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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Éphéméride du 9 novembre

    La Salle des Rubens, au Louvre

     

     

    1600 : Marie de Médicis arrive en France 

     

    La nouvelle reine de France, seconde épouse de Henri IV - après la répudiation de la reine Margot, qui ne lui avait pas donné d'enfants (voir l'Éphéméride du 24 octobre)... - débarque à Marseille, venant de Florence, via Libourne.

    La riche et plantureuse Florentine, âgée de bientôt vingt-sept ans, arrive à Marseille sur une galère de soixante-dix pieds de long, couverte "au-dedans comme au-dehors" de nacres, de dorures et de pierreries... et escortée des quelque dix-sept autres galères du grand-duc de Toscane.

    Ci dessous, son arrivée à Marseille, par Rubens. 

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    À l'avant-plan, en plus des tritons et de Neptune, le peintre a représenté des Néréides, c'est-à-dire des nymphes marines.
    Dans une parfaite fusion entre l'histoire-réalité et l'allégorie-symbole, la reine débarquant d'une superbe galère aux armes des Médicis (très ornée et richement sculptée) est accueillie par la France en robe fleurdelisée et par la ville de Marseille, tandis que la Renommée porte la nouvelle au roi, façon de souligner l'enchaînement narratif inhérent à cette suite picturale.

    Avec une suite de deux mille chevaux elle entrera à Aix le 17 novembre suivant, en Avignon le 20, et sera à Lyon le 3 décembre.

    Le mariage devait y être célébré le 17, mais le roi Henri, impatient, se présentera dès le 9 décembre au soir à son épouse, "venu à cheval sans avoir averti personne", avec l'espoir, "n'ayant pas de lit pour la nuit, qu'elle voudrait bien lui offrir la moitié du sien".   

    Ainsi fut fait puisque, selon l'Estoile, Marie ne se trouvait évidemment là que "pour complaire et obéir  aux volontés de Sa Majesté, comme sa très humble servante...".

    En 1622, la reine Marie de Médicis commande à Rubens une suite de vingt-quatre tableaux pour décorer la galerie occidentale du premier étage de son Palais du Luxembourg à Paris (actuel Sénat).

    Cette série se trouve aujourd'hui dans une salle spéciale du Musée du Louvre, la Galerie Médicis  :

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     https://www.ac-paris.fr/serail/jcms/s2_410664/rubens-et-la-galerie-medicis-au-musee-du-louvre


         
     

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    1844 : Mort de Marie Harel

     

    9 novembre,marie de medicis,henri iv,marseille,rubens,de gaulle,colombey,notre-dame de paris,apollinaire,pere la chaiseC'est à Marie Harel, née Fontaine le 28 avril 1761, près de Vimoutiers, en Normandie que l'on doit l'invention du camembert.

    En réalité, il se fabriquait, depuis la fin du XVIIème siècle un fromage renommé dans le pays de Camembert : Thomas Corneille signale dans son Dictionnaire géographique publié en 1708 : "Vimonstiers : ... on y tient tous les lundis un gros marché où l'on apporte les excellents fromages de Livarot et de Camembert".

    Mais, là où l'affaire se corse, si l'on peut dire, c'est que Marie Harel aurait bénéficié des conseils d'un prêtre réfractaire, l'abbé Charles-Jean Bonvoust, caché vers 1796/1797 au manoir de Beaumoncel, où elle travaillait.

    Doit-on en déduire que... les royalistes sont à l'origine du camembert ? Et que, pour une fois, il ne faudrait pas parler de victime collatérale de la Révolution mais de conséquence heureuse (elles sont si rares !...) ?

    Quoi qu'il en soit, la proximité de Marie Harel et des gens de la ferme où elle travaillait avec les contre-révolutionnaires est un fait historique, et cela mérite bien d'être rappelé à chaque fois que l'on évoque ce monument de la gastronomie française.

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    1918 : Mort de Guillaume Apollinaire

     

    Ci dessous, sa tombe au Père Lachaise :

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    Engagé volontaire, le poète Guillaume Apollinaire se bat dans l'artillerie, puis comme sous-lieutenant au 96ème régiment d'infanterie. Alors qu'il vient d'avoir notification de sa naturalisation, il prend position le 14 mars au Bois des Buttes, à l'extrémité est du plateau de Craonne, au pied du Chemin des Dames. Il y est blessé, le 17, à quatre heures de l'après-midi, d'un éclat d'obus à la tempe droite.
     
    Dans son carnet il écrit :
     
    "Je lisais à découvert au centre de ma section, je lisais Le Mercure de France. À quatre heures un 150 éclate à 20 mètres, un éclat perce le casque et troue le crâne... On m'endort pour fouiller, l'éclat a enfoncé la boîte crânienne. et y est resté, on l'y laisse..."
     
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     Casque d'Apollinaire et, à gauche, un poème écrit de sa main
     
     
     
     
     

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    1970 : Mort de Charles de Gaulle

     

    Le Général s'éteint à Colombey-les-Deux-Églises, un an et demi après sa démission. Selon ses vœux, son enterrement se fait dans l'intimité, seuls les habitants du village et ses compagnons de l'Ordre de la Libération étant invités à la messe. Toutefois, la cérémonie officielle à Notre Dame de Paris rassemblera plus de 80 présidents et Chefs d'État.

    Ci dessous, l'arrivée à Notre-Dame pour le Magnificat (26 août 1944) :

     

    ARRIVEE DE DE GAULLE A NOTRE DAME.JPG
     

    "À mesure que l'âge m'envahit, la nature me devient plus proche. Chaque année, en quatre saisons qui sont autant de leçons, sa sagesse vient me consoler. Elle chante, au printemps : "Quoi qu'il ait pu, jadis, arriver, je suis au commencement ! Tout est clair, malgré les giboulées; jeune, y compris les arbres rabougris; beau, même ces champs caillouteux. L'amour fait monter en moi des sèves et des certitudes si radieuses et si puissantes qu'elles ne finiront jamais !"

    Elle proclame, en été : "Quelle gloire est ma fécondité ! À grand effort, sort de moi tout ce qui nourrit les êtres. Chaque vie dépend de ma chaleur. Ces grains, ces fruits, ces troupeaux, qu'inonde à présent le soleil, ils sont une réussite que rien ne saurait détruire. Désormais, l'avenir m'appartient !"

    En automne, elle soupire : "Ma tâche est près de son terme. J'ai donné mes fleurs, mes moissons, mes fruits. Maintenant, je me recueille. Voyez comme je suis belle encore, dans ma robe de pourpre et d'or, sous la déchirante lumière. Hélas ! les vents et les frimas viendront bientôt m'arracher ma parure. Mais, un jour, sur mon corps dépouillé, refleurira ma jeunesse !"

    En hiver, elle gémit : "Me voici, stérile et glacée. Combien de plantes, de bêtes, d'oiseaux, que je fis naître et que j'aimais, meurent sur mon sein qui ne peut plus les nourrir ni les réchauffer ! Le destin est-il donc scellé ? Est-ce, pour toujours, la victoire de la mort ? Non ! Déjà, sous mon sol inerte, un sourd travail s'accomplit. Immobile au fond des ténèbres, je pressens le merveilleux retour de la lumière et de la vie."

    Vieille Terre, rongée par les âges, rabotée de pluies et de tempêtes, épuisée de végétation, mais prête, indéfiniment, à produire ce qu'il faut pour que se succèdent les vivants !

    Vieille France, accablée d'Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau !

    Vieil homme, recru d'épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l'ombre la lueur de l'espérance !"  ( Conclusion des Mémoires de guerre, t. 3, p. 290. )

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    L'immense Croix de Lorraine de Colombey-les-deux Eglises
    Sur l'origine de cette Croix, voir notre Éphéméride du 5 janvier...

     

    Pour se faire une idée des rapports plus qu'amicaux entre de Gaulle, d'une part, et Maurras et L'Action française, d'autre part, consulter nos trois grandes "Une" qui y sont consacrées (première partie : jusqu'au 3 juin 1940) :

      • Grandes "Une" de L'Action française : de Gaulle, l'AF, Maurras (Première partie, 1/3)... 1934 : Présentation élogieuse du livre "Vers l'Armée de mÃ

  • Sur Sud Radio, le Liban peut-il se remettre de l'explosion survenue à Beyrouth ?

    Avec Ziad MAJED, Chercheur et politologue franco-libanais, Frédéric PONS, Journaliste et professeur à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, et Jean-Rémi MENEAU, Chef de mission de SOS Chrétiens d’Orient en poste à Beyrouth.

  • Le bien commun de janvier est paru...

    SORTIE DE NOTRE NUMÉRO DE JANVIER :

    « La République gouverne mal mais elle se défend bien » !

    Jean SÉVILLIA et Rémi SOULIÉ y répondent à notre Nouvelle Enquête sur la monarchie !

    Commandez-le ici :

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  • LE ROI, PLUS QUE JAMAIS !

    Par Stéphane Blanchonnet 

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    « Le Prince  pour retisser mieux que quiconque le tissu social horriblement déchiré de la France contemporaine. »

    Aujourd’hui l’invocation des valeurs républicaines apparaît dans le meilleur des cas comme une rengaine usée et inintelligible à force d’être proférée par toutes les bouches, en toute occasion, pour dire à peu près tout et son contraire, et dans le pire des cas comme une formule conservatrice et hypocrite visant à empêcher toute remise en cause du système politico-médiatique et du politiquement correct.

    La fonction présidentielle connaît la même tragique dévaluation. Il semble qu’élection après élection, l’état de grâce du nouveau locataire de l’Élysée se réduise comme peau de chagrin. Le fameux monarque républicain apparaît de moins en moins monarque, c’est-à-dire consensuel, paternel, rassembleur, et de plus en plus républicain : un chef de majorité parlementaire accaparant tous les pouvoirs pendant cinq ans à l’occasion d’un hold-up électoral permis par un mode de scrutin qui trahit fondamentalement toute véritable représentation du peuple.

    Alors pourquoi ne pas remonter hardiment à la source ? Pourquoi ne pas tourner le regard vers la monarchie capétienne dont les institutions moribondes actuelles tirent le peu de vie et d’éclat qu’elles conservent encore ? Ce qui pouvait paraître une belle idée mais une idée impraticable dans les faits il y a quelques années encore, quand les partis politiques, la gauche et la droite, les idéologies, et la République elle-même, donnaient l’impression d’une certaine force, quand alternance rimait encore avec espoir de changement, commence à réapparaître comme une solution possible aux problèmes politiques concrets du pays.

    Les obsèques du comte de Paris, nous ont donné un court instant l’image de ce que pourrait être ce retour aux fondamentaux de l’âme française avec ce recueillement de tous, simples militants royalistes ou prestigieux représentants d’autres principes dynastiques, autour de la dépouille d’un prince qui avait su aimer la France et les Français simplement, sans calcul, sans exclusive, et qui aurait su retisser mieux que quiconque le tissu social horriblement déchiré de la France contemporaine.  ■ 

    LBC-N5-archive-A4 1.jpgtéléchargement.pngStéphane Blanchonnet
    Professeur agrégé de lettres modernes
    Président du Comité directeur de l'Action française

     

  • Le Camp Maxime Real del Sarte : du 20 au 27 août

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    CMRDS et UDT 2023

    La France est en crise. On nous le répète année après année. Mais il ne sert à rien de le déplorer, de se lamenter sur le déclin de la culture, sur les fêlures du vivre-ensemble, sur la baisse de la croissance, sur l’illégitimité de nos représentants, sur la dégradation de l’environnement ou sur les guerres qui déciment les peuples.

    Ces crises existent, certes, et il est important d’en renouveler le diagnostic, mais il faut surtout leur apporter des réponses. Or la réponse devra être, d’abord, politique.

    Loin de guetter un sauveur providentiel ou un Grand Soir improbable, loin d’exiger un retour en arrière impossible ou un homme nouveau fantasmatique, le projet capétien, tradition vivante et critique, s’appuie sur le passé pour mieux bâtir l’avenir.

     

    Le Camp Maxime Real del Sarte : du 20 au 27 août

    Il est destiné aux étudiants, lycéens et jeunes professionnels de 15 à 35 ans.

    Au programme chaque jour :

    • des conférences pour déterminer les fondements des différentes crises que traverse la France et déchiffrer les solutions à y apporter,

    • des cercles d’étude de niveau 1 pour apprendre les fondamentaux de la doctrine politique de l’Action française, et de niveau 2 pour mieux comprendre le présent et appréhender l’avenir à sa juste mesure,

    • des ateliers pratiques,

    • du sport.

    Et aussi :

    • de forts moments de camaraderie,

    • des banquets animés,

    • des chants,

    • des soirées thématiques.

     

    Le camp des familles : du 24 au 27 août

    Le camp des familles a été imaginé pour que les jeunes parents puissent assister aux conférences de la matinée. Il débute le jeudi matin, il est cependant possible d’arriver le mercredi en fin d’après-midi.
    Les enfants sont pris en charge le matin autour d’activités multiples, ainsi que pour les repas. L’après-midi ils sont sous la responsabilité de leurs parents.
    Le couchage s’effectue sous tente personnelle ou dans des gîtes ou hôtels à proximité (liste sur demande).

     

    Inscrivez-vous dès à présent !

    Un t-shirt collector CMRDS 2023 offert aux 100 premiers inscrits !

    Le CMRDS se tiendra cette année dans le Bourbonnais, à 20 minutes en voiture de Moulins.

    Des navettes seront organisées entre la gare SNCF et le lieu de camp.

     

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  • Frédéric Rouvillois au Figaro : « Le mot ‘République' est à la fois vide et sacré »

     

    Dans Être (ou ne pas être) républicain, Frédéric Rouvillois,  professeur de droit et historien, décortique les sens contemporains d'un mot dont Le Figaro nous dit qu'il est de plus en plus galvaudé dans le discours politique et médiatique. Le débat sur la République, sur ses valeurs, sur la pertinence de la forme républicaine de l'Etat, sur la dialectique république ou monarchie, semble en effet devoir se prolonger et s'approfondir ... A vrai dire, cette sorte de contestation de la République, de ses valeurs, et même de ses fondements les plus essentiels par la remise en cause des Lumières, semble être devenue latente, voire banale, dans le débat politique français. Après tout, les déclarations Macron de cet été pointant l'incomplétude de notre démocratie et constatant qu'il manque un Roi n'ont peut-être été qu'un épiphénomène d'une tendance plus lourde. Souhaitons-le à la France.   Lafautearousseau

             

    frederic-rouvillois.jpgQu'est-ce que la République : un régime, une période de l'histoire de France, un mythe ?

    Mon livre n'est pas un traité de philosophie politique qui partirait de Platon, passerait par Rome et traverserait l'Atlantique pour analyser la constitution américaine. C'est une réflexion sur l'utilisation compulsive dans le discours public du mot « République ». Un recueil établi par Marianne au lendemain du 11 janvier sur les grands textes au sujet de la « République » illustrait à merveille ce fourre-tout qu'est le mot « république » : on y trouvait des écrits allant de Platon, chez qui la République est une utopie totalitaire, à Jean-François Kahn, en passant par Élisabeth Badinter et Charles de Gaulle qui était monarchiste !

    Selon l'article 89 alinéa 5 de notre Constitution, « la forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision.» Mais personne ne sait au juste en quoi consiste cette « forme républicaine » : est-ce l'absence de monarchie ? La souveraineté ? Le système de sécurité sociale mise en œuvre après la guerre ? C'est un mot sans consistance, un trou noir qui paralyse la pensée et empêche tout débat profond sur les idées politiques.

    Après les attentats de janvier, le mot « République » a retrouvé une consistance. Pourquoi en temps de crise ce mot a-t'il pris autant de place dans le discours public ?

    En moment de crise, on a besoin de se rattacher à une idole, ou à un doudou. La République est un peu les deux pour les Français déboussolés. Autrefois, on parlait de France ou de Nation, mais aujourd'hui, par européisme et « antifrontisme », on n'ose plus employer ces mots. Pourtant, la république et la France ne se confondent pas.

    En période difficile, on se tourne vers le sacré, et la République tend à devenir une religion de substitution. Lors de la première moitié du XXe siècle, le gouvernement faisait célébrer des messes pour la nation, aujourd'hui, il psalmodie l'adjectif « républicain » comme un remède miracle aux fractures françaises.

    La « République » est devenue un sacré ultime, un mot à la fois inconsistant et intouchable, qu'il suffit de lancer pour glacer les oppositions, figer le débat. C'est un mot qui n'admet pas de répliques. Un tabou. On ne peut pas ne pas être républicain. Invoquer la République, c'est donner un coup de phare au lapin qui traverse la route.

    Pourtant, sous la Troisième république, le mot semblait avoir un contenu bien précis et substantiel…

    Dans son livre sur de Gaulle, Peyrefitte raconte comment celui-ci était fasciné par la manière dont la troisième République a travaillé à imposer ce mot comme un absolu indiscutable, à travers toute un système d'ingénierie sociale : manuels d'histoire, enseignement primaire et secondaire, presse. La religion républicaine concevait l'éducation comme un système de formatage destiné à républicaniser le pays.

    La Troisième République correspond à la période de construction d'une « légende républicaine », qui est un « mythe » au sens de Georges Sorel : quelque chose dont la véracité historique importe peu, mais qui peut faire sens. Régis Debray en parle avec beaucoup de lyrisme. Ce mythe d'un pseudo âge d'or de la République et de ses libertés a été remis en cause par Jean-Pierre Machelon dans La République contre les libertés, qui montrait qu'en réalité la Troisième République était sur certains plans extrêmement liberticide, notamment en matière de liberté religieuse et éducative. Ainsi, la loi de 1901 autorise la liberté d'association mais oblige les congrégations religieuses à se faire reconnaître par la loi, ce qui arrive rarement à une époque où le Parlement est foncièrement anticlérical. Ce mythe repose aussi sur une vision tronquée de la laïcité qui était à l'époque un anticléricalisme virulent et fanatique, et non pas la simple neutralité de l'Etat. Le mythe du Progrès est aussi consubstantiel à la légende républicaine : l'idée qu'on passerait « de l'ombre à la lumière » - expression utilisée lors de l'élection de Mitterrand en 1981 - est paradigmatique du discours républicain. La thématique de l'acquis intangible et d'un effet de cliquet permanent est liée à cette vision du Progrès : on ne peut pas retrouver en arrière, un monde ante-républicain est inenvisageable.

    On associe souvent le mot « républicain » à la défense de la laïcité. Pourquoi ?

    Il n'y a pas de lien nécessaire entre la laïcité et la République. Les États-Unis sont un modèle de république où la laïcité n'existe pas. En France, la laïcité est une notion incantatoire, floue, et surtout tardive. Ce n'est qu'en 1946 qu'elle se voit reconnaître une valeur juridictionnelle. C'est un amendement communiste, déposé par le député stalinien Étienne Fajon, qui fait entrer la laïcité dans la titulature de la République française qui devient « laïque ». La Troisième République n'est pas fondée sur la laïcité. Le mot est très peu utilisé à l'époque, et n'est employé que de manière agressive, comme dans l'article de Fernand Buisson (idole républicaine de Vincent Peillon) intitulé « la religion laïque ». La laïcité y est présentée comme une contre-religion de la raison. Comme toutes religions, elle a ses rites : le baptême républicain est d'ailleurs encore pratiqué dans certaines mairies de gauche : on dépose un bonnet phrygien sur la tête du nouveau-né lors d'une cérémonie !

    La droite française a pris le nom de « Républicains »: que vous inspire ce choix  ? La République est-elle de gauche ou de droite ?

    L'utilisation du mot « républicain » dans la dénomination des partis politiques est répandu, de l'extrême gauche à l'extrême droite de l'échiquier politique, et ce depuis au moins 1890. Sous la Troisième république, le parti Franciste de Marcel Bucard, ouvertement fasciste, réclame une « forme républicaine de gouvernement ». Au début de la IVème République, le Parti républicain de la liberté est ultra conservateur, tandis que l'Union des nationaux indépendants et républicains rassemble les pétainistes, et le Rassemblement des gauches républicaines, les anciens Croix de feu du colonel de La Rocque! On le voit bien, le mot « républicain » n'a aucune signification politique et a pu se faire récupérer par la gauche comme par la droite. Que la droite ait décidé de se baptiser ainsi n'a rien d'étonnant. On peut y voir un coup de chapeau à la droite américaine, mais aussi et surtout une volonté de rassembler avec le mot le moins clivant qui soit. L'adjectif « patriotes » est par exemple beaucoup plus marqué.

    On oppose souvent la République au communautarisme, mais la république n'est-elle pas une forme de communauté ?

    Il y a une affinité historique et sémantique entre la République, au sens de res publica, la chose publique, et la communauté, ce qui rassemble. La République française, telle qu'elle a été mythifiée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle prétend dépasser les communautés dans une religion de substitution. Mais dès l'Ancien régime, on parlait de « républiques » pour désigner les communautés régionales. On peut tout à fait définir la République comme « communauté ». Henri IV et François 1er parlaient de « République française ». Maurras parlera dans le même sens de la « République de Martigues ». Mais un autre usage du mot « république » est celui qui le lie à la souveraineté. C'est le sens que lui donnait Jean Bodin en 1576 dans son livre Les Six livres de la République. Il définit la république par la souveraineté, et l'identifie à l'État, c'est-à-dire l'appareil qui s'exerce sur une population définie dans un lieu donné, par un pouvoir souverain, c'est-à-dire qui n'a personne au-dessus de lui. C'est dans ce double sens, de communauté ou de souveraineté, qu'on l'a utilisé jusqu'à la Révolution, et sa mythification en religion de substitution.

    Vous dites que le mot « républicain » paralyse actuellement le débat public. Vous parlez même d'archaïsme castrateur. Pourquoi ?

    On parle d'« exception française ». On devrait plutôt parler d'une forme d'« autisme républicain ». On utilise ce mot en refusant de prendre en compte le fait qu'on ne sait pas ce qu'il veut dire, en s'interdisant de voir le reste du monde (où la monarchie britannique est plus garante des droits et des libertés que la République de Corée), et en oubliant qu'il y a eu une France avant la République. Charles Péguy l'avait bien compris, qui tentait de faire comprendre que la France n'était pas née le 14 juillet 1789, et encore moins le 22 septembre 1792 (date de proclamation de la République). Ce qu'exprime sa formule devenue célèbre « La République, notre royaume de France ».   

    9782204105439-5617d14d3d0a1.jpgFrédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011) et Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion. Son dernier livre Être (ou ne pas être) républicain est publié aux Editions du Cerf (240 p, 14 euros). 

    Entretien réalisé par Eugénie Bastié            

  • Bérénice Levet: «Nous avons besoin de retrouvailles avec nous-mêmes», par Alexandre Devecchio.

    3834054413.47.jpgSource : https://www.lefigaro.fr/

    «Aussi longtemps que les restaurants, les cafés, les cinémas, les théâtres, les salles de concert, resteront fermés, on ne pourra pas dire que la vie reprend son cours», dit Bérénice Levet. Fabien Clairefond

    GRAND ENTRETIEN - La crise sanitaire est aussi une crise de la sociabilité. Celle-ci met à mal notre sens de la convivialité et notre art de vivre, analyse la philosophe.

    3.jpgLE FIGARO. – Cela fait près de deux mois que la France est confinée et le déconfinement s’annonce partiel. Cela pouvait-il durer plus longtemps ?

    Bérénice LEVET. – Il n’était guère souhaitable que le confinement dure plus longtemps, a fortiori dans les formes extrêmes qu’il a prises en France, dépossédant chacun de sa responsabilité. À l’image de l’Ours de La Fontaine, nous serions devenus fous: «La raison d’ordinaire, dit le fabuliste, n’habite pas longtemps chez les gens séquestrés». Songeons aussi au poème en prose de Baudelaire, Assommons les pauvres: c’est au terme de «quinze jours de confinement» que, dans «l’intellect confiné» du narrateur, se forme ce funeste projet. Il est toutefois à redouter que, très vite, nous soyons reconduits dans nos logis. Les masques et les tests seront-ils au rendez-vous en nombre suffisant ? Et puis, sans chercher à exonérer nos dirigeants, le défi est redoutable: nous aspirons à renouer avec la vie sociale ; or, la vie sociale est précisément le terreau fertile de notre virus. À quoi, en outre, ressemblera ce monde où chacun est appelé à se concevoir comme une citadelle qu’il doit s’aviser de rendre imprenable… et ce dans une vigilance de tous les instants, un moment de distraction pouvant être fatal ?

    N’y a-t-il rien de positif à retenir de ce ralentissement ?

    Vous parlez de ralentissement, mais nous tombons de Charybde en Scylla, d’un affairement, d’une agitation, d’une fuite en avant assurément insensés, à un arrêt complet,or, c’est le ralentissement précisément qui est souhaitable et fécond. C’est l’alternance des rythmes, «tantôt je pense, tantôt je suis»,disait Paul Valéry. Il n’est jamais bon de s’orienter selon des alternatives binaires. La polarité affairement/confinement est tout autant l’indice d’un déséquilibre anthropologique que la polarité progressiste/conservateur. Cette dernière méconnaît la présence en tout homme du besoin de continuité, de stabilité et le goût du nouveau, tout comme la première ignore la coexistence en chacun de nous du besoin de converser, de partager avec nos semblables en chair et en os nos joies et nos peines, et de la nécessité de se retirer de leur compagnie, de jouir du silence et de la solitude du foyer.

    Cela m’évoque Notre-Dame de Paris. Ce halo de silence qui l’enveloppe, cette tranquillité retrouvée a quelque chose d’heureux. Délivrée de ces hordes de touristes, elle est comme rendue à elle-même. Lorsque, avant le confinement, je pouvais encore la contempler de loin, j’étais frappée par la sérénité qui se dégageait de sa façade. Toutefois, on ne peut se réjouir de ce repos ici aussi, forcé, là n’est pas sa destinée, elle a été bâtie ad majorem Dei gloriam pour recevoir les fidèles. L’enjeu et le défi sont bien analogues: il nous faudrait être capables de sortir de ces alternatives du tout ou rien, du tourisme de masse ou de la mise au repos complet, de la consommation et de la production effrénées ou de l’interruption de l’activité. Il serait bon que nous nous inspirions de la sagesse des Anciens, que nous retrempions notre plume dans leur encrier et redonnions de la légitimité à des notions en apparence aussi désuètes que celles de «juste mesure», de «juste milieu», de «discernement», de «convenance».

    Les cafés, les restaurants, tous les lieux de convivialité devraient encore rester fermés. De même que les lieux de culture: cinéma, théâtre, etc. Au-delà des conséquences économiques, quel impact social cela peut-il avoir ?

    Les lieux de culture… et de culte. Ce qui est, notons-le au passage, totalement incohérent du moins pour les églises, car, sauf à penser que le confinement ait été un grand moment de conversion des âmes à la foi catholique, on les sait désertées, en sorte qu’il semble aisé d’y célébrer la messe ou autres liturgies en respectant l’impératif de distanciation sociale. Mais évidemment, il ne peut y avoir de régime séparé des lieux de culte, et, signe des temps, la question est autrement épineuse lorsqu’il s’agit des mosquées !

    Aussi longtemps que les restaurants, les cafés, les cinémas, les théâtres, les salles de concert, resteront fermés, on ne pourra dire que la vie reprend son cours. Ou alors, la vie, oui, et elle seule, mais non l’existence humaine, l’existence d’un être, inséparablement corps et esprit. «Toute politique implique (et généralement ignore qu’elle implique) une certaine idée de l’homme», disait Valéry. De toute évidence, mais ce n’est pas une révélation, l’idée de l’homme qui prévaut parmi nos dirigeants est bien dégradée et dégradante. J’ai été fort attristée d’apprendre qu’en Allemagne, les librairies n’avaient jamais été fermées, que reste-t-il de la France comme patrie littéraire ?

    On pourra m’objecter la réouverture des écoles, mais soyons sérieux: ce ne sont pas les écoles comme lieux de la transmission du savoir – ce qu’elles sont déjà si peu en temps normal – qui rouvriront, mais des garderies, des centres de loisirs, voire des cellules d’aide psychologique (un professeur, responsable syndical, nous a expliqué qu’il s’agirait de permettre aux élèves d’«évoquer leur ressenti»), afin de permettre aux parents de retrouver le chemin du travail.

    Cela est-il plus difficile à vivre dans un pays comme la France, reconnu pour son génie de la sociabilité? Est-ce une part de «l’art de vivre» à la française qui est amputée ?

    Assurément. Cette crise sanitaire, et c’est ce qui, par-delà sa mortalité, la rend si cruelle, est une crise de la sociabilité. Celle-ci affecte toutes les civilisations, car c’est l’homme en son humanité qui est ici en jeu: «Il n’est rien à quoi il semble que nature nous ait plus acheminé qu’à la société», écrivait Montaigne. Mais elle est plus âprement éprouvée en France tant «l’esprit de société» (Benedetta Craveri) marque de son sceau l’identité française et distingue la France d’entre toutes les nations. Les témoignages des étrangers abondent, et tous confirment le tableau peint par Rica, le jeune voyageur persan de Montesquieu : «On dit que l’homme est un animal sociable. Sur ce pied-là, il me parait, observe-t-il, qu’un Français est plus homme qu’un autre ; c’est l’homme par excellence car il semble être fait uniquement pour la société.» Or, les codes, les formes «conciliatrices des premiers abords de la société» (Montaigne), les manières, les rites, dont celui du repas pris en commun, constitutifs de l’art de vivre à la française, ces trésors de civilisation que nous lèguent nos ancêtres, sont frappés de caducité par le nouveau code des relations humaines ou plutôt de la déliaison sociale («distanciation», «gestes barrière»).

    Après tout cela, va-t-on redécouvrir le goût de la liberté et de la conversation civique ?

    Je veux croire, dans mes moments d’optimisme, que cet isolement forcé, cette privation de relations humaines non virtuelles nous conduira à remettre en question l’anthropologie libérale postulant un individu autosuffisant et mesure de toute chose. Que nous devenions, par l’épreuve du manque, emplis de gratitude pour ceux qui nous ont précédés, pour leur génie de la sociabilité, pour les délicatesses et les lieux qu’ils nous lèguent.

    La crise est encore loin d’être dernière nous, mais observateurs et politiques tentent déjà de penser «le monde d’après». Emmanuel Macron a annoncé que nous devions nous réinventer, y compris lui-même. Que cela vous inspire-t-il ?

    De la tristesse et de l’impatience, car le président s’obstine à ne pas comprendre ce que réclame le moment présent, non pas cette langue managériale, non plus des envolées lyriques, moins encore ce pathos de la table rase. Ce n’est pas de réinvention que nous avons besoin, c’est de retrouvailles avec nous-mêmes, avec notre histoire, notre singularité. Leçon déjà administrée, soit dit en passant, par la France périphérique devenue visible par la grâce du «gilet jaune». Bernanos a une phrase extraordinaire et qui m’est un viatique: «Le crime de nos politiques n’est pas de n’avoir pas servi la France, mais de ne pas s’en servir.»

    «Heureux qui comme Ulysse, chantait le poète, a fait un beau voyage et puis est retourné plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge…» Le voyage a été beau pour certains, mais quelque quarante années de mondialisation nous ont instruits, le besoin de rentrer se fait farouchement sentir. Nous avons besoin, et tous les peuples le manifestent chacun à sa façon, d’être rapatriés sur terre, dans nos terres. Non pas pour être confinés dans nos frontières, mais pour n’avoir pas pour seul horizon de les ouvrir ou de les franchir.

    Lorsqu’en 1949, Albert Camus publie L’Enracinement de Simone Weil, il écrit qu’il est inimaginable d’envisager de rebâtir l’Europe sans tenir compte des exigences définies dans cet ouvrage. Or, ce livre dit précisément le besoin humain d’inscription dans un lieu et une histoire uniques ainsi que le droit à la continuité historique. Nous avons pris le chemin exactement inverse: les identités nationales n’ont plus été perçues que comme des principes d’antagonismes meurtriers, et l’Union européenne s’est construite sur le mépris de ce «besoin fondamental de l’âme humaine» en se donnant pour programme l’obsolescence des nations. Aujourd’hui, et déjà depuis plusieurs années, les peuples confirment Simone Weil: la patrie est redécouverte comme « milieu vital » et « source de vie ».

    Le président de la République semble tout de même renoncer à la rhétorique du «nouveau monde» et évoque désormais la nécessité de retrouver notre souveraineté. N’est-ce pas un tournant ?

    Il est un talent qu’on ne peut pas retirer au président: il excelle dans l’art de la description, il peint des tableaux de la France d’une extrême pertinence, mais cela reste sans conséquence dans les actes. Un tournant, il nous en avait d’ailleurs déjà promis un en 2019, au lendemain de l’épisode des «gilets jaunes». C’est en lisant Clément Rosset que le phénomène Macron s’est éclairé pour moi. Le philosophe a forgé la notion de « perception inutile » : « C’est une perception juste, explique-t-il, qui s’avère impuissante à embrayer sur un comportement adapté à la perception. J’ai vu, j’ai admis, mais qu’on ne m’en demande pas davantage .» La ressemblance est troublante. Mais là aussi, faisons droit à l’imprévisible, et je n’aspire qu’à être détrompée !   

    * Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie. Elle a fait paraître Libérons-nous du féminisme !  aux éditions de l’Observatoire, 2018. Elle avait publié précédemment « Le Crépuscule des idoles progressistes » (Stock, 2017) et « La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges », préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016). 
  • La question des races en France : une instrumentalisation américaine, par Pierre Wariou.

    Les indigénistes et leurs émules s'acharnent à inventer, en France, une question qui n'est que le duplicata d'une situation américaine sans équivalent en France. Mais les États-Unis projettent en France une vision racialiste, soutenue par leur ambassade.

    Le mouvement Black Lives Matter en France suppose qu’on peut importer en France des concepts américains sans pertinence historique locale – ce qui ne signifie pas qu’ils ne soient pas dangereux pour le corps social français.

    On voit aussi à la lumière de ce mouvement que le séparatisme n’est pas exclusivement le fait de l’Islam mais aussi celui de la pensée postcoloniale et indigéniste qui se diffuse au sein des structures officielles (université, musées, etc.).

    L’ethnie plus que la race

    Partons du commencement : la question noire. Y a-t-il une question noire en France ? Les Noirs aux États-Unis sont présents sur le sol depuis les premiers moments de ce pays. Issus de l’esclavage, ils ont développé une culture originale mais ont oublié leur culture d’origine : s’ils sont des « afro-descendants » ou des « Afro-Américains », ils n’ont plus grand chose d’africain. En France, c’est le contraire. L’immigration de personnes noires est beaucoup plus récente et, de fait, les questions ethniques ou culturelles y subsistent – à la différence des États-Unis où elles n’ont aucun sens.

    C’est ce que confirme un article du New-York Times du 15 juillet 2020, « Une prise de conscience raciale en France, où le sujet reste tabou ». « En France, en grandissant, Maboula Soumahoro ne s’était jamais considérée comme Noire. Chez elle, ses parents immigrés mettaient l’accent sur la culture Dioula, du nom d’un groupe ethnique musulman de Côte d’Ivoire. Dans son quartier, elle s’identifiait comme Ivoirienne auprès des autres enfants d’immigrés africains. »

    Il n’y a rien de plus logique. En France, les femmes noires portent des boubous ou des robes en wax. C’est le signe d’une immigration récente. De même, on y trouve des restaurants sénégalais, ivoiriens, éthiopiens, car les personnes présentes en France ne sont pas des « afro-descendants », ils ne sont pas « d’origine africaine » comme aux États-Unis, mais viennent d’un pays et relèvent d’une ethnie. De fait, il n’y a donc pas de solidarité noire comme aux États-Unis. C’est ainsi que, jeune, Maboula Soumahoro s’identifiait comme Ivoirienne auprès des autres enfants d’immigrés africains. Identification qui serait impossible aux États-Unis.

    L’influence américaine

    La suite de l’article est passionnante car on y voit que Maboula n’a pas été imprégnée d’une culture française mais américaine. Elle nous parle de Whitney Houston, de Michael Jackson, du Cosby Show et du hip-hop en indiquant au journaliste que cela lui avait « fait rêver d’être cool comme des Africains-Américains ». Dès lors, elle se mit à ressentir une affinité raciale avec ses amis. C’est là un phénomène qui s’observe fréquemment : les jeunes issus de l’immigration ont souvent une attitude ambivalente vis à vis de leur pays d’origine. Les jeunes d’origine maghrébine dénigrent volontiers les blédards, et ceux issus d’immigration subsaharienne font de même. Si les parents ont souvent un positionnement ethnique (les parents de Maboula se définissent comme relevant de l’ethnie Dioula), leurs enfants adoptent un positionnement racial : Maboula se pensera ivoirienne avant finalement de se rêver Afro-Américaine.

    Davantage que l’importation du mouvement Black Lives Matter, ce qui participe de l’importation en France de la question raciale, c’est évidemment la musique, l’esthétique, le cinéma. Bref : la culture afro-américaine. Il n’est qu’à voir les tonnerres d’applaudissements acclamant la sortie de Black Panther, film sans intérêt. Pour quelqu’un qui se rêve américain, ressentir dans sa chair une indignation pour la mort d’un quidam à Minneapolis, partager le même hashtag que Jay-Z ou Beyonce, c’est entériner une acculturation américaine. Le New-York Times confirme sans en avoir honte le moins du monde que cette importation est le résultat d’une politique volontaire de la part des États-Unis.

    Aujourd’hui, ceux qui remettent en cause cet idéal avec sans doute le plus de véhémence sont des Français noirs dont la conscience raciale s’est éveillée ces dernière décennies — aidés en cela par la culture populaire des États-Unis, par ses penseurs, voire même par ses diplomates à Paris qui repéraient et encourageaient des jeunes leaders français et noirs il y a une dizaine d’années.

    Au-delà de la culture populaire, on cite donc le soutien des diplomates américains. C’est un fait établi. Plus loin, le New-York Times enfonce le clou et le confirme une nouvelle fois : « L’ambassade américaine à Paris s’est mise à tendre la main aux minorités ethniques et raciales françaises après les attaques du 11 septembre, dans le cadre d’une politique internationale pour “gagner les cœurs et les esprits”. L’ambassade proposait des programmes éducatifs sur des sujets comme la discrimination positive — un concept tabou en France — et réussissait à atteindre pour la première fois un public de Français non-blancs, explique Randianina Peccoud, qui supervisa ces progammes à l’ambassade et qui a pris sa retraite l’année dernière. »

    L’ingérence américaine

    Le débat public donne depuis longtemps la parole à des militants qui cherchent à importer en France les conceptions raciales et communautaires qui ont cours aux États-Unis. C’est par exemple le cas de Maboula Soumahoro, diplômée de Columbia, spécialisée en « French diaspora studies », proche du Parti des Indigènes de la République et régulièrement invitée sur France Culture. C’est le cas de Rokhaya Diallo qui déclarait en 2010 que « La France a beaucoup à apprendre des États-Unis en matière de diversité ». On oublie cependant de rappeler que madame Diallo était allée aux États-Unis grâce à l’International Visitor Leadership Program (IVLP), un programme américain créé après-guerre et qui permet à de « jeunes leaders dans leurs domaines » d’être accueillis dans le Nouveau Monde. Le rappeur Ekoué Labitey ou Fayçal Douhane, le sous-préfet de Seine-Saint-Denis, avaient eux aussi bénéficié de ce dispositif. Vous l’ignorez peut être mais, chaque année, la totalité du budget des public affairs de l’ambassade américaine en France est consacré aux banlieues françaises. Cela représente trente personnes chargées des affaires culturelles et des relations presse qui sont employées pour assurer aux États-Unis une place dans l’imaginaire des banlieues. Cette information ne vient pas de blogs conspirationnistes mais d’un article remarquablement bien documenté que Thomas Poupeau avait publié le 30 décembre 2019 dans Le Parisien.

    Les investisseurs américains ne sont pas à la traîne de l’ambassade. C’est ainsi que la banque d’affaire américaine JP Morgan va investir 30 millions de dollars sur cinq ans dans les quartiers populaires d’Île-de-France, dont 26 pour le seul 93. La nouvelle avait fait l’objet d’un article dans Marianne en janvier 2019 signé d’Erwan Seznec. On y apprenait qu’il existe un programme baptisé Advancing Cities, doté de 500 millions dollars, et qui permettait à la banque de faciliter l’accès des quartiers populaires aux opportunités économiques. Les investissements de JP Morgan bénéficient notamment à Mozaïk RH, un cabinet de recrutement créé par le français Saïd Hammouche et destiné à faire des jeunes de banlieues des startupers à l’américaine. Ces projets soutenus par l’ambassade américaine rejoignent les aspirations d’un Majid El Jarroudi, un entrepreneur français, qui a fondé l’Agence pour la Diversité, et voit dans le 93 un « département monde », connectés avec tous les pays, et dont le multiculturalisme est un atout qu’il faudrait encourager pour booster l’économie française. Passé à En Marche, Majid El Jarroudi eut l’oreille d’Emmanuel Macron qui, en septembre 2017, vantait le « territoire le plus jeune et le plus innovant de France ». Les investissements massifs – chiffrés en milliards – qui doivent avoir lieu pour les Jeux Olympiques découlent de cette conception d’un territoire que l’on rêve une enclave américaine à côté de Paris. En mai 2018, La Croix s’enthousiasmait avec Macron qui, lorsqu’il annonça ses mesures en faveur des quartiers prioritaires, révéla que la banlieue serait une zone test de la fameuse start-up nation.

    Argent, coteries, programmes, investissement, rencontres… les Américains ne peuvent pas se permettre de bombarder la Syrie sans avoir une bonne image dans les banlieues. Ils préfèrent investir et soigner l’image de la Maison Blanche. Ne se cachant pas de voir le 93 comme un territoire musulman, ils ont décidé, à la suite du 11 septembre, d’en faire un territoire à conquérir. Plus de dix ans après, les États-Unis récoltent les fruits de leurs investissements. Camelia Jordana chante un slogan des Black Panthers dans une manifestation parisienne, des jeunes français s’agenouillent et s’approprient les slogans américains, nos intellectuels de gauche s’engouffrent dans les concepts d’importation comme celui de l’appropriation culturelle, du privilège blanc, de la blanchité, du “blackface” et la commune libre de Tolbiac a voulu importer l’aberrante expérience universitaire d’Evergreen au cœur du 13e arrondissement. Bref : ce n’est pas le séparatisme islamique qui est le seul problème mais l’importation artificielle et concertée de questions raciales avec le soutien des autorités françaises à l’arrivée massive du postcolonial.

    Illustration : Assa Traoré, l’Angela Davis au rabais, en pleine représentation d’afro-américanisme victimaire.

     

    Le costume des militants anti-négrophobie

    Lors de son action du 12 juin au Quai Branly – une tentative de vol pour rendre aux Africains ce que les colonisateurs leur ont volé (sic) –, Mwazulu Diyabanza, « syndicaliste panafricain et révolutionnaire engagé dans la cause de la liberté du peuple noir et de la libération de sa mère-patrie Afrique », portait un abacost et un béret des Black Panthers. Ces signes qu’il envoie à sa communauté ne nous parlent pas mais ils sont pourtant très éloquents.

    L’abacost est un costume dont le nom vient de « à bas le costume ». C’est au Zaïre, à partir des années 1970, que Mobutu imposa le port de ce vêtement. L’ex-militaire devenu dictateur, qui régna sur la République démocratique du Congo durant plus de trente ans, souhaitait bannir de son pays le costume, alors considéré comme un symbole de la colonisation. On inventa donc un veston sans col et à manches courtes ou longues. Jusqu’en 1990, le port de l’abacost était obligatoire au Congo, en remplacement du costume. Porter une cravate faisait également de vous un « mundele ndombi », expression que l’on peut rapprocher du « nègre de salon » de Malcom X[1]. Aujourd’hui, l’abacost est un costume qui véhicule une imagerie anticoloniale et anticapitaliste.

    Le béret noir faisait partie des accessoires des Black Panthers. Ce fut dans les années 1960 que deux leaders du mouvement, Huey P. Newton et Bobby Seale, visionnèrent un film sur les résistants français de la Seconde Guerre mondiale. Séduits par leurs bérets, ils adoptent le couvre-chef en 1966. L’esthétique paramilitaire cultivée par les membres du « Black Panther Party for Self-Defense » est déjà une mise en scène politique. Le béret noir renvoie à la logique de « l’autodéfense ». Proche des idées du nationalisme noir de Malcolm X, révolutionnaires, anti-capitalistes et anti-impérialisme, les Black Panthers se constituent des milices afin de lutter contre les violences policières. Si le combat de Martin Luther King était pacifique, la prise d’armes des Black Panthers en constitue le contrepoint radical. Ils furent ainsi à l’origine de « Patrouilles d’alerte des citoyens noirs » et d’affrontement avec la police.

    À la sortie de la garde à vue de Franco Lollia, porte-parole des Brigades anti-négrophobie (BAN), Mwazulu Diyabanza portait à nouveau un abacost de couleur jaune quand Franco Lollia, lui, portait une panthère noire sur son t-shirt des BAN. De son côté, lors de ses apparitions, Egountchi Behanzin, le chef de la Ligue de défense noire africaine (LDNA) privilégie le port du dashiki, veste yoruba que portaient également les militants du Parti des Black Panthers. Des figures historiques du parti comme Huey P. Newton et Stokely Carmichael ont parfois associé le dashiki à une veste en cuir noir. Le vêtement renvoie un message politique : celui du nationalisme culturel. Il s’agit d’une invention proche de l’abacost de Mobutu mais relevant de la Diaspora, l’ensemble des populations noires descendantes d’esclaves ou immigrées.

     

     

    [1]. Cet usage politique du vêtement explique que la diaspora congolaise qui s’opposait à Mobutu ait imaginé une autre façon de se vêtir. C’est ainsi que certains ont voulu privilégier le costume occidental des grands couturiers, et notamment les tissus les plus bariolés et luxueux. Ils font partie de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes, plus connue sous l’acronyme SAPE. Les sapeurs ont voulu montrer qu’on pouvait avoir une identité africaine tout en s’appropriant les vêtements des blancs. Ces dandys se croisent à Château-Rouge, dans le 18e arrondissement.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Bienheureux Coronavirus ! ! ! (partie I), par Antoine de Crémiers, Pierre de Meuse, Henri Augier.

    Avant propos

    Nous ouvrons aujourd’hui un débat   interne à notre mouvement proposé par des militants de longue date, inscrits dans l’histoire de l’Action française et connus pour leurs actes et leurs écrits. Ils font un constat lucide de la faillite du politique dans notre pays appuyé par une partie de l’«  élite  » intellectuelle  engagée pour la dissolution de la nation dans un mondialisme impersonnel, technocratique et aveugle aux besoins des peuples. Mais en dehors de ce constat que nous partageons tous, ils nous proposent de réfléchir, à l’occasion  éclairante de la pandémie brandie comme «  l’Armageddon  », ensemble à des alternatives possibles, pour le jour d’après, dans tous les domaines  :  Sociaux, économiques, culturels… pour rapprocher les français et trouver des outils susceptibles de contrer les agissements d’un système autiste, et méprisant toute tentative de prendre en compte l’expression populaire en la taxant de populiste, c’est-à-dire aux yeux des libéraux libertaire  :  Extrémiste et intolérante, ce qui est un comble quand on connait l’arsenal répressif déployé par le pouvoir contre toutes formes d’opposition dans notre pays. Étant donné la longueur de ce texte, il paraitra en deux parties. Nous commençons par le constat et nous continuerons sur la mise en «  ordre de bataille  ».

    Olivier Perceval

    2.jpgIl est effectivement grand temps de nous mettre en ordre de bataille pour « le jour d’après » qui sera sans doute sanglant.

    Nous sommes en 1929 et bientôt en 1933 ? Mais avec une nuance toutefois. A l’époque, la crise marque pour beaucoup la fin du libéralisme et son échec pour des causes endogènes, impossibles à dissimuler. Les libéraux dépriment et en 1938 dans la revue de Paris, Louis Rougier déplore que les partisans du libéralisme apparaissent comme « de donquichottesques paladins attardés à défendre une cause perdue ». Le libéralisme semble alors représenter une catégorie définitivement réfutée par l’histoire. Il faudra des années pour que ses adeptes le ressuscitent après l’épisode de l’État providence.

    Aujourd’hui :

    Depuis assez longtemps déjà, le système marchait vers l’abîme, condamné à patiner de plus en plus vite sur une glace de plus en plus mince, appuyé sur un endettement délirant suscité par la crise des années 2007/2008 époque où les Etats avaient répondu au problème de la dette par plus de dettes en transformant par un tour de passe-passe les dettes privées en dettes publiques. Dans un mouvement sans fin alimenté par des taux maintenus au plus bas, parfois même négatifs, et une création monétaire apparemment inépuisable dont la part essentielle, sans s’investir dans l’économie tournait en rond dans la sphère financière, le système ressemblait fort au catoblépas cet animal fabuleux tellement bête qu’il se dévorait lui-même. Nos hommes politiques ne savaient plus que faire pour dissimuler leur folie sachant que l’implosion était proche, mais qu’il   paraissait possible de la retarder indéfiniment ou du moins jusqu’au passage du relais à leurs successeurs.

    3.jpgMais l’heure des règlements de compte approchait dangereusement, lorsque survint comme par enchantement le coronavirus. Bienheureux coronavirus dont il faut à tout prix noircir et dramatiser les effets pour permettre de se déguiser en chef de guerre sans craindre le ridicule, lui attribuer tous les maux du temps présent, exonérer ceux qui en sont responsables et tuer l’économie qui ne pourra être sauvée à nouveau que par une création monétaire délirante et en «  en même temps  » tenter de rassurer les peuples par des promesses intenables, L’État devant jouer le rôle d’un assureur tous risques. Leur seule arme, c’est la planche à billets. Cette cause réputée purement exogène vient donner un répit au système. Répit qui sera de courte durée toutefois, les comparaisons rassurantes qui sont faites avec la période 2007/2008 étant nulles et non avenues  ; on voit même des prévisionnistes et analystes économiques, ceux qui se trompent toujours, expliquer doctement que oui, il y aura un moment difficile, mais dès le troisième trimestre et surtout au quatrième, la croissance repartira… Nous constaterons très vite le décalage entre promesses et réalisations. Nos économies sont à l’arrêt et beaucoup d’entreprises et de professions indépendantes cesseront leurs activités ce qui mécaniquement entraînera des baisses de rentrées fiscales et une augmentation du chômage…Or, nous ne savons pas quand la production pourra repartir, quelle sera l’importance du chômage et celle des personnes sans ressources et pas davantage combien de banques et d’assureurs vont faire faillite, nous ne savons pas… Et le jour d‘après risque fort d’être celui de la colère contre les «  habiles » qui ne peuvent cacher leurs méfaits, incapables de fournir du gel hydro alcoolique, des masques, des respirateurs, des lits, des tests, qui tiennent des propos contradictoires, prennent des décisions qui ne le sont pas moins, révélant leur dramatique incurie. Ce sera la colère des maires, celle des forces de l’ordre, du personnel médical et hospitalier et de ceux, nombreux, trompés et abusés par des menteurs professionnels qui ne feront plus illusion.

    Et pendant ce temps là… les « habiles » non seulement plaident non coupables, mais répètent qu’ils avaient raison et préparent dans les coulisses leur retour sur le devant de la scène.

    MATHIEU LAINE : Dans un livre récent intitulé « Il faut sauver le monde libre » L’auteur défile les propos convenus d’un libéralisme tranquille pourtant menacé par des ennemis qui deviennent chaque jour plus dangereux :

    « Alors qu’objectivement le monde va mieux ! Les ouvrages se multiplient relayant l’idée du crépuscule de notre civilisation, condamnant pêle-mêle l’économie de marché, la faillite de la démocratie représentative, une mondialisation à mille lieues du « doux commerce » de Montesquieu, les frictions identitaires, le désengagement citoyen ou l’individualisation d’un monde obsédé par le matérialisme  ; et il poursuit : « Du lointain boulangisme qui rassemblait les bonapartistes, les monarchistes et les républicains, tous opposés à la IIIème république, aux cinquante nuances de jaunes des années Macron, d’Orbanen Hongrie, au parti vérité et justice en Pologne, jusqu’au régime autoritaire de Maduro au Venezuela et celui d’Erdogan en Turquie en passant par l’alliance italienne entre le mouvement cinq étoiles et la ligue derrière Salviniou l’administration Trump, et désormais Boris Johnson, le populisme ramasse, mixe, et fait son miel de la multitude des frustrations, des colères et des insatisfactions, comme on drague sans nuance le fond des océans. Il prend autant de visages que d’incarnations et communie, contre la rationalité historique, contre les preuves statistiques, au rejet enflammé de tout ou partie des valeurs fondatrices du monde libre. »

    Olivier Perceval.jpgMathieu laine accuse les contestataires de sombrer dans le racisme, l’antisémitisme, l’obscurantisme, foulant aux pieds le fondement vital de nos démocraties que sont les droits essentiels, les institutions, les votes, les élus et leurs mandats. La très grande puissance du monde libre réside dans sa capacité à changer de dirigeants par le vote et non par la force. Certains l’ont manifestement oublié. (Interdit de rigoler ! ! !) Cette radicalisation est une insulte à la raison, une mise en marge de la république et une menace profonde pour l’avenir de notre communauté humaine. Et dans un paragraphe intitulé la convergence des brutes, il ajoute « l’époque n’a pas seulement redonner vie dans un concert mêlant comme jamais auparavant le vrai et le faux aux promesses les plus démagogiques elle a aussi fait resurgir les fantômes du passé. En France le mouvement des gilets jaunes, parti d’une jacquerie fiscale a réveillé le serpent de mer de la lutte des classes, des places, et des crasses. Comme à la grande époque de la convergence des brutes, le jaune a fini par s’assombrir et ressusciter une sinistre pandore délirant inexorablement au jaune rouge et au jaune brun.

    Dans un article paru dans le Figaro du mercredi 1er avril ( !) Mathieu Laine, psychorigide et monomaniaque poursuit l’analyse que lui dicte son idéologie et lui fait tenir des propos absurdes : « En ces temps tragiques où nous luttons contre un mal invisible et pleurant nos morts, mesurant dans nos chairs l’importance parfois oubliée du primat de la liberté ( !) l’heure a sonné de penser nos lendemains… A ce moment-là, un premier piège nous tendra les bras : le repli durable sur nous-mêmes. Parce que nombreux sont ceux qui associent l’épidémie à la mondialisation, la tentation sera grande de maintenir nos frontières fermées et nos volets baissés sur le pas-de-porte de l’altérité. Notre monde y allait tout droit, cédant aux injonctions de la peur, de la colère et de l’envie tout en niant les apports objectifs de la circulation des biens, des hommes et de la connaissance. Ce serait là une erreur majeure…

    ALAIN MINC  ou les raisons d’être optimistes  ! ! !

    A son tour, manifestant la même incompréhension du temps présent, et tout aussi psychorigide, Alain Minc dans un article du figaro du mardi 31 mars nous donne « des raisons sérieuses d’espérer » car dit-il,  les pouvoirs publics ont tort de proclamer que nous vivons une crise pire qu’en 1929, c’est paradoxalement grâce à eux que nous éviterons la grande dépression qui prennent les bonnes mesures : « Politique budgétaire unanime et incroyablement expansionniste, création monétaire sans limite, monétisation aussi large que nécessaire des dettes publiques, volonté de garder les effectifs professionnels et et d’éviter le chômage de masse. »

    Nous ne sommes pas non plus poursuit-il, en 2008, époque où le système bancaire aurait pu exploser et l’économie de marché sombrer. « Aujourd’hui, l’univers bancaire est efficace, alimente les circuits économiques qui fonctionnent à 65 % et demain sans doute davantage, compte tenu des redémarrages en vue. L’économie réelle marche fut-ce à vitesse réduite et sera en situation de redémarrer, une fois la crise finie, au prix d’un plan de relance ». Ayez confiance donc et résistons aux « passions tristes car, dans un monde qui ne cessait de disqualifier chaque jour l’action politique, jamais celle-ci n’a pris depuis des décennies une telle légitimité. » A voir ce libéral saluer l’action des pouvoirs publics, certains pourraient penser, à tort, que ce renforcement du rôle de l’État signe le faire-part de décès du libéralisme, il n’en est rien, bien au contraire, le renforcement de l’action des pouvoirs publics visant, c’est une constante, à sauver le marché et les règles de la concurrence, Alain Minc est un vrai libéral, il en assume complètement les contraintes. Comme le disait si bien Durkheim « L’Etat a été le libérateur de l’individu. C’est l’Etat qui, à mesure qu’il a pris de la force a affranchi l’individu des groupes particuliers et locaux qui tendaient à l’absorber, famille, cité, corporation… L’individualisme a marché dans l’histoire du même pas que l’étatisme »

    LUC FERRY : Il ne manquait plus à ce florilège de propos imbéciles que ceux du vieux barbon républicain et kantien. Dans un article du figaro, daté du jeudi 26 mars il s’attaque violemment aux « vautours » aux oiseaux de malheur qui « sonnent le réveil ». « L’avenir nous dit-il, montrera vite que cette crise ne changera au final que peu de choses. Certes, elle touchera durement des personnes et des entreprises, mais pas le système de la mondialisation libérale (Ouf !) que consacre au contraire la logique des GAFA : jamais smartphones et tablettes n’ont autant servi ! Oui, il y aura des faillites, une récession colossale et un endettement inévitable, néanmoins dramatique… Un Etatendetté, voire en faillite, n’en restera pas moins un Etatfaible. La croissance libérale mondialisée repartira donc en flèche dès que la situation sera sous contrôle. Les revenus de nos concitoyens auront diminué, certes, mais ils auront aussi fait des économies et elles inonderont le marché dès la fin du confinement. Donc, «  Ce sera reparti non pas comme en 14, mais comme dans les périodes d’après-guerre. Business as usual est l’hypothèse la plus probable, et du reste aussi la plus raisonnable, n’en déplaise aux collapsologues. »

    Les trois positions évoquées ci-dessus ne peuvent que nous laisser sidérés, elles sont assises sur une absence totale de logique, de cohérence et de cette incapacité des idéologues à comprendre le réel qui les transforment, comme le dit si bien Charles Gave à propos de Macron en parfait crétins, mais dangereux comme le montrera très certainement la suite des évènements.

  • Sur le référendum alsacien...

    ALSACE 1.jpgLe dernier n° de Royaliste (1032) publie une intéressante Tribune libre de Benoît Dollle (en substance, "...C'est non !") : ALSACE REFERENDUM.jpg

    Effectivement, tout dépend du "pour "quoi" de la fusion des deux départements.

    Si c'est avec les arrières-pensées que dénonce Benoît Dolle, alors, pour nous aussi, "c'est non"...

    Mais, si c'est pour en finir avec ces gabégies et ces gaspillages insensés dûs à un découpage idéologique absurde, qui ruine la France depuis la Révolution, et que Louis XVIII a eu le grand tort de ne pas supprimer (comme le faisait remarquer fort pertinemment - Pierre de Meuse); si c'est pour en revenir (merci, la Révolution, pour ces deux siècles perdus !...) à une organisation des territoires français conforme aux réalités de la géographie, de l'histoire, de l'économie, des particularités induites par les diverses communautés... bref, en revenir à une France des terroirs, des "pays", des provinces, pour nous, c'est évidemment oui.

    Il y a belle lurette que les royalistes demandent la suppression des Départements, donc des 101 Préfectures et des 243 Sous-Préfectures, archi-ruineuses.

    Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrit, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras :

    "En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...", là où il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon "sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...", ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête "uno assemblado soubeirano, à Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, à Marsiho o à-z-Ais". Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    FELIBRES FEDERALISTES.JPGL'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme "lou paire e lou redatour de la declaracioun", les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait :

    "Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile". 

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération : "Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue."

  • Quand Barrès recadre parfaitement le vrai sens de la fête de Jeanne d’Arc

    Trois commentaires reçus sur le blog permettent de réfléchir au sens profond de cette fête.

    Il en résulte que tous les Français patriotes y ont leur place. Pas les partis, ni les hommes de parti, en tant que tels.

     

    1003639.jpg

     

    Voici les trois commentaires qui en discutent.

     

    Incroyable de reprocher au FN de célébrer Jeanne.
    Pourquoi ne vous acharnez vous pas sur les partis de l'Establishment qui renient l'essentiel de l'histoire de France?

    Écrit par : Rembarre | samedi, 16 avril 2011

    Répondre à ce commentaire Rembarre

     

    Je vous propose une excellente définition de la personnalité de Jeanne d'Arc :
    « Chacun de nous peut personnifier en elle son idéal. Êtes-vous catholique ? C'est une martyre et une sainte que l'Église vient de mettre sur les autels. Êtes-vous royaliste ? C'est l'héroïne qui a fait consacrer le fils de saint Louis par le sacrement gallican de Reims... Pour les républicains c'est l'enfant du peuple qui dépasse en magnanimité toutes les grandeurs établies... Enfin les socialistes ne peuvent oublier qu'elle disait :

    "J'ai été envoyée pour la consolation des pauvres et des malheureux."

    Ainsi tous les partis peuvent se réclamer de Jeanne d'Arc. Mais elle les dépasse tous. Nul ne peut la confisquer. »

    — Maurice Barrès

    Écrit par : Thulé | samedi, 16 avril 2011

    Répondre à ce commentaire Thulé

     

    J'aime bien le commentaire précédent.

    D'abord, parce qu'il renvoie à Maurice Barrès, c'est à dire à l'une de nos racines intellectuelles, politiques et spirituelles les plus essentielles, que nous oublions, parfois, à tort. Barrès n'a pas suivi Maurras dans sa conclusion monarchique, parce que, lui répondait-il, au moment de l'Enquête sur la Monarchie, "vous n'avez pas avec vous les puissances du sentiment". Elles étaient, encore, à l'époque, bonapartistes et républicaines. Mais les deux hommes ne se sont jamais séparés et Maurras n'a jamais renié le grand apport de Maurice Barrès, qui va, d'ailleurs, au delà du politique et s’adresse, aussi, aux personnes. Où en sont, aujourd'hui, s'il y en a encore, les puissances du sentiment ? Il me semble, en tout cas, que le vieux fond bonapartiste, révolutionnaire et républicain d'alors est en lambeaux.

    Ensuite, parce qu’il apporte à Rembarre une réponse, si j’ose dire, adéquate : il ne s’agit pas, bien sûr, de reprocher au FN de célébrer Jeanne d’Arc. Mais l’esprit de la véritable Fête de Jeanne d’Arc est clairement défini par Barrès : « tous les partis peuvent se réclamer de Jeanne d'Arc. Mais elle les dépasse tous. Nul ne peut la confisquer ». C’était, aussi, et j’espère que c’est toujours, le sens du Cortège Traditionnel du mois de mai (qui ne se déroule, d’ailleurs, pas le 1er mai) organisé à Paris et ailleurs en France, depuis 1920.

    Écrit par : JACO | samedi, 16 avril 2011

     

  • Royalistes et Gilets jaunes, aujourd'hui

    Louis XIV gilet jaune

    Par Jean-Philippe Chauvin 

    1262631406.jpg

    En ce début février, les manifestations des Gilets jaunes n’ont pas cessé, et si le nombre des manifestants semble décroître, il n’est pas certain que les raisons de manifester, elles, sont moins nombreuses ou moins importantes.

    En ce sens, le grand débat national, pour motivant qu’il soit pour la réflexion et la proposition, n’est ni suffisant ni satisfaisant pour apaiser les colères multiples qui ont envahi le champ social et les lices politiques, ce qui ne signifie pas qu’il faille le déserter mais simplement qu’il ne faut pas en attendre grand-chose de concret, référendum ou non. 

    Désormais, le samedi est devenu, au fil des semaines, le marqueur des manifestations, et le calendrier passé en compte déjà douze depuis le 17 novembre, date inaugurale des promenades en jaune.

    Gilets_Jaunes_8_decembre®Benjamin_de_Diesbach-47.jpgLes royalistes y ont sorti régulièrement leurs drapeaux, comme nombre d’autres mouvances, et la photo d’un sacré-cœur chouan côtoyant le portrait de Che Guevara en est la plus récente illustration, inattendue autant que surprenante pour qui oublie les conjonctions paradoxales des temps d’épreuves et de tempêtes : en 1940, les royalistes d’honneur que furent Honoré d’Estienne d’Orves, le colonel Rémy ou le camelot du roi Luc Robet, et tant d’autres, ne se posaient pas la question des opinions de ceux qui partageaient leur aversion pour cette Occupation malvenue et choquante que tous subissaient. Bien sûr, et fort heureusement, nous ne sommes pas en 1940, mais, pour nombre de royalistes sans œillères et lecteurs de Bernanos, l’alliance des « Blancs » et des « Rouges » contre le Pouvoir en place et pour la revendication, fort légitime, de justice sociale (formule chère aux monarchistes qui n’oublient pas que c’est le roi Louis XVI qui l’a « inventée » !), peut justifier ces compagnonnages étranges et limités dans le temps. D’ailleurs, en réaction à cet état de fait, certains provocateurs se réclamant d’un nihilisme brutal ou d’un trotskisme suranné n’ont pas hésité à jouer les « épurateurs » contre les volontaires du Roi, au risque de faire le jeu d’un Pouvoir qu’ils disent combattre quand, concrètement, ils le protègent par leurs exclusives politiciennes. 

    Les royalistes, dont la fibre sociale s’est révélée plus sensible que chez nombre de « conservateurs » partisans d’un « ordre républicain » qui n’est rien d’autre, en définitive, qu’un « désordre établi », continuent à jouer une partition particulière dans cette contestation inédite : enracinés dans leurs terroirs et dans l’histoire longue de la nation France, cette nation qui n’est pas née en 1789 ni par la mort du « roi Capet », les royalistes évoquent la nécessaire justice sociale, préférant souvent le mot d’équité à celui, plus ambigu, d’égalité même si, en privant cette dernière d’une majuscule qui la pétrifie sans profit pour les citoyens et en la qualifiant selon les lieux et les corps publics, elle devient plurielle et légitime. Oui, l’équité territoriale, c’est-à-dire la reconnaissance d’une inégalité protectrice car prenant en compte les situations et les conditions particulières des provinces, des communes et des corps intermédiaires ; oui, la justice sociale, c’est-à-dire le refus des inégalités démesurées et injustifiées qui ne sont rien d’autre, alors, que des injustices, parfois légales mais toujours illégitimes ; oui, l’égale dignité des travailleurs et de ceux qui n’en sont plus, par la retraite ou par la rente, dans la société et dans la contemporanéité ; oui, l’ordre public, qui n’est pas forcément « républicain », pour que chacun soit préservé des effets dévastateurs des désordres et des incivilités qui sapent la bonne entente sociale au profit des plus méprisants ou des plus violents (qui sont parfois les mêmes)… 

    2194624422.jpgLe message royaliste n’est pas, pour autant, un message utopique ou seulement catégoriel : il est le rappel de ces quelques principes simples qui peuvent ordonner la vie sociale comme le débat politique et institutionnel. S’il peut offrir aussi un débouché à la contestation et à la discussion, c’est que, bien que partisan, il prône une magistrature suprême de l’Etat dont la légitimité ne repose pas sur des urnes présidentielles qui sont trop souvent de véritables boîtes de Pandore, mais s’appuie sur la longue suite des temps et l’indépendance statutaire ouverte par le mode même de transmission du sceptre de père en fils, sans que ni l’un ni l’autre ne puissent s’en échapper… Ce non-choix est la condition première de sa position d’arbitre institutionnel au-dessus des partis et des factions, au-delà des péripéties parlementaires et des pressions des nouvelles féodalités financières et économiques. Elle est, à l’heure des campagnes millionnaires et communicantes, la liberté possible et nécessaire de l’autorité suprême qui rend possible les nécessaires libertés publiques. 

    Puisque les questions institutionnelles s’invitent dans le débat après être descendues dans la rue, il n’est pas incongru que les royalistes conséquents et constructifs prônent l’instauration d’une Monarchie royale qui pourrait, de par sa nature et son statut, ouvrir la voie à la refondation des « républiques françaises », provinciales, locales, professionnelles, susceptibles de se gouverner par elles-mêmes dans le cadre protecteur de l’Unité française et sans le corset de « l’indivisibilité » qui, trop souvent, n’est que le synonyme de l’uniformité et de la contrainte venue d’un Etat parisien trop jacobin pour être honnête…  ■ 

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Changement climatique budgétaire et monétaire : vers l’inflation, par Marc Rousset.

    La bulle boursière des actions devient la norme partout dans car, plus que d’une spéculation pure, elle est la conséquence de l’accroissement artificiel de la masse monétaire de toutes les centrales. La folie spéculative pure continue malgré tout : le cours de l’action de la chaîne de cinéma américain AMC Entertainment a bondi, à Wall Street, de 95 %, mercredi, et de 2.850 %, depuis janvier.

    marc rousset.jpgQuant à Michael Burry qui avait prédit la crise des subprimes, il parie à terme sur la chute de cours de Tesla, qui réalise des bénéfices uniquement en raison de la vente de crédits carbone à ses concurrents, ce qui ne va pas durer ; ces derniers se mettent aussi à l’électrique.

    Le Système occidental hyper-endetté est condamné d’une façon irréversible pour son laxisme et sa nullité, tout comme le pauvre Louis XVI avec ses dettes abyssales contractées pour la noble cause de la guerre d’Amérique contre l’. Le déficit public de la représentera 9,4 % du PIB, en 2021 ; la France se dirige vers un endettement qui se rapprochera des 130 % du PIB, à fin 2021

    Rien ne se passera en Europe, sur le plan économique, tant que la BCE continuera ses rachats de la française et italienne avec le plan PEPP de 1.850 milliards d’euros, mais la française sera au mieux de 5 %, à comparer à l’endettement supplémentaire du pays de l’ordre de 10 %. Tout comme le contrôleur général des finances Calonne, en 1787, nous sommes tombés dans le piège de la désensibilisation aux réalités de la dépense publique et de la . Il se trouve que l’Europe est en train de sortir des taux négatifs, même si le phénomène est lent et progressif. Louis XVI non plus n’avait aucune idée de ce qui l’attendait au bout du chemin.

    En Italie, avec Draghi, les Italiens veulent croire à la reprise, à la suite de la réouverture des , mais plus de 500.000 postes ont été détruits. Le 30 juin, ce sera la fin du gel des licenciements avec les réalités du chômage. Le plan miracle de 248 milliards d’euros d’investissements permettra-t-il de surmonter les faiblesses structurelles de l’Italie et une croissance anémique qui dure depuis vingt ans ? En Italie, comme en France, il va aussi falloir se résoudre à couper, un jour, le robinet des aides financières. Draghi n’a pas encore gagné la partie.

    Aux États-Unis, il semble que les forces inflationnistes soient désormais plus fortes que les forces déflationnistes, suite à la croissance démentielle de la masse monétaire. Les prix des matières premières, dont le pétrole qui flambe à 70 dollars, se sont réveillés ; les salaires augmentent car il y a pénurie de travailleurs à bas salaires ; les importations à bas prix de et des pays émergents qui correspondent au déficit abyssal de la balance commerciale ne semblent plus être en mesure de contenir l’, d’autant plus que leurs prix augmentent. Cette inflation états-unienne est une inflation d’insuffisance de l’offre (pénurie de puces et goulots d’étranglement) plus que d’augmentation de la demande. Selon Larry Fink, dirigeant du fonds d’investissement géant BlackRock, les investisseurs, par manque d’expérience, sous-estiment l’inflation à venir qui ne sera pas temporaire ; ce sera pour eux “un choc énorme”.

    Dans la zone euro, l’inflation a bondi à 2 % sur un an en mai (2,5 % en Allemagne), contre 1,6 % le mois précédent.

    Nous assistons, selon le Forum monétaire de Genève, au plus grand endettement et à la création monétaire la plus massive de l’ économique du monde, avec des taux d’intérêt proches de zéro, la création monétaire étant nécessaire pour que l’endettement continue sans krach obligataire. Mais l’inflation ne sera pas temporaire ; son augmentation provoquera, un jour ou l’autre, la hausse accélérée (déjà commencée) des taux d’intérêt avec un double krach des actions et des obligations, l’effondrement des monnaies, les dévaluations, l’hyperinflation et l’explosion du système. Les réalités économiques se vengeront un jour ou l’autre. Le monde est en fait en sursis depuis 2008, dans l’attente de la crise économique la plus violente de son histoire, pour ne pas avoir voulu assumer avec des moyens classiques « conventionnels » une nouvelle crise de 1929 très dure, mais salutaire et réparatrice, à cette époque.

     

    Marc Rousset

    Économiste
    Ancien haut dirigeant d'entreprise
  • L'Afrique Réelle n°135 - Mars 2021, par Bernard Lugan.

    Sommaire
     
    Actualité :
    - Ethiopie-Soudan : la question du triangle d’El-Fashaga
    - Les trois guerres du Sahel
     
    Dossier : L’Algérie deux ans après le début du Hirak
    - L’impasse politique
    - L’impasse économique et sociale
    - La fin annoncée des hydrocarbures
    - Comment l’Algérie peut-elle tenter de réagir ?
     
    Histoire :
    L’Egypte est-elle la fille du Sahara ?

    bernard lugan.jpgEditorial de Bernard Lugan :
     
    En Algérie, le Hirak a débuté le 16 février 2019 en protestation contre la candidature du président Bouteflika à un 5e mandat présidentiel. Il s’est ensuite transformé en lame de fond contre le « Système » qui a fait main basse sur le pays depuis l’indépendance de 1962. Or, si le Covid19 a mis un terme (provisoire) aux immenses manifestations populaires, la crise politique, sociale et morale demeure sur fond d’épuisement de la rente pétrolière et donc de naufrage économique...
     
    L'Algérie a connu son pic pétrolier entre 2005 et 2007 avec 2 millions de barils/jour, puis, la courbe décroissante s’amorça. Jusqu'en 2014, la baisse de production fut voilée par l'envolée des prix, mais, depuis le 3e trimestre 2018, le ralentissement se fait dans des proportions inquiétantes. Cette année-là, la production algérienne a ainsi baissé de 70.000 barils/jour avec une production d’un peu moins de 1 million de b/j (966 000) alors que les chiffres officiels étaient de 1,2 million b/j. 
     
    Le choc est donc double, avec à la fois, baisse du prix et épuisement des nappes. En effet, non seulement les gisements actuellement en activité déclinent, mais, encore plus grave, aucune découverte majeure susceptible de redresse le volume des productions n’a été faite.
     
    La situation du gaz n’est guère meilleure. La production moyenne de gaz algérien est d’environ 130 mds de m3. Or, comme 30 à 40% de cette production sont réinjectés dans les puits pour qu’ils puissent demeurer actifs, le pays ne dispose en réalité que d’environ 86 mds de m3 de production commercialisable. De plus, sur ces 86 mds de m3, environ 35 à 40 mds de m3 sont consommés localement pour la fabrication d’électricité. Dans l’état actuel de la production, il ne reste donc qu’une quarantaine de mds de m3 pour les exportations.
     
    Comme pour le pétrole, les exportations algériennes de gaz sont en baisse. Elles sont ainsi passées de 64 mds de m3 en 2005, à 51 mds en en 2018, puis à 48 mds en 2019 et enfin à 41 mds en 2020. Selon M. Abdelhamadjid Attar, actuel ministre de l’Energie, en 2025, les exportations devraient atteindre environ 25 mds de m3, soit moitié moins qu’en 2005...
     
    Ces quelques chiffres illustrent le drame algérien. En effet, les hydrocarbures fournissent, bon an mal an, entre 95 et 98% des exportations et environ 75% des recettes budgétaires algériennes, ce qui permet, puisque le pays ne produit rien, d’acheter à l’étranger de quoi nourrir, habiller, soigner et équiper la population. Or, avec l’effondrement de la rente des hydrocarbures, comment l’Algérie pourra-t-elle encore satisfaire les besoins élémentaires de sa population ? Au mois de janvier 2021, l’Algérie comptait ainsi plus de 44 millions d’habitants avec un taux d’accroissement annuel de 2,15% et un excédent de plus de 900 000 habitants chaque année.
     
    La leçon des crises des années 1986, 1990 et 1994 n’ayant donc pas été retenue par le « Système », l’économie algérienne ne s’est pas diversifiée et elle a continué à vivre sur la rente des hydrocarbures. D’où l’impasse actuelle.
     
    Pour tenter de calmer la révolte populaire qui gronde, les dirigeants algériens utiliseront donc leur joker habituel, à savoir la dénonciation de l’héritage colonial français. Mais ils l’ont tant de fois abattu que le Peuple va finir par ne plus être dupe…
  • Dans votre quotidien, cette semaine....

                         LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg                         Après La Syrie et la France.pdf que nous avions déjà mis en PDF, afin d'en faciliter la consultation, voici maintenant, à son tour en PDF, L'Iran et l'atome.pdf que nous a donné Champsaur, cette semaine. Il se propose, dans les jours qui viennent, de nous livrer une Histoire du pétrole, avec des documents parfois inédits, sur un sujet somme toute fort peu connu...

            De lundi à vendredi, nous donnerons le récit détaillé de notre rencontre - à sa demande - avec Georges Bourquart, journaliste au Dauphiné Libéré, lequel, suite à nos relations de la journée d'hommage à Maurras, a voulu parler à des royalistes, afin de se faire une idée par lui-même de ce que nous étions, de ce que nous proposions... La brièveté obligée de son article ne pouvait évidemment pas rendre compte de la quantité de choses que nous nous sommes dites, pendant ces presque deux heures de conversation franche et cordiale, à bâtons rompus, ni de certaines nuances et subtilités indispensables concernant certains points évoqués : ce que nous souhaitions pour la maison du Chemin de Paradis; le royalisme et l'extrême-droite, l'antisémitisme de Maurras; sa condamnation en 45...  

            Et puisqu'on reparle de cette journée du 1er septembre, vous disposerez très vite - mercredi ou jeudi... - d'un PDF réunissant la totalité de ce qui s'est passé ce jour-là : le récapitulatif des différents moments, la vidéo contenant l'intégralité des quatre interventions, le texte de Jean-François Mattéi, le reportage "en trente photos" (autant de photos que de "beautés de Martigues"...) et notre Album Une visite chez Charles Maurras...  

           Lundi, mardi et mercredi, on parlera d'Anne Hidalgo (qui préfère évoquer "1945" plutôt que la situation catastrophique dans laquelle le Sytème, qui échoue sur tous les plans, plonge notre pays...); de la sur-administration - fléau peut-être numéro un du Système... - en s'amusant de certaine loi parmi les 8.000 et les 400.000 textes réglementaires; de RESF, qui veut ouvrir le marché du travail aux Roms, alors que c'est par charrettes entières que les travailleurs français sont mis au chômage; des signes avant-coureurs de l'exaspération populaire face à ces Roms, justement, qui risque fort, très vite, de dégénérer...

           On continuera à Lire Jacques Bainvillevendredi.  

             On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France"de la construction du Pont Valentré au Prix Nobel de médecine pour Luc Montagnier et François Barré-Sinoussi, en passant par la deuxième loi de Lazare Carnot organisant le Génocide vendéen (voir notre Album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants"... 94 photos) et la conférence de Renan faite en Sorbonne, le 11 mars 1882, "Qu'est-ce qu'une Nation ?",  bien d'actualité aujourd'hui...  

            Notre rubrique Activités France entière (mise à jour quotidiennement...) a pris son rythme de croisière et propose en permanence une trentaine d'activités diverses : elle a été déplacée, vous l'avez remarqué, en haut à gauche de la page d'accueil, afin d'être plus immédiatement visible et consultable; elle est à votre disposition pour annoncer et répercuter tout ce qui se fait chez vous, "sans nostalgie ni folklore", pour un royalisme intelligent. Lafautearousseau se veut la maison commune de toutes les bonnes volontés : il vous suffit de nous informer, sitôt reçu, sitôt publié...  

              Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" (comme on dit dans le jargon) à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer...   

            Bonne lecture, et bonne semaine sur votre quotidien !