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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Éphéméride du 14 avril

    1900 : Inauguration de la cinquième Exposition universelle de Paris; la ville s'embellit des Petit et Grand Palais (ci-dessus) 

     

     

     

     

    1136 : Aux origines de l'Abbaye du Thoronet...

     

    C'est le , sur la commune de Tourtour, dans le Var, qu'une première abbaye fut fondée, qui prit le nom d'Abbaye de Florièyes; mais, très vite, les moines cherchèrent un autre lieu et découvrirent le site actuel, où ils s'établirent définitivement dix ans après, en 1146, toujours au printemps...

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    https://www.le-thoronet.fr/

     

    Fondées quasiment au même moment (dans la même décennie...), par le même Ordre de Cîteaux et très proches géographiquement, les trois Abbayes de Sénanque, Sylvacane et Le Thoronet sont communément appelées "les trois soeurs provençales"...

     

    1711 : Mort de Louis de France, le Grand Dauphin 

     

    Premier enfant et fils aîné de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche, on l'appelait couramment "Monseigneur". Son premier fils, le duc de Bourgogne, devient Dauphin, mais meurt un an plus tard, en 1712, prématurément lui aussi (il est le père du futur Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV); son second fils, le duc d'Anjou, deviendra le Roi d'Espagne, Philippe V. 

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    Portrait, par Hyacinthe Rigaud, Musée de Versailles 

     

    De François Bluche, Louis XIV, (pages 527/528) :

    "...Louis de France (1661-1711), Dauphin que l'on nomme Monseigneur, est le plus populaire de la famille, adoré des sujets du roi, surtout des Parisiens. Par lui Louis XIV n'est point aussi absent de la capitale qu'il n'y paraît. Ami des spectacles, Monseigneur trouve à Paris beaucoup de ce qui manque à Versailles. S'il tombe malade, ces dames de la Halle le viennent visiter, bien émues. Lorsqu'il est à l'armée comme en 1688, on le voit pareillement entouré d'attentions et de reconnaissance : les bas officiers surtout et les simples soldats ne jurent que par lui.

    Il a les qualités de son père. Il est aussi peu livresque, aussi intelligent. Comme Louis XIV il n'aime que la compagnie des gens d'esprit. Comme lui, avec un goût indépendant mais aussi vif, il réunit toiles, médailles, monnaies et antiques. Leurs collections rivalisent. Le père embellit Versailles, orne Marly, le fils fait presque aussi bien en ce château de Meudon où il  a succédé à Louvois.

    Louis XIV et Monseigneur aiment la table, la guerre, l'équitation, la vénerie. Mais le Roi est contraint de surveiller chacun de ses gestes, tandis que le Dauphin paraît brûler la chandelle par les deux bouts, comme si, faute de régner, il dépensait un trop-plein d'impatience et d'énergie mal contenues. Il n'est pas exactement gastrolâtre (nom du goulu qui de son ventre fait un dieu), mais c'est un grand gosier, ou gros mangeur. Son appétit excessif encourage d'ailleurs une tendance à l'apoplexie qui inquiète la Faculté.

    Sa résistance physique semble inépuisable : il chasse "le noir", surtout le loup, presque quotidiennement. Il se distingue au jeu du mail, domine les courses de bague comme au carrousel versaillais de 1682, ne cesse de prendre des risques. Il n'est pas des princes qui vont à la guerre pour figurer. Il s'expose tant, en 1688 et 1689, que le Roi doit lui interdire l'excès d'héroïsme.

    14 avril,exposition universelle paris 1900,petit palais,grand palais,pont alexandre iii,rené barthélemy,druon,lakmé,leo delibesChose piquante, Monseigneur pousse jusqu'à ses extrémités le parallélisme de goût et d'action qui le rapproche de son monarque de père. Comme Louis XIV, le Grand dauphin a épousé une princesse assez terne (ci contre), falote et dévote (Marie-Anne-Christine-Victoire, fille de l'électeur de Bavière, morte en avril 1690). Comme lui, il s'imposera le garde-fou d'un mariage morganatique et secret.

    Mademoiselle de Choin, à qui Louis de France va rendre à Meudon mêmes hommages que réserve le Roi à sa marquise de Maintenon, possède comme cette dernière une culture certaine, une conversation plaisante, des recettes amoureuses. La compagnie choisie que Monseigneur et sa seconde épouse reçoivent à Meudon est l'une des plus affinées du royaume. Ce n'est point un hasard si le vieux Roi aime à la fréquenter, deux jours de suite à l'occasion. Au reste Meudon et Versailles sont proches.

    Le Dauphin, plein de finesse et d'attention filiale, concilie parfaitement ses devoirs d'héritier et son souci d'autonomie personnelle ou princière. Il n'a rien d'un aigri, d'un misanthrope ou d'un homme à complots. Il siège depuis 1688 au conseil royal des finances et à celui des dépêches, depuis 1691 au conseil des ministres. Quand viendra la rude guerre de la succession d'Espagne, Monseigneur incarnera, souvent presque à lui seul, le parti de la fidélité à Philippe V, son second fils.

    Il est regrettable que ce Dauphin si doué, si aimé, mort prématurément, n'ait pu succéder en 1715 à son père. Il eut été le meilleur des rois..." 

     

     http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/grand-dauphin 

     

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    Restitution virtuelle du château de Monseigneur, à Meudon, détruit à la Révolution.

    • Association pour la restauration du château de Meudon :

    http://chateau-meudon.wifeo.com/

     

     

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    1802 : Parution du Génie du Christianisme

              

    "...Il est temps qu'on sache enfin à quoi se réduisent ces reproches d'absurdité, de grossièreté, de petitesse qu'on fait... au christianisme, il est temps de montrer que, loin de rapetisser la pensée, il se prête merveilleusement aux élans de l'âme..."

     

    Après la tourmente révolutionnaire, qui tenta d'anéantir le christianisme et de séparer la religion catholique et la France, Le Génie du Christianisme inaugure un mouvement qui va de pair avec la pacification religieuse voulue par Bonaparte : le Concordat est signé quatre jours plus tard...

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    Le Génie du christianisme a eu un retentissement majeur sur son temps et une influence effective sur plusieurs générations. Sainte-Beuve en parlera comme d' "un coup soudain, un coup de théâtre et d'autel, une machine merveilleuse et prompte jouant au moment décisif et faisant fonction d'auxiliaire dans une restauration sociale d'où nous datons" 

    Et Mme Hamelin, dans ses Souvenirs, écrivait :

    "Ce jour-là, dans Paris, pas une femme n'a dormi. On s'arrachait, on se volait un exemplaire. Puis quel réveil, quel babil, quelles palpitations ! Quoi, c'est là le christianisme, disions-nous toutes ; mais il est délicieux.".

     

    La réception enthousiaste du livre ne doit pas éclipser la profondeur et la durée de son impact sur la société française dans ses manières de penser le divin et de croire 14 avril,exposition universelle paris 1900,petit palais,grand palais,pont alexandre iii,rené barthélemy,druon,lakmé,leo delibessur fond de déchristianisation galopante. Aujourd'hui, que nous dit Le Génie du christianisme ? Que Dieu est dans tout, dans la pléthore comme dans le manque. La nature dit d'évidence qu'il est, à travers la beauté désarmante des paysages d'où il s'est retiré. Le coeur le dit tout aussi nettement, dans l'impossible possession de l'objet de son désir. Dieu n'apparaît jamais mieux que dans le vide laissé par son absence, explique Chateaubriand.

    Cette idée a-t-elle cessé de nous parler ? Si oui, le Génie nous est devenu totalement illisible. Sinon, le Génie nous demeure accessible :

    "C'est le pari que nous faisons dans ce livre écrit sous l'emblème de l'abeille qui sait d'instinct où elle doit chercher sa nourriture et qui sait transformer son regard pour faire son miel de ce que le passé lui présente."   

     

    Du Grand Dictionnaire universel du XIXème siècle, par Pierre Larousse :

    1. Le Génie du christianisme est l'ouvrage dogmatique de Chateaubriand. Lui-même en résume ainsi la pensée :

    "De toutes les religions qui ont jamais existé, la religion chrétienne est la plus poétique, la plus humaine, la plus favorable à la liberté, aux arts et aux lettres. Le monde moderne lui doit tout, depuis l'agriculture jusqu'aux sciences abstraites, depuis les hospices bâtis pour les malheureux jusqu'aux temples élevés par Michel-Ange et décorés par Raphaël. Il n'y a rien de plus divin que sa morale, rien de plus aimable, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte; elle favorise le génie, épure le goût, développe les passions vertueuses, donne de la vigueur à la pensée, offre des formes nobles à l'écrivain et des moules parfaits à l'artiste." 

    L'ouvrage entier n'est que le développement de cette théorie...

     

    14 avril,exposition universelle paris 1900,petit palais,grand palais,pont alexandre iii,rené barthélemy,druon,lakmé,leo delibes2. ..."Jamais, dit M. Villemain, jamais livre ne vint plus à propos, ne fut mieux secondé par les influences les plus diverses, par la politique, par la foi naïve, par le calcul ou la passion des esprits les plus opposés." En effet, son apparition coïncida avec le grand événement du concordat. Necker a dit à propos de cet ouvrage "que le plus mince littérateur en corrigerait aisément les défauts, et que les plus grands écrivains en atteindraient difficilement les beautés."...

     

    3. ...M. Guizot apprécie ainsi l'oeuvre de Chateaubriand :

    "M. de Chateaubriand et le Génie du christianisme ont droit à la même justice. En dépit de ses imperfections religieuses et littéraires, le Génie du christianisme à été, religieusement et littérairement, un éclatant et puissant ouvrage; il a fortement remué les âmes, renouvelé les imaginations, ranimé et remis à leur rang les traditions et les impressions chrétiennes. Il n'y a point de critiques, même légitimes, qui puissent lui enlever la place qu'il a tenue dans l'histoire religieuse et littéraire de son pays et de son temps..."

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    Par haine de nos Racines et de la Religion, la Révolution a délibérément détruit entre le quart et le tiers de notre Patrimoine (tous domaines confondus) : en plus de son impact intellectuel et moral, que l'on vient de voir, Le Génie du Christianisme est à l'origine - avec le Notre-Dame de Paris de Victor Hugo - de ce puissant mouvement d'intérêt et de sympathie envers nos monuments qui se manifesta, tout au long du dix-neuvième siècle, et qui devait culminer avec les restaurations tous azimuts des Viollet le Duc, Lassus et autres...

     

     

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  • FAMILLE DE FRANCE • UN PRINCE EN SA DEMEURE

     

    PAR RAPHAËL DE GISLAIN

    REPORTAGE. Le prince Jean d'Orléans vit depuis plusieurs années au château de Dreux, entré dans sa famille au XIXe siècle, avec son épouse Philomena et ses enfants. À l'occasion de la naissance du prince Joseph, l'héritier des rois de France nous ouvre les portes de ce lieu chargé de sens...

    Arrivé devant la grille, on reste un moment ébloui. Bâti à flanc de colline, le château de Dreux offre à son visiteur, comme une préface à sa longue et tumultueuse histoire, une vue à couper le souffle sur la ville qui s'étend en contrebas, précieux vitrail d'ardoises et de tuiles qui invite à la contemplation. Entre terre et ciel, la propriété des Orléans, confisquée à la Révolution et rachetée en 1815, possède ce charme contre lequel les vicissitudes du temps n'ont pas d'emprise. La silhouette du prince se précise. jean d'Orléans nous ouvre et nous accueille avec une bienveillante simplicité. Les yeux toujours rivés sur le paysage, nous remontons l'allée principale, tandis que le duc de Vendôme nous indique les principaux monuments de Dreux, l'église Saint-Pierre, à la flèche indécise et l'Hôtel-Dieu dont on perçoit, malgré la distance, l'élégante architecture Renaissance. Nous le suivons jusqu'à une nouvelle porte de pierre, intrigué de découvrir comment vit en son domaine le descendant des rois de France.

    UN PRINCE EN FAMILLE

    Jean d'Orléans se tourne vers nous : « Vous savez, c'est un réel bonheur pour moi de vivre ici. J'y ai tant de souvenirs, j'y ai passé tant de vacances... Je me suis installé en 2011 avec Philomena mon épouse ; il n'y avait pas de meilleur cadre pour construire notre famille. » Nous pénétrons dans une cour en longueur donnant sur le vide, comme un balcon suspendu. Au fond, s'y trouve un petit poulailler. Le prince recompte rapidement les poussins, pour s'assurer qu'il n'en manque pas d'autres que celui que son fils Gaston, du haut de ses 7 ans, a écrasé par mégarde quelques jours auparavant. Puis nous entrons dans le bâtiment de gauche, en partie remanié, où nous découvrons son bureau dans la tour. Les deux grandes travées offrent une vue imprenable : « Je viens m'y retirer quand j'ai besoin de calme, pour travailler bien sûr mais aussi pour lire ou voir des films. » Grand amateur d'histoire, Jean d'Orléans nous fait part de son enthousiasme pour une biographie de Louis XI qu'il vient d'achever : « Il s'agit d'un roi méconnu alors qu'il a contribué à l'unification du peuple français et à la création de l'État moderne. Avec Louis-Philippe, le roi de la famille, il fait partie des souverains que j'admire particulièrement. » Quant à connaître ses goûts en matière de cinéma, le prince cultive l'éclectisme, aimant le cinéma américain contemporain et les X-men, dont il n'a pas trouvé le dernier volet à la hauteur. Nous passons devant de nombreux trophées de chasse - une autre de ses passions avec le golf - avant de rejoindre la maison principale.

    C'est dans cette élégante longère du XVIIe siècle de calcaire et de briques rouges que vivent Jean d'Orléans, sa femme et ses quatre enfants. La maison, qui a vu naître, en 1726, Francois-André Danican Philidor, célèbre compositeur et théoricien du jeu d'échecs, a fait l'objet en 1978 d'une importante restauration pour permettre à la duchesse de Montpensier et ses cinq enfants d'y séjourner les week-ends et pendant les vacances. À peine avons-nous le temps de nous installer dans la salle à manger, qu'Antoinette, petite brune malicieuse de 4 ans, accourt et se jette sur les genoux de son père, vite imitée par Louise-Marguerite de deux ans sa cadette. Le visage de Jean d'Orléans s'illumine lorsque nous nous lui demandons comment se porte son dernier fils Joseph, né le 2 juin 2016 : « Il va très bien, sa mère aussi. » La princesse, qui se remet de sa maternité, n'est pas encore rentrée à Dreux.

    UNE VIE BIEN REMPLIE

    Le duc de Vendôme prend ensuite le temps de nous parler de sa vie quotidienne et de ses activités : « Les journées commencent tôt. Nous démarrons vers 7 heures et à 7h3o, nous ouvrons les fenêtres pour entendre l'angélus et prier pour la journée qui vient. Puis il faut conduire Gaston à Chartres, où nous l'avons mis à l'école Saint-Joseph, un établissement hors contrat. De retour, je rentre travailler sur l'un des nombreux projets qui me tiennent à cœur. Essentiellement au niveau local, parce que je crois que l'action a plus de force lorsqu'elle a des racines. » Jean d'Orléans nous parle de ses engagements avec la municipalité, avec Gens de France, notamment d'une étude visant à rapprocher cités de banlieues et cités royales, mais aussi de son travail avec la paroisse pour faire connaître la chapelle royale Saint-Louis, du développement des visites. Il est aussi président d'honneur des Monarchs, l'équipe de football américain de la ville dont il suit attentivement l'évolution. L'après-midi est souvent consacrée à l'écriture de discours, pour de fréquentes commémorations ou dans le cadre de ses déplacements. Ainsi s'est-il rendu récemment en Syrie pour soutenir les Chrétiens d'Orient et en Chine. Enfin, il lui reste à gérer le domaine et particulièrement les forêts, qu'il possède en nombre dans le nord de la France.

    « VIVRE CONFORMÉMENT
    À CE QUE NOUS SOMMES »

    Un rayon de soleil nous invite à visiter le parc. Nous voilà dehors, rejoints par l'affectueuse Lady, terre-neuve à la robe auburn qui gambade à son aise. Les enfants sont partis déjeuner avec leur nounou. Le prince nous montre la deuxième partie du château, appelée « l'évêché », un pavillon à tourelles édifié en 1.844 par Louis-Philippe où la famille de France donne encore des réceptions ; puis nous suivons l'allée le long de la pelouse bordée d'arbres, où scintillent des myriades de marguerites, comme dans une tapisserie aux mille-fleurs du Moyen Âge. L'ensemble inspire un profond sentiment de romantisme, peut-être un peu trop au goût du prince : « Il faudrait lancer une vaste campagne de restauration, confie-t-il. Beaucoup d'éléments se dégradent et la tempête a fait périr bien trop d'arbres. » De façon originale, les tours en ruine ont été reconverties en fabriques. Elles rythment le chemin de ronde d'autrefois, que nous remontons en direction de la chapelle. Plus loin, sous des feuillages, on entrevoit les restes du vieux donjon, effectivement en piteux état.

    D'un style néo-gothique d'une pureté sans faille, la chapelle royale Saint-Louis nous apparaît dans toute sa splendeur, joyau absolu de l'art du XIXe siècle et preuve éclatante de la grandeur artistique de ce siècle longtemps méprisé. Érigée en 1816 à l'emplacement de l'ancienne forteresse des comtes de Dreux, le premier édifice fut d'abord élevé dans un style néo-classique par la duchesse d'Orléans, avant d'être agrandi et redessiné par son fils Louis-Philippe. Nous entrons par la crypte, qui abrite les sépultures de la famille de Bourbon-Orléans. Le prince nous montre au passage où repose sa grand-mère et son oncle François. On le sent très ému. Impressionnant, l'alignement des gisants se poursuit le long du déambulatoire, dans une alternance de style néo-classique ou romantique qui n'entame pas l'harmonie de l'ensemble et dont le mausolée du roi et de la reine Marie-Amélie, face à la chapelle de la Vierge, constitue le point d'orgue. Parvenu au choeur, on apprécie pleinement la perfection du plan en croix, coiffée d'une coupole inspirée du Panthéon romain. La qualité sculpturale triomphe dans chaque détail décoratif, qu'il s'agisse des caissons ou des bas-reliefs. Au sol, le dallage de marbre introduit un jeu de polychromie qui fait merveille dans la lumière bleuie des vitraux, exécutés d'après Flandrin ou Delacroix. Sur le conseil du prince, nous admirons au retour d'exceptionnelles glaces peintes de Larivière illustrant la Passion du Christ.

    Encore étourdi par la majesté du lieu, nous regagnons la terrasse ; par-delà le pont, derrière la nécropole, le parc s'étire en une clairière battue par le vent, gardée par une émouvante vierge de pierre. Il serait bien agréable d'y deviser encore longuement avec notre hôte mais il est l'heure de faire quelques photos et de le laisser à son oeuvre princière. En nous quittant, il se penche vers nous : « Dreux représente quelque chose d'essentiel pour nous. Il nous permet de vivre de façon conforme à ce que nous sommes, en accord avec nos aspirations profondes. »   

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    « Depuis notre reportage, la duchesse de Vendôme et le petit prince Joseph sont rentrés de la maternité pour la maison familiale de Dreux »

     

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  • LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES ATTESTE DE LA FAILLITE DE LA RÉPUBLIQUE

    Marlène et Cyril, vivantes allégories de « La Politique se réconciliant avec le Peuple ».  

    Par Yves Morel

    Politique. Le mouvement des Gilets jaunes signe-t-il la fin prochaine de la République ? La question est moins incongrue qu’il n’y paraît. Ce qu’a révélé de façon éclatante ce mouvement, c’est le total discrédit de la démocratie républicaine, et l’inanité de ses principes.

    La démocratie républicaine fonctionne grâce à trois éléments constitutifs : les partis politiques, les organisations professionnelles (de salariés et d’employeurs) et les associations à finalité civique ou autre (cultuelle, culturelle, environnementale, sportive, etc.). Or, le mouvement des Gilets jaunes montre que les partis politiques et les organisations syndicales ont perdu tout crédit au sein de la population, que les manifestants fluorescents représentent assez bien (on ne saurait le nier, eu égard à ce qu’ils sont et au soutien populaire massif auquel ils ont eu droit – aujourd’hui en baisse, mais toujours majoritaire), et ne parviennent pas à sortir des limbes en lesquels ils sont tombés. Or, ils sont absolument essentiels – voire consubstantiels – à notre démocratie.

    Les partis et les hommes politiques sont le moteur de la démocratie

    Et les partis le sont plus encore que les autres. Les partis politiques, et les hommes politiques. Il convient de rappeler ici que les uns et les autres sont des inventions et des pièces maîtresses de la démocratie contemporaine, la démocratie anglaise, issue de la monarchie parlementaire à la fin du XVIIe siècle, la démocratie américaine, née au XVIIIe, et la démocratie républicaine et jacobine surgie de la France révolutionnaire entre 1789 et 1792.

    51rUZt68i1L.jpgAvant 1689 en Angleterre, avant 1789 en France, il n’existe ni parti politique, ni homme politique. Des hommes comme Thomas More [ci-contre], Thomas Cromwell, Buckingham, Strafford, Oliver Cromwell en Angleterre, Suger, Nogaret, Sully, Colbert, Louvois, Fleury, Maupeou, Necker, en France, furent des hommes d’État, souvent affectés à un domaine précis, mais ils ne furent pas des hommes politiques. Ces derniers se réclament d’une idéologie, d’une conception philosophique de l’homme, du monde et de l’histoire, et défendent un projet de société et un programme de gouvernement. Ils mettent en avant des idées et des convictions qui, la plupart du temps, ont une orientation humaniste, là où les grands ministres de la monarchie œuvraient selon les lois de la nécessité, au nom du Roi, institué en son royaume par la volonté de Dieu afin d’en assurer la sauvegarde et la prospérité, et d’y maintenir un ordre régi par une morale chrétienne supra-rationnelle soustraite à toute discussion et imprégnant toute la société. L’homme politique et le parti politique sont les produits d’une société laïcisée et libérale, où les individus ne sont plus intriqués exclusivement dans la sphère d’existence constituée par leur naissance et leur situation sociale (liée à celle-ci), et évoluent dans l’espace public selon leurs désirs, leurs ambitions, leurs centres d’intérêt (lesquels ne se limitent plus à ceux de leur classe d’origine), leurs intérêts particuliers et les aléas d’un ordre économique qui n’a pas la stabilité (ou la lenteur d’évolution) de celui d’autrefois. Les partis et les hommes politiques proposent aux hommes (et aux femmes) des projets de société et des programmes de gouvernement répondant (théoriquement et en gros) à leurs besoins et aspirations, à leur idéal, désormais indépendant de toute morale religieuse, et donc variable suivant les personnes et les classes (et autres groupes sociaux). En une société désormais dépourvue de fondements religieux et moraux indiscutés, et où, par conséquent, les individus, les classes, les groupes divers (économiques et autres) poursuivent leurs propres fins sans égard pour les autres ou la communauté, ils jouent le rôle de guides, d’auxiliaires et de garde-fous, d’intermédiaires entre les intérêts divergents, voire opposés, des uns et des autres ; et, de par la synthèse qu’ils opèrent, des revendications les plus disparates, ils garantissent, vaille que vaille, grâce au jeu du suffrage universel, un minimum de cohésion et de continuité sociales. Ils sont le moteur de la démocratie.

    Aujourd’hui oublié, Charles Millon définissait l’homme politique, durant les années 1990, comme un médiateur entre d’une part le citoyen de base et d’autre part le décideur (l’État), lui-même éclairé par le spécialiste et limité, dans son action, par les détenteurs de la puissance économique et les organisations syndicales. Et il déplorait que ce rôle eût pratiquement disparu.

    Les partis ont perdu tout pouvoir réel et toute légitimité

    000_14h4p1.jpgEh bien, si cela était déjà le cas il y a au bas mot vingt-cinq ans, cela n’a fait qu’empirer depuis. Plus exactement, on peut dire que la situation actuelle confirme le diagnostic de Charles Millon. Les Français d’aujourd’hui, plongés dans des conditions d’existence de plus en plus difficiles, sacrifiés à l’ordre économique néolibéral européen et mondialiste, se révoltent directement contre l’État macronien qui représente ce dernier dans leur pays, sans s’en remettre à des partis qui les ont trompés depuis quatre décennies, et qui, de toute manière, ne peuvent absolument pas les aider, dans la mesure même où ils ne pèsent d’aucun poids face aux puissances économiques et financières mues par une logique implacable, et qui se jouent des peuples, des intérêts nationaux et des gouvernements. À l’égard des Français de base comme vis-à-vis de ces puissances, les hommes (et femmes) politiques ont perdu tout pouvoir réel et toute légitimité, et nous assistons à la dilution pure et simple du politique. Il est à craindre que, désormais, notre vie politique se caractérise, non plus par un affrontement entre partis opposés ou entre employeurs et syndicats, mais par un affrontement direct entre l’État et les citoyens, et entre les patrons et les salariés. Cela signifie la fin de la démocratie républicaine. Sous nos yeux, sans que nous en soyons bien conscients, les piliers de la démocratie républicaine s’effondrent. Nos compatriotes n’éprouvent plus le moindre intérêt à l’égard des partis et des hommes politiques, qu’ils ne détestent même plus, tant ils les jugent impuissants et insignifiants. Souvenons-nous que le taux d’abstention atteignit 57% des électeurs inscrits lors de la dernière élection présidentielle. Autrement dit, M. Macron, porté au pouvoir par 66% des suffrages exprimés, n’est que l’élu des deux tiers des 43% d’électeurs inscrits qui ont daigné voter le jour du scrutin. Il n’est d’ailleurs que de constater l’état de déliquescence des partis. Également impuissants à infléchir le cours des choses, tous prisonniers de la logique infernale du nouvel ordre économique mondial, tous condamnés à poursuivre la même politique, contraire aux intérêts vitaux de nos compatriotes, tous pareils et interchangeables, ayant tous répudié leurs convictions propres pour se replier sur les « valeurs de la République », les « Droits de l’Homme » et l’attachement à une société libérale-libertaire frelatée, ils ne représentent plus rien. Il n’est que de considérer les noms insignifiants, insipides et passe-partout qu’ils se donnent : La République en marche, Les Républicains, Rassemblement national, Les Patriotes, Debout la France, La France insoumise. Nous assistons à la mort des idées, des convictions, des valeurs (sauf les « valeurs de la République », bien entendu), et à la mort du politique. Il est à craindre que les prochaines élections (les européennes, puis les autres) se traduisent par des scores phénoménaux d’abstention, ou des listes aussi nombreuses que disparates, qui émietteront l’électorat, ou par des listes anarchiques de Gilets jaunes (ou de Stylos rouges ou de Bonnets rouges). Bref, c’est la République elle-même qui vacille sur ses bases.

    Le système républicain est arrivé dans l’impasse où devaient le mener ses principes mêmes

    C’est le système républicain lui-même qui est implicitement récusé à travers le mouvement des Gilets jaunes (qui ne veut décidément pas s’arrêter) et l’exigence de l’instauration d’une procédure de référendum d’initiative citoyenne, qui est, de fait, la récusation du fonctionnement actuel de la démocratie. Cette exigence référendaire est présentée, par ses partisans, comme la régénération et l’approfondissement de la démocratie républicaine, mais elle n’en est pas moins, en réalité, son rejet, et elle ne pourra pas la sauver (à supposer qu’elle soit satisfaite).

    7795704609_des-gilets-jaunes-a-rochefort-le-24-novembre-2018.jpgEn réalité, elle force la république, d’origine révolutionnaire et d’essence collectiviste, à aller jusqu’au bout de sa logique, et à tenir effectivement ses promesses de démocratie absolue, de justice parfaite et d’égalité intégrale et effective (et non pas seulement théorique et juridique). C’est oublier qu’une telle démocratie idéale ne peut advenir et durer, que la république actuelle n’écorne ou ne viole (suivant les circonstances) ses principes que dans la mesure où elle ne peut pas faire autrement (sous peine de plonger le pays dans le plus grand marasme), et qu’un système politique en lequel un État ou un gouvernement ne pourrait prendre que des mesures approuvées par le suffrage universel se verrait incapable de tenir longtemps et d’œuvrer dans l’intérêt général de nos compatriotes. Il suffit d’ailleurs d’en imaginer le fonctionnement pour comprendre cela.

    En définitive, c’est bien la démocratie républicaine elle-même qui, à la faveur de cette contestation des Gilets jaunes, atteste de l’impasse en laquelle elle se trouve, et où ses propres principes et sa propre logique ne pouvaient que la mener.     

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    Les foulards rouges, forces vives de La République en Marche !, défilent triomphalement

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 
  • Feuilleton : Chateaubriand, ”l'enchanteur” royaliste... (45)

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    Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
    Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Fulgurances (3/3): christianisme, avenir du monde...

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    "L'idée chrétienne est l'avenir du monde.

    En définitive, mes investigations m'amènent à conclure que l'ancienne société s'enfonce sous elle, qu'il est impossible à quiconque n'est pas chrétien de comprendre la société future poursuivant son cours et satisfaisant à la fois ou l'idée purement républicaine ou l'idée monarchique modifiée. Dans toutes les hypothèses, les améliorations que vous désirez, vous ne les pouvez tirer que de l'Évangile.

    Au fond des combinaisons des sectaires actuelles, c'est toujours le plagiat, la parodie de l'Évangile, toujours le principe apostolique qu'on retrouve: ce principe est tellement ancré en nous, que nous en usons comme nous appartenant; nous nous le présumons naturel, quoiqu'il ne nous le soit pas; il nous est venu de notre ancienne foi, à prendre celle-ci à deux ou trois degrés d'ascendance au-dessus de nous. Tel esprit indépendant qui s'occupe du perfectionnement de ses semblables n'y aurait jamais pensé si le droit des peuples n'avait été posé par le Fils de l'homme. Tout acte de philanthropie auquel nous nous livrons, tout système que nous rêvons dans l'intérêt de l'humanité, n'est que l'idée chrétienne retournée, changée de nom et trop souvent défigurée: c'est toujours le verbe qui se fait chair !

    Voulez-vous que l'idée chrétienne ne soit que l'idée humaine en progression ? J'y consens; mais ouvrez les diverses cosmogonies, vous apprendrez qu'un christianisme traditionnel a devancé sur la terre le christianisme révélé. Si le Messie n'était pas venu, et qu'il n'eût point parlé, comme il le dit de lui-même, l'idée n'aurait pas été dégagée, les vérités seraient restées confuses, telles qu'on les entrevoit dans les écrits des anciens. C'est donc, de quelque façon que vous l'interprétiez, du révélateur ou du Christ que vous tenez tout; c'est du Sauveur, Salvator, du Consolateur, paracletus, qu'il nous faut toujours partir; c'est de lui que vous avez reçu les germes de la civilisation et de la philosophie.

    Vous voyez donc que je ne trouve de solution à l'avenir que dans le christianisme et dans le christianisme catholique; la religion du Verbe est la manifestation de la vérité, comme la création est la visibilité de Dieu. Je ne prétends pas qu'une rénovation générale ait absolument lieu, car j'admets que des peuples entiers soient voués à la destruction; j'admets aussi que la foi se dessèche en certains pays: mais s'il en reste un seul grain, s'il tombe sur un peu de terre, ne fût-ce que dans les débris d'un vase, ce grain lèvera, et une seconde incarnation de l'esprit catholique ranimera la société.

    Le christianisme est l'appréciation la plus philosophique et la plus rationnelle de Dieu et de la création; il renferme les trois grandes lois de l'univers, la loi divine, la loi morale, la loi politique : la loi divine, unité de Dieu en trois essences; la loi morale, charité; la loi politique, c'est-à-dire la liberté, l'égalité, la fraternité.

    Les deux premiers principes sont développés; le troisième, la loi politique, n'a point reçu ses compléments, parce qu'il ne pouvait fleurir tandis que la croyance intelligente de l'être infini et la morale universelle n'étaient pas solidement établies. Or, le christianisme eut d'abord à déblayer les absurdités et les abominations dont l'idolâtrie et l'esclavage avaient encombré le genre humain.

    Des personnes éclairées ne comprennent pas qu'un catholique tel que moi s'entête à s'asseoir à l'ombre de ce qu'elles appellent des ruines; selon ces personnes, c'est une gageure, un parti pris. Mais, dites-le moi, par pitié, où trouverai-je une famille et un Dieu dans la société individuelle et philosophique que vous me proposez ? Dites-le moi et je vous suis; sinon ne trouvez pas mauvais que je couche dans la tombe du Christ, seul abri que vous m'avez laissé en m'abandonnant.

    Non, je n'ai point fait une gageure avec moi-même: je suis sincère; voici ce qui m'est arrivé: de mes projets, de mes études, de mes expériences, il ne m'est resté qu'un détromper complet de toutes les choses que poursuit le monde. Ma conviction religieuse, en grandissant, a dévoré mes autres convictions; il n'est ici-bas chrétien plus croyant et homme plus incrédule que moi. Loin d'être à son terme, la religion du libérateur entre à peine dans sa troisième période, la période politique, liberté, égalité, fraternité. L'Evangile, sentence d'acquittement, n'a pas été lu encore à tous; nous en sommes encore aux malédictions prononcées par le Christ : "Malheur à vous" qui chargez les hommes de fardeaux qu'ils ne sauraient porter, et qui ne voudriez pas les avoir touchés du bout du doigt.

    Le christianisme, stable dans ses dogmes, est mobile dans ses lumières; sa transformation enveloppe la transformation universelle. Quand il aura atteint son plus haut point, les ténèbres achèveront de s'éclaircir; la liberté, crucifiée sur le Calvaire avec le Messie, en descendra avec lui; elle remettra aux nations ce nouveau testament écrit en leur faveur et jusqu'ici entravé dans ses clauses. Les gouvernements passeront, le mal moral disparaîtra, la réhabilitation annoncera la consommation des siècles de mort et d'oppression nés de la chute.

    Quand viendra ce jour désiré ? Quand la société se recomposera-t-telle d'après les moyens secrets du principe générateur ? Nul ne le peut dire; on ne saurait calculer les résistances des passions.

    Plus d'une fois la mort engourdira des races, versera le silence sur les évènements comme la neige tombée pendant la nuit fait cesser le bruit des chars. Les nations ne croissent pas aussi rapidement que les individus dont elles sont composées et ne disparaissent pas aussi vite. Que de temps ne faut-il point pour arriver à une seule chose cherchée ! L'agonie du Bas-Empire pensa ne pas finir; l'ère chrétienne, déjà si étendue, n'a pas suffi à l'abolition de la servitude. Ces calculs, je le sais, ne vont pas au tempérament français; dans nos révolutions nous n'avons jamais admis l'élément du temps: c'est pourquoi nous sommes toujours ébahis des résultats contraires à nos impatiences. Pleins d'un généreux courage, des jeunes gens se précipitent; ils s'avancent tête baissée vers une haute région qu'ils entrevoient et qu'ils s'efforcent d'atteindre. Rien de plus digne d'admiration; mais ils useront leur vie dans ces efforts; arrivés au terme, de mécomptes en mécomptes, ils consigneront le poids des années déçues à d'autres générations abusées qu'ils porteront jusqu'au tombeaux voisins; ainsi de suite. Le temps du désert est revenu; le christianisme recommence dans la stérilité de la Thébaïde, au milieu d'une idolâtrie redoutable, l'idolâtrie de l'homme envers soi.

    Il y a deux conséquences dans l'histoire, l'une immédiate et qui est à l'instant connue, l'autre éloignée et qu'on n'aperçoit pas d'abord. Ces conséquences souvent se contredisent; les unes viennent de notre courte sagesse les autres de la sagesse perdurable. L'évènement providentiel apparaît après l'évènement humain. Dieu se lève derrière les hommes. Niez tant qu'il vous plaira le suprême conseil, ne consentez pas à son action, disputez sur les mots, appelez force des choses ou raison ce que le vulgaire appelle Providence, regardez à la fin d'un fait accompli, et vous verrez qu'il a toujours produit le contraire de ce qu'on en attendait, quand il n'a point été établi d'abord sur la morale et sur la justice.

    Si le ciel n'a pas prononcé son dernier arrêt; si un avenir doit être, un avenir puissant et libre, cet avenir est loin encore, loin au-delà de l'horizon visible; on n'y pourra parvenir qu'à l'aide de cette espérance chrétienne dont les ailes croissent à mesure que tout semble la trahir, espérance plus longue que le temps et plus forte que le malheur.

    (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome II, pages 030/931/932/933)

  • Alexandre Devecchio : « Derrière l'affaire Théo, les banlieues en sécession »

     

    Par Alexandre Devecchio 

    Alexandre Devecchio analyse ici fort justement - d'un point de vue factuel - [Figarovox 14.02] comment l'« affaire Théo » est révélatrice des fractures françaises. Et comment les émeutes urbaines mettent en lumière la sécession de certains quartiers et la désaffiliation d'une partie de la jeunesse. Mais laquelle ? Ce vocabulaire est-il approprié ? Et donc, en un sens, la réflexion elle-même ? Les fractures dont il est question sont-elles réellement françaises ? Faut-il consentir à ce terme, en ignorant ce qu'il implique de concession, d'abandons ? Fractures françaises ou fractures franco-islamiques ? ou Français-Etrangers ? Alexandre Devecchio n'ignore pas - son article en porte les traces - que les politiques, les médias, les juges, les associations - le Système - ont forgé tout un vocabulaire ad hoc destiné à cet enfumage de l'opinion, dont ils ont besoin pour que la politique immigrationniste, multiculturaliste et diversitaire en cours soit poursuivie, sans de trop grandes oppositions. Que sur le plan légal, une partie des jeunes, de la jeunesse, des individus concernés, soit de nationalité française change-t-il le problème au fond ? Ici, nous ne le croyons pas. A ceux qui haïssent et combattent la France, la qualité de Français, de jeunesse française, par delà tout formalisme juridique, doit être déniée.  Lafautearousseau        

     

    sans-titre vv.png« Justice pour Théo ! » La banlieue brûle et le même slogan est diffusé sur toutes les ondes. La majorité des médias et une partie des politiques, relayant le discours des « associations », s'indignent, en chœur, des « violences policières » contre les « jeunes » des « quartiers ».

    La visite de François Hollande au chevet de Théodore, dit Théo, 21 ans, blessé jeudi 2 février à la cité de la Rose-des-Vents d'Aulnay-sous-Bois lors d'une interpellation d'une extrême violence n'a rien apaisé. C'était pourtant un geste fort et rare. Pour mémoire, le président de la République n'avait pas rendu visite aux policiers gravement brûlés par une attaque au cocktail Molotov à Viry-Châtillon le 8 octobre 2016. Quatre agents des forces de l'ordre ont été mis en examen, et, si bavure il y a eu, celle-ci doit être sanctionnée de manière exemplaire. Pour autant, en quoi la justice pour Théo passe-t-elle par la destruction de la gare routière de Bobigny ? En quoi justifie-t-elle les voitures incendiées, les bus caillassés ou les commerces vandalisés à Argenteuil ? Est-ce bien pour Théo que retentissent les « Allah Akbar » ? Au-delà des dysfonctionnements de la police, l'affaire Théo est révélatrice des fractures françaises. Elle met en lumière la sécession de certains quartiers et la désaffiliation d'une partie de la jeunesse. Elle témoigne de l'enracinement d'une sous-culture de la haine qui rend possible l'embrasement de la violence à la moindre étincelle. Les casseurs ne se vengent pas seulement des policiers, ils marquent leur territoire et expriment leur ressentiment alimenté par le discours victimaire. Aidé en cela par les professionnels de l'antiracisme. Ceux-là mêmes que le premier ministre, Bernard Cazeneuve, recevait hier à Matignon après deux jours d'affrontements.

    Alors que les échauffourées se multiplient à Aulnay, Bobigny, Tremblay-en-France, Le Blanc-Mesnil, Stains ou Neuilly-sur-Marne, le spectre des émeutes de 2005 est dans toutes les têtes. Comme le souligne Gilles Kepel dans Banlieue de la République (Gallimard), c'est une grenade lacrymogène tirée par la police près d'une mosquée alors que le ramadan battait son plein qui est la cause cette année-là de la propagation des émeutes dans toute la France (elles avaient été déclenchées par la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré dans un transformateur à Clichy-sous-Bois). L'incident, grossi et rapporté comme « le gazage de la mosquée Bilal », est alors interprété par une partie de la jeunesse de banlieue comme une déclaration de guerre à l'islam. Il ravive le ressentiment entretenu par des années d'idéologie de la repentance. Durant vingt jours, les violences et les dégradations au sein des cités, comptabilisant 200 membres des forces de l'ordre blessés et 10 000 véhicules incendiés, firent que, pour la première fois depuis la guerre d'Algérie, l'exécutif décréta l'état d'urgence. D'ores et déjà à cette époque, les émeutes illustraient la désintégration en cours. Cependant, sociologues, médias et politiques - omettant qu'aucun sans-culotte de 1789 n'avait jamais crié « nique la France ! » - s'obstinèrent à les analyser dans les termes purement économiques d'un traditionnel conflit de classe, allant jusqu'à les qualifier de « révolte sociale ». On continua à déverser des sommes faramineuses dans la politique de la ville en alimentant les communautarismes, et en recouvrant d'un voile les questions qui fâchent. Quid de la problématique des flux migratoires, des tensions ethnico-culturelles, des pratiques mafieuses ou encore de la montée en puissance de l'islamisme ?

    Depuis les émeutes de 2005, les fameux territoires perdus de la République n'ont cessé de s'étendre et les fractures de se creuser. « Il y a un toboggan dans lequel on est installé depuis plusieurs années qui nous amène à l'irréparable, puisque maintenant ces quartiers produisent des terroristes », constatait Malek Boutih en 2015, lors du dixième anniversaire des émeutes. « Comment peut-on éviter la partition ? » s'interrogeait Hollande dans un incroyable aveu rapporté par Gérard Davet et Fabrice Lhomme. La partition avec la France des cités, mais aussi avec la France périphérique. Les « petits Blancs », victimes de l'insécurité physique, économique et culturelle, chassés des grandes métropoles comme des banlieues sensibles, font eux aussi sécession. Au cri de « Justice pour Théo! », ils risquent fort de répondre, dans les urnes, par « On est chez nous ! ». 

    « Quid de la problématique des flux migratoires, des tensions ethnico-culturelles, des pratiques mafieuses ou de l'islamisme  ? » 

    Alexandre Devecchio 

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    Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

  • Islam et République : Annie Laurent décrypte le discours de Macron au CFCM

     

    « Personne ne peut faire croire que l'islam n'est pas compatible avec la République », a déclaré Emmanuel Macron devant le Conseil français du culte musulman. Annie Laurent montre ici que des contradictions entre l'islam et la République existent bel et bien. Sans préjuger de celles qui peuvent exister entre cette dernière et le catholicisme traditionnel ... Rappelons qu'Annie Laurent nous honore de son amitié ; qu'elle est intervenue dans plusieurs de nos cafés politiques et réunions, dont les vidéos existent ici ; qu'elle a collaboré à Lafautearousseau. Nous recommandons d'ailleurs à nos lecteurs de suivre ses publications et ses interventions diverses. Cet entretien a été réalisé par Eloi Thiboud et a été publié dans Figarovox le 23 courant.    LFAR

     

    1214153452.jpgÀ l'occasion du repas de clôture du jeûne du Ramadan (Iftar), Emmanuel Macron a prononcé un discours devant le CFCM (Conseil français du culte musulman), dix ans après Nicolas Sarkozy. Il a notamment affirmé que « personne ne pouvait faire croire que l'islam n'était pas compatible avec la République ». Qu'en pensez-vous ?

    Pour les musulmans, les principes d'organisation sociale et politique sont d‘ordre divin. Ils s'appuient sur deux sources principales : le Coran et la Sunna (la tradition mahométane). On voit bien la discordance avec le modèle démocratique lorsqu'on considère notre devise nationale : « Liberté, Égalité, Fraternité». Sur la question des libertés: pour nous, Français, la liberté est universelle et également partagée. Dans l'islam, il n'y a de libertés que restreintes : ainsi en est-il, par exemple, de la liberté de conscience, qui est inexistante. Par conséquent, un musulman ne peut être reconnu comme athée ou se convertir à une autre religion. À cet égard, il faut souligner que, tout en interdisant l'apostasie, le Coran ne prévoit aucune peine temporelle pour punir celui qui s'en rend coupable. Le droit islamique s'appuie donc sur une sentence attribuée à Mahomet : « Celui qui quitte la religion, tuez-le ». Dans ce registre, la Charia fait figure de Code pénal pour les musulmans. Dès lors, si une Constitution proclame la Charia comme source du droit, rien n'empêche un magistrat saisi d'une telle affaire de prononcer la peine de mort. Pour revenir au contexte français, lorsque dans les années 1990, alors que les négociations étaient entamées entre le gouvernement et des responsables musulmans en vue de l'organisation du culte islamique, le ministre de l'intérieur de l'époque, Jean-Pierre Chevènement, avait proposé à ces derniers une charte contenant notamment une clause par laquelle ils s'engageraient à respecter la liberté de conscience, y compris le droit de renoncer à l'islam. Or, sous la pression de certains mouvements, notamment les islamistes Frères musulmans, le ministère retira cette clause de la charte. Il justifia cette reculade en rappelant que la Constitution française garantit déjà la liberté religieuse. Ce faisant, il ignorait que pour les musulmans convaincus la Charia est supérieure à toute loi humaine, donc à celle de la République. Cet exemple permet de prendre la mesure de l'incompatibilité entre nos principes respectifs. Concernant l'égalité, le Coran instaure la supériorité du musulman sur le non-musulman et l'homme sur la femme. Ces principes ne sont pas discutables puisqu'ils relèvent de l'arbitraire divin. Autrement dit, ils ne peuvent être sujets à modification. On perçoit immédiatement les problèmes que cela peut poser dans la vie sociale. Certes, l'islam reconnaît le principe de « fraternité », mais il ne s'applique qu'au sein de l'Oumma, la communauté des croyants musulmans. C'est pourquoi un musulman peut se sentir d'abord citoyen de l'Oumma avant d'être citoyen de son propre pays si celui-ci n'est pas régi par l'islam. Il en résulte une grande divergence avec les fondements démocratiques. Il faut ajouter que l'islam ignore le concept de « personne ». D'origine biblique, celui-ci confère à tout être humain une dignité inviolable et inaliénable, puisque, selon la Genèse, Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance. Il s'agit là d'un fondement ontologique, qui est l'un des piliers structurants de notre société. Or, le Coran occulte cette mention, instaurant une distance infranchissable entre Dieu et ses créatures humaines. De tout cela résulte le fait que, dans l'islam, l'individu a des devoirs ; quant à ses droits, ils ne sont que ceux que Dieu veut bien lui donner. L'islam accorde donc la primauté au juridique, d'où la prépondérance, pour certains de nos compatriotes musulmans, de la Charia sur le droit français.

    Le Président de la République a insisté à plusieurs reprises sur le rôle que doivent assumer les organisations musulmanes de France dans la lutte contre le terrorisme et les prédicateurs salafistes, qui prêchent « ce qui est contraire au cœur de l'islam ». Les extrémismes auxquels la France est confrontée trahissent-ils le véritable islam ?

    Il faut d'abord signaler qu'il existe mille et une interprétations des textes sacrés de l'islam. Cette religion, dans sa version sunnite, ultra-majoritaire et la seule concernée par les débats en France, ne possède pas d'autorité dotée d'un pouvoir d'interprétation revêtu du sceau de l'authenticité. Autrement dit, il n'y a pas de pape de l'islam habilité à trancher et à imposer sa lecture, ce qui permettrait, par la même occasion, aux non-musulmans de savoir ce qui est conforme à l'interprétation officielle. En outre, les Français musulmans ne sont pas unis, du fait de la variété de leurs origines et de leurs différences idéologiques. Ainsi l'islam des Turcs n'est pas celui des Maghrébins, le salafisme diffère des Frères musulmans, etc. C'est pourquoi je ne vois pas comment le président de la République ou un autre responsable politique peut dire de façon certaine ce qui constitue « le cœur de l'Islam ». À quel titre la République peut-elle se prononcer sur une telle définition ? Et comment concilier de tels propos avec la laïcité propre à l'État ? En réalité, l'unique moyen d'en finir avec l'extrémisme serait de supprimer les passages du Coran et de la Sunna justifiant la violence et les atteintes aux libertés. Car, qu'on l'admette ou pas, ces textes sacrés comportent bien des incitations à la haine. Or, pour les musulmans, le Coran est un livre incréé ayant Dieu pour seul auteur. Ce dogme prévaut depuis le IXè siècle. Aucune autorité humaine ne peut donc prétendre le modifier. Ce n'est pas le cas de la Bible puisqu'elle est inspirée, non dictée. Même les intellectuels musulmans engagés dans la promotion d'un islam adapté à la modernité ne reviennent pas sur ce dogme. L'absence de magistère et le caractère incréé du Coran sont deux obstacles structurels qui empêchent toute évolution dans le sens d'une interprétation unique et authentique.

    Emmanuel Macron a aussi mentionné le rôle des imams et des organisations régionales, comme les CRCM. Pour lui, il est impropre de faire des analogies entre l'islam et les autres religions en ce qui concerne les ministres du culte. Dans quelle mesure l'islam est-elle une religion décentralisée, et quel est le rôle exact d'un imam ?

    Emmanuel Macron a raison, l'imam ne peut être assimilé à un prêtre. L'islam ignorant le principe de médiation entre Dieu et l'homme, il n'a ni sacerdoce ni sacrements. Son rôle consiste à diriger la prière et d'assurer la prédication du vendredi. Celle-ci ne se limite pas au domaine religieux puisque dans l'islam le temporel et le spirituel sont mêlés, elle peut comporter des aspects relatifs par exemple à la politique, aux relations avec les non-musulmans, aux rapports hommes-femmes… L'imam n'a pas pour mission d'assurer un accompagnement spirituel, c'est pourquoi son rôle se limite souvent à veiller à l'observance des rites ou des interdits alimentaires. Ainsi, l'imam ne peut être tenu responsable des actions de ses fidèles. La difficulté est accrue si l'on sait qu'une partie des imams officiant en France ne parle pas français. Dans son discours, Emmanuel Macron a vanté la création par l'État d'une aumônerie musulmane. Il s'agissait de montrer que l'État français accorde le même traitement à toutes les religions présentes chez nous. Or, l'aumônier n'existe pas dans la tradition islamique. Je pense qu'il s'agit là d'une erreur puisque, comme je l'ai souligné, il n'y a pas de médiation entre Dieu et l'homme dans l'islam. Bien sûr, les responsables musulmans peuvent faire preuve de bonne volonté. Ainsi, en mars dernier, le CFCM a produit une « charte de l'imam » qui comporte des mesures bienvenues telles que l'attachement à la laïcité, à la liberté, au dialogue interreligieux et le rejet de toute justification de la violence au nom de Dieu. Le CFCM a demandé à toutes les instances représentatives de l'islam en France et aux mosquées d'adhérer à cette charte… mais celle-ci a immédiatement été rejetée par la majorité d'entre elles. Encore une fois ces initiatives ont trouvé leurs limites face à l'absence d'autorité réellement représentative de l'islam.

    Le Président de la République souhaite que l'État puisse participer à la formation des imams. Est-ce possible, selon vous ?

    La demande est légitime mais sa réalisation pose d'importantes questions. En effet, comment la République laïque envisage-t-elle d'intervenir dans ce domaine ? Qui va trancher les difficultés liées à l'interprétation des dogmes et des textes sacrés ? Comment gérer les divergences idéologiques ? En fait, qui va contrôler l'enseignement dispensé dans les instituts de formation d'imams ? Je ne vois pas de réponse pertinente à ces questions. Imagine-t-on voir un jour la République laïque s'immiscer dans les programmes des séminaires de l'Église catholique, interdire l'enseignement de la loi naturelle (je pense notamment au mariage et à la filiation) ? Concernant l'islam, il existe déjà des Instituts de formation d'imams, dont certains sont gérés par l'UOIF, association qui, à bien des égards, ne transmet pas des valeurs compatibles avec la démocratie. Mais il est vrai que la question de la formation des imams est pertinente si l'on considère les préoccupations liées à la sécurité publique. Il me semble que l'État devrait mettre fermement les représentants officiels de l'islam face à leurs responsabilités. En cas de violences ou de discours haineux prononcés dans les mosquées en référence au Coran et à la Sunna, ceux-ci devraient pouvoir être poursuivis pour complicité avec les imams dangereux. L'État devrait aussi imposer la langue française lors de prêches et interdire tous financements étrangers des mosquées et associations. Il faut être d'une intransigeance absolue quand il s'agit de sécurité publique et ne pas hésiter à aller jusqu'à des mesures d'expulsion. Enfin, en se mêlant de l'organisation de l'islam en France, je crains que l'État ne contribue, sans doute malgré lui et tout en dénonçant le communautarisme, à confessionnaliser les musulmans, alors que, selon la Constitution de notre pays, ceux-ci sont d'abord des citoyens avant d'être chrétiens, musulmans, juifs ou autres. On risque de donner à l'islam le statut de religion d'État comme le regrettait feu le cardinal Lustiger. 

    « Je ne vois pas comment le président de la République peut dire de façon certaine ce qui constitue " le cœur de l'islam" ». 

    Eloi Thiboud

  • La fin de la coopération monétaire franco-africaine soumettrait le continent africain au règne du dollar et à la pénétra

    Loup Viallat, auteur de "La fin du franc CFA". Image: Capture d'écran TV Libertés.

    Entretien avec Loup Viallet, qui analyse la situation du franc CFA, monnaie et système en sursis…

    Considéré par certains comme le dernier héritage de la colonisation, le Franc CFA (FCFA) est encore l’objet de tous les fantasmes. Il y a un an, les présidents français et ivoirien ont annoncé que cette monnaie commune à quinze pays africains serait remplacée dans la moitié ouest-africaine d’entre eux, par « l’Eco », une nouvelle devise dont la création se fait toujours attendre.

     frédéric de natal.jpgDans un ouvrage récent, La fin du franc CFA (oct. 2020, VA Éditions, Versailles), qui commence à faire parler de lui à droite, le géopolitologue Loup Viallet dévoile les enjeux vertigineux de la coopération monétaire franco-africaine pour l’Europe et pour l’Afrique. Alors que cette thématique est ordinairement désertée dans le débat public, on l’a vu revenir à travers les discours portés le mois dernier par la directrice de l’ISSEP Marion Maréchal, à l’occasion de sa série d’interventions médiatiques. L’ISSEP, dont le tout nouveau think-tank a publié parmi ses premières analyses une note signée par… Loup Viallet.

    Pour le magazine Causeur, il a accepté de répondre à nos questions sur ce sujet qui cristallise beaucoup de passions et alimente de nouvelles idées.

    Frederic de Natal. Qu’est-ce que le Franc CFA? 

    Loup Viallet. Le Franc CFA (Communauté Financière Africaine-ndlr) est la monnaie d’un pays sur trois en Afrique sub-saharienne dont l’ensemble forme ce qu’on appelle « la zone franc ». Contrairement aux monnaies de leurs pays voisins qui fluctuent en permanence au gré des prix des matières premières, et dont la fragilité expose leurs économies et leurs sociétés à des phénomènes chroniques d’hyperinflation, le franc CFA est la monnaie la plus stable et la plus crédible du continent africain. Elle sert de socle à deux marchés communs africains, l’UEMOA en Afrique de l’Ouest et la CEMAC en Afrique centrale, supprimant les coûts liés au change entre leurs pays membres, mais aussi avec les dix-neuf pays de la zone euro. Sa convertibilité en euros est garantie par le Trésor français, dans le cadre d’un partenariat monétaire surveillé par les institutions européennes et administré par les banques centrales africaines et les chefs d’État africains. C’est un atout auquel les dirigeants africains ré-adhèrent régulièrement, mais ce n’est pas non plus une baguette magique : avoir une monnaie stable et crédible ne suffit pas à protéger les pays africains de la désindustrialisation asiatique, ne les incite pas à transformer leurs économies et à sortir de leurs rentes primaires ou à renforcer l’unité fiscale et infrastructurelle de leurs marchés communs. C’est un symbole enfin, celui de souveraineté limitée des pays africains de la zone franc qui fait dire à certains que le franc CFA est un instrument de prédation, un lien néocolonial.

    Pourquoi et par qui est-elle décriée aujourd’hui?

    Pour de nombreux courants militants qui s’inscrivent d’abord dans la gauche intellectuelle et politique, les « indigénistes » ou les « décoloniaux » en France, et les « panafricanistes » en Afrique francophone, le Franc CFA est le bras armé du capitalisme et du néocolonialisme de la France en Afrique. Son maintien serait à l’origine d’un enrichissement odieux de l’ancienne métropole sur le dos de ses anciennes colonies. Ces thèses sont aussi relayées dans les milieux souverainistes, où ce lien est souvent compris à travers un prisme altermondialiste. Toujours est-il que cette monnaie fait l’objet de beaucoup de fantasmes et de rumeurs qui entretiennent les pays africains dans une certaine infantilisation, tenant leurs dirigeants pour des irresponsables, les présentant alternativement comme soumis à l’ancienne métropole ou comme des martyrs de la liberté africaine. Ces discours sont faux et dangereux.

    Pourquoi avoir écrit un ouvrage sur ce sujet qui semble particulièrement diviser le «village franco-africain»? 

    Cela fait plusieurs années que j’écoute le discours des « indigénistes » sur cette question qui me tient particulièrement à cœur. J’ai voulu comprendre si cela était vrai, d’où venaient ces types de discours, comment fonctionne l’organisation monétaire de l’Afrique afin de mieux répondre aux questions, aux enjeux que cela comporte tant pour l’Europe ou la France. Or, force est de constater que nous avons affaire de la part de ces gens à des discours très démagogiques. Il est regrettable de voir que des politiques français reprennent ce genre de caricatures, et ne s’emploient même pas à démontrer qu’il n’y a pas de néo-colonialisme de la part de la France. Ou encore des dirigeants et des intellectuels africains, qui tiennent des discours ambigus, dénonçant une mainmise d’un côté mais sans pour autant rompre avec la coopération monétaire de l’autre. Lorsqu’il était président de la république de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo n’a pas dénoncé le franc CFA et a même renouvelé l’adhésion de son pays aux institutions de la zone franc. Or, dans son autobiographie publiée une décennie plus tard, il en a fait la « clé de voûte » d’un système de spoliation par lequel la France s’enrichirait.

    Le Franc CFA est l’instrument d’un néocolonialisme de la France en Afrique? 

    Cette vision d’une France néocoloniale qui tirerait sa prospérité de l’exploitation des pays africains est complètement fausse. La puissance économique de la France ne repose pas sur ses liens passés ou présents avec l’Afrique. La zone franc ne représente que 0,6% du commerce extérieur de la France contre 40% à la veille des indépendances (tenant compte de l’ancienne Indochine), tandis que la France polarise 10 à 15% des échanges des pays de la zone franc aujourd’hui contre 60% à la veille des indépendances.  La France ne dispose plus de monopole économique dans son ancien « pré carré » : sur ce terrain les entreprises françaises sont désormais en concurrence avec des sociétés américaines, allemandes, italiennes, espagnoles, chinoises, turques, indiennes. On note aussi que la majorité des intérêts économiques français en Afrique sont hors de la zone franc : au Nigeria, au Maroc, en Tunisie, en Afrique du Sud. Quant à l’approvisionnement en uranium qui suscite beaucoup de fantasmes sur l’action de la France au Niger, il s’opère avec le Canada et avec le Kazakhstan sans nécessiter de partenariat monétaire. Enfin, la France n’a pas d’hégémonie politique dans les pays de la zone franc, ainsi qu’en a attesté le coup d’État imprévu au Mali à l’été 2020. Aujourd’hui le premier créancier et le premier fournisseur des pays de la zone franc c’est la Chine. 

    Les pays africains peuvent-ils en entrer ou sortir librement au sein de zone Franc? 

    Oui. La possibilité d’adhérer ou de dénoncer la coopération monétaire est prévue par les traités. Cela a été le cas de Madagascar en 1963, de la Mauritanie en 1973, de la Guinée-Conakry en 1960 ou encore du Mali en 1962 avant finalement d’y revenir 22 ans plus tard car sa monnaie était trop instable et inconvertible. Plus récemment, la Guinée équatoriale et la Guinée-Bissau ont rejoint la zone franc, respectivement en 1985 et en 1997 pour bénéficier de sa crédibilité. On voit bien dès lors que ce n’est pas une monnaie coloniale mais un service qui permet à des pays pauvres et rentiers de jouir d’une sécurité financière favorable au développement du commerce, de l’investissement, de l’épargne, de la production, de l’emploi et de la diversification économique. 

    Que penser de l’éco, cette nouvelle monnaie qui doit remplacer le Franc CFA dans huit pays d’Afrique de l’Ouest? 

    Il y a la même différence entre le franc CFA et l’éco qu’il y a entre les notions d’ « assistance » et d’ « assistanat ». Le changement de nom est superficiel, d’autant que d’autres monnaies portent le nom de franc sans qu’il ne prête à débat : le franc pacifique, le franc suisse, le franc congolais, le franc guinéen. Par ailleurs, ce nom rappelle celui du garant, sans lequel la monnaie n’existerait pas. Mais il y a plus grave, le franc CFA fonctionnait avec des contreparties de la part des pays africains, des sortes de devoirs, associés au droit de détenir une monnaie dont ils n’ont pas à garantir la qualité. Dans la nouvelle mouture de l’éco, ces devoirs disparaîtront, ce qui engage la relation franco-africaine sur deux pentes. La première est que les pays africains n’auront aucun compte à rendre sur l’administration de cette monnaie et n’auront aucune incitation pour réaliser les réformes économiques nécessaires pour sortir de leur modèle rentier. La seconde implique pour la France de développer une solidarité financière coûteuse pour son budget public et permissive pour les pays de la zone franc, qui seront autorisés à poursuivre leurs déficits massifs avec l’Asie en se reposant sur la garantie de convertibilité française. C’est un mauvais accord qui va amplifier les pires défauts de la coopération actuelle.

    Faut-il poursuivre la coopération franco-africaine?

    Pour répondre à cette question, il faut avoir bien conscience des enjeux que provoquerait la rupture de ce lien, à la fois pour la France, pour la zone euro et les pays de la zone franc et plus largement pour l’Europe et l’Afrique. La fin du franc CFA achèverait de soumettre les économies du continent africain aux variations du dollar, aux fluctuations des prix mondiaux des matières premières et à la pénétration de la monnaie chinoise, ce qui signerait leur enlisement dans le piège de la rente primaire. L’exploitation du cacao, de l’hévéa, du pétrole ou du gaz dégage trop peu de ressources pour financer des services publics de base, ne nourrit pas des peuples entiers, laisse sans emploi la majorité des populations en âge de travailler. Par ailleurs on ne peut ignorer que les modèles mono-agricole et mono-extractif sont exposés au réchauffement climatique et à la raréfaction des ressources fossiles. L’Afrique subsaharienne est soumise à un nouveau désordre, ses gouvernements ne parviennent pas à répondre aux besoins de populations en augmentation constante, dans un contexte où le réchauffement climatique menace les rendements et l’habitat. Ce désordre se manifeste par l’exil de millions d’Africains, par la faillite des frontières, la prolifération des bandes armées, des trafics illicites et des idéologies contestataires. Il constitue une source très puissante de déstabilisation et d’insécurité pour les pays africains, mais aussi pour les pays d’Europe, qui se situent dans leur grand-voisinage. Ni la France, ni les autres pays européens n’ont intérêt à ce que l’Afrique sombre dans l’anarchie et le sous-développement. Tel n’est pas nécessairement le cas de puissances plus éloignées, qui pourraient tirer parti de la situation pour bénéficier d’un réservoir de matières premières certes limité mais disponible, mais aussi pour contrôler l’organisation politique africaine et imposer leur paix aux frontières de l’Europe. La coopération monétaire est un des instruments dont les Africains et les Européens disposent pour éviter cette situation et pour bâtir des réponses aux principaux défis qui leurs sont communs en ce début de siècle.

     

    Frederic de Natal

    Source : https://www.causeur.fr/

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

    Il y a 500 ans que cela ne s'était pas produit : un Pape est à Marseille !

    Le dernier Pape à s'être rendu dans la cité phocéenne (1) fut Clément VII, et il vint pour célébrer, dans la cathédrale romane de La Major, en présence du roi François premier, le mariage du futur Henri II - fils du roi - avec sa nièce, Catherine de Médicis (voir notre Éphémeride du 28 octobre)...

    De nouveau, donc, cinq siècles après, un Pape - François - est à Marseille, aujourd'hui et demain...

    Mais il vient "à Marseille, pas en France..." a-t-il précisé et fait préciser...

    Et pas pour parler du message évangélique, mais... des envahisseurs, qu'il appelle "migrants", comme toute la caste politico-médiatique...

    Nous pensons qu'on peut appliquer à ce Pape le propos de Bainville et de l'Action française, au sujet du calamiteux Traité de Versailles de 1919 : "Trop fort dans ce qu'il a de faible; trop faible dans ce qu'il a de fort...". Appliqué au Pape François, cela pourrait donner : "Trop faible dans ce qu'il a de bon (Laudato, si' !...), trop fort dans ce qu'il de mauvais (son acharnement contre la liturgie traditionnelle et ceux qui y sont attachés : il se montre, là, "pape de guerre civile", en détruisant l'oeuvre de paix et de cicatrisation de son prédécesseur Benoît XVI; et sa réduction de l'église à une banale et désolante ONG pro-envahisseur...)

    Et nous nous permettons deux réflexions :

    1. François n'aime pas la France, ni l'Europe. Saint Jean-Paul II est venu huit fois chez nous, et Benoît XVI à peine moins. François n'est pas venu une seule fois et, à priori, il ne viendra pas. Il préfère "aller aux marges" dit-il, et il a raison : il faut "aller aux marges", aller chercher les gens là où ils sont et, contrairement à une idée répandue, le christianisme progresse dans plusieurs parties du monde, notamment, et justement, "aux marges". Qu'il y aille donc, il a raison et c'est son rôle ! Voir un Pape en Mongolie, c'était "parlant", émouvant, beau...). Mais, est-ce une raison pour ne pas aller, aussi, ailleurs ? Pour "jeter" la France et l'Europe, au motif qu'elles seraient déchristianisées ? C'est absurde, et Saint Jean Paul II et Benoît XVI, au contraire, ont eu raison de sillonner l'une et l'autre pour - au moins - tenter d'y rallumer le feu qui couve encore, sous les cendres du grand incendie laissé par la diffusion des fausses lumières de la secte des Encyclopédistes, prêchées depuis les années 1750 (pour faire court...).

    Et, de toutes les façons, dans cette Europe et cette France où tout s'effondre, l'Église est la seule Institution où l'on voit poindre des signes d'un renouveau toujours possible : les 17.000 jeunes pèlerins de Chartres le montrent (encore a-t-il fallu limiter leur nombre, pour des raisons pratiques d'intendance, sinon ils auraient dépassé les 20.000, peut-être les 25.000...) comme les 50.000 jeunes partis à Lisbonne pour les JMJ : quelle "force" (politique, religieuse ou autre) peut annoncer de tels chiffres, une telle adhésion ?

    Abandonner l'Europe et la France, et les déclarer "stériles" ? À jamais ? : première erreur, selon nous...

    2. La deuxième erreur est tout aussi grave, voire plus : François transforme l'Église en une ONG, terrain sur lequel il est battu d'avance par les professionnels : les Mafias de passeurs, les organisations islamo-gauchistes, les patrons véreux désireux de se payer une main d'oeuvre de quasi-esclaves...

    Et il nous ressert et ressort le mielleux discours "gnan-gnan" sur "l'accueil de l'autre" et autres niaiseries mortifères et suicidaires, à laquelle répond depuis deux millénaires le vieil adage : Optima corruptio pessima...

    Mais, pendant qu'il pousse follement dans le sens du mouvement de dilution/submersion de la culture européenne en général, et française en particulier, il ne dit quasiment rie - ou si peu ! -  sur les Arméniens qui se préparent à vivre un deuxième génocide, un siècle après, ni sur la formidable reprise de l'expansionnisme agressif et barbare de l'Islam "sûr de lui et dominateur", comme aurait dit de Gaulle...

    Alors : François ?

    Nous sommes tout à fait d'accord pour reconnaître le peu de "bon" qu'il y a chez lui, mais nous serons toujours là pour dénoncer le "beaucoup/beaucoup trop de mauvais", et nous désoler de voir ce Pape - qui ne cesse de prêcher "l'accueil de l'autre" et le "non-rejet" - se hâter de se contredire lui-même par ses actes, en rejetant et en excluant, notamment tout ce qui se rapproche, peu ou prou, de la Tradition...

    (1) il faut faire une sorte d'exception pour Jean-Paul II : alors qu'il n'était encore que simple prêtre, Karol Wojtila est passé par Marseille, où il célébra une Messe à Notre-Dame-de-la-Garde (voir notre Ephéméride du 7 juillet)...

    7 juillet,tilsit,napoleon,chateaubriand,mandel,sarkozy,action française,jacquard,jules ferry,vauban,unesco

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    1. Ce que dit Jacques Cardoze, nous, on le sait, mais il est bon que le grand public - qui ne le sait pas, ou pas forcément - le découvre : les révélations chocs de l'ancien journaliste de France Télévisions Jacques Cardoze sur les coulisses de "Complément d’enquête" (dans TVMag/Le Figaro)...

    "On m'a traité de facho parce que je voulais enquêter sur l'islamogauchisme..." 

    https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/actu-tele/on-m-a-traite-de-facho-parce-que-je-voulais-enqueter-sur-l-islamo-gauchisme-les-revelations-chocs-de-jacques-cardoze-sur-les-coulisses-de-complement-d-enquete-20230920

    Radios/Télés : parlant des chaînes publiques, Goldnadel, lui, parle de "Sévice public"... : c'est bien trouvé !

     

    2.  5/6.000 euros peut-être pas, mais, sur le fond, ce que dit Damien Rieu est juste : c'est en payant dignement les métiers difficiles ("en tension", comme on dit dans le jargon) et en aménageant au mieux les conditions de leur exercice que l'on résoudra le problème, pas en faisant venir des semi-esclaves... :

    https://i.la-croix.com/729x0/smart/2021/12/16/1201190527/augmente-09-1er-janvier-prochain-pouce-supplementaire_0.jpg

     

    3. D'accord avec Jean Messiha (on l'a déjà dit hier, mais on le redit aujourd'hui, et on le redira tant que ce ne sera pas fait !...)

     
     
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    3 BIS. Mais, à côté de ce blocus nécessaire, le premier pas est d'abord d'arrêter les pompes aspirantes (cela aussi, nous et beaucoup d'autres l'avons déjà dit, depuis des lustres, mais il faut le redire, encore et encore ...). D'accord avec William Thay :

    "La France est le pays le plus attractif du monde pour les migrants avec son système d'aide sociale La France est la championne du monde des aides sociales où dans certains cas, des migrants ont plus d'aides sociales que des Français notamment sur les allocations et le logement !"

    (extrait 1'18)

    https://x.com/ThayWilliam/status/1704390590522077429?s=20

    https://images.bfmtv.com/t0cCsyqkdznK66el1odR8ud1Q3Y=/0x0:1280x720/860x0/images/6000-migrants-ont-debarque-sur-l-ile-italienne-de-Lampedusa-en-24h-1706006.jpg

    Après Lampedusa, c'est Nice et Menton... la France  et ses allocs !!!!!

     

    5. Éoliennes : arnaque gouvernementale et piège à vie... C'est ce que dénonce SOSPaysages :

    "Encore un piège de l'#éolien : quand une commune s'enrichit (un peu, et à très court terme) en plantant des #éoliennes, elle subit une baisse de sa dotation qui lui fait ... perdre cet avantage financier ! Mais bien sûr, elle garde les éoliennes !!!"
     
     

     

    6. Saccage Paris... La Tribune de l'Art communique :

    "Nouvel abattage d'arbres imminent à Paris, et destruction d'un immeuble Art déco. La routine, pour ces vandales..."
     
     

     

    7. Au Québec... De Mathieu Bock-Côté, dans Le Journal de Montréal :

    "Petit guide de survie pour résister aux campagnes d’intimidation de la gauche radicale..."

    https://www.journaldemontreal.com/2023/09/20/petit-guide-de-survie-pour-resister-aux-campagnes-dintimidation-de-la-gauche-radicale

     

     

     

    À DEMAIN !

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  • Annie Laurent : L’islam, mythes et réalité

     

    Par Anne Bernet

     

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    Anne Bernet a interrogé Annie Laurent à l’occasion de la publication de son livre l’Islam aux Editions Artège, un livre clair qui s’adresse à tous ceux qui veulent comprendre le pourquoi et le comment de la situation actuelle, en Europe et particulièrement en France. 

    Annie Laurent, vous publiez un nouveau livre sur l’islam*, issu des textes que vous écrivez dans le cadre de l’association Clarifier**. Quel est le rôle de cette dernière ?

    Comme son nom l’indique, cette association, que j’ai fondée avec quelques amis, a une vocation pédagogique qui concerne explicitement l’islam dans toutes ses dimensions.

    Partant du constat que beaucoup de nos compatriotes sont déconcertés par le développement de cette religion en Europe, et qu’en même temps, ils errent dans le maquis des confusions, des approximations, des discours convenus et autres faux-semblants, nous voulons leur offrir des informations et des analyses fiables pour leur permettre de porter un regard lucide et vrai sur cette nouveauté à laquelle ils n’étaient pas préparés. L’association Clarifier espère aussi contribuer à l’élaboration d’attitudes fondées sur la raison et non seulement sur l’émotion, car il ne s’agit pas d’opposer un système à un autre, sous peine de céder à une approche idéologique. C’est pourquoi l’intelligence des réalités islamiques est indissociable d’un regard de bienveillance à porter sur les musulmans.

    Vous tenez sur l’islam un discours clair, justement. Et vous n’hésitez pas à démontrer l’erreur qui consiste à considérer la violence et l’intolérance islamistes comme des dévoiements d’une « religion de paix et d’amour ». Pouvez-vous nous expliquer comment s’est forgé ce mythe bien-pensant ?

    Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Occident s’est laissé gagner par le pacifisme, attitude qui nie l’existence d’ennemis. Mais, malheureusement, cette utopie ne correspond pas à la réalité. Depuis le péché d’Adam et Éve, le mal est entré dans le monde. Il ne va pas s’évaporer comme par enchantement ! Par ailleurs, la décolonisation a engendré chez les Européens un complexe qui les pousse à l’auto-culpabilisation, au dénigrement de leur histoire et de leur identité, et à l’idéalisation de la culture des « autres », même si celle-ci comporte des aspects incompatibles avec les fondements de notre civilisation. Il est urgent d’en finir avec ces idées malsaines et mortifères.

    Précisément, pouvez-vous nous donner un aperçu de ces incompatibilités ?   

    Selon moi, la plus importante concerne l’anthropologie et c’est peut-être la moins perçue. L’Europe, largement façonnée par la culture chrétienne, a mis la personne au centre de son projet civilisationnel. Ce concept s’enracine dans l’enseignement biblique selon lequel l’homme et la femme sont créés « à l’image de Dieu » (Gn 1, 27). Or, Dieu, tel qu’Il se révèle, est un Dieu personnel, Un en Trois Personnes, comme l’exprime le dogme de la Trinité. C’est de là que découle la dignité inviolable et inaliénable de l’homme, ainsi que sa liberté jusque dans sa conscience. Le Coran fait l’impasse sur ces magnifiques réalités : Allah soumet l’individu à une adoration servile et à l’autorité arbitraire d’une Loi (la charia) qui ne cherche pas forcément son bonheur, l’être humain étant inapte au dépassement moral ; Il l’enferme dans un carcan de devoirs, sous la surveillance constante de l’Oumma (la Communauté des musulmans) qui veille à ce qu’il ne s’écarte pas de sa religion, considérée comme « naturelle » ; Il instaure une supériorité des musulmans sur les non-musulmans, de l’homme sur la femme ; Il justifie le recours à la violence et l’injustice, notamment pour faire triompher l’islam. D’où bien des malentendus dans un langage qui semble partagé avec une religion comme le christianisme. Ainsi en est-il de la miséricorde (en islam, le pardon de Dieu est aléatoire et le talion entre hommes autorisé), de la paix (concevable là où l’islam domine), etc. Ces exemples illustrent l’aspect totalisant de l’islam, idéologie religieuse qui mêle le temporel et le spirituel, excluant donc la laïcité.

    Bizarrement, nos féministes ne s’insurgent guère contre la place faite aux femmes dans l’islam. Pourtant, elle n’est guère avantageuse…

    On retrouve là l’expression du complexe dont j’ai déjà parlé, à quoi il faut sans doute ajouter le rejet de tout ce qui peut provenir de la conception chrétienne. Mais le jour où nos féministes subiront le joug de l’islam, elles déchanteront peut-être… 

    L’on évoque parfois la nécessité d’une « modernisation » de l’islam. Vous en démontrez pourtant l’impossibilité…

    Plutôt que d’impossibilité, je préfère parler d’obstacles, afin de ne pas enfermer tous les musulmans dans un cadre immuable et de ménager la liberté de ceux qui oeuvrent avec sincérité et courage à cette rénovation, indispensable à la paix du monde. Je vois deux obstacles structurels aux blocages qui entravent cette évolution. Il y a d’abord le statut « incréé » du Coran, considéré comme un Livre dicté en toutes lettres (arabes) par Allah Lui-même, donc sans que l’homme ait eu sa part dans la rédaction, comme c’est le cas avec la Bible. L’islam ignore d’ailleurs le concept d’inspiration. Ce Livre est réputé immuable et intangible. En outre, l’islam, du moins dans le sunnisme, que professent la plupart des musulmans, ne s’est pas doté d’une autorité magistérielle habilitée à délivrer une interprétation revêtue du sceau de l’authenticité. C’est pourquoi les intellectuels qui veulent vraiment adapter l’islam aux nécessités de notre temps, courent un double risque : soit être considérés et parfois jugés et condamnés pour ce crime comme des apostats, soit demeurer marginaux.

    Vous êtes l’une des meilleures spécialistes du drame des chrétiens d’Orient. Qu’en est-il, au fait, de leur sort en terre d’islam ?

    Depuis l’apparition de la religion de Mahomet, au VIIsiècle, et les conquêtes qui ont suivi, les chrétientés des pays concernés au Proche-Orient (Etats arabes, Iran, Turquie) et en Afrique n’ont cessé de décliner numériquement. Outre le djihad, la dhimmitude imposée par les pouvoirs musulmans a été – et demeure parfois – l’une des causes principales de cette diminution. Ce statut juridique impose aux chrétiens (mais aussi aux Juifs et aux Sabéens) des servitudes dans tous les domaines (religieux, politique, social, etc.), le but étant de les humilier jusqu’à ce que, n’en pouvant plus, ils abjurent leur foi pour embrasser l’islam. Demeurer chrétien en terre d’islam relève de l’héroïsme et nous devons admirer les disciples du Christ qui tiennent à rester chez eux pour témoigner de l’Évangile, ceci jusqu’au risque du martyre.

    Vous vous adressez en particulier aux catholiques, en posant les limites du dialogue interreligieux avec les musulmans. En quoi, selon vous, l’Église actuelle fait fausse route ?

    La Bible nous montre un Dieu qui n’a cessé d’aller à la rencontre de l’humanité jusqu’à s’incarner Lui-même en Jésus-Christ. Les chrétiens, enfants de Dieu par le baptême, sont donc invités à imiter leur Seigneur, comme l’ont d’ailleurs fait les apôtres, puis les missionnaires de tous les temps. La mondialisation actuelle a poussé l’Église, attentive aux signes des temps, à élargir cette démarche à tous ses fidèles et à l’organiser. Cependant, les maux dont j’ai déjà parlé, tels que le pacifisme et le complexe post-colonial, ont aussi pénétré les milieux chrétiens, si bien que l’on a perdu de vue la finalité du dialogue qui est d’annoncer le salut à tous les hommes, donc aussi aux musulmans car ils y ont droit. Il en est résulté le relativisme actuel. Or, un dialogue qui exclut la vérité devient une démarche mondaine dépourvue d’une authentique charité, comme l’ont rappelé plusieurs documents magistériels depuis le concile Vatican II.

    Comment voyez-vous l’avenir proche de l’Europe confrontée à l’islam et quels remèdes préconisez-vous ?

    Il est indéniable que l’heure est grave. Si l’Europe veut vraiment relever le défi de l’islam, elle doit donner aux musulmans qu’elle accueille un vrai désir de s’intégrer en renonçant à leur culture. Pour cela, les sociétés européennes doivent proposer un modèle de société attrayant. Cette démarche passe par un renoncement au laïcisme et la restauration d’une saine laïcité (unité-distinction, selon la formule de Benoît XVI) ainsi que par la restauration d’une Cité vertueuse, sans craindre la vertu de force, qui n’est pas synonyme d’agressivité mais revêt une réelle dimension morale. La réponse au défi de l’islam est donc tout à la fois politique, morale et spirituelle.     

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    * L’Islam, pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaîsent pas encore)Préface de Rémi Brague, Éd. Artège, 287 p, 19,90 € 

    ** Association Clarifier,  Galaxy 103, 6 bis rue de la Paroisse, 78000 Versailles
    www.associationclarifier.fr 

    Iman shiite - Politique Magazine

    Un Iman shiite dans une moquée de Téhéran parle à une assemblée de femmes

    Anne Bernet
  • Théâtre • Une pièce à ne rater sous aucun prétexte

     

    par Bruno Stéphane-Chambon

     

    Le théâtre Classique avait ses trois règles, unité de temps, unité de lieu et unité d’action que Boileau, dans son Art Poétique décrivait ainsi :

    « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli,
    Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » 

    De nos jours la qualité et le succès d’un spectacle se doivent de respecter trois substrats : un grand sujet, une écriture majestueuse et un comédien de talent pour défendre la pièce. A l’heure où la transmission du savoir est mise à mal, il est heureux d’assister à une leçon d’histoire, nourrie d’extraits de Dumas, Michelet, Victor Hugo, Saint-Simon et interprétée par Maxime d’Aboville. Ce dernier a été formé par Jean-Laurent Cochet. Il a interprété Bernanos et incarné Bonaparte dans La Conversation de Jean d’Ormesson. En 2010, il a été nominé pour le Molière de la révélation théâtrale pour Journal d’un curé de campagne et en 2011, son second rôle dans Henri IV, le bien aimé a été nominé au Molière. Enfin, il reçoit en 2015 le Molière du comédien pour son interprétation dans la pièce The Servant.

    Pour faire vivre sur scène ces grands moments de l’Histoire, il tient le rôle de l’instituteur d’autrefois, avec sa blouse grise, juché sur son estrade avec pour fond la grande carte de France. Le cours devient un palpitant récit d’aventures qui débute par l‘évocation de la célèbre victoire de François Ier à Marignan, puis survolant deux siècles, s’achève par la mort du Roi Louis XIV.

    Cette prestation rare, ne se jouant que le samedi après-midi, l’affluence du public y est très importante. Nous recommandons à nos lecteurs de réserver très rapidement leurs places, pour les prochaines semaines et mois. Les trésors sont rares sur les scènes, il serait dommage de ne point découvrir cette perle. 

    Une Leçon d’Histoire de France, de 1515 au Roi-Soleil
    D’après Alexandre Dumas, Jules Michelet, Victor Hugo et Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon.
    Interprétation et mise en scène de Maxime d’Aboville.

    Théâtre de Poche Montparnasse
    75, Boulevard du Montparnasse, 6ᵉ arrondissement de Paris
    Réservations : 01 45 44 50 21
    Le samedi à 16h
    Du 2 avril au 2 Juillet – Samedi à 16h, durée 1 heure.
    Relâches exceptionnelles les 7 et 14 mai
    Places : Plein tarif 24€ / Tarif réduit 18€ / Tarif jeunes -26 ans 10€ 

  • A lilou, sur ”de Gaulle au bac”.....

                Dans un commentaire de lilou, reçu hier, celui-ci nous demande de vérifier nos sources et s'inquiéte pour la "déontologie de l'information". Nous avons annoncé nos sources dans notre note: il s'agit du billet de Patrice de Plunkett (dans son Blog) et du billet de Philippe Reinhard dans La Provence. Mais nous avions lu aussi Marianne et Le Nouvel Obs, avant de publier notre note le 9 juin. Nous mettons ces deux articles ci-après : le Nouvel Obs renvoie bien à un article de Valérie Sultan, du 9 mars, sur un bulletin officiel du SNES. Article clairement hostile à ce que l'oeuvre de de Gaulle fIgure au programme, et demandant son retrait.

                Extrait : "Le nouveau programme de lettres en Terminale L (BO du 14 janvier 2010) a suscité de vives réactions : en effet, le choix des Mémoires du Général de Gaulle, qui ne sont pas un texte littéraire, semble totalement incongru.... nous avons notre mot à dire et le SNES demande que cette oeuvre soit retirée du programme."

                Alors, le SNES peut-être dépassé par une partie des siens ou de sa mouvance ? Ou désireux, vu le tollé, de se désolidariser d'une action née -au moins en partie...- dans son sein, ou sa mouvance ? Tout est possible....

                Aujourd'hui, le Snes-FSU, premier syndicat des professeurs de collèges et lycées, dit qu'il "n'est pas à l'initiative de cette pétition et n'en est pas signataire" (c'est ce qu'a affirmé à l'AFP Roland Hubert, co-secrétaire général). Mais le Snes avait aussi "contesté" ce choix auprès "du ministère et de l'inspection générale". Dans un communiqué du 5 février consacré surtout aux projets de programmes de seconde dans le cadre de la réforme du lycée, le Snes écrivait que "de nombreux collègues s'interrogent sur le choix" de l'oeuvre de De Gaulle. "Quelle est la pertinence d'un tel choix pour le domaine "littérature et débat d'idée" ? Devant la difficulté de l'étudier comme un ouvrage "littéraire", ne peut-on pas voir dans ce choix une nouvelle orientation de la discipline qui semble confondre littérature et histoire, comme c'est le cas pour l'enseignement "littérature et société" en seconde ? ", se demandait-il. "Le ministère instaure une confusion entre ces disciplines, particulièrement dommageable dans une série qui se veut littéraire", concluait-il à ce sujet.

                 Le 4 juin Marianne et Le Nouvel Obs (en plus du Figaro et d'autres, et des radios) reprenaient l'info:

                                                            I : sur MARIANNE

    Le SNES, antigaulliste primaire... et sarkozyste secondaire

    Eric Conan - Marianne | Vendredi 4 Juin 2010

    Marianne s'engage avec Eric Conan. Qui désapprouve la pétition du SNES exigeant la suppression des mémoires du Général de Gaulle du programme du bac de français.


    Au moment ou l’école fait l’objet d’une attaque en règle du consternant Ministre de l’Education, Luc Chatel -  qui la traite comme une filiale de l’Oréal, où il a exercé les talents de directeur du personnel et de responsable du marketing - l’ahurissante pétition lancée par le SNES (Syndicat national des enseignants du second degré) contre l’inscription des Mémoires de guerre du Général De Gaulle au programme du bac de français littéraire (aux côtés d’Homère, de Beckett et de Pascal Quignard) a le mérite de nous rappeler une douloureuse réalité : le désastre scolaire ne s’explique pas seulement par les offensives régulières que l’école subit de l’extérieur, par tous ceux qui cherchent à réduire les moyens qui lui sont consacrés, qui se réjouissent de voir son rôle dans la lutte des inégalités se réduire et qui ne lui demandent que de préparer au plus vite la jeunesse à plonger dans le grand marché de la consommation généralisée.

    Non, le système scolaire français s’est aussi effondré de l’intérieur, une partie des enseignants ayant souhaité et favorisé au cours des trois dernières décennies beaucoup de ces réformes - pour la plupart de gauche - qui, de renoncements successifs en initiatives pédagogiques dé-coiffantes, ont participé à la déroute de l’instruction, en particulier dans l’enseignement du Français, domaine dans lequel la baisse du niveau est la plus spectaculaire. C’est d’ailleurs l’aspect tragique du sentiment actuel de beaucoup d’enseignants : ils savent plus ou moins consciemment que leur corps n’est historiquement pas étranger à l’état de l’école dont ils sont les victimes quotidiennes. Beaucoup, ces dernières années, ont pris conscience de cette contradiction. D’autres n’en sont malheureusement pas encore là comme l’initiative du SNES en constitue une triste démonstration.

    Car que nous disent ces pétitionnaires ? Que « proposer De Gaulle aux élèves est tout bonnement une négation de notre discipline ». Ce sont les mêmes qui expliquaient il n’y a pas si longtemps qu’il valait mieux apprendre le français à partir du mode d’emploi d’un presse-purée ou d’une affiche publicitaire plutôt que dans les œuvres de La Fontaine ou de Victor Hugo, trop éloignées des réalités quotidiennes des élèves. Comme ils n’étaient pas gênés que des manuels de Français proposent d’approfondir « la culture du verlan », on comprend aisément que le style littéraire de De Gaulle, qui a fait son entrée dans la collection de La Pléiade, leur semble d’un piètre intérêt pédagogique. Autre objection invoquée : « Nous sommes professeurs de lettres. Avons-nous les moyens, est-ce notre métier, de discuter une source historique ? ». De Gaulle, la Seconde guerre mondiale, la Résistance, la Libération, cela semble effectivement trop compliqué quand l’objectif pédagogique premier est de ne pas bousculer l’élève avec ces vieilles histoires dépassant l’horizon de son univers quotidien. Déjà, Guy Mocquet leur semblait trop exotique.

     Dernier argument : De Gaulle, ce serait de la politique et de la propagande. Et oui, comme toute grande œuvre politique, mais c’est précisément dans la catégorie « littérature et débat d’idées » que l’Inspection a retenu les Mémoires de guerre. L’argument du SNES impliquerait de rayer des programmes Chateaubriand, Saint-Simon, Péguy, Sartre, Malraux, Césaire, etc. Mais quand il parle de politique, le SNES ne voit même pas si loin : il pense que De Gaulle a été choisi « pour flatter la couleur politique du pouvoir en place ».
    On se dit alors que l’inculture a vraiment progressé au point de faire des ravages dans certaines têtes enseignantes qui ne perçoivent aucune différence entre Sarkozy et De Gaulle. Inculture de ne pas voir pas que le large consensus actuel autour du gaullisme de guerre s’explique beaucoup par la nostalgie d’une conception de la politique qui ne bradait pas les idéaux et le souci de l’avenir collectif pour l’empire de l’argent et de la réussite matérielle. Inculture à laquelle s’ajoute l’inconséquence de ne pas voir qu’en demandant la déprogrammation des Mémoires de guerre, ils sont en fait les vrais alliés de Nicolas Sarkozy qui avait condamné La Princesse de Clèves avec les mêmes arguments. Plutôt Titeuf ou Pennac que Villon ou Stendhal.

    S’ils s’intéressaient un peu plus à cette discipline démodée qu’est l’Histoire, les censeurs du SNES sauraient qu’au-delà des décisions tragiques de Vichy, le pétainisme exprimait d’abord un état d’esprit duquel tout le reste découla : le renoncement face aux événements, l’adaptation aux nouvelles réalités présentes, l’acceptation d’évolutions jugées irréversibles. La soumission à l’air du temps.

    Voir l'article de Joseph Macé-Scaron dans le dernier numéro de Marianne, page 85.

                                                       II : sur LE NOUVEL OBS

    Pour de Gaulle au bac. Tribune

    «Un bonnet d'âne pour le SNES» 

    Par BibliObs.com O4/06/2010

    C'est la polémique du jour, depuis que 1500 personnes ont signé la pétition lancée par des professeurs de littérature pour s'opposer à l'inscription des « Mémoires de guerre » du Général de Gaulle au programme du prochain bac littéraire. Elle a inspiré cette tribune à plusieurs écrivains (aux yeux desquels telle prise de position du SNES semble, au moins indirectement, à l'origine de la pétition en question) 

     

    « Nous soussignés, premier échantillon d'un millier de signatures actuellement rassemblées, saluons solennellement le Syndicat National des Enseignements du second degré férocement opposé à l'inscription des Mémoires de guerre du Général de Gaulle au programme du bac littéraire.

    Par son geste, cet organisme apporte à notre histoire et à notre culture une contribution si exceptionnelle, et à notre jeunesse un tel exemple d'ouverture, que nous sommes heureux, au nom du peuple français, de lui décerner le Bonnet d'âne national 2010 avec palmes (académiques), y joignant la citation légèrement modifiée d'une des plus admirables litotes de la langue francaise écrite par de Gaulle dans le Fil de l'Epée et dans laquelle nous avons simplement substitué au mot « militaires » le mot « professeurs » : il est vrai que parfois, les professeurs, s'exagérant l'impuissance relative de l'intelligence, négligent de s'en servir.

    André Brincourt, Francois Broche, Marie Berneron, Jean-Marie Borzeix, Eric Deschodt, Jean-Paul Caracalla, Jean-Sebastien de Halleux, Pascale de La Loge, Françoise Sauvage, Christian Sevestre, Mathieu Walter, Georges Walter etc etc...»

  • Le jury du Prix des Impertinents a procédé à sa deuxième sélection :

            Le 29 septembre dernier, nous avons rendu compe de la première sélection du Prix des Impertinents : sept auteurs avaient été retenus :

            La première selection du Prix des Impertinents.pdf

            Voici les quatre qui ont été retenus après la deuxième sélection :

    * Laurent Fourquet, L’Ere du consommateur, Cerf

    * Jean-François Mattéi, Le Procès de l'Europe, Puf

    * Jean-Claude Michéa, Le Complexe d'Orphée, Climats

    * Richard Millet, Fatigue du sens, Pierre-Guillaume de Roux  

            Le jury, présidé par Jean Sévillia, réunit  Christian Authier, Jean Clair, Louis Daufresne, Chantal Delsol, Bruno de Cessole, Paul- François Paoli, Rémi Soulié (secrétaire général du jury), François Taillandier et Eric Zemmour.

           Le Prix des Impertinents 2011 sera décerné le 21 novembre au Montparnasse 1900, partenaire du Prix.

    Rappel

    Prix des Impertinents 2010 : Michèle Tribalat, Les yeux grand fermés. L’immigration en France, Denoël.

    Prix des Impertinents 2009 : Claire Brière- Blanchet, Voyage au bout de la Révolution, de Pékin à Sochaux, Fayard.

    Contacts : - Jean Sévillia, Président du jury - prixdesimpertinents@yahoo.fr

                   - Rémi Soulié, Secrétaire général du jury - remi.soulie@orange.fr

    Pour en savoir plus sur leur ouvrage :

    1. Laurent Fourquet, L’Ere du consommateur, Cerf 

    laurent fourquet.jpg  

    346 pages, 25 euros 

    presentation de l'editeur.pdf 

     

     

    2. Jean-François Mattéi, Le Procès de l'Europe, Puf 

    mattei le proces de l'europe.jpg 

    264 pages, 21 euros 

    Présentation de l'editeur.pdf

     

     

    3. Jean-Claude Michéa, Le Complexe d'Orphée, Climats 

    michea.jpg 

    19 euros 

    présentation de l'éditeur.pdf

    et vu par Boltanski, dans Le Monde, qui n'a pas vraiment apprecié :

    vu par Luc Boltanski.pdf

     

     

    4. Richard Millet, Fatigue du sens, Pierre-Guillaume de Roux 

    RICHARD MILLET.jpg 

    153 pages, 15,20 euros 

    Présentation de l'editeur.pdf

  • L’utile inutile

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    La littérature a très vite été partie prenante de la genèse de la nation française, au point qu’aujourd’hui encore les deux se confondent dans notre inconscient collectif. De façon plus explicite, et à titre d’exemples, une universitaire américaine, Mme Ferguson, a pu écrire un petit pavé de trois cents pages intitulé « La France, nation littéraire » et M. Rouart, académicien, souligner publiquement (Pékin, décembre 2014) « l’importance que revêt pour elle la littérature au cœur même de l’État ». 

    Il est vrai que les premiers présidents de notre Ve République étaient des hommes de lettres. De Gaulle, quoique militaire de formation, restera dans l’Histoire comme un politique parfois controversé mais aussi (et surtout ?) comme un mémorialiste de haut vol. Pompidou, agrégé de lettres, est pour les connaisseurs l’auteur d’une remarquable Anthologie de la poésie française. Descendons une marche : MM. Giscard d’Estaing et Mitterrand auront eu au moins le mérite d’afficher une préférence, Giscard pour Maupassant, Mitterrand pour Chardonne ; dans Une histoire de la littérature française Kléber Haedens qualifiait le premier de « bon petit réaliste » et disait du second qu’il « aima par-dessus tout la belle prose »… Puis, quelques marches plus bas, rien ou presque, concernant MM. Chirac, Sarkozy et Hollande - sauf peut-être les propos consternants de M. Sarkozy sur La Princesse de Clèves. 

    Or, sur la photo officielle de M. Macron, on voit un livre ouvert à sa droite : ce sont les Mémoires de guerre du général de Gaulle. On apprend par ailleurs dans la presse que deux autres livres (Stendhal, Le Rouge et le Noir ; Gide, Les Nourritures terrestres) sont posés sur sa gauche mais fermés. Ces trois ouvrages dans la prestigieuse collection de La Pléiade. Précision qui n’est pas anodine car, au delà de la simple communication, cette photo est aussi un acte politique.  La primauté donnée à un De Gaulle ouvert et à main droite constitue une sorte de « métaphore visuelle » de la filiation politique dans laquelle semble vouloir s’inscrire M. Macron. Après tout, peut-être lui aussi s’est-il fait toute sa vie « une certaine idée de la France » - ce qui serait d’ailleurs plutôt rassurant : mieux vaut De Gaulle que Robespierre.  

    Le choix de Gide et Stendhal mérite qu’on s’y arrête davantage. Les deux ouvrages, quoique très différents dans la forme (un roman et une sorte de long poème en prose agrémenté de passages versifiés) ont pu être en leur temps considérés comme des oeuvres quelque peu « subversives ». C’est ce qui a dû séduire M. Macron. Sans doute s’est-il, après tant d’autres, reconnu dans le héros stendhalien, Julien Sorel, ce jeune plébéien ambitieux et énergique… Mais il ne devrait pas oublier que la destinée de Julien est tragique puisqu’elle le conduit à l’échafaud. Peut-être aussi a-t-il lu le livre de Gide, au titre si évocateur, comme le bréviaire de toutes les remises en cause sociétales visant à la libération de l’individu. Mais il ne devrait pas oublier non plus qu’aujourd’hui, la destruction de la règle étant devenue une règle, c’est la société tout entière qui est en voie de décomposition. 

    Pas si inutile que cela donc, la littérature. Et même parfois très utile. Elle est « l’utile inutile » comme la définit si bien Claude Roy dans son dernier chapitre de Défense de la Littérature.  

  • Pas un de plus

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret 

     

    626951329.jpgFrancis Fukuyama pensait que l’histoire s’achèverait dans un large consensus universel sur la démocratie libérale. Les faits lui ont donné tort : l’histoire continue. Elle semble même s’accélérer dangereusement depuis quelque temps, comme on le lira dans ce numéro de Politique magazine.

    A un an du terme du mandat de François Hollande, jamais, en effet, l’horizon n’a été plus chargé de menaces. Car la sourde inquiétude qui a gagné les marchés financiers mondiaux pourrait être les prémisses d’une tempête qui se lève, plus puissante encore que celle de 2008. Certaines prédictions, venues en particulier des Etats-Unis, mettent en garde contre une montée des risques. Le ralentissement de la Chine et la baisse des prix du pétrole ne justifient certes pas en eux-mêmes une nouvelle faillite boursière, mais les dettes des Etats européens redeviennent l’épée de Damoclès qu’elles n’ont, en fait, jamais cessées d’être. Avec ses déficits chroniques et sa dette pharaonique, la France est dans l’œil du cyclone. Et même si le risque d’un Brexit, qui aurait ajouté aux incertitudes, semble – provisoirement – écarté, la crise migratoire déclenchée par Angela Merkel et la Commission européenne continue de déployer ses effets délétères. A son tour, la Belgique a rétabli « temporairement » des contrôles à sa frontière avec la France pour faire face à un éventuel afflux de migrants quittant la jungle de Calais ! La vérité, c’est que l’Europe de Schengen a, concrètement, cessé d’exister. Sur ses ruines, prospère ce que les médias appellent le « populisme » : un divorce au potentiel explosif entre les peuples et les classes dirigeantes, les uns et les autres ne parlant plus du tout le même langage, ni sur l’identité, ni sur l’immigration, ni sur la sécurité…

    A ce propos, l’écrivain algérien Boualem Sansal prévient les Occidentaux : « L’islamisation est en marche (…) et elle a des buts politiques offensifs. La masse critique qui déclenchera la réaction en chaîne n’est pas loin d’être atteinte. Elle posera d’énormes et insolubles problèmes en Europe. » Qui voudra bien comprendre ? Sûrement pas notre gouvernement qui fait voter une loi inutile et électoraliste sur la déchéance de nationalité en se donnant des airs martiaux mais qui continue à sous-évaluer les besoins du budget de la Défense nationale. Politique du pompier pyromane qui conduit à cette situation de « flux tendus » décrite par tous les militaires : sur les fronts extérieurs de la guerre contre l’islamisme, en particulier en Afrique, les opérations se mènent, certes avec brio, mais avec des matériels et des crédits nettement insuffisants. Il en découle fort logiquement que, sur le front intérieur ouvert par les attentats du 13 novembre, l’armée française n’a tout simplement plus les moyens des obligations qui lui sont imposées.

    Des moyens, il en faudrait pourtant à l’heure où le conflit syrien menace d’un embrasement général. La Russie compte ses alliés dans une région où la calamiteuse diplomatie française, à la traîne des états-Unis, l’a laissée seule maîtresse du jeu. L’opposition frontale guette entre Moscou et Ankara qui se comporte de plus en plus en complice de l’état islamique et massacre les Kurdes syriens qui sont pourtant nos alliés dans la lutte contre le califat auto-proclamé. Où est la voix française forte, cohérente et indépendante, que cette région avait l’habitude d’entendre et écoutait ?

    Il reste un an à François Hollande pour prendre la mesure des périls d’un monde en ébullition et répondre à ces nouveaux défis. Mais, pour agir vraiment, il lui faudrait des institutions stables, solides, qui s’inscrivent dans la durée. Pas celles qu’il achève de dévoyer en les réduisant à de dérisoires calculs politiciens et à des petits arrangements entre amis.

    Encore un an ! Pas un de plus. Sinon… 

    Rédacteur en chef de Politique magazine

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    Mars 2016 - Editorial

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : L'Émir Abd el-Kader à Amboise, le prisonnier tant aimé

    555555555.pngArt et Essai L'Émir Abd el-Kader à Amboise, le prisonnier tant aimé, un documentaire français d’Adyl Abdelhafidi, avec la participation de Adyl Abdelhafidi, Ahmed Koulakssis (Historien), Michel Laurencin (archiviste de l’archidiocèse de Tours), Dalil Boubakeur (Recteur de la Grande Mosquée de Paris) et Bariza Khiari (Vice-Présidente, socialiste, du Sénat de 2011 à 2014, membre du bureau exécutif de LREM depuis 2017 ; elle possède la double nationalité française et algérienne).

    3983945879.jpg"Que diable allait-il faire dans cette galère ?"... C'est la question récurrente de Géronte quand son fils, selon le fourbe Scapin, est retenu à bord d'une galère turque et menacé d’être emmené "esclave en Alger !".


    Vous pouvez reprendre la question à mon endroit, qui me suis fourvoyé dans un "événement interconvictionnel" (sic) organisé notamment par une association turque de Châteauroux, autour de l'émir Abd el-Kader !


    Comme tout le monde je connaissais avec une certaine sympathie (pourquoi ?) le nom de cet homme de guerre... mais qu'en savais-je ?

    Une sorte de Vercingétorix qui s'opposa durant 15 ans à la conquête française de l'Algérie jusqu'à  l'enlèvement de sa smala par le Duc d'Aumale, fils de Louis-Philippe.

    J’ai donc pu apprendre,  ou réapprendre, qu'il se rendit au Général Bugeaud, qu’il fut emprisonné au château d'Amboise, libéré par Napoléon III, avant de se distinguer en Syrie en protégeant les chrétiens des massacres druzes et turcs.

    Malheureusement, sous prétexte de nous raconter cette histoire, cette page d'Histoire de France, j'ai assisté à une hagiographie du « fondateur de la nation algérienne » (« un Saint parmi les Princes, un Prince parmi les Saints ») dont toute la première partie est un brûlot qui injurie la France et l'armée française : « des tueurs, la brochette des Bugeaud, Lamoricière, Cavaignac » (…) (pratiquant) la politique de razzia, tuant tout (…) les enfumades ».

    Comme le disait un colonel à son procès, précisément après la guerre d’Algérie, en février 1963 : « dans presque toute guerre il y a des excès ; et les troupes de Jeanne d’Arc elle-même se sont livrées plusieurs fois à des massacres »… mais une fois encore il ne faut pas voir la paille de l’un sans la poutre de l’autre.

    Parmi les raisons de la conquête évoquées dans ce documentaire qui parle de « l’envahisseur colonial », il n’est fait aucune mention des pirates turcs du Dey d’Alger, les « Barbaresques », qui s’emparaient de navires marchands et de leurs passagers, ou qui débarquaient sur les côtes d’Europe pour faire des prisonniers.

    A la question posée par le réalisateur : ce document vous a-t-il plu ? J'ai été le seul à répondre publiquement « Non » en disant pourquoi – un film manichéen -, tandis qu'une partie de l'assistance me huait...

    Ils étaient pourtant tous là pour prôner le « Vivre ensemble » !

     

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.
    Pour mémoire  

     

    Titre

    Violent/scabreux

    Date

    Il aurait été très dommage de ne pas le voir

    Hors normes

    non

    10/11/2019

    Une bonne soirée

    It Must Be Heaven

    Non

    06/12/2019

    Un très bon film

    Midway

    non

    11/11/2019

    Un bon film

    Joyeuse Retraite

    ?

    02/12/2019

    (Très) intéressant

    Un monde plus grand

    non

    28/11/2019

    A revoir en VF

    La Famille

    non

    08/10/2019

    J’aurais pu et dû ne pas le voir

    L'Émir Abd el-Kader à Amboise,
    le prisonnier tant aimé

    non

    13/12/2019

    Je m’y suis ennuyé

    Le meilleur reste à venir

    non

    29/10/2019

    Je n’ai pas aimé du tout

    Chanson douce

    oui

    10/12/2019

    Le film à retenir depuis le 1er janvier

    Le chant du loup

    Non

    15/03/2019