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Rechercher : qu'est ce que le système ?

  • Rendre les liber­tés réelles aux populations, par Philippe SCHNEIDER.

    1934, Hit­ler, depuis un an chan­ce­lier du Reich après avoir gagné les élec­tions, veut annexer l’Autriche, son pays natal. C’est la pre­mière ten­ta­tive « d’Anschluss ». Un pays réagit immé­dia­te­ment en mas­sant une armée à la fron­tière autri­chienne et mena­çant d’intervenir si l’Allemagne pour­suit son pro­jet. 

    2.jpgCe pays, c’est l’Italie dont le diri­geant prin­ci­pal est Mus­so­li­ni. Il est objec­ti­ve­ment le prin­ci­pal adver­saire de l’Allemagne nazie.

    Fin 1935, l’Italie attaque l’Ethiopie pour agran­dir son empire colo­nial. C’est mal vu des Anglais qui, par le tru­che­ment de la Socié­té des Nations fait condam­ner l’Italie. Des sanc­tions poli­tiques et éco­no­miques sont prises. Les Fran­çais, comme des « mou­tons », suivent bête­ment, ce qui est condam­né fort jus­te­ment par l’Action Fran­çaise. La consé­quence est catas­tro­phique pour la suite car, du coût, l’Italie se rap­proche de l’Allemagne et ils deviennent alliés. Que se serait-il pas­sé en 1940 si l’Italie avait été de notre côté ?

    Pour­quoi par­ler de cela ? Car la même erreur semble se repro­duire aujourd’hui : Les Etats Unis d’Amérique diri­gés par le stu­pide Joe Biden – comme presque tous les pré­si­dents amé­ri­cains en poli­tique étran­gère ! – veut  prendre des sanc­tions contre la Rus­sie qui est accu­sé d’oser avoir des actions dans le monde « non cor­rectes ». En fait, agir un peu comme les USA en plus modé­ré (inter­ven­tions dans la poli­tique inté­rieure d’autres pays par exemple). Et il veut entraî­ner tous les pays de l’OTAN dans cette poli­tique. Elle est désas­treuse et ne peut qu’entrainer un rap­pro­che­ment de plus en plus étroit entre la Rus­sie et la Chine. Il est cepen­dant pro­bable que la Rus­sie ne le sou­haite pas, comme Mus­so­li­ni ne sou­hai­tait sans doute pas l’alliance alle­mande. Les consé­quences peuvent être terribles.

    Biden est venu faire une tour­née en Europe pour don­ner ses ordres et à envoyer son secré­taire d’Etat les pré­ci­ser. Ange­la Mer­kel semble rechi­gner. En fait, elle veut que le gazo­duc qui doit relier la Rus­sie à l’Allemagne qui est presque ter­mi­né entre en acti­vi­té. Il semble que les Amé­ri­cains, sans doute à contre cœur, l’aient accep­té car les sanc­tions prises contre les entre­prises par­ti­ci­pants à sa réa­li­sa­tion ont été dis­crè­te­ment levées. Pour le reste les Alle­mands sont d’accord. Que va faire l’homme qui nous sert de Pré­sident ? Il dit qu’il a le droit de par­ler avec le Pré­sident Pou­tine. C’est bien. Mais encore ? La France doit par­ler avec la Rus­sie comme avec un pays ami avec qui nous devons avoir des rela­tions ami­cales. La pre­mière chose serait de recon­naître la Cri­mée comme fai­sant par­ti de la Rus­sie, ce qui est vrai his­to­ri­que­ment. Ce serait un fait mar­quant qui per­met­trait de dis­cu­ter plus serei­ne­ment des autres pro­blèmes qui peuvent exis­ter et pas­ser des accords éco­no­miques et com­mer­ciaux avec ce grand pays. Ce pour­rait être l’amorce d’une grande poli­tique étran­gère indé­pen­dante tout en gar­dant nos alliances, seule l’intégration de notre armée dans l’organisation mili­taire de l’OTAN doit être sup­pri­mée. Le pro­blème est jus­te­ment qu’il faut être indé­pen­dant pour le faire, ce qui n’est plus le cas. La France doit rendre des comptes aus­si bien à Bruxelles/Berlin qu’à Washing­ton. C’est vrai dans ce domaine comme dans tous les autres : éco­no­mie, finances, agri­cul­tures, jus­tice,… et même en grande par­tie notre défense. Notre Pré­sident ne fait rien car il ne peut rien faire sinon d’être un pâle « porte parole ». Alors, il parle pour faire sem­blant de faire quelque chose. Et un autre pré­sident (ou pré­si­dente) ne ferait rien de plus car pri­son­nier du système.

    Dès lors, pour­quoi voter ? Aucun can­di­dat poten­tiel (pour l’instant) à la pré­si­dence ne pro­pose de « cas­ser » ce sys­tème et d’abord de reprendre notre indé­pen­dance natio­nale. Il y a long­temps que le Ras­sem­ble­ment Natio­nal a aban­don­né ce qui avait fait la force du Front National !

    Pour les Fran­çais, tout dépend de l’élection pré­si­den­tielle. Ils ont ain­si lar­ge­ment bou­dé les élec­tions locales que nous venons de vivre. Ils consi­dèrent que les can­di­dats à ces scru­tins ne sont que des repré­sen­tants « d’écuries » pré­si­den­tielles. C’est sou­vent vrai dans notre pays trop cen­tra­li­sé. Il faut dire aus­si que le stu­pide décou­page en « grandes régions » est un véri­table « repous­soir ». Que peut signi­fier « Grand Est » pour un Lor­rain sinon une preuve de plus du stu­pide cen­tra­lisme tech­no­cra­tique pari­sien ? Cepen­dant, c’est aus­si faux car c’est au plan local que des per­son­na­li­tés inté­res­santes peuvent faire preuve d’efficacité pour le bien com­mun, même dans notre régime répu­bli­cain. Et il y a bon nombre de per­sonnes qui s’engagent au niveau local, et nous en trou­vons aus­si bien  dans des par­tis – quelque soit le par­ti – ou indé­pen­dants. Et c’est dom­mage qu’ils ne soient pas recon­nus la plu­part du temps. En fait, c’est à ces élec­tions, dans un pays « nor­mal » qu’il devrait y avoir le plus de par­ti­ci­pa­tion car ces élus vont s’occuper de la vie des per­sonnes dans leur quo­ti­dien. Mais il fau­drait aus­si qu’ils aient plus de pou­voirs réels. Donc que l’on en finisse avec la cen­tra­li­sa­tion républicaine.

    Rendre les liber­tés réelles aux popu­la­tions, aux col­lec­ti­vi­tés locales, voi­là un « pro­gramme » à suivre. Et en même temps, mais c’est indis­pen­sable pour  y arri­ver, rendre sa liber­té à notre Nation. Il nous faut un pou­voir indé­pen­dant, fort dans les domaines réga­liens et per­met­tant aux Fran­çais de reprendre leurs liber­tés. Ce seraient  « les répu­bliques fran­çaises sous le Roi ».  C’est impos­sible dans notre répu­blique apa­tride qui n’a plus rien de « Française ».

     

    http://lalorraineroyaliste.unblog.fr/

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • « L’idéologie abolitionniste fait passer la vie des criminels avant la vie des innocents », par Jean-Louis Harouel.

    Le 9 octobre 1981 était abolie la peine de mort. Ce quarantième anniversaire fait l’objet d’une célébration consensuelle unanime : ce fut un immense progrès humaniste. Est-il encore possible, en 2021, de contester ce qui est devenu un dogme de foi ?

    C’est effectivement devenu un dogme de foi : l’abolition est sainte, et Badinter fut son prophète. Il est très mal vu de contester cette vérité officielle de nature religieuse. La peine de mort est un sujet tabou dont on n’a plus le droit de parler de manière libre. En effet, l’anathémisation de la peine de mort est un des dogmes de la religion des droits de l’homme – ou encore religion humanitaire –, qui est aujourd’hui notre grande religion d’État. Toute contestation du bien-fondé des dogmes de cette religion séculière est prohibée par la police humanitaire de la pensée, d’où une disparition progressive de la liberté d’expression.

    Il faut impérativement braver ces interdits et rouvrir le dossier car, en réalité, rien n’est réglé. La suppression de la peine de mort s’est faite avant tout sur le mode de l’indignation, et non pas de la réflexion. L’abolition a fait naître un droit de l’homme immoral qui détruit la confiance dans le pacte social et déshonore l’idée de droit de l’homme. Pouvoir tuer sans risquer d’être tué en punition de son crime est aujourd’hui un droit de l’homme. Le vice fondamental de l’idéologie abolitionniste est qu’elle fait passer la vie des criminels avant la vie des innocents, qu’elle reflète une préférence pour les assassins, perçus comme des victimes à sauver à tout prix. En 1973, au moment où il commençait sa croisade contre la peine de mort, Robert Badinter avait osé avouer que, tout en mesurant « l’immensité de la peine » des proches des gens assassinés, il ne se sentait pas, « au fond », du côté « des honnêtes gens, des victimes ». Inquiétant, chez un futur garde des Sceaux !

    Dans votre livre Libres Réflexions sur la peine de mort, vous écrivez que celle-ci était la clé de voûte de notre justice. Est-ce à dire que sans peine de mort, la justice s’effondre et qu’il faut voir là la raison de nos soucis actuels en matière de sécurité ?

    De fait, la suppression de la peine de mort a provoqué une perversion de la justice génératrice d’insécurité. Par sa simple présence dans la loi, la peine de mort était la clé de voûte d’un système pénal juste qui restait fondé sur la responsabilité de l’individu, laquelle combine deux principes : réparation et expiation. Expiation suprême, la peine de mort s’inscrivait dans une philosophie de la responsabilité de l’individu. Jusqu’à sa mise au rebut de 1981, la peine de mort, bien que très peu appliquée, légitimait toutes les autres peines, lesquelles paraissaient douces par comparaison. Au lieu de quoi, l’abolition de la peine de mort, qui était fondée sans qu’on n’ait osé le dire clairement sur l’idée d’une irresponsabilité de l’individu, a délégitimé toutes les autres peines avec, pour conséquence, un ébranlement de l’ensemble de la justice pénale, pervertie par un humanitarisme anti-pénal et un laxisme judiciaire générateurs d’insécurité au sein de la société. Agissant comme une onde de choc, l’abolition a été productrice à tous les niveaux d’une impunité toujours plus grande des criminels mais aussi des délinquants. Avec, pour conséquence, que la justice devient créatrice d’insécurité.

    De Victor Hugo à Robert Badinter, les idéologues de l’abolitionnisme avaient promis une perpétuité réelle pour protéger la société contre les criminels dangereux. Mais il n’en a rien été. Le même discours humanitaire qui a réclamé et obtenu l’abolition de la peine de mort s’est ensuite retourné contre la détention perpétuelle, condamnée à son tour pour motif d’inhumanité. Car la revendication de l’abolition de la peine de mort n’était que le fer de lance d’une idéologie qui va bien au-delà de cet objectif. Déjà présente chez Hugo, l’idéologie anti-pénale affirme que le criminel n’est qu’une victime innocente de la société et conteste à celle-ci son droit de le châtier, lui fixant le devoir de soigner en lui un être blessé. Réclamant un désarmement de la société face au crime, l’idéologie anti-pénale ne s’intéresse qu’aux délinquants et aux criminels et à leur réadaptation sociale, qui est devenue l’objectif central du système pénal.

    L’humanitarisme judiciaire qui a inspiré l’abolition de la peine de mort est, en réalité, générateur de barbarie. N’osant plus ou ne voulant plus punir, une justice laxiste laisse en liberté des délinquants inquiétants et remet en liberté des criminels dangereux qui ne tardent pas à passer à nouveau à l’acte. Se réclamant des droits de l’homme, la création indéfinie de droits subjectifs en faveur des criminels ainsi que la multiplication des mesures bienveillantes à leur profit fonctionnent comme une machine à fabriquer de l’insécurité. Celle-ci touche largement les policiers, lesquels sont couramment l’objet de violences pouvant entraîner la mort, voire visant à la donner, alors qu’il y avait, avant 1981, un réel respect pour leur vie car ceux qui les tuaient étaient toujours condamnés à mort et exécutés.

    Éric Zemmour a relancé le sujet récemment. Robert Badinter lui a répondu par voie de presse interposée qu’il lui semblait impossible que la France revienne un jour en arrière sur ce point. C’est également votre avis ?

    Il n’est pas impossible à la France de rétablir la peine de mort, en dépit de l’interdiction qui est aujourd’hui faite au peuple français de nourrir un tel projet et des verrous qu’on a placés pour y faire obstacle. Pour verrouiller l’abolition, les autorités françaises ont, en effet, enlevé la question de la peine de mort à la souveraineté des citoyens en inscrivant sa disparition dans la Convention européenne des droits de l’homme (2002) et dans la Constitution (2007). Ce faisant, on a dénaturé la démocratie. Sous l’effet de la religion des droits de l’homme, la France a abandonné le modèle classique de la démocratie libérale pour glisser vers une démocratie droits-de-l’hommiste où ce ne sont plus les citoyens qui sont souverains mais les dogmes de la religion humanitaire et les juges qui les imposent aux gouvernants comme aux gouvernés. C’est une criante violation de l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, lequel proclame, on le sait, que « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation ».

    Comme il y a eu naguère les démocraties populaires (l’Union soviétique et ses satellites) qui étaient, en réalité, des totalitarismes, il y a aujourd’hui la démocratie droits-de-l’hommiste, qui est une forme plus feutrée mais bien réelle de totalitarisme. Dans nos démocraties perverties par la religion des droits de l’homme, comme naguère dans la prétendue démocratie qu’était le monde soviétique, les citoyens sont écrasés par des tabous idéologiques et privés de leur souveraineté. Mais il suffit de revenir à une vraie démocratie pour que devienne possible le rétablissement de la peine de mort.

     

    Jean-Louis Harouel

    Professeur émérite à l'Université Paris II (Panthéon-Assas)
  • Camouflet italien à l’oligarchie

     

    Par François Marcilhac

     

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    C’est un nouveau camouflet à Bruxelles, à l’idéologie européenne et à l’oligarchie internationale qu’un peuple européen a donné, dimanche 4 mars, à l’occasion d’élections législatives et sénatoriales — les deux chambres sont élues au suffrage universel direct en Italie.

    Des résultats sans appel…

    L’Italie, une nation qu’on disait europhile, pourtant, mais dont l’europhilie s’est lentement érodée depuis l’application stricte des critères de Maastricht, une politique d’austérité menée sur l’injonction de Bruxelles autant par la droite que par la gauche « moderne » aux affaires — Matteo Renzi —, et les problèmes liés à l’immigration, l’Italie subissant de plein fouet le déferlement migratoire en provenance de Libye, dans l’indifférence générale. À moins qu’elle ne soit tout simplement victime du prétendu égoïsme des États membres de l’Union européenne — cet égoïsme s’appelle intérêt national — qui, face à leur opinion publique — on sait ce qu’il en a coûté à Merkel de braquer la sienne —, ne souhaitent pas prendre leur part d’un fardeau que la géographie a dévolu à l’Italie.

    Nous ne pouvons évidemment que nous réjouir de ces résultats, d’autant qu’à l’intérieur de la coalition (37 % des voix) réunissant Forza Italia de Berlusconi, la Lega (ex-Ligue du Nord) de Matteo Salvini (proche du Front national français) et les patriotes de Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, qui ont conservé la flamme tricolore du MSI, le résultat de Forza Italia, le parti le plus europhile de la coalition, est décevant pour un Berlusconi qui a raté son retour sur la scène politique italienne, passant derrière la Lega pour la première fois de son histoire. Quant au mouvement — populiste — 5 Etoiles (M5S), qui n’est plus dirigé par l’histrion Beppe Grillo mais par le plus politique et plus jeune Luigi Di Maio, 31 ans (le même âge que le chancelier autrichien conservateur allié des populistes du FPÖ, Sebastian Kurz), il a fait 32,6 % des voix. La gauche, elle, est laminée : le Parti Démocrate (PD), de Matteo Renzi a fait à peine 19 % des voix — contre 40 % aux européennes de 2014 —, tandis que les frondeurs de Liberi et Uguali doivent se contenter de 3 %.

    … Mais une majorité de gouvernement difficile à constituer

    Toutefois, faire la somme des deux résultats de la coalition de droite et de M5S pour aboutir à quelque 70 % des voix n’aurait aucun sens. Outre la logique centripète du régime des partis, qui jouera à l’intérieur même de la coalition — Berlusconi sera sans aucun doute mauvais perdant —, il n’y a pas grand chose de commun entre le Mouvement 5 étoiles et la coalition, sinon de refléter un rejet général par les Italiens du système représenté par Matteo Renzi. M5S, notamment, fait feu de tout bois tandis que sa gestion municipale, notamment de Rome, n’incite pas à voir en lui un parti de gouvernement.

    Le 23 mars, l’Assemblée et le Sénat éliront leurs présidents : le président de la République italienne cherchera alors qui, du M5S ou de la coalition de droite, qui a obtenu les suffrages les plus nombreux, sera plus à même de constituer un gouvernement. Toutefois, les discussions risquent d’être longues, compte tenu du fait que ni M5S ni la coalition n’a la majorité. Tout devient donc théoriquement possible, comme en Allemagne, même un Parti démocrate perdant jouant les arbitres, ou de nouvelles élections… Merkel a mis plusieurs mois à rafistoler une grande coalition que les socialistes allemands, eux aussi perdants mais arbitres du jeu politique, viennent juste d’avaliser. Matteo Renzi, même s’il a pris acte de sa défaite en démissionnant du PD, n’a donc pas dit son dernier mot.

    Macron, un Renzi français

    Par une étrange inversion des choses, ou un gallocentrisme impénitent, on présente Renzi comme le Macron italien, alors que c’est bien plutôt Macron, qui est le Renzi français — Renzi est arrivé aux affaires bien avant Macron et lui a servi de modèle. En tout cas, les deux hommes, qui se sont présentés un temps comme les garants d’une rupture douce avec le système, ont vite tombé le masque : l’un comme l’autre ne sont que les courtiers de l’oligarchie internationale, les gouverneurs de l’Europe allemande dans leur pays respectifs. On comprend pourquoi Macron, déjà affaibli par les difficultés rencontrées par Merkel à constituer une coalition fragile, et qui craint peut-être à plus ou moins brève échéance de subir le sort de Renzi, a réagi en pointant du doigt l’immigration comme cause principale du résultat italien. Le message envoyé aux frondeurs de sa majorité est clair : si La République en Marche ne veut pas se voir priver, comme le PD italien, de la confiance des électeurs, que les députés à l’âme sensible, qui hésitent à appuyer le projet de loi Collomb sur l’immigration, fassent taire leurs scrupules. Ils le pourront d’autant plus facilement que les mesures apparemment sévères, s’agissant notamment du délai de rétention des immigrés illégaux, et de toute façon inapplicables en raison d’un manque de structures, dissimulent mal un projet qui, dans les faits, constituera très vite un appel d’air pour l’immigration clandestine, particulièrement en termes de regroupement familial. Une nouvelle application du « en même temps » présidentiel…

    Ne pas trop espérer…

    Il convient, toutefois, de ne pas trop espérer de ce nouveau coup de semonce à l’oligarchie. Si, dans toute l’Europe, voire outre-atlantique, les peuples font entendre de plus en plus fort leur opposition à l’Etablissement, ils le font naturellement en ordre dispersé, c’est-à-dire selon leurs préoccupations nationales, voire, comme c’est plus manifeste encore en Italie qu’en France, en mettant à quasi-égalité des mouvements protestataires dont les dynamiques tendraient plutôt à s’annuler qu’à s’ajouter. En France, où il n’existe aucun équivalent du M5S, la mésaventure de Berlusconi, passé derrière la Lega, n’incitera certainement pas Wauquiez à un rapprochement avec le FN. Quant à une dynamique européenne de gouvernements à majorité populiste ou alliée avec des populistes — aujourd’hui les Etats du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie), l’Autriche, demain peut-être l’Italie —, rien ne dit que les « égoïsmes » nationaux la permette autrement que sur des sujets bien précis, comme l’immigration.

    La coalition conservateur-populiste autrichienne n’a ainsi trouvé rien de mieux, à peine arrivée au pouvoir en décembre dernier, que de rouvrir avec l’Italie la querelle du Haut-Adige, encore appelée Tyrol du sud par les pangermanistes, province italienne depuis la fin de la première guerre mondiale et le dépeçage de l’Autriche-Hongrie, pour la défense de laquelle Mussolini avait mobilisé les troupes en 1934 sur la frontière du Brenner, après l’assassinat du chancelier autrichien Dolfuss par les nazis. Si l’Italie a jusqu’à présent fait profil bas devant cette provocation imbécile, visant à donner la double-nationalité aux Italiens du Haut-Adige, toutefois, il n’est pas certain qu’un éventuel gouvernement populiste installé à Rome réagisse de même. Comme quoi les populistes de tous les pays n’ont pas besoin de l’oligarchie pour se nuire ! Il leur suffit de rouvrir des blessures, de fait mal refermées. Car le cadavre de l’histoire bouge encore. Et nous ne parlons pas de l’irrédentisme hongrois, le peuple magyar n’ayant toujours pas pardonné aux anciens Alliés le traité de Trianon qui a fait perdre à la Hongrie en 1920 les deux tiers de son territoire. N’a-t-elle pas, elle aussi, naguère proposé la double nationalité aux Hongrois « de l’extérieur », dont elle entretient la flamme patriotique, notamment chez les jeunes ? Il faut avoir vu ces groupes nombreux de jeunes Hongrois « de l’extérieur », invités en plein mois d’août par le Gouvernement national à venir apprendre au sein du Parlement de Budapest le récit national et à se recueillir dans un silence religieux devant la couronne de saint Etienne, pour comprendre que le pire crime de l’Europe est sa dénégation des réalités nationales. Car rien n’est pire que la résurgence de ce qui a été nié.

    L’idéologie européenne a cherché à dissimuler sa brutalité inégalée en matière sociale, économique et culturelle, derrière un discours lénifiant sur de prétendues valeurs oublieuses de l’histoire et des identités. Rien ne dit que la nécessaire phase populiste, par laquelle les peuples semblent devoir passer pour se libérer du joug de l’oligarchie, sera un long fleuve tranquille. A moins que, par leur bêtise, les populistes ne donnent eux-mêmes la victoire à l’oligarchie.     

  • Société • Mai 68 : des histoires dans l’histoire, entretien avec Gérard Leclerc

     

    1237311666.2.jpgEntretien avec Gérard Leclerc Gérard Leclerc est journaliste et écrivain, philosophe et théologien, l’un des meilleurs connaisseurs de la pensée contemporaine. Propos recueillis par Philippe Ménard. 

    Gérard Leclerc, qui avait 26 ans en Mai 68, vient de publier Sous les pavés, l’Esprit aux éditions France-Empire/Salvator, une analyse des événements autant qu’une méditation sur leur sens.

    « Que l’on ne s’y trompe pas : toutes les offensives actuelles, qu’elles concernent aussi bien la déconstruction des liens sacrés du mariage, l’instrumentalisation de la procréation, la légitimation du meurtre en fin de vie, participent toutes d’un vaste mouvement de déshumanisation, en rupture d’un héritage dont les sources sont les lois non-écrites d’Antigone, les commandement du Sinaï et la charte des béatitudes. Mai 68 correspond à l’effondrement de l’héritage, mais il signifiait aussi la possibilité d’un sursaut moral au milieu des convulsions. Il pouvait être la perception d’un sauvetage possible dans l’abîme. »

    Philippe Ménard : Il y a deux Mai 68 : le fourrier du libéralisme libertaire, avec la libération totale du désir et donc la nécessité d’avoir un appareil de production pour satisfaire des désirs sans cesse renouvelés ; et un Mai 68 qui, à travers la remise en cause des effets nocifs du capitalisme, se voulait concret, généreux, solidaire, inventif, et dont on parle moins.

    Gérard Leclerc. Le phénomène Mai 68 est susceptible de plusieurs analyses qui se chevauchent. Il est fomenté par des groupuscules marxo-léninistes qui se trouvent débordés par un mouvement de jeunesse qui leur échappe. La Révolution, on n’en veut plus, on veut les fruits des Trente Glorieuses ! La révolution politique disparaît de l’horizon au profit du gauchisme culturel, comme dit Jean-Pierre Le Goff, le meilleur analyste de Mai 68, à mon sens. Gauchisme culturel qui se cristallise dans le service de la société de consommation : l’idéologie du désir a conforté la société capitaliste, ultra-libérale.

    50 ans plus tard, le Mai 68 capitaliste et libertaire a triomphé, mais le Mai 68 de l’autogestion, du retour à la terre, où en est-il ?

    Le gauchisme violent échoue en France, contrairement aux brigades rouges allemandes ou italiennes. La mort de Pierre Overney en signe la fin. Il y a eu trois rebonds. : le Larzac, cette « proto-ZAD », qui a mobilisé beaucoup de monde ; l’affaire Lip, tentative d’autogestion sans lendemain, dont Maurice Clavel a fait un roman Les Paroissiens de Palente (Grasset, 1974) ; et la candidature de René Dumont aux élections présidentielles de 1974 – mais le système a très vite intégré la dimension écologique, Robert Poujade étant ministre de la Protection de la Nature et de l’Environnement. Et on connaît le destin du mouvement écologique aujourd’hui. Ces trois rebonds ont produit des fruits, mais cela reste très inabouti.

    La « troisième voie » de Mai 68, ni capitaliste ni violente, celle de l’autogestion et de l’écologie, a quand même profondément transformé le paysage sociologique français : les questions environnementales sont centrales.

    Tout à fait mais avec une grosse réserve : c’est la réalité la plus physique qui nous y oblige, et pas vraiment les rêveries soixante-huitardes. C’est l’épuisement des ressources naturelles, le problème de l’eau, la couche d’ozone… C’est la réalité qui contraint l’économie libérale à s’adapter. Toutes les expériences d’agriculture biologique, de commerce équitable, sont très intéressantes mais restent encore très marginales. Il faut surtout considérer le domaine des idées. En 68, on décroche du marxisme, même si on parlait marxien dans la rue, comme disait Clavel. Et d’autres courants apparaissent, même s’ils sont discrets. La pensée de Jacques Ellul, par exemple, qui devient beaucoup plus intéressant à lire que Marx et Lénine, – et qui a eu une influence certaine sur José Bové quand il lutte contre la PMA et la GPA. Ces courants étaient en harmonie avec certaines aspirations de Mai 68.

    Les vainqueurs de Mai 68 ont éliminé du récit de leur triomphe plusieurs « populations » contestatrices, comme les catholiques. Y a-t-il eu un Mai 68 catholique ?

    Le Mai 68 de Maurice Clavel ne correspond pas du tout au Mai 68 des catholiques – et malheureusement. Mai 68 a provoqué une crise catastrophique du clergé, une génération complète de séminaristes s’est évanouie… J’ai eu un récit très complet de ce qui s’était passé par Mgr Pézeril, évêque auxiliaire de Paris à l’époque, aux côtés du cardinal Marty. Selon lui, une telle crise n’avait pas existé depuis la Révolution française. Il m’a dit que c’était les prêtres qui avaient le ministère humainement le plus épanouissant, qui sont partis. J’ai beaucoup aimé sa formule : « Ce sont les laboureurs qui sont restés. » Les gens d’Échanges et dialogue étaient si violents qu’un évêque s’est évanoui en les écoutant ! Clavel, c’était tout le contraire. Il est devenu pratiquant de la messe quotidienne quand les fidèles ont abandonné la messe dominicale. Il s’était converti à la suite d’une profonde dépression. Pour lui, Mai 68 était d’ailleurs une dépression nerveuse, et on ne pouvait s’en sortir que par le haut, par une effusion de l’Esprit, par le retour de Dieu – ce qu’il expliquait par une métaphysique augustinienne. Dieu, chassé par les Lumières, réapparaissait de manière souterraine et intempestive. Les curés de l’époque n’étaient pas du tout dans cet état d’esprit ; ils n’en tenaient que pour Garaudy et le dialogue avec les communistes… Clavel disait que le dernier des communistes serait un curé breton ! Et il a écrit un pamphlet, Dieu est Dieu, nom de Dieu ! (Grasset, 1976), où il les a attaqués de façon frontale. L’Église de France était complètement en dehors du coup…

    Vous définissez Mai 68 par l’émancipation de la médiocrité ambiante, la contestation de la société de consommation, la remise en cause de la civilisation urbaine et même une certain archaïsme avec le retour à la nature. Toute ceci émerge-t-il à nouveau dans les discours politiques de droite comme de gauche, ou chez les jeunes catholiques ?

    Pour ce qui est de l’Église catholique, c’est certain, grâce à l’enseignement des papes Jean-Paul II et Benoit XVI et a fortiori celui du pape François qui y a consacré une encyclique vigoureuse, très mal vue chez les libéraux, même les catholiques. On s’aperçoit aussi que beaucoup de mouvements politiques ont intégré cette dimension, comme Mélenchon ou Marine Le Pen, qui en a parlé dans son discours de Lille, avec même une attaque contre le transhumanisme. On peut y voir un rebond d’une certaine inspiration soixante-huitarde… Il y avait cette insatisfaction profonde d’un monde dans lequel on ne se reconnaissait pas – mais c’est lui qui a triomphé, et qui a intégré les revendications de Mai 68 en en faisant des paramètres de son propre système.   

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    Maurice Clavel quand il écrit Dieu est Dieu, nom de Dieu

     

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    Dans le flot des publications célébrant le cinquantenaire des événements de Mai 68, se détache l’essai du journaliste catholique Gérard Leclerc, Sous les pavés, l’Esprit (France-Empire / Salvator, 148 p., 14 €).

    À 26 ans, immergé dans l’effervescence idéologico-politique parisienne, Gérard Leclerc a été marqué à sa façon par le phénomène de Mai 68. L’éditorialiste de France catholique et chroniqueur de Radio Notre-Dame propose un décryptage intéressant qui ne plaira pas à tous.

  • Maître du monde ?

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Il serait temps de sortir des rêves conceptualisés par des théories fumeuses pour voir la réalité en face. Oui, le monde change mais pas comme on le prétend. 

    Donald Trump est-il le maître du monde ? Une sorte de fou narcissique tel que le dépeint la presse occidentale, qui se livre à des impulsions sans cohérence et qui risque de faire exploser la planète ? Cette explication simple, et sans doute trop simpliste, ne rend pas compte, sinon du personnage, du moins de son action. L’observateur attentif et qui tient compte de ce qu’il dit et de ce qu’il fait, ne peut que constater que l’homme ne cherche pas, mais absolument pas, à être le maître du monde. À la vérité, il s’en moque, il l’a assez proclamé. Il a même affirmé le contraire. America first, l’Amérique d’abord, c’est son unique ligne de conduite ; et le reste est traité en conséquence . Les fortes personnalités qu’il a choisies et qui forment son entourage, agissent dans la même perspective. Aucune idéologie. Des choix pratico-pratiques assaisonnés de chantages, tels qu’en fait un patron d’affaires, et toujours aux limites de l’inconvenance. C’est pourquoi on s’acharne sur sa vie privée pour le faire tomber.

    Trump veut et fait

    Pour chaque dossier, il sait ce qu’il veut…et il l’obtient. Du moins, jusqu’à présent. Il dit, il fait et, pour le moment, il gagne….avec des risques qui peuvent être terribles mais qui sont toujours calculés.

    Pour la Corée du Nord, quelle que soit la rencontre du 12 juin, il est impossible de nier que par ses agitations il a fait bouger les lignes, plus que tous ses prédécesseurs qui les ont plutôt figées. C’est son pays qui en tirera profit à tout point de vue. La Chine traite : elle accepte finalement les conditions imposées par les États-Unis, pour compenser le déficit de la balance commerciale. Elle tient, certes, la dette américaine, en partie, mais cette dette la tient pareillement. Canada et Mexique devront suivre ; leurs ripostes n’auront pas d’effets véritables.

    Quant à l’Europe, elle n’a pas connu de moratoire à l’augmentation des droits de douane ; il est vrai que pour le moment – et pour ce premier essai, car il y aura des suites – c’est de peu de conséquence, mais la Commission européenne en est à imaginer quelques mesures de rétorsion sur des produits de luxe ou des produits alimentaires ciblés, de peu de conséquence aussi. Cependant l’Europe a tout à craindre, du coup, de la surproduction chinoise et mondiale en acier et en aluminium qui cherchera à s’écouler sur les pays sans défense.

    Emmanuel Macron en a appelé à l’OMC en dénonçant une illégalité internationale dont Trump « se fiche » complètement. Ce sera l’OMC qui sera obligée de réviser ses règles pour donner satisfaction à Trump qui ne veut plus voir son pays pillé par les Chinois – entre autres sur les brevets –, envahi par les produits étrangers, déstructuré par une concurrence sauvage. Qui ne lui donnerait raison ? Son action ne tend qu’à restituer tous les atouts aux États-Unis. Sa politique budgétaire, économique et commerciale a relancé avec vigueur la croissance américaine ; il n’y a pas de chômage aux USA et il est le maître du dollar, de sa monnaie qui est encore la monnaie du monde – et donc, comme disait l’autre, le problème des autres – et ce par quoi il le tient dans son étreinte. Éternelle Amérique ! Rien ne change depuis 50 ans !

    Le maître des USA

    Et donc Trump, par le moyen du dollar, dicte sa politique au Moyen-Orient. Son but est de coincer l’Iran, de forcer la République islamique à se désengager des pourtours d’Israël et de la péninsule arabique ; il n’est pas le maître du monde, mais il est le maître des sanctions. Et l’Europe et la France et l’Allemagne seront obligées de se courber devant sa décision. Peugeot, Total se retirent d’Iran. Que s’imagine Macron ? Trump s’est laissé caresser par le président français mais, en tant que président de l’Amérique, il ricanait intérieurement : il n’a pas changé sa politique d’un iota. Ce qu’il veut, c’est précisément désengager les forces américaines du Moyen-Orient et n’agir que par les ressorts dont il est sûr. Il ne veut plus de dépenses qu’il juge inutiles afin de renforcer, au contraire, les dépenses qu’il sait demain être utiles à la puissance de son pays. America first ! Ce comportement est peut-être idiot au jugement de Macron, mais il est à peu près sûr que Trump, en dépit de toutes les attaques dont il est l’objet, a rendu fierté et assurance de prospérité à ses compatriotes de toutes catégories sociales. C’est un gage pour les fameuses élections intermédiaires de l’automne 2018 et qui sait…Car s’il ne se conçoit pas comme le maître d’un monde où il ne songe qu’à faire triompher les intérêts américains, il est encore et incontestablement, en dépit de l’envie, le maître des USA. Ce n’est pas rien, président des États-Unis !

    Macron et l’Europe

    Et Macron ? Lui qui, sans doute, souriait de Trump et de Poutine tant il était sûr de sa vision du monde qu’il croyait supérieure à la leur, évidemment !

    Car il avait, il a encore une vision du monde dont il se croit le penseur et le maître. C’est un projet où il ne conçoit la France que dans l’Europe et dans une Europe de plus en plus européenne et donc intégrée, et cette Europe dans un monde de plus en plus mondialisé et donc uni.

    Tous ses discours portent depuis le début de son quinquennat la marque de cette obsession visionnaire ; ils ont été analysés dans ces colonne, un à un : homélie sur la Pnyx, cours à la Sorbonne, exhortation à Davos ; « nouveau contrat » français de société, « contrat européen », « contrat mondial » ! Ce sont ses mots.

    Et puis voilà que tout change autour de lui. L’Angleterre, contrairement à ce qu’il pense, ne reviendra jamais dans l’Union européenne ; elle en sort définitivement et vraisemblablement à son avantage. Les pays de l’Est font sécession ou pratiquement ; ils sont en conflit avec la Commission européenne dont ils refusent directives, règlements et décisions. La Slovénie vient, elle aussi, de voter « populiste ». L’Autriche prend la tête de l’Union européenne en juillet. L’Italie de Giuseppe Conte, de Matteo Salvini, de Luigi Di Maio est décidée à l’affrontement. Devant le sénat italien, le président du Conseil a défini la nouvelle politique italienne ; il n’y est pas allé de main morte ; il s’est déclaré ouvertement anti-système : « Si le populisme est la capacité d’écouter les besoins du peuple, alors nous nous en revendiquons ». Tout sera remis en cause : les budgets, la zone euro sinon la monnaie unique, les directives qui nuisent aux intérêts nationaux italiens, la politique migratoire européenne dont « le système de Dublin » qui pénalise effroyablement l’Italie et dont elle veut se libérer pour mener comme elle l’entend sa propre politique. Il n’est pas jusqu’à la politique étrangère où l’Italie ne souhaite retrouver son indépendance en annulant, quant à elles, les sanctions contre la Russie. Qui ne lui donnerait raison ?

    L’Allemagne, elle-même, maintenant, doute de l’Europe et pas seulement l’Afd. Merkel recule devant les propositions de Macron ; elle sait fort bien où en est l’opinion allemande. Toutes les contorsions de Macron qui fut le conseiller de Hollande, visent à une plus grande intégration budgétaire et financière pour, au final, davantage répartir les charges et les risques de la dette. Eh bien, l’Allemagne n’en veut pas et si FME il y a, il sera à ses ordres.

    Ce n’est pas seulement le monde qui échappe à Emmauel Macron, c’est bien l’Europe sur laquelle il a tout misé et qui ne répond plus à aucune de ses conceptions, qu’il croyait naïvement progressistes comme les lui avaient enseignées ses professeurs, et qui sont toutes dépassées. Il est probable que ses réformes en France qui chamboulent tout, en perdront leur sens.

    Les élections européennes de 2019 où il pense rebondir à la manière de la présidentielle française de 2017, seront un enjeu crucial. Il le sait. Mais la volonté ne suffit pas. C’est d’abord un jugement politique droit dont l’homme d’État doit être doté.     

    Hilaire de Crémiers

  • Vous avez dit la République ?

    Par Hilaire de Crémiers 

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    Incontestablement nos dirigeants ont peur. Et pourtant… 

    Le gouvernement n’en a pas fini. Non seulement avec les Gilets jaunes, mais avec une révolte générale qui, pour le moment, sourd des profondeurs du pays et qui pourrait aussi bien jaillir en flux beaucoup plus violents à la moindre occasion.

    « Manager » la France

    Macron, Philippe, et leurs équipes, quand ils sont arrivés au pouvoir, ont cru que tout se ramenait à une question de gestion ; ils trancheraient avec les prédécesseurs ; ils auraient l’audace tranquille et franche de la direction « managériale » ; leur politique serait celle de bons gestionnaires, loin des discours partisans, des positions idéologiques, transcendant les clivages et s’imposant par son efficacité.

    La liste avait été établie de tous les points névralgiques où il fallait porter le fer de la bonne réforme. L’important était de rénover le système français qui devenait obsolète et, surtout, de dégager l’avenir afin de consacrer temps, argent, capital humain et financier aux richesses du futur dépendant des nouvelles technologies. Ce qui obligerait enfin la France à sortir d’elle-même et de ses vieux problèmes pour s’engager résolument sur les voies de la globalisation et de la mondialisation. A quoi il convenait d’ajouter le souci écologique qui devenait plus que jamais l’une des composantes de la vie et où la France brille singulièrement, comme chacun sait, par l’éclat de ses discours et de ses résolutions chiffrées, actées, trompettées.

    De telles prospectives supposent un maître d’œuvre. Et Macron était là ! Matignon assurerait le quotidien ; l’Élysée maintiendrait la vision. Il devait y avoir à tous les niveaux de direction gouvernementale et administrative un personnel capable de comprendre l’ampleur du dessein pour mieux en assurer l’exécution.

    Le reste était relativement secondaire. L’immigration dans l’imaginaire macronien n’était un problème qu’en raison des idéologies néfastes qui s’emparaient de la question, soit le refus xénophobe et raciste, soit le tout-va immigrationniste. Le réalisme était de comprendre le problème dans toute la complexité de ses données multiples. Il n’était pas jusqu’aux questions dites sociétales qui ne trouveraient leur solution dans un tel état d’esprit. Il n’y avait pas de métaphysique qui tenait ; l’esprit positif du gouvernement, tenant compte des progrès de la science et de la technique comme des revendications juridiquement valides des personnes et des couples, ferait valoir auprès de l’opinion la plus large « les avancées » qu’il était possible d’envisager.

    Restait à mettre les institutions au diapason de cet esprit de réforme générale. Les vieux « trucs » politiciens devaient disparaître devant des propositions claires et simples d’une dynamique modernité : plus de cumul des mandats ; plus de carrières politiciennes qui s’enkystent dans le système avec les reconductions dans les charges publiques ; moins d’élus de toutes sortes ; moins de strates politiques et administratives pour faire des économies d’échelle ; renouvellement dans et par la société civile de toute les fonctions publiques, assurant une participation de tous au débat citoyen et aux décisions collectives ; ouverture de certains scrutins à la proportionelle mais avec une sage pondération pour permettre une plus exacte représentation du corps électoral – et aussi pour finir d’affaiblir les partis traditionnels ! Et, peut-être, dans certains cas, de plus grandes possibilités de référendums.

    gangs-de-filles.jpgEt le président « présiderait » en majesté jupitérienne par la haute dignité de son intelligence –, ça, c’était pour le peuple français –, et, en même temps, en simplicité par son ouverture compréhensive à la vie d’aujourd’hui qui se doit d’accepter presque tout et de jouer le jeu de la vulgarité, s’il le faut jusqu’à la trivialité, avec cette idée qu’on ne perd rien à se mettre au niveau de la voyoucratie à la mode – et ça, c’était pour tous les bobos – dont les Macron font partie à leur manière – et les gars des banlieues qu’on se flattait de séduire.

    Ainsi Macron se faisait-il fort de résoudre le problème français. En cinq ans, avait-il annoncé, le temps d’un quinquennat. Il avait montré sa capacité à vaincre, en France d’abord, le populisme et l’hydre du nationalisme. Il était disposé à manifester la même capacité au niveau européen ; il s’en était expliqué dans un long discours à la Sorbonne ; il s’était engagé en janvier 2018 à Davos à faire de l’Europe, avec essentiellement l’aide de l’Allemagne, un modèle de société ouverte. Ce serait, après la rénovation du « contrat social » français, la restauration du « contrat social européen » dont l’Angleterre ne pourrait avoir qu’envie de redevenir partenaire. Il resterait alors à diligenter « le contrat social mondial », à le rééquilibrer ; et, là aussi, Macron exposait ses idées de multilatéralisme, de justice, de complémentarité, et tout le monde comprenait qu’il était, à ce niveau aussi, l’homme de la situation. Ce qui lui valut à Davos une standing ovation !

    Le divorce consommé

    Voilà donc Macron, tel qu’il est, tel qu’il se pense. Il ne fait, d’ailleurs, que rabâcher ce qu’il a appris dans ses cours, sans prendre de distance, et en se l’appropriant comme sa plus profonde réflexion. Il n’a aucune épaisseur de pensée, aucune profondeur de cœur ; il est figé dans des raisonnements de quatre sous et des considérations aussi générales que répétitives qui ne forment pas une politique. En un an il n’a pas changé ; il ne changera pas ; il ne peut pas changer ; il l’a dit ; c’est sa seule structure mentale et c’est sa psychologie de fond dans le rapport de son moi avec le monde. Ses vœux moralisateurs étaient du même acabit, sans chaleur, sans prise avec le réel : un cours récité.

    Alors, pourquoi faire ou refaire dans ces colonnes pareille synthèse de la pensée macronienne, aujourd’hui, en ce début d’année 2019 ? Uniquement pour montrer le décalage absolu entre la vision du chef de l’État et les préoccupations du peuple français. Il ne suffit pas de le constater et de le dire ; il faut en comprendre les raisons. Les grandes idées inconsistantes et concrètement destructrices des liens sociaux et historiques au motif d’une prétendue modernité ont toujours été rejetées par les peuples. C’est ainsi que la France et les Français ont rejeté toutes leurs républiques depuis plus de deux cents ans. L’État ne saurait être au service de plans concoctés dans des cervelles d’arrivistes plus ou moins intellectuels et qui finissent en chimères ; il se doit d’être le premier fonctionnaire du bien commun, c’est-à-dire de l’intérêt national. Et cela ne l’empêche nullement de s’intéresser aussi aux voitures de demain ! La Ve République subit en ce moment le sort des précédentes. Parce qu’elle ne sert plus maintenant qu’une idée et, avec Macron, une idée fausse.

    faux-gilets-jaunes-casseurs.jpgLes Français demandent à vivre. On les en empêche au nom de vastes considérations dont ils n’ont strictement rien à faire. L’abîme qui se creuse entre les gouvernants et ce qu’il est convenu d’appeler le peuple, est tel que la crise devient naturellement institutionnelle. « Macron, démission ! » n’est pas seulement un cri jeté en l’air. S’il faut déplorer comme tous les honnêtes gens les destructions inutiles qui sont essentiellement le fait de casseurs qu’on laisse faire depuis des décennies, il est en revanche dans les manifestations des actes et des slogans qui signifient clairement le rejet d’un État et de gouvernants qui méprisent la France et les Français. « C’est à la République qu’on s’en prend », reprennent en chœur les Castaner, les Griveaux et autres qui n’ont cessé d’insulter des Français pacifiques en les traitant de voyous. Juste retour des choses. Et d’ailleurs la légitimité de tout ce personnel, d’où vient-elle ? Historiquement, de têtes coupées, mises au bout d’une pique. N’est-ce pas ? Et ils en sont fiers ! Et ils le revendiquent ! Alors ?

    Malgré tous les discours, le pays réel n’est plus écouté par le pays légal. Le divorce aujourd’hui est complet. Le Conseil économique, social et environnemental propose-t-il une consultation ? La majorité des réponses demande en priorité l’abrogation de la loi Taubira. Qu’à cela ne tienne ! C’est traité comme un mauvais coup des réactionnaires ! Pas plus que la pétition des 700 000 signatures en 2014, ces revendications ne seront prises en compte.

    Le président écrit aux Français pour leur proposer un large débat et tout le monde devine que le débat est déjà clos. Il en profitera pour essayer de faire passer quelques points de sa réforme constitutionnelle avec l’aval populaire d’un référendum. On est dans l’astuce politicienne. Le monde nouveau de Macron rappelle étrangement le monde d’hier. La République continue à se ressembler à elle-même. Mais, il est vrai, que faire ? Les malins quittent le navire gouvernemental les uns après les autres. Qu’en sera-t-il quand le pilote arrivera sur l’écueil des élections européennes ? ■ 

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    Hilaire de Crémiers

  • « Les principes libéraux sont en train de voler en éclats » [2]

    Par David Cayla

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgCet article (Figarovox, 31.12) est long, raison pour laquelle nous l'avons publié en deux parties, hier et aujourd'hui. Mais il est capital, surtout dans ses conclusions qui démontrent le grand retour du politique, sa reprise en mains de l'économique, la fin prévisible du néolibéralisme et du multilatéralisme mondialistes. A lire dans sa totalité.  LFAR     

    La mort du multilatéralisme 

    800-000-employes-federaux-affectes-shutdown-moitie-obligee-travaillerdes-services-juges-essentiels-etrelinstant-payee-tandis-lautre-chomage-force_0_729_486.jpgTensions commerciales, fin du cycle de croissance américain, contexte international déprimé, division au sein de l'administration américaine sur les politiques budgétaires et monétaires… On le voit, cette fin d'année 2018 n'incite guère à l'optimisme pour 2019. Aussi, la question que se posent aujourd'hui la plupart des économistes n'est pas de savoir s'il y aura ou non une récession l'année prochaine (celle-ci semble acquise) mais si cette récession était à l’image de 2001, de courte durée, ou si elle s’accompagnerait d'un effondrement plus brutal comme ce fut le cas en 2008. 

    En réalité, ce ne sera certainement ni 2001, ni 2008. Ce qui se passe aux États-Unis et plus largement dans le monde relève d'une logique nouvelle et d'un profond tournant dans la gouvernance économique. 

    ffa3a45921911b083eaa9d1690fc0ee9-guerre-commerciale-la-chine-accuse-les-etats-unis-de-vouloir-saborder-l-omc.jpgPremier bouleversement : la politique de Trump acte la mort du multilatéralisme. Cette fin touche de nombreuses organisations internationales, en premier lieu l'ONU et ses agences, dont l'Organisation internationale du travail (OIT) qui n'est plus depuis longtemps un lieu de de développement du droit social. Mais c'est surtout l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui connait la crise existentielle la plus grave. Depuis l'échec du cycle de Doha, acté en 2006, les accords commerciaux se négocient et se signent de manière bilatérale, sans l'aval de l'OMC, à l'initiative des pays riches. Des accords qui excluent presque systématiquement les pays les moins avancés. Plus grave, l'Organe de règlement des différends (ORD), chargé de résoudre les contentieux commerciaux entre pays ne fonctionne plus qu'au ralenti et pourrait définitivement cesser toute activité en décembre 2019. En effet, les États-Unis bloquent le renouvellement des juges. Alors qu'ils devraient être sept pour un fonctionnement optimal, il n'en reste plus que trois, dont deux titulaires d'un mandat qui s'achève fin 2019. 

    L'ORD apparaît surtout totalement dépassé par les conflits commerciaux qui ne cessent de se développer. La gestion unilatérale du commerce international par l'administration Trump crée en retour des représailles tout aussi unilatérales de la part de ses partenaires commerciaux. Impossible d'instruire judiciairement ces conflits alors qu'ils ne cessent de se multiplier. À force, les nouvelles relations commerciales à la sauce Trump menacent de rendre caduc tous les traités commerciaux multilatéraux négociés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Donald Trump n'est pourtant pas le seul responsable de l'affaiblissement du multilatéralisme économique. De fait, la manière dont les États-Unis tentent de s'accorder de nouveaux privilèges commerciaux n'est pas sans rappeler la manière dont l'administration Obama a fait plier le secret bancaire suisse en imposant aux banques du monde entier l'extraterritorialité de son droit national… ou, pour remonter plus loin encore, la manière dont Nixon mit subitement fin au système monétaire de Bretton Woods en renonçant (de manière là aussi unilatérale) à assurer la convertibilité en or du dollar. 

    Une reprise en main du politique sur l'économie 

    Le mythe d'une économie mondiale qui serait organisée autour de règles décidées en commun a vécu. La gestion contemporaine de l'économie en revient à un ordre mondial originel, bien éloigné de celui anticipé par George Bush senior en 1990. Ainsi, le nouvel ordre mondial qui émerge n'est pas celui de la règle mais celui d'un ordre fondé sur la logique des rapports de force, qui pousse chaque pays à mettre ses armes économiques au service de ses seuls intérêts. Ce passage d'une gestion par la règle à une gestion par la force suppose le retour du pouvoir politique et de sa capacité à agir de manière discrétionnaire. 

    image.jpgVoilà qui permet de mieux comprendre les tensions actuelles entre Donal Trump et la Fed. En effet, derrière le conflit relatif au niveau des taux d'intérêt se trouve une question bien plus fondamentale : une banque centrale doit-elle être indépendante du pouvoir politique ? Lorsque vendredi 21 décembre, Bloomberg annonce que le président américain a demandé à ses conseillers s'il était possible de démettre Powell (photo) de ses fonctions, la presse américaine et la plupart des économistes ont crié à l'hérésie. Interrogé par le Washington Post, le Sénateur démocrate Mark Warner, membre de la Commission bancaire sénatoriale, a parfaitement résumé le sentiment général : « Ce que le Président ne comprend pas, c'est que la politique monétaire doit être séparée de la politique. Toute mesure prise pour démanteler l'indépendance de la Fed serait non seulement inappropriée, mais menacerait les institutions qui protègent notre État de droit.» 

    Mais dans un monde où les règles s'affaiblissent et où les rapports de force deviennent prédominants, ne serait-ce pas Trump qui aurait raison ? La doctrine selon laquelle la banque centrale doit être strictement indépendante du pouvoir politique repose sur l'idée qu'il faut à tout prix éviter l'interférence du politique sur l'économie. C'est une doctrine d'obédience libérale qui consiste à mettre la politique monétaire sur une sorte de pilotage automatique confié à un comité d'experts chargés de créer un cadre favorable à l'épanouissement des marchés. 

    Mais dans un monde où l'incertitude domine et où la gestion économique est un important levier d'action, on ne peut plus gérer la politique monétaire en s'extrayant de toute considération politique. Prenons la crise des pays émergents. Le principal problème de pays tels que l'Argentine ou la Turquie c'est que leurs entreprises ont profité des taux faibles pour emprunter en devises étrangères, notamment en dollars. La hausse des taux américains met ces entreprises en difficulté et l'effondrement de leurs monnaies les rend insolvables. Ces pays auraient donc besoin d'un dollar plus faible et d'une politique monétaire qui ne restreigne pas trop vite l'accès à la liquidité. Or, une gestion purement administrative de la politique monétaire américaine par la Fed est incapable de prendre ces questions en considération. 

    L'ère de la gouvernance économique illibérale

    Du point de vue de Trump au contraire, les négociations commerciales difficiles dans lesquels il est plongé impliqueraient des alliés et donc une capacité à utiliser la politique monétaire comme une arme de négociation vis-à-vis de pays tiers. Hérésie économique ? Ce qui est sûr c'est que l'affaiblissement des règles et le retour de la souveraineté politique sur les marchés impliquent de reconsidérer l'ensemble des vérités établies auxquelles nous nous sommes habitués. Car c'est une véritable gouvernance économique illibérale qui est en train d'émerger aux États-Unis, mais également en Chine et en Russie. 

    1671-dossier-prevoyance-assurance-vie.jpgC'est la raison pour laquelle le prochain retournement économique n'aura rien à voir avec ceux de 2001 et de 2008. Les principes libéraux qui ont tracé les grandes lignes de l'économie mondiale au cours des dernières décennies sont en train de voler en éclat. La politique qui avait été mise à distance de la sphère économique et des marchés au nom d'une gouvernance d'experts d'inspiration libérale est en train de faire son grand retour. Aussi, si une crise économique apparaît aux États-Unis en 2019 elle ne manquera pas d'ouvrir une nouvelle ère dont la gestion marquera le grand retour des politiques économiques souveraines. C'est une ère à laquelle l'Union européenne, avec son système institutionnel extrêmement rigide, figé dans l'idéologie des années 80 et 90, n'est absolument pas préparée. (FIN)    

    David Cayla est économiste, maître de conférences à l'université d'Angers. Il a notamment publié L'Économie du réel (De Boeck Supérieur, 2018) et a contribué à l'ouvrage collectif, coordonné par Henri Sterdyniak, Macron, un mauvais tournant (Les liens qui libèrent, 2018).
    David Cayla
  • Barbara Stiegler : « Les autorités détournent les questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle ».

    A Marseille, le 24 juillet 2021, lors d'une manifestation contre les mesures sanitaires.

    1.jpgReporterre — Comment vivez-vous la période actuelle ?

    Barbara Stiegler — Difficilement. J’ai le sentiment que l’on s’enferre dans une impasse politique et sanitaire. Les décisions prises par le gouvernement depuis le 16 mars 2020 construisent un pays fracturé où l’on oppose deux camps, celui du bien et celui du mal. On construit un affrontement entre vaccinés et antivax, créant un état de sidération dans la société qui empêche de penser et d’appréhender les questions avec nuance et précision. Toute position critique vous condamne à une dissidence invivable. À un an de l’élection présidentielle, c’est extrêmement inquiétant. En renvoyant toute forme de contestation à l’extrême droite, tous les ingrédients d’une crise politique majeure sont là.

    Et je ne vois pas de porte de sortie. Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement n’a cessé de brandir des solutions miracles : le confinement d’abord, le couvre-feu, les nouveaux vaccins et maintenant le passe sanitaire. Mais cela ne fonctionne pas comme ça. En santé publique, il faut une stratégie diversifiée, une panoplie d’outils ciblés, de l’accompagnement, de la précision. Là, au contraire, les dispositifs mis en place sont extrêmement brutaux et simplistes.



    En quel sens ?

    Le passe sanitaire en est l’illustration. Le caractère « sanitaire » du dispositif n’est nullement démontré. Pour que la vaccination soit réellement efficace, il faudrait cibler en priorité les personnes à risque, les personnes âgées, celles et ceux qui vivent avec des facteurs de comorbidité aggravants et qui sont éloignés du système de santé. Il faudrait recueillir leur consentement éclairé, les suivre, les accompagner. Ce qui implique un ensemble d’actes de soin et non des mesures de police. Et qui suppose donc le déploiement massif de personnels de santé, eux-mêmes formés et informés des risques et des bénéfices du vaccin.

    Mais le gouvernement préfère [utiliser la menace. Au lieu de cibler les populations à risque, il exerce sur l’ensemble des Français un véritable chantage. Si la menace au code QR fonctionne pour les populations les mieux insérées socialement, elle est globalement inopérante pour les publics précaires et fragiles. Le gouvernement laisse les citoyens livrés à eux-mêmes, seuls devant leurs applications numériques.

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    Le passe sanitaire. © E.B/Reporterre

    Pourquoi le gouvernement a-t-il fait ce choix ?

    Parce que, outre l’ivresse que procure l’excès de pouvoir, il refuse de revenir sur sa doctrine néolibérale. Depuis le début du quinquennat, le gouvernement démantèle les services publics et mène des politiques d’austérité qui affaiblissent l’hôpital, les services sociaux, le système éducatif. Au lieu de reconnaître ses torts et ses responsabilités, il transforme les victimes de sa propre politique — à savoir les citoyens — en coupables. Il les rend responsables de la situation présente. Il pointe leur prétendu « relâchement », insiste sur leur ignorance, leur irrationalité ou leur penchant sectaire. Depuis un an et demi, son état d’esprit n’a pas changé. Il privilégie toujours la répression, le contrôle et la mise au pas de la population. Il n’hésite pas non plus à manipuler les chiffres et à diffuser des informations fausses ou tronquées.

     

    Lesquelles par exemple ?

    Quand vous vous faites vacciner, ce qui a été mon cas, vous devez signer un formulaire de consentement. Mais c’est un consentement extorqué et pas réellement éclairé. Le formulaire ne donne pas toutes les informations, il n’évoque que des effets secondaires tout à fait bénins — des douleurs au point d’injection, des petites migraines — mais par exemple, il ne fait pas mention des risques de complications cardiaques pour les jeunes. Ça n’a pourtant rien d’anodin, les myocardites peuvent conduire à des hospitalisations et des réanimations [1]. Une politique sérieuse de santé publique impliquerait que l’on ait une discussion contradictoire et documentée sur la question de savoir s’il faut vacciner les jeunes et les mineurs [2]. La réponse n’est absolument pas certaine. Le bénéfice-risque leur est défavorable et le bénéfice collectif n’est pas avéré : il consiste uniquement en un pari sur l’immunité collective et sur l’extinction supposée des nouveaux variants.

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    « Promettre aux plus jeunes que nous reviendrons à une vie normale après leur vaccination est au mieux une illusion, au pire un mensonge », dit Barbara Stiegler. MaxPixel/CC0 1.0

    Il faut arrêter de présenter ces deux doses de vaccin Pfizer comme une sorte de panacée. Croire que la vaccination massive de toute la population va bloquer les variants est un pari hasardeux. Les variants vont probablement continuer à entrer par les frontières, car nous ne vivons pas dans un bunker ni sur une île. Il n’est pas impossible non plus que les variants contournent la vaccination et que l’on assiste à un échappement immunitaire. Promettre aux plus jeunes que nous reviendrons à une vie normale après leur vaccination est au mieux une illusion, au pire un mensonge. Même Jean-François Delfraissy [le président du conseil scientifique] et le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) le reconnaissent [3].



    Que faudrait-il faire alors ?

    Nous devons protéger en priorité les populations à risque par la vaccination et l’information. Il faut multiplier les soins précoces. Dans mon tract De la démocratie en pandémie, je rappelle que la situation que nous vivons n’est pas simplement une épidémie à diffusion mondiale, mais une « syndémie », pour reprendre l’expression de Richard Horton, le rédacteur en chef de la revue internationale de médecine The Lancet.

    Le Covid-19 ne nous menace pas tous à égalité. C’est une maladie létale et dangereuse pour des publics déjà fragilisés. Elle vient révéler le tableau sanitaire négatif des pays occidentaux, avec leur population vieillissante et souffrant de polypathologies chroniques. En creux, le Covid-19 pose une question sociale et écologique. Dans les pays industrialisés, plus les inégalités augmentent, plus les maladies chroniques explosent et plus le Covid-19 flambe. Notre mode de vie est aussi, en partie, responsable de la situation actuelle avec la sédentarité, l’alimentation industrielle, le stress, l’augmentation de l’obésité et des cancers, etc.

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    Manifestation le 14 février à Paris pour demander une hausse des salaires et des effectifs dans le milieu hospitalier. © Mathieu Génon/Reporterre

    Appelez-vous à manifester contre le passe sanitaire ?

    Oui, et j’ai moi-même manifesté la semaine dernière [à Marseille, le samedi 24 juillet]. L’argument selon lequel il n’est pas question d’aller manifester aux côtés d’électeurs d’extrême droite est ici de mauvaise foi. Il n’est jamais évoqué quand il s’agit de manifester contre un attentat terroriste ou pour soutenir la police. Récemment, des membres du Parti socialiste (PS), d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et du Parti communiste (PCF) ont marché aux côtés du syndicat de police Alliance et à côté du Rassemblement national (RN), et cela ne leur a posé visiblement aucun problème.

    « Nous vivons un point de bascule. »

    Je trouve étonnant que cet argument soit évoqué maintenant, et pas dans les autres situations. Devant de telles remises en cause de nos libertés, la gauche et la société civile devraient se mobiliser dans la rue pour ne pas laisser l’extrême droite ramasser la mise. Le mouvement naissant est éruptif, spontané, hétéroclite. Il y avait toutes sortes de gens dans la manifestation à laquelle j’ai participé, une réelle diversité, un mélange de générations et de classes sociales. J’ai croisé des soignants, des professeurs, des restaurateurs, des artisans, etc. Il me paraît fondamental de les soutenir. Ce mouvement est un signe de santé démocratique dont je me réjouis.

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    Des soignantes à la manifestation contre le passe sanitaire à Paris, le 24 juillet 2021. © Tiphaine Blot/Reporterre

    Dans quel monde nous plongent la pandémie et ce passe sanitaire ?

    Nous sommes désormais dans un régime où un seul homme peut décréter de manière arbitraire les détails les plus infimes et les plus intimes de nos vies. Nous vivons un point de bascule. Depuis un an et demi, une partie des classes supérieures semble avoir renoncé au modèle démocratique. Nos dirigeants sont fascinés par le modèle chinois et son approche technosécuritaire où tout est numérisé et où les autorités distribuent des permis de citoyenneté. C’est exactement l’esprit de ce passe prétendument «

  • Le consentement à l’impôt, par François Schwerer.

    L’impôt, en France, est inégalitaire et il est vote par des gens qui ne représentent pas ceux qui le paient. Surtout, comment consentir à une redistribution sans frein, qui grève toujours plus lourdement notre avenir, sans réelle contrepartie ? Il est temps de se poser la question de la légitimité de l’impôt.

    9.jpgDans un article du journal Les Echos en date du 13 août 2021, le professeur Frédéric Douet a tout particulièrement insisté sur le fait que « le consentement à l’impôt est l’un des principes directeurs de notre pacte social ». Le principe résulte, en France, de l’article 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Tous les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leur représentant la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ». Ce principe est en fait beaucoup plus ancien puisqu’on le trouvait déjà inscrit en Angleterre dès 1215 dans la Magna Carta et qu’un siècle plus tard le roi Philippe le Bel le faisait appliquer officiellement en France par les États Généraux pour financer la guerre des Flandres.

    Dans le cours de l’Histoire, on constate qu’il a été très diversement appliqué selon les époques et les pays, mais qu’il n’a jamais été réellement remis en cause. Du temps où le suffrage censitaire était la règle, seules les personnes payant un certain montant d’impôts directs étaient électeurs. Si donc tous les citoyens n’étaient pas appelés à donner leur consentement à l’impôt, du moins ceux sur qui la charge en reposait le contrôlaient-ils, par leurs représentants élus.

    Ce principe figure aujourd’hui à l’article 47 de notre Constitution, lequel déclare que « le Parlement vote les projets de loi de finances ». Si les textes législatifs sont bien clairs, l’application qui en est faite pèche au moins sur deux points importants qui, en fait, dénaturent complètement le principe.

    Ce ne sont pas ceux qui payent l’impôt qui y consentent

    Officiellement le Parlement est élu au suffrage universel. Dès lors tous les citoyens peuvent y participer puisque tous sont égaux en droit. Mais le principe est bafoué dans les faits : le Parlement est élu par ceux qui ne payent pas l’impôt – du moins l’impôt direct. En effet, aujourd’hui, pour de très bonnes raisons peut-être, plus de la moitié des citoyens est exonérée en tout ou partie de l’impôt sur le revenu. On y trouve d’abord ceux qui sont le moins favorisés et qui, en 2021 représentent 55 % des foyers fiscaux. On y trouve ensuite, et cela est plus subtil ceux qui ont de très gros revenus – de très grosses facultés contributives – et qui peuvent, avec l’aide de conseils fiscaux autorisés, bénéficier de toutes les mesures d’optimisation fiscale (voire d’évasion fiscale) que les multiples lois ont empilées au cours du temps. Sans compter que les Parlementaires eux-mêmes ne sont pas soumis à l’impôt de la même façon que les autres citoyens.

    Dès lors la charge des impôts directs repose en très grande partie sur les « classes moyennes », autrement dit sur les forces vives du pays. Comme les campagnes électorales donnent un avantage aux candidats dont les promesses démagogiques séduisent les intérêts égoïstes des électeurs, la minorité sur laquelle pèse la charge des impôts directs n’a aucune chance d’être entendue ; elle ne peut pas être représentée. On est donc ici à l’opposé du système censitaire : ce ne sont pas ceux qui payent l’impôt qui y consentent mais ce sont ceux qui ne le supportent pas qui étendent sans cesse le champ des emplois financés grâce à lui. Ils cherchent ainsi à bénéficier de redistributions toujours plus importantes. Il n’y a donc plus consentement à l’impôt de la part de ceux qui le supportent mais spoliation de leurs revenus par ceux qui ne contribuent pas équitablement aux besoins de la communauté nationale. Il ne faut pas s’étonner de voir que la charge de ces impôts augmente toujours plus sur le dos de ceux qui en sont redevables car il est toujours plus facile d’être généreux avec l’argent des autres.

    Il n’y a pas de réel consentement à l’impôt

    En France, en 2020, alors que les mesures pour lutter contre la pandémie n’avaient pas encore atteint les sommets qu’elles ont allègrement vaincu depuis, les dépenses de l’État ont, en gros, correspondu au double de ses recettes. C’est-à-dire que la moitié des dépenses n’ont pas été financées ou encore que l’impôt auquel les représentants du peuple ont donné leur consentement ne couvre que la moitié des dépenses.

    Le Conseil d’État, lui-même s’est ému de voir que le déficit structurel (c’est-à-dire celui qui apparaît avant toute mesure nécessitée par des événements non prévus) s’élèverait en 2021 à environ 4,5 points de PIB – plus que le montant total des investissements publics programmés. L’avant-projet de budget pour 2022, année électorale oblige, est bâti avec un déficit record encore plus important. C’est-à-dire clairement que le Gouvernement renonce lui-même à solliciter l’accord des représentants du peuple sur le financement de ces mesures. Qui dit consentement à l’impôt dit que toutes les dépenses sont couvertes. Le recours à l’emprunt pour financer certaines dépenses signifie que non seulement la couverture de ces dépenses n’a pas été approuvée mais encore que l’on charge le budget des générations suivantes qui devront faire face au remboursement de ces dettes pour l’usage desquelles personne n’aura jamais sollicité leur consentement.

    De tels budgets violent purement et simplement l’article 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui fait pourtant intégralement partie de notre « bloc constitutionnel ». En effet cet article prévoit expressément que les citoyens doivent consentir au recouvrement et à la durée de la contribution publique. Avec des emprunts ainsi reconduits d’année en année les représentants des citoyens ne sont donc pas appelés ni à suivre le mode de remboursement, ni à consentir librement à sa durée. Quant au montant même de cette charge, il ne peut y consentir non plus puisqu’il ne la connaît pas, celle-ci dépendant de l’évolution des taux sur les marchés internationaux tant que le Gouvernement restera apte à faire « rouler » la dette, c’est-à-dire à la renouveler à son échéance. Selon les chiffres annoncés cette année au premier jour de l’automne le déficit public de la France devrait être de 114 % du PIB. Et ceci est encore sous-estimé dans la mesure où un certain nombre de dettes ne sont pas provisionnées et n’entrent donc pas dans ce calcul, comme, par exemple, les retraites de la fonction publique.

    Il n’y a donc pas consentement à l’impôt (et pour une proportion énorme) puisque, un jour ou l’autre, il faudra bien sous une forme ou sous une autre rembourser ces dettes. Que ce remboursement donne lieu à une explosion de la charge fiscale des citoyens, à la spoliation de leur épargne, à l’anéantissement de leur système de retraite ou à la destruction de leur monnaie, peu importe. La cause de cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes est bien l’absence de consentement à l’impôt. Et, ce qu’il y a de plus grave c’est que le Gouvernement lui-même en décide ainsi sans que les « représentants » du peuple, censés être les garants du respect de ce principe, ne s’en émeuvent. Quand le Gouvernement annonce qu’il a baissé les impôts de 50 milliards en cinq ans, il trompe délibérément les Français car, en réalité, il n’a fait que différer dans le temps le paiement des charges bien réelles qu’il a continué à faire croître.

    Or, si l’impôt est une contribution obligatoire du citoyen, sans contrepartie, il est indispensable que celui-ci puisse déterminer le bénéfice qu’il peut attendre de cette charge qu’il supporte. S’il ne peut déterminer ce bénéfice, ni simplement en situer l’horizon, il est privé d’une liberté essentielle. S’il rejette la charge de cette contribution sur les générations suivantes, il les prive de cette liberté essentielle. Dans les deux cas, on peut dire avec Hannah Arendt que les lois de finances actuelles sont éthiquement illégitimes. L’État-providence qui s’est arrogé le droit de redistribution des ressources, qui décide seul de ce qui est bon pour le peuple et qui prend en charge jusqu’à sa santé, n’est qu’une démocratie factice qui n’a aucun souci du bien commun. Comme tout débiteur, il y aura bien un jour où il devra rendre des comptes.

     

    Illustration : Mais c’est très simple : la réduction d’impôt résultant de l’application du quotient familial ne pourra excéder 1 592 € par demi-part, ou la moitié de cette somme (soit 796 €) par quart de part s’ajoutant à une part pour les contribuables célibataires, divorcés, veufs ou soumis à l’imposition distincte, et à deux parts pour les contribuables mariés soumis à une imposition commune.

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    Source : https://politiquemagazine.fr/

  • À la découverte du fonds lafautearousseau (48) : sur Balzac...

    lafautearousseau, c'est plus de 28.000 Notes ou articles (et autant de "commentaires" !), 21 Albums, 49 Grands Textes, 33 PDF, 16 Pages, 366 Éphémérides...

     

    Il est naturel que nos nouveaux lecteurs, et même certains plus anciens, se perdent un peu dans cette masse de documents, comme dans une grande bibliothèque, et passent ainsi à côté de choses qui pourraient les intéresser...

    Aussi avons-nous résolu de "sortir", assez régulièrement, tel ou tel de ces documents, afin d'inciter chacun à se plonger, sans modération, dans ce riche Fonds, sans cesse augmenté depuis la création de lafautearousseau, le 28 février 2007...

    Aujourd'hui : Sur Balzac...

    (tiré de notre Éphéméride du 20 mai)

    (retrouvez l'ensemble de ces "incitations" dans notre Catégorie :

    À la découverte du "Fonds lafautearousseau")

     

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    1799 : Naissance de Balzac

     

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     • Site de la Maison de Balzac : http://maisondebalzac.paris.fr/

     

     •Site du Château de Saché, dans l'Indre, haut-lieu Balzacien s'il en est (ci dessous) : http://www.lysdanslavallee.fr/fr/contenu/musee-balzac#.VxXTiUeVdk8

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    "J'écris à la lueur de deux vérités éternelles : la Religion, la Monarchie, deux nécessités que les évènements contemporains proclament." Voilà ce que l'on peut lire dans l'Avant-propos de La Comédie Humaine (La Pléiade). "La Royauté est plus qu'un principe : elle est une nécessité !" écrit aussi Balzac dans son peu connu Catéchisme social, essai inachevé, qui ne sera publié qu'en 1933...

     

    Jacques de Guillebon, qui lui consacre dans Le Livre noir de la Révolution française une excellente étude, intitulée Balzac, critique organique de la Révolution française, commence néanmoins son essai par cet avertissement :

    "Balzac est fondamentalement non politique, dans le sens de l'imagination moderne de ce terme, et ce serait une grande erreur que de vouloir lire dans sa gigantesque comédie le reflet ou l'élaboration d'une cité des hommes proprement rationnelle." 

    Après le titre de son essai, et ce premier avertissement, Guillebon donne une troisième clé pour connaître et comprendre Balzac: avant d'écrire sa Comédie, il s'est exercé à philosopher. Mais, s'il s'intéressera toute sa vie à la spéculation pure, "il ne saura jamais très bien à quoi s'en tenir pour sa vision de la métaphysique".

    Et, poursuit Guillebon, "c'est pourquoi, en réalité, son rapport à la France, à ses institutions et à ses successifs régimes politiques est entièrement charnel".

    On a pu parler, à propos de Balzac, d'un "tournant de 1830", époque à laquelle se nouent réellement et définitivement ses convictions politiques : François Taillandier écrit que cette année-là "devant les témoignages d'intérêt et d'estime que ses amis lui prodiguent, il se sent devenir à toute allure monarchiste et catholique".

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    "Mais - reprend Guillebon - ce sont surtout les périls induits par le triomphe des idées nouvelles issues du XVIIIème siècle qu'il s'essaie à mettre en évidence : Balzac a beaucoup réfléchi à ce phénomène qui, au XVIIIème et au XIXème siècle se présentait tantôt sous le vocable d'humanitarisme, tantôt sous celui d'une philanthropie issue de la philosophie des Lumières, et ce qu'il en dit, en maints endroits de La Comédie Humaine est souvent surprenant par sa modernité : du masque de la fausse compassion individuelle à celui d'une pseudo-générosité collective d'idéologies couvrant des visées totalitaires, à moins qu'elles en dissimulent les tares d'un développement débridé de l'individualisme...".

    Il est intéressant, à ce stade, de se souvenir que Karl Marx disait de Balzac qu'il avait "l'intelligence du mouvement historique"...

    Et Guillebon termine son essai en citant ce passage de Balzac, dans Le Départ, où il raconte comment il a salué Charles X partant pour l'exil:

    "Dans quelques mois, vous saurez que, même méprisant les rois, nous devons mourir sur le seuil de leurs palais, en les protégeant, parce qu'un roi, c'est nous-mêmes; un roi, c'est la patrie incarnée; un roi héréditaire est le sceau de la propriété, le contrat vivant qui lie entre eux tous ceux qui possèdent contre ceux qui ne possèdent pas.

    Un roi est la clé de voûte sociale; un roi, vraiment roi, est la force, le principe, la pensée de l'Etat, et les rois sont des conditions essentielles à la vie de cette vieille Europe, qui ne peut maintenir sa suprématie sur le monde, que par le luxe, les arts et la pensée. Tout cela ne vit, ne naît et ne prospère que sous un immense pouvoir..."

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     Ci dessus, sa cafetière, et des manuscrits corrigés...

     

    En 1837, une des plus glorieuses années de Balzac - où il publie Histoire de la grandeur et décadence de César Birotteau - Balzac publiera un court ouvrage, Rois de France, consacré aux six Louis qui se succèderont, de Louis XIII à Louis XVIII. Devenu introuvable, ce petit ouvrage, fort intéressant, sera réédité en 2017 par notre ami Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, qui le fera suivre de pages fort intéressantes également sur Napoléon 1er, tirées d'un ouvrage précédent (1833) : Le médecin de campagne.

    Péroncel-Hugoz dédiera cette "édition marocaine de Rois de France" à :

    "Son Altesse royale l'émir Moulay-Hassan, prince héritier du Maroc (né en 2003).

    Et à son Altesse royale le prince Gaston de France (né en 2009), espoir des royalistes français."

    20 mai,balzac,tours,sida,vih,montagnier,chermann,barré sinoussi,institut pasteur,charles x,saché,collection campana

    lafautearousseau a donné quatre extraits de ce petit ouvrage, sous forme de "bonnes feuilles" :

     • 1er extrait : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société - au XVIIIe siècle (pages 75 à 79)

    • 2ème extrait : Les erreurs de Louis XVI face à la Révolution (chapitre complet)

     • 3ème extrait : l'infanticide perpétré contre le petit roi Louis XVII (pages 96 à 99)

     • 4ème extrait : Louis XVIII (pages 102 à 105)

     

     Le 45ème de nos Grands Textes est, justement, de Balzac.

    Le 16 août 1830, Balzac est à Cherbourg pour apercevoir et saluer le Roi, Charles X, qui quitte la France, pour toujours. Un peu plus d'un an après, il écrit un très court texte, Le départ, dans lequel il définit son royalisme.

    Dans un autre de ses textes peu connus, paru dans les Contes bruns, il écrit : "Le plus beau pouvoir connu… Tout arbitraire et tout justice; le vrai roi !…"

    Sa doctrine est loin d’être celle des grands théoriciens traditionalistes de l’époque comme Maistre, Bonald, Ballanche ou le premier Lamennais; loin aussi de ce que sera le royalisme que Maurras voudra logiquement démontrer, prouver...

    Balzac n’invoque pas comme les premiers les justifications morales, juridiques ou métaphysiques du principe de légitimité; ni, comme le second, le fameux "la raison le veut".

    Il met en quelque sorte tout cela au second plan, puisqu’il va jusqu’à identifier légitimisme et absolutisme. Mais, bien sûr, au sens vrai de ce mot, que reprend François Bluche dans son magistral Louis XIV, et qui forme d'ailleurs, lui, notre 36ème Grand Texte : 

    La "Monarchie absolue", c'est la monarchie parfaite, par François Bluche

    Le "système" de Balzac, son royalisme, la Royauté qu'il défend et le Roi qu'il respecte, c'est un système de défense de la société. 1830 rappelait brutalement 1789, et, qui sait, pouvait rapidement se transformer en 1793...

    GRANDS TEXTES (45) : Le départ, par Honoré de Balzac

  • Krach et cygnes noirs en 2023, selon Deutsche Bank, Saxo Bank et Nouriel Roubini, par Marc Rousset

    Le clignotant le plus connu est celui de l’inversion de la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis lorsque les taux à long terme deviennent moins élevés que les taux à court terme. Cette situation exceptionnelle et illogique se produit le plus souvent quelques mois avant une récession économique. C’est le cas actuellement aux États-Unis ; suite aux augmentations nombreuses du taux d’intérêt à court terme par la Fed, ce dernier est supérieur au rendement actuel des obligations à 10 ans du Trésor américain, soit 3,58 %.

    MARC ROUSSET.jpgEn Europe l’euro est au bord du précipice, suite à la divergence entre la politique monétaire de la Fed et celle de la Fed, ce qui contribue à la fuite des capitaux vers les États-Unis ; mais le phénomène le plus dramatique est l’effondrement de la balance commerciale européenne, en raison de l’augmentation en valeur des importations d’énergie et suite à l’effondrement des exportations industrielles, plus particulièrement allemandes. Ces dernières s’effondrent, suite à l’arrêt de très nombreuses usines qui ne sont plus compétitives, les prix de l’énergie s’envolant. La balance commerciale de la zone euro est passée brusquement en un an d’un excédent mensuel de 20 milliards d’euros à un déficit mensuel de 50 milliards d’euros ; le seul déficit commercial annuel français en 2022 devrait atteindre le chiffre monstrueux de 150 milliards d’euros !

    La France, voit la perspective de sa dette, selon la notation par Standard & Poor’s, passer de stable à négative, suite aux 600 milliards d’euros supplémentaires de dettes Covid, au ralentissement de l’économie, et à la dégradation des finances publiques qui correspond à des aides versées aux entreprises, aux ménages pour compenser l’inflation et la hausse dramatique des prix de l’énergie. La croissance de la France en 2023 serait de seulement 0,2 %. La dette publique représenterait 112 % du PIB en 2025.

    En Chine, en novembre, les importations et les exportations se sont effondrées respectivement de 10,6 % et 8,7 %, non seulement à cause de la politique sanitaire excessive contre le Covid, mais aussi suite à la baisse de la demande en produits chinois par les Occidentaux, en raison de la menace de récession.
    La Deutsche Bank qui fait partie du Système bien-pensant pour rassurer les foules a cependant annoncé une récession aux États-Unis pour 2023 et un krach boursier de 25 % en 2023, le S&P 500 passant de 4200, début 2022, à 3250 au troisième trimestre.

    La banque danoise Saxo Bank annonce, elle, 10 catastrophes financières potentielles pour 2023. L’époque où les taux d’intérêt bas alimentaient les rêves d’un monde idéal « à la Macron » fondé sur les énergies renouvelables, le libre-échange mondialiste et des banques centrales indépendantes, est révolue. En 2023, les économies du monde passeront en économie de guerre, les pays cherchant à regagner leur souveraineté et l’autosuffisance face à la mondialisation, avec des barrières douanières et protectionnistes plutôt que des gains à courte vue, mais destructeurs à terme de leur industrie. Saxo Bank prédit l’arrivée possible de dix cygnes noirs, ce qui dénote la perturbation des esprits. Nous n’en retiendrons que les sept plus importants :

    1) Une coalition de pays riches lancera un plan énergétique « projet Manhattan » de R&D de grande ampleur de plusieurs milliards dollars. Nous ne croyons pas à cette idée car le monde, au contraire, se régionalise, chacun défendant son pré-carré géographique.

    2) Le Président français Emmanuel Macron démissionnera car il se trouvera dans une impasse politique. Puisse Saxo Bank dire vrai, mais Macron, le contraire de De Gaulle, est trop manipulateur, intéressé, carriériste, imbu de lui-même, sans le moindre sens de l’honneur et de sa nullité technocratique pour quitter volontairement le pouvoir. Seuls des mouvements de foules en colère pourront amener Macron, cette catastrophe énarchique pour la France, le Mozart des déficits, le Mozart de la décadence française tous azimuts, le Mozart de la délocalisation énergétique de nos dernières industries et donc du chômage à venir. Macron et von der Leyen mènent une guerre stupide en Ukraine pour le compte de la seule Amérique !
    Comme le remarque Geoffroy Roux de Bézieux, Président du Medef, « le prix de l’électricité ne monte qu’en Europe », mais pas aux États-Unis et en Asie ! La fermeture des usines William Saurin, signe annonciateur gravissime très préoccupant, conduira de nombreuses autres usines à fermer en 2023 et amènera enfin dans la rue ces mêmes Français mal nourris ou privés d’emplois qui n’ont pas eu le courage de manifester à plus d’un million sur les Champs-Elysées, après l’attentat du Bataclan (alors que trois terroristes islamistes avaient assassiné 90 de leurs enfants et petit-enfants, blessé plusieurs centaines) ! Macron ou son successeur devra aller en 2023 à Canossa pour demander à Poutine de bien vouloir rouvrir de nouveau le robinet à gaz !

    3) L’or s’envolera à 3000 $ l’once après l’échec des banques centrales à maîtriser l’inflation. Nous croyons à l’envolée inéluctable de l’or dans les années qui viennent, étant entendu que l’or, actuellement à environ 1750 $ l’once, peut facilement doubler en 2023 si l’explosion a effectivement lieu.

    4) L’Union européenne se dotera de ses propres forces armées. Nécessaire, mais impossible tant que la Russie n’aura pas gagné la guerre en Ukraine pour provoquer l’écroulement de l’OTAN et la fin du protectorat impérialiste américain sur l’Europe, déjà longuement dénoncé par De Gaulle !

    5) L’OPEP et « Chindia » quitteront le FMI et négocieront de nouveaux avoirs de réserve. La dédollarisation et la fin de l’euro comme monnaie de réserve sont en cours et ce n’est plus qu’une question de temps. Les méthodes de gangsters des Occidentaux pour saisir les avoirs de la Banque centrale russe ont pour corollaire le rétablissement de l’or comme seul actif de réserve à terme. La Chine finira par créer un jour le Yuan convertible en or comme autre monnaie de réserve dans le monde.

    6) Le taux de change du yen passera à 200 yens (dévaluation) pour un dollar, afin de restructurer le système financier nippon en faillite, suite à sa dette publique démentielle. Une hypothèse parfaitement possible.

    7) Les paradis fiscaux seront démantelés et interdits, suite à la mise en place d’une économie de guerre. Il est possible que suite à l’écroulement des économies, les paradis fiscaux soient un jour interdits, de la même façon que le secret bancaire suisse a disparu pour les non-résidents.

    Mais le plus alarmant est la dernière prévision de krach financier, la mère de toutes les crises, par Nouriel Roubini, économiste de renom qui vient de publier dans « Project Syndacate» un article retentissant « L’inévitable krach financier ». Nouriel Roubini prédit un effondrement inévitable d’ici quelques mois avec un krach à la clé impossible à contrer par les banques centrales.

    Selon Roubini, « après des années de politiques budgétaires, monétaires et de crédit laxistes ainsi que des problèmes d’offre, les pressions de la stagflation pèsent désormais sur une montagne de dettes accumulées, publiques et privées », ce qui correspond à un endettement démentiel de la plupart des pays. Roubini écrit que « l’apparition de la mère de de toutes les crises est imminente, que les responsables politiques ne pourront pas faire grand-chose pour l’empêcher ».

    Roubini met en avant les chiffres de la dette qu’il qualifie de « stupéfiants, pour ne pas dire plus ». Il écrit qu’au niveau mondial la dette totale des secteurs public et privé, exprimée en pourcentage du PIB est passée de 200 % en 1999 à 350 % en 2021. Ce ratio est désormais de 420 % dans les économies avancées et de 330 % en Chine. Aux États-Unis, il est de aussi de 420 %, soit un ratio encore plus élevé que pendant la grande Dépression de 1929 et la Seconde Guerre mondiale.

    Ce surendettement démentiel a été provoqué par les taux bas. Il a permis de sauver et de maintenir à flot des « zombies insolvables » aussi bien « parmi les ménages, les entreprises, les banques, les établissement financiers, que les gouvernements et des pays entiers » tels que la France et l’Italie pendant la crise de 2008 et les deux années de Covid.
    Mais aujourd’hui, écrit encore Roubini, l’inflation, alimentée par les mêmes politiques budgétaires, monétaires et de crédits laxistes a mis fin à « l’aube des morts-vivants financiers ». Les banques centrales étant contraintes de relever les taux d’intérêt, « les zombies connaissent une forte augmentation des coûts du service de la dette ».

    La France va donc tout droit vers l’explosion économique et politique en 2023, suite à l’inacceptable, criminelle et honteuse invasion migratoire qui n’a que trop duré en prenant les Français pour des imbéciles, sans jamais les avoir consultés par référendum, mais aussi suite à l’effondrement de la production industrielle et à l’envolée tout aussi inacceptable des prix de l’énergie provoquée par la folie suicidaire de la politique des sanctions contre la Russie. Un déferlement patriotique salvateur en 2023 avec une révolution conservatrice à la clé pourrait bien nous débarrasser de Macron, de la bien-pensance ainsi que du progressisme décadent et sans fin qui nous conduit tout droit vers le précipice !

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  • La bureaucratie au pouvoir, par Frédéric Winkler

    3992027935.jpg« Dans notre siècle, il faut être médiocre c'est la seule chance qu'on ait de ne point gêner autrui » Léo Ferré (préface Poètes vos papiers). La solitude grégaire et frénétique que nous imposent les villes d'aujourd'hui et leurs périphéries n'est pas la seule servitude à laquelle nous soyons liés. Pour s'en persuader il suffit d'accomplir les gestes les plus ordinaires de la vie moderne, comme pour en souffrir il suffit de vouloir agir ou entreprendre. On a alors tôt fait de se heurter aux longues files ou aux longs mois d'attente, à l'extraordinaire puissance d'inertie, d'irresponsabilité, d'anonymat que représente trop souvent l'Administration...

    48148_500781593301674_1708701184_n.jpgIl s'en suit un sentiment de malaise, d'exaspération, puis d'impuissance comme de résignation qui freine et entrave toutes les activités, tous les développements. A la fois vérité d’expérience comme sentiment partagé, les grands services publics, sont de moins en moins présents (en particulier dans les zones rurales) comme de plus en plus menacés par la logique libérale de l'Union européenne. Ils ne répondent plus aux besoins les plus impérieux comme les plus élémentaires des particuliers, mais aussi que par leur irresponsabilité, leur mauvais fonctionnement, leur désastreuse gestion, ils constituent un frein, un handicap très lourd pour notre vie économique dans son ensemble. L'opinion unanime se plaint de plus en plus de services coûteux et mal rendus : « L'Etat ne vous transporte pas, il vous roule », disaient, non sans raison, les usagers parisiens. Du point de vue social, l'Etat ne rend pas de meilleurs services, on aurait beaucoup à dire, s'il fallait dénoncer le scandale permanent des U.R.S.S.A.F, comme la situation de la Sécurité Sociale dans son ensemble devenu tragique... N'y a-t-il pas là pour toute notre économie et pour le budget de chaque ménage un élément parasitaire permanent, aggravé par une fiscalité souvent abusive et mal comprise ?
    « Il me faudrait presque embaucher un juriste à plein temps, voire un conseiller fiscal, pour compléter les formulaires qu'exige l'administration. Mais combien d'entreprises, qui viennent de se créer, pourraient le faire ? Je comprends que les artisans et les commerçants en aient assez de tous ces imprimés… » (Jean de France, « Un Prince Français») Ce sont aussi des milliards qui ont été engloutis par des commissions irresponsables, pour des projets qui ne seront jamais réalisés, qu'il faudra peut-être détruire, afin de revendre purement et simplement les infrastructures : le projet absurde de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, en est un exemple frappant, avant même sa construction... La perte correspondante qui pourrait être chiffrée en écoles, routes ou logements n'inquiète vraiment personne. Il est clair que l'Etat vit au-dessus de ses moyens, gaspille d'énormes sommes (il suffit de regarder de plus près comment fonctionne l'Education nationale pour le constater...), augmente les tarifs de ses services dans des proportions considérables, en rompant parfois avec des traditions de gratuité comme dans les classes préparatoires, payantes depuis la rentrée 2013. Si bien que la moindre lettre à expédier, le moindre appel téléphonique, le moindre voyage atteignent des coûts exagérés représentant par là un frein dangereux à l'activité, à la compétitivité de notre économie.
    On pourrait faire ici un parallèle avec la complexité croissante du système de péréquation verticale pour les communes rurales : les maires étant pour la plupart des gens de la terre, ils ne savent pas remplir les montagnes de paperasses nécessaires à l'obtention de leurs finances et se retrouvent donc avec moins d'argent que les communes urbaines, plus nombreuses et mieux conseillées. L'accroissement des responsabilités de l'Etat, au moment même où il perd de sa force, se fait tancer régulièrement par les puissances économiques et dépasser par la mondialisation, a multiplié plus que proportionnellement les « enceintes collégiales et anonymes ». Le citoyen se trouve continuellement confronté à des tracasseries dont toute responsabilité reste anonyme… Une telle administration n'offre souvent aucune prise, aucun recours, et on le constate parfois lorsque l'on cherhe à contacter certains services par téléphone ou par internet, en vain ! Mais là encore, peut-on supposer sérieusement que l'Etat soit capable voir désireux d'enrayer le processus qui ne cesse d'affermir la toute-puissance de son administration au détriment de ses obligations régaliennes et quand le politique, lui, perd de son pouvoir réel ?
    - D'une bureaucratie qui est sa seule Unité, sa seule « continuité » ?
    - Peut-on imaginer que le Régime des partis, ou même celui du « Fait majoritaire » actuel, soit en mesure de donner la nécessaire et urgente impulsion libératrice qui dissoudrait cette toute-puissance des bureaux et des administrations ?
    « Avec Foutriquet au pouvoir, l'argent ne trouvera aucun obstacle : dans la période d'attente et de détour, tant que la France n'est pas encore le rien promis pour l'an deux mille, l'internationale de cet argent, les sociétés multinationales entre autres, n'auront à redouter aucune intrusion un peu sérieuse d'un Etat qui abdique ses droits régaliens, la défense du pauvre comme l'indépendance nationale, ce qui n'empêche en rien l'exercice solitaire de sa tyrannie » (P.Boutang aidé de J.E.Hallier parlant de Giscard ). Comment tolérer les longues heures d'attente pour le train, sur les quais, alors que nos impôts paient un service mal assumé et que des citoyens risquent des conséquences sur leur travail. Qui ne connaît les longues files aux guichets des postes, des banques, de la sécurité sociale, bref des administrations françaises. L'organisation y est parfaitement anonyme, jamais de responsable mais une armée de fonctionnaires accomplissant plus ou moins bien leur travail et souvent dans une complète indifférence du public moutonné dans des attentes impossibles frisant l'exagération. Le renvoi de bureau en bureau, l'éternel papier manquant pour l'accomplissement d'un dossier. Une organisation démentielle où les nerfs sont soumis à rude épreuve. D'abord patient face à une telle inertie, on passe à l'indignation puis à la révolte mais face à la puissance bureaucratique, on tombe fatalement dans la résignation et la soumission. C'est une vaste machine à broyer les énergies pour rendre un peuple, esclave. Attendre et perdre son temps sont les deux mamelles de la nouvelle France fonctionnarisée. Ce système écrase les faibles en développant les sentiments d'exaspération amenant un malaise général. Parlerons-nous de la gestion quelquefois désastreuse ? (voir « Sécurité sociale »...). Devrons-nous parler aussi de l'inquisition fiscale, arme redoutable et parfaitement arbitraire : « Songez qu'il existe une soixantaine de codes : code civil, code de la famille, code des impôts, code pénal, code de la santé, code du travail... et que le parlement adopte, tous les ans, une cinquantaine de lois supplémentaires, de plus en plus volumineuses. Or beaucoup ne sont même pas appliquées, car les décrets ne sont pas pris ! Ce n'est pas raisonnable… Revenons aux mots de saint Louis : « une fontaine d'équité ». Pas une montagne de codes ! » (Jean de France, Un Prince Français). Les jours de grève, où l’on devient otage, comment accepter d'être pénalisé lorsque l'on est innocent. Les vieux restent chez eux, les femmes sont obligées de courir avec leurs enfants dans les bras, en retard à la crèche, au travail et pas sûres d'être à l'heure pour le retour, parce qu'un service public a décidé de ne pas travailler. La justice n’est pas mieux, le Prince s’exprimait en ces mots : « Je comprends que les Français s'en plaignent. Louis XIV voulait qu'un procès portant sur une contestation simple soit tranché dans les six mois, degré d'appel compris. De nos jours, il faut sept mois, en moyenne, pour obtenir une décision de justice devant le tribunal de grande instance, quatorze devant la cour d'appel et seize devant le juge administratif. Et il n'est pas rare que des procédures s'éta¬lent sur plusieurs années entre la première instance et la cassation. Or le temps éteint la justice : le jugement inter¬vient trop tard tant pour la victime que pour le coupable. On peut évidemment accroître les moyens de l'institution et, pour les petits litiges, recourir à la médiation plutôt qu'au procès. Mais c'est en amont qu'il faut agir pour dés¬encombrer les tribunaux. On réduira les contentieux en simplifiant les règles de droit et les procédures, mais aussi et surtout - en veillant à l'équilibre de la société. »
    FW (Projet de Société, à suivre....)

  • Éphéméride du 19 juillet

    Dans Le Figaro du 19 juillet 1919, Jacques Bainville et Henri Massis publient un manifeste "Pour un parti de l'intelligence", aux origines de La Revue universelle

     

     

     

     

     

    1799 : Découverte de la Pierre de Rosette 

     

    Exhumée lors de l'expédition de Bonaparte en Egypte, et aujourd'hui exposée au British Muséum, elle est l'un des documents qui permirent à Jean-François Champollion de percer le mystère de l'écriture des anciens Égyptiens. 

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    Voici ce qu'en dit Jean Leclant, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et Belles-lettres :        

    "Dans la geste de l'Expédition d'Égypte (mai 1798 à octobre 1801), parmi de nombreux acquis d'ordre scientifique consignés en particulier dans la célèbre Description de l'Égypte se distingue la découverte de la Pierre de Rosette — document fameux qui ouvrit la voie au déchiffrement des hiéroglyphes.

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    En juillet 1799, se poursuivaient des travaux de terrassement dans une ancienne forteresse turque édifiée à l'embouchure de la branche occidentale du Nil, non loin de la bourgade de Rachid, que nous francisons en Rosette (ci dessus et ci dessous) : une flotte anglo-turque venait de débarquer sur la plage voisine d'Aboukir une armée qu'une charge de Murat devait bientôt mettre en déroute. Les travaux étaient dirigés par un jeune officier du génie, qui avait juste passé, en Égypte même, son examen de sortie de l'École polytechnique : Pierre-François-Xavier Bouchard. Soudain son attention fut attirée par un bloc de pierre noire, haut de près d'un mètre, écorné à sa partie supérieure et sur le côté : il portait des inscriptions en trois sortes de caractères : en haut des hiéroglyphes finement ciselés, au centre 32 lignes d'une graphie cursive, en bas 54 lignes d'un texte en grec.

    L'ingénieur des Ponts et Chaussées M.A. Lancret, en mission dans le Delta, adressa à ses collègues de l'Institut d'Égypte un rapport qui fut communiqué à la 31ème session du 29 juillet. Le 29 fructidor an VII (15 septembre 1799), on peut lire dans le n° 37 du Courier (sic) d'Égypte :

    "Cette pierre offre une grand intérêt pour l'étude des caractères hiéroglyphiques; peut-être en donnera-t-elle la clef."

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    Aussitôt l'orientaliste Joseph Marcel, directeur de l'imprimerie, en appliquant sa méthode de l'autographie put obtenir une reproduction du texte que le général Dugua, rentrant en France en mars 1800, communiqua à l'Institut de France; à la fin d'octobre, Bonaparte lui-même range parmi les gains majeurs de l'Expédition les fouilles d'Alexandrie, l'étude du percement de l'Isthme de Suez et la découverte de la Pierre de Rosette.

    De leur côté, d'autres méthodes de reproduction avaient été mises au point par Nicolas Conté, qui traita l'inscription comme une sorte de cuivre gravé, et par Adrien Raffeneau-Delille, qui réalisa un moulage à base de soufre. Si l'Expédition recueillit d'autres documents comparables, à la fois en égyptien et en grec (à Menouf, puis au Caire même, formant le seuil de la mosquée de l'émir Khour), ce fut la Pierre de Rosette, le mieux conservé, qui connut la célébrité.

    Lors de la capitulation de 1801, les savants français rencontrèrent énormément de difficultés pour conserver leurs notes et papiers personnels, témoins de leurs fouilles, recherches et découvertes : les Anglais, vainqueurs, exigeaient la livraison de tout ce qu'ils avaient en leur possession. Les savants français déclarèrent alors qu'ils préféreraient brûler ou détruire leurs papiers, leurs notes etc.. Un compromis fut trouvé : les savants purent conserver tout ce qu'ils étaient capables d'emporter avec eux. Papiers, notes, dossiers, furent donc sauvés et conservés par eux, mais, bien, sûr, pas les objets et autres témoignages lourds, encombrants, intransportables; et voilà pourquoi la pierre de Rosette tomba aux mains de nos ennemis, et se trouve aujourd'hui... au British Muséum !

    Le texte grec fut vite traduit : c'était le décret d'un synode de prêtres égyptiens, réuni en 192 avant J.C., instituant un culte en l'honneur de Ptolémée Épiphane; il indiquait que le texte serait aussi affiché en langue indigène. Aussitôt la sagacité des savants s'attaqua à la partie médiane, en démotique; 1802 vit paraître deux études, l'une du célèbre Silvestre de Sacy, l'autre d'un diplomate suédois, J.-D. Akerblad; à quelques intuitions justes se mêlaient des erreurs sans qu'on pût discerner le vrai du faux; à partir de 1814, l'illustre physicien anglais Thomas Young s'attaqua avec ardeur — et parfois succès — aux deux versions démotique et hiéroglyphique. 

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    Il était réservé cependant à Jean-François Champollion (ci dessus) de résoudre l'énigme des hiéroglyphes (voir l'Éphéméride du 17 septembre) : enfant prodige maîtrisant toutes les langues anciennes et orientales, adolescent enthousiaste qui réalisa vite que le copte lui montrerait les chemins vers l'Égypte pharaonique, travailleur acharné jusqu'à l'obsession, joignant à l'étude de la Pierre de Rosette celle de tous les documents à sa disposition, en particulier des inscriptions nouvellement découvertes en Nubie, il identifia les noms de Thoutmosis, Ramsès et analysa les cartouches des Pharaons macédoniens et romains : avec deux obélisques, des sarcophages, le poing colossal de Ramsès II, la Pierre de Rosette fut considérée comme prise de guerre ; aussi est-elle aujourd'hui un des joyaux du British Museum, à Londres, où jamais ne se rendit Champollion.

    À la fin de septembre 1822, par sa Lettre à M. Dacier, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Champollion offrit la lecture des hiéroglyphes phonétiques; en 1824, dans son Précis du système hiéroglyphique, il donnera la définition la meilleure "d'un système complexe, d'une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique dans un même texte, une même phrase, je dirai jusque dans le même mot".

    Désormais plus de trois millénaires s'ajoutaient à l'histoire de l'humanité, ceux d'un passé parmi les plus glorieux, aux admirables monuments d'éternité."

     

      La découverte de la pierre de Rosette marque traditionnellement le début de l'Egyptologie, unanimement reconnue "science française" :

     

    • http://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/SENAC2013.pdf

     

    • https://rh19.revues.org/1091

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     En 1880 sera créé le prestigieux Institut Français d'Archéologie orientale (IFAO), appelé d'abord "Mission permanente au Caire"; homologue en Égypte des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, il reçut tout naturellement le nom d' "École du Caire", qui consacrait sa parenté avec ses devancières. Ce n'est qu'en 1898 – à l'occasion d'une nouvelle définition de ses statuts – qu'il reçut son titre définitif d' "Institut français d'archéologie orientale", plus à même de traduire une vocation proche-orientale dépassant le cadre de la seule Egypte : voir l'Éphéméride du 28 décembre

     

     http://www.legypteantique.com/pierre-de-rosette.php      

     

     

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    1834 : Naissance de Degas

     

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    L'Étoile
     
     
     
     
     
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    1900 : Inauguration de la première ligne du Métro parisien 
     
     
    Prête pour l'Exposition universelle, la ligne reliant la Porte Maillot à la Porte de Vincennes a été construite en 17 mois sous la direction de l'ingénieur des Ponts et Chaussées Fulgence Bienvenüe, et remporte un succès immédiat : elle transportera jusqu'au 31 décembre près de 16 millions de passagers...
     
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    Inauguration de la Ligne 1, le 19 juillet 1900 :
    le premier train à la station Gare de Lyon (collection RATP)
     
     
     

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    1903 : Arrivée du premier Tour de France

     

    19 juillet,degas,pierre de rosette,champollion,hieroglyphes,metro,tour de france,revue universelle,bainville,massisLe 1er juillet, 60 coureurs ont pris le départ du Tour, à Paris.

    Organisé par le journal sportif "L'Auto", que dirige Henri Desgrange, le Tour s'est déroulé en six étapes de Paris à Paris via Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes.

    L'arrivée le 18, consacrera le cycliste Maurice Garin qui remportera l'étape, et le Tour, avec trois heures d'avance sur ses concurrents.

    Sur les 60 cyclistes présents au départ seuls 20 franchiront la ligne d'arrivée...

     

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    L'excellence mathématique française reconnue et récompensée : avec Michel Talagrand, la France reçoit son cinquième Prix Abel !

    MICHEL TALAGRAND

    Michel Talagrand (à droite) en 2019, lors de la remise des prix Shaw, à Hong Kong, Chine. (MAXPPP)

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    1. D'Alexandre del Valle (sur tweeter) :

    "Attentat de #Moscou : 43 morts; 110 blessés: L'attaque, typique de l'État islamique, et revendiqué par l'Agence arabe de l'EI, a été méticuleusement organisé par un petit groupe compact et bien entraîné qui a tiré dans le même modus operandi que les attentats du #Bataclan et contre les restaurants du 11 ème arrondissements de Paris. Méthodologie également prisée par les jihadistes caucasiens daguestanais-tchétchènes d'ailleurs à la fois liés au jihad syrien face aux armées de #Bachar et de son allié #Poutine et à certaines légions ukrainiennes combattantes accueillies au sein de la mouvance #Azov ... Rappelons que, loin d'être de la propagande russe, l'attentat imminent avait été redouté par les services américains le 8 mars dernier, qui avaient déconseillé aux Occidentaux de rester à #Moscou. Quant au #FSB russe, il avait démantelé une tentative d'attentat jihadiste contre un synagogue de Moscou."

    Au moins 40 morts, Daesh revendique... Les autorités russes "à la  recherche" des assaillants de la tuerie de Moscou

     

    2. Bizarre, bizarre... On hésite, on se méfie, mais c'est annoncé par OpexNews : donc, prenons l'annonce avec des pincettes, et... qui vivra, verra ! Mais pourquoi tant d'obstination à s'associer avec "des gens" (nos ennemis Allemands) qui n'achètent pas français, qui ont saboté plus d'un "projet" (?) commun dans le passé etc.. etc... Nous avons bien montré, avec le Rafale de Dassault, que nous savions faire du 100% français, qui était aussi 100% excellent... Nos ennemis allemands en peuvent pas en dire autant !

    " Le ministre @SebLecornu, en visite officielle aujourd'hui à #Berlin, annonce un accord franco-allemand pour le programme #MGCS sur la répartition des tâches. La charge industrielle sera de 50/50 pour chaque pilier. Le 26 avril prochain, signature de l'accord d'engagement entre les deux pays pour la phase dite 1A du #MGCS."
     
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    3. Front populaire revient sur le dément rêve états-unien : Russexit : comment le rêve de Gorbatchev s’est transformé en cauchemar (extrait/Début de l'article de Joseph MONLOUIS)...

    CONTRIBUTION / OPINION. Depuis l’implosion de l’URSS, l’Occident n’a pas su saisir les multiples occasions qui se sont présentées afin de nouer des relations diplomatiques saines avec la Russie. Il est aujourd’hui bien tard pour le déplorer.

    Quelles que soient les réserves que l’on peut émettre sur le résultat des élections présidentielles en Russie et, surtout, sur les spécificités du système politique de ce pays, il n’en reste pas moins que la population de cet État-continent semble soutenir majoritairement Vladimir Poutine dans son bras de fer avec l’Occident. Vu de l’ouest, on ne peut comprendre ce phénomène qu’en faisant sienne la maxime de la pensée élargie de Kant : « Penser en se mettant à la place de l’autre. »

    « Nous sommes en train de vivre en direct un changement radical du système des relations internationales. Il y a une trentaine d’années, l’implosion de l’URSS a mis fin à la Guerre froide. Mais les États-Unis n’ont pas analysé ce qui s’était vraiment passé. Ils ont cru qu’ils avaient gagné la Guerre froide par la seule supériorité du modèle américain, en particulier de leur économie et de leur appareil de défense. Et ils se sont lancés dans une politique d’expansion impériale, dont l’expression la plus bruyante – et destructrice – a été la phase 1999-2003, le déclenchement de la guerre contre la Serbie, contre l’Afghanistan puis contre l’Irak. Toute la démesure américaine se lisait par exemple dans l’illusion selon laquelle les États-Unis allaient réussir ce que ni Alexandre le Grand, ni les Britanniques, ni les Soviétiques n’avaient pu faire : contrôler l’Afghanistan. À cette époque, à Washington, on parlait du XXIe siècle comme d’un “nouveau siècle américain”. Les États-Unis allaient emporter les derniers bastions de résistance à l’influence américaine à coup de dollars (pour financer les “révolutions de couleur”) ou de bombes si les pays s’obstinaient dans l’opposition à la bienveillance américaine. Quinze ans plus tard, tout ceci est en train de s’effondrer. »

    Russie-URSS-Gorbatchev-Poutine-Occident-Ukraine

     

    4. Dans Le Figaro : L'Afghanistan est le seul pays au monde où l'éducation des filles est interdite après l'école primaire...

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    "L'islamisme est le culte le plus immobile et le plus obstiné, le Coran arrête toute science et toute culture. Le mahométan ne lit rien, parce que tout ce qui n'est pas dans le Coran est mauvais et qu'il renferme tout. Mahomet eut le sentiment vrai du caractère de sa religion lorsqu'il lui donna pour symbole le croissant de la lune dont la lumière est trompeuse et sans chaleur." (Alfred de Vigny, Journal d'un poète)

     

    5. L'éoliénicide n'est pas un long fleuve tranquille... C'est dans Le courrier picard : Dans la matinée du vendredi 22 mars 2024, une éolienne a pris feu le long de l’A29, à l’est d’Amiens...

    https://www.courrier-picard.fr/id505932/article/2024-03-22/une-eolienne-en-flamme-entre-framerville-rainecourt-et-herleville

     

    6. lafautearousseau a signé, et fait signer, la pétition de SOS EDUCATION :

    À L’ÉCOLE, ENSEIGNEZ-MOI LES DIVISIONS, PAS L’ÉJACULATION ! Signez vite la pétition ! Médecins, pédopsychiatres, psychologues, pédiatres, professionnels de l'éducation, parents, grands-parents... dites NON à la sexualisation précoce des enfants !

    soseducation.org/petitions-mobi

    https://soseducation.org/petitions-mobilisations-collectives/non-education-sexualite-cadre-scolaire

     

    7. Et toujours le saccage paris ! De Grand Paris Avant / Après :

    "Avant / Après rue du Général de Larminat à #Paris15 #ParisXV. Abattage d’arbres adultes. Artificialisation des sols."

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    À DEMAIN !

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  • Éphéméride du 22 mai

    1818 : Création de la Caisse d'Épargne et du Livret A

     

     

     

    1679 : Denis Papin présente son "digesteur" 

     

    Denis Papin présente à la société royale de Londres "le nouveau digesteur ou la manière d'amollir les os et de faire cuire toute sorte de viandes en fort peu de temps et à peu de frais" : c'est le premier autocuiseur de l'histoire. 

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    En 1690, il fait la démonstration devant la faculté de Marbourg d'une machine au piston actionné, grâce à la vapeur, par compression de l'air : il a inventé le moteur...

    Cependant, s'il est vrai de dire que Papin est le premier à avoir reconnu la force élastique de la vapeur d'eau, au XVIIème siècle, c'est un Écossais, James Watt (ci dessous, peint vers 1812) qui, en 1679, a fait breveter le système.

    En somme, Papin a trouvé le système, et Watt l'a rendu performant. Au bout du compte, c'est la machine à vapeur, ancêtre de la turbine, qui est née...

    Avec, à la clé, pour le meilleur et pour le pire, la révolution industrielle.

    Aujourd'hui encore, les turbines à vapeur produisent environ 80% de l'électricité mondiale... 

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    1679 : Début des travaux à Marly

     
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    Marly "avant" : le Pavillon du soleil, tout en haut de la pente
    dominait les douze pavillons, tous strictement identiques,
    situés de part et d'autre de la pièce d'eau, six de chaque côté...

              

    La Révolution étant passé par là, il ne reste absolument rien de cet ensemble extrêmement original situé à deux lieues au nord de Versailles, dont la construction fut confiée à Mansart dès 1679.

    Le contraste avec Versailles était énorme : Marly se dissimulait dans la verdure qui cernait les constructions. Le terme de "Roi-Soleil" y trouva sa plus évidente traduction architecturale et symbolique : le château principal, demeure du roi, portait sur ses frontons l'image du soleil parcourant sa course céleste, tel un palais solaire. Les douze pavillons satellites parfaitement carrés étaient répartis de chaque côté de la voie d'eau. Chaque pavillon était attribué à une divinité ou une allégorie : Thétys, Minerve, Mars, Hercule, La Victoire, l'Abondance, Bacchus, Saturne, Vénus, Diane, Mercure.

    À Versailles, tout courtisan pouvait se rendre sans autorisation expresse du roi, tandis qu'à Marly on ne pouvait être admis que sur invitation personnelle du souverain. Saint Simon a raconté comment les courtisans quémandaient une invitation à chaque déplacement : "Sire, Marly..." ! Quand les dames se présentaient au souper du roi cela s'appelait "se présenter pour Marly"; les invitations étaient adressées à  leur nom, leurs maris les suivaient.

    Marly était ainsi une sorte de cour très privée dont les membres étaient triés sur le volet. Le cérémonial y était assoupli : même en présence du roi, les hommes restaient couverts et les femmes étaient admises dans le salon en robes de chambre (toilette de ville).

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    ...et Marly "après" (photo: Yann-Arthus Bertrand).
    Merci !...
    Merci, qui ?...
    La Révolution a détruit le tiers de notre patrimoine artistique : c'est un crime contre la France, évidemment, mais aussi un crime contre l'Humanité, contre la Beauté...
     
     
     
     
     
    • À propos des Chevaux de Marly...
     

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    Si Marly fut bien construit par Louis XIV, c'est Louis XV qui est à l'origine des Chevaux de Marly : deux groupes sculptés représentant des chevaux cabrés et leurs palefreniers, en marbre de Carrare, exécutés entre 1743 et 1745 par Guillaume Coustou, à la demande de Louis XV, donc.

    Le roi souhaitait orner "l’abreuvoir de Marly", situé à l'entrée du parc, afin de remplacer deux groupes sculptés : Mercure à Cheval sur Pégase et La Renommée à Cheval sur Pégase d'Antoine Coysevox, qui avaient été déplacés en 1719 dans les Jardins des Tuileries

    En 1794, ils seront transférés Place de la Concorde, puis seront restaurés en 1840.

    En 1984, abîmés par la circulation automobile et la pollution, les Chevaux seront remplacés par des copies en marbre, et les originaux conservés au Musée du Louvre dans une ancienne cour de l'Aile Richelieu, transformée en patio, appelée depuis la Cour Marly.

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    Avec les Chevaux de Marly, Coustou représente deux chevaux fougueux aux prises avec leurs palefreniers, nus et musculeux (des esclaves amérindiens, avec leur carquois), leurs corps tendus par l'effort. Le sculpteur, ne s'inspirant pas de la mythologie, cherche simplement à rendre la lutte des forces sauvages et contraires, dans leur absolue réalité : chevaux cabrés, leur crinière ébouriffée, leurs naseaux et leurs yeux dilatés, se débattant avec fureur dans un combat impétueux face aux palefreniers qui cherchent à les dompter...

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    La Renommée à Cheval sur Pégase, d'Antoine Coysevox, a été placée au centre de la mire télévisuelle de la RTF...

     
     
     
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    1807 : Mort de l'abbé Henri Essex Edgeworth de Firmont, le dernier confident de Louis XVI

             

    Il s'éteint à Mittau, en Courlande (actuelle Lettonie), où il suivait Louis XVIII - dont il était chapelain - dans son exil.

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    De Malesherbes (ci dessous) à l’abbé Edgeworth de Firmont, qui lui apporte la commission de Louis XVI (1) :

    "...Les scélérats, ils l’ont donc mis à mort ! Et c’est au nom de la Nation qu’ils ont commis ce parricide ! C’est au nom des français qui, s’ils eussent été dignes de ce bon roi, l’eussent regardé comme le meilleur des princes, le meilleur ! Aussi pieux que Louis XI, aussi juste que Louis XII, aussi humain 22 mai,denis papin,watt,victor hugo,gerard de nerval,revolution industrielle,marly,caisse d'epargnequ’Henri IV, et exempt de leurs faiblesses. Son tort unique fut de nous aimer trop, de se montrer notre Père et point assez notre Roi… Son inébranlable vertu a triomphé de leur scélératesse. La Religion seule donne à l’esprit de l’homme la force de soutenir avec tant de dignité des épreuves aussi cruelles !  Sortez de cette ville, mon cher abbé, ne restez pas à Paris, je vous en conjure. Sortez de ce royaume, si vous pouvez. Fuyez une terre maudite, vous n’y trouverez pas d’asile contre des tigres altérés de votre sang. Moi je n’ai rien à redouter, ils savent que le peuple m’aime. Les assassins n’oseront toucher un seul de mes cheveux blancs. Cependant, dès demain, je partirai pour la campagne; je ne veux plus respirer le même air que les régicides. Adieu, mon cher abbé; partout où vous irez, soyez assuré que je prendrai l’intérêt le plus vif à tout ce qui vous regarde...".

    (1) : le roi voulait que Malesherbes sût – par l’abbé, chargé de le lui transmettre - le nom de la personne à qui le duplicata de son Testament avait été confié, pour le cas où celui remis aux Commissaires de la Commune ne serait pas rendu public.

     

    http://archives.mepasie.org/fr/notices/notices-biographiques/edgeworth-de-firmont

     

     

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    1808 : Naissance de Gérard de Nerval

     

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