UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Une visite de Martigues, ”chez Maurras”...

    Eh, oui ! Même à lafautearousseau, même dans "la Rédaction" il y en a qui n'avaient jamais vu la maison de Maurras, et n'étaient même jamais allés à Martigues ! J'ai donc organisé un petit déplacement, ce jeudi après-midi, et notre nouvelle mascotte, Bianca, fut évidemment de la partie !

    Nous n'avons pu, bien entendu, entrer ni dans la maison ni dans le jardin, que nous nous contentâmes d'admirer depuis le Chemin de Paradis, mais notre balade tourna autour de Maurras, malgré tout, et permit de se familiariser avec les lieux qui lui furent chers, et familiers...

    François Davin,

    Blogmestre

    Le coeur de Maurras (enterré à Roquevaire, avec ses parents), se trouve dans son jardin de Martigues, dans ce petit monument de style grec...

    Voilà pourquoi il écrit, dans son admirable poème Où suis-je ? :

    "...Ô jardin de Ferrières,

    Qui fleurira sur mon sommeil..."

    (Où suis je.pdf)

    1AAA.jpg

    L'église de Ferrières (le quartier de Maurras) : Saint Louis d'Anjou, et son petit Musée de l'unification des trois communes de Jonquière, l'Île et Ferrières, de par la volonté expresse du roi Henri III...

    1AAAAAAAAAAAAA.jpg

    1AAAAAAAAAAAAAA.jpg

    1AAAAAAAAAAAAAAA.jpg

    La maison natale de Maurras... (volets verts, un seul par étage !) 

    1AAAAAAAAAAAA.jpg

    Et celle de mes grands-parents, Émile Davin et Thérèse Mégy (vieux patronyme provençal, du latin "majus"...), au 2, Quai Kléber. Cette maison est entrée dans ma famille par ma grand-mère, Thérès Mégy. Mon père est né au premier, dans la pièce éclairée par la fenêtre de gauche : on y a une vue imprenable sur la Bastide de Maurras (notre voisin, et réciproquement !), à trois cent mètres à peine...

    1AAAAAAAAAA.jpg

    Quatre photos de l'église de l'Île, "la Madeleine", que nous autres, Martégaux, appelons volontiers "la cathédrale" !...

    1AAAAAAAAAAA.jpg

    1AAAAAAAAAAAAAAAA.jpg

    1AAAAAAAAAAAAAAAAA.jpg

    Ci-dessus, la maison natale de Maurras est dans le prolongement de la partie crépie en rouge de "la cathédrale", juste avant les deux maisons qui reviennent en angle droit sur le quai...

    Ci-dessous, c'est là que nous fîmes une pause-fraîcheur bienvenue...

    1AAAAAAAAAAAAAAAAAA.jpg

    ... juste à côté de l'Hôtel Colla de Pradines (l'ancienne Mairie), en dessous de "la plaque de Mistral", apposée en l'honneur de Gérard Tenque, autre gloire de la Ville de Martigues, avec Maurras et le peintre de Louis XVI, Joseph Boze, qui osa déclarer fièrement et noblement, devant le Tribunal révolutionnaire : "Ma tête serait sur le billot que je ne témoignerais pas contre Sa Majesté !..."...

    1AAAAAAAAAAAAAAAAAAA.jpg

    "Montre-nous le port !" me fut-il demandé... "Il n'y a pas de port, à Martigues, mais des quais, ça, oui !..."

    1AAAAAAAAAAAAAAAAAAAA.jpg

    1AAAA.jpg

    1AAAAA.jpg

    1AAAAAA.jpg

    1AAAAAAAA.jpg

    Les meilleures choses ont une fin... Il faut repartir, vers Marseille, par le quartier de Jonquières... (le plus étendu des trois quartiers de Martigues)...

    1AAAAAAAAA.jpg

    Retrouvez ceci - et beaucoup plus !... - dans notre Feuilleton

    Une visite chez Charles Maurras

    et/ou - sous une autre forme et présentation - dans notre Album

    Une visite chez Charles Maurras

    Et notre nouvelle mascotte, Bianca, se fera un plaisir d'accompagner ceux qui souhaiteraient, eux aussi, découvrir Martigues et la présence maurrassienne en cette cité, malgré le sectarisme bête et haineux d'une municipalité vraiment "basse de plafond"...

    bianca.jpg

  • CULTURE • A Lorient : Culture et histoire dans nos tripes

     

    Le Festival Interceltique de Lorient vu par Pierre Duriot dans Boulevard Voltaire

    Publié le 23 août 2015 - Actualisé le 31 juillet 2016

    Bel article très écrit où tout est bien vu, sur le Festival Interceltique de Lorient, qui se tiendra, en 2016, du 5 au 14 août. Nous avons évoqué ici plusieurs fois ces grands messes magiques de Lorient. Il nous a paru bon d'y revenir cette année. Et de la très bonne manière. 

     

    f1d824392a11163465e4081225695234.jpegLorient… Une marée humaine déferle sur les quais, dans un mouvement concentrique autour des musiciens en costume, au rythme des instruments traditionnels, dans un genre de célébration païenne des racines et du folklore. Les Celtes, nos ancêtres, les morceaux d’histoire, de culture et d’art ont traversé les siècles et les héritiers des peuples du Nord, sculpteurs de Gaule et plus tard de France, s’affichent dans la cité bretonne, brandissant drapeaux, blasons et uniformes de clans aux côtés de notre emblème tricolore, baignés du son puissant des cornemuses qui vous prend aux tripes. Ils ont revêtu leurs atours séculaires, soigneusement cousus, à l’identique au fil des décennies. Des grand-messes et défilés donnent lieu à des danses et communions avec un public à la recherche de son histoire et sans doute de ses repères, dans une période où la dilution de l’identité culturelle semble entamée de la manière la plus insidieuse qui soit. Mais la modernité télescope les partitions d’antan dans des concerts où les instruments à vent celtiques sont mâtinés d’influences et de rythmes actuels. La voilà, cette nouvelle culture aimée du public battant des mains par milliers, en perpétuelle évolution, mais gardant sa fougue, ses sonorités, ses costumes et ses pas de danse, célébrant la femme, le couple et la séduction. Les jeunes, très majoritairement, se sont emparés de la culture de leurs aïeux, apportant un sang neuf et perpétuant un folklore éternellement renouvelé et ancré dans son époque, à contre-courant de la doxa négationniste ambiante et figée par la correction politique. photo-635048244676000738-2.jpe.jpgIls emmènent leurs concitoyens dans d’inoubliables instants où l’atmosphère tout entière ondule par vagues, rythmée par les talons qui claquent au sol, par les rondes collectives, les envolées de jupons et de dentelles. Le festival « off », celui des bars et tavernes, donne toute sa jeunesse à un folklore accueillant guitares électriques, basses, cuivres et dérivant vers un rock celtique puncheur qui fait aussi le bonheur des festivaliers. Des dizaines de milliers de visiteurs, durant la semaine, fréquentent cette extraordinaire ode à une culture bretonne adorée des Français. Les cornemuses lorientaises, comme tant d’autres fêtes régionales, sonnent comme un fantastique pied de nez à nos responsables politiques actuels, lesquels s’échinent à dévaloriser, ringardiser, culpabiliser des pans entiers de la culture de nos régions mises à mal. Dans le feu de la danse traditionnelle constamment entretenu brûlera, à terme, la mince affiche propagandiste plaquée sur les vitrines d’un pays à l’identité puissante qui ne s’accommodera jamais d’une liquidation pure et simple. Les citoyens démentent leurs responsables et manifestent, dans leur engouement pour ce festival mythique, leur attachement viscéral aux siècles qui les ont faits.  • 

     
     - Boulevard Voltaire 
  • Livres & Histoire • Jean Sévillia : « La famille royale en prison »


    Par Jean Sévillia

    Une recension à lire parue dans la dernière livraison du Figaro magazine [31.08]. Une remarquable leçon d'histoire

     

    1400806989.jpg

    Trois jours après que les Tuileries eurent été prises d'assaut, en août 1792, la famille royale, déchue, était conduite au Temple.

    Elle devait y loger dans le donjon médiéval qui était inutilisé depuis des lustres.

    Dans ce lieu sinistre sont donc enfermés Louis XVI et Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, la soeur du roi, ainsi que les deux enfants royaux, Louis et sa soeur Marie-Thérèse.

    Le roi, la reine et Madame Elisabeth finiront sur l'échafaud, tandis que le petit Louis XVII, n'ayant pas résisté aux mauvais traitements, mourra de maladie et d'épuisement. Seule la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, remise aux Autrichiens au début du Directoire, survivra à la Révolution.

    Entre le 13 août 1792, date de l'incarcération des Bourbons au Temple, et le 19 décembre 1795, jour du départ de Marie-Thérèse, plus de trois années se sont écoulées. Un laps de temps plus long que la Convention, plus long que la dictature de Robespierre ou que la Terreur elle-même. La captivité de la famille royale forme par conséquent une séquence historique en soi, dotée d'une logique propre qui interagit avec le développement de la Révolution.

    C'est à analyser cette relation que s'est attaché Charles-Eloi Vial, un jeune historien dont les premiers travaux - une étude de la Cour à la fin de la monarchie et une biographie de Marie-Louise - étaient extrêmement prometteurs.

    534911836d0abb463780f58d8c9c9b04.jpgSur un sujet en apparence rebattu - qui ne connaît les adieux de Louis XVI à sa famille, le départ de Marie-Antoinette pour la Conciergerie ou le martyre de Louis XVII, scènes déchirantes qui ont eu le Temple pour cadre - l'auteur, recourant à des archives inexploitées, parvient encore une fois à offrir des perspectives nouvelles en reconstituant la vie des prisonniers royaux, mais également l'enjeu politique qu'ils ont représenté jusqu'au bout.

    Au-delà de leurs fautes personnelles, Louis XVI et les siens ont en effet été condamnés non pour ce qu'ils avaient fait, mais pour ce qu'ils étaient. Leur captivité a donc été le révélateur d'un système prêt à broyer tous les Français aspirant à la liberté. « Ce rapport entre l'intérieur et l'extérieur de la prison, souligne Charles-Eloi Vial, est essentiel à comprendre : la détention au Temple est l'envers de la Révolution. » Une remarquable leçon d'histoire.   

    xla-famille-royale-au-temple.jpg.pagespeed.ic.MrT_sYvRf2.jpg

    La Famille royale au Temple. Le remords de la Révolution, 1792-1795, de Charles-Eloi Vial, Perrin, 432 p., 25 €.  

  • Histoire & Monde • Vers une réhabilitation des Pahlavi ?

    L'impératrice Farah et Andy Warhol 

    Par Péroncel-Hugoz

    Près de 40 ans après la Révolution iranienne, notre confrère revient sur la politique d’ouverture culturelle de l’Iran jadis et essaie de décrypter des signes actuels de réouverture.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgDes années avant que le mouvement des mollahs ne chasse d’Iran la dynastie nationale des Pahlavi, le roi Hassan II avait conseillé au chah Mohamed-Réza de ménager traditions et susceptibilités musulmanes dans sa vaste entreprise de modernisation de l’Empire perse islamisé. 

    Le monarque iranien, l’épée dans les reins tenue par des « progressistes » du monde entier, en fait des marxistes poussés par les Soviétiques, n’en continue pas moins sa fuite réformatrice  en avant, allant, au nom de sa « Révolution blanche » jusqu’à soumettre à la réforme agraire les immenses propriétés du clergé chiite iranien. Dès lors le chah ne sortirait plus que broyé, avec son régime modernisateur, de sa confrontation avec l’ayatollah Khomeiny, intraitable religieux originaire des Indes. 

    Occidentalisation ?

    Parmi les reproches adressés par les mollahs aux Pahlavi, figurait au premier rang leur « tentative d’occidentalisation du peuple musulman de l’Iran », et de citer «l es sommes fabuleuses données à l’impératrice Farah par le chah pour l’achat de tableaux impies en Occident ».

    En effet, Mohamed-Réza avait chargé son épouse de constituer une collection d’Etat d’œuvres d’art moderne du monde entier, Iran compris. La chahbanou avait été initiée à la culture universelle lors de ses études d’architecture à Paris, avant ses fiançailles inattendues avec le chahinchah, comme on disait alors.

    Au cours de la décennie 1970, en particulier, période qui devait se terminer par la Révolution islamique, ce fut, de la part de l’impératrice et de ses conseillers artistiques, une véritable frénésie d’achats. Je citerai en vrac Van Gogh, Picasso, Faridah Lachaï, Hopper, Magritte, Pollock, Bacon, Moore, Calder, Miro, Léger, Rouault, Derain, Monet, Ensor, Vuillard, Giacometti, Gauguin, etc., etc. Un ensemble unique dans les pays du Sud.

    Le président Rafsandjani

    Une collection estimée aujourd’hui à 2 ou 3 milliards d’euros et qui, après le départ forcé des Pahlahi en 1979 (pour un exil en Egypte puis au Maroc, enfin aux Amériques et en France), ne fut pas détruite mais cachée.

    Lorsque je fus reçu par le président Rafsandjani après la mort de Khomeiny, pour un entretien publié dans Le Monde, j’osai demander à ce haut dignitaire politico-religieux la faveur exceptionnelle de voir la fameuse collection. Non seulement cela me fut accordé mais en plus les autorités iraniennes me firent voir jusqu’aux appartements privés des Majestés impériales déchues, avec les uniformes du chah et les manteaux de l’impératrice laissés dans les penderies…

    De Boucher à Bacon

    Parmi les tableaux je notai un Boucher très nu, très coquin ayant appartenu, selon mon guide, à la mère du chah, alors exilée en Californie et aussi un Francis Bacon, de la collection d’Etat, figurant un homme nu se contorsionnant…  Si le Boucher n’a pas réapparu lors de la réouverture du Musée d’Art moderne de Téhéran, conçu jadis sur les instructions de Farah, en revanche, à ma grande surprise, j’ai pu voir sur internet que le nu de Bacon était bien actuellement montré aux Iraniens et aux étrangers à Téhéran. Il y a quelque chose de changé dans la République des mollahs et des pasdarans…

    La « collection Farah »

    Jusqu’où cela ira-t-il ? Jusqu’à une réhabilitation au moins culturelle des Pahlavi ? Pas tout de suite sans doute mais il y a des prémices sous nos yeux : des échanges provisoires d’œuvres d’art de la sulfureuse « collection Farah » ont lieu ou vont avoir lieu avec l’Allemagne, la France, etc.

    Un membre de la famille Khomeiny, qui avait rencontré un Pahlavi à l’étranger, a seulement été assigné à résidence à son retour au pays. Tout récemment, une manifestation royaliste en Iran, près du mausolée de Cyrus le Grand, empereur perse avant l’Islam, que les Pahlavi érigèrent en modèle, a été dispersée sans poigne excessive.

    Le portrait de la chahbanou qu’elle avait commandé à Andy Warhol n’est évidemment pas encore montré sur les cimaises téhéranaises… mais les portraits de Mao l’athée ou de Marilyn Monroe la scandaleuse ont, en revanche parait-il, été tirés du placard où ils étaient remisés depuis la Révolution et les Iraniens peuvent voir derechef ces exemples de l’« art décadent de l’Ouest »… Soit 60 œuvres des 300 du « Fonds Pahlavi ». 

    Attendons la suite. Une élection présidentielle aura lieu ce printemps en Iran. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 31.03.2017

  • Histoire déconstruite, postérité détruite ?, par Thomas Perrigault.

    Il y a un an, les manifestations ébranlaient . Revendications légitimes ou non ? Là n’est pas le problème. Arrivé en France, ce mouvement commença, par ignorance historique, à dégrader différentes statues de héros français. Que ce soit celle de Colbert, de Napoléon Ier, voire de Léon Gambetta, beaucoup furent taguées et endommagées. Car, selon ces manifestants, tout ce qui est est criminel.

    8.jpgSuite à ces agissements simplistes, nous, jeunes citoyens français, avions décidé de créer le groupe Défendons notre patrimoine. Présents dans vingt-six villes différentes, et organisés via le réseau social Facebook, nous tentons de lutter. En nous interposant pacifiquement tout d’abord, entre les casseurs et les statues prises pour cible, pour empêcher leur destruction. Puis en effaçant les tags de ces monuments historiques, avec une bonne éponge et de l’huile de coude. Le maître mot : ne pas se résigner.

    En effet, comment est-ce possible qu’en France, au XXIe siècle, le moyen d’expression d’une minorité soit la destruction des biens communs ? Comment est-ce possible que les communes et les pouvoirs publics ne désencrassent pas rapidement ces statues dégradées alors que le temps est pour elles un poison mortel ?

    Ces derniers temps, bien que calmes en apparence, le patrimoine est régulièrement défiguré. Les villes s’enlaidissent de jour en jour. Un édifice historique religieux est détruit tous les quinze jours. Le béton a remplacé le charme si français des anciennes demeures, détruites quotidiennement, pour laisser place à d’immenses immeubles uniformes, et en totale inadéquation avec leur environnement. Les statues continuent d’être dégradées, dans l’indifférence totale, recouvertes de tags et laissées à l’abandon. Tout cela dans une désinvolture absolue du ministère de la Culture, qui accepte sans broncher : la chapelle Saint-Joseph à Lille, la Maison à Meudon ou bien la caserne Miribel à Verdun en sont des exemples parmi tant d’autres.

    En parallèle, le discours de déconstruction de notre Histoire se normalise. À l’heure où les États-Unis jouent à « qui aura l’idée la plus absurde », force est de constater que certains Français suivent tristement ce chemin, par fanatisme idéologique et par obscurantisme certain. Le concept de remise en cause systématique de ce qu’il s’est passé il y a des centaines d’années fait son chemin, que ce soit à l’, dans certains partis politiques et dans une frange de la population. La fierté historique étant peu présente dans le débat public.

    Pourtant, la plupart des Français refusent cette situation. Une majorité silencieuse, une majorité inactive, une majorité oubliée, mais une majorité respectueuse de notre Histoire existe encore en France. Bien qu’elle soit complètement endormie. En effet, 92 % des Français jugent qu’il ne faut pas débaptiser les noms de rue ou retirer les statues des personnages controversés de notre passé. (Sondage IFOP-Fiducial 2020).

    L’Histoire est le ciment qui nous relie mentalement à nos anciens. Le patrimoine est le ciment qui nous relie physiquement à notre passé. Ces deux sujets vont de pair. Dans une époque de fractures grandissantes, cette postérité doit nous rassembler. Que l’on ait des ancêtres gaulois ou non, chaque Français doit absorber cette Histoire, pour avoir un dénominateur commun. Sur la route vers l’avenir, le passé est notre guide. La trace de notre Histoire est indélébile. Elle permet d’homogénéiser le peuple et de le souder. Comme l’exprimait très justement André Malraux, c’est par ces pierres que les individus dépassent leurs haines et leurs combats pour s’unir fraternellement.

    La seule solution contre l’inculture historique : l’éducation. Enseigner une Histoire objective, apprendre les bons et les mauvais aspects du passé français, et surtout ne pas effacer les périodes conflictuelles. Ne pas y intégrer d’idéologie, quelle qu’elle soit. Enfin, ne pas constamment s’apitoyer sur notre mémoire, cela ne sert et n’amène à rien. Telle est la réponse à cette pétarade dogmatique.

    Néanmoins, la lutte continue. L’Histoire, l’art et l’urbanisme français ne doivent pas être oubliés. Cela concerne tout le monde, et cela doit nous rassembler, peu importe nos orientations et idées politiques. La seule solution possible ? Agir ! Se regrouper entre citoyens civilisés et intervenir quand on le peut. Nous sommes nombreux, montrons-nous ! Soyons fiers de ce que nous sommes.

    Notre association Défendons notre patrimoine est là pour ça, rejoignez-nous !

     

    Thomas Perrigault

    Fondateur du groupe Facebook “Défendons notre patrimoine”
     
  • HISTOIRE & ACTUALITE • Notre « France inerte » analysée par Tocqueville

     

    Un commentaire de  Nicolas Bonnal, écrivain

    Que penserait Tocqueville, aujourd'hui, où cinq républiques ont passé, où leur histoire, est connue, où l'on connaît aussi leur fin, du moins celle des quatre premières, la cinquième ne devant pas trop tarder, sans-doute, à nous dévoiler la sienne, qui ne devrait guère différer des précédentes ...  leur histoire, leur fin et aussi leurs résultats ? Nous ne pouvons pas répondre pour Tocqueville. Simplement, l'on peut supposer que ce grand aristocrate, qui n'avait pas manqué de pressentir et de décrire ce que seraient les vices profonds des démocraties modernes et n'optait pour la République que par défaut, ne persisterait probablement pas à juger la République bonne pour le Français, ou pour la France... Autour de 1848, beaucoup d'intellectuels français ont vécu des années d'illusions que les faits démentiront. Aujourd'hui, la haine de l'ancienne dynastie n'a plus cours; au contraire, l'Histoire et sa diffusion à travers le grand public, l'engouement qu'il lui porte, ont amené comme une nostalgie assez répandue de l'ancienne France. A quoi s'ajoute la conscience largement partagée, que décrit fort bien Nicolas Bonnal, du piège moderne, ou républicain, ou démocrate, aujourd'hui refermé sur nous. D'où les déclarations Macron qui, peut-être, seraient aujourd'hui aussi celles d'un Tocqueville dégagé des illusions de 1848 et effrayé de leurs suites.  LFAR         

     

    1538183.jpgHollande vient de dire que les traités se signent toujours en secret, et que le bon peuple n’y a rien à voir. Cette bonne nouvelle, jointe à la tyrannie européenne qui se renforce, contre la Grèce, contre l’Italie, contre le peuple allemand aussi, que Merkel oblige à se faire envahir (300.000 réfugiés en six mois) m’inciterait au désespoir, n’était cette relecture de Tocqueville, qui montre comment le piège moderne, ou républicain, ou démocrate se met en place en 1848.

    Notre grand analyste, qui était alors ministre des Affaires étrangères*, reconnaît que « la république était sans doute très difficile à maintenir », mais aussi qu’elle est « assez difficile à abattre. La haine qu’on lui portait était une haine molle, comme toutes les passions que ressentait alors le pays. »

    Il voit que le pays ne changerait plus pour la raison suivante :

    « D’ailleurs, on réprouvait son gouvernement sans en aimer aucun autre. Trois partis, irréconciliables entre eux, plus ennemis les uns des autres qu’aucun d’eux ne l’était de la république, se disputaient l’avenir. De majorité, il n’y en avait pour rien. »

    C’est l’entropie. Tocqueville découvre que si médiocre qu’elle soit, la république est bonne pour le Français. Et voici pourquoi :

    « Je voulais la maintenir, parce que je ne voyais rien de prêt, ni de bon à mettre à la place. L’ancienne dynastie était profondément antipathique à la majorité du pays. Au milieu de cet alanguissement de toutes les passions politiques que la fatigue des révolutions et leurs vaines promesses ont produit, une seule passion reste vivace en France : c’est la haine de l’ancien régime et la défiance contre les anciennes classes privilégiées, qui le représentent aux yeux du peuple. »

    Un des drames, en effet, de notre histoire moderne est que la nullité des élites républicaines, malhonnêtes oligarchies qui nous menèrent aux désastres militaires, aux humiliations coloniales, à la gabegie économique et au déclin démographique et culturel, ne suscitera jamais autant de haine et de ressentiment des masses (ces masses libérées en 1789 et aussitôt condamnées à cent jours de travail de plus par la loi Le Chapelier de 1791) que la vieille noblesse que Bonald ou de Maistre défendirent en vain.

    Car on n’a pas besoin de la télé pour les mener par le bout de leur nez, ces masses !

    Et leur excitation, vaine et souvent manipulée, reflète en fait leur inertie profonde.

    Et Tocqueville d’ajouter :

    « Je pensais donc que le gouvernement de la république, ayant pour lui le fait et n’ayant jamais pour adversaires que des minorités difficiles à coaliser, pouvait se maintenir au milieu de l’inertie de la masse, s’il était conduit avec modération et avec sagesse. »

    Modération et sagesse qui nous mèneront au coup d’État de 1851, à la guerre prolongée de 1871, aux hécatombes de 1914, à la raclée de 1940, aux déculottées coloniales et aujourd’hui à l’anéantissement par le minotaure euro-américain.

    Et notre masse inerte aura tout toléré. 

    * Alexis de Tocqueville fut ministre des Affaires étrangères de juin à octobre 1849.  

    , écrivain

     

  • Alain Mimoun, ou l’exemple de l’assimilation à la française Ce premier janvier, il aurait eu 100 ans, par Henri Saint-Am

    Alain Mimoun aurait eu 100 ans, le 1er janvier 2021. Il nous a malheureusement quittés en juin 2013, à l’âge fort respectable de 92 ans. Alain Mimoun était et reste un exemple pour toutes les générations passées, présentes et futures de jeunes gens, qu’ils soient Français ou étrangers d’origine. A-t-on vu un personnage aussi emblématique porter aussi haut les couleurs tricolores ?

    3.jpegBien sûr, il n’est pas le seul, car de très nombreux étrangers ont versé le prix du sang pour notre pays. Ils sont restés, pour beaucoup, dans l’anonymat. Ali Mimoun Ould Kacha, Algérien de naissance et naturalisé en 1963, avait, lui, ce supplément d’âme qui manque aujourd’hui a bien des personnes : il aimait la France, avait pour héros, étant petit, Vercingétorix, Jeanne d’Arc et le chevalier Bayard. Il chérissait la France, au point que dire qu’elle était sa « mère patrie ».

    Il a d’ailleurs quitté son Algérie natale pour rejoindre Paris, et ce, afin de  garantir sa totale intégration et pour devenir un Français à part entière, comme le rapporte Jeune Afrique de février 2017. Il aime tellement son pays qu’il s’engage, à 18 ans, au 6e régiment de tirailleurs algérien avant d’être affecté au 19e régiment du génie, puis à la 3e division d’infanterie algérienne. Il combat vaillamment contre l’Afrika Korps du maréchal Erwin Rommel, puis au Monte Cassino, où un éclat d’obus le blesse grièvement au pied. Il échappe à l’amputation et prend part au débarquement de Provence, en août 1944. Pour sa bravoure, il reçoit la croix de guerre 39-45 et la croix du combattant volontaire.

    Démobilisé en 1946, il se lance dans les compétitions sportives de courses de fond : 2 miles, 3 miles, 5.000 m, 6 miles, 10.000 m, 15.000 m, 20 km et l’heure. Les plus anciens se souviendront de la rivale amitié qui l’opposait au Tchèque Emil Zátopek (1922-2000) sur certaines de ces distances ainsi que sur le marathon ! Il porte haut les couleurs de la France quand il parvient à remporter le titre olympique à Melbourne, en 1956, sur les 42,195 km. L’année précédente, il s’était converti au catholicisme, après un pèlerinage sur les pas de sainte Thérèse de Lisieux à laquelle il reconnaissait lui devoir toutes ses victoires. Il ira jusqu’à faire construire une chapelle dans le cimetière haut de Bugeat (Corrèze), où il est inhumé avec sa femme. Il vouait aussi une passion pour l’Histoire, notamment de Gaulle, Jean XXIII et Jean-Paul II.

    La France n’a pas été ingrate avec cet homme d’exception dont le palmarès est long comme un marathon : trente-deux titres de champion de France (dont 8 sur 5.000 m, 12 sur 10.000 m et 6 en marathon), 12 records de France, 4 victoires dans le Cross des nations et, bien sûr, le sacre olympique à Melbourne en 1956. Pour tous ses faits d’armes sportifs, lui qui a porté 86 fois le maillot tricolore en sélection officielle (record à battre !), il sera fait chevalier de l’ordre national du Mérite, puis chevalier de la Légion d’honneur, jusqu’à la distinction de grand officier, en 2008. Que dire d’autre sur cet « athlète français du siècle », devant Marie-José Pérec, Guy Drut ou Michel Jazy ? Rien d’autre, sinon : merci, Monsieur, pour votre courage, votre parcours exemplaire dont beaucoup devraient s’inspirer et peut-être assimiler…

     

    Henri Saint-Amand

    Consultant
     
  • Il y a plusieurs Zemmour chez Zemmour: aujourd'hui, place au bon connaisseur de l'Histoire, qui présente ”Mélancolie fra

                On a parlé de l'Allemagne et de la France, de l'Europe, de l'Histoire et des deux deux Guerres, et, donc, d'aujourd'hui, ce 5 mars, à 23 heures, chez Franz-Olivier Giesbert, dans Vous aurez le dernier mot.

                Il y avait là -pour la partie de l'émission dont nous allons parler ici- Gallo, Zemmour, Couteaux et Duteurtre..... et on a pu entendre Zemmour revenir assez longuement sur son ouvrage Mélancolie française, qu'il a presenté ainsi, en expliquant pourquoi il avait choisi ce titre....

                    Démarrons ces quelques notes au moment où FOG, citant et commentant Zemmour, dit qu'au fond, pour celui-ci, le Pétainisme est un pacifisme, et que Pétain a attendu les Américains deux fois: en 17 et en 40. Il faisait évidemment référence à la fameuse phrase de Pétain: "J'attends les Américains et les chars".

                     Or, pour Zemmour, Pétain a eu tort. Il explique longuement et clairement sa position. La victoire de 18 aurait été bien plus belle, elle aurait en fait été tout simplement une victoire, "la" victoire tout court, si la France -au lieu d'attendre- avait attaqué l'Allemagne à ce moment-là; si elle était entrée en Allemagne, en appuyant sur ce ventre mou qui ne demandait qu'à s'effondrer, et si on était allé à Berlin. Toutes les horreurs précédentes, et l'hécatombe effroyable n'auraient pas été effacées, mais au moins on n'aurait pas fait tout cela pour rien. Or, comme l'a dit Bainville, on a laissé intacte la puissance allemande: puissance démographique (pas de démembrement), puissance industrielle et mê me puissance militaire puisque, si le Traité de Versailles imposait de dures clauses à l'Allemagne, étant donné qu'on n'avait ni envahi ni occupé le pays, les sacrifices militaires qu'on lui imposait n'étaient rien en comparaison de ce qu'aurait été la véritable défaite qu'on pouvait et qu'on devait lui infliger...(1). Alors que si l'on n'avait pas suivi la politique attentiste de Pétain:

                      1: On serait allés à Berlin;

                      2: On aurait vraiment ecrasé l'Allemagne;

                      3: On aurait pris enfin cette rive gauche du Rhin (et c'était là la dernière chance de ce que Zemmour appelle notre "projet millénaire");

                      La déliquescence de l'armée allemande "au bord du gouffre", dit Zemmour -et c'est vrai- était ignorée par les français car leur eternel point faible, comme d'habitude, c'était les services secrets....

                      "La vraie erreur historique de Pétain ce n'est pas 40, c'est 17"conclut donc Zemmour. Car Américains et Anglais n'avaient qu'une envie, comme au siècle précédent, et c'était de nous empêcher de prendre cette rive gauche du Rhin, qui nous aurait donnée une puissance décisive en Europe. Voici, résumé à grands traits, ce qui explique cette "mélancolie française"....

                      Jusque là, on ne peut qu'être d'accord avec tout ce que dit Zemmour. Quelques nuances doivent être apportées, selon nous, à la suite, lorsqu'il évoque ce qu'il appelle le projet français millénaire, qui est de refaire Rome. Oui, car "le Roi de France est empereur en son royaume", où il est bien l'héritier des César et le continuateur d'une politique de civilisationouverte, évidemment sur le monde. Mais Zemmour reste un peu dans le flou: Bainville a bien montré comment, pour les Capétiens et à partir d'eux, l'idée impériale a été définitivement rangée dans la catégorie des Chimères, et volontairement abandonnée par la trosiième dynastie qui -à la différences des deux premières- s'est volontairement limitée au "pré carré". Ce qui, encore une fois, n'impliquait pas un enfermement autisteet un repli frileux sur soi: le monde civilisé parlait français sous Louis XV et Louis XVI ! Mais il est tout à fait clair que les rois de France, à partir d'Hugues Capet, bornent leur horizon politique à la France, seule.

                        Mais la pensée de Zemmour -cette rectification étant apportée- est assez subtile, quand il note que l'Empire napoléonien est quasiment identique à l'Europe des 6. Et pourquoi de Gaulle dominait-il l'Europe des 6 ? Parce qu'elle était, d'une certaine façon, -c'est évidemment toujours Zemmour qui parle...- ce projet que les Anglais et les Américains nous avaient empêché de continuer. D'ailleurs, de Gaulle l'a dit à Peyrefitte: "Qu'est-ce que l'Europe ? C'est le moyen pour la France de revenir à ce qu'elle était avant Waterloo" (de Gaulle raisonnait évidemment dans le cadre de l'Europe des 6, ndlr).

                        Or la France, à partir de I815, n'a plus la taille optimale pour le monde qui vient. Sous Louis XIV la France était un mastodonte, à partir du XVIIIème, elle ne l'est plus. La recherche de la rive gauche du Rhin, de l'Algérie, de l'Europe des 6, pour Zemmour, c'est ça. Mais de Gaulle, et ce fut sa tragédie, a dû admettre que la puissance n'y était pas, n'y était plus, et que, même avec la Bombe A, le verbe ne suffisait plus..... Il n'avait pas les moyens de sa politique.....

      P.S.: Zemmour avait déjà brillamment développé cette "thèse" sur Pétain dans un article du Figaro Magazine: 1939-1940.pdf      

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (168), 1962 : L'Algérie française, un essai de Bilan...

    1AC.JPG

    (Source : le Site de Jean Sévillia. Les vérités cachées de la guerre d'Algérie, article de Jean Sévillia, paru dans Le Figaro Magazine - 10/03/2012) 

    Le 18 mars 1962, la signature des accords d'Evian allait mettre fin à 130 ans de souveraineté française en Afrique du Nord. Un demi-siècle plus tard, il est temps de raconter le conflit qui a conduit à l'indépendance de l'Algérie sans occulter une part de la réalité.

    1 L'Algérie, une création française...


    "L'Algérie heureuse" : dans la mémoire des Français nés "là-bas", l'expression évoque un art de vivre, des couleurs, des odeurs et des saveurs dont le souvenir, un demi-siècle après, les hante encore. Mais de quand dater cette Algérie heureuse ? D'avant 1954, année de l'insurrection déclenchée par le FLN ? D'avant la Seconde Guerre mondiale quand, dans la foulée du centenaire du débarquement français en Algérie (1930) et de l'Exposition coloniale (1931), l'idée d'« Empire » faisait rêver les Français ?
    Historiquement, l'Algérie est une création de la France. Au début du XIXe siècle, le pays n'est qu'une juxtaposition de territoires peuplés de tribus hétérogènes (Arabes, Kabyles, Chaouias, Touareg...) et de contrées inhabitées. Ce sont les colonisateurs qui, après les dures guerres de conquête menées jusqu'en 1870, dessinent des frontières, tracent des routes, bâtissent des villes et créent des institutions, conférant une unité à un espace organisé en trois départements français.
    A côté des "indigènes" (mot d'époque), l'Algérie devient une colonie de peuplement. Aux habitants venus de métropole s'ajoutent des Espagnols, des Italiens ou des Maltais qui, au fil du temps, acquièrent la nationalité française. Français, les Juifs d'Algérie, eux, le sont depuis 1870. Tous ceux-là, qu'on appelle les Européens, constituent une communauté originale, nourrie par les idéaux de la IIIe République : patriotisme, instruction publique, morale civique, promotion sociale. Les colons proprement dits, parmi eux, ne sont qu'une poignée : moins de 20 000 vers 1950. La plupart sont des citadins dont beaucoup exercent de petits métiers : songeons à l'enfance pauvre d'Albert Camus.

    Cette société est mêlée. Européens et musulmans vivent côte à côte, fréquentant les mêmes bancs d'école. Cependant, alors que les élites indigènes aspirent à l'intégration (voir le parcours de Ferhat Abbas), les milieux dirigeants coloniaux sont hostiles à toute réforme politique. Aussi apparaît-il, à côté d'un authentique loyalisme indigène nourri par la fraternité des batailles de 1914-1918 et de 1943-1945, un courant autonomiste qui se transforme bientôt en courant indépendantiste. Le 8 mai 1945, à Sétif, une émeute aboutit à l'assassinat d'une vingtaine d'Européens, drame qui provoque une impitoyable répression. Vers 1950, deux populations coexistent en Algérie. D'un côté 900 000 Européens, citadins en majorité, jouissant de tous les droits de la nationalité et de la citoyenneté. De l'autre 8 millions de musulmans, majoritairement ruraux, et souffrant du sous-équipement hors des trois grandes villes, Alger, Oran et Constantine.
    « L'assimilation de l'Algérie à la France avait déjà échoué en 1954, avant même le déclenchement de l'insurrection », estime Guy Pervillé, un spécialiste de l'Algérie coloniale (1). L'Algérie heureuse ? La formule est donc vraie, mais ne traduit pas la fragilité de la situation.

    2 Une violence extrême dans les deux camps...


    L'insurrection éclate à la Toussaint 1954. Le 31 octobre, le FLN a annoncé son intention de parvenir à l'indépendance « par tous les moyens ». Les attentats s'enchaînent alors. Le 20 août 1955, à El-Halia, dans le Constantinois, 71 civils européens sont massacrés. De 1955 à 1957, on passe de 5 Européens tués à 50 par mois. De la part des indépendantistes, cette stratégie vise à creuser le fossé entre les communautés. Mais les rebelles exercent également la terreur sur leurs frères musulmans : notables, caïds, anciens combattants ou gardes champêtres sont les premières cibles, victimes d'abominables sévices (mutilations faciales, émasculations, égorgements, éviscérations). En 1956, une moyenne de 16 musulmans pro-français sont assassinés chaque jour. En ville, le FLN pratique le terrorisme aveugle, posant des bombes dans les cafés, les stades, les autobus ou les cinémas. Le 30 septembre 1956, à Alger, on relève 60 blessés ; le 10 février 1957, 9 morts et 45 blessés ; le 3 juin 1957, 8 morts et 90 blessés...

    Le FLN se présente par ailleurs comme un parti révolutionnaire qui a pour vocation, ses buts atteints, d'exercer seul le pouvoir. Dès lors que le Mouvement national algérien de Messali Hadj refuse cette logique, le FLN mène contre lui une lutte féroce, appliquant à ses concurrents les mêmes méthodes que celles utilisées contre les Européens ou les indigènes loyalistes. En 1957, 315 musulmans du village de Melouza, réputé fidèle à Messali Hadj, sont liquidés par le FLN. La violence de ce dernier s'exerce aussi en métropole, tant contre les forces de l'ordre que contre les travailleurs algériens rétifs à ses mots d'ordre.
    Le 3 avril 1955, l'état d'urgence est proclamé en Algérie. Le 12 mars 1956, à Paris, l'Assemblée approuve l'attribution des pouvoirs spéciaux à l'armée, mesure demandée par le chef du gouvernement, le socialiste Guy Mollet, et obtenue grâce au soutien des députés communistes. A Alger, en janvier 1957, les « pleins pouvoirs civils et militaires » sont encore confiés par Guy Mollet au général Massu, commandant de la 10e division parachutiste. Afin de mettre les poseurs de bombes hors d'état de nuire, les soldats remontent les filières, arrêtent les coupables et leurs soutiens musulmans ou européens. Les uns après les autres, les chefs sont capturés : 122 attentats ont été commis à Alger en décembre 1956, 6 en août 1957, aucun en novembre 1957.
    Pour parvenir à ce résultat, quelles méthodes ont été utilisées ? Hélie de Saint Marc, dans ses Mémoires, évoque la bataille d'Alger qui, « dans la suite d'épreuves que ma génération de soldats a eue à affronter, reste sûrement la plus amère : au paroxysme du terrorisme, la France a répondu par le paroxysme de la répression ». Il est aujourd'hui établi que, dans la traque aux terroristes, des interrogatoires violents ont été pratiqués, sans qu'on puisse incriminer globalement toute l'armée française d'avoir utilisé la torture.
    A la guerre, la fin justifie-t-elle les moyens ? Non, répondent la morale et l'honneur. Mais la guerre révolutionnaire bouscule les codes habituels, puisque le terrorisme ignore lui-même la morale et l'honneur. C'est le FLN qui a revendiqué, en 1954, le droit d'employer « tous les moyens ». Chronologiquement, c'est lui qui porte la première responsabilité dans la montée aux extrêmes qui a caractérisé la guerre d'Algérie.

    3 Une guerre gagnée par l'armée française...


    C'est seulement le 5 octobre 1999 que le Parlement français a rétroactivement reconnu l'existence d'un « état de guerre » en Algérie de 1954 à 1962. Une mesure qui a pris en compte la réalité : ce conflit, tous bords confondus, a provoqué environ 300 000 victimes militaires ou civiles.
    A leurs débuts, le FLN et sa branche militaire, l'Armée de libération nationale (ALN), représentent quelques centaines d'hommes, sans prise sur la population. En 1956, l'extension de la rébellion conduit Guy Mollet à faire appel au contingent. Afin de répondre à la stratégie indépendantiste visant à séparer les communautés, la doctrine politique et militaire de la IVe République, a contrario, obéit à deux principes : intégration et pacification. La dimension civile et la dimension militaire de ces deux objectifs étant intimement liées, l'armée se trouve chargée par le gouvernement de la République de missions qui, en métropole, relèvent de l'autorité civile.

    Pour les militaires, les opérations dans les départements algériens font suite à la guerre d'Indochine. Elément capital. D'une part, parce que les officiers ne veulent pas subir une nouvelle défaite. D'autre part, parce qu'ils vont appliquer en Afrique du Nord des recettes expérimentées au Tonkin ou en Annam, en tentant de mettre les autochtones de leur côté. Dans le djebel, pendant que les unités d'élite, légionnaires et parachutistes, traquent les maquisards, la troupe quadrille le pays. De leur côté, les Sections administratives spéciales (SAS) organisent l'autodéfense des musulmans contre les terroristes, et édifient des écoles et des dispensaires là où l'incurie administrative avait délaissé la population rurale indigène.

    En octobre 1956, un détournement d'avion couvert par le gouvernement permet l'arrestation des chefs extérieurs du FLN. L'organisation terroriste urbaine des indépendantistes est anéantie, en 1957, lors de la bataille d'Alger. A partir de 1957, la construction d'une ligne fortifiée le long de la frontière entre l'Algérie et la Tunisie isole de leurs bases les bandes de l'ALN. Privées d'armes et de renforts, celles-ci sont progressivement mises hors de combat. En 1959, de Gaulle étant président de la République, un nouveau dispositif militaire, le plan Challe, s'emploie à pacifier définitivement le territoire ; 400 000 hommes, contingent compris, et 210 000 supplétifs musulmans servent sous le drapeau français. Au printemps 1960, l'armée a gagné : sur 46 000 fellaghas, l'ALN a perdu 26 000 tués et 10 000 prisonniers.
    Cette indéniable réussite est aujourd'hui occultée. Christophe Dutrône, un historien qui vient de lui consacrer un livre, observe néanmoins que « la victoire militaire acquise sur le terrain n'aurait pu être pérennisée qu'en allant jusqu'au bout de la logique d'intégration amorcée en 1958 (2) » . Le vrai tournant de la guerre d'Algérie sera donc politique.

    4 L'indépendance : un choix politique de De Gaulle...


    Georgette Elgey, auteur d'une Histoire de la IVe République, déplore de voir certains jeunes chercheurs se demander pourquoi, après la « Toussaint rouge », Pierre Mendès France, le président du Conseil, n'avait pas parlé de « guerre d'Algérie ». L'historienne dénonce cet anachronisme : en 1954, personne, en France, n'avait idée qu'une guerre commençait sur le territoire national. Car pour tous, de la gauche à la droite, l'appartenance de l'Algérie à la France relevait de l'évidence.
    Après le déclenchement de l'insurrection, le radical Pierre Mendès France tient en effet un discours très ferme : « On ne transige pas lorsqu'il s'agit de défendre la paix intérieure de la nation, l'unité, l'intégrité de la République : les départements d'Algérie constituent une partie de la République française. » Un point de vue corroboré par le ministre de l'Intérieur, un certain François Mitterrand, qui rappelle que « l'Algérie, c'est la France ».
    Jusqu'en 1958, même à gauche, ceux qui songent à l'indépendance sont très minoritaires. Comment en serait-il autrement, dès lors que la IVe République engage des moyens militaires et financiers considérables en Algérie ?

    En vue de ramener le général de Gaulle au pouvoir, ses partisans exploitent le sentiment Algérie française. Le 13 mai 1958, dans une étonnante ambiance de fraternité franco-musulmane, un comité de salut public constitué à Alger engage un bras de fer avec Paris, appelant de Gaulle au gouvernement. Le 29 mai, le président de la République, René Coty, nomme le Général à la présidence du Conseil.
    Le 4 juin 1958, à Alger, devant une foule enthousiaste, le Général lâche sa célèbre phrase : « Je vous ai compris. » En apparence, tout donne à penser qu'il poursuivra la politique algérienne de ses prédécesseurs. En octobre 1958, le plan de Constantine prévoit un programme d'investissements économiques sur cinq ans. Et le Général soutient l'armée dans sa lutte contre la rébellion : « Moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera sur l'Algérie », affirme-t-il encore en août 1959.

    La population européenne, les militaires et les musulmans loyalistes sont dès lors convaincus que la France restera en Algérie. Cruel malentendu. Car le 16 septembre 1959, de Gaulle proclame le droit des Algériens à l'autodétermination.

    A quel moment s'y est-il résolu ? Ce débat divise les historiens. La plupart, aujourd'hui, estiment que le Général est arrivé au pouvoir en sachant qu'il allait donner l'indépendance à l'Algérie. De Gaulle - il le dira à Alain Peyrefitte - ne croit pas à l'intégration des musulmans et il nourrit de grands projets qui, à ses yeux, supposent de tourner la page coloniale de l'histoire de France. Le chef de l'Etat sait de plus que l'opinion métropolitaine le suivra, comme le prouvera le référendum de janvier 1961 (79 % de voix pour l'autodétermination). L'Algérie française est condamnée.

    5 Pieds-noirs et harkis : les drames de l'après-19 mars...


    Ni l'insurrection des pieds-noirs algérois lors de la semaine des barricades (janvier 1960), ni le putsch des généraux (avril 1961), ni l'irruption brutale de l'OAS dans un jeu désespéré ne feront obstacle au processus enclenché par les discussions ouvertes entre le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Au terme de multiples péripéties, ces négociations conduisent à la signature des accords d'Evian, le 18 mars 1962, et au cessez-le-feu proclamé le lendemain, acte ratifié par référendum, en France métropolitaine, par 90 % des suffrages, le 8 avril suivant.

    Cependant ni Ahmed Ben Bella, prisonnier en métropole depuis 1956, ni le colonel Houari Boumediene, chef de l'ALN basée en Tunisie et au Maroc, n'ont été associés aux pourparlers d'Evian. Ces deux pionniers de l'indépendance, récusant le GPRA, videront de leur contenu les rares clauses de sauvegarde prévues par les négociateurs français à propos des Européens d'Algérie.

    Le 26 mars 1962, une manifestation de pieds-noirs, interdite mais pacifique, est mitraillée par la troupe française, rue d'Isly, à Alger, dans des circonstances controversées : le bilan est de 49 morts et de près de 200 blessés. Dans les villes ou dans le bled, à cette époque, les rapts d'Européens se multiplient. L'historien Jean-Jacques Jordi, qui vient d'étudier ce drame occulté, recense 1 630 personnes enlevées qui n'ont jamais été retrouvées, dont 1 300 entre le 19 mars et la fin de l'année 1962 (3). Selon la formule célèbre, les Français d'Algérie ont le choix entre la valise et le cercueil. Pendant qu'une bataille sans issue entre l'OAS et le FLN embrase les villes d'Algérie, 700 000 pieds-noirs, en quatre mois, franchissent la Méditerranée afin de gagner un pays qu'ils ne connaissent pas et qui ne les attend pas, laissant derrière eux leur véritable patrie, leurs tombes et leurs biens. Le 5 juillet, premier jour de l'indépendance algérienne, 700 Européens sont tués à Oran, sans que l'armée française intervienne (4).

    Parallèlement, une autre tragédie se déroule. A partir du 19 mars, les 150 000 supplétifs musulmans de l'armée française sont désarmés. Pour le FLN, les harkis sont des traîtres. Afin de protéger leurs hommes, certains officiers français les font passer en métropole avec leurs familles. Le 12 mai, Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes et négociateur d'Evian, ordonne de les renvoyer en Algérie. A partir de juillet 1962, les anciens harkis, abandonnés par la France, sont systématiquement assassinés par les vainqueurs, dans des conditions d'une horreur inimaginable. L'historien Maurice Faivre évalue le nombre de victimes de ce massacre entre 60 000 et 80 000 hommes, femmes et enfants (5).

    Cent trente ans de souveraineté française sur l'Algérie ont pris fin dans les larmes et le sang. Ce désastre pouvait-il être évité ? En retracer les tenants et aboutissants, en tout cas, nécessite de dire toute la vérité : dans l'histoire des peuples, le bien ou le mal sont rarement d'un seul côté.

    Jean Sévillia

    (1) La France en Algérie, 1830-1954, de Guy Pervillé, Vendémiaire. 
    (2) La Victoire taboue. Algérie, la réussite tactique de l'armée française, de Christophe Dutrône, Editions du Toucan. 
    (3) Un silence d'Etat. Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie, de Jean-Jacques Jordi, Editions Soteca. 
    (4) Oran, 5 juillet 1962. Un massacre oublié, de Guillaume Zeller, Tallandier. 
    <

  • Mathieu Bock-Côté : « L’année 2016 a commencé à Cologne et s'est terminée à Istanbul »

     

    Par Alexandre Devecchio

    Dans un long entretien avec Alexandre Devecchio, Mathieu Bock-Côté retrace [pour FigaroVox - 30.12] l'année 2016. Pour lui, le Brexit, l'élection de Trump et « le renouveau conservateur de la pensée politique française » ont marqué « une brèche dans le système idéologique dominant ». Nous ne sommes pas sûrs à vrai dire que conservateur soit le terme le plus indiqué pour nommer ce renouveau et marquer son dynamisme ni pour répondre aux urgences et à la gravité de la situation des nations européennes. En tout cas, les analyses et réflexions que Mathieu Bock-Côté développe ici nous paraissent, comme il est habituel, justes et profondes. De nature à élargir la brèche ...  LFAR 

     

    Quels évènements vous ont marqué en 2016 ? Que retenez-vous sur le plan politique ?

    Le Brexit et l'élection de Donald Trump, sans aucun doute. Les deux événements ont bouleversé les élites médiatiques et politiques, qui cherchent encore à comprendre ce qui s'est passé. C'est qu'ils étaient intraduisibles dans la logique du progressisme, sauf à les présenter comme une forme de « retour en arrière », ce qui justifie les mises en garde contre la tentation réactionnaire. La tâche d'en finir avec le vieux monde ne serait jamais vraiment terminée et il faudrait être vigilant contre ses héritiers décomplexés. Au secours, la nation est de retour !

    Par ailleurs, le Brexit comme la victoire de Trump ont été de formidables révélateurs du préjugé antidémocratique d'une certaine gauche, qui ne se gênent plus pour remettre en question ouvertement le suffrage universel. Parce qu'il ne votait pas comme on lui demandait de voter, on s'est demandé si on devait le consulter sur les grandes décisions de notre temps. Il était fascinant d'écouter les commentateurs décrire le peuple comme une collection de bouseux en haillons, incapables de comprendre quoi que ce soit aux enjeux du monde, commandée par des passions grossières et minables et excitée par des démagogues cyniques et pervers. Salauds de pauvres ! La formule semblait au bord des lèvres de bien des analystes dégoûtés et fiers d'afficher leur dédain pour les gens de peu. Faudrait-il établir des permis de voter, pour que le résultat des élections ne soit plus troublé par la colère du commun des mortels ?

    Permettez-moi d'approfondir un peu cette idée : on avait demandé au peuple son avis parce qu'on était persuadé qu'il s'exprimerait dans le sens souhaité par les élites européistes. Une fois qu'il a mal voté, on s'est questionné ouvertement sur la valeur du suffrage universel. On en a profité aussi encore une fois pour faire le procès du référendum, qu'on accable de tous les maux et de tous les travers. Le peuple prend en main l'avenir du pays ? Gardez-nous d'une telle horreur ! D'ailleurs, certains vont au bout de leur raisonnement : le peuple, selon eux, est une fiction homogénéisante à démystifier. Il n'existe pas. Il n'a même jamais existé. Je note toutefois l'incroyable résistance d'une bonne part des élites britanniques au Brexit, qui se demande de toutes les manières possibles comment renverser ou neutraliser l'expression de la souveraineté populaire.

    Qu'est-ce qu'un mois sans attentat ? Une anomalie. Au fond d'eux-mêmes, bien des Occidentaux ont accepté la normalité des attentats les plus sordides. À la liste des grands événements politiques de 2016, on me permettra d'ajouter la multiplication et la banalisation des attentats islamistes - on pourrait parler aussi plus largement de l'agression contre la civilisation européenne. L'année 2016 a commencé à Cologne et s'est terminée à Istanbul. Les agressions sexuelles massives de Cologne nous ont rappelé qu'il existe une telle chose qu'un choc des cultures et l'asservissement des femmes représente une forme archaïque de prise de possession d'un territoire par une bande qui se sent animée par un esprit conquérant. Il y a eu autour de ces agressions un effrayant déni : on a tout fait pour en nier la signification politique. Certaines féministes, souvent occupées à traquer l'intention la plus malveillante qui soit dans un compliment masculin un peu insistant ou maladroit, ont décidé de détourner le regard. De peur de stigmatiser les réfugiés ou les musulmans, elles ont fait semblant de ne rien voir. Elles se sont déshonorées.

    Mais je le disais, les attentats se sont multipliés et banalisés cette année. Nice, Bruxelles, Saint-Étienne-du-Rouvray, Orlando, Berlin. Chaque fois, c'est un carnage, mais c'est un carnage auquel nous nous habituons. Qu'est-ce qu'un mois sans attentat ? Une anomalie. Au fond d'eux-mêmes, bien des Occidentaux ont accepté la normalité des attentats les plus sordides. Nous avons intériorisé la présence dans nos vies de la violence islamiste, même si nous ne savons toujours pas quelles conséquences en tirer. Nous ne savons pas non plus ce que voudrait dire gagner cette guerre contre l'islam radical. Alors nous la menons dans la confusion : on parle avec raison d'une nouvelle époque, mais les repères nous manquent pour nous y orienter. Cela prend du temps, prendre pied dans un nouveau monde.

    Et sur le plan intellectuel et culturel ?

    Un événement intellectuel, me demandez-vous ? Je vous parlerais alors franchement, et avec admiration, du renouveau conservateur de la pensée politique française. Je suis impressionné par la qualité des ouvrages qui d'une manière ou d'une autre, la construisent, la déploient ou la rendent possible : ils ne se réclament pas tous de la même vision des choses mais ils témoignent pour la plupart d'une commune sensibilité par rapport à l'époque. Et ces ouvrages viennent à la fois d'intellectuels bien installés dans la vie publique et de nouvelles figures qui impressionnent par leur vigueur et leur intelligence. J'en nomme quelques-uns, tous parus en 2016: Un quinquennat pour rien, d'Éric Zemmour, L'âme française, de Denis Tillinac, La cause du peuple, de Patrick Buisson, Les cloches sonneront-elles encore demain ?, de Philippe de Villiers, Écrits historiques de combat, de Jean Sévillia, Malaise dans la démocratie, de Jean-Pierre Le Goff, La haine du monde, de Chantal Delsol, Le retour du peuple, de Vincent Coussedière, La compagnie des ombres, de Michel de Jaeghere, Chrétien et moderne, de Philippe d'Iribarne, Vous avez dit conservateur, de Laetitia Strauch-Bonart, Éloge de la pensée de droite, de Marc Crapez, La guerre à droite aura bien lieu, de Guillaume Bernard, Bienvenue dans le pire des mondes, de Natacha Polony et du Comité Orwell, Adieu mademoiselle, d'Eugénie Bastié, sans oublier votre excellent ouvrage Les nouveaux enfants du siècle, cher Alexandre Devecchio ! Et j'attends avec impatience le livre à venir de Guillaume Perrault sur le conservatisme français ! Il ne s'agit pas de mettre tous ces ouvrages dans le même sac, loin de là, mais chacun à sa manière décrypte l'idéologie dominante et contribue à la réhabilitation d'une anthropologie de la finitude et d'une philosophie politique plus classique. J'étudie depuis plusieurs année le conservatisme dans ses différents visages en Occident, et ce renouveau conservateur français me semble d'une formidable fécondité philosophique. J'aurai l'occasion d'y revenir plus tôt que tard.

    Le Brexit puis l'élection de Donald Trump marquent-ils un changement d'ère politique ? Est-ce le grand retour des nations que vous appelez de vos vœux ? Peut-on parler de « moment souverainiste » ?

    Oui et non. Manifestement, il y a une brèche dans le système idéologique dominant. Quel intellectuel sérieux écrirait encore aujourd'hui un éloge de la mondialisation heureuse ? Les révoltes dans la mondialisation se multiplient. Rares sont ceux qui s'enthousiasment pour le grand fantasme de l'interchangeabilité des peuples. Les nations ne se laissent pas déconstruire facilement : elles sont ancrées dans l'histoire, elles traduisent aussi culturellement et politiquement certains invariants anthropologiques, comme le désir d'appartenance.

    L'homme a besoin de racines et de frontières, non pas pour s'enfermer dans un bocal, mais pour avoir un ancrage dans le monde. Dans Hérétiques, Chesterton a une très belle formule : « le véritable Ulysse ne désire pas du tout errer, il désire regagner sa demeure ». Sauf pour quelques individus avec une vocation bien singulière, le nomadisme n'est pas la vocation naturelle de l'homme, qui souhaite surtout être bien chez lui et maître chez lui. Retour des nations ? Mais ont-elles déjà vraiment disparu ? De la philosophie politique dominante, certainement qui ne parvient plus à les apercevoir - on pourrait dire la même chose des sciences sociales. Mais dans la réalité, elles résistaient de bien des manières à leur dissolution. On ne peut pas toujours écraser le réel : il finit par resurgir. Certains besoins humains fondamentaux doivent être investis dans la cité. On pense les arracher du cœur de l'homme, ils repoussent, car il existe une telle chose qu'une nature humaine, appelée à s'accomplir au moins partiellement dans une cité à laquelle on se sent appartenir. Toutefois, il semble que cette résistance soit passée de la jacquerie à la contre-offensive. S'il y a un moment souverainiste, il est là : on ne parvient pas à s'arracher aux nations sans les voir resurgir. On ajoutera que le retour de la nation, c'est le retour d'un principe de légitimité disqualifié par les élites mondialisées des années 1990, et dont on redécouvre aujourd'hui le caractère indispensable à la vie démocratique. Comment peut-il y avoir une délibération sur le bien commun s'il n'y a pas de monde commun ? Et un monde commun, c'est une histoire partagée et une culture qui s'inscrit dans la continuité historique.

    Les nations ont une trajectoire propre, elles ne se laissent pas réduire au rôle que le système de la mondialisation leur avait réservé : le cas de la Russie est ici fascinant. Ce n'est pas faire preuve de poutinolâtrie que de constater qu'elle n'avait pas vocation à devenir la province la plus orientale de l'empire occidental et qu'elle serait de nouveau un jour tentée par une politique de puissance. Il y a dans le monde une diversité profonde des civilisations, des religions, des peuples et des nations et on ne parviendra pas à l'abolir dans le fantasme d'une communauté politique mondialisée. Il y aura conséquemment une diversité de régimes et chaque peuple est appelé à se développer en accord avec ce qu'on pourrait appeler son caractère profond. La souveraineté, pour un peuple, est une exigence vitale, et il ne saurait s'en déposséder volontairement sans se condamner à l'insignifiance historique et à l'inexistence politique.

    Avec le Brexit, les Britanniques ont cherché à restaurer leur souveraineté nationale. Il faut dire que les Britanniques entretiennent depuis toujours un rapport particulier avec l’Europe : ils en sont sans en être. Ils y sont liés tout en se projetant surtout dans le monde atlantique ou plus largement, dans la civilisation anglo-saxonne. Une chose est certaine : ils ont voulu restaurer leur souveraineté nationale, reprendre en main leurs destinées. Maintenant, les autres nations d'Europe se demandent aussi comment restaurer leur souveraineté sans jeter tout simplement aux poubelles un cadre politique commun à la civilisation européenne. Reste à voir qui pourra porter cela politiquement. Cela ne va pas de soi, et les candidats ne sont pas si nombreux.

    Dans le cas de Trump, nous avons surtout assisté à un grand référendum antisystème. Le désespoir de grandes catégories de l'électorat depuis un bon moment aliénées de la vie politique s'est converti en une colère féroce. Trump était grossier, malappris, violent, brutal. Il l'est encore. Il représentait, en quelque sorte, une caricature de l'anti-politiquement correct. Ce n'était pas seulement un candidat transgressif, mais un candidat balourd. Mais paradoxalement, cela a servi Trump : le discrédit à l'endroit des élites est tel aux États-Unis que plus on rejetait Trump, plus il canalisait vers lui la sympathie de ceux qui se sentent méprisés par le système et que Clinton, dans un mélange de candeur et de mesquinerie, a surnommé « les déplorables ».

    Mais le vote pour Trump était aussi un vote politique : sa candidature se serait épuisée si elle n'avait aucune dimension programmatique. Même s'il ne l'a pas dit ainsi, il s'est emparé de grands pans du vieux programme paléoconservateur de Pat Buchanan. Il tenait en deux points : nationalisme culturel et nationalisme économique. Autrement dit, critique de l'immigration et protectionnisme économique. L'enjeu de l'immigration qui lui a permis de décoller dans les sondages. Le protectionnisme économique lui a permis de mobiliser un vote ouvrier et populaire que l'on considérait généralement acquis aux démocrates. Sur le fond des choses, l'Amérique est un empire qui doute et qui se redécouvre sous les traits d'une nation historique. Avec Trump, l'Amérique renonce pour un temps au messianisme démocratique. Elle veut moins s'étendre que se défendre. Du moins, c'est la vieille Amérique qui est traversée par de telles angoisses.

    Selon l'époque dans laquelle on vit, le politique change de vocation. Marguerite Yourcenar, dans les Mémoires d'Hadrien, fait dire à l’empereur : « Et je remerciais les dieux, puisqu'ils m'avaient accordé de vivre à une époque où la tâche qui m'était échue consistait à réorganiser prudemment un monde, et non à extraire du chaos une matière encore informe, ou à se coucher sur un cadavre pour essayer de le ressusciter ». Convenons que nos dirigeants n'ont pas la chance d'Hadrien. Il faut aujourd'hui revitaliser la souveraineté et redonner du pouvoir au pouvoir, qui s'est laissé depuis trop longtemps corseter par les juges, l'administration, les conventions internationales et le politiquement correct. Il faut redonner de la substance à la nation, à la communauté politique. Il s'agit aussi de restaurer les cadres politiques et anthropologiques permettant aux mœurs de reprendre leurs droits, à la culture nationale de redevenir la norme assimilatrice qu'elle doit être, au patrimoine de civilisation qui est le nôtre d'être transmis.

    On devine qu'on n'y parviendra pas avec des hommes politiques ordinaires, se construisant un programme en multipliant les sondages et les conseils de communicants. On comprend dès lors le succès de ceux qui, devant le sentiment d'impuissance générale, parviennent à incarner le volontarisme, la détermination ou la résolution. L'histoire ne s'écrit pas avec en arrière-fond une musique d'ascenseur et avec des hommes au caractère tiède. Il fallait probablement un caractère aussi ubuesque et démesuré que Trump pour être capable de faire face à l'agressivité extrême dont peut faire preuve le système lorsqu'il se sent menacé. Il fallait un homme aussi fantasque que Nigel Farage pour porter pendant des années, sous les moqueries générales, le projet d'un référendum britannique sur l'Europe. Un homme qui désire demeurer respectable auprès de ceux qu'il conteste est condamné à ne plus les contester ou à se contenter d'une contestation de façade. Il participera à la comédie des faux-débats qu'on nous présente souvent comme l'expression sophistiquée de la démocratie.

    La question de l'immigration a été centrale dans le débat autour du Brexit. Aux Etats-Unis, la défaite d'Hillary Clinton sonne comme celle de l'échec de la politique des minorités. Est-ce également la fin du « multiculturalisme comme religion politique » ?

    Non. Le multiculturalisme, quoi qu'on en pense, demeure une philosophie politique à la fois dominante dans les médias, dans l'université dans l'école et dans plusieurs institutions publiques déterminantes : autrement dit, le multiculturalisme contrôle encore le récit public, même si sa puissance d'intimidation auprès du commun des mortels est bien moins grande qu'il y a vingt ans. J'ajoute que les multiculturalistes, devant la contestation de leur modèle de société, ont tendance, comme on dit, à se « radicaliser ». Ils diabolisent comme jamais

  • Belle action de nos amis d'Arras, contre ce Système qui transforme la France en pétaudière/poubelle du monde...

    Ce samedi 26 février, l'Action française Arras et les nationalistes arrageois ont mené une action aux abords de la prison d'Arras pour dénoncer le laxisme pénitencier qui y règne. Drogues, grillades, consoles, smartphones, colis divers, tout passe.
     
    Voici les liens vers les actions :
     
    https://www.youtube.com/watch?v=GKLeG4-mH8A
     
     
    Ci-joint notre communiqué de presse.

    Communiqué prison.pdf

    Rendez-vous sur la page fb de nos amis d'Arras :

    Page Action française Arras facebook

  • CHAMPAGNE POUR TOUT LE MONDE ! DEUXIÈME VICTOIRE DE LA NOUVELLE CALEDONIE FRANÇAISE !

    1A.jpg

    Avec près de 86% de participation, ce second référendum est sans appel : 53,2% des habitants sont Français et entendent le rester !

    Pourtant, Lionel Jospin/Michel Rocard, les socialistes, et tout ce qui compte dans le camp qui n'aime pas la France, qui veut la faire perdre au profit d'autres (la Chine...) avaient fait tout ce qu'ils avaient pu, pour favoriser l'indépendance. Jusqu'à créer une scélérate loi électorale d'exception, excluant des milliers de personnes (36.000) qui auraient voté pour la France : eux, qui se prétendent "démocrates" (!) ont utilisé toutes les astuces , y compris les plus misérables, pour faire triompher les ennemis de la France.

    Ils ont échoué, et lafautearousseau partage la joie de tous ceux qui aiment la France, celle de ses lecteurs et amis de Nouvelle Calédonie qui, pour la deuxième fois en deux ans, ont dit :

    NOUS SOMMES FRANÇAIS !

    NOUS VOULONS LE RESTER, ET NOUS LE RESTERONS !

    Montrant leur mépris du Peuple et du suffrage universel, les socialos de l'époque Jospin avaient prévu que, en cas de victoire de la Nouvelle Calédonie française en 2018 (ce qui s'est passé : 56,4 de "pour la France" contre 43,6) un deuxième référendum (voire un troisième) serait organisé.

    Et "ça" se prétend démocrate !

    LFAR FLEURS DE LYS.jpg

  • IMAGES DU CAMP MAXIME REAL DEL SARTE ET UNIVERSITE D'ETE D'ACTION FRANCAISE

    Le camp Maxime Real del Sarte s'est tenu au château d'Ailly, dans le pays roannais, du 10 au 17 août et se termine donc aujourd'hui.

    Que plus d'une centaine de jeunes, venus de différents coins de France, se soient réunis une bonne semaine pour travailler, étudier, réfléchir et tisser entre eux ces liens de camaraderie et d'amitié vraie qui fonderont leur action politique future, dans l'esprit et la tradition de l'Action française, ne devrait pas laisser indifférents les Français que l'avenir de leur pays préoccupe et inquiète; tous ceux qui lisent ce blog; et, a fortiori, ceux d'entre eux qui, eux aussi, sont d'Action française.

    C'est la troisième fois que ce camp se tient au château d'Ailly et le mérite en revient aux dirigeants du Centre Royaliste d'Action Française (Olivier Perceval, François Bel-Ker ...); aux personnalités qui l'animent et y interviennent; aux différents groupes de Paris et de province qui s'y sont joints; aux jeunes eux-mêmes qui ont décidé d'y prendre part.

    Etudes et camaraderie : telle est, de longue date, la tradition de ces camps et les plus anciens doivent savoir qu'elle est maintenue.

    Deux images, typiques de ces moments d'une journée du camp, nous ont été transmises par l'un des participants. Nous le remercions, d'ailleurs, cordialement. 

    DSC_0399.JPG

    Repas de midi, le vendredi 15 août    

     

    DSC_0414.JPG

    Après-midi d'étude du même jour, remarquablement animée par Stéphane Blanchonnet, Philippe Mesnard, Frédéric Rouvillois, Marion Sigaut et Pierre de la Coste

     

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (62) : Dimanche 10 Septembre 1933, le Rassemblement de Roquemart

     

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...)

    1AZZZ.jpg

    • L'annonce ci-dessus a été publiée trois fois, en "Une", les 7, 8 et 9 septembre précédents. Pour rappel, Henri Lavalade, annoncé comme "orateur", était le responsable/directeur de notre mensuel L'Ordre provençal...

    • Dans le numéro du lendemain, Lundi 11 Septembre, un premier - et court - compte-rendu est donné, toujours en "Une" : il n'est pas signé (indiqué "par téléphone de notre correspondant") et occupe quasiment la moitié de la deuxième colonne, juste après la fin de l'article de Daudet et au-dessus de l'annonce d'une prochaine réunion en plain air en Bourgogne :

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    • C'est donc le surlendemain, Mardi 12 Septembre, que parut un compte-rendu plus étoffé de "cette magnifique journée d'Action française en Provence" : c'est Georges Gaudy qui en est l'auteur, et sa relation commence en "Une", juste après l'article de Daudet, occupant presque les deux tiers de la deuxième colonne , avec un "lire la suite en 2ème page" :

    - Voici d'abord la partie du texte qui se trouve en "Une"...

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

     

    - ... et qui s'achève en deuxième page, où il occupe presque toute la première des six colonnes :

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    • Enfin, quatre jours après ce compte-rendu, dans le numéro du Samedi 16 Septembre 33, toujours en "Une", une sorte de "rajout" (non signé) occupe la moitié de la deuxième colonne, juste en-dessous de l'article de Daudet :

    1A.png

    1AA.png

  • Histoire & Actualité • Valérie Boyer : « Notre histoire s’est construite autour des Rois et des Églises »

     

    Mardi dernier, 5 septembre, Valérie Boyer, députée de la 1ère circonscription des Bouches du Rhône, a publié sur Facebook un post intéressant. Dans ce post, et contrairement à un vieux précepte républicain affirmant que la France s’est construite sur un socle culturel né de « la glorieuse Révolution Française  » et sur un principe sacré : la laïcité, la députée étiquetée « Républicains », rappelle que  » Notre histoire s’est construite autour des Rois et des Églises. » 

    L’intégralité de ce post

    Valérie Boyer

    Carrefour fait le choix de supprimer les croix chrétiennes de ses emballages mais appose le croissant musulman sur ses produits halal. Notre Nation repose sur un socle culturel avec des traditions et des influences. Parmi ces influences n'oublions pas que christianisme a profondément marqué les sociétés européennes contemporaines et leurs Constitutions aux côtés de la philosophie grecque, le droit romain, la Renaissance ou le siècle des Lumières.

    Le christianisme nous a permis d'envisager l'homme comme un individu à part entière. La protection de la dignité humaine repose sur des valeurs chrétiennes.

    La France est une république laïque d'influence et de valeurs chrétiennes.

    Notre histoire s'est construite autour des Rois et des Églises.

    Jusqu'où va aller le renoncement, le déni de nos racines et de notre histoire ?  

    Source La Couronne