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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Pour en finir avec deux inepties, ces deux réflexions sur la Nouvelle Calédonie, qui est française et qui doit le rester (sinon, c'est la Chine : merci, mais... non merci !)

     

    1. La France serait une "puissance coloniale" ? Mais alors, chez ceux qui nous font ce reproche (à leurs yeux infâmant) :

    • que la Chine rende sa liberté et son indépendance au Tibet, où le Dalaï Lama pourrait enfin rentrer, et cesse le génocide culturel et spirituel qu'elle y pratique depuis des décennies...

    • que la nouvelle Urss de Poutine rende sa liberté à la ville de Königsberg (et sa région), qui n'a jamais été slave en rien, à aucun moment de l'Histoire, mais qu'elle occupe, de façon tout à fait "coloniale", depuis plus d'un demi siècle. Et qu'elle rende leur liberté à la Tchétchénie, au Daguestan à l'Ingouchie, et autres pays asiatiques, musulmans et "slaves en rien" (ni par la langue, ni par la religion, ni par le groupe ethnique), mais qui sont bel et bien des territoires occupés par la force brute...

    • que l'Azerbaïdjan rende à l'Arménie le Nakitchevan (terre arménienne, "donnée" sous l'URSS) et le Haut-Karabakh...

    • et pour nos excellents ennemis anglo-saxons, grands donneurs de leçons (mais "à l'exportation seulement") :

    - que les États-désunis rendent aux Indiens leurs terres, au lieu de les parquer dans des "réserves"...

    - que les Anglais rendent à l'Irlande le nord de l'Irlande (car "l'Irlande du Nord", cela n'existe pas : c'est seulement un "fait colonial", qui n'a que trop duré...); et tant qu'ils y sont, qu'ils rendent leur liberté aux Écossais et aux Gallois, lesquels, eux aussi, ne font partie du Royaume désuni que par l'effet d'une violence inouïe exercée sur eux dans les siècles passés...

    - que les Australiens et les Néo-Zélandais rendent leurs terres aux aborigènes...

    On y va, les gars ? Contre le colonialisme ? Allez, c'est parti !...

    2. Certains kanaks, extrémistes, indépendantistes, terroristes, (mais qui ne représentent pas tous les kanaks, loin de là) parlent de "peuple premier"...

    Mais, ne serait-ce pas du "fixisme" ? L'Histoire est comme une mer, "que toujours quelque vent empêche de calmer", comme l'a joliment dit notre grand Malherbe. Nulle part, à aucun moment, les choses n'ont été établies "pour toujours", sans qu'aucun changement, aucune évolution (en bien ou en mal) ne vienne, lentement ou brutalement, les changer, les modifier, les transformer, plus ou moins profondément. Nous autres, Français, avons vu arriver des Grecs, puis des Romains, et cela pour notre plus grand bien : tout le monde a été gagnant : nous, les descendants des premiers occupants (les Basques, premier peuplement connu, puis les Celtes, aussi appelés Gaulois) et les "envahisseurs" ou "nouveaux venus, grecs et romains : cela a donné la magnifique éclosion des "gallo-romains" et, dans toute la région provençale - au sens large - des "gallo-gréco-romains". 

    Qu'est-ce que c'est, donc, que cette théorie bizarroïde d'une terre et d'un peuple qui, pour toujours, resterait là, chez lui - certes - mais seul, tel un Robinson multiplié, et sans que jamais personne ne s'approche de lui ?

    Tout simplement, une ineptie historique, qui ne s'est vérifiée et qui n'est attestée nulle par sur terre, depuis l'origine des hommes...

     

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    1. Chez Front populaire :

    "À l'approche des élections européennes, Front Populaire a voulu disséquer l'empire maastrichtien et ses multiples facettes dans son dernier numéro. Sur tous les plans, l'Union européenne étend son emprise sur les nations et prive les peuples de leur capacité à maîtriser leur destin. Y compris sur la question migratoire, à laquelle Pierre-Yves Rougeyron a consacré un article dans Front Populaire n°16 : l'Europe démystifiée – Vie et mort d'un empire. On en parle avec lui...

    "Pour les européistes, « c'est l'existence de la nation #France qui pose problème ». Entretien avec @rougeyronpierre"

     
    Pour écouter les cinq minutes de la vidéo :

    https://frontpopulaire.fr/fpplus/videos/lue-agent-du-chaos-migratoire-emission-speciale-avec-pierre-yves-rougeyron-_vco_30452083

     

    L'UE agent du chaos migratoire : émission spéciale avec Pierre-Yves  Rougeyron sur Front Populaire n°16

     

    2. À Aurélien Véron, qui publie ce message "triste" sur tweeter... :

    "À Nantes, des habitants patrouillent chaque nuit pour éviter de se faire siphonner leur réservoir, de retrouver leur véhicule vandalisé ou de se faire cambrioler par des jeunes qui ne craignent plus la police avec une mairie complètement laxiste. Triste."
     
    ...Noir Lys fait cette réponse de simple bon sens, la seule qui s'impose ici :
     
    "Un État incapable d’assurer la mission première d’un État n’est plus légitime (si tant est qu’il fut un jour légitime)" 
     
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    3. Les éoliennes ? Pour quoi faire ?... De Fabien Bouglé :

    "Quand il y a un climat doux on a trop d'électricité #éolienne conduisant à un effacement du #nucléaire. Quand on a un pic de froid les éoliennes s'arrêtent et ne répondent pas à la demande. Question : pourquoi alors installer plus d'#éoliennes en France ?"

    CQFD ! 

    Puisque l'électricité ne se stocke pas à grande échelle, les prix peuvent tomber en-dessous de zéro en période de forte production d'énergies renouvelables et de faible consommation, lorsque des actifs non flexibles (comme les centrales au gaz et, dans une moindre mesure, les centrales nucléaires) soumettent des offres négatives pour éviter les coûts de redémarrage.

     

    4. Contre cette ARCOM partisane (de la gauche, évidemment...) qui commence sérieusement à nous fatiguer... D'accord avec Gilbert Collard :

    "L’Arcom inflige à #CNews une amende de 50.000 € pour les propos de Geoffroy Lejeune selon lesquels l’antisémitisme et la surpopulation carcérale étaient des conséquences de "l’immigration arabo-musulmane" : En France, il y a une vraie fatwa contre la liberté d'expression ! On étouffe !"

    https://www.rtbf.be/article/amende-de-50-000-euros-pour-cnews-a-cause-de-propos-sur-l-immigration-arabo-musulmane-11377805

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    4 BIS. Du coup, il faut lui mettre une amende à lui aussi, non ? On se retrouve dans le sketche de Fernand Reynaud : "Allô, l'Arcom ? Pourquoi tu tousses ?..."

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    4 TER. Et, pendant ce temps-là (l'Arcom laissant faire et "regardant ailleurs"...)...

    LA DROITE MARGINALISÉE,

    LA GAUCHE SUREXPOSÉE :

    LES RÉVÉLATIONS DE L'INSTITUT THOMAS MORE SUR LE MANQUE DE PLURALISME...

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    7. Au Québec... de Nouvelle Alliance :

    "FÊTE DE DOLLARD X JOURNÉE NATIONALE DES PATRIOTES Une fois encore, nos camarades ont honoré nos traditions militantes en prenant la rue. Nous avons joint la commémoration des Patriotes de 1837-1838 à celle de Dollard des Ormeaux dans un symbole d’unification de nos mémoires."

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    Nous remercions les militants et les sympathisants ayant répondu à l’appel. Nous vous donnons rendez-vous le 19 mai 2025, armés de courage et d’énergie. Les années à suivre en requerront. Tout ne fait que commencer !

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    À DEMAIN !

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  • Société • Paul-François Schira : « Si nous en avons marre de la politique, c'est en fait parce qu'il nous en faut davant

     

    Par Paul-François Schira

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgSelon les baromètres Cevipof, moins de 10% des Français se désintéressent totalement de la politique, mais corrélativement ils lui adressent un sentiment de méfiance. Paul-François Schira analyse les causes de ce paradoxe [Figarovox, 28.12]. Il analyse en fait, bien plus encore, la crise de notre démocratie - de plus en plus formelle - et celle des sociétés post-modernes. S'il nous le permet, nous lui dirions que pour former le « nous »  - qu'il souhaite - et non pas seulement le « je » ou le « moi » dont il dresse la juste critique, la France - plus peut-être que d'autres nations - a toujours eu besoin d'une « incarnation » à sa tête. Une incarnation pérenne qui lui soit consubstantielle et ne résulte pas d'une élection. D'où notre attachement au principe dynastique qui rend encore bien des services dans d'autres pays. Le « plus de politique » qu'il nous faut, le voilà !  Lafautearousseau

     

    Les Français se désintéressent-ils de leur pays ?

    D'un côté, les baromètres de la confiance tenus par le Cevipof font figurer avec constance « la méfiance, le dégoût et l'ennui » dans les sentiments que ressentent les Français à l'égard de la politique. La fin de cette grande année électorale confirme ce désengagement : taux d'adhésion aux partis traditionnels en berne, incapacité du parti au pouvoir, En Marche !, de fédérer une base militante dans la durée, tout ceci dans le cadre d'une baisse régulière des taux de participation aux élections politiques de ce pays.

    De l'autre, les mêmes baromètres notent que seuls moins de 10% des Français ne s'intéressent pas du tout à la politique. Il faut voir les foules qui se pressent aux journées du patrimoine, ou l'engouement suscité par les œuvres puisées dans l'histoire et la géographie nationales ! Immense soif de transmission, d'appartenance.

    D'où vient ce paradoxe ?

    C'est peut-être, en première approche, la scène politique qui nous a désolés, avec ses acteurs opportunistes jouant leurs gammes pour tirer à eux les applaudissements des médias. Les « affaires », bien sûr, n'arrangent pas les choses. On s'écœure du comportement égocentré de ces hommes politiques, dont 90% des Français estiment qu'ils ne se préoccupent pas du tout de ce que pensent les citoyens.

    Mais dès lors que l'homme a toujours été homme, mélange de sublime et de mesquin, attiré par convoitise autant que par noblesse vers le pouvoir, pourquoi cette personnalisation malsaine de la politique nous semble-t-elle accentuée aujourd'hui ?

    Peut-être, en deuxième approche, parce que le spectacle des ambitions personnelles remplit un vide : celui de la pensée et de l'action commune.

    Le vide de la pensée et de l'action commune prend la forme d'un discours raisonnable. Ce discours transforme en finalités politiques les certitudes qui relèvent de l'ordre des moyens. Il semble nous signifier que l'amour de notre pays ne vaut plus grand chose dans la « vraie vie », celle de la « complexité d'un monde globalisé en pleine mutation ». Ces mutations - mondialisation, innovation, concurrence, flux financiers ou migratoires - sont posées comme inéluctables, univoques et irrésistibles ; si c'est au politique de les organiser efficacement, on abandonne aux individus, plus ou moins talentueux, le soin de leur donner un sens, ou de se faire écraser par elles - moyennant quelques allocations.

    La politique devient alors l'apanage de quelques techniciens, et se réduit à un simple divertissement « people » à l'égard du commun des mortels. C'est la forme impériale de la gouvernance qui réapparaît, et qui détruit ce lent travail de maturation qui, de Capet à De Gaulle, a façonné notre peuple et nos institutions pour former la nation.

    La nation n'est pas l'empire, ce territoire infini sur lequel une maison conquérante exerce une domination - par la coercition ou la séduction - à l'égard de ses ressources et sur ses sujets. Elle n'est pas un espace indéfini, mais un lieu particulier ; ce ne sont pas des multitudes de sujets qui y vaquent à leurs occupations, mais un peuple qui y séjourne ; ce n'est pas un lien de domination qui les tient, mais un lien d'appartenance qui s'ancre dans une culture partagée, et qui se projette dans le monde par l'expression d'une volonté commune.

    Entre les universalismes religieux de Rome et politique de Charles Quint puis des Habsbourg, la France s'est constituée en nation afin de créer un corps vivant autonome, suffisamment cohérent, dont l'angoissante quête de stabilité interne l'a rendue disposée à orienter, à peser sur et à donner du sens aux événements qui lui étaient extérieurs.

    La nation se résume en un cri: «nous voulons». Ce cri suppose un «nous» en même temps qu'un «voulons». C'est le propre de la conjugaison que d'accoler le sujet à l'action, car c'est elle qui donne du sens au langage. Il faut un nous, c'est-à-dire le sentiment d'appartenance, pour générer la confiance nécessaire à l'exercice d'une volonté. Il faut aussi une volonté, c'est-à-dire le sentiment de donner un sens à l'appartenance, pour qu'il y ait un nous. Les deux sont indissociables.

    Or à quoi assistons-nous aujourd'hui? A la dissolution du « nous », certes ; mais à la disparition du « voulons », surtout. Les deux phénomènes sont simultanés ; mais, des deux, il me semble que c'est le second qui doit jouer, dans la prise de conscience collective, le rôle de la poule. La crise de l'identité n'est que le symptôme de ce que l'on commence à ne plus savoir pour quoi, en vue de quelle finalité, nous sommes « nous ».

    L'efficacité à la place du sens

    Il est frappant de remarquer combien bon nombre de programmes politiques se focalisent essentiellement sur la question des moyens, rarement sur celle des finalités. Ils ne concernent bien souvent que la machinerie de l'Etat dont il faudrait déboucher les tuyaux, comme si une entreprise communiquait moins sur le service qu'elle rendait que sur sa manière de le rendre. Il faut rationaliser la dépense ; optimiser les recettes ; être transparent ; numériser ; simplifier ; communiquer avec pédagogie.

    L'horizon politique est remplacé par l'horizon administratif : on fait le prélèvement à la source, parce que c'est plus efficace ; et on supprimera à terme le foyer fiscal, parce qu'on a fait le prélèvement à la source. Peut-on encore s'interroger sur le sens que peut avoir un système déclaratif fiscal, ou sur celui que prend le principe d'imposition par foyer ? Un modèle s'effondre au nom de l'efficacité sans que sa finalité ne soit clairement débattue. D'où ce sentiment d'être ballottés au gré d'une catallaxie court-termiste, cette agrégation de comportements spontanés sans vision d'ensemble dont la totalité peut aboutir, mais on s'en rend compte trop tard, à une soustraction du bien-être global.

    Cette perte du sens politique au profit de l'administration des choses est due à la circonstance que l'on assimile la volonté commune au totalitarisme, dont le meilleur antidote serait l'individualisme. Hormis l'organisation efficace des moyens (les procédures juridiques, l'économie de marché), la postmodernité a fait le pari rassurant de rendre le politique aussi neutre que possible et de l'expurger de toute finalité autre que la promotion des individus.

    Nulle fin de l'histoire tranquille dans cette sortie du politique, mais plutôt un retour au chaos de l'état de sauvagerie. Le refus de concevoir même qu'il existe un commun qu'il reviendrait à l'homme de servir, c'est l'âge du narcissisme, où l'on se sert dès lors qu'on a les moyens de le faire ; où l'on cherche à retirer quelque chose du commun, plutôt que d'y ajouter ; où l'on ne cultive plus la retenue de soi laissant libre le champ du travail partagé, mais où l'on se répand aussi loin qu'on puisse aller. Lorsque la seule finalité admise, c'est la liberté de chacun sous réserve de la liberté d'autrui, alors l'espace commun se privatise, et ne se réduit plus qu'à la fine membrane qui sépare deux individus: « l'autre » devient par définition une irritation, qu'il faut manipuler, détruire, ou, dans le meilleur des cas, subir.

    Les institutions, la culture, la civilisation censées élever ces comportements perdent toute leur légitimité dès lors qu'elles se réduisent au droit et au marché, c'est-à-dire à l'organisation optimale de rapports de forces. Les chocs d'idées deviennent des chocs de personnes dès lors que ces dernières ne conçoivent plus le lieu de leur demeure commune: c'est le terreau sur lequel se nourrissent les antiques promesses de fusion communautaire recherchant l'utopique homogénéité, culturelle ou religieuse, d'individus semblables agrégés en une sorte de lobby d'intérêts.

    Le sentiment actuel des Français ne doit donc pas être pris pour ce qu'il n'est pas. Ce n'est pas parce que la France serait une vieille dame, la nation un cadre obsolète, le patriotisme un sentiment arriéré, que les Français s'éloignent de la politique. Mais, en revanche, c'est parce que les Français s'éloignent de la politique en n'y voyant plus qu'un désolant divertissement que la France risque de devenir une vieille dame, la nation un cadre obsolète, le patriotisme un sentiment « so 1945 ».

    L'indifférence marquée à l'égard du système électoral, et le succès de la proposition d'En Marche ! de dépasser les clivages gauche/droite qui en a été son corollaire, ne sont pas un plébiscite en faveur du Grand Jeu planétaire. Penser que tel est le cas, c'est prendre la conséquence d'un phénomène pour sa cause. Et cette confusion nous livre un enseignement : nous sommes tentés de nous désintéresser de la politique non parce que nous ne croyons plus en notre pays, ni même parce que les acteurs du monde politique ne font que semblant d'y croire, mais parce que nous oublions que les premiers acteurs du monde politique, c'est nous-mêmes : recréer le commun, retrouver l'honneur de le servir, relève, dans nos vies quotidiennes, familiales, associatives ou professionnelles, de notre propre responsabilité. Si nous en avons marre de la politique, c'est en fait parce qu'il nous en faut davantage.  

    Paul-François Schira est haut fonctionnaire et maître de conférences à Sciences-Po

  • La France va-t-elle continuer à faire tuer ses soldats pour défendre des pays dans lesquels ils sont insultés? par Berna

    Déjà, il y a une semaine, le 1er décembre, Bernard Lugan nous entretenait de Poutine et du retour de la Russie en Afrique (lien : http://bernardlugan.blogspot.com/2019/12/lafrique-reelle-n120-decembre-2019.html ); sur son Blog, il est revenu, hier 8 décembre, sur le sujet pour l'approfondir encore...

     

    Au Sahel, alors que des soldats français tombent pour la défense de pays menacés par le jihadisme, des manifestations désormais quasi quotidiennes accusent la France de « néocolonialisme » et exigent le départ de l’armée française… Une telle indécence a conduit le président Macron à « convier » les chefs des cinq Etats du G5 Sahel à une réunion d’ « éclaircissement » qui se tiendra 16 décembre à Pau, base du 5e Régiment d’Hélicoptères de Combat, unité qui vient de subir de lourdes pertes au Mali.

    AVT_Bernard-Lugan_2614.jpgLors de ce sommet de la dernière chance, trois points devront être abordés :

     

    1) Les accusations de « néocolonialisme » portées contre la France doivent cesser car :

     

    - L’armée française ne combat pas au Sahel pour des intérêts économiques puisque la région totalise moins de 0,25% du commerce extérieur de la France. Elle ne combat pas davantage pour son uranium. Sur les 63.000 tonnes extraites de par le monde, le Sahel n’en produit en effet que 2900... Quant à l’or du Burkina Faso et du Mali, il est extrait par des sociétés canadiennes, australiennes et turques. Au point de vue économique, le Sahel est donc inexistant pour la France.

    - La France consacre 0,43% de son PIB à l’APD (Aide publique au développement), soit un peu plus de 12 milliards d’euros en 2018 (7,8 mds de dons et 4,3 de prêts dont tout le monde sait qu’ils ne seront jamais remboursés…). Les trois-quarts le sont à destination du Sahel, soit 9 milliards d’euros directement pris dans la poche des contribuables français. Soit le prix de trois porte-avions. Employée en France, cette somme colossale aurait permis de régler définitivement la question du financement des hôpitaux et de la Justice, tout en effaçant la dette de la SNCF…

    Cependant, paraissant davantage préoccupé par le sort des habitants du Zambèze que par celui de ses compatriotes de la Corrèze, le gouvernement vient de décider, par oukase, de porter cette APD à 0,55% du PIB de la France d’ici 2022… Les « restos du cœur » n’auront donc qu’à s’adresser à la générosité publique…cependant que les « porteurs de valises » continueront à parler de « néocolonialisme » !!!

     

    2) L’armée française n’a pas pour vocation de combattre à la place des Africains. C’est ainsi que des dizaines de milliers de Maliens en âge de porter les armes vivent en France, notamment à Montreuil, « deuxième ville du Mali ». Touchant des subventions et percevant des allocations généreusement versées par le « néocolonialisme » français, ils laissent nos soldats se faire tuer pour eux… et à leur place. Le comble est qu’au sein de cette diaspora, des blogs très suivis déversent quotidiennement des tombereaux de haine sur la France et son armée.

    S’il veut être crédible, le président Macron devra donc annoncer que les animateurs de ces blogs, ainsi que leurs contributeurs les plus virulents seront expulsés de France et remis à l’armée malienne pour incorporation éventuelle.

     

    3) Trois questions devront ensuite être posées aux chefs des Etats du G5 Sahel, plus particulièrement à ceux du Mali et du Burkina Faso, le cas du Tchad étant différent car l’armée tchadienne a loyalement et efficacement combattu aux côtés de nos forces :

     

    - Combattons-nous le même ennemi ? Si oui, vous devez en fournir rapidement la preuve.

    - Désirez-vous le maintien d’une présence militaire qui coûte à la France plus d’un million d’euros par jour ? Si oui, il n’est plus question de tolérer les indécentes manifestations anti-françaises qui se déroulent à Bamako et à Ouagadougou.

    - Quels sont vos buts de guerre ? S’il s’agit du retour à l’état antérieur, quand, adossés à l’ethno-mathématique électorale, vous exploitiez vos minorités ethniques (Touareg et Peul), ce qui a provoqué la guerre actuelle, alors, votre combat n’est pas le nôtre.

     

    Les guerres du Sahel ont en effet des causes historiques, politiques et anthropologiques (voir à ce sujet mon livre Les Guerres du Sahel des origines à nos jours). Quant à l’actuel islamisme, il est d’abord la surinfection de plaies ethno-raciales que les responsables politiques des pays du Sahel refusent de fermer. Barkhane  ne peut évidemment le faire à leur place, sa présence n’ayant qu’un but : éviter la désintégration régionale.

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    http://bernardlugan.blogspot.com/

  • Traditions militaires, la prochaine bataille ?

    Salle des drapeaux, appelée familièrement « de la couronne », au Service historique de la Défense, château de Vincennes

    Par Thierry de Cruzy

    Dans un rapport parlementaire rendu public le 27 mars, les députés Christophe Lejeune (LREM) et Bastien Lachaud (FI) s’attaquent aux traditions militaires sous prétexte de lutter contre les discriminations.

    Les députés dénoncent le caractère religieux de certaines fêtes ancrées dans les traditions : « Nous croyons utile de veiller à un strict respect de la neutralité. La laïcité et la neutralité prémunissent de tout mélange des genres préjudiciable à la cohésion du groupe ». Leur objectif n’est pas seulement les traditions, ni la religion.

    Contre la croix et le croissant ?

    Pour eux « Les moyens généraux sont en effet trop souvent utilisés pour envoyer des invitations à des cérémonies catholiques. Il n’est pas rare que le courriel d’invitation à la messe en l’honneur du saint patron soit envoyé depuis la boite mail de l’unité ou depuis celle du commandant. » On se croirait revenu aux temps de l’affaire des fiches avec la chasse aux officiers allant à la messe. Dans cette logique, les députés devraient interdire les insignes avec des croix : latine (7e Brigade blindée, 1er RI, 1er RHP, …), lorraine (2e Brigade blindée, 9e DIMa, RICM, 13e DBLE, commandos marine, …). Les décorations, comme du temps des héritiers de la Révolution, devront uniquement être des croix à cinq branches sur le modèle de la Légion d’honneur. Ils ne devront pas oublier les autres symboles confessionnels comme le croissant, la croix d’Agadès ou l’étoile chérifienne. Car l’armée française respecte les croyances des soldats qui combattent dans ses rangs. La sacralisation de ses symboles n’est pas seulement l’expression de croyances, elle est légitimée par le sang des soldats. Le culte du sang et des morts est le ciment des armées. Il est sur les autels catholiques comme il est à l’Arc de triomphe dans sa forme d’autel (4 pieds et 1 plateau), les noms gravés sur ses faces et la flamme du Soldat inconnu régulièrement ranimée. « Sans le cérémonial, tout meurt » a dit Jean Cocteau, y compris l’autorité elle-même.

    Les traditions militaires ne font que refléter celles du pays. Les éliminer serait comme détruire des forteresses immatérielles, effondrant un dispositif aussi invisible qu’indispensable de l’outil de défense. Comme le fait remarquer le Gal Pinard-Legry, président de l’Association de soutien à l’armée française : « C’est ignorer l’importance que revêt l’esprit de corps au combat et qui est fondé pour une large part sur le culte des valeurs et des traditions. » Il faut être bien étranger aux questions militaires pour ne pas mesurer ce que représente la Saint-Michel pour les parachutistes ou Noël pour les légionnaires.

    Les grandes manœuvres contre les traditions

    L’armée est régulièrement la cible d’offensives destinées à saper la cohésion des troupes, quelques exemples parmi les plus récents : novembre 2018, opération de débaptisation de la promotion Général Loustaunau-Lacau des élèves-officiers de l’Ecole spéciale militaire ; septembre, reconnaissance par le Président de la République « que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires » ; mars, campagne contre les agissements sexistes au lycée militaire de St-Cyr-l’Ecole.

    Encore une fois, ce sont les traditions de l’ESM qui sont dans le collimateur de ces deux députés : « On peut citer aussi la journée de cohésion, organisée au Mont Saint-Michel par les saint-cyriens, et qui donne lieu à un baptême du sabre ou du casoar. Dans une telle journée, dont l’acmé est manifestement cette cérémonie, on peut s’interroger sur la possibilité de s’éclipser pour manifester sa différence. Autre incongruité : la participation des saint-cyriens à une cérémonie d’accueil de l’anneau supposé de Jeanne d’Arc au Puy-du-Fou ! ». Les écoles sont les cibles privilégiées de ces attaques car les traditions militaires y sont enseignées et transmises aux plus jeunes, ceux qui formeront l’armée de demain. Leurs traditionnels bahutages excitent périodiquement les garants de valeurs républicaines. Ainsi lancée au sein de l’Assemblée nationale, cette offensive vient soutenir toutes les précédentes. Et ce n’est pas un hasard si elle s’en prend ainsi à certaines des plus anciennes mémoires françaises, en effet, ces traditions militaires sont entretenues par des “familles tradi”, transmises et entretenues à travers les générations, les plus anciens ayant quitté le service depuis longtemps restant en contact avec ceux qui sont sous les armes, ainsi qu’avec ceux qui s’y destinent. Ces lignées mémorielles, qui n’ont rien de confidentiel mais n’ont pas vocation à être médiatisées, assurent la transmission de valeurs professionnelles françaises transcendant les individus comme les institutions. En affaiblissant ces structures, c’est toute l’armée qui perdrait en efficacité, ces députés peuvent l’ignorer, pas ceux qui les commanditent.

    La haine de l’ordre

    Ainsi ces campagnes ne sont que l’expression de la vieille haine contre le monde militaire et l’ordre qu’il représente, en 2013 celle du compagnon de Cécile Duflot très fier de boycotter l’invitation au défilé du 14 Juillet pendant que la ministre distribue son quota de Légions d’honneur ; celle des porteurs de valises des terroristes du FLN pendant la guerre d’Algérie ; celle des militants communistes partant, au cours des hostilités, conseiller l’encadrement des camps viet-minhs au taux de mortalité supérieur à celui des camps nazis ; celle du PCF en 1939 avec les sabotages et désertions alors que le pays est en guerre.

    Les traditions militaires ont été élaborées par ceux qui acceptent l’éventualité de la mort pour défendre le pays. Un risque qui n’est pas inhérent à toutes les professions. Bien éloigné des préoccupations matérielles ordinaires, il impose certaines règles moyennant la liberté d’adopter une conception surnaturelle de l’existence.

    Les traditions militaires ne sont pas constituées d’éléments interchangeables au gré de majorités politiques volatiles. Elles ne sont pas adoptées par un quelconque vote, elles ne peuvent pas être mises à jour comme un simple logiciel, pas plus qu’elles ne seraient disponibles “sur étagère”. A l’instar des monuments, les traditions s’inscrivent dans la mémoire longue des peuples, résultat de consensus collectifs que le législateur ne peut que désorganiser. Les mêmes politiques qui ont supprimé les frontières pour mettre les soldats dans les rues relancent les hostilités contre les traditions militaires, la longue mémoire de l’armée, l’ossature de sa cohésion. Ils mènent l’attaque depuis l’Assemblée nationale avec un député de la majorité présidentielle. Ce n’est donc pas un combat de rencontre.   

    Thierry de Cruzy

  • Théâtre & Cinéma • L'hommage de Philippe de Villiers à Jean Piat

     

    Par Philippe De Villiers

    Hommage au grand comédien décédé mardi soir à l'âge de 93 ans. Jean Piat avait prêté sa voix à la cinéscénie du Puy du Fou, et continue d'enchanter, depuis quarante ans, les visiteurs du parc vendéen. 

     

    XVMad399f8c-bc32-11e8-be44-0755e0b79ca2-200x300.jpgLe rideau est tombé. La scène est vide. Jean Piat est parti. Comme pour Gérard Philippe ou quelques autres célébrités artistiques qui étaient entrées dans les paysages de nos mémoires intimes, nous ressentons un grand trouble au plus profond de nos cœurs ; quelque chose de la Création s'en est allé.

    Jean Piat était beaucoup plus qu'un homme de scène, une figure émouvante, une présence vivante des moments forts de nos vies. Il avait, pour son art, des exigences qu'on dirait aujourd'hui volontiers désuètes. Ses colères allaient à son métier, dont il portait haut les prestiges à la manière de l'artisan chaisier de Charles Péguy. Il aimait la belle ouvrage. Il avait peu de goût pour le théâtre gesticulatoire où les metteurs en scène, cédant à l'hubris de l'époque, réécrivent les œuvres pour y loger de viles prétentions moitrinaires. Il était de l'ancienne école, celle de Jouvet ; «Le Théâtre, c'est le Verbe» : les mots, la musique des mots, la puissance des mots. Les périodes qui glissent en confidence. Les silences. Les éloquences de l'âme. Et puis ce timbre de velours et, un peu plus tard, qui vient s'y fondre, le bronze qui sonne dans les graves. La langue française en majesté.

    Nous venons de perdre un grand acteur. Il honorait de sa maestria, de ses fidélités, la «Maison de Molière». Il s'y sentait chez lui. C'était sa maison. Il y fréquentait le souvenir des légendes qui l'avaient précédé. Il était dans la lignée des grands. Le Répertoire venait à lui comme une deuxième nature. Il bouillait à la ville, consumant ses impatiences. La scène était son brasier quotidien, il respirait dans la coulisse le feu de la rampe, il avait besoin d'être ébloui pour éblouir. Il brûlait les planches. Il allait vers tous les auteurs. Il jouait tout, avec la même considération, et portait d'une même élégance, dans son petit théâtre imaginaire, les archétypes de sa parenté métaphorique qui était profondément française: le panache de Cyrano, les grandeurs de cœur de Musset, les impatiences du Fâcheux de Molière. Il était classique, il était moderne, il savait prendre le costume, humer l'esprit du temps et se lover, avec toutes les humilités nécessaires, dans les allégories de ses personnages qu'il grandissait encore par le jeu de son regard bleu d'orage et le port de sa noblesse. Il savait alterner la déclamation et les murmures les plus touchants.

    Sa vie ne fut qu'une suite de défis. Il s'attaquait à toutes les pointes du Hoc de son métier. Et il arrivait tout en haut en déposant un mot d'humour. Je l'ai même vu chanter dans «L'Homme de la Mancha», au théâtre Marigny. Il était splendide, faisant presque oublier Jacques Brel. Tout sonnait juste chez lui. Il trouvait toujours le bon ton. Quand il s'est essayé à l'écriture, il a laissé derrière lui des bonheurs de plume. C'était un conférencier et un écrivain de vraie culture, qui avait toujours la rime au bord des lèvres et savait faire chanter la langue de Ronsard. Naturellement, on retiendra surtout la haute figure du théâtre qui laisse aujourd'hui un grand vide. Que dire de cette voix qui, depuis Les Rois maudits jusqu'au Seigneur des Anneaux, est entrée dans toutes les chaumières? Toute la France reconnaît cet organe aux accents envoûtants. Pour beaucoup de Français, il était un grand voisin de génération ou de confuse tendresse. Il mêlait ses souvenirs aux nôtres. Il était de nos souvenirs. Il faisait partie de notre patrimoine d'affections et d'émotions.

    Pour quelques-uns d'entre nous, Jean Piat ne fut pas qu'un acteur ou un metteur en scène. C'était aussi un ami, exigeant et délicat. J'ai eu la chance de pouvoir l'approcher, un scenario sous le bras, dans sa loge, au Français. J'étais étudiant, je tremblais de tous mes membres. C'était au mois de novembre 1977. Il m'a ouvert sa porte puis il m'a écouté et regardé dans les yeux, par-dessus ses petites lunettes Grand-Siècle. J'ai commencé à lui parler de ma création artistique du Puy du Fou. Très vite, il m'a interrompu: «Vous avez la flamme, vous êtes un drôle d'énarque! laissez-moi vos textes! c'est oui! je viendrai au Puy du Fou». Ainsi Jean Piat devint l'un des premiers défricheurs de cette aventure.

    S'il peut arriver, dans des moments rares, qu'une seule voix, sur une humble colline de hêtres, parvienne à résumer une œuvre, lui donner son souffle, son élan, habiller son Verbe de lyrisme, alors la voix de Jean Piat illustre, incarne à elle seule, l'aventure artistique du Puy du Fou.

    Depuis quarante ans, sur les affleurements de granit, cette voix ne se couche jamais. De jour comme de nuit, elle est partout présente dans les allées du Légendaire français.

    Cette parole qui vient du fond des âges et n'a jamais vieilli, renouvelle sans cesse, dans le cœur de nos hôtes et mémoires en manque, les frissons de nos romances, en leur donnant forme humaine.

    Hélas, Jean Piat vient de s'éteindre. C'est un monument du théâtre et du cinéma qui disparaît. Un pan de la Comédie française qui s'abîme dans les silences éternels.

    Pour le Puy du Fou, c'est un choc. Il était de la famille, depuis le premier jour, il fut le premier Puyfolais «hors-les-murs». Le premier qui accepta d'offrir son talent à l'œuvre en gestation, en allant enregistrer, dans un studio de fortune, les intonations inaugurales et les premiers serments de la prosopopée puyfolaise.

    Il restera dans la mémoire puyfolaise comme l'un des pionniers de cette grande aventure humaine et culturelle dans l'intimité de laquelle il se reconnaissait, et à laquelle il ne cessa de manifester son attachement et sa tendresse. Son souvenir est impérissable.

    Jean Piat est parti rejoindre, dans le mystère de la voie lactée, les petites lucioles de tous ses admirateurs disparus. Mais il nous a laissé sa voix en dédicace.

    Elle est immortelle, intemporelle, c'est une voix de l'âme française qui ne mourra jamais.  

     

    Philippe De Villiers

    Philippe de Villiers, ancien ministre, est écrivain et créateur du célèbre parc du Puy du Fou, à la renommée internationale.  

     
  • Mai 68 : Ce menaçant Monsieur Cassin [1]

    « Reçu à l’Elysée avec les membres du Conseil constitutionnel au début de l’année 1968, il aurait déclaré au Général de Gaulle : je considère que la position que vous avez prise, les propos que vous avez tenus au sujet du conflit israélo-arabe, ne sont pas acceptables de la part du Chef de l’État. Je vous le dis respectueusement mais fermement. […] Monsieur le Président, je suis inquiet, très inquiet pour l’avenir. En réalité, l’ancien " ami fidèleʼʼ, était devenu un opposant, qui écrivait après le discours prononcé par Charles de Gaulle à Montréal le 24 juillet 1967 : ʽʽIl n’appartient pas à des Français de peser sur les décisions d’une population qui a, sans notre concours, prouvé sa capacité de vivre et qui est très à même de savoir disposer de son sortʼʼ. » 

    Daniel Amson, De Gaulle et Israël, Paris, PUF, 1991, p. 53-54. 

     

    Cet épisode, où René Cassin avertit d’une façon véhémente le général de Gaulle qu’il est inquiet pour son avenir, est jusqu’ici passé inaperçu parmi ceux qui, historiens ou sociologues, se sont essayés à identifier les causes profondes de l’irruption de Mai 68. Cassin signale à de Gaulle qu’il a largement franchi la ligne rouge et qu’il va bien assez tôt en payer le prix, ce qui suggère que ce personnage a pu être l’un des instigateurs occultes du mouvement de mai-juin 1968.

    Dans la famille des élites globales mobiles, Cassin est le juriste. Expert ès droits de l’homme, spécialiste du droit international, il fut chargé par elles de rédiger la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DUDH), proclamée le 10 décembre 1948 à Paris par la toute jeune Organisation des nations unies (ONU). 

    Les origines 

    René Cassin voit le jour à Nice le 5 octobre 1887. Il naît dans « une famille de classe moyenne juive prospère qui avait fait fortune au milieu du XIXe siècle »[1]. Sa famille est typique de ce qu’on appelait alors les « israélites français », ces juifs assimilés à culture républicaine. Cela faisait longtemps qu’elle vivait sur le sol hexagonal : « Les Cassin étaient venus à Nice entre 1840 et 1860, mais leurs ancêtres vivaient dans le sud de la France depuis des générations. »[2] Les Cassin sont au fond des juifs libéraux, soucieux de conserver leurs racines religieuses tout en se montrant résolus à se fondre dans le moule républicain. « Comme son père, René accomplit les rites juifs de passage à la responsabilité personnelle, la bar-mitzvah. Son oncle Honel Meiss lui apprit à lire les passages des prophètes et de la Torah »[3]. René, en outre « républicain et libre penseur comme son père, […] est assez détaché de la tradition pour faire sa vie avec une femme qui n’est pas juive. »[4]           

    Très bon élève, il obtient son baccalauréat à 17 ans. En 1904 il s’inscrit en droit et en histoire à la faculté d’Aix-en-Provence. C’est un étudiant brillant : en 1908 il « monte » à Paris pour achever ses études de droit qu’il finance en travaillant pour le Recueil des lois et décrets. En 1914 il termine ses études titulaire d’un doctorat de droit civil. Sa thèse porte sur la théorie des obligations. 

    Parcours politique et professionnel 

    Politiquement, René Cassin se situe à gauche. Il fut d’ailleurs l’ « un des rares notables de gauche à rallier de Gaulle »[5]. À la manière d’un Pierre Mendès-France ou d’un Romain Gary, il n’a « jamais adhéré au gaullisme partisan »[6]. Son meilleur ami est Paul Ramadier, qui est un militant socialiste et un journaliste à LʼHumanité. Lui penche pour le radicalisme. Mais son engagement politique est plutôt tardif. En 1931 il s’inscrit à la section du Ve arrondissement de Paris du parti radical. « Cassin ne fit pas seulement acte de loyauté envers le parti radical-socialiste, mais aussi envers son président, Édouard Herriot, qui l’avait nommé huit ans plus tôt à la délégation française à la SDN. »[7], c’est-à-dire la Société des nations, ancêtre de l’ONU. 

    C’est d’abord son parcours de juriste qui prime, notamment tout ce qui touche au droit international, qu’il voit comme le meilleur outil pour œuvrer à la paix. Incontestablement, l’épreuve de la Grande guerre a compté dans son soutien en faveur d’une instance internationale de délibération et de règlement des litiges. Mobilisé le 1er août 1914, il est blessé suffisamment tôt pour ne connaître « ni Verdun, ni la Somme, ni les gaz, ni le pilonnage des tranchées. »[8] Réformé, sa carrière de professeur de droit peut commencer. De 1916 à 1919 il est chargé de cours de droit civil et pénal à l’université d’Aix. Il est reçu en 1920 à l’agrégation de droit privé et de droit criminel. Il est d’abord affecté à la faculté de Lille, jusqu’en 1929, puis celle de Paris. 

    L’entre-deux-guerres et la SDN 

    L’expérience vécue par René Cassin durant la Première Guerre mondiale l’amène à prendre à bras le corps la cause des anciens combattants et des mutilés de guerre. Dans les années 1920 il lance un mouvement international des anciens combattants dont le siège se trouve à Genève. À partir de 1924 il devient également membre de la délégation française à la SDN, jusqu’aux accords de Munich (1938) qui signent l’échec du projet. Au sein de la SDN, Cassin intègre « un groupe d’hommes qui développaient des perspectives internationalistes, de formation juridique pour la plupart »[9] et formaient ainsi une coterie d’élites globales mobiles favorables à une gouvernance mondiale guidée par les principes humanistes de la république universelle, ou éthique des droits de l’homme. 

    « Dès le début, Cassin est un partisan de la Société des Nations. […] [I]l avait l’inébranlable conviction que la seule façon d’empêcher le retour de la guerre était de forger un ordre international qui proscrirait le recours aux armes quand grandiraient les tensions internationales. Il partageait le point de vue de lord Grey, ministre britannique des Affaires étrangères, qui répétait que si seulement il y avait eu, dans l’été 1914, un lieu, une institution où les grandes puissances auraient pu exposer leurs griefs, la guerre n’aurait jamais éclaté. C’est cette même conviction qui fait que, après 1918, Cassin et beaucoup d’autres anciens combattants se tournent vers Genève et la jeune SDN. »[10] Mais la SDN disparaît vite et l’ascension d’Hitler menace la paix. Pour René Cassin, quand la Seconde Guerre mondiale éclate, les Alliés sont engagés dans une « croisade des droits de lʼHomme »[11], suggérant implicitement que ce conflit avait une nature religieuse. (A suivre).   

    [1]  Antoine Prost, Jay Winter, René Cassin et les droits de lʼhomme : le projet dʼune génération, Fayard, Paris, 2011, p. 25.

    [2]  Ibid., p. 26.

    [3]  Ibid., p. 33.

    [4]  Ibid., p. 41.

    [5]  Serge Berstein, Pierre Birnbaum (dir.), De Gaulle et les élites, Paris, La Découverte, 2008, p. 39.

    [6]  Ibid., p. 68.

    [7]  Antoine Prost, Jay Winter, op. cit., p. 108.

    [8]  Ibid., p. 43.

    [9]  Ibid., p. 94.

    [10]  Ibid., p. 81-82.

    [11]  Ibid., p. 137.

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    Dossier spécial Mai 68

  • Vu sur le blog ami de la Couronne, Mgr le Comte de Paris : « Il nous faut retrouver le temps du Politique »

    Lorsque l’Union soviétique a disparu, la “fin de l’Histoire” devint une thèse à la mode, qui permit de broder avec optimisme sur les bienfaits de la mondialisation. Trente ans plus tard, il nous faut constater que l’histoire a continué de suivre son chemin. Comme toujours, l’Histoire résulte des relations entre les empires et les nations – des dialogues et des conflits qui se nouent et se dénouent au fil des alliances, des épreuves de force et des guerres.

    On s’étonne, on s’effraie ou bien on se réjouit d’évènements réputés inouïs alors que des décisions qui paraissent soudaines s’inscrivent dans la continuité d’une histoire millénaire ou pluri-centenaire. En Chine comme en Russie, le communisme n’a pas été une finalité mais le moyen de réaffirmer, par la contrainte, une volonté de puissance impériale. Depuis trente ans comme depuis toujours, la Chine, comme la Russie, n’ont cessé d’agir selon leur propre ambition historique. Ne pas comprendre cette inscription des États dans le temps long, avant tout jugement sur leurs références doctrinales et leurs modes d’action, c’est se condamner à subir les événements.

     

    Il est bien sûr possible de refuser tout regard sur le passé, en invoquant l’absolue nouveauté du monde moderne. Tout ce qui est important, voire décisif, semble fonctionner dans l’instant, en vue d’une utilité manifeste et d’un rendement immédiat : ce n’est plus la mémoire historique – religieuse, politique – et la mémoire humaine des techniques qui décident de nos choix mais les ordinateurs qui gèrent des flux incessants de données, de véhicules, de marchandises et, bien sûr, d’argent. A quoi bon penser selon le temps long, puisque les pulsations du monde se comptent en secondes ou en nanosecondes ? “Mobilité” est devenu un mot d’ordre contre lequel il paraît ridicule de s’insurger.

     

    Voici vingt ans, l’impératif de rotation des capitaux, des produits ou des équipes managériales a même gagné nos institutions politiques, par le biais de la réduction à cinq ans du mandat présidentiel. Pourtant, au rebours de ce “bougisme”, l’Union européenne a voulu s’ériger en “marché unique” régi par des normes fixes, comme si les mouvements de l’histoire pouvaient se couler dans la machinerie complexe des traités et des règlements.

     

    C’est ainsi que la France s’est retrouvée et se trouve encore dans une situation délicate. État-membre de l’Union européenne, elle a subi comme ses partenaires les grandes crises du continent – la dislocation de l’Union soviétique, l’éclatement de la Yougoslavie – sans parvenir à faire prévaloir pour l’ensemble du continent européen, les solutions qui lui inspiraient sa très longue histoire nationale. Face à l’Allemagne, elle s’est résignée à une posture défensive concrétisée par le traité de Maastricht, elle a suivi le mouvement dirigé par les États-Unis au Moyen-Orient et elle s’est désintéressée de la Russie alors en proie à une gestion chaotique. Assumée par des présidents de droite ou de gauche, la présidence quinquennale a favorisé des politiques à court terme en matière de relations internationales, le chef de l’État se consacrant aux affaires bruxelloises et à la politique intérieure. Ces tendances ont été aggravées par la confusion entre la fonction présidentielle et le rôle dévolu au Premier ministre alors que la Constitution de 1958 avait opéré une très nette distinction entre le président de la République – en charge de l’essentiel et assuré d’une durée spécifique dans l’exercice de ses fonctions – et le Premier ministre occupé à déterminer et à conduire la politique de la Nation pour la durée d’une législature.

     

    Cette réduction du champ de la vision politique est inquiétante dans la mesure où, à l’encontre des prophéties à la mode voici trente ans, la mondialisation des techniques et la globalisation financière n’ont pas empêché les grandes puissances nationales ou impériales de jouer leur jeu sur la planète. La Chine place ses pions comme un joueur de go, selon une stratégie qui est à l’échelle du siècle. La Russie intervient à nouveau hors de ses frontières, selon ses ambitions nationales. Les États-Unis demeurent présents sur tous les théâtres selon leur conception traditionnelle du commerce et de la guerre. Partout l’histoire est en mouvement, par la volonté d’États qui inscrivent leurs actions dans les grandes espaces et dans le temps alors que la France, tenue par une Union européenne frappée d’inertie, ne sait pas comment jouer son rôle spécifique dans le concert des nations.

    Pourtant, il est urgent de ne plus attendre. La France a de nombreux atouts. Son existence millénaire lui donne une intelligence exceptionnelle des relations internationales et le fait qu’elle soit une grande nation sans volonté de puissance impériale devrait lui permettre de jouer un rôle décisif dans l’équilibre et la composition des États en vue des actions communes imposées par les impératifs sociaux et écologiques.

     

    Une ambition nationale articulée aux enjeux mondiaux peut réunir les Français si nous parvenons à retrouver, par nos institutions politiques et administratives, le sens de la temporalité politique. Il suffit de reprendre les mots inscrits dans notre Constitution et de leur redonner sens. Il faut le temps de l’arbitrage, qui est celui de l’écoute et de la réflexion. Il faut le temps de la conduite au jour le jour de la politique nationale qui devrait être précédé, comme naguère, de la formulation des projets qui suppose la délibération des citoyens et le moment des choix démocratiques. Il faut la continuité de l’administration et des services publics pour que les citoyens soient assurés de vivre en sécurité selon une organisation générale qui vise leur bien-être.

     

    La confusion des temps provoque la confusion des domaines et le mélange des fonctions. C’est ainsi que l’on perd toute possibilité d’influer sur le cours de l’Histoire. Il nous faut retrouver le temps du Politique, qui ne garantit pas le succès mais qui ouvre sur l’avenir.

    Jean, Comte de Paris
    Le site de Mgr le comte de Paris

  • Vers la faillite de l’Occident et de la France macronienne !, par Marc Rousset

     

    « Notre industrie s’effondre, le commerce extérieur est catastrophique, l’insécurité est colossale, l’école est à la dérive. Et la première mesure proposée par LREM est d’inscrire le droit à l’IVG dans la constitution que personne ne conteste en France. Au-delà du pitoyable. Terrifiant. » Tel est le judicieux constat de Christian Saint-Étienne auquel il convient d’ajouter l’hallucinante invasion migratoire, le taux de natalité insuffisant des Français de souche, la décadence sociétale, le déficit public insoutenable, l’endettement stratosphérique, des prix exorbitants de l’énergie avec des rationnements en vue pour l’hiver, l’inflation, la récession, la stagflation, la faillite économique ainsi que l’explosion politique et sociale à venir !

    lfar rousset.jpgSur les marchés, les craintes de récession s’ajoutent à celles de l’inflation. En maintenant les taux artificiellement bas avec leur politique de rachats de titres obligataires tout en créant de la monnaie, les banques centrales ont créé des bulles qui sont en train d’exploser ; les actions et les obligations dévissent de concert. Depuis le début de l’année, le Nasdaq des valeurs technologiques a plongé à Wall Street de 27 %, l’indice très représentatif du Standard & Poor’s de 19%, l’EuroStoxx 50 de 19 % et le CAC 40 de de 15 %.
    Agustin Carens, le directeur général de la BRI, la banque centrale des banques centrales, souligne la gravité de la situation : « La combinaison actuelle d’une forte inflation et de niveaux d’endettement historiquement élevés est sans précédent ». Et il ajoute : « Pendant trop longtemps, la politique budgétaire et monétaire a été la solution économique à privilégier, entraînant une croissance alimentée par la dette. Elles sont désormais à bout de souffle. »

    Le regretté François Fillon avait déjà eu le courage de nous dire, il y a dix ans, qu’il était à la tête d’un État en faillite ! Aujourd’hui, même le mielleux et hypocrite Bruno Le Maire vient enfin de reconnaître que « la côte d’alerte pour l’endettement de la France est atteinte ». La dette française s’est accrue de 90 milliards d’euros au premier trimestre pour atteindre 2 900 milliards d’euros et bientôt plus de 3 000 milliards, suite à trente ans d’incurie des élites bien pensantes et d’hommes politiques insouciants, irresponsables. L’époque n’est toujours pas aux économies avec la surenchère démagogique électorale des politiques du pouvoir d’achat de LREM, RN et LFI, par opposition au parler vrai d’Eric Zemmour.

    Tant que les taux d’intérêt augmenteront moins vite que l’inflation et la croissance, la charge de la dette sera soutenable, mais les taux d’intérêt français peuvent s’envoler si la BCE est incapable de les maîtriser, compte tenu de sa nouvelle politique monétaire. Agustin Carens, le directeur général de la BRI, craint aussi pour les taux de croissance : « Au fur et à mesure que la politique monétaire se resserre, des tensions avec la politique budgétaire vont apparaître. A mesure que la normalisation monétaire s’accélère, les taux de croissance seront plus proches des taux d’intérêt, voire inférieurs à ceux-ci. » L’inflation, dès septembre, sera au minimum de 7% en France.

    La France connait déjà son plus grave krach sur les obligations depuis 1994 et se dirige à grands pas vers une situation à la grecque avec le technocrate irresponsable et manipulateur Macron à la barre. Il semble en fait que la France va connaître le scénario noir envisagé par la Banque de France avec les hypothèses probables de la prolongation de la guerre en Ukraine et d’un arrêt total des importations européennes de pétrole et de gaz, suite à l’effet conjugué de la politique suicidaire des sanctions et des représailles inévitables, méritées de Poutine. Il y a risque grave de crise financière avec un déficit commercial de 100 milliards d’euros, un déficit public de 6 % du PIB en 2022 et des taux d’intérêt qui remontent.

    La zone euro se dirige tout droit vers la stagflation, une inflation de 8,1% et un basculement inévitable dans la récession en cas d’arrêt complet des livraisons de gaz russe. La BCE qui affirme vouloir mettre fin, avec son nouvel instrument anti-fragmentation, aux écarts de taux obligataires élevés par rapport à l’Allemagne des pays tels que l’Italie, l’Espagne, le Portugal et très bientôt la France, fait face à un dilemme impossible à résoudre : si la BCE achète de nouveau les titres de la dette des pays menacés pour faire baisser les taux, elle augmentera alors la masse monétaire ; donc l’inflation augmentera de nouveau tout comme la dévaluation de l’euro par rapport au dollar.

    De plus, Christine Lagarde vient d’affirmer lors d’un colloque à Sintra (Portugal) que l’instrument anti-fragmentation reposera avant tout sur une politique budgétaire saine des États alors que dans la plupart des pays, les dépenses publiques ne font qu’augmenter avec les mesures de préservation du pouvoir d’achat. La BCE, selon Lagarde, ne peut plus être le seul acteur à agir dans la tempête : « Les gouvernements responsables de la politique budgétaire doivent jouer leur rôle dans la réduction des risques. » Le nouvel instrument ne pourra donc être mis en place que si les Etats prennent des mesures budgétaires draconiennes et donnent des garanties suffisantes à la BCE. Il se trouve que c’est un problème insurmontable à régler pour les gouvernements car la dette des États européens en voie de banqueroute est déjà trop élevée avec des déficits publics qui augmentent au lieu de diminuer ! Lagarde émet donc des vœux pieux irréalistes et n’obtiendra jamais ses garanties de remèdes de cheval, de réformes structurelles pourtant indispensables de la part de la France et de l’Italie !

    De plus, elle affirme qu’empêcher les écarts entre les taux d’emprunts des États souverains est un préalable « à la remontée des taux autant que nécessaire » : cela signifie donc qu’en fait Christine Lagarde ne pourra pas remonter les taux à court terme et que même si elle pouvait les faire remonter, il ne faudrait pas que les taux augmentent trop, afin d’éviter une récession. L’inflation va donc continuer de plus belle ! Cela sent donc de plus en plus, non seulement l’inflation et la récession, mais l’explosion à terme de la zone euro et l’hyper-inflation, style Allemagne en 1923 !

    La situation actuelle est un imbroglio d’autant plus complexe à comprendre qu’après avoir été laxistes pendant des années depuis 2008 avec le « QE quantitatif » créateur de monnaie et porteur d’inflation, les banques centrales se plaisent actuellement à jouer subitement au grand méchant loup avec l’inflation, mais elles changeront très vite leur fusil d’épaule aux premiers signes de krach ou de récession. Pour l’instant, on se dirige pour l’automne vers un taux de 2,25% pour la Fed et de 0,25% pour la BCE. Mais à terme, après avoir joué aussi longtemps avec le feu, la situation deviendra un jour incontrôlable pour les banques centrales ; la plaisanterie de toujours reporter les échéances sans jamais résoudre les problèmes ayant suffisamment duré depuis 2008, la catastrophe finira par arriver sans prévenir !

    Le très grand fonds spéculatif américain Bridgewater de Ray Diallo prend des positions vendeuses à la baisse de 9 milliards d’euros en misant sur une récession à venir en Europe. S’il y a pénurie, rationnement et coupures, suite à l’arrêt des fournitures en énergie par la Russie, il y aura aussi une hausse importante des prix qui entraînera une récession. L’inflation est le « plus grand poison » de l’économie et le risque de récession augmente selon le PDG de la Deutsche Bank. Merci Macron et l’UE pour vouloir faire une guerre en Ukraine qui n’est pas la nôtre, mais celle de l’Amérique, une guerre contraire au bon sens et aux intérêts géopolitiques les plus élémentaires de la France, ce qu’avait très bien compris et anticipé le général De Gaulle !

    Aux États-Unis, la Fed envisage la récession, même si elle parle officiellement d’un ralentissement nécessaire de l’économie pour vaincre l’inflation élevée de 8% qui a surpris aussi bien Jerome Powell , le Président de la Fed , que Janet Yellen, la secrétaire au Trésor. L’immobilier commence déjà à s’écrouler, suite à la montée des taux hypothécaires à 6%, comme en 2007/2008, au début de la crise des subprimes, car les acheteurs américains empruntent avec des taux variables. Les États-Unis jouent donc eux aussi avec le feu.

    La bulle des actions et des obligations qui a mis 14 ans pour se former, avec 25 000 milliards d’achats d’obligations par la Fed, la Banque du Japon, la BCE et la Banque d’Angleterre, peut éclater violemment dans les mois qui viennent avec une dépression économique à la clé. La dette fédérale publique américaine, de l’ordre de 30 000 milliards de dollars, est passée de 35% du PIB en 1980 à plus de 129% aujourd’hui. Quant à la dette des entreprises non financières américaines dont 70% est classée juste au-dessus des obligations pourries (« junk bonds »), elle est passée de 9 000 milliards de dollars en 2006 à 18 000 milliards de dollars. Il se trouve également qu’en 1929, la dette fédérale publique des États-Unis était presque nulle. Autres cygnes noirs : Le géant des cosmétiques Revlon est en faillite tout comme le marché spéculatif des crypto-monnaies. Le monde pourrait assister à une succession de défauts de paiement, avec une inflation galopante que les taux d’intérêt insuffisants des banques centrales ne pourront pas contrôler. Il y a 40 ans, Paul Volcker avait dû laisser monter les taux d’intérêt jusqu’à 20% pour juguler l’inflation.

    Quant à la Chine, elle connaît sa pire crise économique depuis 30 ans avec de très faibles taux de croissance. La dette nationale de l’Italie s’élève, elle, à 3200 milliards de dollars avec un ratio d’endettement de 156% du PIB et un taux obligataire de 4%, soit une élévation de 1,5% en un mois. Les paroles apaisantes de Lagarde et les outils politiquement irréalistes anti-fragmentation de la zone euro n’empêcheront pas l’explosion à venir de l’Italie. Draghi en personne va bientôt rendre son tablier. Et pour couronner le tout, l’exemplaire Japon, avec un niveau d’endettement astronomique de 260 % du PIB, se trouve pris au piège infernal de la dette, avec sa dette publique de 7 500 Milliards de dollars, des taux actuels de zéro % et la montée des taux à venir. Le yen est déjà en train de plonger, ce qui déstabilise toute l’Asie. La bombe mondiale prête à exploser, c’est la perte de valeur et l’écroulement, avec la montée des taux, d’un marché obligataire de plus de 250 000 milliards de dollars !

    Toutes les grandes banques européennes et américaines sont exposées à cet effondrement à venir des obligations qu’elles ont à l’actif de leurs bilans, avec comme conséquence des pertes financières gigantesques et la disparition de leurs capitaux propres. Mais cette fois-ci, ce ne sera plus comme en 2008, car les banques centrales ne pourront plus intervenir pour les sauver ! Les oies n’ont sauvé le Capitole qu’une seule fois ! Le risque des banques est d’autant plus grand qu’il faut ajouter au risque de perte de valeur des obligations et des actions, comme l’a fait remarquer l’ancien Directeur de la Banque d’Angleterre Mark Caney, les pertes gigantesques à venir des produits dérivés hors bilan. C’est la raison pour laquelle William Engdahl estime dans une excellente étude publiée par le Saker francophone qu « ’un tsunami financier planifié à l’échelle mondiale vient de commencer ».

    Dans un tel contexte explosif, il faut être complètement fou, être à la remorque des États-Unis et s’appeler Macron ou Van der Leyen, pour se lancer dans une politique suicidaire de sanctions économiques contre la Russie, alors que le conflit en Ukraine ne concerne directement la France en rien ! Les sanctions occidentales sont l’étincelle de trop qui pourrait mettre le feu aux poudres encore plus vite que prévu ! Poutine, lui, n’est pas fou, mais bien au contraire, un grand homme d’État courageux, le dos au mur, qui se bat pour sauver son pays agressé par les États-Unis et l’OTAN depuis la chute du mur de Berlin. Ce sont les seuls États-Unis qui sont à l’origine du conflit car ils recherchent l’hégémonie mondiale avec le bras armé d’un OTAN en expansion sans fin vers l’Est, y compris l’Ukraine !

    Les sanctions avec la perte du marché russe pour de grandes entreprises françaises, l’augmentation exponentielle des prix de l’énergie, avec du gaz de schiste américain plus cher et véritable catastrophe écologique par rapport au gaz russe, les menaces de rationnements du gaz et de l’électricité prévus en hiver coûtent donc infiniment plus chers aux Français qu’à la Russie ! Les Américains peuvent fournir, en gaz de schiste par bateaux méthaniers, seulement 15 milliards de m3 à l’Europe, alors que Nordstream 1 et 2 pourraient fournir par gazoducs 110 milliard de m3 à l’Europe, soit 8 fois plus !!! Les prix du charbon en Asie atteignent un record et le Pakistan se trouve aujourd’hui dans le noir et sans électricité parce que l’Europe achète tout le gaz disponible afin de remplir ses cuves avant l’hiver. L’Allemagne et la France sont obligées de relancer les centrales à charbon qui polluent (1058 grammes de CO2 contre 6 grammes pour le nucléaire par kwh). Enfin, un nouveau Lehman Brothers pour couronner le tout, avec l’explosion du marché des produits dérivés du gaz, n’est pas à exclure !

    Comme le remarque très justement Renaud Girard dans Le Figaro, les Européens se tirent une balle dans le pied ! Seul Viktor Orban est resté lucide avec ses paroles prophétiques : « Le monde est au bord d’une crise économique. La Hongrie doit rester en dehors de cette guerre en Ukraine et protéger la sécurité de ses familles. »

    Suite à l’inconscience des élites politiques qui nous dirigent depuis le décès de Georges Pompidou, nous vivons en fait actuellement une période prérévolutionnaire sur le plan politique et nous sommes à la veille d’une gigantesque crise économique et financière qui, à elle seule, sera suffisante pour faire exploser la France ! Alors de grâce, prenons les premières mesures structurelles pour redresser économiquement la France et laissons seule l’Amérique pratiquer la politique des sanctions économiques, en arrêtant de fournir de armes lourdes aux Ukrainiens qui ne feront qu’augmenter le nombre de morts ! La Russie dans le Donbass a déjà réalisé « sa percée de Sedan » et virtuellement déjà gagné la guerre engagée contre elle par l’Amérique impérialiste et l’OTAN, depuis la chute du Mur de Berlin en 1989 !

  • À quand une vraie politique nationale ?, par Hilaire de Crémiers.

    Les ouvriers sont les premiers à exprimer un nationalisme économique spontané.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Le drame qui vient devrait se traduire par un réajustement de la donne politique. Est-ce possible ?

    L’échec est cinglant. Comme si l’univers entier, y compris les virus et les pandémies, s’était chargé de le désavouer ! Comme si les évènements s’étaient appliqués à se mettre eux-mêmes en travers du « projet » macronien, « son grand projet », celui dont il proclamait d’une voix de tête lancée à la folie : « c’est mon projet ».

    hilaire de crémiers.jpgVoilà trois ans que ce jeune homme, imbu de son rêve personnel, est arrivé au pouvoir. Tout devait changer sous l’impulsion de son programme résolument novateur : un progressisme libéral hautement revendiqué, appris et concocté dans les meilleures écoles de la République, tellement attrayant, tellement conquérant qu’aucun obstacle n’y pourrait résister. C’était la voie de l’avenir. Et ce n’était pas seulement la France, c’était l’Europe, c’était le monde dans son ensemble qui ne pouvaient qu’être transformés, transfigurés par une telle illumination ; une affaire de quelques mois, tout au plus de quelques années. Il suffisait de l’écouter ; c’était pour ainsi dire déjà accompli. Le monde ébaudi n’avait plus qu’à saluer.

    Une mystique de fou

    Qu’on se souvienne de sa profession de foi en Sorbonne en septembre 2017, intitulée « Initiative pour l’Europe » : c’était autant de béatitudes édictées pour l’heureux avènement de ce nouveau royaume, tout au long de l’énumération de ce qu’il appelait les chantiers de « son projet européen » qu’il allait ouvrir et mener à terme pour construire enfin « l’Europe souveraine, unie, démocratique », maîtresse de son destin, dont lui seul, dans la suite des pères fondateurs, les prophètes des temps jadis, avait su garder la bonne nouvelle afin, lui encore et toujours, d’en faire aboutir le dessein quasi christique, là, maintenant, au cours de son fulgurant quinquennat. Il n’hésitait pas à se figurer lui-même menant de haute main cette aventure politique et mystique, y voyant tout simplement l’accomplissement de sa vocation et, par la même occasion, la preuve de son propre génie. Du Bonaparte pour notre temps, et qui se croit vraiment un être providentiel, celui grâce à qui les temps si longuement promis vont enfin se réaliser. Moi, je vais… parce que, moi, je suis…Toujours la même chanson, comme une ritournelle en France, et qui fonctionne toujours, et à laquelle n’a échappé, pour ainsi dire, aucun homme politique, même parmi les plus médiocres. Souvenez-vous de Mitterrand, Chirac, Sarkozy en 2007 et Hollande en 2012, plaçant l’Europe future à construire en tête de leur programme… et tout le tralala qui va avec… Que de phrases, que de grands mots !

    Alors un Macron !… À la vérité, une perpétuelle parodie de religion – car qu’est-ce d’autre que cette République et cette Europe, sans cesse fantasmées, sinon des mythes religieux ? – et qui se couvre du grand mot de laïcité, pour duper les esprits crédules des électeurs et des citoyens, à qui il est dispensé de mirifiques programmes politiques pour alimenter leurs passions et dont les imaginations s’excitent à de si grandioses perspectives messianiques. Macron est, de ce point de vue, la dernière illustration, ô combien topique, de ce confusionnisme typiquement républicain et fâcheusement français : « Tantum religio potuit suadere malorum ».

    Qu’on se souvienne encore de son époustouflante annonce prophétique au forum économique mondial de Davos en janvier 2018, où, se présentant en toute simplicité comme le vainqueur historique en France de l’hydre populiste et nationaliste, il en offrait généreusement lui-même le modèle à l’Europe et au monde dans toute la force et la grâce de ses héroïques vertus pour parachever les exploits de ses travaux herculéens et ainsi purger définitivement la planète de l’infection abominable des monstres qui ne cessaient de menacer, de manière récurrente, la paix sociale et internationale. Il déterminait « les piliers » de « sa stratégie » décisive, toute axée sur « des bouleversements nécessaires », Macron, dans son audace de pensée, n’hésitant jamais devant le grotesque de métaphores incohérentes, exaltation divinatoire oblige ! De cinq ans en cinq ans, précisait-il, il se proposait à chaque niveau, national, européen, mondial, où il se plaçait successivement en acteur principal, de garantir par son efficacité technique, dans le cadre d’un capitalisme rénové et moralisé, une mondialisation « heureuse » et « vertueuse », deux adjectifs qu’il accolait avec jubilation ; selon la pente naturelle de son esprit évangélisateur, il prolongeait ses sublimes considérations du moment, tout à la fois, en philosophie politique et en morale pratique, sans doute à la manière de Paul Ricoeur, son maître prétendu, ou, mieux encore, d’Emmanuel Kant, cité par lui en conclusion dans sa version orale, comme modèle de pensée agissante, capable de renouveler le cœur de l’humanité ; ce qui en dit long sur son propre subjectivisme idéaliste, explication indubitablement congrue du vice fondamental de sa pensée. Ah, Dieu nous préserve des philosophes de quatre sous qui prétendent régenter le monde !

    Pourquoi rappeler ces discours-programmes du début du quinquennat de Macron et qu’il livrait superbement au public du haut de son magistère comme la révélation même de sa doctrine de salut et le dévoilement de son œuvre future, planifiée dès l’origine, de rédemption du monde ? Pourquoi chercher à saisir les raisons profondes de son engagement si total en politique, conçu comme une manière d’incarnation personnelle, qu’il justifiait à chaque instant en invoquant l’impérieuse nécessité de triompher du mal, ce mal du repli sur soi, du souverainisme national, ce mal insupportable des frontières, de l’économie limitée et fermée, ce mal tragique du refus de l’ouverture au multiculturalisme, comme aux progrès évidents de l’éthique sociétale, Mal absolu qu’il désignait et stigmatisait avec véhémence, cet ensemble des forces mauvaises partout à la manœuvre dans le monde et qu’il osait, seul, affronter face à face ?

    La vérité politique essentielle

    Parce qu’en deux ans la réalité a totalement contredit sa vision. Rien ne s’est passé comme il l’a prévu ou prédit. Rien de rien ! Sa chimère a été démentie par les faits. Sauf qu’il a contribué comme ses prédécesseurs, au nom de son utopie, à démanteler la société familiale, nationale et professionnelle, comme à effacer la souveraineté française. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à être dans le déni, de ne cesser, soutenu par les médias officiels, de controuver la vérité la plus éclatante de la plus simple des réalités. N’est-ce-pas le sens de ses interventions, et encore tout récemment, alors qu’il doit répondre aux oppositions de plus en plus violentes qui jaillissent continûment tant de la nature des choses que des populations qui subissent les conséquences de ses choix politiques. Et cela ne fait que commencer. Macron n’a pas fini de pâtir de l’implacable retournement des situations. Il est dores et déjà la cible de tous les mécontentements qui ne vont cesser de grossir avec la dégradation des conditions de vie.

    Les chiffres tombent chaque mois plus catastrophiques. Qu’est-ce que ce sera à la rentrée prochaine ? Un chômage qui crèvera tous les plafonds, une chute du PIB si considérable qu’il sera impossible de remonter la pente avant longtemps, entraînant en cascade des ruines et des arrêts d’activités dans des secteurs-clefs, vitaux pour la France, des pertes fiscales et parafiscales irrécupérables, une aggravation des déficits budgétaires, bien au-delà de toutes les prévisions des successives lois de finances rectificatives, et un bilan désastreux, impossible à chiffrer, des caisses de Sécurité sociale et de tous les organismes sociaux, enfin un alourdissement de la dette publique dans des proportions telles qu’elle ne sera plus soutenable, sauf de manière illusoire. Inutile de donner ici des chiffres en constante évolution. La zone euro, en dépit de Macron et des subterfuges de Bruxelles et de la BCE, risque d’en être affectée au point d’exploser. Le Maire et Darmanin peuvent se faire du souci, Edouard Philippe pareillement. On parle de remaniement ministériel ; il en est certains qui en profiteront pour s’esbigner… en se réservant pour l’avenir. Après la crise sanitaire, la France va subir une crise économique et sociale qui ne peut que déboucher en crise politique. Vraisemblablement d’une gravité sans précédent. Comme une fin de régime.

    Les diagnostics ne manquent pas dont la pertinence suscite de plus en plus d’intérêt, d’Éric Zemmour à Marcel Gauchet, de Pierre Manent à André Bercoff, de Coralie Delaume à Michel Onfray, pour n’en citer que quelques-uns, car la liste s’allonge de ceux qui comprennent et qui expliquent, chacun à sa façon, que le système est radicalement faussé. Ce qu’ils remettent en cause, c’est la conception même de la République et de l’Europe, de la souveraineté et de l’avenir de la société qui préside, à travers ce qu’ils appellent les élites, au déclin alarmant de la France. Et ce qui est visé plus précisément, ce sont les chimères macroniennes, dénoncées dans ces colonnes depuis le début, et qui constituèrent pourtant le tremplin assuré de son élection, avec l’aide des financiers véreux qui ont su en profiter et qui ont fait main basse sur les médias de la République officielle. Pour Macron comme pour les prédécesseurs. Car c’est toujours la même chose !

    Et si, donc, c’était une question de régime ? Et pas seulement une question de personne ? Si Macron n’était que le énième avatar de la même erreur première ? Si la République n’était qu’une fausse religion ? L’Europe d’Hollande et de Macron qu’une frauduleuse mystique ? Si la politique exigeait enfin un peu de solide vérité ? Si la France souveraine avait besoin d’un vrai souverain ?

    Hilaire de Crémiers

    Directeur de la publication de Politique magazine et de la Nouvelle revue universelle

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  • Une semaine libanaise avec Annie Laurent : 2/8, Le Liban centenaire

    Annie_Laurent.jpgAlors que le Liban commémore son centenaire en 2020, le pays connaît depuis quelques mois d’importants soubresauts populaires.

    De quoi s’agit-il précisément, comment analyser la situation profonde du Liban aujourd’hui ?

    Quelle place pour les chrétiens ?

    C’est à ces questions que répond ce dossier.


    par ANNIE LAURENT

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    2/8 : Le Liban centenaire

     


    L’État libanais actuel est né en 1920. Petit panorama de son histoire jusqu’à la !n de l’occupation syrienne (2005).

     

    L’année 2020 est pour le Liban celle du centenaire. C’est en effet le 1er septembre 1920 que, par un discours solennel prononcé à Beyrouth, le général Henri Gouraud, haut-commissaire français, proclama la reconnaissance internationale de l’État du Grand Liban dans ses frontières actuelles.

    Cette naissance plongeait ses racines dans les tragédies survenues entre 1840 et 1860. Soutenus par les Ottomans qui dominaient la région, les druzes perpétrèrent alors des massacres de chrétiens dans la montagne du Chouf et à Zahlé, grande cité de la Bekaa. Le 9 juin 1861, suite à une intervention militaire destinée à secourir les survivants, Napoléon III et ses alliés européens obtinrent des Turcs la signature d’un Règlement organique instituant un « Gouvernement autonome » (Moutassarifat) pour le Mont-Liban. Celui-ci était doté d’un gouverneur nommé par le sultan et assisté d’un Conseil administratif de 12 membres issus des six principales communautés, chrétiennes et musulmanes, peuplant le territoire.

    À partir de 1864, le gouverneur fut obligatoirement un chrétien sujet de l’Empire.

    Une nouvelle étape vers l’indépendance fut franchie à l’issue de la Première Guerre mondiale, dans le contexte de la réorganisation du Levant post-ottoman. Le traité de Versailles (28 juin 1919) créa alors la Société des Nations (SDN); il instaura aussi des mandats, qui bénéficièrent à la Grande-Bretagne et à la France.

    À la première furent attribuées la Mésopotamie et la Palestine tandis que la seconde obtenait la Syrie et le Liban. La mission des puissances mandataires consistait à administrer provisoirement les populations des territoires qui leur étaient confiés en vue de les aider à s’organiser comme États souverains.

    C’est durant les travaux préparatoires du traité de Versailles que furent définis les contours du futur Liban. Dès le 9 décembre 1918, le Conseil administratif vota une motion réclamant la pleine souveraineté sur une superficie élargie englobant des régions vitales comme la plaine fertile de la Bekaa, mais aussi celle du littoral avec ses ports, ainsi que le Djebel Amel (Sud) et l’Akkar (Nord), dont le Liban avait été amputé à diverses reprises dans son histoire.

    Trois délégations officielles se succédèrent à Paris, dont l’une était conduite par le patriarche de l’Église maronite, Mgr Elias Hoayek, pour défendre ces revendications qui furent donc entérinées. Le pays du Cèdre échappait ainsi à son intégration dans divers projets régionaux qui émergeaient depuis la fin de l’Empire turc : royaume ou nation arabe, Grande-Syrie. 


    Rôle décisif de la France


    Les maronites, soutenus par la France, ont joué un rôle décisif dans l’avènement de la République libanaise. Pour eux, comme pour la plupart des catholiques d’autres rites, le Liban avait vocation à offrir aux chrétiens un État où ils seraient pleinement citoyens, ce qui n’était pas garanti par les régimes se réclamant de l’islam où la dhimmitude (protection-assujettissement), bien qu’officiellement abolie par le sultan turc en 1856, pouvait être restaurée puisqu’elle s’inspire du Coran (9, 29).

    Une partie des grecs orthodoxes, héritiers de l’Empire byzantin, préféraient cependant l’incorporation du Liban à la Syrie. Le projet de « foyer chrétien » ne se confondait pas avec un système mono-confessionnel. Les maronites n’envisageaient pas l’exclusion des musulmans (sunnites, chiites et druzes) établis sur les terres pour lesquelles ils revendiquaient la libanité. Mais, si les chiites et les druzes étaient favorables à leur incorporation au Liban, les seconds préférant cependant qu’il fût confié à un mandat britannique, la majorité des sunnites optèrent pour le rattachement du pays à la Syrie, certains allant jusqu’à refuser les cartes d’identité libanaises établies par le Haut Commissariat français.

    L’agrandissement du territoire libanais ne faisait pourtant pas l’unanimité chez les maronites.
    En 1932, Émile Eddé, figure éminente de la communauté et fondateur du Bloc national, remit au Quai d’Orsay une Note sur le Liban dans laquelle il estimait nécessaire l’abandon du Nord sunnite et du Sud chiite. Pour lui, le Liban idéal devait assurer aux chrétiens, tous rites confondus, une écrasante majorité, 80 % si possible.

    Déjà en 1919, il avait attiré l’attention du patriarche Hoayek sur le danger d’intégrer trop de populations qui risqueraient à l’avenir d’en rompre l’équilibre. Les musulmans de ce nouveau Liban devenant un jour majoritaires n’auront de cesse, soutenus par leurs frères des États voisins, de le transformer en État islamique, lui disait-il. « Vous regretterez, Béatitude, cette initiative dans moins de cinquante ans ! » (1).


    Vers l’indépendance


    En 1941, le général Georges Catroux, parlant au nom de la France libre, annonça l’abolition des deux mandats mais le Liban devra attendre deux ans pour obtenir son indépendance effective.

    L’acte fondateur fut négocié en 1943 par les deux principaux dirigeants du pays, le président de la République Béchara El-Khoury (maronite) et le chef du gouvernement Riad El-Solh (sunnite). Ce « Pacte national » prit la forme d’un compromis intercommunautaire : les chrétiens renonçaient à la protection française – d’ailleurs
    devenue pesante car, dans les faits, le mandat s’apparentait à un protectorat – tandis que les musulmans oubliaient leur rêve d’intégration arabe.

    La déclaration de R. El-Solh est significative : « Nonobstant son arabité, il [le Liban] ne saurait interrompre les liens de culture et de civilisation qu’il a noués avec l’Occident, du fait que ces liens ont eu justement pour effet de l’amener au progrès dont il jouit » (2).
    Avec la Constitution de 1926, calquée sur celle de la IIIème République française mais sans mention de laïcité, ce Pacte non écrit a constitué l’ossature des institutions libanaises jusqu’en 1989.
    Il a aussi engendré un système sui generis fondé sur des données confessionnelles, en commençant par la répartition des principales charges de l’État. La présidence de la République est réservée à un maronite, celle du Conseil des ministres à un sunnite et celle du Parlement à un chiite. La répartition confessionnelle s’applique aussi aux portefeuilles ministériels et aux sièges parlementaires. Pour les postes les plus élevés
    de l’administration (diplomatie, armée, justice, etc.) le critère confessionnel prime souvent surcelui de la compétence ou du mérite.
    En outre, chaque religion dispose de sa propre juridiction pour le droit personnel (mariage, filiation et héritage). C’est pourquoi il n’y a pas de mariage civil au Liban; de même, une musulmane ne peut pas épouser un non-musulman, sauf si ce dernier adhère à l’islam, selon une prescription du Coran (2, 221).

    Depuis quelques années, ces dispositions sont contestées par une partie de la population, mais les hiérarchies religieuses tiennent au maintien du statu quo.
    Cette « démocratie consensuelle », comme l’appellent les Libanais, est destinée à permettre aux dix-huit communautés reconnues (13 chrétiennes, dont les Arméniens rescapés du génocide de 1915, 4 musulmanes et une juive) d’être associées au fonctionnement de l’État sans perdre leur identité, ce qui soulève la question de la primauté d’allégeance de chaque citoyen.
    Il s’agit donc d’un système fragile, susceptible d’être ébranlé à la moindre secousse, interne ou externe, comme l’a montré la guerre (1975-1990).
    Celle-ci avait pour cause initiale la question palestinienne. En 1948, la création de l’État d’Israël, refusée par les pays arabes, a déclenché un conflit qui a provoqué l’exode de plusieurs centaines de milliers de Palestiniens, dont 142000 se sont réfugiés au Liban où ils ont été très bien accueillis, en particulier par les Églises.

    La défaite arabe de 1967 entraîna un nouvel afflux d’exilés. Dès 1968, le régime syrien d’Hafez ElAssad facilita leur armement au Liban-Sud sous prétexte de soutenir la guérilla anti-israélienne.
    En défendant la « cause » privilégiée des Arabes, Assad, dont la confession alaouite, minoritaire et hérétique aux yeux de l’islam sunnite, lequel est majoritaire en Syrie, cherchait à obtenir la légitimation de son pouvoir à Damas.

     

    2.jpgBéchir Gemayel (1947-1982), Samir Geagea et le général Michel Aoun, trois fortes personnalités chrétiennes du Liban.

     

     

    L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dirigée par Yasser Arafat, multiplia alors au Liban les installations militaires, encercla les grandes villes et organisa sa propagande, notamment auprès des journalistes étrangers. Incapables de s’opposer à cette déstabilisation à cause de la faiblesse de leur armée, les dirigeants libanais crurent pouvoir compter sur la Ligue arabe dont leur pays est l’un des fondateurs, mais celle-ci, invoquant la solidarité arabe, imposa au président Charles Hélou l’accord du Caire (3 novembre 1969) qui consacra la mainmise de l’OLP sur leur territoire. « Les Palestiniens ont fait aux Libanais ce que les Israéliens avaient fait aux Palestiniens : ils les ont transformés en réfugiés sur leur propre sol natal », remarque Jean-Pierre Péroncel-Hugoz (3).


    La guerre de 1975-1990


    C’est dans ce contexte que la guerre éclata. Le dimanche 13 avril 1975, à Aïn-Remmaneh (banlieue de Beyrouth), un commando abattit quatre chrétiens devant une église. Un moment après, un autobus rempli de Palestiniens armés rentrant d’une parade fut pris sous le feu de miliciens chrétiens que l’attentat du matin avait mis en état d’alerte. Vingt-sept Palestiniens succombèrent et la capitale s’embrasa.

    Plusieurs formations politiques chrétiennes, telles que les Kataëb de Pierre Gemayel ou le Parti National Libéral de Camille Chamoun, s’étaient préparées à la résistance armée.
    À partir de 1976, la Syrie s’imposa comme acteur majeur dans le conflit. Sous prétexte de rétablir un ordre qu’elle avait contribué à défaire en s’attachant l’allégeance de partis et personnalités libanais, druzes, musulmans et même chrétiens, Damas déploya son armée dans le pays voisin avant d’y imposer une tutelle qui sera totale de 1990 à 2005.

    Par ailleurs, à deux reprises, Israël intervint militairement chez son voisin du nord : en 1978, il s’agissait de repousser les Palestiniens au-delà du fleuve Litani, zone dont la sécurité fut ensuite confiée à une milice mixte (chrétienne et chiite) contrôlée par l’État hébreu; en 1982, Tsahal, l’armée israélienne, envahit le Liban jusqu’à Beyrouth inclus.
    Le but de l’opération « Paix en Galilée » était double : chasser l’OLP, ce qui advint la même année; signer un traité de paix avec le Liban, ce qui échoua, Béchir Gemayel, allié d’Israël et tout juste élu président, ayant été assassiné le 14 septembre 1982, peu avant sa pri

  • Éphéméride du 13 février

    La célèbre salière de François 1er, oeuvre de Benvenuto Cellini

     

     

     

    1571 : Mort de Benvenuto Cellini 

     

    Natif de Florence, Cellini ne vécut que cinq années en France, de 1540 à 1545.

    Il fait partie de cette cohorte d'artistes italiens que François premier, ébloui par toutes les beautés qu'il avait vues lors de ses expéditions en Italie, fit venir en France afin d'y donner une impulsion définitive non pas à "la Renaissance", mais à la Renaissance française : car, comme plus tard Lully ou Le Bernin - italiens eux aussi - tous ces artistes travaillèrent, avec les artistes locaux, non à la simple importation d'un art extérieur, mais à la création d'une façon française de vivre et penser la Renaissance : Léonard de Vinci, bien sûr, mais aussi Andrea del Sarto - ancêtre direct de Maxime Real del Sarte, fondateur des Camelots du Roi en 1908 - Le Boccador, Luca Penni, Rosso, Le Primatice...

    Si Léonard de Vinci et Le Boccador travaillèrent à Chambord (et Le Boccador à l'Hôtel de ville de Paris), Benvenuto Cellini, avec Luca Penni, Rosso et Le Primatice, fut essentiellement actif à Fontainebleau, à tel point qu'on a pu parler de l'Italie à Fontainebleau, ou de l'École de Fontainebleau...

    Tout à la fois dessinateur, orfèvre, fondeur, médailleur, sculpteur, Cellini appliqua les techniques et la précision de l'orfèvrerie à son travail de sculpteur. On aura dans les trois liens suivants un aperçu de son travail à Fontainebleau :  

    • http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/la-nymphe-de-fontainebleau 

    • http://www.panoramadelart.com/galerie-francois-1er-chateau-de-fontainebleau 

    • http://expositions.bnf.fr/renais/arret/4/index2.htm 

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    La nymphe de Fontainebleau, au Musée du Louvre

    Pour en savoir un peu plus sur le travail des Italiens au Château de Fontainebleau, voir notre Éphéméride du 7 août :

    Louis VII pose la première pierre du château de Fontainebleau 

     

    Et pour en savoir un peu plus sur l'École de Fontainebleau :

    http://www.italieaparis.net/ecolefontainebleau.php 

     

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    1575 : Sacre d'Henri III

              

    Sous le titre Le dévouement de Henri III, Jacques Bainville lui consacre le quatrième des huit courts chapitres de son dernier livre - en réalité une plaquette - éditée juste après sa mort, et intitulée Les moments décisifs de l'Histoire de France.

    Du même Jacques Bainville ( Histoire de France, Chapite IX, Les guerres civiles et religieuses remettent la France au bord de la ruine ) :  

    "...Mais Charles IX, puis Henri III, ces derniers Valois décriés et injuriés plus que tous les autres souverains français, tiennent bon, à tous risques, sur le principe essentiel, le rocher de bronze de l'État : la monarchie héréditaire. C'est pour ce principe qu'Henri III, qui passe pour efféminé comme il passe pour avoir conseillé la Saint-Barthélemy, va lutter quinze ans. À la fin, il le paiera de sa vie...

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    ...La Ligue, qui eut à Paris son foyer le plus ardent, était une minorité, mais une minorité active et violente. La petite bourgeoisie, les boutiquiers irrités par la crise économique, en furent l'élément principal. Aussi n'est-on pas surpris de retrouver aux "journées" de la Ligue le caractère de toutes les révolutions parisiennes, celles du quatorzième siècle comme celles de la Fronde et de 1789...

    ...Le roi n'était plus le maître en France. La Ligue gouvernait à sa place, lui laissait à peine de quoi vivre dignement. Chassé de Paris, bafoué par les États généraux, il n'était pas plus en sûreté à Blois qu'au Louvre. On se battait jusque dans son antichambre. D'un moment à l'autre, le duc de Guise pouvait s'emparer de lui, le forcer à abdiquer, l'enfermer dans un cloître comme un obscur Mérovingien. Rien n'avait réussi à Henri III, ni l'habileté, ni les concessions, ni la tentative de coup de force dans sa capitale. Restait une suprême ressource : frapper à la tête, supprimer les Guise.

    Légalement ? Impossible d'y penser. Pour condamner les princes lorrains, le roi n'eût trouvé ni un Parlement ni un tribunal. Alors l'idée qui, à la Saint-Barthélemy, avait déjà été suggérée à Charles IX, s'imposa à l'esprit d'Henri III. Pour sauver la monarchie et l'État il n'y avait plus que l'assassinat politique. Henri III s'y résolut et Guise, averti, ne le crut même pas capable de cette audace, tant il se sentait puissant.

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    L'assassinat du Duc de Guise, dans le château de Blois...

     

    Son fameux : "Il n'oserait" était l'expression de son dédain, le mot d'un homme sûr de lui. Il logeait au château même, entouré de ses gens, et le roi était presque relégué dans "son vieux cabinet". Il fallut, pour ce drame, autant d'assurance chez Guise que d'audace chez Henri III qui ne pouvait compter que sur les quelques gentilshommes gascons qui tuèrent le duc à coups de poignard et d'épée au moment où il entrait dans la chambre du conseil (23 décembre 1588). Son frère le cardinal fut tué le lendemain, les autres membres de la famille de Lorraine et les principaux ligueurs arrêtés.

    Cet acte de violence n'eut pas le résultat que le roi espérait, car, s'il privait la Ligue de son chef, il ne la supprimait pas. Cependant c'était un acte sauveur et qui, par ses conséquences indirectes, allait porter remède à l'anarchie. Pour Henri III, tout accommodement était devenu impossible avec la Ligue qui réclamait son abdication, gouvernait Paris par le Conseil des Seize, créait pour la France le Conseil Général de l'Union, tandis que, pour sauver les apparences, un roi était ajouté à ce régime républicain et le nom de Charles X donné au cardinal de Bourbon. Ainsi la succession par ordre de primogéniture, loi fondamentale et tutélaire du royaume, était ébranlée, presque renversée. Dans ce désordre, dans cette révolution qui ruinait l'œuvre de plusieurs siècles, il n'y avait plus qu'un moyen de salut : c'était que le roi et son successeur légitime agissent de concert. Henri III et Henri de Bourbon (ci dessous) réconciliés le comprirent, sautèrent ce grand pas. Ils unirent leurs forces trois mois après le drame de Blois. L'assassinat du duc de Guise avait préparé la transmission régulière du pouvoir des Valois aux Bourbons. Il avait rendu possible le règne d'Henri IV. Cet inestimable service rendu à la France, désormais sauvée de l'anarchie et du démembrement, a été payé à Henri III par le régicide et par l'ingratitude des historiens qui n'ont retenu de lui que les injures des pamphlets catholiques et protestants.
     
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     Henri III de Navarre, lointain cousin d'Henri III de France, qui devait devenir Henri IV, le premier "roi de France et de Navarre", et asseoir la dynastie des Bourbons (voir l'Éphéméride du 7 février)...

             

    Grâce à l'armée que le Béarnais apportait à la cause royale, les troupes de la Ligue furent refoulées et les deux cousins, le roi de France et le roi de Navarre, mirent le siège devant Paris. Là régnaient une passion, une frénésie, une haine indescriptibles telles que les engendre seulement la guerre civile. Un moine fanatisé, Jacques Clément, muni d'une lettre fausse, se rendit au camp royal, à Saint-Cloud, et, introduit auprès du roi, le tua d'un coup de couteau. Les dernières paroles d'Henri III furent pour désigner Henri de Bourbon comme son héritier légitime et pour prédire sa conversion (1er août 1589).

    Henri III était mort pour une idée celle de l'État, de la monarchie, de l'unité nationale. Il n'était pas mort en vain. Par Henri IV, l'homme aux deux religions, la France allait retrouver la paix intérieure. Par ce prince politique, l'heure des "politiques", l'heure du tiers parti approchait." 

    Sur ce jour où les deux Henri III - Henri III de France et Henri III de Navarre - mirent le siège devant Paris, le roi étant mortellement frappé deux jours après, voir notre Éphéméride du 30 juillet

    Et, sur le curieux destin d'Henri III, le fils préféré de sa mère Catherine de Médicis, qui le fit élire roi de Pologne, avant que la mort de son frère ne l'amenât à quitter ce pays pour devenir roi en France, voir l'Éphéméride du 18 juillet...

     

     

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    1639 : Jean Casimir Vasa, futur roi de Pologne, est incarcéré par Richelieu dans la citadelle de Sisteron 

     

    Né à Cracovie, Jean Casimir Vasa, fils du roi de Pologne puis de Suède, se battit, avant d'être roi, aux côtés des Habsbourgs, durant la Guerre de Trente ans, contre la France de Louis XIII et de Richelieu. Il se rendait en Espagne pour prendre ses fonctions d'amiral lorsque les Français le firent prisonnier : il restera deux années dans la citadelle de Sisteron.

    13 fevrier,henri iii,bainville,valois,charles ix,saint barthelemy,ligue,fronde,paris,henri iv,bourbons,duc de berry,louis xviiiEnsuite, il fut élu roi de Pologne (ci contre, en tenue royale polonaise), mais, peu rancunier, il vint se retirer en France après son abdication en 1668, lassé par les guerres extérieures et les révoltes intérieures. Il avait épousé la veuve de son frère, Marie-Louise de Gonzague-Nevers, et exerça les fonctions d'abbé de Saint-Germain-des-Prés durant quatre années, depuis son abdication en 1668 jusqu'à sa mort, en 1672.

    Son corps fut transféré par la suite dans la crypte Vasa de la cathédrale du Wawel, à Cracovie, mais on peut toujours voir son cénotaphe dans l'abbatiale de Saint-Germain des-Prés, à Paris...

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    http://www.citadelledesisteron.fr/

    "C'est la plus puissante forteresse de mon royaume", disait Henri IV, s'exprimant déjà un peu comme le fera plus tard son petit-fils - Louis XIV - qui disait, lui, en contemplant le Théâtre romain d'Orange : "C'est la plus belle muraille de mon royaume" (voir l'Éphéméride du 27 mai)...

     

     

     

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    1787 : Mort de Charles Gravier, comte de Vergennes

     
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    "Sous son ministère, la France reprit, dans les pays étrangers, une considération politique d'autant plus solide, qu'elle était fondée sur les vertus et l'esprit de bienfaisance du comte de Vergennes. Son désir le plus vif et son zèle le plus ardent furent toujours de prévenir l'effusion du sang humain, et d'accommoder les différends qui auraient pu amener la guerre. C'est à ce pacificateur des nations que l'Europe dut la paix de Teschen, celle de 1783, et l'accommodement des disputes entre l'empereur et la Hollande." (Delandine, Dictionnaire historique, critique et bibliographique, t. 26, p 426)

    Il fut "le plus sage ministre que la France eût rencontré depuis longtemps, et le plus habile qui se trouvât aux affaires en Europe" (Albert Sorel). 

    Avec lui, Louis XVI perdait le seul grand  homme en place qui aurait pu le conseiller utilement, dans la tourmente qui allait survenir...

     

     

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    1820 : Assassinat du duc de Berry

     

  • Vu du Maghreb [Maroc] : Pourquoi l’Algérie inquiète la France

    Marée de jeunes Algériens agglutinés devant les services consulaires français pour décrocher le visa-sésame ! © Copyright : DR

     

    Par M'Hamed Hamrouch

    Une analyse documentée publiée par notre confrère le journal marocain en ligne Le360 [28.05], analyse qui ne fait que confirmer la gravité de la situation algérienne et nos inquiétudes pour la France, souvent exprimées dans ces colonnes. LFAR   

    le360-2016.jpgL’Algérie compte le deuxième plus grand nombre de ressortissants en situation irrégulière en France et plus de dix mille Algériens sont interpellés chaque année par les services hexagonaux, alerte le directeur central de la Police aux frontières française, devant le Sénat français. Les raisons.

    Le malaise de la jeunesse algérienne parvient jusqu’aux rivages français. Et pour cause, «la jeunesse algérienne veut quitter l’Algérie et désire se rendre en France», s’inquiète le directeur central de la Police aux frontières française, lors d’une récente intervention devant le Sénat de son pays. 

    Les chiffres sont aussi alarmants qu’édifiants sur le haut degré de désespoir qui tenaille une jeunesse algérienne livrée en pâture au chômage (12,3%), à la faveur d’apparatchiks octogénaires toujours aux commandes d’un pays pourtant très riche en hydrocarbures (98% des exportations et 60% des recettes de l’Etat). 

    « L’Algérie compte le deuxième plus grand nombre de ressortissants en situation irrégulière» en France et «plus de dix mille Algériens sont interpellés chaque année», s’alarme le patron de la Police aux frontières française (PAF), exhortant les autorités consulaires françaises à «durcir les modalités de délivrance des visas pour les (jeunes) Algériens ». 

    Pour précision, le haut sécuritaire français répondait à la question d’une sénatrice d’origine algérienne, dénommée Samia Ghali, qui relevait «la difficulté de certains Algériens à se faire délivrer le visa». 

    « Beaucoup d’Algériens entrent légalement en France, mais ne quittent plus le territoire français », a rétorqué le patron de la PAF, expliquant que le directeur général des étrangers en France « suit ce dossier en personne ». 

    « Un grand nombre d’Algériens qui se rendent en France par voie maritime n’ont pas le visa», assène-t-il encore, appelant les autorités françaises concernées à «être extrêmement vigilantes quant à la délivrance des visas aux Algériens». «Nous avons proposé aux services consulaires français des formations car des demandeurs de visa peuvent l’obtenir en fournissant des documents falsifiés», a-t-il encore affirmé, estimant qu’«il existe en Algérie des opérations de trafic et de falsification évidentes ». 

    Aux origines du désespoir (algérien)

    « Le taux de chômage a augmenté de près de 1,5 point de pourcentage, en raison de la croissance léthargique du secteur hors hydrocarbures. Il était de 11,7 % en septembre 2017, soit un niveau plus élevé que celui de 10,5 % enregistré en septembre 2016 », a constaté amèrement la Banque mondiale dans son dernier rapport publié le 16 avril dernier concernant le suivi de la situation économique des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. 

    « Le chômage est particulièrement important parmi les personnes instruites, les jeunes et les femmes et, dans certains cas, tient au désir d’attendre de trouver un emploi dans le secteur formel », a relevé encore ce rapport qui démontre l’échec retentissant des dernières mesures prises par le gouvernement d’Ahmed Ouyahia. 

    Des bulles sonores sans aucun réel impact sur la société puisque rien n’arrête pour le moment la spirale du chômage, épargnant toutefois les enfants de l’oligarchie au pouvoir, notamment les fils de hauts galonnés accumulant des fortunes colossales sur les ruines d’une Algérie sans réelles perspectives en dehors de l’économie de rente, les passe-droits, le favoritisme et une corruption quasi institutionnalisée. Les fils de Gaid Salah (chef d'état-major de l'ANP), de Khaled Nezzar (ancien ministre de la Défense), du général "Tewfik", ex-patron du DRS (renseignement)... font partie de ces nouveaux parvenus de l'ère Bouteflika, au détriment de l'écrasante majorité des « fils du pauvre », pour paraphraser un titre du romancier Mouloud Feraoun. 

    Les images de milliers de jeunes Algériens souhaitant étudier en France et attroupés en novembre dernier devant l'Institut français d'Alger illustrent parfaitement le malaise de cette jeunesse abandonnée à son triste sort par un régime vorace, en rupture de ban et très peu soucieux de son peuple.  

    M'Hamed Hamrouch

  • L’étonnant bilan de Donald Trump, par Aristide Renou.

    Trump n'a pas changé la législation, il a peine esquissé une nouvelle diplomatie, mais il a affirmé que le politiquement correct était un leurre maléfique et il l'a combattu avec une énergie galvanisante.

    Bien que la bataille juridique ne soit pas terminée, il ne subsiste plus de doute raisonnable sur le fait que Donald Trump quittera la Maison Blanche en janvier prochain. Il est donc approprié de faire un premier bilan de la présidence de cet homme étonnant. Car Trump fut un président étonnant.

    Un président dont les défauts extrêmement visibles, et qui ne se sont jamais atténués, ont eu tendance à cacher à beaucoup d’observateurs – y compris d’ailleurs, dans un premier temps, à votre serviteur – ses quelques qualités très précieuses.

    Trump a accompli beaucoup moins que ce qu’il avait promis, ce qui est évidemment la norme en démocratie, et plus encore aux États-Unis, où le système constitutionnel des checks and balances n’est pas un vain mot. Mais il a accompli beaucoup plus que ce que ses adversaires veulent bien reconnaître.

    Il ne saurait être question, dans le court espace de cet article, de détailler tout ce que son bilan comporte de positif. En matière économique, notamment, le mandat de Trump fut une réussite remarquable, avec une croissance forte et régulière, du type de celle que la France n’a plus connue depuis les années 1960, et surtout une croissance qui a profité aux travailleurs situés en bas de l’échelle salariale, fait inédit depuis des décennies On peut penser que c’est cette réussite économique qui a attiré à lui un nombre étonnamment élevé d’électeurs « issus des minorités » lors de la dernière élection – prouvant au passage l’absurdité des accusations de « racisme » proférées sans cesse à son égard – et qu’elle aurait pu lui assurer une réélection confortable, si l’épidémie de coronavirus ne s’était pas abattue sur le monde.

    Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître de la part d’un homme en apparence si peu porté sur les idées et au discours si peu policé, sa principale réussite est sans doute d’ordre intellectuel. Trump a fait montre de trois qualités essentielles : le patriotisme, le courage et la clairvoyance concernant les enjeux fondamentaux (et l’on pourrait ajouter : le sens de l’humour, car Trump en est abondamment pourvu, fait totalement occulté par la détestation pathologique dont il est l’objet).

    Donald Trump a vu que l’Amérique courait un danger mortel : il a compris qu’une révolution était en cours, la poussée du multiculturalisme, dont l’aboutissement ne peut être que la disparition de la nation américaine et son éclatement en une multitude de « communautés » hostiles, toujours prêtes à se sauter à la gorge.

    Sans doute n’est-ce pas trop difficile à comprendre et sans doute Trump n’est-il pas le seul à avoir posé ce diagnostic. Mais il est le seul à l’avoir dit publiquement avec autant de force et, surtout, il fut le seul homme politique de premier plan à agir conformément à ce qu’exige un tel diagnostic : en se battant de toutes ses forces pour empêcher la disparition de son pays, c’est-à-dire en mettant toute son énergie à réduire à l’impuissance ceux qui veulent le faire disparaître.

    Les États-Unis se trouvent aujourd’hui dans une situation qui, à bien des égards, est l’image inversée de celle qui existait durant les années ayant précédé la guerre de Sécession. Il existe désormais deux Amériques (représentant chacune grosso modo 50 % de l’électorat), qui sont divisées non pas sur ce que le pays devrait faire – ce qui est l’état normal des choses en démocratie – mais sur ce que le pays devrait être ; et même sur le fait qu’il existe réellement une nation américaine.

    Par un étrange renversement, ceux qui dénoncent le « racisme systémique » des États-Unis, et plus généralement de l’Occident, retrouvent les positions qui étaient celles des théoriciens de la sécession des États du Sud. John C. Calhoun, le plus éminent d’entre eux, considérait l’esclavage des Noirs comme un bien positif : Hannah-Jones, qui dirige le « Projet 1619 » lancé par le New-York Times[1], considère cet esclavage comme le péché originel ineffaçable et impardonnable des États-Unis (et de l’Occident), mais Hannah-Jones est d’accord avec John C. Calhoun pour affirmer que « tous les hommes ont été créés égaux » n’est pas une « vérité évidente » mais un mensonge évident. L’un affirmait la supériorité de la race blanche, l’autre affirme implicitement la supériorité de la race noire, tous les deux ont le même projet : remplacer les principes énoncés par la Déclaration d’Indépendance par des principes opposés.

    Et, comme l’avait prédit Abraham Lincoln, « une maison divisée contre elle-même ne saurait subsister ». Les théories racistes de Calhoun ont, très normalement, débouché sur la guerre civile, les théories racistes d’Hannah-Jones et de ses semblables ont déjà créé un climat politique ressemblant très fortement à celui des années 1850 et pourraient, si les choses continuent sur leur lancée, déboucher sur une confrontation armée du même genre.

    Trump a compris tout cela, au moins dans les grandes lignes. Ce qui est déjà très bien. Mais ce qui est mieux encore, il l’a dit ouvertement, carrément. Et en même temps qu’il l’a dit, il a contre-attaqué. C’est-à-dire qu’il a réaffirmé le bien-fondé des principes américains, les bienfaits de l’American Way of Life et la grandeur incomparable des États-Unis. Et il l’a fait sans « si » et sans « mais ». Son fameux slogan de campagne, « Make America Great Again », signifiait que l’Amérique est essentiellement grande et que, si elle est parfois petite, cela ne peut être qu’accidentel et dû à l’action de mauvais gouvernants.

    Bien évidemment, les vrais patriotes de tous pays contesteront que les États-Unis d’Amérique soient « la nation la plus juste et la plus exceptionnelle qui ait jamais existé sur Terre », comme l’a déclaré Donald Trump devant le Mont Rushmore, car ils auront plutôt tendance à penser que cet honneur revient à leur propre nation, mais, s’ils sont clairvoyants, ils approuveront entièrement l’intention de l’ex-président en prononçant ces mots et ils comprendront que cet homme a été, d’une certaine manière, leur porte-parole à tous.

    Trump, par son élection surprise en 2016, par toute sa présidence, et par l’élan populaire remarquable qui s’est porté vers lui au mois de novembre, alors que tous les analystes « sérieux » lui prédisaient une déroute, a prouvé quelque chose de très important. Il a prouvé qu’il était possible de résister à l’avancée du multiculturalisme et de défier les oukases du politiquement correct, qui est le bras armé du multiculturalisme, car qu’est-ce que le politiquement correct si ce n’est l’interdiction de dire du bien de la civilisation occidentale en général et de son propre pays en particulier ?

    Il a prouvé qu’il était possible de refuser en bloc le projet multiculturel et même de l’attaquer frontalement, brutalement et grossièrement, sans se condamner électoralement. Trump a été un refus vivant, parlant, et même parfois éructant, du multiculturalisme, ainsi que du mondialisme qui en est l’ombre portée. Et ce refus a galvanisé tout un petit peuple américain que l’on croyait disparu ou en voie de disparition. Les quatre années de la présidence Trump ont ouvert la perspective, certes lointaine mais réelle, de vaincre le projet multiculturel, au lieu de se laisser étrangler petit à petit comme s’y était résigné le parti Républicain.

    Même vaincu, Donald Trump laisse donc un héritage qui pourra fructifier. Vivifiée par son exemple, la droite américaine pourrait bien se renouveler et faire émerger une nouvelle génération d’hommes politiques qui, peut-être, auront certaines des qualités de Trump sans en avoir les défauts.

    Les vrais patriotes de tous les pays seraient bien inspirés de méditer l’exemple et le bilan de Donald Trump.

     

    [1]. Selon le New York Time, le Projet 1619 vise à « recadrer l’histoire du pays, à comprendre 1619 comme notre véritable fondation. Autrement dit, placer les conséquences de l’esclavage et les contributions des noirs américains au centre même du récit de notre identité ». Le « Projet » a été publié en 2019 à l’occasion du 400e anniversaire de la première arrivée d’esclaves africains à Port Comfort en Virginie, une colonie britannique d’Amérique du Nord.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Entretien avec Alain de Benoist dans Boulevard Voltaire : « Éric Zemmour ne parle pas au nom de la « droite », mais du

    592bfe96545823139a07ac761c088575.pngDans cet entretien, que Boulevard Voltaire a publié le 22 novembre, Alain de Benoist se livre à une analyse en tous points pertinente - selon nous - du Suicide français d’Éric Zemmour. Nous marquerons une seule nuance : s’il est bien vrai que « la fin des idéologies  n’est qu’une fable » et que, selon Zemmour, « jamais nous n’avons autant été dans l’idéologie », Edgard Morin n’a pas tort, non plus, de déplorer la disparition des grandes pensées politiques, en tant que telles, dans l’esprit public français. L’idéologie règne, diffuse, prégnante, omniprésente, au cœur de nos sociétés. Certains cercles aujourd’hui influents (Terra Nova, le Grand Orient de France) n’en ont pas perdu de vue les fondements intellectuels profonds. Mais l’idéologie régnante ne s’en réclame plus clairement. Larvatus prodeo : elle avance masquée, elle n’avoue pas sa source. De cette faiblesse, elle tire une plus grande force …  ♦ 

    Le Suicide français, dernier essai d’Éric Zemmour, est en tête des ventes, alors que Yannick Noah arrête ses tournées et que la dernière pièce de BHL est en train de quitter l’affiche avant que la colle ne soit sèche. Les temps seraient-ils en train de changer ?

    L’extraordinaire succès du livre de Zemmour (15.000 exemplaires vendus tous les jours) n’est pas seulement un phénomène éditorial. C’est un phénomène sociétal. La preuve en est qu’il suscite même des sondages. L’un d’eux révèle que 37 % des Français (20 % à gauche, 53 % à droite) sont d’accord avec Zemmour, qu’ils se reconnaissent dans ce qu’il dit, qu’ils découvrent dans son livre ce qu’ils n’osaient dire tout haut ou qu’ils ne formulaient que de façon confuse. Renaud Camus a très justement parlé « d’industrie de l’hébétude ». D’autres mots pourraient être employés : sidération, ahurissement. On est en train d’en sortir. Ceux qui méprisent le peuple y verront la confirmation que l’ouvrage n’est qu’une accumulation de lieux communs et de propos de bistrot. Mais il ne faut pas s’y tromper : cet adoubement populaire, c’est une consécration.

    Cela dit, si ce livre n’avait pour seul résultat que de conforter ses lecteurs dans leurs opinions, il n’aurait qu’un intérêt tout relatif. Son plus grand mérite, à mon avis, est bien plutôt de donner à ces lecteurs l’occasion de faire leur autocritique. Que dit en effet Zemmour dans son livre ? D’abord que, si la France n’a cessé de se défaire depuis quarante ans, c’est d’abord d’une idéologie qu’elle a été la victime, ce qui montre que le thème de la « fin des idéologies » n’est qu’une fable (« jamais nous n’avons autant été dans l’idéologie », écrit Zemmour). Ensuite, que cette idéologie, devenue peu à peu dominante, n’a pas été seulement le fait des méchants gauchos, mais tout autant de la droite libérale, et qu’elle va bien au-delà du jeu politique, car elle résulte d’une action culturelle, menée avec autant de patience que de rigueur, qui visait à « déconstruire » les fondements de notre société.

    « Je veux déconstruire les déconstructeurs », dit Zemmour. Et d’en citer quelques-uns au passage : Michel Foucault, Jacques Derrida, Pierre Bourdieu, Deleuze et Guattari. Mais c’est ici que l’on peut poser la question : parmi ceux qui applaudissent bruyamment Zemmour aujourd’hui, combien y en a-t-il qui ont sérieusement lu Bourdieu, Derrida et Foucault ? Combien y en a-t-il qui se sont sérieusement intéressés au mouvement des idées ? Combien y en a-t-il qui ont jamais compris ce qu’est une guerre culturelle ? La vérité est qu’il y en a fort peu, car la « droite », pour ce qui est du travail de la pensée, est restée pendant des décennies en situation d’encéphalogramme plat. En la mettant face à ses responsabilités, en déclarant : « Je fais de la politique “gramscienne” en menant un combat d’idées dans le cadre d’une lutte pour l’hégémonie intellectuelle », Zemmour montre qu’il est au contraire pleinement conscient des enjeux.

    Peut-on dire pour autant que l’opinion est en train de basculer à droite ?

    Interprétation un peu courte. Éric Zemmour n’est pas l’héritier de Bonald ou de Maurras, et moins encore de Bastiat. C’est un national-républicain, gaulliste et bonapartiste, dont les vues se situent quelque part entre Jean-Pierre Chevènement et Florian Philippot. Parle-t-il seulement au nom de la « droite » ? Voire… Quand il dénonce le « libéralisme anglo-saxon », le « grand marché mondial qui permet à une petite élite de s’enrichir toujours plus », le « marché qui règne avec l’individu-roi », « les élites sans patrie qui n’ont jamais digéré la souveraineté populaire et qui ont fait allégeance à la mondialisation économique plutôt qu’aux intérêts de la nation », quand il renvoie dos à dos la droite et la gauche : « La droite a abandonné l’État au nom du libéralisme, la gauche a abandonné la nation au nom de l’universalisme, l’une et l’autre ont trahi le peuple », ce n’est de toute évidence pas au nom de la « droite » qu’il parle, mais au nom du peuple. C’est bien ce qui fait sa force.

    Alors qu’il n’a jamais été aussi présent dans les médias, Éric Zemmour n’en estime pas moins que ses idées sont ostracisées par ces mêmes médias. Le « Système » connaîtrait-il des ratés ?

    La société du spectacle est victime de ses contradictions : clouer un auteur au pilori, c’est encore lui faire de la publicité. Mais la vraie question est celle-ci : pourquoi tant de haine ? La réponse est simple : la classe dirigeante est en train de perdre pied. Elle voit le sol se dérober sous ses pieds, elle voit ses privilèges menacés, elle ne sait plus où elle habite. Elle fait comme les chiens qui ont peur : elle aboie. Laurence Parisot n’a pas hésité à accuser Zemmour de « haute trahison » (sic), Manuel Valls a surenchéri : « Le livre de Zemmour ne mérite pas qu’on le lise. » En clair : il vaut mieux ne pas savoir ce qu’il dit. Mais c’est là que le bât blesse. À force d’ériger des murailles invisibles et d’installer des cordons sanitaires, la classe dirigeante a épuisé ses propres défenses immunitaires. À force de refuser le débat, elle est devenue inapte à débattre. Elle n’a désormais plus rien à dire, sinon appeler à « lutter contre les stéréotypes », promouvoir le non-art contemporain et multiplier les références lacrymales aux « droits de l’homme ». Panique morale et misère de la pensée. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, le disait tout de go récemment : « Depuis dix ans, la gauche a perdu la bataille des idées. » Depuis dix ans ! Un tel aveu aurait dû provoquer mille commentaires. Qu’il n’en ait pratiquement suscité aucun montre l’ampleur de ce qu’il reste à faire.  ♦

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

  • Esprit d'Arménie, par Michel Onfray.

    Dans nos temps nihilistes, on ne peut plus parler de l’esprit d’un peuple sans passer pour un dangereux personnage d’extrême-droite contrevenant au principe d’un universalisme qui nie la diversité pour n’envisager l’Homme que comme une catégorie conceptuelle pure, une Idée de la raison. 

    Or l’homme n’est pas qu’une idée, c’est aussi la somme d’une multiplicité de façons d’être.

    Pourtant, Kant qui n’est pas suspect d’être un philosophe d’extrême-droite traite abondamment de l’esprit des peuples dans son Anthropologie d’un point de vue pragmatique. Certes, au XVIII°, alors que les hommes se déplacent au pas d’un homme ou d’un cheval, l’esprit d’un peuple signifie plus et mieux qu’aujourd’hui où nous circulons partout sur la planète avec l’aide des moteurs - motos, voiture, train, avion. Le déterminisme géologique, donc géographique, donc historique, donc culturel est moindre depuis ce rétrécissement de la planète avec l’aide des moteurs. Plus personne n’est contraint, en habitant un village de montagne perdu dans une vastitude géographique, de vivre refermé sur sa communauté en préservant son identité acquise par des stratifications millénaires d’habitudes, de transmissions d’usages et de savoir-faire, de visions du monde cristallisées en cultures dites folkloriques - n’oublions pas que l’étymologie de folklore renvoie au peuple… 

    Or le folklore est un objet historique méprisé par les intellectuels des villes perfusés à l’idéologie universaliste depuis la Révolution française. La philosophie des Lumières a créé un «Homme nouveau» que 1789 porte sur les fonts baptismaux avant que 1793 ne le précipite dans les fosses communes. Il se fait que, nonobstant ces fosses communes, cet Homme nouveau ( à l’origine une idée de Saint Paul!) reste pour beaucoup d’intellectuels occidentaux la fiction qui organise leur vision du monde.

    Mais je m’égare…

    Revenons à l’esprit des peuples. 

    En Arménie, il m’a été donné à trois reprises, via trois anecdotes, de saisir quelque chose qui pourrait bien contribuer à la définition de l’esprit du peuple arménien. 

    La première: dans un village près du front, un homme nous montre les ruines de la maison de sa fille. Elle venait d’acheter cette modeste bâtisse quatre jours plus tôt quand une bombe a soufflé ce qui n’a pas eu le temps d’être son domicile mais qui est cependant devenu sa dette pour des années - les banques ne font pas de sentiment, cette jeune Arménienne devra rembourser ce que les Azéris ont détruit. Elle a perdu sa maison mais peut-être aussi, et c’est bien sûr beaucoup plus grave, a-t-elle aussi perdu son frère dont elle est sans nouvelle depuis quelques semaines. Son père en parle, le bord des yeux rougis, sa mère n’en parle pas, elle pleure. Cette famille est restée dans ce village où elle sait que les Azéris s’installeront et probablement avec eux les djihadistes mercenaires venus de Syrie auxquels la Turquie a donné l’autorisation de vassaliser le Karabakh à coup d’épées. 

    Nous suivons le chemin qui conduit à cette maison explosée. Le village est silencieux. Plus d’aboiements autour des niches, plus de caquetages dans les basses-cours, plus de bruits de vie humaine. Rien que le silence d’après les bombardements. Jamais l’expression un silence de mort n’a autant fait sens …  

    Le vieux monsieur s’arrête en cours de chemin, il ouvre la porte d’un jardin dans lequel, au milieu d’herbes hautes, les branches des grenadiers ploient sous le poids de fruits mûrs que personne ne ramasse. Cet homme sans âge qui semble tout droit sorti de l’Ancien Testament, voûté sous le poids de sa peine, déjà en deuil de son fils et en souffrance silencieuse devant sa fille sur le pas de sa maison détruite, cet homme, donc, cueille autant de grenades que nous sommes et il en offre une à chacun…  En Arménie, offrir une grenade est un signe d’amitié, d’affection, de tendresse. C’est là-bas le fruit du paradis - pourquoi pas, car le pomum de la version latine de la Genèse, la Vulgate, signifie en effet fruit et non pas pomme… On dit qu’elle renferme trois cent soixante-cinq grains, autant de jours qu’une année donc. On l’offre aux fêtes, aux mariages, à Noël, et autres occasions de dire son amour.

    Cet ancien aux habits couleurs de ruines n’a plus rien, mais il trouve tout de même quelque chose à donner…

    Ensuite: à Stepanakert où nous arrivons en fin de journée, la ville de cinquante mille habitants est vide, comme ravagée par un souffle gigantesque. La nuit tombe, plus d’éclairages, les rues sont noires. Personne dans les maisons, tous ont fui et craignent l’arrivée et l’installation des Azéris. Le gouvernement turc annonce qu’il va laisser le Karabakh aux mains des djihadistes venus de Syrie; ceux-là décapitent les Arméniens du fait qu’ils sont arméniens, ils le font déjà dans la ville en se faisant passer pour leurs coreligionnaires, en parlant leur langue et en portant les treillis de leur armée, avant de leur trancher la gorge… Des bombardements ont effondré des maisons, soufflé des immeubles, explosé des milliers de vitres et de vitrines, des bandes de chiens abandonnés par leurs maîtres errent dans la ville et cherchent de quoi manger, ils fouillent les poubelles. L’Azerbaïdjan, dont le nom même date de 1918, assimile les Arméniens à des chiens, son président, Aliev, a en effet proclamé après l’écrasement du Karabakh: «J’avais  dit qu’on chasserait les Arméniens de nos (sic) terre comme des chiens et nous l’avons fait.»

    La ville est morte, il faut chercher une âme qui vive comme une aiguille dans une botte de foin. Il existe deux ou trois hôtels. Certains propriétaires en profitent pour ajouter des zéros aux prix de location habituels. Pas de chauffage ici, là pas de wifi bien sûr. Notre chauffeur se souvient d’un hôtel dans lequel il avait conduit des gens il y a une dizaine d’années. Il propose que nous y allions. Nous arrivons dans la nuit d’un quartier sans trace de vie. Le propriétaire nous accepte. Il n’y a pas de chauffage mais il peut en mettre ici ou là dans telle ou telle chambre. Il propose d’abord que nous dormions à plusieurs dans la même carrée. Puis il arrange le tout. Il prend tout le monde. Certains auront du chauffage, d’autres non.

    Mais il nous faut surtout trouver de quoi dîner…

    Dans la suie de cette ville éteinte comme le lendemain d’un feu de cheminée, nous guettons les petites vitrines éclairées tels des lampions un jour de fête sans fête. Nous trouvons un magasin où l’on vend de tout, nourriture comprise. Nous achetons de la charcuterie et des vins, de la vodka et de la bière, des fromages et des gros cornichons, des olives et des légumes cuits, et de quoi faire un dîner froid qui nous réchauffe. Il nous faut sustenter sept ou huit personnes. Les paniers sont pleins. Au moment de payer, nous apprenons qu’on ne peut utiliser nos cartes bleues, ni les euros. Les dollars ne sont pas en assez grande quantité. 

    Que faire?

    Aussi incroyable que cela puisse paraître, le caissier nous dit: «Prenez, partez, mangez. Vous reviendrez me payer demain»! Nous avons trouvé une solution, nous avons payés, nous sommes partis, nous avons mangé. Mais dans quel pays du monde laisse-t-on partir des gens sans payer juste en les invitant à être honnête donc à repasser honorer leur dette le lendemain alors que rien, sauf l’honneur et le respect de la parole donnée, ne les y obligerait? Sûrement pas en France…  

    Enfin, troisième histoire édifiante: j’aime les tapis autant que les œuvres d’art africaines. Je ne sais pourquoi les raisons de ces deux tropismes si ce n’est mon goût pour la sagesse et l’identité de peuples qui s’exprime ailleurs que dans le verbe ou le texte. Entre une matinée consacrée à une conférence de presse et l’après-midi du dernier jour destiné aux derniers enregistrements du film que nous préparons, en sortant du restaurant où nous avons déjeuné dans la cour dans le plein air de novembre, j’avise dans la rue un magasin d’antiquités et de tapis.

    Il y a là des pièces magnifiques! Notamment des tapis du XIX° siècle. Je tombe en arrêt devant l’un d’entre eux, extraordinaire, sur lequel figurent des signes que j’assimile à un genre d’alphabet. Le vendeur me dit que non: il s’agirait d’églises vues du ciel! Ce mélange sur fond d’un vieux rouge de l’alphabet d’une langue inconnue et d’une architecture signifiée du point de vue de Dieu ou des anges me va tout à fait. J’achète.

    La question du paiement se pose à nouveau. Pas de carte bleue possible. Pas de somme liquide équivalente à disposition dans nos portefeuilles. Je propose un virement de France. Le vendeur y consent. Je téléphone à mon épouse, Dorothée, qui assure les transactions en quelques minutes. Dans le quart d’heure, le tapis est enveloppé. Nous sommes sortis. 

    Astrig qui nous accompagne m’apprend ce que j’ignorais des tapis arméniens: le tapis oriental islamique leur est franchement postérieur. Le tapis dit d’Orient n’est pas d’origine nomade en Asie mais voit le jour sur les hauts plateaux arméniens bien avant la naissance de la religion musulmane. Cette origine chrétienne du tapis oriental est une thèse d’histoire de l’art qui s’avère, on s’en doute, éminemment politique. On la doit à Volkmar Gantzhorn, un homme formé à l’histoire de l’art et à l’esthétique, à la philosophie et à la psychologie, à la peinture et à la sculpture, à l’art graphique et à la géographie. Je vais me renseigner sur cet homme et son travail. 

    Alors que nous avons quitté le magasin, Dorothée m’appelle. Je suis dans la rue.  Elle m’avise que les vendeurs n’ont pas fourni les données qui leur permettraient d’être payés. Mes amis et moi avions acheté trois tapis. Si nous avions été malhonnêtes, il nous suffisait de faire le mort: nous avions les tapis, ils les avaient perdus et n’auraient jamais eu leur argent. Nous sommes revenus sur place et nous avons fourni les données manquantes. Le virement a pu être fait.

    Peuple de commerçants les Arméniens? Ou peuple qui commerce mais dont l’essentiel dans la vie n’est pas le commerce? Je souscris, on s’en doute, à la seconde hypothèse… 

    Quels sont les enseignements de ces trois anecdotes vécues en Arménie, avec des Arméniens? Ce sont trois leçons de morale qui portent trois vertus: la générosité, la parole donnée, la confiance. Quand on n’a rien et qu’on a tout perdu, on peut encore donner; quand on est démuni et qu’on vit dans les décombres, on peut toujours souscrire à la grandeur et la puissance de la parole donnée; quand on fait métier du commerce, on peut aussi en faire un art noble sans faire de l’acheteur une vache à lait... 

    De retour en France, me souvenant de ces trois histoires édifiantes, il m’est resté en tête les visages des acteurs de ces belles fables édifiantes dans le genre d’Ésope ou de Phèdre. Ils avaient en commun de porter des siècles de burinage éthique et de tannage moral. Quelque chose qui ne peut pas ne pas entretenir de relations avec le christianisme des premiers siècles devenu avec le temps un genre de sainteté laïque mâtinée de sagesse païenne romaine. 

    Source : https://michelonfray.com/