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MEDIAS • Il avait pour nom… Jacques Chancel ... Par Bruno Stéphane-Chambon

Chancel             

 

Jacques Chancel, de son vrai nom Joseph Jacques André Régis Crampes, était né le 2 juillet 1928, en pays bigourdan, sur le flanc des Pyrénées.

Il avait donné ses lettres de noblesse à la radio et à la télévision. A une époque où le dégueulis médiatique et l’exclusion de certains chroniqueurs impertinents sont de rigueur, comment ne pas avoir la nostalgie de ces grandes émissions qu’il avait créées et qui relevaient de l’excellence de par le choix des thèmes et des invités ?

A partir de 1968, il anima l’émission quotidienne Radioscopie sur France Inter. Depuis 22 ans, 6 826 émissions furent enregistrées ! Ces entretiens se déroulaient avec les personnalités les plus marquantes de notre époque, personnalités politiques de tous bords, grands médecins, scientifiques, artistes, musiciens et écrivains. Il est surprenant de relever la diversité des personnages qu’il recevait : de Brigitte Bardot à Henry de Montherlant, en passant par le cardinal Daniélou, d’Abel Gance à Chagall en passant par Léon Zitrone, et de Jean-Paul Sartre à Raymond Devos. Plus encore, il recevait la grande classe politique avec Jacques Duclos, Marcel Dassault, Régis Debray, le général Bigeard, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Attali, Jean-Pierre Chevènement, Jacques Chirac, Georges Marchais, Michel Poniatowski, Michel Rocard…. Le choix de ses invités était parfois ressenti comme de la provocation. Mais Jacques Chancel ne craignait ni la polémique ni la confrontation avec ses pairs : il n’hésita pas à recevoir dans son studio Lucien Rebatet ou Monseigneur Lefebvre.

Sur le petit écran, il anima de 1972 à 1989, une émission phare : Le Grand Échiquier.

Son principe ? Inviter de grandes personnalités, musiciens, chanteurs, peintres, écrivains, philosophes, historiens, scientifiques et, même, sportifs de haut niveau. L’émission de déroulait en direct sur une durée de trois heures dans un studio des Buttes Chaumont, décoré avec goût et magnificence. Le premier invité fut Yves Montand. Pour la dernière, qui eut lieu le jeudi 21 décembre 1989, ce fut le chanteur d’opéra Ruggero Raimondi. On ne saurait citer tous les prestigieux intervenants, mais on notera de façon non exhaustive leur diversité. Ainsi, grâce à ce magicien de l’audiovisuel, nous pouvions partager notre soirée en famille avec Léo Ferré, Herbert Pagani, Arthur Rubinstein, Lino Ventura, Maurice André, Alain Delon, Herbert von Karajan, Luciano Pavarotti, Ray Charles, Isabelle Adjani, Charles Trenet, Alain Prost, Bernard Hinault, François Truffaut et combien d’autres encore.

Depuis ses jeunes années, Jacques Chancel n’avait cessé d’écrire. On relèvera plus de vingt romans et essais dont, en 2001, une anthologie, La Mémoire de l’encre, les 365 plus belles pages de la littérature française.

Comment ne pas rappeler son premier roman, paru en 1950 aux éditions Catinat, L’Eurasienne (éd.Hachette littérature) qui reçut le Prix des Maisons de la Presse ? Sans oublier le message d’espoir constitué par N’oublie pas de vivre, Journal 2007-2010(Flammarion, 2011). Mais c’est aussi avec émotion que nous citerons Le Livre des listes (Olivier Orban, 1980) et Franchise postale (Mazarine, 1983) qui ont été écrits en collaboration avec Marcel Jullian, qui fut membre du Comité de parrainage de Politique Magazine.

Membre du Haut Conseil de la Francophonie, il avait été promu en 2008 commandeur de la Légion d’honneur. Passionné de cyclisme, il suivait chaque année le Tour de France et reçu en 2005 le Prix Henri Desgrange de l’Académie des sports qui est décerné à un journaliste ayant servi, par la qualité de son écriture et de ses interventions, la cause sportive.

Le 11 mars 2014, Franck Ferrand dans son excellente émission « Au cœur de l’Histoire » sur les ondes d’Europe 1, avait interviewé Jacques Chancel qui lui raconta ses souvenirs de la guerre d’Indochine regroupés dans son ouvrage La nuit attendra, édité chez Flammarion. Nous avions eu l’honneur de présenter ce livre le 9 octobre 2014, sur notre site. Correspondant de guerre à l’âge de dix-sept ans, Chancel était resté dans le sud-est asiatique, de 1950 à 1958. Cette expérience l’avait profondément marquée. Il était resté profondément attaché à ces contrées lointaines où il avait forgé des amitiés avec les grands reporters et cinéastes qui couvraient, comme lui, la tragédie qui s’y déroulait. Ils avaient pour noms, Lucien Bodard, Jean Lartéguy, Max Clos, André Le Bon, Georges Kowal, l’américain Dixie Reese, Jean Péraud et Pierre Schœndœrffer.

Ce 23 décembre 2014, à l’âge de 86 ans, Jacques Chancel vient de les rejoindre pour toujours… Le réalisateur et directeur de la photographie, Raoul Cotard, et l’héroïne Geneviève de Galard, infirmière à Dien Biên Phu, restent les derniers témoins de cette grande aventure. 

 

Politique magazine

Commentaires

  • Et bien sûr il avait reçu le Comte de Paris.

  • Et Gustave Thibon qui est venu chaque année au rassemblement royaliste des Baux de Provence, pendant plus de vingt ans.

  • Oui un grand et agréable talent. Avec quelques fois un humour bien involontaire. Il me revient une radioscopie avec le cardinal archevêque de Paris, monseigneur François Marty. Chancel lui disant en fin d’émission «Monseigneur Marty, il nous reste cinq minutes, pour Vous, qu’est ce que Dieu ? … »

  • Et Gérard Lelerc

  • Et la comtesse de Paris

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