Histoire déconstruite, postérité détruite ?, par Thomas Perrigault.
Il y a un an, les manifestations Black Lives Matter ébranlaient le monde. Revendications légitimes ou non ? Là n’est pas le problème. Arrivé en France, ce mouvement commença, par ignorance historique, à dégrader différentes statues de héros français. Que ce soit celle de Colbert, de Napoléon Ier, voire de Léon Gambetta, beaucoup furent taguées et endommagées. Car, selon ces manifestants, tout ce qui est Histoire est criminel.
Suite à ces agissements simplistes, nous, jeunes citoyens français, avions décidé de créer le groupe Défendons notre patrimoine. Présents dans vingt-six villes différentes, et organisés via le réseau social Facebook, nous tentons de lutter. En nous interposant pacifiquement tout d’abord, entre les casseurs et les statues prises pour cible, pour empêcher leur destruction. Puis en effaçant les tags de ces monuments historiques, avec une bonne éponge et de l’huile de coude. Le maître mot : ne pas se résigner.
En effet, comment est-ce possible qu’en France, au XXIe siècle, le moyen d’expression d’une minorité soit la destruction des biens communs ? Comment est-ce possible que les communes et les pouvoirs publics ne désencrassent pas rapidement ces statues dégradées alors que le temps est pour elles un poison mortel ?
Ces derniers temps, bien que calmes en apparence, le patrimoine est régulièrement défiguré. Les villes s’enlaidissent de jour en jour. Un édifice historique religieux est détruit tous les quinze jours. Le béton a remplacé le charme si français des anciennes demeures, détruites quotidiennement, pour laisser place à d’immenses immeubles uniformes, et en totale inadéquation avec leur environnement. Les statues continuent d’être dégradées, dans l’indifférence totale, recouvertes de tags et laissées à l’abandon. Tout cela dans une désinvolture absolue du ministère de la Culture, qui accepte sans broncher : la chapelle Saint-Joseph à Lille, la Maison Napoléon III à Meudon ou bien la caserne Miribel à Verdun en sont des exemples parmi tant d’autres.
En parallèle, le discours de déconstruction de notre Histoire se normalise. À l’heure où les États-Unis jouent à « qui aura l’idée la plus absurde », force est de constater que certains Français suivent tristement ce chemin, par fanatisme idéologique et par obscurantisme certain. Le concept de remise en cause systématique de ce qu’il s’est passé il y a des centaines d’années fait son chemin, que ce soit à l’université, dans certains partis politiques et dans une frange de la population. La fierté historique étant peu présente dans le débat public.
Pourtant, la plupart des Français refusent cette situation. Une majorité silencieuse, une majorité inactive, une majorité oubliée, mais une majorité respectueuse de notre Histoire existe encore en France. Bien qu’elle soit complètement endormie. En effet, 92 % des Français jugent qu’il ne faut pas débaptiser les noms de rue ou retirer les statues des personnages controversés de notre passé. (Sondage IFOP-Fiducial 2020).
L’Histoire est le ciment qui nous relie mentalement à nos anciens. Le patrimoine est le ciment qui nous relie physiquement à notre passé. Ces deux sujets vont de pair. Dans une époque de fractures grandissantes, cette postérité doit nous rassembler. Que l’on ait des ancêtres gaulois ou non, chaque Français doit absorber cette Histoire, pour avoir un dénominateur commun. Sur la route vers l’avenir, le passé est notre guide. La trace de notre Histoire est indélébile. Elle permet d’homogénéiser le peuple et de le souder. Comme l’exprimait très justement André Malraux, c’est par ces pierres que les individus dépassent leurs haines et leurs combats pour s’unir fraternellement.
La seule solution contre l’inculture historique : l’éducation. Enseigner une Histoire objective, apprendre les bons et les mauvais aspects du passé français, et surtout ne pas effacer les périodes conflictuelles. Ne pas y intégrer d’idéologie, quelle qu’elle soit. Enfin, ne pas constamment s’apitoyer sur notre mémoire, cela ne sert et n’amène à rien. Telle est la réponse à cette pétarade dogmatique.
Néanmoins, la lutte continue. L’Histoire, l’art et l’urbanisme français ne doivent pas être oubliés. Cela concerne tout le monde, et cela doit nous rassembler, peu importe nos orientations et idées politiques. La seule solution possible ? Agir ! Se regrouper entre citoyens civilisés et intervenir quand on le peut. Nous sommes nombreux, montrons-nous ! Soyons fiers de ce que nous sommes.
Notre association Défendons notre patrimoine est là pour ça, rejoignez-nous !