dire que la diplomatie du chaos menée par Washington a des côtés irresponsables, car il est hasardeux d'encourager partout à l'insurrection, à moins de méditer dans un deuxième temps la conquête.
    L'attitude de Poutine ne paraît nullement animée par la seule mégalomanie, si l'on réfléchit que la première mesure des insurgés arrivés au pouvoir a été l'interdiction du russe comme langue administrative.
    Enfin, il me semble très discutable de considérer que nous sommes systématiquement dans le même camp que les USA et que l'ennemi est à l'est, comme avant la chute du communisme. M. Laulan devrait se souvenir que le mur de Berlin est tombé depuis quelque temps.

  • Merci à Antiquus d'avoir remis les pendules à l'heure.

  • Ce que doit être notre position dans cette affaire, vient d'être remarquablement exprimé par Jean-Luc Mélenchon, sur France Inter. (8h20).

  • il me semble que M. Laulan passe sous silence deux points qui peuvent aussi expliquer l'attitude de Poutine sans la justifier :
    1) Les ports de Crimée représentent un très haut intérêt stratégique pour la Flotte russe.
    2) La décision du nouveau Parlement ukrainien de supprimer le russe comme seconde langue alors que l'est de l'Ukraine est russophone est une grave erreur.

  • Et en plus il ne faut pas oublier que déjà on bousculait l'UKRAINE pour son adhésion à l'OTAN ! Cela me rappelle les fusées moscovites à CUBA.
    Historiquement la vieille Russie a ses origines en ... UKRAINE
    Ne pas oublier non plus que la RUSSIE fournit près de 50 % de son gaz à l'Europe via ... L'UKRAINE.
    Et pour finir, d'une façon vraiment enfantine peut-être, POUTINE aime son Pays et est orgueilleux pour lui. En plus il me semble être le seul responsable politique qui défende nos vraies valeurs.
    Je me demande si je ne vais pas faire comme un certain artiste de Cinéma - Evidemment la réception risque d'être moins cordiale car je n'ai pas les mêmes moyens mais au moins j'aurais l'impression de respirer un air plus pur et plus léger.

  • Même si on ne converge pas sur tous les points évoqués par Mr Laulan cela fait quand même du bien de lire un avis quelque peu critique sur l'attitude Russe. Un avis un peu divergent rafraîchit, une fois n'est pas coutume ! Que la Russie soit un grand pays certes, que nous ayons intérêt à nous tourner vers eux sûrement, que nous leur donnions envie de réaliser qu'on existe bien entendu... mais cet amour béat (aux frontières du délire pour certains) des gens de notre courant pour cette fédération devient quand même un peu consternant (et inquiétant).

    PS : À la place de Mr Laulan je n'aurais pas formulé l'interrogation suivante : "Est-ce l’éternel féminin qui reprend le dessus devant le risque de violence résultant d’une confrontation militaire ?" ... En effet quand on voit la colonne vertébrale de tous les hommes "forts" d'Europe réunis je préfère être du sexe d'Angela que du leur...

  • Mais, chère Madame, des "avis quelque peu critiques sur l'attitude russe", c'est ce qui peuple en permanence le paysage médiatique ! Ne devenons pas "russophiles", vous avez raison. Mais sachons au moins concevoir une "politique russe" de la France, à défaut de celle que l'"Europe" n'est pas capable de définir, faute d'unité.

  • Monsieur Laulan est à côté de la plaque si j'ose m'exprimer ainsi.
    Poutine n'est pas un joueur de poker mais un joueur d'échec, la nuance est d'importance. Quant à le comparer à Hitler ou à Staline...L'analyse est sommaire, voire primaire ! Quid du jeux trouble des USA ? Quid des positions géostratégiques liées à la marine russe mais aussi aux oléoducs et autres gazoducs ? Quid de l'utilité de l'OTAN après la disparition de l'URSS ?
    Le problème de la France actuelle, à l'instar de l'UE et des USA, est qu'elle se trompe d'ennemies depuis trop longtemps, hier en Serbie et au Kosovo, puis en Syrie et maintenant en Ukraine.

  • Votre propos fait plaisir à lire, C de Héristal.

    Non seulement vous rappelez quelques réalités incontournables mais surtout vous pointez à juste titre l'évocation abusive de deux dictateurs.

    Convoqués par l'auteur de l'article pour tenter un portrait sinon une analyse du comportement du président russe témoigne de raccourcis abusifs.

    Mais il n'est pas le seul à aimer la réduction sinon la reprise d'appréciations de ce genre. On en a parlé ici:

    http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/02/03/vladimir-poutine-en-ligne-directe-252579.html

  • JE suis abasourdi par cet article. Une bonne partie de l'Ukraine faisait partie de la Russie des Tsars. notre allié depuis 1892. La façon dont les manifestations se sont déroulées révèle plutôt un complot qu'autre chose. si je comprend l'auteur, seul le partie des USA importe et nous devons nous y plier. Qui a violé son statut depuis 1991 sinon l'OTAN? en se déployant vers l'Est et provoqué une guerre contre un pays européen sans que celui ci n'est mené une agression quelconque de l'un de ses membres?
    Sin un jour nos déplaisons à Oncle Sam, on verra comment cela se passera cheunous. il y a une cohérence dans la succession des évènements qui ne laissent planer aucun doute sur les vrais responsables.

  • Je vois avec bonheur que la plupart des interventions de ce forum juge incongrue et choquante la position de ce M. Laulan dont on se demande bien qui il est et pourquoi il vient déposer sa crotte sur ce forum !
    Longue vie au président Poutine ! Et souhaitons que nous puissions avoir en France un dirigeant de cet acabit avec qui la racaille de notre dame des landes n'aurait pas tenu huit jours !

  • Cher Pierre : tu parles de "la racaille de Notre-Dame-des-Landes", pourrais-tu être plus explicite ? Parles-tu seulement des casseurs qui se sont mêlés à la manif, ou des opposants au projet eux-mêmes ? Je suis personnellement tout à fait hostile à ce projet, à mon avis inutile, ruineux et à contre-sens de l'évolution des choses : j'espère que tu ne me considères pas comme une racaille ?...
    A bientôt, François.

  • L'UKRAINE était le coeur de la Sainte Russie: RURIK, OLGA sa petite fille qui convertit son mari et l'UKRAINE en 988, sont apparus des siècles avant Ivan le Terrible.
    L'UKRAINE doit pouvoir rester neutre; pas d'adhésion à l'OTAN, mais accords économiques avec l'ouest. Par contre la Crimée est bien Russe et indispensable à ce pays: accès aux mers chaudes.
    Enfin à l'Ouest, je ne vois pas de Ronald REAGAN, déclarant à propos des Soviétiques: c'est simple, Je gagne, ils perdent.......
    Quant à barack OBAMA, il n'a rien d'un gyerier..

  • "crotte", "longue vie au président Poutine" (!, tout de même, n'exagérons pas), racaille, les opposants à Notre-Dame-des-Landes : Pierre Builly, vous répondez par l'excès à ce que vous considérez un excès : est-ce bien cohérent...

  • Etymologiquement, l'Ukraine est le "pays de la marge", des confins". Forte aujourd'hui de 50 millions d'habitants, l'Ukraine est traditionnellement regardée par les Russes comme partie intégrante de la grande Russie historique et Kiev est perçue comme la "mère de toutes les villes russes".

    Les Russes n'ont donc pas de mal à interpréter les poussées occidentales vers ce pays comme autant de manifestations d'un impérialisme politique. C'est pourquoi, il leur serait insupportable que l'Ukraine entre dans l'Otan ainsi que le souhaitent les Etats-Unis.

    Quant à l'attitude de Vladimir Poutine dénoncée dans cet article, il est évident qu'elle est différente de l'mage que nous nous faisons aujourd'hui du dirigeant politique. Par tempérament et par formation, il s'attache plus à la substance qu'à l'apparence. Il est à l'opposé du style compassionnel et encore moins du style "people". Il nous renvoie une image opposée aux postures compasionnelles ou snobinardes, ainsi qu'à la mise en scène de la vie privée.

    Je me demande si la détestation très particulière que Poutine inspire à une partie des "faiseurs d'opinion" comme l'auteur de cet article, ne vient pas du remords qu'il suscite quand il nous fait toucher du doigt à quel point notre image de ce doit être la politique s'est dégradée

  • Cher LUC...
    J'ai dû mal m'exprimer... Lorsque je parlais d'"avis quelque peu critiques sur l'attitude russe" je parlais d'avis émanant de NOS cercles, les autres je ne les écoute même plus et cela depuis longtemps. Je suis lâche, je ne supporte pas de souffrir, je me nourris donc uniquement à la source de notre sphère et cela me suffit.
    Pour la Crimée sans être experte je suis plutôt d'accord avec le fait qu'elle semble être un berceau "Russe", j'ai été choquée que l'Ukraine recommande d'en empêcher le Peuple de parler Russe en tout premier lieu, mais en finalité je n'ai aucune légitimité pour prendre partie sur le fond. Et ce n'est pas ce que j'ai voulu faire.
    Par contre, et c'est ce que j'ai voulu exprimer, je suis consternée (je le répète) de voir tant d'hommes de nos sensibilités absolument fous aveugles amoureux de cette Russie (que certains ne semblent même pas vraiment bien connaître...)
    Il faut raison garder. Soyons un peu fiers de grâce... il y a eu le slogan "ni keffieh ni kippa", lançons aujourd'hui un "ni USA ni Russie". Nous le valons bien, nous pouvons nous en sortir, croyons en NOUS !

  • J'ai voulu écrire " je n'ai aucune légitimité pour prendre partI (SANS E) sur le fond ". Désolée de mon empressement.

  • Je vois que beaucoup de réactions à cet article se rapprochent de celles que je voulais faire et que j'ajoute ici, quitte à faire double, triple ou quintuple emploi :
    - Voila en effet un article bien unilatéral. Est-ce bien Poutine seul qui nous rejoue la guerre froide, ou bien l'Europe, sous la pression US, ne la rejoue-t-elle pas depuis longtemps en voulant conduire les frontières de l'OTAN jusqu'à la frontière russe parce que les Etats-Unis refusent aveuglément le monde multipolaire qui remet en question leur prépondérance ?
    - Peut-on ainsi ignorer l'histoire et faire de l'angélisme libertaire en méconnaissant ce que représente l'Ukraine pour la Russie ? Ainsi que la structure bivalente de l'Ukraine actuelle, dont l'ouest est composé de morceaux issus de l'ancien empire austro-hongrois et d'autre de l'ancienne Pologne, lesquels morceaux ont peu à voir avec le Donbass traditionnellement pro-russe ? Ce qui ne veut pas dire qu'il faille aussi oublier les méfaits de la politique de Staline en ce pays.
    - Et à côté des manifestants plus ou moins pacifiques et désireux de plus de liberté, faut-il oublier les groupes d'activistes ouvertement nazis qui ont fait de la provocation armée jusqu'au clash et dont les tireurs ont tué sciemment des manifestants et des policiers pour provoquer la rupture ? On fait comme s'ils n'existaient pas ou étaient peu de chose alors qu'ils ne se cachaient pas beaucoup et affichaient même leurs symboles, croix gammées et autres slogans antisémites de même inspiration. Alors que, dans le même temps, on pousse en France, des cris d'orfraie devant les provocations verbales d'un Dieudonné.
    - L'Europe, incapable d'avoir une véritable politique de défense de ses intérêts spécifiques, au lieu de jouer la confrontation avec la Russie, aurait mieux fait depuis longtemps de dialoguer avec elle pour mettre en avant les intérêts que nous pouvons avoir en commun (économiques, culturels et stratégiques), et il y en a beaucoup, au lieu de la traiter comme un ennemi, ce qu'elle n'est plus systématiquement depuis la fin de l'URSS.
    - Et à propos de l'Ukraine, que nous n'avons pas les moyens de sauver de la faillite et que le FMI torpillera aussi sûrement avec ses remèdes de cheval, on aurait du chercher à dialoguer avec Poutine et la Russie pour chercher ensemble la manière de faire de l'Ukraine l'Etat-tampon qu'elle a vocation à être de par sa position géographique et son histoire et assurer en commun son sauvetage économique.
    - Le coup de semonce en Géorgie ne nous a pas servi de leçon sur les limites de ce qui parait supportable à la Russie dans le grignotage de ses marges ?
    - Et pour conclure : l'Europe elle-même, de par sa propre position géographique, n'a-t-elle pas à jouer sa propre partition d'intermédiaire entre les Etats-Unis et la Russie, plutôt que d'être servilement arrimée à un seul camp ? Pourquoi oublions-nous que nous partageons avec la Russie beaucoup d'éléments de ce que nous appelons la civilisation européenne ? De Gaulle, que je n'aime pas beaucoup pour d'autres raisons, avait tout de même une vision géopolitique plus sensée quand il parlait de l'Europe jusqu'à l'Oural, en sachant que l'URSS finirait par disparaître mais que la Russie resterait !

  • Ce matin Hubert Védrine est passé sur France Culture, qui me suggère que la solution de la crise passe par une finlandisation de l'Ukraine, confortée dans ses frontières, mais réorganisée sur le modèle fédéral allemand, avec une exception criméenne disposant d'une autonomie totale ne gardant de l'Ukraine que les insignes ; drapeau, papier à en-tête, réseau diplomatique.

    J'ajouterais qu'une "gibraltarisation" de Sébastopol sous forme de bail emphytéotique ferait cesser tout motif de revendications ultérieures.

    Il faut un accord global symétrique entre l'abandon de tout nouvel enrôlement dans l'OTAN et celui de toute reconstruction d'une Union soviétique camouflée sous l'empreinte impériale.

    La Russie a de quoi s'occuper avec le développement d'immenses territoires abandonnés ou dévastés, en espérant qu'elle produise un jour enfin des marchandises vendables sur les marchés solvables qui la délieront de son statut africain de fournisseur d'énergie primaire exclusivement.

    Il n'y a rien de russe qui circule dans le Marché commun à sa porte. Serait temps de s'y mettre avant que le ridicule de la revendication permanente l'emporte. Les Chinois seraient un peu de cet avis.

  • Tu ne fais évidemment pas partie des racailles et des blacks blocs, cher François... mais je m'étonne de ta position !
    Je ne peux pas, pour ma part, concevoir qu'on puisse être opposé au progrès technique, à l'aménagement du territoire et à l'industrialisation.
    Il faut équiper la France en centrales nucléaires, en sites d'extraction du gaz de schiste, en lignes de TGV, en autoroutes, fût-ce en asséchant quelques "zones humides" et en dérangeant scarabées rares et grenouilles originales...
    La France n'a pas la vocation à s'enfoncer dans la paisible décadence des pays-musées, ornés d'appendices culinaires et vinicoles...
    Vive le nouvel aéroport de Nantes, vivent les tours à Paris...

  • D'accord avec toi, Pierre : en son temps, le Pont du Gard "défigurait le paysage", comme dit Obélix; Louis XIV a saccagé/tourneboulé la sacro-sainte nature pour faire son splendide Versailles totalement "contre nature"; à Marseille, le Vieux-Port actuel représente à peine le tiers de la surface qu'il avait du temps de l'arrivée des Grecs : c'est par milliers que l'on pourrait prendre des exemples montrant que tu as, évidemment, raison : vive le progrès, vivent les Voies romaines, ancêtres de nos autoroutes, mort au fou furieux principe de précaution, et vivent Ariane, Airbus et les TGV : je ne veux pas revivre dans des grottes, comme le souhaiteraient les écolos, mangeant de la viande crue et (mal) habillé d'une peau de bête. Bon, nous sommes d'accord. Je suis juste plus perplexe que toi sur les tours à Paris; quant à l'ayraultport, il fait vraiment doublon : oui au progrès, non au bétonnage. Je pense que l'on peut raison garder, et trouver un équilibre. Il faudra bien en garder un peu, quand même, "du bocage à l'Ardennne / (de) notre forêt si chère aux vieux gaulois / pour qu'à sont chant notre jeunesse apprenne / les fiers secrets cachés par les grands bois...". On peut aménager - on DOIT - je suis d'accord avec toi, mais il ne s'agit pas non plus de couler une dalle en béton de Dunkerque à Bonifacio... Bref, ravi d'avoir parlé quelques instants avec toi, je suis d'accord, sur le fond, mais je trouve juste que tu pousses le raisonnement un petit peu trop loin...
    A très bientôt !

  • J'avoue que je ne comprends guère que l'on veuille transformer
    Yves-Marie Laulan en baudet de la fable.Son argumentaire,absent de toute idéologie passionnée,était bon,selon moi.

  • Je partage votre avis : il n’y a aucune raison de transformer Yves-Marie Laulan en « baudet de la fable ». Même si son analyse, de fait, diverge de celle de lafautearousseau en différents points. En quoi et lesquels ? Plusieurs commentaires l’exposent ci-dessus assez clairement, me semble-t-il. Et sans "passion". Par exemple, ceux d’Antiquus et de C de Héristal.

    L’article d’Yves-Marie Laulan aurait dû être présenté – ce qui, par erreur, n’a pas été fait - comme un point de vue différent du nôtre sur la question de l'Ukraine. En tant que tel, il s'agissait d'une analyse sérieuse et documentée, donc intéressante, qui aurait pu susciter un débat dépassionné mais ne méritait pas d'être inutilement maltraitée, parfois en termes excessifs, ce qui est regrettable pour son auteur. C’est pourquoi nous lui en avons présenté des excuses collectives.

  • Il est toujours bon et profitable de confronter des points de vue. Dans ce sens, celui d'Yves-Marie Laulan vaut qu'on s'y arrête.

    Il convient néanmoins d'y réagir car non, Monsieur Haizet, son "argumentaire" n'est pas "absent de toute idéologie passionnée" comme vous l'écrivez ci-dessus.

    Le ton ne fait pas la chanson, chacun le sait. Dès lors, l'apparente absence de "toute idéologie passionnée" dans le sujet de Monsieur Laulan est un leurre.

    Car passer sous silence tant d'aspects de la crise ukrainienne comme l'a indiqué C de Héristal dans son commentaire ci-dessus, relève d'une prise de position définie par le choix opéré de ce qui est à dire et non.

    Pour le reste, convoquer deux trop célèbres dictateurs pour tenter une esquisse d'analyse du comportement de Vladimir Poutine ne trompe que qui veut bien l'être.

    Non, Vladimir Poutine n'est pas un dictateur. Et si Garry Kasparov l'a ainsi traité, l'Occident joue son rôle de relais au mieux, au pis, de perroquet.

    http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/217362642/261923422/

  • Attention ! Stéphanie a un peu raisons. Il faut pas ètre "russophiles". On raisonne d'après l'intérêt de la France et mène de l'Europe. Et c'est pas de suivre les Américains, leur politique du "chaos" en Europe et partout et leur politique anti-russe. On doit avoir une politique russe à nous et pas hostile parce que c notre intérèt. Voilà.

  • Ce chapelet de "crottes"-pour reprendre l'image quelque peu hardie de Pierre Bully-,est divertissant,mais ajoute à la confusion de l'actualité.Je n'hésite donc plus à déposer mon tour la mienne de crotte,afin de contribuer à un édifice intellectuel déjà incertain.
    D'une manière générale,je trouve la plupart des interventions injustes vis-à vis du travail de reportage de Laulan.
    Il ne s'agit pas,à mon sens, de prendre parti pour ou contre les USA-qui sont encore nos alliés-,ni d'analyser l'attitude de Poutine comme celle d'un dictateur ou pas,en se référant au traité franco-russe de 1892.
    Poutine est un russe,rusé et autoritare, formé à la rude école du stalinisme.Ce qui n'est guère notre cas.Et la France,humiliée par sa république,a-t-elle un intérêt quelconque aujourd'hui-en 2014-,à aboyer dans un sens ou dans un autre,sans faire rire ?
    Evidemment,on peut toujours causer.

  • D'accord avec Patrick Haizet sur le traitement "injuste" réservé au travail d'Yves-Marie Laulan. Il aurait dû être présenté comme "tribune libre" et ne l'a pas été. D'où la levée de boucliers qui, sans cette erreur, aurait pris le ton du débat. Sans plus.

    Mais par ailleurs, Patrick Haizet est trop fin connaisseur de notre Histoire pour ne pas se souvenir de cet épisode de l'ouverture du Congrès de Vienne : le premier à prendre la parole ayant déclaré s'exprimer au nom "des puissances alliées", Talleyrand avait aussitôt demandé : "puissances alliées, contre qui ?".

    Il n'y a, en effet, guère d'alliances qui n'aient d’abord un objet défensif. D'autre part, l'on doit se souvenir que "les nations n'ont pas d'amitiés; elles n'ont que des intérêts". Du moins, ces derniers priment-ils toujours !

    Il est certain que l'alliance américaine était indispensable à l'Europe de l'Ouest lorsque le risque existait que l'armée soviétique l'envahisse; lorsque ses chars étaient à quelques heures de Strasbourg. On sait que cette éventualité qui ne s'est finalement pas produite a été largement utilisée par les Etats-Unis pour développer leur emprise économique, monétaire, culturelle, politique, militaire, etc. sur le Vieux-Continent.

    Comment se justifie, aujourd'hui, plus de vingt-ans après l'effondrement de l'URSS, le maintien de l’alliance militaire qui s’était formée au temps de la Guerre Froide pour faire face à la menace militaire du bloc soviétique ? Aujourd’hui, la Fédération de Russie entend conserver son emprise sur sa zone d'influence traditionnelle, qui n’est pas celle de l’URSS mais de la Russie des Tsars. On peut, je crois, la comprendre. Au reste, la multiplication de "nationalités" fantômes, est elle de l'intérêt de l'équilibre européen ? Pour autant, la Russie ne menace l'Europe de l'Ouest en aucune façon; ses troupes ne s'en rapprochent pas ; elle aura, sans doute, assez de mal à « digérer » la Crimée et à gérer l’anarchie ukrainienne ; alors que dans le ciel polonais ou balte et en Mer Noire, les Etats-Unis, bien loin de leurs bases, ont déployé leurs avions de combat et leurs navires de guerre !

    Alors, « la France, humiliée par sa république, a-t-elle un intérêt quelconque, aujourd'hui - en 2014 - à aboyer dans un sens ou dans un autre, sans faire rire ? ». Mais c’est précisément ce qu’elle fait ! Et c’est pourquoi, à mon sens, sa politique militante antirusse n’a aucun sens ni rapport avec ses intérêts. Pas plus que la politique antirusse de l’Union Européenne n’est conforme aux intérêts réels de l’Europe. Mais celle-ci veut-elle exister ?

  • Il ne convient pas de mélanger tous les problèmes,surtout par idéologie.La France n'en n'a plus les moyens.
    Elle a néanmoins parfaitement le droit d'aboyer dans le sens de l'approbation de l'annexion de la Crimée par Poutine.Mais je pense que,même en mettant le rire en sourdine,cela ne servira à rien,si ce n'est qu'elle se désolidarisera de ses alliés,en apparence.

  • Tout le monde sait - Hélène Carrère d'Encausse l'a rappelé, hier soir, en termes mesurés, sur BFM TV - que la Crimée est russe; qu'elle n'a été rattachée à l'Ukraine qu'en 1954, par décision de Nikita Khrouchtchev, du temps de l'URSS !
    Si je comprends bien, nous n'avons que le droit "d'aboyer" contre le retour de la Crimée à la Russie; et nous n'avons - de fait - qu'un seul allié, les Etats-Unis d'Amérique. Ce qui, dans ce cas, revient à ce que France et Europe acceptent leur vassalisation pure et simple.
    Peut-être, au fond, est-ce ce que vous considérez comme notre seule condition possible, aujourd'hui ?

  • Il faut aussi être conscient que l'opposition entre l'OTAN et l'ancienne URSS était sur le plan idéologique, moins forte que celle existant aujourd'hui avec la Russie. En effet, avant 1989, le but de l'URSS était la conquête du monde par l'idéologie marxiste, qui n'était qu'un avatar de l'idéologie des Lumières anglo-saxonnes. Les USA et l'URSS étaient d'accord sur le but final (l'homme de la modernité), mais leur commun messianisme différait sur les moyens. Aujourd'hui, la situation a changé: les USA ont radicalisé leur messianisme, alors que la Russie a retrouvé le projet impérial de l'héritage tsariste, honni par la pensée anglo-saxonne. Le maintien de l'hégémonie américaine ne s'accommode pas d'un statu-quo, mais exige une agression permanente à l'égard de tout ce qui s'écarte du modèle qu'elle propose. L'OTAN est une alliance idéologique. La France n'a aucun intérêt à s'y maintenir.

  • Antiquus, très intéressant, votre propos.

    Juste une question, qu'entendez-vous par "les USA ont radicalisé leur messianisme"

    Merci de votre réponse.

  • Pour François Davin,
    j'ai adressé,par ce truchement,un rappel historique précis sur le sujet qui nous intéresse ici.Je ne l'ai pas vu apparaître comme d'habitude,mais seulement sous forme d'une copie que j'ai validée,sans résultat.Merci de me dire pourquoi ?

  • A Patrick Haizet
    Votre rappel historique n'a pas été reçu, malheureusement. Nous ignorons pourquoi. Il reste à espérer que vous en avez pris copie. (Conseillé).Dans le cas contraire votre texte sera perdu, ce qui arrive parfois et est toujours regrettable.

  • Je reste,hélas, sans réponse à ma question.
    Entre-temps,je rappellerai à Anatole que ce n'est pas avec des citations,bonnes mais vieillies,que l'on fait l'histoire.C'est plutôt l'histoire qui amène les citations.
    Je voulais aussi lui rappeler qu'aucun bon dictionnaire de notre langue ne rend synonyme "allié"et "vassal",depuis 1783, à ma connaissance, tout le moins.

  • En effet, "allié" et "vassal" ne sont pas des synonymes. Encore faut-il se rendre compte que nous sommes beaucoup plus les vassaux que les alliés des Etats-Unis. Reste à savoir, justement, si l'on s'en satisfait; si l'on considère que cette condition est fatale, irréversible, sans remèdes, etc.

  • Dans la confrontation que lui imposent les Etats-Unis et ses vassaux de l'Ouest, la Russie dispose de nombreux atouts. La Russie reste une puissance importante, dotée d'une industrie militaire performante, qui a réussi à moderniser les équipements de son armée.
    Ensuite, dans un monde où ont émergé de nouveaux pôles économiques, les ressources naturelles de la Russie constituent une carte formidable.
    L'équipe formée par Poutine de Medvedev, travaille à faire de la Russie un acteur majeur de la multipolarité : par la défense du droit international et des souverainetés étatiques, par l'axe Moscou-Erevan-Téhéran opposé à un axe turco-américain dans le Caucase, par le groupe de Shangaï, organisation centre-asiatique fondé sur un rapprochement avec la Chine.
    Dans leur projet de "containment" ou d'encerclement extérieur de la Russie, les américains par l'intermédiaire des "révolutions colorées" financée par la CIA au travers de l'association "Project on Transitional Democraties", ont mis en place une stratégie de glissement des frontières vers l'Est, avec pour objectif final d'intégrer l'Ukraine dans l'Otan.
    J'approuve pleinement l'analyse d'Antiquus, ce n'est pas un retour de la guerre froide à laquelle nous assistons, puisque celle-ci repose sur un clivage aujourd'hui disparu, mais la réappropriation de lignes de force historiques et géopolitiques traditionnelles.

  • Je réponds à Hélène: A l'époque où le communisme menaçait le monde, les USA ne faisaient pas de difficultés à aider les Etats qui se montraient anticommunistes, même si ces Etats développaient une vision du monde hostile à l'american way of life. Par exemple Franco en Espagne, Verwoerd en Afrique du sud, Pinochet au Chili. Sur le plan de la pensée, il en était de même: des gens comme Isaiah Berlin ou Künheld-Leddihn défendaient aux USA un anticommunisme conservateur, proche des idées contre-révolutionnaires. A partir de 1989 et la fin du communisme, l'idéologie américaine, libérée de son tenseur anticommuniste, redevient ce qu'elle a toujours été: un projet agressif de changement du monde, conduit par une idéologie puritaine, hostile aux héritages historiques, un messianisme révolutionnaire qui produit partout de la guerre et du chaos. A la minute où le communisme s'effondre, le sort de l'Afrique du sud est scellé. L'idéologie néo-conservatrice (un mélange pas si étonnant de trotskisme et et libéralisme) envahit la pensée politique américaine, républicaine et démocrate.

  • Merci de votre réponse, Antiquus.

    Oui, ainsi expliqué, je comprends mieux comment vous concevez ce radicalisme du messianisme états-uniens.

  • Les joutes picochrolines aboutissant à constater que les USA sont plus puissants que nous ne permettent sûrement pas de mettre en accusation notre bon roi-martyr,Louis XVI,de même qu'en cherchant à démêler si Poutine se comporte en dictateur à l'occidentale ou en héros à l'orientale nous ne faisons pas avancer nos problèmes,mais ont l'avantage de nous divertir,en nous faisant oublier la décadence actuelle de la France.
    En ce qui concerne Poutine,je conserve en mémoire le mot que me dit notre ami Volkoff,peu de temps avant sa mort,un Volkoff qui était un des chauds partisans de Poutine:"peu importe que Poutine soit une crapule formé à l'école des Soviets,s'il se conduit comme un serviteur de la Grande Russie,tel que l'ont toujours fait nos tsars !"
    Pour rentrer un peu plus dans le détail,il y a sans doute lieu de rappeler que l'Ukraine fut annexée à la Russie par Pierre 1er le Grand en 1709,après avoir subi toutes sortes d'invasions,et que la Crimée fut annexée par Catherine II en 1783,après avoir été longtemps ottomane.
    Mais chaque fois les Russes prirent soin,selon une habitude ancestrale(et quelque peu barbare selon moi) de vider les territoires annexés de leurs habitants pour les remplaces par des Russes : les Polonais,les Baltes,les Autrichiens,tous catholiques(uniates rattachés à Rome) durent quitter leur pays,ce qu'ils firent à l'est du pays-près de la Russie-pas à l'ouest.
    Les Tatars,d'origine mongole et musulmans,furent chassés de la Crimée en grande partie.
    Cela dit,j'ai tout de même beaucoup d'affection pour les Romanov,en raison de la destinée tragique de leurs derniers représentants,et bien qu'ils n'aient plus une goutte de sang Romanov dans leurs veines-mais du sang allemand en abondance,avec un zeste de sang auvergnat,en raison des assiduités d'un bel attaché militaire français auprès de la Grande Catherine-!
    Ce divertissement ne doit pas nous éloigner du très grave problème que nous avons avec Hollande dont les électeurs-joints aux détracteurs de Sarkozy-ont réussi à mettre la France sur la dernière marche d'une république toujours aussi malfaisante.Tous les "si"que l'on peut émettre à ce sujet ne sont guère guérisseurs,car ils n'ont aucune valeur,étant imaginaires.

  • C'est bien ce que je disais : "Longue vie (et mile prospérités radieuses) au Président Poutine !"

  • Sur la Crimée et ses liens à la Russie, je vous invite tous à lire cet excellent article d'Inna Doulkina:

    http://www.lecourrierderussie.com/2014/03/pourquoi-crimee-chere-aux-russes/

    En complément, le commentaire d'ANNA, dernier déposé ici:

    http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/03/19/didier-burkhalter-a-vous.html

    Merci de votre attention

  • Je vous conseille de lire l'analyse de la situation faite par Christian VANNESTE. http://www.lesobservateurs.ch/2014/03/22/france-lombre-obama/

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