Quelle que soit son issue, le mouvement des gilets-jaunes aura au moins eu un mérite : mettre à nu les rouages de ce régime corrompu jusqu’à la moelle depuis que les politiciens de tous bords, « gaullistes » compris, ont décidé de déconstruire ce qui fut le contrat social de la Cinquième République. A force de modifications, de changements, d'altérations, de rectifications, de retouches, ni l'esprit ni la lettre de cette constitution ne sont plus respectés. Nous vivons depuis des années avec une règle du jeu édictée par des faussaires ayant pour nom : Mitterrand et Chirac, Sarkozy et Hollande.
Les logiciens connaissent bien l'argument du bateau de Thésée rapporté par Plutarque : pendant des siècles, on a gardé respectueusement la barque de Thésée, qui avait combattu le Minotaure. Régulièrement, les Athéniens changeaient les planches qui s'abîmaient. Un jour, il n'y eut plus une seule planche d'origine. Certains dirent alors que ça n'était plus son bateau ; d'autres affirmaient au contraire que si ; pendant que d'autres encore débattaient pour savoir avec quelle planche, la première rajoutée, la dernière enlevée, ou bien celle après laquelle les planches d'origine ont cessé d'être majoritaires, le bateau de Thésée n'a plus été le bateau de Thésée.
Vingt-quatre lois ont modifié la constitution de 1958 jusqu'à ce jour ! Sur les 92 articles de départ, il n'en reste plus que 30 d'origine ! Elle est donc morte depuis longtemps... On fait semblant de la révérer, or elle est piétinée régulièrement par la classe politique dans l'intérêt de ses opérations de basse police, droite et gauche confondues. Qui peut bien imaginer que la cohabitation et le quinquennat puissent relever de l'esprit gaullien ? Qu'un référendum perdu puisse être purement et simplement annulé par la coalition des politiciens maastrichtiens de droite et de gauche ? Qui ?
Depuis Maastricht, les révisions qui concernent l'Europe vont dans le sens d'une destruction de la nation française au profit de l'État maastrichtien -Traité de Maastricht en 1992, Traité de Lisbonne en 2008. Cette constitution de 1958 est morte : elle est devenue un chiffon de papier, un torchon, une serpillère. Merci Mitterrand, merci Chirac, merci Sarkozy, merci Hollande - et merci Macron qui est un mixte des vices de tous ceux-là : cynisme, démagogie, vulgarité et incompétence...
Les Français en général, et les gilets-jaunes en particulier ont bien compris que, depuis plusieurs décennies, leur constitution leur avait été volée. De Gaulle avait voulu l'élection du président de la République au suffrage universel direct à deux tours ; un septennat avec des législatives à mi-mandat, ce qui permettait au chef de l'État de savoir où il en était avec le peuple et où le peuple en était avec lui: en cas de perte de la majorité à l'Assemblée nationale, le Président démissionnait, c'était la sanction du peuple ; il pouvait alors se représenter et être réélu, ou pas ; le référendum permettait au peuple de donner son avis sur des questions de société majeures : une fois l'avis donné, on le respectait. Quand de Gaulle a perdu le référendum sur la régionalisation, il n'a pas nié le résultat, il n'a pas fait voter les députés pour l'annuler, il n'en a pas fait un second, il n'a pas fait le contraire de ce qu’avait décidé le peuple: il lui a obéi et a quitté le pouvoir. Il y avait dans la lettre, mais aussi et surtout dans l'esprit de cette constitution, un lien entre le peuple et son souverain qui était alors son obligé.
Aujourd’hui, c'est l'inverse : c'est le peuple qui est l'obligé de son président élu après que la propagande eut fait le nécessaire, c'est à dire des tonnes, pour installer l'un des voyageurs de commerce de l'État maastrichtien - depuis Mitterrand 1983, ils le sont tous... Le vote ne s'effectue plus de manière sereine et républicaine, libre et autonome, mais de façon faussée et binaire avec d'un côté le bien maastrichtien et de l'autre le mal souverainiste - la plupart du temps assimilé au fascisme. Cette caricature est massivement vendue par la propagande médiatique d'État ou de la presse subventionnée par lui. L'élection législative perdue n'induit plus la démission, mais la cohabitation ; le référendum perdu ne génère plus l'abdication, mais sa négation. Quand le peuple dit au Président qu'il n'en veut plus, le Président reste... Et quand il part à la fin de son mandat, certes, on change de tête, mais la politique menée reste la même.
Tout le monde a bien compris depuis des années que les institutions françaises sont pourries, vermoules, comme une charpente minée par les termites et la mérule : il s'en faut de peu que la maison s'effondre d'un seul coup, avec juste un léger coup de vent. Les gilets-jaunes sont, pour l'heure, un léger coup de vent...
De même, tout le monde a bien compris que la représentation nationale n'est pas représentative : la sociologie des élus, députés et sénateurs, ne correspond pas du tout à la sociologie de la France. Il suffit de consulter la biographie des mandatés : ceux qui sont sur les ronds-points avec leurs gilets jaunes ne risquent pas d'avoir des collègues au Palais Bourbon ou au Palais du Luxembourg ! Où sont les paysans et les ouvriers, les artisans et les commerçants, les marins pécheurs et les employés, les balayeurs et les veilleurs de nuit, les chauffeurs de taxi et les ambulanciers dans ces deux chambres ? Nulle part... Les ouvriers représentent la moitié de la population active : il n'y en a aucun au Palais Bourbon -l e PCF qui ne fonctionne qu'avec des permanents devrait s'interroger sur ce chiffre pour comprendre les raisons de sa crise... En revanche, on y trouve pas mal d'enseignants et de professions libérales, de notaires et d'avocats, des journalistes aussi. Les cadres et professions intellectuelles représentent 76 % des élus : c'est quatre fois et demie plus que leur part dans la population active. L'observatoire des inégalités a publié un texte intitulé « L'Assemblée nationale ne compte quasi plus de représentants de milieux populaires » (29 novembre 2018) qui détaille cette évidence : le peuple n'est plus à l'Assemblée nationale. Pour parler le langage de Bourdieu, on n'y trouve aucun dominé mais plus que des dominants. Dans les gilets-jaunes, c'est très exactement l'inverse: pas de dominants que des dominés !
Si la sociologie des élus est à ce point peu populaire on comprend qu'elle soit devenue antipopulaire. Il n'est pas besoin d'aller chercher très loin les raisons du vote négatif du peuple au référendum sur le Traité européen ni celles qui ont fait des élus les fossoyeurs de ce même vote populaire. La démocratie directe a dit: non. La démocratie indirecte lui a dit: bien sûr que si, ce sera tout de même oui. Je date du Traité de Lisbonne ce clair divorce du peuple d'avec ses prétendus représentants.
Qui peut croire que ces assemblées qui ne représentent déjà pas le peuple dans sa totalité puissent être crédibles quand chacun peut constater que le parti de Mélenchon, qui arrive quatrième au premier tour des élections présidentielles et n'est pas présent au second, dispose de dix-sept députés, pendant que celui de Marine Le Pen qui arrive deuxième et qui se trouve qualifiée au second tour, n'en a que huit ? Quelle étrange machinerie politique permet à celui qui arrive quatrième d'avoir plus du double d'élus que celui qui arrive deuxième ? Sûrement pas une machine démocratique...
Pas besoin d'être polytechnicien pour comprendre que le mode de recrutement des élus est partidaire et non populaire ; les découpages électoraux et les logiques du code électoral sélectionnent des professionnels de la politique affiliés à des partis qui les mandatent et non des citoyens de base qui ne peuvent gagner sans le soutien d'un parti ; une fois au chaud dans les institutions, les élus font de la figuration dans un système qui évince le peuple et sélectionne une caste qui se partage le gâteau en faisant des moulinets médiatiques afin de laisser croire qu'ils s'écharpent et ne pensent pas la même chose, or sur l'essentiel, ils sont d'accord : ils ne remettent pas en cause la règle du jeu qui les a placés là ; au bout du compte, ceux qui gagnent sont toujours les défenseurs de l'État maastrichtien. Les gilets-jaunes savent que le code électoral, associé au découpage électoral opéré par le ministère de l'Intérieur avec l'Élysée, génère un régime illibéral - pour utiliser et retourner une épithète abondamment utilisée par les maastrichtiens pour salir les régimes qui ne les aiment pas donc qu’ils n'aiment pas. Ce régime est illibéral parce qu’il gouverne sans les gens modestes, sans les pauvres, sans les démunis, sans les plus précaires, sans eux et malgré eux, voire contre eux. Sans ceux qui, aujourd’hui, portent le gilet jaune.
C'est donc fort de ce savoir acquis par l'expérience que le peuple des gilets-jaunes ne veut plus rien entendre des partis, des syndicats, des élus, des corps intermédiaires, des députés ou des sénateurs, du chef de l'État et de ses ministres, des élus de la majorité ou de ceux de l'opposition, mais aussi des journalistes qui, de la rubrique locale à l'éditorial du journal national, font partie de tous ces gens qui ont mis la France dans cet état et ce peuple dans cette souffrance. La démocratie indirecte, le système représentatif, le cirque des élections : ils n'y croient plus. Qui pourrait leur donner tort ?
Voilà pour quelles raisons quelques gilets-jaunes proposent aujourd’hui le RIC - le référendum d'initiative citoyenne. Les journalistes qui estiment que les gilets-jaunes ne pensent pas, que leur mouvement c'est tout et n'importe quoi, qu'ils disent une chose et son contraire, qu'ils ne sont que dans la colère ou le ressentiment, de vilaines passions tristes que tel ou tel éditorialiste condamne dans son fauteuil de nanti, qu’ils sont des anarchistes ou des casseurs, qu'ils ne proposent jamais rien, ces journalistes, donc, sont bien obligés, en face de cette proposition majeure, de jouer les professeurs devant une classe de primaire en expliquant que le RIC, c'est du délire.
C'est pourtant, au contraire, une pharmacopée majeure très adaptée à cette démocratie malade, sinon mourante. C'est un authentique remède de cheval qui donne la frousse aux dominants, aux corps intermédiaires, aux élus, aux rouages du système, parce qu'ils voient d'un seul coup leurs pouvoirs mis en péril alors qu'ils les croyaient acquis pour toujours ! Quoi : « le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple, mais vous n'y pensez pas? Quelle idée saugrenue ! ». Si messieurs, justement: c'est la définition que donne le dictionnaire de la démocratie !
Qu'est-ce que ce RIC ? La possibilité pour les citoyens de réunir un certain nombre de signatures qui obligent le pouvoir à examiner la question faisant l'objet du RIC, soit au parlement soit sous forme référendaire. « Impossible !» disent les éditocrates comme un seul homme. Or ils oublient que c'est possible depuis des siècles en Suisse et que c'est d'ailleurs ce qui fait de la Confédération helvétique antijacobine une démocratie bien plus sûrement que notre régime oligarchique.
A tout seigneur, tout honneur: le chevau-léger Stanislas Guerini (dans Marianne, le 17 octobre 2018 ), dont tout le monde ne sait peut-être pas encore qu’il est le patron de LREM, procède avec subtilité: Le RIC, c'est la possibilité demain de restaurer la peine de mort ! Le RIC, c'est la certitude de la castration chimique pour les délinquants ! Le RIC, ce pourrait même être, rendez-vous compte, il ne le dit pas, mais on voit bien qu'il le pense, la possibilité de sortir de l'État maastrichtien !
A la République en Marche, on n'aime pas le peuple, trop grossier, trop débile, trop crétin, trop pauvre, trop bête aussi... Il suffit d'écouter cette fois-ci le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, Gilles Legendre, qui affirme quant à lui, sans rire : « Nous avons insuffisamment expliqué ce que nous faisons. Nous nous donnons beaucoup de mal, il faut le faire mieux. Et une deuxième erreur a été faite, dont nous portons tous la responsabilité : le fait d'avoir été trop intelligents (sic), trop subtils (sic), trop techniques (sic) dans les mesures de pouvoir d'achat. » (Marianne, 17 décembre 2018)
On ne peut mieux dire que le ramassis d'anciens socialistes, d'anciens hollandistes, d'anciens Modem, d'anciens écologistes, d'anciens LR, d'anciens EELV, d'anciens juppéistes, d'anciens sarkozystes, enfin d'anciens anciens qui constituent la modernité révolutionnaire dégagiste de LREM, méprise clairement le peuple jugé trop débile pour comprendre que l'augmentation des taxes sur l'essence, sous prétexte de transition écologique, est un impôt prélevé sur les pauvres sans qu’ils puissent y échapper, puisqu'ils sont contraints de remplir le réservoir de leurs voitures pour travailler.
Certes, Gilles Legendre est un intellectuel haut de gamme, puisqu’il dispose d'une triple casquette: journaliste, économiste, homme politique, ce qui, avouons-le, constitue trois titres de gloire dans l'État maastrichtien en général et, en particulier, dans la France, l'une de ses provinces depuis 1992. Lui qui a été élève à Neuilly, est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, puis du Centre de formation des journalistes de Paris, qui a travaillé à Europe 1, au Nouvel Économiste, à L'Expansion, à Challenges, à L'Événement du jeudi de JFK aussi, qui accumule les jetons dans les con
Y-a-t-il une autre loi que celle du profit dans l’entreprise mondialisée ?
Danone, un des géants français de l’agro-alimentaire, depuis quelques années affichait des performances inférieures à ses concurrents de taille comparable, Unilever et Nestlé (dont les marchés ne sont d’ailleurs pas exactement comparables : Unilever gère plusieurs marques de produits d’entretien, par exemple).
Son dirigeant, Emmanuel Faber, a été évincé avec effet immédiat par son conseil d’administration. Emmanuel Faber, 57 ans, était directeur général depuis 2014 et PDG depuis 2017. Il a été remplacé par Gilles Schnepp, ancien patron du fabricant de matériel électrique Legrand. La presse nous indique que c’est une victoire des fonds d’investissement actionnaires du groupe, on ne saurait en douter. Nous sommes, dans ce cas de figure, assez éloignés de la « démocratie actionnariale ». Quant aux salariés, 2000 suppressions de postes dans le monde sont annoncées, dans la lignée de ce qu’avait décidé Faber.
Que se passe-t-il chez Danone ?
Emmanuel Faber avait pour ligne d’action le social, l’écologie (au bon sens du terme) et entendait s’affranchir du court-termisme : un capitalisme intégrant des paramètres très actuels, fort prisés de l’opinion, mais son éviction démontre que le discours sur la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise (RSE) relève plus de la communication que de la réalité dès lors que les profits sont en cause.
Une victoire des fonds d’investissement
Depuis plusieurs semaines une fronde d’actionnaires exigeait la dissociation des fonctions de président et de directeur général. Cela afin de remédier aux conséquences de la pandémie de Covid-19 (baisse de 1,5 % du CA). À l’œuvre, Artisan Partners, troisième actionnaire de Danone avec environ 3 % du capital, appelait à nommer « immédiatement » un président « vraiment indépendant ». Comment comprendre ce vœu d’indépendance si ce n’est à l’égard de ce que le Conseil d’administration a l’air de considérer comme une mode superfétatoire et coûteuse, la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise. C’est en tout cas un sérieux démenti à ce courant de pensée. Dans la galerie des grands fonds, un autre actionnaire, Blue Bell Capital Partners avait déclaré, le 3 mars, que les bénéfices attendus de la dissociation des fonctions de président et directeur général « seraient compromis par le maintien d’Emmanuel Faber comme président ». Après cette annonce, peu après l’ouverture de la Bourse, le titre Danone affichait une forte hausse (en trois ans le titre avait perdu 14 % de sa valeur).
En revanche, les deux fonds ont demandé aussi la suspension du plan Local First qui prévoyait des licenciements et qui visait à rendre plus “agile” l’entreprise en faisant des économies sur les strates hiérarchiques. Pour une fois, le titre d’une entreprise ne remontait pas en bourse à l’annonce de licenciements mais à celle du changement de gouvernance. On pourrait s’en réjouir en notant qu’historiquement le remplacement d’un manageur est, depuis bien avant la mondialisation, un signe favorable pour les marchés. Il est généralement porteur d’appréciation du titre. Quant à l’agilité, c’est le dernier mot à la mode, le “must” du management, traduisons : adaptation à la mondialisation. Mais, précisément, Faber avait un discours hétérodoxe sur la globalisation. Au surplus, il n’était pas membre de la famille Riboud, les fondateurs de Danone, dont l’héritier Frank siège au conseil d’administration.
Faber, un homme hors du sérail
Emmanuel Faber disait que « le pouvoir et l’argent ne servent uniquement qu’eux-mêmes et rendent fous ceux qui les servent » : on croirait du Péguy ! Voilà qui peut aussi expliquer son éviction. Manifestement, quoique ancien d’HEC, l’homme n’est pas du sérail. On a reproché à Faber sa gouvernance solitaire, c’est généralement ce qu’on reproche à ceux que l’on veut écarter. Mais, grand travailleur et exigeant, Faber présente un profil plutôt ascétique, dormant peu, ne fréquentant pas les dîners mondains, très peu “jet set” ; il est convaincu que « l’enjeu de la globalisation, c’est la justice sociale » : voilà qui ne s’entend guère. Il est à l’origine de la création de la chaire « Entreprise et pauvreté » à HEC, il entendait vivre l’économie autrement (titre de son livre paru chez Albin Michel en 2011 : Chemins de traverse – Vivre l’économie autrement). La mission sociale (et non sociétale, qui concerne les mœurs et autres logiques comportementales) de l’entreprise était au cœur de ses préoccupations et ne se réduisait pas à de la communication. Cette dimension sociale apparemment révulsait les financiers qui ne se privaient pas de le faire savoir : on jugera par là l’hypocrisie des discours sociaux quand ils ne sont pas ceux d’hommes comme Faber qui, par ses convictions affichées de chrétien, s’employait à les appliquer réellement. Le reproche de se prendre pour le président d’une ONG lui était adressé de façon assez fielleuse, d’autant que le social était, à l’origine, dans l’ADN de l’entreprise, qui voulait assurer un équilibre entre l’économique et le social. Les syndicats y étaient sensibles. Antoine Riboud, le fondateur, ne manquait pas de rappeler que « l’entreprise doit répondre aux aspirations de l’homme et trouver les valeurs qui amélioreront la qualité de sa vie en disciplinant la croissance ». Plus proche de la pensée du fondateur en voulant faire de Danone un modèle social d’alimentation bio et locale, Faber a été éliminé par la finance qui, semble-t-il, prise peu ces considérations quand le profit n’est pas au rendez-vous.
Les fonds chassent en meute
Considérons maintenant d’un peu plus près ce que sont ces fonds d’investissement. Bluebell et Artisan ne possédaient pas, à eux deux, 8 % de Danone. C’est trop peu pour le coup qu’ils viennent de réaliser. Cela n’aurait jamais pu se produire sans le consentement de MFS (Massachussetts Financial Services, un très ancien fonds financier datant de 1924), de BlackRock et des grands fonds nord-américains qui contrôlent effectivement le capital de Danone.
Gilles Schnepp est un ancien vice-président de la banque américaine Merryll-Lynch et un ancien patron de Legrand, comme nous l’avons indiqué : mais l’entreprise autrefois française fut longtemps copropriété avec Wendel d’un fonds américain dont l’actionnaire de référence aujourd’hui est MFS. La plupart des administrateurs ont des carrières très compatibles avec les exigences de grands fonds américains. Ce qui veut dire que si Faber est parti, c’est que BlackRock et MFS l’ont voulu. BlackRock est aussi actionnaire du fond Artisan qui a mené la charge contre Faber. Ces choses-là ne se disent pas, cela pourrait paraître contradictoire avec le discours de responsabilité sociale affichée, ce qui pourrait déplaire aux retraités américains (bénéficiaires de ces fonds), tout pleins de bons sentiments RSE, ainsi qu’à la presse. Aussi, comme le signale avec pertinence l’analyste Guy de La Fortelle [1] : « Cela pose un problème, parce que BlackRock, MFS et les grands fonds américains sont les maîtres des grandes capitalisations mondiales. Emmanuel Faber est assuré de trouver portes fermées dans tous les grands groupes agroalimentaires mondiaux cotés. Car derrière l’apparence de concurrence des entreprises, le capital, depuis 2008, s’est concentré dans un nombre extraordinairement petit de mains. Et la stratégie de BlackRock et de la grande communauté d’intérêts des grands gestionnaires d’actifs américains est simple : soit vous êtes avec eux, soit vous êtes contre eux, ils ne font pas dans le détail. Si Faber veut retrouver un job, il devra faire allégeance. »
Le plan Local First, le conseil d’administration, les limites du discours RS
Gilles Schnepp, nommé vice-président du conseil d’administration à côté de Cécile Cabanis, l’ex-directrice générale finances de Danone, qui avait démissionné, est donc le nouveau patron. Les actionnaires demandaient aussi que le plan de réorganisation et de réduction des coûts lancé par Emmanuel Faber soit au moins suspendu. Philanthropie des fonds financiers ? Que nenni. D’ailleurs, le nouveau président de Danone a annoncé le 18 mars l’application du plan Local First au Figaro : « la feuille de route stratégique de Danone ne changera pas ! » On s’interroge dans ces conditions sur ce qui a vraiment motivé l’éviction de Faber. Ce plan comprend, outre les licenciements (400 en France), une cession de marques dans les eaux, un plan d’économie d’un milliard et une réorganisation par secteurs géographiques. La “crise de gouvernance” en réalité reflète un mal plus profond qu’on ne peut imputer exclusivement à Faber. Danone est fortement exposé à un raid boursier, Danone ne pèse que 40 milliards d’euros et pourrait être la proie de ses concurrents, une OPA menace : que pèse la volonté de « vivre l’économie autrement » quand on risque de ne plus exister ?
Ainsi quelles que soient les pratiques de management de Faber et, sans doute, ses erreurs stratégiques, on voit bien que le big business n’aime pas ceux qui ne sont pas perinde ac cadaver, dévoués au veau d’or plus que jamais debout. On voit aussi les limites des responsabilités sociales et environnementales de l’entreprise, pourtant prégnantes dans le discours contemporain.
Illustration : Emmanuel Faber. Il voulait devenir le symbole de la vertu opposée au profit, il est devenu le symbole du patron déchu.
[1] . Chaine YouTube de Guy de La Fortelle :
www.youtube.com/c/LInvestisseursanscostume
Source : https://www.politiquemagazine.fr/
= Dernière chronique, ce lundi, avant les vacances pour Louis-Joseph Delanglade, qui reprendra du service dès le lundi 2 septembre. Le "roulement" des collaborateurs est assurée sur lafautearousseau, cette année comme les précédentes, afin que votre quotidien vous accompagne chaque jour de ces deux mois d'été : pas de "vacance" pour la diffusion de nos idées ! pas de "vacance" pour le militantisme, et la réaction immédiate, "à chaud" et "en temps réel", sur tout ce qui se passera pendant ces deux mois d'été... Seul le jour du 15 août (comme celui de Pâques et de la Noël) sera libre de toute note (sauf l'Ephéméride) et proposera - Racines chrétiennes de la France obligent... - un document sur l'Assomption, en ce jour qui fut, longtemps, le jour de la Fête nationale...
Vous avez pris l'habitude, maintenant, de retrouver tous ces Lundis de Louis-Joseph Delanglade sur la page d'accueil du Blog, en haut à gauche, juste au dessous de la Présentation de notre Quotidien et des Activités partout en France.
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= Pour son numéro d'été (juillet/août), Politique magazine a eu la bonne idée de jouer l'originalité : consacrer la totalité de ce numéro spécial à un Dossier sur l'ensemble des Manifs pour tous, leurs causes, leurs développements, leurs conséquences... Ce mouvement, durable et immense, a, en effet, non seulement étonné la France et les Français mais aussi, n'en doutons pas, le monde entier. Pour reprendre l'heureuse formule de Jean Dutourd, il a "étonné le monde".
Les collaborations sont de qualité : Jean-François Mattéi, Jacques Trémolet de Villers, Jean Sévillia, Frédéric Rouvillois, Ludovine de la Rochère, Béatrice Bourges, l'abbé Guillaume de Tanouärn, Pierre Chalvidan... On lira l'éditorial, rédigé cette fois-ci par Hilaire de Crémiers, et dont le tittre récapitule et résume bien ce numéro : L'espérance.
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= L'avenir des Roms est en Roumanie, pas en France, dans des squatts dégradants, ou sur des terrains dépourvus de tout ce qui sied à une vie normale - fût-elle pauvre - et indignes d'êtres humains.
Nous prendrons le contre-pied exact des propos ahurissants de Jean-Marc Coppola - du Front de Gauche - qui a osé comparer "les Roms en France" à Auschwitz ! : a-t-il perdu à ce point la raison, pour tenir des propos aussi insensés et extravagants, dont on peut se demander, à bon droit, s'ils sont plus scandaleux que débiles, ou l'inverse ?....?
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= On reviendra une fois encore - une fois de plus !... - sur ces Cités, zones de non-droit (!) et de délinquance/trafics en tous genre, organisés et prospérant en plein jour, au vu et au su de tous, que le gouvernement entend "rénover", à coups de milliards gaspillés en pure perte, et qui manquent cruellement ailleurs : à nos Armées, dans nos Hôpitaux, pour la Recherche, créatrice d'emploi et qui prépare l'avenir...
Ces Cités ont été mal conçues, mal construites, puis abandonnées aux Mafias : on ne peut rien pour elle, sauf les détruire pour reconstruire, à leur place, un habitat de qualité et décent, digne d'êtres humains, qui remplacera enfin cette honte que sont aujourd'hui ces barres et ces tours : un habitat criminogène...
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= Christian Franchet nous a justement parlé de l'Insurrection de l'esprit, la semaine dernière, en ouverture du n° 32 de La Nouvelle Revue Universelle.
Il nous dévoilera ce que l'on trouvera dans ce numéro : * DOSSIER : LES MALADIES MORTELLES DE LA DéMOCRATIE (Antoine de Crémiers et Danièle Masson); * GEOPOLITIQUE : L’UNION EUROPEENNE SURVIVRA-T-ELLE ? (par Gilles Varange); * ECONOMIE : REMETTRE EN CAUSE LE PARADIGME (François Reloujac); * QUESTIONS DE DEFENSE : GARE à L’EFFET « LIGNE MAGINOT » (suite à l'étude de Mathieu Epinay sur la force française de dissuasion publiée dans le n° 31, Claude Wallaert pose quelques questions...); * Prolongeant cette réflexion, le général Claude Mouton médite sur le devenir de l’armée française en s’intéressant à la préparation de la récente « loi de programmation militaire », mieux connue sous le nom de Livre blanc; * UNE EXPOSITION AU LOUVRE : L’Allemagne ET NOUS (Dominique Decherf); * 40 ANS APRèS SA MORT, MARITAIN TOUJOURS EN DéBAT (Yves Floucat); * RESISTANCE ET POLITIQUE : DU 18 JUIN à LA LIBERATION DE PARIS (André Pertuzio et Louis Gonnet); * QUEBEC LIBRE (Philippe Kaminski a organisé la participation française à la manifestation de la place Royale à Québec); * YVAN BLOT ET LES FAUX-PROPHETES ("discussion" entre Pierre Le Vigan et Yvan Blot...)...
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Un internaute (ou une...) nous écrit à propos de plusieurs de nos notes sur l'Education. Pour résumer, il (ou elle) nous demande de préciser notre critique du système scolaire actuel, et pourquoi nous parlons de gâchis à propos des collèges et lycées, et pourquoi nous trouvons qu'il y a trop d'élèves....
Cela fait beaucoup de questions, mais nous allons essayer d'apporter, sinon une réponse, du moins un peu de clarté là-dedans : le sujet en vaut la peine.....
Un des plus grands scandales de notre siècle, qui n'en manque pas, est celui-ci: des milliers, des dizaines de milliers d'enfants sont malheureux en France ! Et où, et pourquoi, sont-ils malheureux ? A l'École, tout simplement !
On les oblige à y rester alors qu'ils n'en ont pas l'envie, pour les uns, et que leurs compétences, qui leur permettraient de se mettre enfin en valeur, sont ailleurs, pour les autres ! Qui ça "on" ? Le système, qui prétend au nom d'un égalitarisme stupide et idéologique mettre tous les enfants sur le même pied, croyant qu'on obtiendra par là l'utopique égalité, alors qu'on ne fera que broyer ceux qui, précisément, ne brilleront et ne s'accompliront que lorsqu'on leur permettra de voler de leurs propres ailes, dans le domaine qu'ils ont librement choisi....
A partir de 14 ans (alors que la scolarité est obligatoire jusqu'à seize ans, aujourd'hui...) pour celles et ceux qui en ont le goût et les aptitudes, il faut permettre aux jeunes de quitter l'enseignement général, trop théorique pour eux, et d'apprendre leur métier, dans lequel ils pourront s'illustrer; nos voisins allemands ont beaucoup plus développé que nous l'apprentissage, et ils s'en portent mieux: en France, c'est interdit ou très mal vu, et en tout cas, contrecarré par tous les moyens : les timides ouvertures qu'avait lançé un Gilles de Robien ont été, de fait, suspendues...
Les parents laissent faire, mi flattés mi trompés par ces idéologues doctrinaires qui dirigent le Ministère de l'Éducation et qui, en fait, méprisent le travail manuel et idolâtrent l'abstraction... L'État républicain idéologique se ruine - et ruine la France - avec un budget en constante augmentation alors que l'éducation véritable se porte de plus en plus mal. Pourquoi dépenser tant d'argent, et toujours de plus en plus, alors que tant de jeunes, et toujours de plus en plus, sortent du système scolaire sans diplôme et sans vraie formation ?
Les cuistres pédagogistes du Ministère ou qui l'inspirent (le plus bel exemple étant Philippe Mérieux, ci-dessus....) défendent en fait leur fonds de commerce, et se fichent bien pas mal de massacrer intellectuellement des générations d'enfants.... Et les syndicats les appuient, dans une alliance de fait qui tourne au sordide quand on sait que, pratiquement, ils sont partie prenante dans la gestion de ces fameux moyens qu'ils demandent sans cesse, et qu'on finit toujours par leur accorder: plus d'élèves, c'est forcément plus de budget, et comme ils le gèrent, ou le co-gèrent...
C'est sordide, mais c'est aussi simple que cela.....
Le hic, c'est que tout le monde est perdant: l'économie française, le système scolaire, le niveau culturel du pays et... les enfants: ils perdent trois, quatre, cinq ans, ou plus, à traîner au fond des salles de classe, perdant leurs meilleures années, pendant lesquelles ils ne demanderaient qu'à acquérir une formation, et prenant au contraire de mauvaises habitudes, parfois irréversibles...
Le système actuel "mal traite" d'une façon socialement admise des êtres sans défense, les enfants, qui n'ont pas la force de s'opposer à cela... Or, même s'ils sont enfants, on doit les respecter; on doit respecter leurs choix, leurs goûts, leurs envies... et on ne le fait pas, en les considérant simplement comme une machine à apprendre. Ce qui est d'ailleurs l'une des raisons du nombre important de stress, de mal-être, de déprimes, pouvant aller jusqu'au suicide, chez les jeunes: imagine-ton les souffrances d'un enfant qui, de septembre à juin, se ramasse des 1, des 2 ou des 3 à tous ses devoirs ? et les moqueries qu'il endure de ses camarades car, on le sait bien depuis La Fontaine, "cet âge est sans pitié"...
Oui, le système actuel "mal traite" d'une façon socialement admise, établie et réglementée, les enfants... Les problèmes viendront après: absentéisme, échec scolaire, délinquance, chômage, violences, suicides...
Une grande partie de ces problèmes seraient évités si le système commençait à les respecter, en leur offrant par exemple autre chose qu'une désolante uniformité de traitement (on dit de cursus, pour faire bien, chez les jargonautes...).
Nos voisins allemands ont plus d'un million d'apprentis (chez nous, on tourne autour de 200.000, chiffre stable depuis des lustres, forcèment, puisqu'on fait tout pour qu'il n'augmente pas), mais ils ont moins de chômage, et leur économie est plus florissante que la nôtre : l'une des raisons de leur meilleure santé, et du fait que la nôtre est plus mauvaise, tient précisément à notre système scolaire, aberrant car idéologique.....
"Le pouvoir de corrompre"... Pierre de Meuse analysera la sinistre affaire de mœurs qui secoue le Royaume Uni, avec les révélations sur Sir Jimmy Savile, personnage médiatique de premier plan aujourd'hui décédé, objet de nombreuses plaintes pour pédophilie.
Pour ce qui est de l'étranger, après l'article de Jorge Soley Climent sur la situation critique en Catalogne, Pascual Albert, de Valence (Espagne), ami de longue date de notre famille de pensée, nous livrera ses réflexions sur le devenir de l'Espagne, et de ses grandes régions historiques : L'Espagne, à la croisée des chemins. C'est pour bientôt !
A propos du "mariage gay", et suite à une réflexion inexacte d'un député socialiste, on reviendra sur cette "majorité" minoritaire des socialistes, et à ces élections du Sytème qui souffrent d'une double tare : leur manque de représentativité, et leur insincérité...
Toujours à propos du "mariage gay", et après les propos du Cardinal Vingt-Trois - impeccable sur le sujet, depuis le début... - on écoutera l'opinion d'Hilaire de Crémiers sur "La leçon du Grand Rabbin Gilles Bernheim".
On continuera à Lire Jacques Bainville, vendredi : une très originale réflexion sur le Kosovo; ou, comment la religion et la spiritualité (en l'occurrence, orthodoxe) peuvent fournir à un peuple opprimé et envahi une armature morale et mentale telle qu'il parvient, même plusieurs siècles après, à se retrouver lui-même et à revivre... ; puis, pour la semaine suivante, un éloge de "M. Georges Mandel" qui dit exactement la même chose que ce que vous pourrez lire bientôt dans notre prochain Album Léon Daudet (en préparation...); et qui montrera aux ignorants que l'Action française toute entière entretenait les meilleures relations avec bon nombre de personnalités de la communauté juive -et non des moindres, de Joseph Kessel à Georges Mandel - l'antisémitisme de peau ayant toujours été rejeté, dénoncé et combattu en tant que tel par le royalisme français.
Et on gardera le samedi dorénavant, comme on en a pris l'habitude maintenant - autre nouveauté de l'année... - pour une sorte de revue des Blogs, de Facebook et d'ailleurs : cette semaine, le droit à... ne pas émigrer, par Benoït XVI (le Blog Zenit, le monde vu de Rome); le mouvement ASSAWRA qui écrit à François Hollande, qui s'est fait le caniche de Benyamin Netanyahu; Fabrice Madouas qui parle des libéralités de Manuel Vallls en matière d'immigration (sur le Blog de Valeurs actuelles); Jérôme Besnard qui présente (dans Le Monde) les "rebelles et contre-révolutionnaires"; l'ouverture du compte Twitter et Facebook de Famille et Liberté...
On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de la consécration de l'Abbaye de Saint-Martin du Canigou à la mort de Charles de Gaulle, en passant par la mort de Lescure, le Roussillon qui devient français, l'inauguration du Musée du Louvre et la mort de Charles X; avec Marie Curie et Alphonse Laveran, François Couperin et Gabriel Fauré, Guillaume Apollinaire et Albert Camus...
Notre rubrique Activités France entière (mise à jour quotidiennement) a pris son rythme de croisière et propose en permanence une trentaine d'activités diverses : "sitôt reçu, sitôt publié", elle est à votre disposition pour annoncer et répercuter tout ce qui se fait chez vous, "sans nostalgie ni folklore", pour un royalisme intelligent. Lafautearousseau se veut la "maison commune" de toutes les bonnes volontés royalistes, fidèles à la Maison de France.
Bienvenue à nos 36 nouveaux "Amis", cette semaine, sur notre Page Facebook Lafautearousseau Royaliste : elle a accueilli son 1.515ème "ami", et nous nous sommes fixés comme objectif, pour commencer, d'avoir 5.000 "amis": il nous faut annoncer, rendre compte, expliquer... à toujours plus de gens, et cette Page est l'un des moyens d'y arriver. Aidez-nous donc à la développer, en vous inscrivant vous-mêmes, en lui suscitant des "amis", en la faisant connaître autour de vous.
Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" (comme on dit dans le jargon) à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer.
Bonne lecture, et bonne semaine sur votre quotidien !
Introduction
« N’avons-nous donc pas loisir, Socrate ? »
Platon, Théétète, 172 c
Toutes les enquêtes du ministère de l’Éducation nationale depuis cinquante ans vont dans le même sens : l’école républicaine française ne joue plus le rôle formateur qu’elle avait autrefois et l’écart se creuse entre les meilleurs éléments, qui suivent la voie royale des Grandes Écoles, et la masse des élèves, bientôt des étudiants, qui échouent à maîtriser les connaissances fondamentales avant de connaître de nouveaux échecs dans la vie sociale.
Prenons un exemple officiel. Le document du Haut Conseil de l’Évaluation de l’École, Éléments pour un diagnostic de l’École, devait constituer en 2003 la première étape d’un grand débat politique susceptible de réformer la loi d’orientation scolaire de 1989 (1). On sait qu’il n’en a rien été et que les tentatives de réforme des derniers ministres de l’Éducation nationale, qu’il s’agisse de François Bayrou, de Claude Allègre, de Jack Lang, de Luc Ferry, de François Fillon, de Gilles de Robien, ou, depuis mai 2007, de Xavier Darcos, se sont heurtées à de telles résistances syndicales et sociales qu’elles ont été retirées sans délai.
On ne peut ignorer la conclusion désabusée du diagnostic du Haut Conseil, conclusion partagée par tous les acteurs du monde pédagogique : « L’école n’a pas réussi à corriger les inégalités, mais les a amplifiées ». Les commentaires de la presse mettent régulièrement l’accent sur cette réponse négative qui, par rapport à l’interrogation sous-jacente, paraît sans appel. Il faut cependant noter que ce constat décourageant n’a de signification qu’à la condition de postuler que la mission première de l’école est bien de corriger les inégalités sociales.
C’est là pourtant une hypothèse que les théoriciens majeurs de la pédagogie, de Platon à Comenius, et de Montaigne et Rousseau à Kant ou Pestalozzi, n’avaient à aucun moment envisagée. Ces derniers ne voyaient en effet dans l’école, nullement un lieu de correction sociale, mais un lieu de formation humaine. Quelle qu’en soit la forme, l’inégalité n’était pas au premier rang de leurs propos. À leurs yeux, l’école devait assurer une fin différente, et bien plus élevée, que la fonction sociale à laquelle on est aujourd’hui tenté de la réduire.
Admettons néanmoins que, pour les sociétés démocratiques dans lesquelles l’espace social a peu à peu absorbé les champs religieux, politique et culturel, la fonction de l’éducation consiste à supprimer les inégalités pour donner à tous les enfants des chances égales de réussite. Nous serons alors obligés d’admettre que l’école du XXe siècle a échoué dans sa tâche, particulièrement depuis qu’elle s’est livrée aux méthodes modernes d’éducation. Hannah Arendt, dans les années soixante, en avait dénoncé implacablement « la faillite », en montrant comment elles avaient mis à l’écart « toutes les règles du bon sens » en faisant « du monde de l’enfant un absolu » (2).
Les partisans de cette pédagogie nouvelle ont objecté, et objectent encore, que la critique des méthodes modernes centrées sur les apprentissages du sujet n’est pas recevable parce qu’elle provient d’adeptes d’une pédagogie traditionnelle inadaptée à notre époque. Ces derniers, selon eux, défendraient des conceptions rétrogrades, sinon réactionnaires de l’éducation – l’autorité, la discipline, les études classiques, l’uniforme, etc. –, conceptions qui seraient fondamentalement liées à la culture bourgeoise, en théorie dominante en France depuis Jules Ferry. Chacun a encore en mémoire les critiques sévères du sociologue Pierre Bourdieu et de ses épigones sur le caractère prétendument socialement reproductif du système éducatif français, notamment sous la IIIe et la IVe République.
Cette objection est à l’évidence sans portée. Le critère justifiant une méthode pédagogique, comme la conception éducative qui la fonde, est la réussite par rapport à des objectifs préalablement définis. La pédagogie française, depuis le plan Langevin-Wallon de 1946-1947, a voulu adapter « la structure de l’enseignement » à « la structure sociale » en prenant appui sur un « principe de justice » initial. Il revient à offrir à tous les élèves les connaissances élémentaires – les « fondamentaux » du discours officiel – permettant à terme « le perfectionnement du citoyen et du travailleur ».
Mais son échec est tout aussi fondamental puisque, selon les statistiques ministérielles, 20 % des enfants entrés en sixième se trouvent en grande difficulté de lecture . Ainsi, selon les statistiques officielles, ce sont près de 20 % des enfants entrés en sixième qui sont incapables de déchiffrer un texte, pour ne rien dire de ceux, beaucoup plus nombreux, qui sont incapables d’en comprendre le sens. Il convient donc, selon la formule d’Hannah Arendt, de poser à nouveaux frais « l’épineuse question de savoir pourquoi le petit John ne sait pas lire ! » (3). Et tous les petits John, Jacqueline ou Ahmed, sont de plus en plus nombreux à ne pas savoir lire, puis à ne pas vouloir lire, donc à ne pas maîtriser les connaissances essentielles qui ouvrent au monde de la culture humaine.
Comment comprendre ce divorce avéré entre la générosité sociale des intentions pédagogiques affichées et la misère intellectuelle des résultats scolaires obtenus ?
NOTES
1 - J.-C. Hardouin, A. Hussenet, G. Septours, N. Bottani, Éléments pour un diagnostic de l’École, Paris, Ministère de l’Éducation nationale, octobre 2003.
2 - H. Arendt, la Crise de la culture. Huit exercices de pensée politique, Paris, Gallimard, « Idées », 1972, p. 229 et p. 236. Cf. page 237 : « Pour quelles raisons a-t-on pu, pendant des années, parler et agir en contradiction si flagrante avec le bon sens ? ».
3 - H. Arendt, la Crise de la culture, op. cit., p. 224.
Au sommaire de ce numéro 95 (avril) : Leçon Japonaise (Éditorial); Le mal-être français (l'analyse d'Hilaire de Crémiers); Dominique Strauss-Kahn et la tentation de l'Elysée, et Mayotte : le destin français (Jean de la Faverie); Audaces fortuna juvat (Jacques Trémolet de Villers); entretien avec Gilles-William Goldnadel et avec Bernard Bigot; l'indépendance et le nucléaire (Christian Tarente); Japon : secousse sismique et séisme économique (François Reloujac); Ivan Rioufol, portrait (Benoît Gousseau).....
Voici l'éditorial de ce numéro 95 : Leçon japonaise...
L'effroyable catastrophe qui a frappé le Japon, et dont personne ne mesure encore toutes les conséquences, ne peut qu'inciter à une profonde réflexion sur les conditions de vie et de survie dans le monde moderne.
Bien sûr, les japonais avaient pris un risque et un risque inconsidéré dans l'établissement de leurs centrales nucléaires sur une ligne de fracture connue et repérée depuis longtemps, et d'autant plus que leurs sociétés d'installation et d'exploitation, pour des raisons de coûts, n'avaient pas assuré les conditions d'une totale sécurité dans les cas de cataclysme majeur, ce qu'il était possible de faire et ce qu'il fallait faire comme le prouve le dossier constitué sur le sujet dans ce numéro de Politique magazine.
Il y a donc eu des fautes. Elles sont essentiellement d'ordre politique, d'ailleurs. Elles ne sauraient remettre en cause la technologie nucléaire, du moment qu'elle est maîtrisée, mais elles indiquent les points névralgiques de l'essentiel des décisions, en pareille matière. Il faut un État national et responsable, garant du Bien commun, qui ne soit pas soumis, du moins dans ce cas-là, aux aléas des choix partisans et des pressions financières de toutes sortes, propre donc à soutenir une politique continue où la technique de plus en plus poussée soit accompagnée de toutes les garanties de la plus parfaite des sécurutés possibles.
Tel n'était vraiment pas le cas au Japon, où la technique nucléaire ne bénéficiait pas d'une assurance d'Etat arbitrale suffisamment solide. Les cafouillages qui ont suivi la catastrophe l'ont suffisamment montré.
Un mois, jour pour jour, après le début de la catastropher, Frédéric Charles, correspondant de France info à Tokyo déclare à l'antenne : "...les autorités reconnaissent qu'elles sont encore bien loin d'avoir repris le contrôle de la centrale..."
Il faut se féliciter qu'en France "le nucléaire" ait été mis au coeur des décisions régaliennes, noyau, dans notre république de partis, de ce qui est le propre de l'Etat, royal par défintion chez nous. D'où de hautes autorités, vraies celles-là, indépendantes, totalement compétentes, qui ont pu régulièrement donner leurs avis aux politiques, orienter leurs décisons et surtout leur garantir une fiabilité et une continuité, avec une sécurité éprouvée. Le CEA en est l'expression institutionnelle. Seulement, il convient de se donner les moyens d'avoir une industrie nucléaire performante. Sinon, de fait, gare !
Il faut se féliciter pareillement que la France, dans ses discussions avec ses partenaires, ait réussi, il y a quelques années, en raison de la qualité de son savoir-faire, à obtenir que le site d'Iter soit à Cadarache en France, et non au Japon, comme il avait été demandé ! Peu importe le coût, il faut du sûr.
De même, c'est à la France, au CEA, à Areva et à EDF que les japonais demandent de l'aide aujourd'hui, dans les difficultés considérables d'un enchaînement de réactions qu'ils n'arrivent plus à contrôler. C'est dire assez l'excellence de la maîtrise française.
Mais il serait vain de faire les fiers. De pareilles tragédies rappellent l'homme à l'humilité. C'est, d'ailleurs, la condition des vrais progrès.
Les Japonais ont montré leur courage dans l'épreuve. L'Etat national japonais, si défailant par ailleurs, en raison du régime des partis, est encore le seul recours des sinistrés. L'armée, les administrations, les services d'Etat et la grande solidarité nationale se déploient au mieux pour subvenir à la détresse causée par tant de malheurs accumulés. Le Japon ne sortira de ses épreuves et de ses déboires que par un nouvel élan national : les japonais le savent.
Cette leçon est valable pour beaucoup de pays qui ont une vieille histoire. La France dans la crise qu'elle traverse et dont elle n'a pas encore affronté le plus grave, devrait se ressourcer pareillement dans son génie national. Il ne se trouve pas dans les querelles partisanes, dans les faux débats qui alimentent la vie politique et médiatique. Il réside dans son histoire et sa civilisation : il suffirait d'en reprendre le cours, avec un Etat national à la hauteur de sa tâche. Au fond, c'est ce qu'attendent les Français.
* Jeannette Bougrab (petite-fille de Harki - Secrétaire d’Etat à la jeunesse) :
Je ne connais pas d'’islamisme modéré.
* Vladimir Poutine :
Bientôt la France sera la colonie de ses anciennes colonies.
* Alija Izerbegovic, ancien Président de l'Etat européen de Bosnie :
Il n'est en effet pas possible qu'une paix ou qu'’une coexistence ait lieu entre la Religion islamique et les institutions sociales et politiques non islamiques. Il n'’y a pas de principe de laïcité.
* Alain Gerin, député communiste :
Aujourd'hui limiter l'’immigration y compris régulière devient vital face à une situation intenable et explosive dans des centaines de villes populaires.
* Sir Bertrand Russel, Prix Nobel :
L'islam et le bolchevisme ont une finalité pratique dont le seul but est d'’étendre leur domination sur le Monde.
* Alain Minc :
En France, on protège ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin.
* Eric Zemmour :
Nous avons connu en France l’'alliance du trône et de l'’autel, du roi et de l’église. Nous voyons aujourd’hui se mettre en place l’'alliance du marché et du minaret.Faites accoster des clandestins sur des plages françaises. Il ne peut rien leur arriver. L'état est impuissant. Les passeurs disent merci à la justice française.
* Georges Marchais :
La poursuite de l’'immigration pose de graves problèmes. Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables. La cote d’alerte est atteinte… C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l'’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage.
* Michel Rocard :
La France ne peut accueillir toute la misère du monde.
* Giscard d’Estaing :
Ce type de problème actuel se déplace de celui de l'immigration vers celui de l'invasion.
* Général de Gaulle :
Nous sommes un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre.Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau.Les Arabes sont les Arabes, les Français sont les Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante ?
* Houari Boumediene, président algérien (en 1974, lors de la conférence islamique) :
« Le ventre fécond de nos femmes nous permettra de conquérir l'’Europe et le Monde » et à l’'ONU « Des millions d’hommes quitteront l’'hémisphère sud pour aller dans l’'hémisphère nord. Ils n'’iront pas en tant qu’'amis. Ils iront pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire.
* Erdogan, premier ministre de Turquie :
Les mosquées sont nos casernes, les coupoles nos casques, les minarets nos baïonnettes et les croyants nos soldats.
* Le Cheik Al-Qaradawi (Président du Conseil européen de la fatwa et de la recherche structure juridique mère de l’UOIF) :
L'islam retournera en Europe en conquérant et en vainqueur.
* Malika Sorel (Écrivain d’origine algérienne, membre du Haut Comité à l’intégration, auteur du livre : Immigration-Intégration) :
Nous devons rompre avec l'’idéologie victimaire qui inspire toute notre politique d'’intégration, et qui a échoué. On demande aux peuples européens de disparaître ; c’est une entreprise terrifiante !
* Xavier Lemoine, maire de Montfermeil :
Il est nécessaire d'’ouvrir les yeux de ceux qui ne vivent pas ou qui ne veulent pas voir ce que nous vivons dans un certain nombre de nos quartiers, d’'apaiser la désespérance et l’'exaspération des populations qui se sentent étrangères chez elles, et de venir au secours et en aide à ceux qui sont submergés et assistent impuissant à la prise d’otages de populations entières.
* Gilles Bourdouleix :
L’'immigration économique ? Avec notre taux de chômage, ça n’est plus possible. Quant à l'’immigration sociale, il faut y mettre un terme pour résorber nos déficits. Ces gens viennent sur notre territoire pour bénéficier de notre protection sociale avec la complicité de notre administration : on trouve sur les sites du gouvernement toute la liste des aides sociales ! C’est d’'un protectionnisme migratoire que la France a besoin !
* Yvan Rioufol :
Le pays ne tourne plus rond quand il fait appel à des extra-européens pour répondre aux 500.000 emplois vacants tandis que 2.7000.000 chômeurs sont aidés par une solidarité nationale épuisée.
* Claude Guéant :
La France est un pays ouvert, mais elle n’a pas vocation à accueillir des étrangers pour en faire des chômeurs.
* Jeune Tunisienne de 20 ans vivant à Nice :
Ce que l’'on appelle l'’islam radical, c’est l'’islam tout court ; le reste, c’est un islam laxiste.
* Mgr Abba Athanasios (chef de l’église copte orthodoxe) :
Il y a un plan d'islamisation de la planète.
* Rasmussen, Premier ministre Danois :
Nous avons un très haut niveau de prospérité au Danemark. Nous serions obligés de l’'abandonner si des gens n'ont qu'à mettre le pied dans la porte pour obtenir des avantages financiers sans avoir d’abord contribué à l’'économie.
* Christopher Caldwell, écrivain :
Un jour en Europe, l'Islam sera assez puissant pour que les Européens regrettent d’avoir croisé son chemin.
* Bassan Tibi, sociologue syro-allemand :
Le problème n'est pas de savoir si une majorité d'’Européens sera islamisée, mais plutôt quel Islam est appelé à dominer l'’Europe.
* Jacques Ansquer (président de la Banque alimentaire des Bouches du Rhône et rapporté par La Provence le 28 juin dernier) :
Nous ne sommes plus dans une situation de non-droit, il y a désormais des zones régies par un autre droit que le nôtre.
* Renaud Camus, écrivain :
Aucun épisode depuis quinze siècles, ni la guerre de cent ans, ni l'’occupation allemande, n'ont constitué pour la patrie une menace aussi grave, aussi fatale, aussi virtuellement définitive en ses conséquences que le changement de peuple.
Clair, net, précis : comme chaque lundi, en quarante lignes, Louis-Joseph Delanglade entamera la semaine de lafautearousseau par un regard sur l'actualité, qu'elle soit nationale ou internationale...
Ensuite, nous continuerons à enrichir le dossier des contributions au débat que nous avons ouvert : "POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE "MARIAGE POUR TOUS". Après l'important article donné par Jean-François Mattéi au Figaro, sous le titre "Mariage pour tous et homoparentalité" (1), l'entretien de Jean Sévillia avec Chantal Delsol (2), et la contribution de Thibaud Collin (3) : " Un acte de résistance du pays que l’Elysée doit entendre ", nous donnerons, mardi, celle d'Hilaire de Crémiers, "Manif pour tous ! Et maintenant ?"; puis celle de Sylviane Agacinsky, de Bertrand Vergely et d'autres encore; le but étant de constituer un dossier de référence...
* La reine Beatrix des Pays-Bas abdique en faveur de son fils. A cette occasion, interrogés, de nombreux néerlandais expliquent pourquoi, et en quoi, la royauté leur paraît préférable à une république; ils le disent avec les mots simples de tous les jours, et non sous forme de grands discours théoriques. Nous avons construit une page sur ce sujet, à l'aide du reportage de France info et des réflexions de Jacques Bainville...
* L'abondance de l'actualité nous a fait reporter deux notes, qu'on lira donc cette semaine : celle de François Reloujac, qui poursuit sa suite économique dans Politique magazine : il traite ce mois-ci de La désindustrialisation, une fatalité ? Nous lui consacrons une de nos Pages, La suite économique de François Reloujac, dans laquelle vous pouvez retrouver ses chroniques de 2010, 2011 et 2012, ainsi que celles qu'il proposera tout au long de cette nouvelle année... Et celle de Champsaur, qui livrera un papier sur la Grande Guerre, sous l’angle de la perte de mémoire (chez nos jeunes), le centenaire du 3 Août 1914 ayant déclenché une polémique chez certains intellectuels, qui veulent accoler l’anniversaire à Mai 1945...
* Vendredi a débuté la parution de notre Album Maîtres et témoins...(III) : Léon Daudet. On a commencé par la page d'accueil de l'Album, et la première photo, Qui êtes-vous Léon Daudet ? Vendredi prochain, on aura les 21 photos traitant de l'enfance heureuse et des premières années : les racines provençales et le premier paradoxe d'un provençal de Paris (ou d'un Parisien provençal, comme on voudra...) : Nîmes, le château de Montauban, le mas de la Vignasse; l'amour profond qui unissait tous les membres de la famille, et Léon accompagnant son père, malade du terrible mal qui devait l'enlever si jeune à l'affection des siens (57 ans), à Lamalou les Bains; les différentes demeures des Daudet, qui en eurent beaucoup, la gloire littéraire d'Alphonse Daudet (que l'on a du mal à s'imaginer aujourd'hui) et l'argent qui allait avec (ses livres se vendant si bien !...) lui permettant de déménager souvent, et d'acheter, à Champrosay, une belle demeure où défila une partie de ce qui faisait le "tout Paris" : notamment, le voisin, Nadar, qui ne pouvait s'empêcher de donner des surnoms à ses amis, et appelait Daudet "mon vieux Dauduche" et Léon "le petit Dauduchon"; le second paradoxe, d'une famille à la tradition royaliste interrompue, et devenue hugolâtre : Léon ne renouera avec cette tradition royaliste qu'à... 37 ans !...
* On aura aussi, comme d'habitude le samedi, notre note en deux parties :
1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines et d'ailleurs;
2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés : N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...
* On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : du 1er Conseil municipal de Paris, voulu par Philippe Auguste et de la fondation du Havre par François 1er, au (mauvais) Traité de Maastricht. En passant par la Paix de Nimègues, le 6 février 1934, la naissance et la mort de Jacques Bainville, la création de l'Antigone, d'Anouilh, Maurras qui compose en prison son magnifique poème Où suis-je ? après le "verdict infâme" du 28 janvier 1945... Sans oublier les naissances de Gilles de Rais, la marquise de Sévigné, Stofflet, Joseph Boze, Jules Verne, André Citroën, Simone Weil...; et les décès de Pascal Paoli et Marthe Robin...
En plus de la Table des Matières (pour les 366 jours de l'année, les Ephémérides proposent, en permanence
Lancée il y a à peine plus d'un an, notre Page Facebok "La Faute à Rousseau Royaliste" vient de dépasser les 2015 "Amis". L'un de ces tous derniers "amis", étudiant à Strasbourg, nous connaissant à peine puisqu'il vient juste de nous découvrir, nous demande : "Pourquoi soutenez-vous "La Manif pour tous ?" , et ce qu'il peut répondre, et donner comme arguments, à ceux avec qui il mène des débats passionnés sur le sujet... Nous ne pouvons que lui répondre ce que nous écrivons ici, depuis le début du mouvement, c'est-à-dire depuis début janvier; certes, pour beaucoup de nos lecteurs, cela a été dit : au moins trouveront-ils là - si besoin était... - confirmation de notre engagement et assurance quant à la continuité de notre soutien à ce mouvement de fond; et nous renvoyons notre lecteur - comme tout le monde, du reste, ceux qui nous connaissent comme ceux qui nous découvrent - à la consultation de notre Page, dans laquelle chacun trouvera une ample moisson d'arguments :
Douze réflexions pour une contribution de fond sur "le mariage pour tous"
Demain, nous publierons la vidéo de la très bonne intervention de Jacques Trémolet de Villers sur ce sujet lors du récent hommage à Jeanne d'Arc, tenu à Paris les samedi 11 et dimanche 12 mai derniers...
Pourquoi s'associer pleinement à « La Manif pour tous » ?
On sait que nous nous sommes associés pleinement à la campagne lancée, courageusement, par l'Eglise Catholique de France et par divers mouvements ou associations, contre le projet de loi dit du "mariage pour tous". On sait que nous soutenons, et avons soutenu, les manifestation, locales ou d'ampleur nationale, depuis le 13 janvier dernier.
Le cardinal André Vingt-Trois, à l'occasion du 15 août dernier, a fait dire, dans toutes les églises de France, une "prière pour la France", s'élevant, en fait, contre ce projet; le pape Benoît XVI avait encouragé cette initiative; qu'elle a été confirmée par la Conférence Episcopale réunie par la suite à Lourdes. De fait, L'Eglise, pourvu qu'elle le veuille, qu'elle y lance toutes ses forces, possède encore - on a eu, on aura, sans-doute, encore, l'occasion de le vérifier - une capacité considérable de mobilisation et d'influence. Souhaitons qu'elle l'utilisera toujours à fond et, dans ce cas, soutenons-là avec la même force.
Les autres grandes religions, avec les nuances qui tiennent à leur spécificité, se sont exprimées dans le même sens. En particulier, le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim – faisons fi de l’actuelle tourmente dans laquelle il se trouve, en nous en tenant aux seules idées… - a publié un document remarquable, opposé à un projet de loi qui, selon lui, consiste à « priver des enfants d’un droit essentiel, avoir un père et une mère et non un parent 1 et un parent 2". En l'occurrence, cette conjonction des grandes religions, présentes sur notre sol, peut être utile à la France. Qu'elles s'opposent ensemble à un projet de pure déconstruction sociale, imposé en force par une minorité et un gouvernement indifférent au Bien Commun, est une nouveauté importante. Ces autorités spirituelles se déterminent en fonction de préceptes religieux, issus des Ecritures, mais aussi de considérations morales, anthropologiques et sociétales.
Du simple point de vue politique qui est le nôtre, qui ne méconnaît nullement ces hautes raisons, le projet de loi gouvernemental est une atteinte supplémentaire à la cohésion, à la stabilité, et à la structure même, la plus fondamentale, de notre société, et aux conditions du Bien Commun. C'est la raison majeure pour laquelle nous nous opposons, nous aussi, au projet gouvernemental, et pour laquelle nous conseillons à nos amis de participer aux manifestations régionales et locales depuis le 13 janvier, comme à toutes les actions qui seront menées par la suite, pourvu qu'elles soient sérieusement, raisonnablement organisées, et sans risque de tomber dans ce genre d'excès ou d'outrances qui finissent par nuire à la cause défendue.
Nous ajouterons, quant à nous, que se battre sur l'unique et ultime front (ultime, pour combien de temps ?) d'une opposition déterminée au "mariage homosexuel", si justifiée soit-elle, serait tout à fait insuffisant. Si, en effet, "la famille est la base de la nation", il y a déjà bien longtemps que la stabilité des familles françaises n'est plus une réalité, bien longtemps que cette stabilité est fortement atteinte, bien longtemps que la société nationale se dissout, s'atomise, au profit d'un individualisme de plus en plus accentué, avec tous les très graves désordres sociétaux qui en découlent. A terme, c'est notre capacité à transmettre notre culture et notre civilisation qui est en question. Nous voyons déjà, tous les jours, et en toutes sortes de domaines, les inquiétants effets de cette dissolution des familles françaises. C'est donc sur une ligne très en amont de la seule question du "mariage homosexuel" que nous devons situer le front de nos campagnes et de nos actions. Celui de la reconstruction de la famille française, sans quoi l'avenir national sera, de toute façon, compromis.
Par Academos
Et c'est reparti comme en janvier : les manipulateurs recommencent leur impressionnante campagne de manipulation ! Consolation de taille : elle avait réussi pour l'essentiel - mais pas totalement quand même... - en janvier, elle ne marche pas cette fois-ci : 56% des Français sont devenus assez lucides entre temps pour ne plus se "faire avoir". On peut espérer qu'au troisième coup, ce genre de campagne d'intoxication à contre-courant ne marchera plus du tout.
Il faudrait des lignes et des pages pour clamer sa répulsion face à l'immense hypocrisie de cette moraline dégoulinante qui masque le coup porté à l'Europe et à la France : elle ferait sourire, cette alliance du fric et de la révolution; de Mélenchon / Besancenot et consorts avec les intérêts de la fortune anonyme et vagabonde; cette sainte alliance du grand capital allemand (qui se "paye" des esclaves à bas prix) et des révolutionnaires qui veulent diluer l'Europe et la France dans n'importe quoi pourvu que ce ne soit plus un continent blanc, à l'héritage gréco-latin et aux racines judéo-chrétiennes : oui, elle ferait sourire si elle n'était le cheval de Troie...
Alors, plutôt que d'assommer les lecteurs de Lafautearousseau de lignes et de lignes, il m'est venu l'idée de, simplement, comparer, et sans commenter, les ahurissantes déclarations actuelles (Apathie et les Français « coeurs de pierre » par exemple...) avec ce qui s'est passé en 1962 quand un million de nos compatriotes, qui, eux, étaient vraiment des réfugiés, contraints de quitter leur terre natale, sont arrivés en métropole. Eux ne criaient pas "Allah akbar" (sur les quais de la gare de Budapest, comme on l'a vu et entendu à la télé : ça promet pour quand ils seront douillettement installés en Europe !...), mais il faut se souvenir de la façon dont la gauche de l'époque les a reçus : en l'occurrence, Gaston Defferre, jamais sanctionné pour ses propos abjects, au contraire devenu par la suite ministre de l'Intérieur !
La seule lecture du court document que j'ai trouvé dans les éphémérides de lafautearousseau dispense d'autres commentaires que ceux qui précèdent.
Sauf celui-ci, malgré tout : Apathie, pourquoi tu tousses ? •
Ephéméride du 23 mai
1962 : Le paquebot de la Transat, "Ville de Marseille", débarque les premiers réfugiés d'Algérie à Marseille
Pour la quatrième génération de Français d'Algérie, cette année 1962 c'est le cataclysme : depuis 1830, la France a fait d'un immense espace vide et désolé le pays le plus prospère, le mieux équipé, et celui qui a les perspectives d'avenir les plus brillantes de toute l'Afrique; elle lui a même donné son nom, Algérie, en l'administrant, en l'organisant, en le traitant exactement comme tous les autres territoires de France métropolitaine ou d'Outre-mer.
Et, d'un coup, le Système va donner les clés de ce pays prospère, à l'avenir prometteur, à une bande terroriste, le FLN, qui n'aura rien de plus pressé que d'aligner ce malheureux pays sur les visions idéologiques dépassés d'une URSS qui se croit encore, à l'époque, avant-garde consciente des prolétaires du monde entier alors qu'elle n'a même plus trente ans à vivre !
Le résultat calamiteux de cette nouvelle domination sera la ruine pure et simple du fruit d'un travail acharné d'un siècle et demi; l'installation, partout, de l'arbitraire, de la nonchalance et de la corruption; de l'analphabétisme et de la pauvreté de masse : un gigantesque et cataclysmique bond en arrière...
Et, pour les Français d'Algérie, brutalement, un choix très simple : "la valise ou le cercueil !". Quelques uns choisiront de s'établir dans l'Espagne de Franco, surtout dans la région d'Alicante, ce qui peut s'expliquer à la fois par des motifs idéologiques et par le fait que, historiquement, une ville comme Oran, par exemple, a été plus longtemps espagnole que française. Mais l'immense majorité des réfugiés (et non des rapatriés, terme impropre) referont leur vie - aux prix de mille difficultés et d'amères déconvenues - en métropole, où ils débarqueront sur la côte, de Port-Vendres à Nice mais essentiellement à Marseille, un certain nombre arrivant en avion.
Et c'est précisément à Marseille qu'un personnage va s'illustrer - si l'on peut dire ! - d'une façon qui ne l'honore certes pas, ni lui ni ses compagnons d'idéologie qui, jamais, ne condamneront ses propos : le député-maire de Marseille de l'époque, Gaston Deferre, fit preuve d'une sécheresse de coeur, d'une dureté et d'une inhumanité proprement stupéfiante dans un pays réputé civilisé. Et, le pire, c'est qu'il ne formula jamais le moindre regret, ne renia jamais ses propos et, a fortiori, ne fit jamais rien pour tenter de réparer un tant soit peu... Il fut même récompensé, si l'on ose dire, puisqu'il devint, plus tard, Ministre de l'Intérieur !
Qu'on en juge...
Dans un entretien accordé au Figaro, le 26 juillet 1962, il répond aux questions de Camille Gilles (ses mêmes propos seront tenus ailleurs, dans d'autres journaux - notamment Paris-Presse, repris par le quotidien marseillais de droite Le Méridional - et devant d'autres journalistes) :
* (à propos de la scolarité des enfants des Pieds-Noirs) : "Il n'est pas question de les inscrire à l'école car il n'y a déjà pas assez de place pour les petits marseillais..."
* (question) : Voyez-vous une solution au problème des rapatriés de Marseille ?
(réponse) : Oui ! Qu'ils quittent Marseille en vitesse ! Ils fuient ? Tant pis ! En tout cas je ne les recevrai pas ici. D'ailleurs nous n'avons pas de place, rien n'est prêt. Qu'ils aillent se faire pendre où ils voudront. En aucun cas et à aucun prix je ne veux des pieds-noirs à Marseille..."
Le moins que l'on puisse dire est que ce représentant éminent du Parti socialiste et de la Gauche française, si volontiers moralisatrice et moralisante, si prompte à donner des leçons de droits de l'homme à la terre entière, avait une bien curieuse conception du troisième terme de la devise du Système : "Fraternité" !
A bord du Ville de Marseille, ce 23 mai 1962, "1068 passagers et 53 enfants de moins de 3 ans", détaille le journal socialiste local Le Provençal. Sur les 700.000 Pieds-noirs qui gagnèrent la métropole cette année-là, 450.000 débarquèrent à Marseille.