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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Sur le Blog d'Hilaire de Crémiers...

    Sous le titre Une bonne nouvelle (retour sur l’encyclique Spe salvi, de Benoît XVI), le Blog d’Hilaire de Crémiers a publié hier le texte écrit au lendemain de la parution de l’encyclique. C’est peu de dire que ce texte est remarquable.

     Nous en passons l’extrait suivant, en encourageant vivement à lire l’original, bien sûr, mais aussi à fréquenter régulièrement ce Blog, dont nous avons salué l’avènement sitôt qu’il a vu le jour : "Une chance, un gage de sérieux pour le royalisme... par la hauteur de ses vues et la pertinence de ses analyses..." écrivions-nous ici-même, en vous signalant la sortie de ce Blog. Ce nouvel article le confirme :

     

    http://leblogdhilairedecremiers.hautetfort.com/

     

    HILAIRE DE CREMIERS 2.jpg

    « …Les causes les plus certaines, d’après le pape, se trouvent dans une sorte de trilogie qui pourrait se ramener en son essentiel chronologique sous les  dénominations suivantes : Luther, la Révolution française (« avant tout », dit le pape), la philosophie allemande. Et c’est tellement vrai. Luther a réduit l’objet de la foi à une conviction subjective : l’espérance devenait ainsi une opinion, une idée sans objet. La Révolution française a érigé l’idéologie en divinité, en matrice nouvelle et universelle d’une foi, d’une espérance, d’un amour pour ici-bas à réaliser dans la société heureuse des lendemains révolutionnaires qui sortira nécessairement de toutes les convulsions de tant de gésines douloureuses. Le pape, certes, ne s’appesantit pas sur ce point, mais ce n’est pas la première fois qu’il pointe du doigt ce tournant du mal.

    La philosophie allemande, enfin, va s’emparer de ce thème, dans l’étonnement que lui procure cet événement de la Révolution qui change le cours de l’histoire. Kant sera le premier à en saisir l’importance, dans un premier temps pour admirer, mais, dans un deuxième temps, – et Benoît XVI le cite –, pour en inférer – ce qui était bien vu – qu’il y avait là un tel retournement de perspectives qu’il pourrait bien s’agir pour le futur d’une annonce du règne de l’Antéchrist.  Joseph de Maistre et plus tard Soloviev ne penseront pas autrement…. »

  • Trois révolutions de la liberté, aux Mercredis de la Nar...

                Professeur de science politique à l’Université Paris-II, membre de l’Institut Universitaire de France, Philippe RAYNAUD a publié de nombreux ouvrages de philosophie politique.

                Robert Redeker présente Philippe Raynaud.pdf

    philippe_raynaud1.jpg

                Dans le cadre des Mercredis de la Nar (1), il viendra présenter son dernier ouvrage, qui permet de reprendre l’examen des parentés et des différences qui existent entre "Trois révolutions de la liberté" : la "Glorieuse Révolution" de 1688, qui s’inscrit dans l’histoire longue des libertés anglaises et de la monarchie britannique; la Révolution américaine qui prolonge celle des libertés anglaises et qui est aussi une révolution des droits de l’homme; la Révolution française, qui est spécifique par sa radicalité.

                Ces trois révolutions éclairent, chacune à sa manière, notre modernité. C’est l’occasion de s’interroger sur la conception française de la Liberté et des garanties qui sont apportées à ce principe premier. La comparaison des trois révolutions offre aussi la possibilité d’engager un nouveau dialogue, effectivement politique, avec les Anglais et les Américains.

    Le service librairie de la Nar vous propose le livre de Philippe Raynaud

    "Trois révolutions de la liberté  " 

    au prix promotionnel de 34 euros (frais de port inclus).

    Commande et chèque a adresser a Royaliste, 17 rue des Petits-Champs, 75001 Paris 

    ou bien commande en ligne (paiement sécurisé) en cliquant sur ce lien.

     

    philippe raynaud.jpg
    390 pages

     

    (1) : Mercredi 17 mars, 17, rue des Petits-Champs, Paris 1er, 4e étage. La conférence commence a 20 heures très précises (accueil a partir de 19 h 45 - Fermeture des portes a 20h15 - Entrée libre, une participation aux frais de 1,50 euro est demandée), elle s'achève vers 22 h. Un dîner amical est alors servi pour ceux qui désirent poursuivre les discussions (participation aux frais du dîner : 5 euros).

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : S21 la machine de mort khmère rouge.

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    En DVD : S21 la machine de mort khmère rouge, un film de Rithy Panh (2003), avec deux survivants et d’anciens personnels khmers rouges de la prison S21.

    guilhem de tarlé.jpg

    Et la musique s’est arrêtée

    Les hommes en noir sont arrivés

    Le Cambodge a cessé d’exister

     

    Rithy Panh nous replonge dans ce drame du 17 avril 1975, que chantait Jean-Pax Mefret, comme je le mentionnais déjà en février dernier à propos du dessin animé Funan.

    Ce réalisateur est né à Phnom Penh, le 18 avril 1964,  11 ans avant, à un jour près, de la mainmise du Cambodge par l’Angkor, parti communiste du nouveau Kampuchéa démocratique.  Il a connu les camps de travail dans lesquels il perdit ses parents et une partie de sa famille.

    Avec son art, Il exerce son « devoir de mémoire » en dénonçant ce génocide de 2 millions de morts qui a été perpétré dans une quasi-indifférence de nos populations occidentales, et particulièrement françaises, ignorantes, parce que mal-informées ou désinformées par une  intelligentsia politico médiatique qui glorifiait Pol Pot et se félicitait de la « libération » du Cambodge.

    Ce documentaire, qu’il faut absolument voir, même s’il est très violent et difficile à supporter, est un témoignage du martyre subi par les 17000 prisonniers, torturés et exécutés, du S21, un centre de détention installé dans un ancien lycée de Phnom Penh. Seuls 7 prisonniers ont survécu !

    On sait que le mot « martyr » signifie témoin, et ce long-métrage est donc un double témoignage, de la « vie », des souffrances et de la mort (« quand ils arrivent, on sait qu’ils sont morts » nous dit un « gardien ») de ces martyrs racontée par deux martyrs survivants, dont Vann Nath, peintre pour l’Histoire, ainsi que par des bourreaux-« gardiens » de cette prison. En outre, cette martyrologie a été filmée sur les lieux mêmes puisque S21 a été reconverti en musée du génocide.

     

    A notre époque où l’on cherche à culpabiliser l’armée française sur le génocide rwandais, à quand la repentance de nos « intellectuels » sur le génocide cambodgien ?

  • Macron et l’unité de la nation, par Gérard Leclerc.

    © Service de presse du Président de la Fédération de Russie

    Source : https://www.france-catholique.fr/

    Le discours prononcé par le président de la République au Panthéon, à la date symbolique du 4 septembre [1], s’inscrivait dans une pleine actualité, alors même qu’il évoquait l’être historique de la France, donc son existence dans la durée.

    gerard leclerc.jpgOn se souviendra notamment de son affirmation : « La République ne déboulonne pas de statues, car on ne choisit pas simplement une part de l’histoire. Car on ne choisit pas une part de la France, on choisit la France. » Voilà qui avait une allure gaulienne. N’est-ce pas le général qui, prenant possession de l’Élysée, ne craignait pas de rappeler « depuis 1000 ans, l’État français ». Dans la terminologie gaulienne, la République ne renvoyait pas à un contenu idéologique, elle signifiait une continuité historique à travers les âges.

    Mais du même coup, Emmanuel Macron semblait prendre quelques distances avec une des affirmations hasardeuse, et disons-le malheureuse, de sa campagne présidentielle : « Il n’y a pas de culture française. » Si, il y a une culture française, qui s’affirme d’abord dans le génie d’une langue. C’est à juste titre que le président s’est référé à l’ordonnance de Villers-Cotterêts de François Ier du 1er août 1539. C’est cette ordonnance royale qui a fixé définitivement le français comme langue du droit et de l’administration, à la place du latin et des langues régionales.

    Emmanuel Macron a fustigé le séparatisme, contre lequel une loi est préparée par Marlène Schiappa et Gérald Darmanin. Peut-on parler de retour à l’idée d’assimilation à une culture commune, condition de l’unité nationale ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 septembre 2020.

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : Plaidoyer pour la Monarchie royale. Partie 2 : L'unité royale plutôt que l'urne qui

    En ces temps de crises, de trouble et de présidentielle permanente qui occupe tous les médias sans discontinuer, la Monarchie royale « à la française » ne serait pourtant pas si choquante et, même, elle pourrait bien conjuguer espérance et nécessité, tout en renouant avec le fil d’une histoire qui, tranché violemment hier, pourrait à nouveau réunir des Français aujourd’hui soucieux de concorde et de tranquillité, y compris politique…

    Quelques arguments plaident en sa faveur comme celui de l’unité nationale au-delà des querelles politiques et des grands intérêts de ce qu’il n’est pas incongru de qualifier de féodalités financières et économiques : car le roi ne doit rien à un choix électoral forcément clivant et séparateur qui divise en clans idéologiques, et son indépendance vient du principe même de la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’Etat, la naissance ne pouvant s’acheter ou se forcer. Bien sûr, c’est l’argument parfois le plus difficile à entendre pour nous qui sommes habitués à choisir le Chef de l’Etat que nous semblons sacrer de notre vote avant que de le dénoncer dès les mois suivants dans un élan d’ingratitude qui, visiblement, n’appartient pas qu’aux princes… Néanmoins, l’avantage de la succession royale est qu’elle accompagne le temps et qu’elle est l’humilité devant la nature humaine et ses propres limites : dans la tradition française, ce mode de transmission de la magistrature suprême de l’État se résume en une formule « Le roi est mort, vive le roi ! ». C’est-à-dire que c’est de la disparition physique du prédécesseur que naît le pouvoir du successeur. D’un drame, la mort, la royauté fait un passage vers une autre vie, une autre personne, celle-là même qui savait qu’un jour elle régnerait mais qui ne savait ni le jour ni l’heure, dans une incertitude qui, pourtant, n’ouvre pas vers l’inconnu mais vers le « prévu ». Cela explique l’autre formule traditionnelle de la royauté en France : « Le roi ne meurt jamais ». En effet, la mort physique d’un monarque n’est pas la mort de l’Etat, mais son renouvellement : le fils succède au père, naturellement, tel que cela était annoncé depuis sa naissance et son titre de dauphin. Quand la République déchire autour de l’urne, la Monarchie royale unit autour du cercueil, et du trône…

    Sources : http://www.actionroyaliste.fr/

    https://www.facebook.com/GroupeDActionRoyaliste

  • Le coup de gueule lingustique !, par Jacques MYARD.

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    Scene de la piece "Les Precieuses Ridicules " de Jean Baptiste Poquelin dit Moliere (1622-1673). gravure couleur du 19eme siecle ©North Wind Pictures/Leemage 

    Ortho­graphe inclu­sive : Les Pré­cieuses Ridicules …

    Les siècles regorgent de fou­cades et autres lubies dont les pro­pa­gan­distes pré­tendent déte­nir la véri­té uni­ver­selle qui s’ins­cri­rait dans le sens de l’Histoire …

    8.jpgOn se sou­vient des « Pré­cieuse Ridi­cules » de Molière dont les héroïnes Mag­de­lon et Cathos se tar­guaient d’im­po­ser leur « pré­cio­si­té » pour raf­fi­ner les mœurs et la langue fran­çaise, vaste programme…

    Eh bien on est ras­su­ré, l’His­toire excelle dans l’art de res­ser­vir les plats : entrent aujourd’­hui en scène les nou­veaux révo­lu­tion­naires, sexistes en peau de lapin qui, bran­dis­sant l’é­ga­li­té des sexes, exigent tout azi­mut l’or­tho­graphe inclu­sive pour fémi­ni­ser la langue française… 

    Le résul­tat est un suc­cès : notre langue devient un cha­ra­bia incom­pré­hen­sible, voi­là une avan­cée his­to­rique des salon­nards du poli­ti­que­ment cor­rect dans le ridi­cule le plus accompli …

    Molière, au secours !

     

    Jacques MYARD

    Membre Hono­raire du Parlement

    Maire de Maisons-Laffitte

    Pré­sident du Cercle Nation et République

    Pré­sident de l’A­ca­dé­mie du Gaullisme

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Au Cinéma : Les Harkis, par Guilhem de Tarlé

    1A.jpgArts & Ciné : Les Harkis, un film français de Philippe Faucon, avec Théo Cholbi, le Lieutenant Pascal .

    Les Harkis... Une « divine surprise » que la sortie en ce mois d’octobre de ce docufiction qui dénonce la honte, le déshonneur et la trahison que constitua l’abandon des Harkis par le pouvoir gaulliste.

    A Bône, le 5 juin 1958, le général de Gaulle s’était adressé aux musulmans : « Venez à la France, elle ne vous trahira pas ». et ils furent 180 000 soldats et harkis, selon le Bachaga Boualam, vice-président de l’Assemblée nationale de décembre 1958 au 3 juillet 1962, « qui, sous (nos) couleurs, qu’ils croyaient les leurs, se battaient pour la France ».

    Le film raconte la suite… 16 septembre 1959, de Gaulle, porté au pouvoir pour l’ « Algérie Française », déclare « nécessaire le recours à l’autodétermination », avant de parler plus tard d’Algérie algérienne tandis que dès juin 1960 des rencontres ont lieu avec le FLN… 18 mars 1962, signature des accords d’Evian  sans aucune garantie concernant les musulmans pro-français, qui perdent ipso facto la nationalité française. Les harkis sont désarmés et abandonnés aux mains vengeresses des tueurs du FLN. Le chiffre des morts, massacrés et torturés après la « capitulation d’Evian » se situerait entre 50 000 et 100 000.

    Je ne recommande pas de voir ce long métrage, j’ai envie de l’imposer, notamment à nos enfants, et à tous ceux qui ne savent rien, qui n’ont rien voulu connaître, qui tels Pilate se sont lavés les mains de ces « heures sombres de notre Histoire ».

    On prête à Malraux la formule selon laquelle « tout le monde a été, est ou seraguilhem de tarlé.jpg gaulliste »… et c’est malheureusement vrai qu’aujourd’hui, tous les bien-pensants, toute la classe intellectuelle, politique et médiatique, et même les dissidents, le vénère dont, par ordre alphabétique, Asselineau, Dupont Aignan, Marine Le Pen, Philippot et Zemmour…

    Eh bien Non ! ce film montre - certes insuffisamment, mais quand même – pourquoi, comme la Garde, je mourrai sans me rendre.

  • Sortir du chaos, l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers

            Voici l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers, dans le numéro de ce mois de Politique Magazine, que nous vous présentions lundi.

            Ses premières lignes sont nettes et sans équivoque :

             La crise morale, la crise financière, la crise économique et sociale vont déboucher sur une crise politique majeure. Sans principe d'unité, de continuité, c'est le chaos qui pointe à l'horizon.

     

     

    HILAIRE DE CREMIERS 1.jpg

            Lors du remaniement ministériel, François Fillon aurait gagné la partie. Contre qui, contre quoi et pour qui, pour quoi ? 

            L’expression qui est venue spontanément sur toutes les lèvres, au bout de toutes les plumes, ne laisse pas d’inquiéter, même si la présence de l’homme rassure ce qu’il est convenu d’appeler le peuple de droite. Peuple de droite, peuple de gauche, la France est donc divisée, élections et idéologies obligent. Les Bayrou, Morin, Borloo, Raffarin et autres adeptes du discours centriste ont beau râler, c’est ainsi que se présente le jeu d’échec électoral en France : les pions du centre, au niveau national, sont destinés à être mangés ; ils n’y peuvent rien, ils n’y changeront rien.

            Giscard n’a gagné la première fois qu’il s’est présenté à la présidentielle que parce qu’il était le candidat de la droite ; ayant gauchi-centré sa position, il a perdu la deuxième fois devant le candidat qui avait décidé de gagner l’élection franchement à gauche, François Mitterrand, même si l’homme, fort habile, simulator ac dissimulator, était plus complexe, infiniment plus double que ses prétendus amis de gauche ne le croient encore. Il redoubla son succès en usant avec la plus grossière subtilité du même stratagème : la combinaison marchait à tout coup ; pourquoi se serait-il gêné ?

            Mitterrand, de par sa formation, intellectuellement supérieure à celle du politicien moyen, et par une pratique politique qu’il sut assumer jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’absurde, avait une connaissance intime de la secrète alchimie démocratique française qui ébahit toujours le vulgaire, mais dont son cynisme devait intérieurement se gausser, comme quelques autres personnages historiques avant lui, du même acabit. Faut-il les citer ? Tout dans la phrase et dans la ruse ! Rocard qui l’a compris à ses dépens, excerce aujourd’hui son droit de vindicte qui n’est qu’un mauvais droit d’inventaire. Trop tard. Il n’a que la consolation de ses propres phrases.

    Descente aux enfers

            Chirac ne l’a emporté en 95 sur Balladur que parce qu’il droitisait son discours, même et surtout avec une touche sociale et populaire qui faisait la différence avec son partenaire-adversaire au ton trop modéré. En revanche, mais selon le même processus, il n’a gagné en 2002 que par l’apport massif des voix de gauche puisque, face à Le Pen, il était devenu tout simplement le candidat de la gauche. Ce qui ouvrit la voie à un centrisme désuet et s’acheva dans un émiettement de l’État et de la nation.

            Là-dessus, devant cette crise larvée de nos institutions, Sarkozy, en 2007, a tenu un discours résolument national, équivoque sans doute pour les esprits bien formés, cependant déterminé et ouvrant même sur le religieux. C’est ainsi qu’il est devenu Président. 

            À plus que mi-parcours, son crédit est quasi épuisé, à cause de l’accélération politique qu’il a imprimée lui-même au système dans le cadre raccourci du quinquennat. Le pronostic de cette descente en enfer était établi ici dès janvier 2008, avant même l’éclatement de la crise. C’était prévisible. Son volontarisme affiché et, à vrai dire, ostentatoire s’est heurté très vite, sans même le savoir, aux institutions fondamentales de la démocratie à la française qui ne conçoit tout que dans la contestation. Car, autant tout se gagne dans l’exhibition d’un mâle projet, le temps de l’instant électoral, autant tout s’effondre et se perd rapidement dans les sinuosités de l’opinion versatile. Et qui, de plus, réclame son dû, étale ses exigences et hurle son désespoir. Cette opinion n’est-elle pas la reine de droit, celle qu’il faut toujours séduire ? Vouloir forcer les choses, à la Bonaparte, sans avoir les institutions adéquates, c’est courir à l’échec. Qu’est-il possible d’opérer avec un si constant chantage, sans risque de casse perpétuelle ? Il reste à faire croire aux réformes, plus qu’à réformer fondamentalement, car dans le régime, tel qu’il fonctionne, la vraie réforme qui va au fond des choses, apparaît définitivement comme impossible. 

            L’effort est à minima, les criailleries à maxima. D’où cette impression que Sarkozy donne, et comme malgré lui-même, qu’il détruit ce qui existe – et qui, d’ailleurs, ne marche plus et coûte de plus en plus cher – sans qu’il soit assuré que ce qui se crée puisse fonctionner avantageusement. Bouger les lignes, selon l’expression consacrée, soit, mais quoi après ? Terrible dilemme… La chiraquisation ou le bougisme forcené ?

            La trépidation de sa vie politique a fait négliger à Sarkozy une évidence qui a été ressentie aussi vivement que confusément par tous ses prédécesseurs et au bout de fort peu de temps d’exercice de leur mandat, à savoir que l’équilibre même des institutions supposait une certaine « distanciation » du président, voire une certaine inertie qui était finalement la marque même de la République, la nouvelle étant en cela de plus en plus semblable aux autres.

            Pour les hommes retors qui ont accédé à la présidence avant Sarkozy, l’important était avant tout de garder, avec la jouissance du pouvoir suprême qui leur conférait une sorte de prestige royal dont il rêvaient, une vague superbe magistérielle et paternelle qu’ils dispensaient au bon peuple et dont leur suffisante vanité savait se contenter.

    Vers le chaos ?

            Le discours de Sarkozy à Colombey le 9 novembre dernier, invoquant les mânes du Général ne saurait transformer la réalité. Le Général lui-même y a succombé. Sarkozy pense encore dominer les choses alors qu’il ne les maîtrise plus.

            Il est à la tête d’un pays trop endetté, qui se désindustrialise à grande allure, qui perd ses atouts les uns après les autres, ses exportations, ses parts de marché, ses débouchés, qui n’a plus de cohésion sociale et encore moins politique, où la pauvreté s’installe de façon permanente, où l’immigration sans frein et la démoralisation générale des populations, du fait même de l’idéologie imposée par la plus perverse des doctrines officielles, ne cessent de créer partout ce que, dans le jargon des politiciens, toujours commode, on appelle des zones de non-droit, un pays où l’honnêteté n’est plus payante ni le travail protégé, où le patrimoine réel ni la famille vraie ne sont soutenus, où l’éducation et l’instruction vont à vau-l’eau, où la religion la plus certaine et la plus enracinée, celle qui relie non seulement la terre française au ciel mais aussi, entre elles, les générations qui s’y succèdent, est constamment bafouée, brocardée, publiquement méprisée. Un tel pays devient ingouvernable.

    « Continuité », « durée »

            Les bonnes intentions du président ne sont pas à remettre en cause. 

            Il cherche perpétuellement des lignes stratégiques qui lui permettent de sortir enfin des difficultés où le jettent ses politiques. Après l’échec électoral des régionales, il a hésité et, ayant fait passer la réforme des retraites au milieu du tapage, il a pensé sans aucun doute à un tournant dit social, en prenant comme Premier ministre Jean-Louis Borloo.

            C’est là que François Fillon a fait entendre sa voix. Et qu’a-t- il dit ? Il a parlé de « continuité », de « durée ». Deux mots simples, mais extraordinaires dans la situation actuelle, et qui lui ont permis de gagner la bataille d’influence. Telles furent ses armes : il a été reconduit dans ses fonctions.

            « Continuité », c’est la qualité qui doit s’attacher à toute vraie politique de fond et en assurer la cohérence. « Durée », c’est la condition institutionnelle qui permet la continuité. 

            Voilà le bon sens même. Toute la question dès lors est de savoir si les institutions actuelles garantissent la condition et la qualité politiques demandées. L’argument est si fort que Fillon l’a emporté et va peut-être obtenir, du coup, le rééquilibrage souhaité dans l’exécutif pour tenter de mieux mener la politique gouvernementale… Mais, tout de même, si l’on veut bien y réfléchir, quel aveu ! Et quelle leçon ! Qui le dira, en dehors de Politique magazine où c’est devenu un refrain ?

            Mais autre contradiction des institutions actuelles : au moment précis où le chef du gouvernement fait valoir cette idée de durée et de continuité, il est contraint de sortir d’un schéma rassembleur ; l’unité de l’État à recréer est par nécessité partisane. Quelle leçon encore ! Quand sera-t-elle enseignée à Sciences-Po ? Pas un commentateur n’attire l’attention sur ce phénomène qui est simplement mécanique.

            De toute façon, la politique maintenant n’est plus axée que sur l’élection présidentielle de 2012. Autant dire que le redressement français n’est pas pour demain… Fillon a eu beau faire le plus beau, le plus énergique discours de politique générale, tout est suspendu à cette échéance qui installe au sommet de l’État et de manière répétitive et permanente l’exact contraire de la durée, de la continuité et de l’unité. La France va s’y casser. Les luttes ont déjà commencé dans un climat délétère où tout est fait pour déstabiliser l’exécutif ; il est tristement cocasse de voir des républicains patentés brandir la vertu, selon leurs vieilles habitudes, pour dénoncer des scandales politico-financiers qui sont consubstantiels à toute l’histoire républicaine ! Eh oui, aujourd’hui comme hier et comme demain !

            Mais voici plus grave : la terrible tempête financière, ici annoncée depuis des années, s’approche et se profile déjà à l’horizon. La violence qui en résultera sera redoutable. Sarkozy, épuisé, avec, pour lui tailler des croupières, les centristes, Villepin, Dupont-Aignan et tutti quanti, aura en face de lui un Front national implacable dans son argumentaire.

            À gauche, le Parti socialiste qui voudrait bien rééditer à l’inverse et à son profit le coup de 2002, se voit pourtant déjà dans une situation similaire avec des écologistes intraitables et une gauche de la gauche de plus en plus superbe, dominée par un Melenchon impitoyable.

            Quel président sortira des urnes ? Qui y a réfléchi ? Et quelles législatives suivront ? Chaos ? Cohabitation de quasi guerre civile ? 

            Et cette combinaison institutionnelle devra affronter une effroyable crise financière, économique, sociale et politique… Personne ne voit donc l’évidence ! Ah, si les Français connaissaient leur histoire, ils sauraient où se trouve en pareil cas le principe d’unité, de durée, de continuité. ■

  • Le noyau dur du Pays légal, par Philippe Germain.

    Après avoir dési­gné le Pays légal comme l’ennemi prio­ri­taire, l’Action fran­çaise l’a concep­tua­li­sé comme le défen­seur du Sys­tème poli­tique, puisque étant son prin­ci­pal pro­fi­teur. Elle a aus­si mar­qué sa dif­fé­rence démo­phile par rap­port aux dési­gna­tions (Caste, Éta­blis­se­ment, Oli­gar­chie…) uti­li­sées par les démo­lâtres popu­listes. Voi­là qui est bel et bon, mais insuffisant.

    philippe germain.jpgC’est pour­quoi, afin d’éviter la pos­ture cri­tique « hors sol », si répan­due, les maur­ras­siens appro­fon­dissent la com­po­si­tion de l’ennemi prio­ri­taire. Ils répondent à la ques­tion : Qui sont-ils « ceux » qui par la mai­trise poli­tique de l’appareil d’État répu­bli­cain, exercent une domi­na­tion socié­tale et sociale sans sou­ci du bien com­mun ?  Cela impose :

    • de trai­ter, ce que  l’historien Fran­çois Furet  nomme la « ques­tion des ori­gines ». Celle-ci, dit-il, hante notre his­toire natio­nale depuis 1789. L’histoire comme labo­ra­toire y aide.
    • d’éviter « l’idée de com­plot », notion cen­trale et poly­morphe dans l’idéologie révo­lu­tion­naire, pré­cise encore Furet. Pas plus aujourd’hui de com­plot bour­geois ou mon­dia­liste, que de com­plot « aris­to­cra­tique » en 1789.

    La ques­tion des ori­gines donc. Obser­vant dans l’histoire mon­diale, les répé­ti­tions d’une même cau­sa­li­té, le maur­ras­sisme dégage une loi de phy­sique sociale sur le déve­lop­pe­ment d’oligarchies : Toute révo­lu­tion pro­duit une « nou­velle classe » sou­dée à la longue par l’intérêt. En France c’est Bona­parte, qui pour sau­ver la Révo­lu­tion de 1789, sou­da des gens de tous les milieux, par l’enrichissement résul­tant de la confis­ca­tion du pou­voir poli­tique. Cette classe diri­geante devint héré­di­taire. Ces « dynas­ties répu­bli­caines » du pays légal, gou­vernent et exploitent la France depuis le Direc­toire. Explication…

    Cette nou­velle classe, avide de faire « une for­tune immense », avoue­ra Tal­ley­rand, fut consti­tuée de prêtres jureurs à la consti­tu­tion civile, de membres de la vieille noblesse, de jaco­bins, de mar­gou­lins enri­chis par l’achat des biens natio­naux, de com­mer­çants gras­se­ment rétri­bués par les four­ni­tures aux Armées.

    Pour ces habiles en finance, Bona­parte créa  la Banque de France, avec son pri­vi­lège exclu­sif d’émission des billets. Elle est là l’origine des dis­crètes « 200 familles » (Edouard Dala­dier – 1934), cette « élite finan­cière » dont la famille Gis­card fut emblé­ma­tique. Cer­tains des­cen­dants figurent par­mi les sou­tiens de Macron.

    Cette élite finan­cière est une plou­to­cra­tie, c’est-à-dire le gou­ver­ne­ment des plus riches. Elle n’a rien à voir avec le capi­ta­lisme indus­triel car elle ne prend aucun risque. Elle se contente de pro­fi­ter des oppor­tu­ni­tés offertes par l’état ; par exemple la construc­tion des che­mins de fer au début de la IIIème répu­blique, les contrats de guerre en 1914 – 1918, la déco­lo­ni­sa­tion indo­chi­noise et afri­caine, les natio­na­li­sa­tions  gaul­lo-com­mu­nistes de 1944 – 1948, celles socia­listes de 1982 mais aus­si les pri­va­ti­sa­tions gaul­listes de 1983 et 1993 et main­te­nant les « coups » phar­ma­ceu­tiques de la crise sani­taire. Gains faciles et sans risques ! C’est une plou­to­cra­tie dis­si­mu­lée afin de mieux pro­té­ger ses inté­rêts maté­riels, au détri­ment de l’intérêt éco­no­mique général.

    Pour pros­pé­rer au maxi­mum grâce à l’État, cette nou­velle classe le pré­fère faible, donc basé sur le Sys­tème repré­sen­ta­tif, dans lequel les citoyens élisent des dépu­tés en leur aban­don­nant le soin de déci­der de la loi à leur place. C’est pour­quoi l’élite finan­cière sou­tien une seconde élite, elle aus­si  crée par Bona­parte. Cette der­nière sert de paravent pour dis­si­mu­ler la plou­to­cra­tie, reti­ré de l’avant-scène poli­tique mais gou­ver­nant par influence et per­sonnes interposées.

    Là encore se pose la ques­tion des ori­gines, sinon depuis 1789, au moins depuis le Direc­toire du Consul Bona­parte. Par la trans­for­ma­tion de la maçon­ne­rie en ins­ti­tu­tion qua­si offi­cielle et ins­tru­ment d’influence majeur du pou­voir, Bona­parte ajou­ta au noyau finan­cier du pays légal, une seconde élite. Il pla­ça les maçons aux prin­ci­pales fonc­tions de l’État, les fai­sant ducs ou princes, les dotant de séna­to­re­ries d’un bon rap­port, leur per­met­tant par une guerre épui­sant la nation, de réa­li­ser des malversations.

    Ain­si fut assu­ré le vivier d’une élite « poli­tique », carac­té­ri­sée par une très forte sta­bi­li­té du per­son­nel par­le­men­taire, séna­to­rial et ministériel.

    Cette oli­gar­chie est le gou­ver­ne­ment de tous par quelques-uns, exer­cé sans trans­pa­rence dans la forme répu­bli­caine. C’est un Gou­ver­ne­ment de clans, un des­po­tisme de cote­ries repo­sant sur trente ou qua­rante mile affi­liés, tous cupides, intri­gants et para­sites. Par la maî­trise du pou­voir légis­la­tif, l’é­lite poli­tique peut, et ne s’en prive pas, faire des lois lui per­met­tant de gou­ver­ner en per­ma­nence. L’al­ter­nance élec­tive entre un per­son­nel de centre droit et un per­son­nel de centre gauche garan­tit à l’élite finan­cière, une poli­tique allant tou­jours dans le sens de ses seuls inté­rêts, lui  per­met­tant de pros­pé­rer au détri­ment de la nation par l’exploitation éco­no­mique de l’État. Macron appelle « l’ancien monde » cette élite politique.

    L’actuel pôle idéo­lo­gique des « valeurs répu­bli­caines » émane de cette élite poli­tique dont le laï­cisme athée a vain­cu la pro­tes­ta­tion socié­tale des catho­liques de La Manif Pour Tous mais s’avère impuis­sante face à l’Islamisation.

    En revanche, contrai­re­ment aux appa­rences, la péren­ni­té de cette élite poli­tique n’est pas acquise et ses mises en cause ont son­né le glas de la IIIème répu­blique (1940-maré­chal Pétain) et de la IVème (1958-géné­ral De Gaulle). Les deux élites, consti­tuant le noyau dur du pays légal, furent sérieu­se­ment secouées par la chute de la IIIème répu­blique. C’est pour­quoi après 1945, elles fédé­rèrent deux nou­velles élites, leur per­met­tant à la fois de conso­li­der leur capa­ci­té de domi­na­tion et de résoudre leur pro­blème de renou­vel­le­ment propre à toute élite. Nous ver­rons pro­chai­ne­ment les­quelles ain­si que leur rôle déter­mi­nant sur l’Islamisation.

    Ger­main Phi­lippe ( à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série «  L’Islam menace prin­ci­pale », cli­quer sur les liens.

    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne
    13. Le Prince chré­tien et la laïcité
    14. balayons le défai­tisme républicain
    15. Balayons le défai­tisme démocrate.
    16. Refe­ren­dum sur l’immigration
    17. Moi, j’ai dit pays légal ?

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Livres • Destin français, d’Éric Zemmour

     

    Par Gabrielle Cluzel  

    C'est une intéressante recension du dernier livre d'Eric Zemmour que Gabrielle Cluzel nous donne ici. [Boulevard Voltaire, 18.09].  

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

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    L’œuvre d’Éric Zemmour est un peu comme Star Wars : elle a commencé par la fin, et ce n’est qu’ensuite que l’on comprend, en revenant aux sources. Après Le Suicide français, voici Destin français, magnifique fresque historique qui tient de Bainville, de Castelot, de G. Lenotre, de Bordonove et n’est à la fois rien de tout cela. C’est l’Histoire de France incarnée, spirituelle, prophétie biblique : « Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en ont été agacées… » Le péché originel des parents sera expié par les fils. « L’Histoire ne repasse pas les plats », disait Céline, mais elle accommode les restes, pour les servir des siècles plus tard : « La France semble condamnée à revivre sans cesse la même histoire, à revivre sans cesse les mêmes passions délétères. »

    Zemmour compare la France à une mourante qui verrait défiler devant ses yeux toute sa vie : « Elle semble repasser par toutes les étapes de son existence millénaire. »

    Chaque chapitre est peu ou prou consacré à une figure emblématique – Clovis, Saint Louis, François Ier, Richelieu, La Pompadour, Robespierre, Napoléon, Clemenceau, Pétain, de Gaulle… – dont le destin s’est un moment confondu avec celui de la France, et dont le courage ou la pusillanimité, la clairvoyance ou l’aveuglement, la détermination ou la légèreté ont infléchi le cours de la vie de nos aïeux, et le cours de la nôtre qui lui est indissolublement lié.

    Il est des livres succincts dont on dit, riant, que s’ils tombent, ils ne risquent pas de vous casser le pied… Méfiez-vous de ne pas laisser choir celui-ci. Et pourtant, aucune longueur. Le livre est lourd mais la plume légère.

    Éric Zemmour l’a dédié à ses parents, et c’est à eux qu’il consacre les première pages, surprenant ses lecteurs qui le savent peu prompt à s’épancher – la proximité de Christine Angot, sur les plateaux, l’a sans doute vacciné. C’est qu’ils sont l’alpha et l’omega de ce bouquin-là : il leur doit son inextinguible fibre française. Pieds-noirs, descendants de Berbères soucieux de faire à Rome comme les Romains (donc, de donner des prénoms « du calendrier » à leurs enfants – confer une controverse récente), ils s’agacent de s’entendre qualifier de « juifs de France » quand ils se considèrent « Français juifs ».

    Éric Zemmour opte résolument pour le roman national, mais un roman qui ne s’inscrirait pas comme le Lavisse dans le courant romantique mais serait résolument réaliste : le féminisme beauvoirien tel que présenté par Éric Zemmour a quelque chose de bovarien, Simone aurait dû s’appeler Emma, James Rothschild a les traits de Nucingen et l’Italienne Catherine de Médicis les états d’âme d’une héroïne de Stendhal. Il les décrit comme ils sont, sans les noircir ni les idéaliser. Le manichéisme ne passera pas par lui et les titres des chapitres respectivement consacrés à Pétain et de Gaulle – « L’homme qu’il faut détester », « l’homme qu’il faut aimer » – parlent d’eux-mêmes. Il sort même du placard de grands oubliés, depuis longtemps remisés parce que trop étrangers à l’esprit du temps pour pouvoir être compris : qui connaît encore Bossuet, dont Zemmour écrit pourtant qu’il « réussit dans une langue d’une pureté inégalée la synthèse française du quadrilatère européen des racines juives, chrétiennes, grecques et romaines ». Qui sait encore que le comte de Chambord, par ce drapeau blanc dont il a fait « le test de sa liberté », a signé un « échec emblématique, matriciel même pour la droite française », « [annonçant] les défaites à venir pour pour ce courant conservateur ».

    On dit d’Éric Zemmour qu’il est misogyne ; il est surtout misanthrope. Atrabilaire amoureux d’une France volage, futile, mondaine, inconséquente et belle comme pas deux, dont il voit avec une acuité féroce tous les travers qui la font courir à sa perte mais dont il ne peut se déprendre. Et nous avec lui.   

    Ecrivain, journaliste
    Son blog
  • La grande muette l’ouvre sur les ondes : jusqu’où peut aller la désobéissance civile ?, par Nicolas Gauthier.

    ©Francois Lafite/Wostok Press France, Paris 14/02/2014 Des generaux de l armée francaise lors d une prise d armes a l Hotel des Invalides. French army general attend a military ceremony at the Invalides Hotel in Paris.

    Manifestement, la lettre ouverte signée par une vingtaine d’officiers supérieurs à la retraite et publiée sur le site de n’en finit plus de faire des vagues. À , pour commencer, où l’on n’a jamais été tout à fait guéri du syndrome du militaire providentiel, entre généraux Boulanger et Villiers.

    4.pngMais plus intéressantes sont les réactions d’une gauche stigmatisant une « désobéissance civile » à géométrie variable : « démocratique » quand pratiquée par son camp, mais donnée pour « factieuse » dès lors qu’elle concerne celui d’en face.

    Évacuons, tout d’abord, l’anachronisme historique, pire ennemi des historiens, comme chacun sait. Avril 2021 n’est pas avril 1961. Le putsch d’Alger participe d’une autre histoire et, soixante ans après, il n’est plus tout à fait question de sauver l’Algérie française. De plus, on se souviendra que les généraux Salan, Challe, Jouhaud et Zeller n’étaient pas « d’extrême droite », tel qu’on voudrait nous le faire croire aujourd’hui, mais seulement des héros de la , tous gaullistes, mais aussi déçus par ce même gaullisme. Ce qui n’empêche pas que les premiers résistants venaient de cette même « extrême droite », tel que rappelé par Simon Epstein dans son essai, Un paradoxe français. Mais il s’agit encore, là, d’une autre histoire…

    On passera donc sur les déclarations de Florence Parly, ministre des Armées, qui voit chez ces pétitionnaires des « gens qui attisent la haine », alors qu’ils « ne représentent qu’eux-mêmes ». Il faudrait savoir : cette question est-elle dramatique ou tout simplement anecdotique ? C’est selon, l’une ou l’autre, mais pas les deux à la fois. Et là, le gouvernement se retrouve plus que gêné aux entournures.

    Car aux origines de cette même « désobéissance civile », il y a un autre général, Charles , « l’homme qui a dit non », fondateur de notre Cinquième République, ayant opté pour la légitimité contre la légalité. Comme quoi les militaires révoltés n’ont pas fait que du mal à la République, même si fille de cette Révolution française parvenue au pouvoir par la force pour ensuite s’y maintenir par la terreur avant qu’un autre général, Napoléon, ne vienne y remettre bon ordre. Bref, ce ne serait pas la première fois que la gauche française se trouverait fâchée avec l’Histoire, la sienne, et celle de la France au passage.

    Mais là où le « “Système » commence à dérailler pour de bon, c’est qu’il n’est plus capable de faire la différence entre « désobéissance civile » d’agitateurs professionnels, pro-migrants, pro- ou pro-mariage pour tous, ne risquant qu’une Légion d’honneur ou une montée des marches au Festival de Cannes, tel le cinéaste Cédric Herrou, et la sourde colère montant de cette France donnée pour être « profonde », cette majorité dite « silencieuse » ayant commencé à faire entendre sa voix, gilets jaunes en tête. La preuve en est que les militaires signataires, pourtant épris d’ordre – leurs devanciers n’ont-ils pas fusillé, sans pitié, le peuple des communards ? – s’émeuvent désormais face au traitement plus que sauvage exercé face à cette jacquerie.

    Tous les pouvoirs ont toujours eu deux craintes. La première consiste en ce moment charnière où le gouvernement ne peut plus et où le peuple ne veut plus. La seconde, c’est quand les forces de l’ordre commencent à fraterniser avec ceux qu’ils sont censés réprimer.

    La France n’est certes pas au bord de l’insurrection. Mais cela pourrait nous annoncer une prochaine élection présidentielle plus qu’inattendue.

     

    Nicolas Gauthier

    Journaliste, écrivain
  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (199), Aux marges du Palais... (II) : Wallonie...

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    Quel paradoxe que la Belgique !


    À la fois, inscription dans la réalité des faits de l'abaissement de la France, et "barrière" faite par ses ennemis (menés par les Anglais et les Prussiens) pour arrêter son expansion vers le Nord-est...


    Mais aussi, les choses étant ce qu'elles étaient alors, "dernier cadeau de la monarchie", et protection pour la France, comme cela s'est avéré an 1914 et 1939...

    Après l'écrasement de la France, suite à la folle guerre révolutionnaire de 23 ans déclarée par la République à l'Autriche, puis continuée à grands frais par Napoléon contre presque toute l'Europe, nos ennemis ont voulu créer une "barrière" pour nous empêcher d'atteindre le Rhin.

    La création de la Belgique, mariage de la carpe et du lapin puisqu'elle réunissait artificiellement deux "peuples" fort opposés, est le triomphe de l'utopie anti-française, menée par les Anglais.

    Afin de mieux consolider la "barrière", "on" détacha même, au mépris évident du droit des communautés et des héritages historiques, la partie orientale du Luxembourg, que l' "on" offrit, en propriété personnelle, au roi de Hollande ! Il ne s'agissait ni de respecter le droit des peuples, ni les héritages historiques, mais d'entraver au maximum, et avec la "barrière" la plus solide possible, la marche séculaire de la France vers l'est : on peut dire que nos ennemis - à qui la Révolution, la République et l'Empire avaient donné le bâton pour nous faire battre... - ont bien réussi...

    Il est clair que, depuis fort longtemps, les Flamands - qui, au partage de Verdun en 843, firent partie de la Francie occidentale - ne s'accommodaient plus, depuis bien longtemps, d'une vie commune avec la France; une vie commune qui, pendant quelques siècles, ne posa pas de problèmes majeurs, mais qui devait devenir impossible du jour où les intérêts économiques majeurs des Flamands - par exemple dans le domaine de l'industrie drapière... - les tournait davantage du côté de nos adversaires (notamment l'Angleterre) que vers la France...

    En Wallonie, par contre, un tel phénomène de séparation ne s'est pas produit. Et si une intégration naturelle à la France ne s'est pas faite, cela est dû, pour une très large part, aux bouleversements qu'a causés la Révolution, venue interrompre et briser une trajectoire historique constante depuis des siècles...


    L'influence et l'expansion française furent évidemment contrecarrées, à partir de 1814 et 1815 par la création de la Belgique indépendante : c'était le but recherché par nos plus virulents ennemis, Anglais et Prussiens, et c'est ainsi que l'on peut dire de la France qu'elle est séparée de l'Espagne par les Pyrénées, de l'Italie par les Alpes, et de la Wallonie... par les Anglais !

    Malgré tous les aléas de l'Histoire, la réelle proximité de la Wallonie avec la France reste indéniable : depuis le temps où elle était le berceau de la monarchie franque (c'est à Tournai qu'a été découvert le tombeau de Childéric, père de Clovis, le premier Roi de France...) jusqu'à ce 24 juillet 1919 où la ville de Liège (qui célèbre la Fête nationale française) a été décorée de la Légion d'honneur, pour sa contribution décisive à la victoire de la Marne - par sa résistance héroïque aux troupes allemandes...

    Aujourd'hui, nous ne sommes plus en 1814/1815. L'Histoire continue, et "tourne", modifiant sans cesse les choses; et les utopies d'hier peuvent avoir fait leur temps.


    Dans le cas d'une indépendance flamande de plus en plus clairement revendiquée - et méritée... - il n'est pas impossible que la Wallonie et la France puissent unir leur destin, si l'Histoire, qui a fait une chose, la défait et en propose une autre...

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • Le prince Jean de France trace son sillon : nouvelles étapes

            Le prince Jean de France trace son sillon. C’est l’expression que nous avons souvent utilisée, parce qu’elle rend compte du processus engagé par le Prince il y a, déjà, quelques années, pour « gagner le cœur des Français ». Il trace son sillon de plus en plus activement, de plus en plus largement. Et c’est, pour les royalistes, dont nous sommes, une bonne nouvelle. Mais là n’est pas le plus important. Le plus important c’est que l’action, la présence du Prince, son implication, de plus en plus nette, de plus en plus connue et reconnue, dans la vie nationale, est aussi, est surtout une bonne nouvelle pour la France.

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            Il n’est pas si simple, dans la France et dans le monde d’aujourd’hui, d’être royaliste sans être utopiste, sans manquer de réalisme et de sérieux. Mais nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de royalisme authentique s’il ne se rattache pas à la personne concrète du Prince qui incarne et qui prolonge la tradition royale. Le propre de la monarchie est d’être incarnée dans un Prince de chair et d’os, sans lequel le royalisme se dégrade en idéologie sans consistance. Le premier devoir des royalistes est donc, tout naturellement, de soutenir le Prince.

            Lisez donc la dernière Lettre de Gens de France, association voulue, fondée, présidée par le Prince et destinée à soutenir son action. Elle en donne une remarquable vision d’ensemble, en même temps qu’ une description détaillée qui en montre l’ampleur et l’intérêt.

            Le Prince, lui-même, y trace, tout d’abord, en termes saisissants et forts, l’esprit et la ligne directrice de son action : « Dans les toutes premières présentations que j’ai faites d’Un Prince français, à Béziers et Senlis, en octobre dernier (…), je me demandais si le message qu’il contenait parviendrait aux Français. Mais, en même temps, ceux-ci recevaient un tout autre message, lui-même très brutal : sous leurs yeux, le monde dans lequel ils vivaient, fondé sur le règne de l’argent et de la spéculation, commençait à se fissurer, à s’écrouler ! Cela aurait pu ne concerner que les fauteurs de trouble, ces « élites » financières qui surfaient sur les bulles spéculatives. Mais, de proche en proche, tout l’édifice a commencé à s’effriter sous le poids des dettes. Les Français se voient désormais entraînés dans la spirale de la désagrégation sociale ». Dès lors, le Prince définit le principe, l’axe de son action des mois, voire des années à venir : « Aujourd’hui, avec Gens de France, je me fixe un axe prioritaire. Notre pays doit par tous les moyens résister à la désagrégation sociale. C’est sur ce point que je souhaite faire entendre ma voix. La montée du chômage, l’éclatement des familles, l’urbanisation sauvage, les migrations non contrôlées, le poids de la fiscalité, les crises de l’enseignement, d’autres facteurs, encore, constituent autant de sources de l’éclatement du lien social ». Il faut lire ce texte tout entier !

            Il y a, ensuite, d’octobre 2009 à mai 2010, un tableau impressionnant, très documenté, du tour de France que le Prince a fait, pendant cette période, pour présenter son livre « Un Prince Français ». Ce sont des milliers de Français que le Prince a rencontrés au cours de ces présentations. Et cette Lettre de Gens de France, remarquablement réalisée, en donne un aperçu qui intéressera royalistes et non-royalistes.

            Elle se termine par une analyse de la crise, de François Reloujac, que nous comptons publier, bientôt, ici-même : "Quelques leçons politiques de la crise économùique".

            Il faut suivre les activités de Gens de France. Il faut aussi, soutenir cette association et, naturellement y adhérer.

            Enfin, le vendredi 19 novembre 2010, à 19 heures, à Paris, aura lieu l’assemblée générale de Gens de France. Nous vous conseillons vivement d’y assister.

    CLIQUEZ SUR LES LIENS SUIVANTS :

    LETTRE GENS DE FRANCE (N°19).pdf

    ADHESION A GENS DE FRANCE (N°19).pdf

    ASSEMBLEE GENERALE GENS DE FRANCE.pdf

  • Echéances à l’horizon, par Hilaire de Crémiers

     (Analyse d'Hilaire de Crémiers, parue dans le n° 113 de Politique magazine, décembre 2012) 

    Le seul objectif des hommes au pouvoir est de repousser les échéances, en faisant croire qu’ils sont en état de les assumer. Les hommes de l’opposition « républicaine » n’ont pour tout horizon que de s’éliminer les uns les autres, en vue de la reconquête du pouvoir ! 

    Nous avons de mauvaises institutions : en France, d’abord ; au niveau européen, ensuite. Nous en payons le prix.

    La Ve République n’offre plus de ressources institutionnelles. Nicolas Sarkozy en a épuisé toutes les dernières illusions. Elle ne garantit plus la cohésion intérieure de l’unité nationale ; elle n’assure plus la défense extérieure des intérêts français. Les ressorts sont brisés et les volontés affichées de réussites ne changent rien à la réalité des incapacités institutionnelles. La machine des partis qui est un laminoir, a écrasé tout projet proprement français. Ce qui subsiste de solide est compromis par la vertigineuse dégringolade française si précisément analysée par un Nicolas Baverez ou un François Lenglet. L’économie sur ce point dépend du politique ; or la politique se réduit aujourd’hui à un magma de volontés acharnées à prendre le pouvoir, à se l’approprier, à le reprendre, à le garder, à le façonner et le structurer pour se le conserver.

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    Site de Florange : François Hollande arrivera-t-il à passer ? Avec un Montebourg que personne ne maîtrise. 

    La réalité politique s’impose

    Ailleurs, il en va autrement, contrairement à ce qu’imaginent les Français, trop enclins à penser que le monde leur ressemble. 

    david cameron.jpgAinsi il est une politique anglaise, toujours la même, et nos hommes politiques semblent – et depuis plus d’un siècle ! – inaptes à la comprendre. Ils se font constamment surprendre par le jeu d’approche et par le retrait final anglais. De la même façon, pourquoi s’étonner du sens général de la politique allemande qui, en ce moment et de plus en plus, retrouve ses axes historiques et jusqu’à ses réflexes, ses attitudes et ses discours grinçants à la Henri Heine ? Et n’est-ce pas, d’ailleurs, Henri Heine qui avait averti les Français, dès le xixe siècle, de ne pas s’y tromper ? Le Bild se moque de la France tout autant que The Economist. Il est, bien sûr, une politique russe de conservation et d’expansion de son ère historique, même si des journalistes français sont assez sots pour vouloir l’empêcher d’exister ! Et, de même, Obama ou pas, perdure et s’impose une politique états-unienne, que ni Jefferson ni Monroe ne désavoueraient. Même les salons politiques français commencent à savoir que l’ère Mao en Chine est finie et qu’il est une direction chinoise qui, au-delà des hommes qui passent, poursuit une politique spécifiquement chinoise. Et ainsi du Japon, de l’Inde et du Brésil et d’à peu près tous les pays et continents, y compris de l’Afrique qui retombe dans ses divisions ethniques que la politique française d’aveuglement idéologique a niées, provoquant, comme le montre depuis longtemps Bernard Lugan, drame sur drame. Et que dire du monde arabe qui se croit uni et qui ne l’est pas ?

    Les nations mènent des politiques nationales ; telle est la première réalité de la mondialisation qu’il ne s’agit pas de nier, mais que les politiques français ne voient qu’au travers de leurs idéologies de parti, libérale ou socialiste, sans appréhender sa vraie consistance politique.

    La presse internationale signale ce retour violent ou hypocrite du réalisme politique, quelquefois le plus cynique : il est des constantes du passé qui se retrouvent de nos jours et qui frappent tout esprit qui a le sens politique et historique. Les nations, d’une manière générale, savent ce qu’elles veulent, quand elles ne renient pas leur histoire, et elles sont préoccupées, au premier chef, de leurs intérêts. Que cela ne suffise pas, c’est sûr, et qu’il faille veiller à créer un ordre international, c’est plus que souhaitable. A condition que ce ne soit pas de simples discours pour s’aveugler ou pour tromper.

     

    Une France qui ne se reconnaît plus

    Ce qui laisse pantois les observateurs internationaux, c’est qu’ils ne reconnaissent plus rien de la France. 

    Le chef de l’état n’a plus de crédibilité ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Ses préjugés partisans, ses habitudes de louvoiement, ses approximations sur les questions les plus claires le desservent constamment au moment des décisions. Les sommets internationaux où sa nullité souriante et bêtasse affiche une insupportable assurance, ont, depuis qu’il est là, tous échoué. En Europe , encore dernièrement, aux états-Unis, même en Asie où, au mois de novembre, il est allé faire la leçon au nom de la justice, comme il le fait dans un congrès politique français, en oubliant que les Asiates sont totalement insensibles à ce genre de rhétorique.

    Le voilà, sur le plan intérieur, engagé dans des réformes sociétales sur lesquelles il n’a aucune idée, n’ayant, dans son égoïsme savamment protégé, jamais réfléchi de sa vie aux suites effroyables de ses folles théories. Sur le plan politique et social, il sera confronté à ses contradictions : les préjugés stupides qui forment le fond de sa prétendue culture politique vont à l’encontre des nécessités de la vie économique et, comme il doit devant l’évidence de la crise tenir compte de ces nécessités, il ne peut que décevoir, contrarier, irriter son électorat et tant de pauvres gens qu’il a abusés. Sa fausse majorité ne peut que s’effriter, du côté écologique, du côté communiste et gauchiste entre autres.

    peer steinbrück.jpgLes chiffres tombent, tous mauvais. L’augmentation du chômage, établi maintenant à plus de 3,1 millions, en ne comptant que les inscrits ; la réalité du chiffre de la croissance pour 2013, rappelée tant par l’Union européenne que par l’OCDE, qui sera au mieux à 0,2 % ; l’impossibilité pratique, tel que se dessine le budget 2013, de ramener le déficit annuel à 3 % du PIB en dépit des promesses réitérées ; une dette française cumulée qui peut atteindre rapidement les 100 % du PIB pour peu que la France éprouve des difficultés à se refinancer et qu’ayant été dégradée de son triple A par deux agences de notation, elle se voie soumise à un chantage, puis à une spéculation ; les chiffres désastreux du commerce extérieur ; les dettes insoutenables des collectivités territoriales qui devront faire appel à l’état comme en Espagne ; les déficits cumulés des organismes de sécurité sociale à plus de 135 milliards d’euros qui remettent en cause les politiques de santé, bientôt les retraites. (Illustration : Peer Steinbrück, l'homme du SPD. Social-démocrate, il s'oppose à Angela Merkel parce qu'elle en lâche trop aux Français ! Et il est censé être le François Hollande de l'Allemagne... Les politiques français se sont toujours trompés sur la politique allemande)

    D’où un certain affolement malgré des paroles péremptoires qui ne sont pas sans rappeler celles des politiciens de la IIIe et de la IVe République. Après « le pacte de croissance et de stabilité » – words, words, words comme soupirait Hamlet ! – voici « le pacte compétitivité emploi » – again words –  avec ses 35 mesures – pas une de plus mais pas une de moins ! – où pour compenser les surtaxations et surimpositions un système de crédit d’impôt doit permettre aux entreprises de récupérer pour 20 mds sur l’état une partie des sommes déjà versées à titre social et à titre fiscal au Léviathan. Et tout ça à condition que… encore des papiers, des fonctionnaires, des contrôles, de la cogestion…. Et ces 20 mds, l’état compte, lui, les recouvrer en augmentant la TVA. Soyez sûrs que la CSG y passera aussi.

    Si ces messieurs croient ainsi arrêter l’hémorragie, ils se trompent. Les capitaux français sont épuisés ou se garent ou se dissimulent ; les capitaux étrangers ne viennent chez nous que pour y faire des affaires. Les gesticulations d’un Montebourg sont grotesques, au rythme dune déclaration nouvelle chaque jour. La désindustrialisation française dont la sidérurgie n’est qu’un exemple, est le résultat de mauvaises décisions accumulées depuis des décennies qui, elles-mêmes, sont le fait de mauvaises institutions politiques. Le discours socialiste ne change pas la donne.

     

    Sortir du chaos

    La France, d’ailleurs, risque de se trouver dans une situation étrange pour peu que l’Europe soit menacée d’éclatement. Le dernier sommet européen qui a abouti à un échec sur le budget prévisionnel des prochaines années, n’a que trop montré l’éloignement de l’Angleterre, la volonté allemande qui s’impose de plus en plus sous forme d’ultimatum, et les réticences de tous les partenaires qui ne cherchent plus que leur intérêt immédiat. En période de crise, c’était prévisible. Et si la Grèce a été sauvée encore une fois par un déblocage de 41 milliards d’euros, la situation grecque ne peut pas s’améliorer, sauf à effacer la plus grosse partie de ses dettes, même vis-à-vis des institutions publiques, mais alors il serait sage de prévoir le commencement de l’éboulement. Car, du coup, que valent les actifs de la BCE et des banques centrales ? La France serait dans ce cas très mal prise, sans solution de rechange.

    Le Parti socialiste n’est évidemment pas à la hauteur de la situation. Et l’UMP, l’autre parti, dit de gouvernement ? Poser la question, c’est aujourd’hui y répondre. Elle se révèle pour ce qu’elle est : une machine à ambitions personnelles. Jusqu’à la rupture, au grand scandale des Français. Comment peut-il en être autrement ? C’est une affaire d’institutions. à supposer que l’explosion n’ait pas lieu, ça recommencera forcément. Que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan ne se réjouissent pas trop : leur cas ne serait pas meilleur.

    Qui aura le courage de dire la simple vérité : libérons l’état du régime des partis. Demain, pour sortir du chaos, ce sera la première question qu’il faudra résoudre. Ce sera une urgence de salut public.

  • À quoi servent les rois ?, par Christophe Barret.

    Où l’on voit, à travers l’exemple de trois souverains européens, que la monarchie assure l’unité du pays par delà les changements de gouvernement. Les monarques constitutionnels ne servent à rien ! Tel est le lieu commun sans cesse répété, qui correspond à ce que l’on voit d’ordinaire : des personnages qui passent leur temps dans les cérémonies officielles et qui tiennent des propos convenus. Il faut cependant se méfier des apparences. Chez nos voisins européens, les rois et les reines sont manifestement populaires. Cela signifie que les peuples apprécient les fonctions qu’ils remplissent. Dans l’article qu’il consacre à trois pays, la Belgique, l’Espagne et la Grande-Bretagne, l’historien Christophe Barret montre que la monarchie royale assure, en la personne du roi ou de la reine, l’unité du pays par-delà les changements de gouvernement, les conflits sociaux et les crises. La fonction symbolique assumée par les monarques s’accompagne d’un rôle politique aussi concret que discret : celui de médiateur lors des discussions relatives à la formation du gouvernement.

    « They misled the Queen ! » (« Ils ont trompé la reine ! »). Que n’a-t-on pas entendu, dans la foule des pro-Union européenne réunis devant le Parlement de Westminster, au lendemain de la réprobation par la plus haute cour de justice civile écossaise de l’initiative de Boris Johnson et de son gouvernement de forcer une prolongation de la traditionnelle période de vacance des députés des Communes et des Lords ? Et, hors des frontières du Royaume-Uni, chacun y est allé de son commentaire sur les pouvoirs réels de Sa Gracieuse Majesté. Elizabeth II n’est, en fin de compte, pas sortie de sa neutralité effective. La justice, du reste, ne lui reprochera rien, elle qui a finalement paraphé un décret à la légalité remise en cause. L’interprétation d’une constitution coutumière n’est pas toujours aisée. Elle montre en tous cas, que le pouvoir de souverain constitutionnel n’est pas aussi figé qu’il n’y paraît.

     

    En Belgique et en Espagne, on l’on dispose de constitutions écrites, on questionne également la figure du monarque constitutionnel. Constitutionnalistes, historiens et commentateurs insistent sur la nécessité de préserver la neutralité effective du chef de l’État. « Le roi ne peut pas tous les jours faire la une des journaux », déclarait récemment un professeur de droit au journal espagnol El Mundo. N’empêche, en même temps, l’ancien Premier ministre socialiste Felipe González se demandait, lui, s’il ne fallait pas donner davantage de pouvoir au roi Philippe VI, dans le processus de désignation du Premier ministre, alors que son pays doit célébrer son quatrième rendez-vous électoral en quatre ans.

     

    Outre-Quiévrain comme outre-Pyrénées, alors que la constitution de gouvernements de pleins exercices se fait attendre, on s’interroge sur la manière de mener au mieux la médiation qui doit mener à la constitution d’une majorité parlementaire. On est loin d’un simple exercice de style.Dans un dossier consacré aux monarchies d’Europe de la revue Diplomatie, Francis Delpérée, président de l’Académie internationale de droit constitutionnel, précise quelques points fondamentaux quant au rôle du roi dans le processus de désignation d’un chef du gouvernement. « En l’espèce, le roi ne décide de rien, même avec l’accord de ses ministres. Mais il intervient, parfois même il s’immisce, dans une procédure en cours. L’on est ici au cœur de la ‘boîte noire’ exécutive. C’est-à-dire qu’il n’est pas toujours aisé de dé-mêler la part exacte que le chef de l’État et d’autres acteurs ont pu prendre au cours d’un processus complexe de décision. Des influences subtiles et discrètes peuvent s’exercer à ce moment. » Le roi retrouve ici « une liberté de mouve-ment. Limité, sans doute, mais réelle ».

     

    En Belgique, l’action du roi peut s’appuyer sur l’action d’un « explorateur et celle d’un formateur ». Le roi de Belges a ainsi constaté en décembre 2018, le besoin d’une répétition électorale, finalement intervenue en mai 2019. En Espagne, en écho à la déclaration de Felipe González, des voix s’élèvent pour demander que l’action de Philippe VI soit doublée par celle d’un médiateur à la mode belge. Quels que soient les mécanismes de la prise de décision, le roi, comme tout chef d’État, est seul pour ce travail de médiation. Dans une démocratie digne de ce nom, il ne peut pas toujours être en première ligne. Il ne peut pas même, indique Francis Delpérée, être un « redresseur des torts ». Avant de préciser, de manière décisive : « Quoi qu’ils disent ou quoi qu’ils fassent, les rois sont dans le cap du pouvoir.» C’est plus fondamentalement le rôle du roi comme garant de l’unité nationale et de la justice qui est souvent mis en exergue.

     

    Comme le rappelle le roi Philippe de Belgique : « La Belgique est un pays qui trouve sa richesse et sa force dans sa diversité et dans son capital humain. La monarchie est une institution avant tout humaine. Elle est au service des gens, à commencer par les plus fragiles. Chaque Roi ou Reine, avec sa personnalité propre, est appelé à mettre en valeur et à stimuler le meilleur en chacun. C’est cela être le Roi des Belges.»