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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1549

  • LIVRES • Fellag n'en fait-il pas un peu trop ? Par Péroncel-Hugoz*

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    Péroncel-Hugoz a lu « Un espoir, des espoirs » (Lattès, Paris, 2014), petit essai de 50 pages mais où, nous avertit l’éditeur, chaque mot porte. Cependant il est sorti mi-figue mi-raisin de cette lecture…

     Le fameux amuseur doux-amer Mohand Fellag, né en Grande-Kabylie en 1950, ancien directeur d’un théâtre en Petite-Kabylie, a fui son périlleux et inconfortable pays natal, d’abord pour un abri protecteur en Tunisie puis pour un autre, plus douillet encore en France, en 1995, où il a conquis une autochtone gauloise…

    Apprécié à travers une partie du monde francophone grâce à ses saynètes crues ou grimaçantes, qui lui ont valu d’ailleurs le prix de l’Humour noir, il vient maintenant de publier un livre dans cet Hexagone où on n’existe vraiment, depuis Molière, Voltaire ou Victor Hugo, que quand on est un « auteur » imprimé noir sur blanc dans un volume…

    J’avoue que comme « Français de souche » (oui, ça existe et nous avons même été gentiment surnommés « souchiens » par une certaine Houria Bouteldja, née en Algérie en 1973, démonstrative militante antisioniste et antimariage-homo, mais n’ayant jamais au grand jamais un mot aimable pour son pays d’accueil), je n’ai que très modérément apprécié que Fellag vienne nous donner, en scène, des « leçons de couscous ». En effet ce plat nord-africain est devenu le favori des « souchiens », à égalité avec le steack-frites-salade traditionnel, après que pieds-noirs et harkis l’ont introduit à grande échelle à travers toute la France dés la fin de la décennie 1960, un quart de siècle donc avant que Fellag ne vienne profiter de la caisse de résonnance parisienne… Ce sont d’ailleurs des pieds-noirs d’Algérie qui ont imposé la tomate dans la « marqa » (sauce) du couscous, ce légume girond rapporté des Amériques par les Hispano-portugais ayant d’abord paru suspect, avec ses airs de viande saignante, aux cuisinières maghrébines…

    Devons-nous en revanche apprécier la comparaison que fait Fellag entre l’impotent président Bouteflika et le plus habile prestidigitateur américain du XIXe siècle, Houdini, lui-même imitateur de son aîné français Houdin (surnommé le « marabout chrétien » en Algérie) ? Franchement « Boutef » fait plutôt l’effet aujourd’hui d’une momie échappée du Musée pharaonique cairote en fauteuil roulant…

    Préférons à cette comparaison politico-médicale peu adéquate les regrets que Fellag émet en mémoire des deux seuls présidents algériens  ayant bonne presse : Ferhat Abbas, mis à l’écart par les siens et surnommé « le Français » car, au départ, il n’était pas favorable à l’indépendance des trois départements français d’Algérie; Mohamed Boudiaf, condamné à mort en 1964 par le dictateur Ben Bella puis assassiné en 1992 par un militaire dans son pays natal dont il était devenu l’éphémère président, et surnommé « le Marocain » par ses détracteurs algériens à cause de son exil de 28 ans dans le Royaume chérifien et, surtout, de sa volonté d’extirper l’Algérie gouvernementale du guêpier saharien, où elle s’est fourrée depuis 1975 , par pure vanité…

    Nous avons également assez aimé  les piques de Fellag, dans son livre, contre les deux communautarismes sémitiques rivaux en France. Et tout autant l’invite lancée à la jeunesse, par le comédien kabyle à lire plus « pour s’imprégner de la littérature mondiale », de l’Américain Hemingway à l’Africain Kourouma.

    Penseur politique, dramaturge, gastronome: Si Mohand, est-ce que vous n’en faites pas quand même un peu trop ?...   

     

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    Par Péroncel-Hugoz - Le 360ma

  • 28 Décembre 2014 ... Qui sait si les souvenirs des tranchées de 1914 ne feront pas germer, plus tard, une alliance franco-allemande ?

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    Les Italiens ont débarqué des troupes à Valona* : c'est le cadeau que le prince de Bülow leur a apporté avec son ambassade. Un cadeau plein d'embûches d'ailleurs. Qui sait où ce premier pas fait sur le sol albanais conduira les Italiens ?

    Une personne qui vit dans le monde diplomatique me dit que le ministre de la Roumanie Labovary a peine à cacher la crainte qu'il a de voir l'Autriche conclure la paix avant que son pays ne soit entré en jeu. La crainte est la même chez Tittoni, quoique cet ancien mercanti di campagna excelle à se rendre impénétrable et, au cercle, se montre absorbé et possédé par la passion du bridge pour mieux fuir les questionneurs. Le danger pour l'Italie est de s'asseoir entre deux selles. M. Salandra, selon L'Avanti, n'aurait-il pas dit à un député lombard que l'armée italienne serait bientôt prête - et prête à marcher aussi bien contre l'Orient que contre l'Occident ?...

    On me raconte que le généralissime a dû prendre des mesures sévères pour arrêter la dangereuse camaraderie qui, de tranchée à tranchée, s'établissait, sur certains points, entre nos troupes et l'ennemi. Il paraît qu'à un endroit soldats allemands et soldats français se sont faits photographier en groupe. Quelqu'un disait, après avoir entendu ce récit :

    "C'est en Crimée, dans la guerre de tranchées de Sébastopol, que Russes et Français ont, en somme, jeté les bases de leur future alliance. Qui sait - l'histoire a de tels caprices - si les souvenirs des tranchées de 1914 ne feront pas germer, plus tard, une alliance franco-allemande ?"   

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    * Valona, aujourd'hui Vlorë.

  • SPECTACLE • Fabrice Luchini : « La bêtise prend des proportions inouïes »

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    Au mois de février, Fabrice Luchini sera seul en scène pour dire Paul Valéry, Le Bateau ivre et quelques autres textes. A cette occasion, le comédien a accordé un long entretien au Figaro.


    Fabrice Luchini a récemment été à l'affiche de Gemma Bovary, et remonte sur les planches du théâtre de la Villette à partir du 5 janvier, pour un spectacle consacré à la poésie.


     

    LE FIGARO. - Vous commencez le 5 janvier un spectacle intitulé « Poésie ? ». Vos choix sont de plus en plus exigeants…

    Fabrice LUCHINI.- La poésie ne s'inscrit plus dans notre temps. Ses suggestions, ses silences, ses vertiges ne peuvent plus être audibles aujourd'hui. Mais je n'ai pas choisi la poésie comme un militant qui déclamerait, l'air tragique: «Attention, poète!» J'ai fait ce choix après avoir lu un texte de Paul Valéry dans lequel il se désole de l'incroyable négligence avec laquelle on enseignait la substance sonore de la littérature et de la poésie. Valéry était sidéré que l'on exige aux examens des connaissances livresques sans jamais avoir la moindre idée du rythme, des allitérations, des assonances. Cette substance sonore qui est l'âme et le matériau musical de la poésie.

    Valéry s'en prend aussi aux diseurs…

    Il écrit, en substance, que rien n'est plus beau que la voix humaine prise à sa source et que les diseurs lui sont insupportables. Moi, je suis un diseur, donc je me sens évidemment concerné par cette remarque. Avec mes surcharges, mes dénaturations, mes trahisons, je vais m'emparer de Rimbaud, de Baudelaire, de Valéry. Mais pas de confusion: la poésie, c'est le contraire de ce qu'on appelle «le poète», celui qui forme les clubs de poètes. Stendhal disait que le drame, avec les poètes, c'est que tous les chevaux s'appellent des destriers. Cet ornement ne m'intéresse pas. Mais La Fontaine, Racine, oui. Ils ont littéralement changé ma vie. Je n'étais pas «un déambulant approbatif», comme disait Philippe Muray, mais je déambulais, et j'ai rencontré, un jour, le théâtre et la poésie comme Claudel a vu la lumière une nuit de Noël.

    La poésie est considérée comme ridicule, inutile ou hermétique…

    Elle a ces trois vertus. Ridicule, c'est évident. Il suffit de prononcer d'un air inspiré: «Poète, prends ton luth…» Musset est quatorze fois exécrable, disait Rimbaud, et tout apprenti épicier peut écrire un Rolla. Inutile, elle l'est aussi. Hermétique, c'est certain. J'aimerais réunir les gens capables de m'expliquer Le Bateau ivre.

    C'est un luxe pour temps prospère ?

    La poésie, c'est une rumination. C'est une exigence dix fois plus difficile qu'un texte de théâtre. La poésie demande vulnérabilité, une capacité d'être fécondée. Le malheur est que le détour, la conversation, la correspondance qui sont les symboles d'une civilisation ont été engloutis dans la frénésie contemporaine. Nietzsche, il y a un siècle, fulminait déjà contre les vertus bourgeoises qui avaient envahi la Vieille Europe. Vous verrez, disait-il, ils déjeuneront l'œil sur leur montre et ils auront peur de perdre du temps. Imaginez le philosophe allemand devant un portable!

    Vous êtes hostile au portable ?

    J'en ai un comme tout le monde. Mais c'est immense, l'influence du portable sur notre existence. Une promenade, il y a encore vingt ans, dans une rue pouvait être froide, sans intérêt, mais il y avait la passante de Brassens, ces femmes qu'on voit quelques secondes et qui disparaissent. Il pouvait y avoir des échanges de regard, une possibilité virtuelle de séduction, un retour sur soi, une réflexion profonde et persistante. Personne, à part peut-être Alain Finkielkraut, n'a pris la mesure de la barbarie du portable. Il participe jour après jour à la dépossession de l'identité. Je me mets dans le lot.

    N'est-ce pas un peu exagéré ?

    La relation la plus élémentaire, la courtoisie, l'échange de regard, la sonorité ont été anéantis pour être remplacés par des rapports mécaniques, binaires, utilitaires, performants... 

    « Poésie ? » Le Lucernaire : à partir du 1er février. Réservations: 01.45. 44.37.34

     

    FIGARO VOX Vox Societe  -  Par Vincent Tremolet de Villers

  • MEDIAS • Il avait pour nom… Jacques Chancel ... Par Bruno Stéphane-Chambon

    Chancel             

     

    Jacques Chancel, de son vrai nom Joseph Jacques André Régis Crampes, était né le 2 juillet 1928, en pays bigourdan, sur le flanc des Pyrénées.

    Il avait donné ses lettres de noblesse à la radio et à la télévision. A une époque où le dégueulis médiatique et l’exclusion de certains chroniqueurs impertinents sont de rigueur, comment ne pas avoir la nostalgie de ces grandes émissions qu’il avait créées et qui relevaient de l’excellence de par le choix des thèmes et des invités ?

    A partir de 1968, il anima l’émission quotidienne Radioscopie sur France Inter. Depuis 22 ans, 6 826 émissions furent enregistrées ! Ces entretiens se déroulaient avec les personnalités les plus marquantes de notre époque, personnalités politiques de tous bords, grands médecins, scientifiques, artistes, musiciens et écrivains. Il est surprenant de relever la diversité des personnages qu’il recevait : de Brigitte Bardot à Henry de Montherlant, en passant par le cardinal Daniélou, d’Abel Gance à Chagall en passant par Léon Zitrone, et de Jean-Paul Sartre à Raymond Devos. Plus encore, il recevait la grande classe politique avec Jacques Duclos, Marcel Dassault, Régis Debray, le général Bigeard, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Attali, Jean-Pierre Chevènement, Jacques Chirac, Georges Marchais, Michel Poniatowski, Michel Rocard…. Le choix de ses invités était parfois ressenti comme de la provocation. Mais Jacques Chancel ne craignait ni la polémique ni la confrontation avec ses pairs : il n’hésita pas à recevoir dans son studio Lucien Rebatet ou Monseigneur Lefebvre.

    Sur le petit écran, il anima de 1972 à 1989, une émission phare : Le Grand Échiquier.

    Son principe ? Inviter de grandes personnalités, musiciens, chanteurs, peintres, écrivains, philosophes, historiens, scientifiques et, même, sportifs de haut niveau. L’émission de déroulait en direct sur une durée de trois heures dans un studio des Buttes Chaumont, décoré avec goût et magnificence. Le premier invité fut Yves Montand. Pour la dernière, qui eut lieu le jeudi 21 décembre 1989, ce fut le chanteur d’opéra Ruggero Raimondi. On ne saurait citer tous les prestigieux intervenants, mais on notera de façon non exhaustive leur diversité. Ainsi, grâce à ce magicien de l’audiovisuel, nous pouvions partager notre soirée en famille avec Léo Ferré, Herbert Pagani, Arthur Rubinstein, Lino Ventura, Maurice André, Alain Delon, Herbert von Karajan, Luciano Pavarotti, Ray Charles, Isabelle Adjani, Charles Trenet, Alain Prost, Bernard Hinault, François Truffaut et combien d’autres encore.

    Depuis ses jeunes années, Jacques Chancel n’avait cessé d’écrire. On relèvera plus de vingt romans et essais dont, en 2001, une anthologie, La Mémoire de l’encre, les 365 plus belles pages de la littérature française.

    Comment ne pas rappeler son premier roman, paru en 1950 aux éditions Catinat, L’Eurasienne (éd.Hachette littérature) qui reçut le Prix des Maisons de la Presse ? Sans oublier le message d’espoir constitué par N’oublie pas de vivre, Journal 2007-2010(Flammarion, 2011). Mais c’est aussi avec émotion que nous citerons Le Livre des listes (Olivier Orban, 1980) et Franchise postale (Mazarine, 1983) qui ont été écrits en collaboration avec Marcel Jullian, qui fut membre du Comité de parrainage de Politique Magazine.

    Membre du Haut Conseil de la Francophonie, il avait été promu en 2008 commandeur de la Légion d’honneur. Passionné de cyclisme, il suivait chaque année le Tour de France et reçu en 2005 le Prix Henri Desgrange de l’Académie des sports qui est décerné à un journaliste ayant servi, par la qualité de son écriture et de ses interventions, la cause sportive.

    Le 11 mars 2014, Franck Ferrand dans son excellente émission « Au cœur de l’Histoire » sur les ondes d’Europe 1, avait interviewé Jacques Chancel qui lui raconta ses souvenirs de la guerre d’Indochine regroupés dans son ouvrage La nuit attendra, édité chez Flammarion. Nous avions eu l’honneur de présenter ce livre le 9 octobre 2014, sur notre site. Correspondant de guerre à l’âge de dix-sept ans, Chancel était resté dans le sud-est asiatique, de 1950 à 1958. Cette expérience l’avait profondément marquée. Il était resté profondément attaché à ces contrées lointaines où il avait forgé des amitiés avec les grands reporters et cinéastes qui couvraient, comme lui, la tragédie qui s’y déroulait. Ils avaient pour noms, Lucien Bodard, Jean Lartéguy, Max Clos, André Le Bon, Georges Kowal, l’américain Dixie Reese, Jean Péraud et Pierre Schœndœrffer.

    Ce 23 décembre 2014, à l’âge de 86 ans, Jacques Chancel vient de les rejoindre pour toujours… Le réalisateur et directeur de la photographie, Raoul Cotard, et l’héroïne Geneviève de Galard, infirmière à Dien Biên Phu, restent les derniers témoins de cette grande aventure. 

     

    Politique magazine
  • 27 Décembre 2014 ... Les nouvelles formations de bataille des Russes

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    Le général Joffre est venu, me dit-on, dîner chez lui à Paris, en famille, le jour de Noël. Il était d'excellente humeur et s'est déclaré certain du succès. Il semble douteux, si le généralissime est vraiment venu à Paris (je n'ai pas dîné avec lui) que l'offensive générale dont on a tant parlé ces jours-ci se soit livrée en même temps. Les communiqués du grand état-major sont d'ailleurs favorables, mais sobres et ne tendaient guère à prouver que l'on se bat sur toute la ligne. Cependant les journaux allemands parlent de l' "insuccès de l'offensive générale française", et, selon quelques uns, en vertu du synchronisme franco-russe, il aurait été nécessaire de peser un peu sur les Allemands à l'Ouest pour les empêcher de jeter trop de monde à l'Est et de troubler les nouvelles formations de bataille des Russes. 

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  • VOS CARTES DE VOEUX 2015, d'après des aquarelles élégantes et originales ...

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  • Djihadistes, Zemmour : La langue de bois est devenue une œuvre d’art contemporaine

    Laurent Cantamessi, dans Causeur, donne l'intéressante et très actuelle réflexion qu'on lira ici. On en discutera tel ou tel point. Elle a le mérite à nos yeux de montrer comment la barbarie nihiliste des fous de Dieu répond à la vacuité, au propre nihilisme, d’une société qui renonce à son histoire, qui renonce à exister et qui renonce même à nommer ses agresseurs, de peur qu’ils la frappent plus durement. Dialectique mortifère que cet article met en lumière et dont il incombe à la France de sortir. Lafautearousseau.  •    

    Ce n’est pas possible. C’est inconcevable. On nous avait pourtant promis la fin de l’histoire, la fin des guerres, la fin des frontières, la fin des religions, la fin des fanatismes, la fin des fins, la vraie der des ders, et voilà que ça repart. Nous étions pourtant bien tranquilles entre Européens, dans le petit vase clos de notre espace Schengen, convaincus d’avoir pour de bon réussi à abolir le passé, le présent et l’avenir, pour rêver d’un futur sans lendemain, un présent perpétuellement remis à jour : le jour sans fin, le vrai.

    Et voilà que, pour commencer, l’ours russe sort les griffes, furieux qu’on lui piétine les pattes tandis que le sommeil de l’Europe au bois dormant est troublé par des fous furieux, dont il est impossible d’évaluer le nombre et qu’aucun plan vigipirate ne peut arrêter, répondant à l’appel de Daech et se mettant en tête de faire exploser la France en fonçant sur des piétons dans un marché de Noël ou en attaquant un commissariat. Tandis que l’on était occupé dans les journaux à débattre du cas Zemmour ou de la place des crèches de Noël dans les mairies, la réalité s’est rappelée à notre mauvais souvenir. Le réveil est forcément un peu difficile. Madame le Procureur de la République à Dijon a avancé que le forcené qui a blessé treize personnes dans sa ville n’était qu’un simple déséquilibré dont les actes ne relevaient pas de l’entreprise terroriste. Comme si tous les types qui décapitent, roulent sur des piétons ou abattent des fillettes dans les cours d’école au nom de l’Islam n’étaient pas des déséquilibrés. Mais le procureur de Dijon avance que le fou furieux a simplement crié “Allahou Akbar” pour se donner du coeur à l’ouvrage. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a d’ailleurs confirmé ces propos. Il est donc établi qu’un type qui fonce à cinq reprises dans la foule en hurlant “Allahou Akbar” ne commet pas d’attentat. Il a simplement un coup de chaud, ce n’est pas un acte terroriste. Ceci n’est pas une pipe, écrivait Magritte en peignant une pipe. La langue de bois est devenue une véritable œuvre d’art contemporaine, à force d’absurdité. Les McCarthy et Jeff Koons peuvent aller se rhabiller, leurs provocations font pâle figure à côté des perles langagières qui dérivent dans l’immensité du vide politique.

    Mais en dépit de ces exorcismes médiatiques, le ready-made assassin a fait des émules. Deux heures après Dijon, c’est Nantes qui était la cible d’un autre “déséquilibré”, choisissant lui de foncer à travers un marché de Noël et faisant onze blessés. Vingt ou trente minutes après l’attentat, les médias ont attendu avec angoisse que l’on confirme ou non la nouvelle : le conducteur avait-il crié lui aussi “Allahou Akhbar”? Il s’agissait de pouvoir labelliser avec certitude ce deuxième acte de violence, comme si la cible choisie pour l’attaque n’était pas assez symbolique. Dans la foulée, le président annonçait la tenue d’une réunion ministérielle d’urgence, dont il ressortira sans doute qu’il convient désormais d’interdire les marchés de Noël ou d’apposer sur les tableaux de bord des voitures des autocollants invitant à la modération religieuse avant de prendre le volant.

    Ceux qui prétendent en Irak ou en Syrie servir l’Islam traditionaliste sont des déséquilibrés au même titre que ceux qui se jettent en voiture dans la foule ou ceux qui décident d’aller “faire le djihad” dans leur califat de déséquilibrés. Etait-il vraiment utile de préciser que ces fous de Dieu sont des fous furieux ? Ces fous-là d’ailleurs ne servent ni Dieu ni aucune sorte de tradition. Le fondamentalisme de Daesh et de ses multiples excroissances fanatisées n’est qu’un nihilisme parmi d’autres. L’islamisme renouvelé de 2014 ne propose qu’une table rase sommaire et ultra-radicale : plus de culture, plus de religion, plus d’histoire, seulement une sorte de mystique dévoyée mêlant la sacralisation de la violence à une caricature de théocratie qui séduit tous les laissés pour compte et les ratés, tous les perdants radicaux, comme l’écrivait Enzensberger, choisissant de se reconvertir en soldats de Dieu après avoir cessé de révérer le dieu Argent, lassés de ne pas devenir les petits arrivistes qu’ils rêvaient d’être.

    Ceci devrait poser question à l’Islam dans lequel cette « nouvelle radicalité » prétend trouver ses racines et sa justification morale. Cela devrait aussi poser question à l’imam de Lunel, ce prétendu religieux qui cautionne la barbarie nihiliste au nom des « enfants de la Palestine », comme le chauffard en croisade de Dijon prétendait agir « par empathie avec les enfants de Tchétchénie ».  Cela devrait enfin interroger les sociétés qui produisent ou accueillent ce genre de fanatiques sans oser les nommer clairement, une société qui fait tellement profession de se détester qu’elle est une cible parfaite pour cet Islam-là qui se rêve à nouveau guerrier et conquérant, une société qui oppose sa propre vacuité au vide de « cette religion sans culture », de cette « Sainte Ignorance ».

    La ridicule affaire des crèches de Noël a montré à quel point une minorité agissante raisonne encore en France, comme si nous étions encore au XIXe siècle ou coincés pour l’éternité dans un mauvais Don Camillo : ces « libres penseurs » prisonniers de leurs dogmes qui ne supportent rien de leur propre culture, ces antifas qui chassent les spectres d’une histoire qu’ils ne connaissent pas pour mieux ignorer les excès d’un monde qu’ils ne veulent pas voir. Le nihilisme de Daech, des jeunes djihadistes ou des déséquilibrés qui attaquent les commissariats ou foncent sur les marchés en hurlant « Allahou Akhbar » répond au nihilisme d’une société qui renonce à son histoire, qui renonce à exister et qui renonce même à nommer ses agresseurs, de peur qu’ils la frappent plus durement. Il fut un temps où Sartre compagnon de route enjoignait de prêcher le mensonge pour ne pas désespérer Billancourt. Aujourd’hui, alors que la gauche se fiche bien de Billancourt, il faut intervenir en Irak mais pas à Kobané la syrienne pour éviter de tuer un jeune djihadiste français. De même qu’après trois actes de terreur, certes perpétrés par des individus isolés mais revendiqués au même cri d’« Allahou Akhbar », il faut parler de déséquilibrés pour ne pas désespérer les banlieues.

    Les pouvoirs publics semblent tétanisés à l’idée d’appeler l’islamisme ou le terrorisme par leur nom au lieu de continuer à parler d’actes isolés, sans liens les uns avec les autres. Bien sûr qu’il s’agit d’actes isolés mais il existe un lien tellement évident entre ces trois attaques, qui ont eu lieu pour certaines à quelques heures d’intervalle, qu’il paraît presque surréaliste de le nier. Confrontés à cette menace, nous sommes désarmés par des années d’autoflagellation et de terrorisme intellectuel et nos dirigeants sont paralysés par la crainte de ne pouvoir préserver la paix sociale ou de « stigmatiser », péché mortel. Nous n’avons pas besoin de Daech ou de ses émules pour nous faire peur : quand il s’agit de nommer nos maux, nous sommes terrorisés par nos propres mots.  •

    Causeur

  • 26 Décembre 2014 ... De longues listes de disparus ou de morts sont affichées à la Dorotheanstrasse

    wilhelmstrasse_reichstagspraesidentenpalais.jpgLe Journal de Genève, dont les sympathies pour la France ne sont pas douteuses, imprime le message suivant :

    « Le voyageur qui se rend de Suisse à Berlin, via Stuttgart ou via Munich, est tout d'abord vivement impressionné par le calme qui règne en Allemagne : les trains circulent avec une parfaite régularité; on ne constate nullement de grands mouvements de troupes; seuls, quelques officiers ou soldats isolés, par-ci, par-là des blessés transportés sur une civière rappellent la douloureuse actualité de l'heure actuelle.

    La campagne, partout labourée et ensemencée, est pleine de promesses d'avenir; à Berlin et à Munich, la vie est intense, beaucoup de gens d'affaires, des hommes dans la force de l'âge, qu'on s'étonne de rencontrer vaquant paisiblement à leurs occupations ordinaires au lieu d'être à l'armée; tous les magasins sont ouverts et paraissent avoir leur clientèle habituelle d'acheteurs. On circule très tard dans les rues de Berlin parfaitement éclairées, et les principaux hôtels regorgent de monde; on y soupe gaiement, sablant champagne et bordeaux, comme aux jours de la plus grande prospérité.

    Est-ce à dire que l'Allemand ne se rend pas compte de la gravité de la situation ? Nullement.

    Mais, dans toutes les classes de la population - du petit bourgeois à l'officier supérieur - tout le monde est tellement convaincu de la victoire finale de l'Allemagne que celui qui se permettrait d'émettre une inquiétude ou un doute serait considéré comme un traître à la patrie.

    Il faut admirer cette puissance de suggestion et cette discipline morale qui caractérisent l'Allemand à l'heure actuelle et donnent à ce grand pays cette cohésion et cette unanimité qui sont un des éléments de sa force. De longues listes de disparus ou de morts sont affichées à la Dorotheanstrasse; quelques passants s'arrêtent un instant pour les consulter, puis retournent paisiblement à leurs occupations, sans paraître autrement affectées par les pertes énormes que subit l'armée allemande.

    L'organisation militaire est si puissante que l'Allemagne est toujours prête à la guerre. Il semble qu'il suffise de presser un bouton électrique pour qu'à l'instant même tous les rouages de cette formidable organisation soient mis en mouvement. On a certainement été inquiet de la marche en avant des armées russes, mais, aujourd'hui, on considère l'offensive russe comme brisée au moins jusqu'au printemps...»

    Ce tableau de la vie en Allemagne pendant la guerre est tellement contraire à ce qu'on pense généralement en France (où l'on annonçait la famine et la misère à Berlin quinze jours après la déclaration de guerre) que j'estime intéressant de lui faire place ici.   

    * Les idées, même fausses, ont sur l'homme une telle prise, que nous les voyons survivre en présence de la réalité la plus terrible et la plus sanglante. Par la puissance que l'unité a donné aux peuples germaniques, toute la France est atteinte dans sa chair. De plus en plus nombreux, des Français en viennent à se dire : "Cette unité allemande, qui est la cause visible de tant de maux, c'est avec elle qu'il faut en finir, c'est c e principe de guerres et d'invasions qu'il faut supprimer. Nous étions en sécurité quand, de l'autre côté du Rhin, au lieu d'un formidable Empire, il y avait une mosaïque d'Etats, une poussière de villes libres et de principautés. Voilà où il faut revenir, voilà le but à atteindre, si nous ne voulons pas avoir à reprendre éternellement le même combat." Pourtant, à cette solution, la seule qui ait pour elle l'expérience, quelque chose, dans l'esprit d'autres Français, répugne.    

    Chez des bourgeois libéraux, chez des prolétaires socialistes, dont l'intelligence se croit libre, des traditions survivent et règnent, l'autre siècle trouve un écho. Les voix de Quinet, de Michelet résonnent encore. Leurs "nuées", les "nuées" de 1848, épousent (nous le savons) parmi certains groupes d' hommes influents, écoutés dans les conseils, la forme de conceptions diplomatiques, et risquent d'énerver l'action de la France, d'en troubler les desseins, comme elles avaient dirigé vers les catastrophes la politique de Napoléon III. Ces mêmes hommes parlent quelquefois avec dédain de ceux qui se reportent, "expérimentalement", aux leçons de l'Histoire. Et c'est eux que le passé emprisonne, par des traditions d'erreur, les traditions de ceux qui ont disparu après s'être si gravement trompés sur l'avenir de l'Europe et du monde...  

    Que l'Allemagne soit abattue d'abord, que sa puissance militaire soit écrasée, c'est la première tâche à accomplir. Elle ne doit pas empêcher de perdre de vue les grandes directions.   

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    * Tome I du Journal de Jacques Bainville (1901/1918)

  • Actualités du blog ... A propos de la Lettre de Lafautearousseau

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    Actuellement, la lettre de Lafautearousseau est adressée aux inscrits un jour sur deux - ou sur trois - notre liste d’abonnés étant devenue trop importante pour une expédition groupée de l'ensemble le même jour. C’est, écrivions-nous jeudi dernier 18 décembre, la rançon de notre progression rapide de ces derniers temps !

    Mais, bonne nouvelle : la semaine écoulée nous avons pu mettre en place la solution nous permettant de faire le service de notre lettre à tous quotidiennement. Dorénavant, chaque inscrit recevra donc (gratuitement) notre lettre tous les jours. 

     

    Pour s'y inscrire, si ce n'est déjà fait, il vous suffit de noter votre adresse de messagerie dans la case email sous la rubrique Newsletter et de cliquer sur Envoyer. (Colonne de droite, en partie haute).     

     

    Nous vous rappelons tout de même qu’il vous est de toute façon possible de lire Lafautearousseau au quotidien, en plaçant notre blog parmi vos favoris ou en le recherchant sur Google. Bonne lecture à tous ! Lafautearousseau   

     

  • JOYEUX NOEL !

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    Crèche à Saint Germain l'Auxerrois, paroisse des Rois de France

     

     

  • Michel Onfray : « Eric Zemmour est un bouc émissaire idéal pour la gauche »

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    Michel Onfray a réagi, dans FIGAROVOX, à l'éviction d'Eric Zemmour d'I-télé. Il considère qu'en France, la controverse a été remplacée par un discours uniforme et snob qui étouffe le mouvement des idées. Nous ne disons pas que nous sommes en tous points d'accord avec Michel Onfray. Mais ses réponses à Figarovox sont toujours intéressantes et souvent, de notre point de vue, très justes aussi. Bref, le lecteur se fera son idée ... Lafautearousseau 

     

    FIGAROVOX-Après l'éviction d'Eric Zemmour d'I-télé vous avez tweeté : « Désormais on licencie, on pétitionne, on vitupère au plus haut niveau de l'Etat pour raisons idéologiques. Permanence du bûcher! ». Pensez-vous vraiment que la « tête » d'Eric Zemmour ait été exigée au plus haut niveau de l'Etat ?

    Michel ONFRAY: Je ne sais pas, car si c'est le cas, seules quelques personnes le savent vraiment… Mais je me souviens que le porte-parole de l'Elysée a affirmé de quoi nourrir cette idée. Je ne sais ce qui a motivé cette chaîne à agir ainsi, mais elle est en phase avec ce que le gouvernement a souhaité.

    En diabolisant Eric Zemmour, le gouvernement cherche-t-il à faire oublier son bilan ?

    La gauche qui est au pouvoir depuis 1983 n'est plus de gauche parce qu'elle s'est convertie au libéralisme et que, dans le libéralisme, ce sont les marchés qui font la loi, pas les politiques - qui se contentent de l'accompagner et de le favoriser plus ou moins… Le bilan, c'est celui du libéralisme, donc celui de Mitterrand après 83, de Chirac pendant deux mandats, de Sarkozy pendant un quinquennat, de Hollande depuis son accès au pouvoir. Si ces gens-là veulent se distinguer, il faut qu'ils le fassent sur d'autres sujets que l'économie libérale, les fameux sujets de société bien clivants : mariage homosexuel, procréation médicalement assistée, vote des immigrés, théorie du genre sous prétexte de féminisme, euthanasie ou soins palliatifs, dépénalisation du cannabis, vote des étrangers, etc.

    Zemmour est une excellente aubaine pour la gauche : il suffit d'en faire l'homme de droite par excellence, le représentant du « bloc réactionnaire  » comme le martèle Cambadélis, (ancien trotskyste, condamné par la justice, mais néanmoins patron du PS…) le spécimen du penseur d'extrême-droite, pour se trouver un bouc émissaire qu'on égorge en famille, en chantant ses propres louanges pour une si belle occasion. « Nous sommes donc bien de gauche, nous, puisqu'il est de droite, lui! » vocifèrent-ils en aiguisant le couteau.

    Ce que la gauche veut faire oublier c'est moins son bilan que son appartenance, avec la droite libérale, au club de ceux qui font le monde comme il est. Autrement dit : au club de ceux qui nourrissent le Front National qui ne vit que des souffrances générées par le marché. Il y a donc intérêt pour eux tous, droite libérale et gauche libérale, à se retrouver comme un seul homme pour égorger la victime émissaire qui dit que le FN progresse avec un quart de siècle de la politique de ces gens-là.

    Que révèle cette polémique sur l'état du débat en France?

    Qu'il est mort… En France, on ne polémique plus: on assassine, on méprise, on tue, on détruit, on calomnie, on attaque, on souille, on insinue… C'est la méthode que je dirai du Raoul ! Rappelez vous Raoul Blier dans Les Tontons Flingueurs : « Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère… Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi, quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile ! ». Eric Zemmour se trouve donc éparpillé façon puzzle aux quatre coins de Paris. Mais Paris n'est pas la France.

    Certains ont été jusqu'à parler de « dictature ». Sommes-nous en train de basculer vers une forme de totalitarisme intellectuel ?

    Nous y sommes, c'est évident ! Plus question de craindre le basculement, nous avons déjà basculé. Seules les idées politiquement correctes sont admises dans ce qui se présente comme un débat mais qui n'est qu'un salon mondain où l'on invite le marginal qui ne pense pas comme soi pour montrer sa grandeur d'âme, sa libéralité, sa tolérance. Mais dès que l'invité prend plus de place que prévu, qu'on ne parle plus que de lui, comme avec Zemmour, alors on disperse façon puzzle : on montre sa véritable nature. Inviter en bout de table, pour le dîner de cons, oui, mais pas question que l'invité retourne la situation et montre à toute la tablée que le con ça n'est pas lui… Or rien n'est plus violent qu'un con démasqué après qu'il eût échoué à présenter l'autre comme ce qu'il finit par incarner dans sa superbe !

    Vos positions sur la théorie du genre à l'école avaient dérouté une certaine gauche. Vous le « libertaire » ne craignez-vous pas d'être définitivement classé dans la catégorie des « réactionnaires » ?

    Depuis la réception sous forme de cabale de mon livre sur Freud, Le crépuscule d'une idole, j'ai vu la bêtise au front de taureau de très près : j'ai alors compris que la partition n'est pas entre droite et gauche, mais entre ceux qui ont le sens de la justice et de la justesse, des faits et de la vérité, de l'histoire et de l'esprit critique, et ceux qui ne l'ont pas. La gauche et la droite sont pareillement contaminées par l'esprit de bêtise. Mais la gauche et la droite portent également en leur sein une égale partie de gens lucides et libres. Ce sont ceux-là qui m'importent. Qu'une frange de donneurs de leçons qui ne brillent pas par leur goût de la justice et de la justesse me traite de réactionnaire ne m'émeut pas. Je serais plutôt ému si elle disait du bien de moi ! Etre libertaire, c'est s'affranchir des catégories de droite et de gauche quand il y a à juger et statuer sur ce qui est adéquat - pour le dire dans un mot de Spinoza que Deleuze aimait beaucoup.

    Sur le plan intellectuel, quels sont vos points communs et vos différences avec Eric Zemmour ?

    Mes points communs avec Zemmour sont ceux qu'il a avec Mélenchon qui, saluons-le d'ailleurs sur ce sujet, réprouve qu'on traite Eric Zemmour de la sorte ! Les voici : refus du libéralisme comme horizon indépassable, refus de l'Europe telle qu'elle fonctionne comme instrument de la machine libérale, critique de l'euro comme rouage de cette machine, confusion des partis de gouvernement dans une même condamnation parce que porteurs du projet libéral, souci du peuple et de son génie propre, condamnation des technostructures qui abolissent la souveraineté populaire, sens et goût de l'histoire.

    Précisons que cette pensée est aussi celle de l'aile gauche du PS, de l'aile gauche de l'UMP (très silencieuse il est vrai…), de l'extrême-gauche, de Dupont-Aignan et… de Marine Le Pen, autrement dit, de beaucoup de français qui ne sont pas pour autant des vichystes ou des fascistes…

    En revanche, je ne suis pas d'accord avec lui sur la critique de Mai 68 qui a été un mouvement nécessaire - même dans ses excès. La France d'avant Mai n'est pas désirable pour moi, car je ne suis pas réactionnaire, au sens étymologique, c'est à dire nostalgique d'un ordre ancien que j'aimerais revoir, en l'occurrence le gaullisme qui n'est grand que par de Gaulle mais si petit par les gaullistes non-historiques.

    Je ne suis pas pour autant un dévot de ce que l'après Mai a rendu possible. Mai 68 fut donc nécessaire, mais pas suffisant. Il lui manque d'avoir porté des valeurs alternatives. Pour ma part, mes livres travaillent à en proposer. Mon refus de l'abolition des sexes, comme y invite la théorie du genre, n'est pas motivée par un désir de restaurer le patriarcat - ce que souhaiterait Eric Zemmour. Je suis clairement féministe et je crois même que le féminisme est tué par ceux qui s'en réclament en portant des revendications minoritaires pour la grande majorité des femmes qui ne sont pas des lectrices de la presse bobo. Je suis pour l'avortement, pour la contraception et ne crois pas que l'avortement constitue un génocide français, via la démographie.

    Je ne souscris pas à sa méfiance à l'endroit de toute immigration : le problème n'est pas l'immigration, mais l'islam quand il se fait politique et sort du cadre intime. Certes, il concerne des immigrés, mais aussi des Français convertis ou non. Je suis athée et n'ai pas pour modèle une France catholique célébrant le travail, la famille et la patrie. Je crois qu'il faudrait encore baisser le temps de travail pour mieux le partager (logique décroissante), que toute famille est là où des gens s'aiment (logique post-catholique homophile) et que la patrie est amour d'une terre qui n'exige pas les racines mais l'envie de faire communauté (logique d'immigré : ma famille est venue du Danemark avec les invasions Viking il y a mille ans…).

    N'y a-t-il pas un paradoxe à critiquer le libéralisme économique tout en revendiquant votre libertarisme sur le plan social. Les deux ne sont-ils pas liés ?

    L'étymologie de Littré nous apprend du paradoxe qu'il définit ce qui est à côté de l'opinion. Or l'opinion est faite par l'idéologie des médias de masse. Dès lors, en effet, il semble y avoir un paradoxe à se dire antilibéral et libertaire. Mais un paradoxe aux seuls yeux des victimes de l'opinion. Car l'opinion dominante dans les médias fait du marché libre l'horizon économique indépassable dans la configuration mondialisée qui est la nôtre. De même, elle fait la plupart du temps du libertaire uniquement un bobo qui veut l'amour libre, la légalisation du pétard, l'énergie renouvelable, le pain bio, le vélo dans les villes. Parfois, elle en fait aussi un casseur de vitrines cagoulé…

    Or la tradition de socialisme libertaire que je revendique s'enracine dans une pensée qui, de la Commune à LIP en passant par les communautés anarchistes de la Guerre d'Espagne, a été mutilée, ravagée, moquée par les tenants de l'idéologie dominante marxiste ou néo marxiste. Ma référence libertaire est autogestionnaire, mutuelliste, coopérative, elle renvoie à Proudhon s'il faut un nom - l'inventeur du mot anarchiste.

    Elle triomphe actuellement à bas bruit dans l'organisation alternative du capitalisme qui peut être dit libertaire : production, diffusion, distribution, organisation en réseau, loin des villes, des médias et de la visibilité organisée par les tenants du libéralisme. Elle suppose ce que le même Proudhon appelait « un anarchisme positif » loin de la récrimination et tout entier dans la construction. Je n'ai pas créé par hasard une université populaire à Caen en 2002 et une université populaire du goût ensuite ! Je crois à l'éducation populaire - donc au débat. A l'UP de Caen, par exemple, j'ai souhaité qu'une psychanalyste enseigne la psychanalyse pour que chacun puisse se faire son idée. Je ne pense pas que les freudiens en feront autant !

    La convergence, voire la complicité intellectuelle, que l'on observe entre la gauche antilibérale et certains conservateurs tout aussi hostiles au libre-échangisme mondialisé peut-elle déboucher, selon vous, sur une alternative politique?

    Non car la communauté de vue entre tous les antilibéraux sur la critique du libéralisme (Mélenchon & Le Pen par exemple) ne suffit pas à faire un programme commun de gouvernement. La communauté de vue sur ce à quoi on s'oppose n'a jamais suffi à faire quoi que ce soit pour. Cette convergence des contre peut faire tomber un gouvernement, mais elle en saurait en faire émerger un sur une ligne commune : ceux qui sont d'accord sur leurs refus ne sont d'accord en rien en matière de propositions.

    Par exemple : l'extrême gauche communie dans l'islamo-gauchisme et l'abolition des frontières, alors que Marine Le Pen met en garde contre l'Islam et veut le retour des frontières, pendant que Mélenchon et le Front de Gauche font de l'immigration une chance pour la France - ce que le patronat pense également, puisqu'il se félicite de la fin des frontières et de l'arrivée massive sur le marché du travail d'un sous-prolétariat prêt à tout pour travailler et consommer !

    Cette galaxie d'anti n'est capable que de négativité : faire tomber un gouvernement, mettre des gens dans la rue, exciter les résistances violentes au capitalisme marchand, surfer sur les vagues ressentimenteuses. Mais rien qui soit positif, hélas !

    Si la gauche non libérale était capable d'union, ce serait déjà beaucoup. Mais j'ai cessé de croire à cette illusion. Trop d'egos en jeu. Je ne crois plus à un programme commun de la gauche antilibérale auquel j'ai jadis souscrit. Dans la configuration qui est la nôtre, l'abstention va faire la loi jusqu'à ce qu'une violence donne voix et forme à ce désespoir. Mais laquelle ?   

    Propos recueillis par Alexandre Devecchio @Alex_devecch

  • Racines chrétiennes de la France : demain, jour de Noël, pas de notes sur lafautearousseau

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    Collège des Bernardins, Paris

     

    ...A l'exception des éphémérides, nous ne publions pas de notes les jours de Pâques, de l'Assomption et de Noël, manifestant par cette pause que tous les jours de l'année ne se ressemblent pas; et que nous entendons, au moins trois fois par an, manifester que nous savons qui nous sommes, ce que nous sommes et d'où nous venons :

    « Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L’élément décisif pour moi, c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs... C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne...»  Charles de Gaulle  • 

  • 24 Décembre 1914 ... Ne pas laisser Beyrouth et Damas nous échapper si l'Empire ottoman doit être partagé.

    1280px-Dome_of_the_Clocks,_Umayyad_Mosque.jpgStephen Pichon, Richepin, quelques autres continuent à faire campagne en faveur d'une intervention de l'armée japonaise achetée au prix d'une compensation à débattre. D'autre part, la censure a interdit aujourd'hui al publication, dans Paris-Midi, de l'article d'un certain Ernest Outrey, député de Cochinchine, qui protestait d'avance contre toute cession de nos territoires asiatiques aux Japonais et déclarait que faire appel au Japon pour chasser les Allemands de France serait un aveu de faiblesse, un déshonneur et un péril.

    On essaie de déterminer le gouvernement à intervenir en Syrie, à profiter de l'état de guerre avec la Turquie pour ne pas laisser Beyrouth et Damas nous échapper si l'Empire ottoman doit être partagé. Tout est prêt : il ne faudrait que cinq mille hommes de troupes africaines et coloniales, actuellement inutilisables en France à cause du froid, et dont le commandement, consulté, accorde le libre emploi : une habile combinaison politique, fondée sur l'antipathie des Arabes pour la domination turque, est mûre. Un comité arabo-syrien, sous la direction d'un petit-fils d'Abd-el-Kader, formerait un gouvernement provisoire avec l'assistance de la France. Ainsi serait respecté l'esprit indépendant des Arabes*. A ce projet, la résistance vient de Delcassé, qui, d'après certaines indications, redouterait le veto de l'Angleterre. Quoi qu'il en soit, l'occasion de prendre un gage - que l'Angleterre n'a pas perdue en proclamant son protectorat sur l'Egypte - s'offre et ne se représentera peut-être plus. Car la place qui pourra rester à la France en Orient, quelle sera-t-elle ?   

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  • LOUIS XVI 2015 !

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    « On est près du grand mouvement de l’inversion ». Lequel ? Celui qui mettra en cause la Révolution, la Révolution historique (« La terreur est dans son ADN ») mais aussi la Révolution agissant aujourd’hui. « Il y a des signes du sursaut ; des gens qui bougent ; des voix qui s’élèvent et qui parlent de plus en plus fort ». Philippe de Villiers