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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1548

  • L’islam au cinéma : Qu’Allah bénisse la France – L’Apôtre – Timbuktu ... Par Danièle Masson*

     

    Qu’Allah bénisse la France : L'acteur principal Marc Zinga et le réalisateur Abd Al Malik. Source : Own work, auteur : Georges Biard

     

    A9R54B0.jpgL’islam, vocable interdit puisque ceux qui ont crié « Allah Akbar », « on a vengé le prophète », « ne sont pas des musulmans » (Joseph Macé-Scaron) et que « le terrorisme n’a pas de religion» (Jamel Debbouze), se répand généreusement au cinéma.

    Avec des traitements différents. Nous avons dû nous contenter d’un DVD pour L’apôtre, de Cheyenne-Marie Caron; faire 35 kilomètres pour voir Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako; mais Qu’Allah bénisse la France, d’Abd al Malik, était visible dans nos cinémas dès le jour de sa sortie.

    Avec quand même un avertissement, à l’entrée : « N’hésitez pas à nous prévenir s’ils chahutent ». La salle n’était occupée que par des « jeunes des quartiers » qui ont observé un silence de cathédrale pendant la projection, et chaleureusement applaudi àla fin.

    Si Allah a poursuivi sa course sans encombre, le Centre national du Cinéma a refusé de financer L’apôtre. Cheyenne a dû faire appel au mécénat privé, et son film n’a été projeté que dans une poignée de salles. En outre, la projection a été annulée à Nantes, à la demande de la DGSI, « cette projection pouvant être perçue comme une provocation par la communauté musulmane » ; quant à Timbuktu, il a été provisoirement retiré du cinéma municipal par le maire UMP de Villiers-sur-Marne « par peur des débordements après les attentats»; la compagne de Coulibaly étant originaire de Villiers. Comme quoi la liberté d’expression est à géométrie variable et le slogan « même pas peur » une autothérapie peu fiable.

     

    Qu’Allah bénisse la France

     

    Au cœur des films de Cheyenne Caron et d’Abd al Malik il y a une conversion. Régis Fayette Mikano, enfant d’immigrés noirs, grandit avec ses frères et sœurs, et sa mère, catholique, dans une cité HLM du quartier de Neuhof à Strasbourg. Très doué, il est poussé par son professeur de philo à intégrer une hypokhâgne puis l’université dans un double cursus philosophie et lettres classiques. Mais sa vocation musicale – mélange de rap, de jazz, de slam – l’entraîne, avec sa bande de frères et d’amis, pour financer ses débuts, au vol à la tire et au trafic de drogue. Le salut lui vient de l’amour de Nawel … et de sa conversion à l’islam.

    Il choisit le nom d’Abd al Malik, Malik étant la traduction arabe du latin regis : roi, et rappelant le nom prestigieux d’un calife omeyyade. Sa conversion ne pose aucun problème, le pacifie, assouvit son désir de s’en sortir par le haut, met en valeur une autobiographie hagiographique. Alors que plusieurs de ses amis meurent d’overdose, ce qu’évoque un plan fixe sur des jeunes présents à un enterrement, dont certains s’effacent de l’image, avec des noms qui apparaissent et la raison de leur mort, Malik, avec son groupe « Planète rap », s’en sort quasiment seul, grâce à Allah et à ses talents. La caméra suit quatre amis qui veulent devenir des stars, et qui traversent en file indienne, comme les Beatles, un passage piéton. Mais le spectateur comprend plus tard qu’un seul est arrivé de l’autre côté de la rue.

    Malik nous propose un modèle exemplaire d’intégration : lui-même ; mais pas d’assimilation. Nawel explique à Régis l’intégration telle qu’elle la conçoit : « On ne doit pas se sentir étranger dans notre pays, et notre pays c’est la France ». Abd al Malik confirme : « je suis une partie de la mosaïque qu’est la France». Ils ne sont pas des hôtes en France ; la France, c’est eux. D’où le caractère provocateur du titre du film : Allah pouvait-il bénir une terre non musulmane ?

     

    L’apôtre

     

    Lapotre-AffichedefHD1.jpgComme si elle était déjà terre musulmane, la France accueille aisément, malgré sa mère catholique, la conversion de Régis. Celle d’Hakim au christianisme, sur une terre jadis chrétienne, est autrement plus douloureuse, et Cheyenne Caron prend d’infinies précautions pour la faire accepter sans offenser l’islam et ses acteurs musulmans. D’ailleurs Fayçal Safi, interprète de Hakim, fait un éloge ambigu du film : « je suis musulman, la réalisatrice, une chrétienne convaincue […] Le message est fort […]

    A ma petite échelle, je parle des chrétiens martyrisés […] Avec ce film engagé, je dénonce le caractère déviant de certains extrémistes qui jouent de l’islam à des fins perfides ». L’acteur interprète donc le film comme une défense de l’islam contre le dévoiement des islamistes.

    C’est la clé des inconséquences des questions-réponses à l’oncle Rachid, qui est aussi imam, dans la salle de prière : « Peut-on épouser une non musulmane ? » Rachid passe du oui au non : juifs et chrétiens sont « gens du Livre ». Un mariage avec une non musulmane est donc licite. Mais les chrétiens sont des associateurs, et l’imam rappelle la sourate 2,217 : « L’association est plus grave que le meurtre ».

    N’empêche. Cheyenne-Marie traduit superbement la spécificité du christianisme : le pardon, l’amour désintéressé d’autrui – qui n’apparaissent jamais dans le Coran. C’est un fait réel qui a suscité le film, et la conversion d’Hakim. Un prêtre dont la sœur a été assassinée par son voisin musulman décide de rester auprès de ses parents, «pour les aider à vivre ».

    Cet acte de charité gratuite est incompréhensible pour un musulman. Même si le prêtre tente des passerelles entre islam et christianisme - « pardonne-leur et oublie leurs fautes, car Allah est bienveillant et bienfaisant », il sait que la bienveillance est à usage interne. Pour le prêtre, « la charité c’est voir Dieu dans son prochain». Pour l’imam Rachid, ce n’est pas reconnaître l’autre, mais le même : « la charité est obligatoire, dit-il, c’est un des cinq piliers de l’islam; c’est l’aumône de la rupture du jeûne, la zakat, elle est réservée à tes frères musulmans. On ne peut pas aimer qui nous fait du mal ».

    Quand Hakim annonce à sa mère (une irrésistible actrice juive) sa conversion, elle éclate de rire : « tu ne peux pas, ta mère, ta grand-mère sont musulmanes»: on naît musulman, c’est une question d’identité, où ni la liberté ni la grâce n’interviennent.

    Cette liberté des enfants de Dieu, le dénouement l’éclaire, mais demande à être décodé. Tabassé aux cris d’Allah Akbar parce qu’il est devenu apostat, Hakim détourne son frère Youssef de la vengeance, « qui ne guérit pas ». Plus tard, ils tombent dans les bras l’un de l’autre. Réconciliation fraternelle ? Mais priant chacun à sa manière, Hakim récite le Notre Père, et Youssef, en arabe, la Fatiha, première sourate du Coran: « guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru ta colère – les juifs – ni des égarés – les chrétiens».

    Ainsi résonnent ensemble le pardon des offenses et l’anathème, avant un « amen » à deux voix qui scelle l’ambiguïté.

     

    Timbuktu

     

    affiche_timbuktu.jpgLoin de l’austère noir et blanc des films de Cheyenne et d’Abd al Malik, Timbuktu offre la palette d’ocres et de bleus du désert et du fleuve, où vivent, à l’écart de Tombouctou, en une atmosphère biblique d’avant la chute originelle, quelques familles touarègues, éleveurs et pêcheurs. Aucune image du riche patrimoine pillé par les islamistes : le film a été tourné en Mauritanie sous la protection de la police mauritanienne.

    Comme L’apôtre, Timbuktu part d’un fait réel : la lapidation à mort d’un jeune couple non marié. Mais Sissako évite la violence du spectacle, et détourne le regard du spectateur sur un autre plan en parallèle: un djihadiste qui danse.

    Le thème est l’intrusion violente des islamistes dans l’harmonie d’un peuple que l’on dirait « au milieu de nulle part ». Les pickup sillonnent le village et des mégaphones interdisent la musique, le chant, le foot, ordonnent aux femmes le port du voile, des chaussettes et des gants.

    La résistance s’improvise par l’art, la poésie, la volonté des femmes de rester elles-mêmes. Les Touaregs, disait Charles de Foucauld, sont des musulmans superficiels, et la tradition touarègue est matriarcale. Ce sont les femmes qui défient les islamistes. Zabou, sorte de prêtresse venue d’Haïti, oppose son large corps drapé aux ennemis dans leurs pick-up. Une marchande de poissons tend les mains pour qu’on les lui coupe, plutôt que de porter des gants. Une autre surprise en train de chanter, reprend, sous les 80 coups de fouet qui lui sont infligés, son chant interrompu.

    Sissako, évitant le manichéisme, brouille les repères, mêle tragique et comique. La famille d’éleveurs semi-nomades, Kidane, Satima et leur fille Toya, est connectée. Elle appelle sa vache GPS et Toya utilise vainement son portable: « pas de réseau ! »

    Les djihadistes infligent à Kidane un procès islamique qui tourne à la mascarade, et s’achève par sa condamnation à mort. Mais ils sont parfois, par leurs inconséquences, plus drôles que cruels. Ils interdisent le foot mais débattent des mérites comparés de Zidane et Messi, Abdelkrim grille en cachette une cigarette et n’est pas insensible au charme de Satima.

    L’intention du cinéaste est de montrer que les islamistes, prisonniers d’un système qu’ils n’assument pas, sont instrumentalisés par des idéologues hors-sol, et que les musulmans sont leurs premières victimes. Ainsi l’imam fait battre en retraite les djihadistes qui entrent armés dans la mosquée, et leur suggère de retourner contre eux le djihad. Le djihad spirituel serait le vrai sens de l’islam. Mais qui décide du vrai sens de l’islam ?

    Restent les images superbes d’un paradis volé : un prologue en diptyque, une gazelle échappant, peut-être, aux pick-up, et des statuettes, plus animistes que musulmanes, tombant, mais pas toutes, sous le feu des islamistes. En épilogue, Toya courant dans le désert, orpheline, avec ce cri : « Où est le pardon ? Où est Dieu dans tout cela ? » Et puis la scène qui ressemble à un ballet, sur fond musical, de garçons mimant, mais sans ballon, un match de foot. Témoins sans doute, pour Sissako, que « la beauté sauvera le monde », et vaincra la barbarie.

    Saluons ces cinéastes qui, pour la première fois sans doute au cinéma, ont osé montrer, pour l’une la conversion d’un musulman au christianisme, pour l’autre les horreurs de la charia, sans éviter la violence substantielle à l’islam. Mais ils tiennent aussi à présenter des imams sympathiques, avocats d’un autre islam compatible avec la dignité humaine, avec en plus, chez Sissako, l’utopie d’une liberté et d’une beauté sans armes.

    Chez l’un et l’autre, la question de savoir si l’islamisme, loin d’être un dévoiement ou un cancer de l’islam, n’en serait pas plutôt la stricte application, reste question interdite. 

     

    * Source : Réseau Regain, dont nous persistons à conseiller la lecture (livraison de mars 2015)

     

  • Laurent Obertone : « Les Français, victimes consentantes de Big brother », entretien avec Grégoire Arnould

     

    La France Big Brother, le dernier opus de Laurent Obertone, décrit la façon dont les Français sont manipulés par la caste politico-médiatique. Paradoxalement, cette manipulation s’exerce avec leur consentement…

    Qui est Big Brother ?

    Big Brother, c’est le système qui s’exprime à travers tous les individus qui contrôlent l’expression et pensent la même chose. C’est le prêt-à-penser délivré par les faiseurs d’opinion. C’est cette « République des écrans » qui, sous couvert de liberté d’opinion, définit les limites de la pensée. Pour autant, ce système fondé essentiellement sur la collusion des politiques et des médias, fonctionne, ce qui peut paraître paradoxal, avec le consentement de ceux sur qui il s’exerce.

    Le sous-titre de votre livre dénonce justement le « conditionnement » des Français. Vous dîtes que « Monsieur Moyen », le Français moyen, se laisse volontairement manipuler…

    L’anthropologie nous enseigne que les individus ne peuvent exister seuls. Sans maître, point de salut ! Qui ne serait pas heureux et soulagé d’être déchargé de responsabilités trop lourdes à assumer ? Prenons l’exemple de la sécurité. à de rares exceptions près, une personne agressée ne peut compter que sur elle-même. Personne ne bouge pour lui venir en aide : chacun espère que son voisin va intervenir ou que la police, dont c’est le travail, va arriver… C’est l’illustration parfaite d’un conditionnement général : comme si nous étions désormais dressés à demeurer passifs en toute circonstance.

    Comment expliquez-vous cette passivité des individus face à la manipulation dont ils font l’objet ?

    Bien souvent, plus un individu prétend être libre, plus il est au contraire soumis à toute sorte de liens qui l’entravent. Et de fait, dans une démocratie, les gens se conforment à la masse et adoptent, par mimétisme, le comportement de la majorité. Cette peur de quitter le rang renvoie au syndrome de l’exclusion : la crainte, traumatisante, du jugement excluant émanant de la majorité ou du groupe dominant. La puissance médiatique symbolise par excellence ce pouvoir d’exclusion tant il est impossible et même inconcevable d’échapper au pilonnage des slogans publicitaires et des « messages » politiques – ce qui revient à peu près à la même chose. Comme ils les subissent au quotidien, les gens finissent par les adopter. C’est une question de facilité, de peur ou même de besoin d’exister. De telle sorte que le Français « moyen », celui que j’appelle « Monsieur Moyen », se retrouve, avec des millions de ses semblables, sur la place de la République à Paris en brandissant une pancarte « Je suis Charlie ». Cette uniformité de la pensée a quelque chose d’effroyablement saisissant pour un pays qui se prétend libre.

    En quoi l’affaire Charlie Hebdo est-elle particulièrement révélatrice de Big Brother ?

    Le plus frappant évidemment, c’est que l’idéologie et les individus responsables de ce désastre en sortent renforcés et qu’ils ont réussi, avec une facilité déconcertante, à retourner les faits à leur avantage. « Je suis Charlie », c’est vraiment une manipulation de masse. Ce qui prouve que pour Big Brother, l’utopie – c’est-à-dire la représentation factice de la réalité – est plus importante que les faits qui, en l’occurrence, parlaient d’eux-mêmes. D’où l’importance de la communication qui permet de réécrire le présent. Regardez les événements qui ont suivi les attentats de janvier : d’une attaque islamiste particulièrement meurtrière, on a fait une campagne contre « l’amalgame » et « l’islamophobie ». Autrement dit, Big Brother nous a expliqué qu’il a eu raison de promouvoir depuis des années le multiculturalisme, l’immigrationnisme et l’islam ! Un tel exemple de manipulation devrait être enseigné dans les écoles…

    Peut-on mettre un terme à ce conditionnement ?

    Il n’est pas certain qu’il dure éternellement, mais les gens ont tellement investi dans la société factice de Big Brother qu’il est impossible pour eux d’imaginer s’en détourner. Surtout que tout le monde y trouve son compte. Nous vivons dans une société de confort, ce qui fait de nous des êtres domestiqués. La consommation de masse signe le triomphe de Big Brother…

    Reste-t-il un peu de place pour l’espoir ?

    Le principal objectif de Big Brother c’est d’empêcher les gens de penser. Il est très difficile de prédire ce qui va se passer, mais le temps qui passe joue pour le système. En même temps, on voit de plus en plus d’auteurs et de médias dissidents exister sans lui, ou plutôt malgré lui : l’espoir est donc permis. 

     

    Dernier livre paru : la France Big brother, éditions Ring, 361p., 18 euros.

    Source : Politique magazine

  • Claude Lévi-Strauss à propos des « Valeurs de la République »

     

     

    « La révolution a mis en circulation des idées et des valeurs. On peut toutefois se demander si les catastrophes qui se sont abattues sur l'Occident n’ont pas trouvé aussi là leur origine. On a mis dans la tête des gens que la société relevait de la pensée abstraite, alors qu'elle est faite d'habitudes, d'usages, et qu'en broyant ceux-ci sous les meules de la raison, on réduit les individus à l'état d'atomes interchangeables et anonymes. »

     

    Claude Lévi-Strauss 

     

     

    De près et de loin, entretiens avec Claude Lévi-Strauss par Didier Eribon, Odile Jacob, 1988 ; rééd. 2008.

     

  • Immigration clandestine : c'est la déferlante !

     

    « Et si Raspail, avec Le Camp des saints, n'était ni un prophète ni un romancier visionnaire, mais simplement un implacable historien de notre futur ? » Jean CAU, Le Figaro, 1973. 

    Telle est, aussi la question que pose Marie Delarue dans Boulevard Voltaire, après avoir vu la photographie ci-dessus.   

    « C’est l’image la plus saisissante de cette matinée (mercredi 7 mars) : en une du Figaro, sous le titre « Immigration illégale : l’explosion », un rafiot photographié depuis le ciel sur fond de mer d’azur. Plein à craquer. À déborder. À chavirer, surtout. Une masse compacte de points colorés pour des centaines de visages tendus vers cet avion qui les survole, gage au moins de leur survie si ce n’est du succès de leur entreprise. »

    On se reportera utilement à l'article de Marie Delarue qui donne des chiffres, en pleine explosion, sur l'immigration clandestine ces deux dernières années.

    En 1973, Raspail s'était exclamé : ils arrivent ! Nous y sommes. 

       

    l'article de Marie Delarue

     

     

  • Qu'est-ce qu'être Français ? La réponse d'un Québécois

    Crédits photo : Le Figaro / Le Figaro

     

    Nous avons fait remarquer maintes fois comment les plus pertinentes critiques portées à l'encontre de la société dite moderne ou postmoderne et du Système dans lequel nous vivons, par lequel nous sommes formatés, sont principalement venues de personnalités issues de la gauche plutôt que de la droite. Faut-il qu'elles nous arrivent, aussi, du dehors ? Est-ce si difficile pour un Français quelconque de s'extraire du conditionnement ? De s'évader - pour retrouver un regard lucide et penser librement - de la France Big Brotherisée ? 

    En tout cas, pour le québécois Mathieu Bock-côté, la polémique autour du terme « français de souche » est révélatrice de la crise d'identité que traverse la France. Lafautearousseau   

     

    Le Français de souche est victime d'un vilain paradoxe: officiellement, il n'existe pas, fondamentalement parce qu'il n'existerait plus. La nation française serait tellement métissée aujourd'hui qu'on ne saurait plus discerner quelque population de souche que ce soit. Il s'agirait d'un fantasme généalogique d'extrême-droite, référant à un âge d'or révolu de l'homogénéité ethnique qui aurait en fait été un enfer. En fait, il se pourrait même qu'il n'ait jamais existé: le métissage serait la véritable loi de l'histoire et d'une époque à l'autre, il aurait imposé ses codes à la France, qui n'existerait qu'au pluriel. Le Français de souche n'aurait même jamais existé, car il n'y aurait jamais eu d'époque d'avant l'immigration de masse.

    Et pourtant, de temps en temps, sans avertir, il revient à l'avant-scène, à la manière d'un affreux personnage qui sent très mauvais et qu'on évoque publiquement pour en dire du mal. C'est ce qui lui arrivé il y a quelques jours lorsque François Hollande y a fait référence pour préciser que les barbares qui avaient profané les sépultures dans un cimetière juif n'étaient pas seulement des «jeunes» parmi d'autres, pour reprendre la formule médiatiquement convenu, mais bien des Français de souche -autrement dit, ils n'étaient ni arabes, ni musulmans, et dans ce cas, il était tout à fait pertinent de rappeler leur origine ethnique sans que personne ne hurle à l'amalgame. On peut parler du Français de souche, mais seulement pour dire qu'il est un salaud.

    La chose n'est pas nouvelle et dépasse les seules préoccupations sémantiques. Il y a plus de dix ans, on s'en souvient, s'inquiétant de la persistance de l'identité française dans un pays qu'il aurait voulu soumettre au génie de la mondialisation et de la construction européenne, Philippe Sollers s'était permis une tirade contre la France moisie. Il pensait à la France béret-baguette, gouailleuse, enracinée, celle du terroir, qui préfère la souveraineté nationale au fédéralisme européen et qui s'imagine encore qu'il faut posséder quelques rudiments de culture française pour se dire français. Plus récemment, dans le débat sur l'identité nationale qu'il avait enclenché, Nicolas Sarkozy avait dit vouloir du gros rouge qui tache, manière comme une autre de tourner en dérision ce qu'il croyait être les préjugés de la France de souche devant les étrangers.

    D'une fois à l'autre, on le verra, c'est la même logique qui se met à l'œuvre: ce qui est spécifiquement français n'existe pas, et si cela existe, c'est très mal et il faut s'en distancier, s'en séparer, s'en débarrasser pour que naisse une nouvelle France post-identitaire, post-historique et post-nationale. Au mieux, ce sera pittoresque, et alors, on transformera cela en décor pour les touristes. Mais il n'est plus possible de se représenter autrement que négativement toute forme de substrat historique spécifique à la France. La poussée à l'indifférenciation qui traverse la mondialisation fait en sorte que ce qui est spécifique à un peuple et ne se laisse pas aisément traduire dans la culture globale des droits de l'homme est connoté négativement de manière automatique.

    C'est le paradoxe de l'identité française, en fait, et un semblable raisonnement pourrait s'appliquer aux autres nations occidentales, qui sont aussi soumises à la censure de fer propre à l'idéologie multiculturaliste. On dira que la France qui mérite d'être célébrée se distingue par les valeurs de la République, mais on oublie que ces valeurs, du moins, telles qu'elles se formulent aujourd'hui, ne se distinguent pas fondamentalement des valeurs revendiquées par d'autres nations, comme l'Allemagne, les États-Unis, le Canada, le Québec ou l'Italie. Autrement dit, la France cherche à se définir par ce qu'elle n'a pas de singulier, et refoule dans des stéréotypes négatifs ce qu'elle pourrait avoir en propre.

    Qu'est-ce qui fait que la France n'est pas le Danemark? On ne trouvera pas vraiment la réponse à cette question dans le seul universalisme républicain. D'une manière ou de l'autre, et en parlant ou non du Français de souche, il faudra bien rappeler les droits de l'histoire, ou si on préfère, des cultures historiques, celles qui font que les peuples ne sont pas interchangeables, qu'ils ont chacun une personnalité singulière, qui s'exprime dans l'appropriation des paysages, dans la cuisine (il est amusant de noter que dans Soumission, la jeune Myriam, qui l'a quitté pour Israël, exprime sa nostalgie de la France en parlant des fromages! Quant à lui, Éric Zemmour, dans la tournée de promotion du Suicide français, a donné le même exemple pour parler concrètement de l'identité française), dans la chanson, dans les contes et légendes, autrement dit, dans les mœurs, dans le mode de vie. Bien évidemment, le culte de la république à la française caractérise aussi le particularisme français.

    Devenir Français, cela ne consiste pas, alors, à se contenter d'une carte d'identité comme si un pays n'était qu'une association administrative s'ouvrant à n'importe qui s'y installe, mais cela ne saurait exiger non plus le partage d'une généalogie pluri centenaire. Mais cela consiste à s'approprier une culture, à s'en approprier la mémoire, aussi, pour la faire sienne. Cela consiste à envoyer les signaux, nombreux, qui témoignent de mille manières d'une appartenance héritée ou revendiquée à un peuple, à une identité qui a noué ses fils intimes au fil de l'histoire, et qu'il serait bien triste de voir aujourd'hui se dissoudre. Nous ne pourrons pas toujours vivre dans le déni des cultures. 

     

    FIGARO VOX - Mathieu Bock-Côté     

     Mathieu Bock-Côté est sociologue (Ph.D). Il est chargé de cours à+  HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu'à la radio de Radio-Canada. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels « Exercices politiques » (VLB, 2013), « Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois » (Boréal, 2012) et « La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire » (Boréal, 2007)

  • Avocats sans défense, par Jacques Trémolet de Villers

     

    jacques%20tremolet%20de%20villers%203.jpgLes avocats de province sont en révolte. Ils défilent dans les rues, en robe, et annoncent une grève illimitée. Les réformes annoncées par Bercy ruinent la profession, changent sa nature. Paris, inconscient ou indifférent, s’en moque. Peut-être le plus grand barreau de France, déjà passablement défiguré par son nombre (plus de 20 000 avocats), n’a-t-il pas un sentiment aussi aigu de son identité ?

    Le cabinet du garde des Sceaux semble ému de l’émotion des avocats de province… mais le ministère de la Justice, face à l’économie et aux Finances, ne pèse d’aucun poids. Christiane Taubira a suffisamment à faire avec ses problèmes de surpopulation carcérale. Fraternellement, son Premier ministre lui a mis dans les pattes un parlementaire chargé d’enquêter sur la question. Façon non dissimulée de dire que le Ministère – ou « la » ministre – ne fait pas son boulot.

    Madame le garde des Sceaux « tweete ». C’est à la mode. Le Pape le fait bien. Pourquoi pas elle ? Elle tweete sur la décision d’une cour américaine qui a acquitté un policier blanc poursuivi pour avoir tué un délinquant – ou présumé délinquant – Noir. Que sait-elle du dossier ? Des circonstances ? Des débats ? De la procédure ? Quelle est sa compétence pour donner son avis ? Peu lui importe ! Elle mène son combat comme une citoyenne qui ne se sent pas bridée par son poste. Les mines effarouchées qui le lui reprochent feraient mieux de se regarder elles-mêmes. Qui, aujourd’hui, n’a pas son avis sur tout ? Pourquoi elle, qui est, de surcroît, ministre de la Justice, n’aurait-elle pas le sien qu’elle communique à ses amis ?

    Mais tout cela ne résout pas le problème des avocats qui crient, défilent, se mettent en grève sans être entendus. C’est que leurs organisations – ordres, associations, syndicats – sont sans aucun pouvoir. La démocratie réelle, en France, n’existe pas. « Le pouvoir du peuple, par le peuple, et pour le peuple » a été confisqué par les élus, eux-mêmes produits par les partis, qui forment une oligarchie proprement tyrannique. Ils décident selon leur humeur, leurs plans, leur utopie. Nous, nous pouvons toujours crier. Même à un million dans la rue, cela ne la fait pas changer d’avis. Le rouleau compresseur avance.

    Les avocats sont furieux. Les magistrats sont mécontents. Les familles sont en colère, les retraités aussi, les agriculteurs… n’en parlons pas ! Jusqu’à quand ?

    Jusqu’à ce qu’un parti… le parti des mécontents l’emporte enfin, et que ses dirigeants, élus à la magistrature suprême, et aux postes qui l’accompagnent, suivent à leur tour la même dérive… Jusqu’à…

    Ce n’est pas d’un changement de parti au pouvoir que nous avons besoin, c’est d’un changement d’institutions. Avec un état assuré de la continuité et une représentation nationale qui représente vraiment les forces toujours mouvantes de la nation. Un vrai monarque, non pas élu et provisoire mais héréditaire et continu, et une vraie démocratie libre, directe où chacun est représenté, considéré et écouté… Une société humaine, en quelque sorte.

    Source : Politique magazine

     

  • La France « Big Brotherisée » ? C'est le dossier du numéro de mars de Politique magazine, qui vient de paraître

     

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  • Ceux qui ont encore des idées dans la vraie droite ? En tout cas, Le Point ne retient aucun homme politique !

     

    Couverture du dernier numéro du Point. Symptomatique ?

  • VENDEE • Retour sur un anniversaire : Liberté, Egalité, Fraternité qu'ils disaient ! par Bernard PASCAUD*

    Vitrail commémorant le massacre du Luc-sur-Boulogne le 28 février 1794  

     

    2920517656.jpgLe massacre des Lucs-sur-Boulogne - le 28 février 1794 - est le plus célèbre et le plus important massacre perpétré par les troupes républicaines des colonnes infernales pendant la guerre de Vendée.

    Le 17 janvier 1794, la Convention avait ordonné la destruction définitive de la Vendée « afin que pendant un an, nul homme, nul animal ne trouve sa subsistance sur ce sol » dira le député Fayau. Le général Rossignol s'écrie

    « il faut faire de ce pays un désert, et le peupler de bons Républicains ».

    De cette phrase naîtra pour certains l'idée de dépopulation de la Vendée. Les preuves formelles de crimes contre l'humanité existent affirme Renée Casin, ce sont les ordres de la Convention et les rapports des généraux assassins. Elle cite le rapport de Westerman à la Convention :

    « Il n'y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre, libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l'enterrer dans les marais et les bois de Savenay suivant les ordres que vous m'aviez donnés. J'ai écrasé des enfants sous les pieds des chevaux, massacré des femmes, qui au moins pour celles là, n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas de prisonniers à me reprocher, j'ai tout exterminé…Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que par endroits ils font pyramide. On fusille sans cesse à Savenay, car à chaque instant il arrive des brigands qui prétendent se rendre prisonniers…Nous ne faisons pas de prisonnier. : Il faudrait leur donner le pain de la liberté, or la liberté n'est pas révolutionnaire. » **

    Et Turreau de Garambouville, ancien officier des troupes royales, ayant caché sa particule et une partie de son nom à la révolution, qui réside à Cholet, divise ses 2 armées de 6 divisions en 2 colonnes (24 colonnes) qui vont balayer le pays. Les ordres qu'ils donnent sont :

    « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises seront passés au fil de la baïonnette. On agira de même avec les femmes, filles et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées. Tous les villages, métairies, bois, genêts et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes. Sous 15 jours, il n'existera plus en Vendée ni maisons, ni armes, ni vivres, ni habitants… Je sais qu'il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays. C'est égal, nous devons tout sacrifier »

    Ainsi 24 colonnes marchant en même temps et dans chaque sens, devront lorsqu'elles de rencontreront, avoir fait de la Vendée :

    « un désert de terres brûlées, de chaumières détruites, de châteaux en ruines, de corps mutilés que survoleront des corbeaux et que dévoreront les loups » indiquera encore Fayau.

    Turreau prend le commandement de l'armée basée à Bressuire et devant aller d'est en ouest alors que le général Haxo est à la tête de la seconde qui viendra à sa rencontre. Les colonnes sont au départ sous les ordres des généraux Grignon, Huché, Dufour, Caffin, Amey, Charlery, Beaufranchet, Chalbos, Grammont, Cordelier, Commaire et Dalliac. Puis, au fil des maladies, des disgrâces et des remaniements, on voit ensuite se joindre à la campagne de destruction les généraux Joba, Carpentier, Duval, Cortez, Robert, Bard, Dutruy, et le chef de bataillon Prévignaud. Elles ont commencé leur œuvre le 21 janvier 1794, jour du premier anniversaire de la décapitation de Louis XVI. Elles la poursuivent jusqu'en mai 1794, quasiment quatre mois de feu et de mort…

    Turreau finit baron d'empire, et son nom est gravé sous l'Arc de Iriomphe … pour combien de temps encore ? Comme on est incapable d'expliquer et de justifier le crime, on préfère le nier et le banaliser. Le mémoricide vient achever le génocide.

    Outre les viols systématiques des femmes, ce qui n'est sans doute qu'un misérable détail parmi toutes leurs forfaitures, « ces soldats de la liberté » dépeçaient les femmes enceintes, pour en extraire les bébés avec des baïonnettes, et les planter sur des lances, qu'ils exhibaient ainsi, à cheval, comme des trophées... Les femmes ainsi avortées, servaient alors de mangeoires pour les chevaux : on substituait le bébé par du foin tout simplement... Les avorteurs d'aujourd'hui ont d'illustres ancêtres... La liste des « exactions » est longue comme un jour sans pain... On parle de dépecer encore des cadavres afin d'en extraire la peau pour en faire des pantalons sans couture... ou bien d'en extraire la graisse humaine pour la réutiliser. Aujourd'hui, les eugénistes utilisant les fœtus avortés pour en faire des substituts de goût ont d'illustres prédécesseurs. Quant aux méthodes d'extermination globale, bienvenue dans le monde moderne... Tout ce qui a été utilisé au XXIème siècle a été tenté... au XVIIIe par les révolutionnaires : la poudre est chère, donc, fusiller coûte cher et comme on tue tout le monde, il est impossible de demander de la faire rembourser par la famille comme le feront les communistes chinois. Comme en France, on n'a pas de poudre, mais on a des idées on essaie tout. D'abord, la méthode manuelle, le sabre et la baïonnette ; mais malgré l'ardeur et le zèle des suppôts de la Révolution, le rendement est minable, comme pour la guillotine... Alors, on fait intervenir les cerveaux du pays pour imaginer un avenir radieux et rentable aux fils de la Veuve... On essaie la poudre explosive, mais la maîtrise technologique n'est pas encore là : on est loin des charniers à canon de la Grande Guerre. On essaie alors le gaz, résultat identique, malgré le zèle des physiciens de la Révolution, le savoir-faire technique manque pour rentabiliser ces armes. D'autres profiteront de l'expérience… On tente aussi le poison, sans succès encore. Puisque la physique est incapable de servir, on applique le bon sens : ce sont les « noyades » de Nantes, où l'on coule des navires entiers pour noyer un maximum de personnes en même temps. Mais on perd le côté festif de la Révolution. Car on est là pour extraire le Christ de la Vendée et rayer la Vendée. Alors, on ajoute l'ignominie à la barbarie : ce sont alors les « mariés » de la Loire, où l'on associe par couple des vendéens, on les dénude, tête-bêche, et on les attache. On associe tout ce qui peut être le plus choquant : une sœur et un prêtre que l'on noie ensemble pour faire la fête ! Voilà le VRAI visage de la Révolution... le VRAI visage de la République... C'est ce visage qui surgit quand il s'agit de sauver la République...

    Oui notre pays est malheureusement divisé. Et cette division passe au plus profond de son âme ; elle date de cette époque ! La France ne trouvera pas la paix tant qu'elle ne reconnaitra pas cette faute capitale commise contre Dieu et ses propres enfants.

     

    * Président de la Restauration Nationale

    ** Les catholiques et la révolution française de Renée Casin page 100.

     

  • Discours d'Alexandre Soljenitsyne, le samedi 25 septembre 1993, aux Lucs-sur-Boulogne

    Dans ce discours, Soljenitsyne dit le mal qu'il faut penser de toute révolution. De la nôtre en particulier. Il critique ses racines idéologiques elles-mêmes, les illusions des Lumières, la devise de notre République, les « organisateurs rationalistes du bonheur du peuple »...

    On notera que tel est l'objet profond de nos analyses, dans ce quotidien lafautearousseau.

    Sur la réalité des révolutions, sur les horreurs qu'elles engendrent, sa pensée se "dédouble" dans une vision grandiose et universelle des maux que le monde a connus de leur fait, aux XIXème et XXème siècles. Il appelle de ses voeux le temps où seront érigés, en Russie, des monuments pour témoigner de cette barbarie et souhaite que les Français en fassent autant, non seulement comme objet de mémoire, mais aussi, mais surtout, comme condition d'une renaissance. 

    Soljenitsyne ouvre à notre réflexion de multiples « pistes » avec, à l'instar du pape Jean-Paul II, la force et l'autorité d'un témoin, d'une victime, en définitive victorieuse. Lafautearousseau 

     

    1021349285.jpgTexte intégral du discours prononcé par Alexandre Soljenitsyne, , aux Lucs-sur-Boulogne, le samedi 25 septembre 1993 pour l'inauguration de l'Historial de Vendée . 

    M. le président du Conseil général de la Vendée, chers Vendéens,           

    Il  y a deux tiers de siècle, l'enfant que j’étais lisait déjà avec admiration dans les livres les récits évoquant le soulèvement de la Vendée, si courageux, si désespéré. Mais jamais je n'aurais pu imaginer, fût-ce en rêve, que, sur mes vieux jours, j'aurais l'honneur d’inaugurer le monument en l'honneur des héros et des victimes de ce soulèvement.            

    Vingt décennies se sont écoulées depuis : des décennies diverses selon les divers pays. Et non seulement en France, mais aussi ailleurs, le soulèvement vendéen et sa répression sanglante ont reçu des éclairages constamment renouvelés. Car les événements historiques ne sont jamais compris pleinement dans l'incandescence des passions qui les accompagnent, mais à bonne distance, une fois refroidis par le temps.

    Longtemps, on a refusé d'entendre et d'accepter ce qui avait été crié par la bouche de ceux qui périssaient, de ceux que l'on brûlait vifs, des paysans d'une contrée laborieuse pour lesquels la Révolution semblait avoir été faite et que cette même révolution opprima et humilia jusqu'à la dernière extrémité.

    Eh bien oui, ces paysans se révoltèrent contre la Révolution. C’est que toute révolution déchaîne chez les hommes, les instincts de la plus élémentaire barbarie, les forces opaques de l'envie, de la rapacité et de la haine, cela, les contemporains l'avaient trop bien perçu. Ils payèrent un lourd tribut à la psychose générale lorsque le fait de se comporter en homme politiquement modéré - ou même seulement de le paraître - passait déjà pour un crime.            

    C'est le XXème siècle qui a considérablement terni, aux yeux de l'humanité, l'auréole romantique qui entourait la révolution au XVIIIème. De demi-siècles en siècles, les hommes ont fini par se convaincre, à partir de leur propre malheur, de ce que les révolutions détruisent le caractère organique de la société, qu'elles ruinent le cours naturel de la vie, qu'elles annihilent les meilleurs éléments de la population, en donnant libre champ aux pires. Aucune révolution ne peut enrichir un pays, tout juste quelques débrouillards sans scrupules sont causes de mort innombrables, d'une paupérisation étendue et, dans les cas les plus graves, d'une dégradation durable de la population.

    Le mot révolution lui-même, du latin revolvere, signifie rouler en arrière, revenir, éprouver à nouveau, rallumer. Dans le meilleur des cas, mettre sens dessus dessous. Bref, une kyrielle de significations peu enviables. De nos jours, si de par le monde on accole au mot révolution l'épithète de «grande», on ne le fait plus qu'avec circonspection et, bien souvent, avec beaucoup d'amertume.

    Désormais, nous comprenons toujours mieux que l'effet social que nous désirons si ardemment peut être obtenu par le biais d'un développement évolutif normal, avec infiniment moins de pertes, sans sauvagerie généralisée. II faut savoir améliorer avec patience ce que nous offre chaque aujourd'hui. II serait bien vain d'espérer que la révolution puisse régénérer la nature humaine. C'est ce que votre révolution, et plus particulièrement la nôtre, la révolution russe, avaient tellement espéré.

    La Révolution française s'est déroulée au nom d'un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. Mais dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s'exclure mutuellement, sont antagoniques l'une de l'autre! La liberté détruit l'égalité sociale - c'est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l'égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n'est pas de leur famille. Ce n'est qu'un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la véritable fraternité. Elle est d'ordre spirituel. 

    1630734882.jpgLa liberté et l'égalité s'excluent mutuellement. Et, en guise de fraternité, la Convention pratiqua le génocide !...

    Au surplus, à ce slogan ternaire, on ajoutait sur le ton de la menace : « ou la mort», ce qui en détruisait toute la signification. Jamais, à aucun pays, je ne pourrais souhaiter de grande révolution. Si la révolution du XVIIIème siècle n'a pas entraîné la ruine de la France, c'est uniquement parce qu'eut lieu Thermidor.

    La révolution russe, elle, n'a pas connu de Thermidor qui ait su l'arrêter. Elle a entraîné notre peuple jusqu'au bout, jusqu'au gouffre, jusqu'à l'abîme de la perdition. Je regrette qu'il n'y ait pas ici d'orateurs qui puissent ajouter ce que l'expérience leur a appris, au fin fond de la Chine, du Cambodge, du Vietnam, nous dire quel prix ils ont payé, eux, pour la révolution. L'expérience de la Révolution française aurait dû suffire pour que nos organisateurs rationalistes du bonheur du peuple en tirent les leçons. Mais non ! En Russie, tout s'est déroulé d'une façon pire encore et à une échelle incomparable.           

    De nombreux procédés cruels de la Révolution française ont été docilement appliqués sur le corps de la Russie par les communistes léniniens et par les socialistes internationalistes. Seul leur degré d'organisation et leur caractère systématique ont largement dépassé ceux des jacobins. Nous n'avons pas eu de Thermidor, mais - et nous pouvons en être fiers, en notre âme et conscience - nous avons eu notre Vendée. Et même plus d'une. Ce sont les grands soulèvements paysans, en 1920-21. J'évoquerai seulement un épisode bien connu : ces foules de paysans, armés de bâtons et de fourches, qui ont marché sur Tanbow, au son des cloches des églises avoisinantes, pour être fauchés par des mitrailleuses. Le soulèvement de Tanbow s'est maintenu pendant onze mois, bien que les communistes, en le réprimant, aient employé des chars d'assaut, des trains blindés, des avions, aient pris en otages les familles des révoltés et aient été à deux doigts d'utiliser des gaz toxiques. Nous avons connu aussi une résistance farouche au bolchévisme chez les Cosaques de l'Oural, du Don, étouffés dans les torrents de sang. Un véritable génocide.     

    En inaugurant aujourd'hui le mémorial de votre héroïque Vendée, ma vue se dédouble. Je vois en pensée les monuments qui vont être érigés un jour en Russie, témoins de notre résistance russe aux déferlements de la horde communiste. Nous avons traversé ensemble avec vous le XXème siècle. De part en part un siècle de terreur, effroyable couronnement de ce progrès auquel on avait tant rêvé au XVIIIème siècle. Aujourd'hui, je le pense, les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire la résistance et le sacrifice de la Vendée.  Alexandre SOLJENITSYNE 

     

    GRANDS TEXTES I

    Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants" (Album Lafautearousseau)

     

  • L'ACTUALITE POLITIQUE ET LA SITUATION DE LA FRANCE : Ce sera le thème du prochain Café actualités d'Aix en Provence avec Hilaire de Crémiers ... Et c'est ce soir

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    Les inquiétudes sont multiples, et la réalité trop souvent occultée ou présentée de manière à orienter et manipuler l’opinion : Faillite financière et économique, Grèce, antichristianisme délirant, politique étrangère, Ukraine…. Autant de sujets qui méritent d’être abordés autrement.
     
    C’est à cet exercice que se livrera : Hilaire de Crémiers. 
  • Message d'un lecteur qui nous tresse d'excessives couronnes ... qui font tout de même plaisir !

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    Bonjour à tous les merveilleux collaborateurs & les petites mains de la Faute à Rousseau.  

    Comme dirait Stromae, VOUS ETES TOUT SIMPLEMENT FORMIDABLES ...

    Véritable plaisir pour les yeux, la nouvelle formule est véritablement IRRÉSISTIBLE  ...

    J'en profite pour saluer tout particulièrement l'AMI FRANCOIS DAVIN ...

    « IL EST DES LIEUX OU SOUFFLE L'ESPRIT ». A. L. 

  • Qui sont les gugusses ? par Louis-Joseph Delanglade

     

    Sachant ce qu’ont donné les interventions « occidentales » en Irak  et en Libye notamment, il n’est pas surprenant mais plaisant d’entendre les réactions du microcosme politique et médiatique parisien au bref voyage effectué à Damas par quatre parlementaires français. M. Assad étant considéré comme un pestiféré, la condamnation a été sans appel, MM. Valls (« une faute morale ») et Hollande (« une rencontre […] avec un dictateur ») se retrouvant une fois de plus d’accord avec M. Sarkozy (« quatre gugusses »). Pourtant, tranchant avec la ridicule désinvolture de l’un et la pitoyable moraline des autres, les propos de M. Assad, rapportés par l’agence Sana, sont marqués au coin du bon sens :« la lutte anti-terroriste exige une véritable volonté politique et une ferme conviction que ce danger menace tout le monde […] la Syrie a toujours favorisé la coopération entre les pays car elle constitue le meilleur moyen de freiner l’expansion du terrorisme ».  

    En bon petit soldat de la bien-pensance, M. Guetta explique doctement (France Inter, vendredi 27), après une présentation intelligente de la situation, pourquoi il faut persévérer dans une politique d’hostilité au régime de M. Assad. Il a bien évidemment raison de souligner que la Syrie est devenue un enjeu stratégique dans la lutte opposant chiites et sunnites. Mais il veut croire que M. Assad n’est plus qu’une sorte de jouet entre les mains de l’Iran et du Hezbollah. C’est oublier un peu vite que son régime garde la confiance de nombreux sunnites et de toutes les minorités (les alaouites, les chrétiens, les druzes, les kurdes) et qu’il représente, qu’on le veuille ou pas, la réalité du pouvoir politique établi à Damas. En fait, quand il évoque un « compromis » entre sunnites et chiites, M. Guetta veut surtout continuer à croire que serait possible une sorte de troisième voie - ouverte par une prétendue opposition éclairée et démocratique - ce qui relève davantage du fantasme (à l’image des délires de M. Lévy) que du réalisme politique. 

     

    M. Védrine, rappelant l’évidence (« c’est une guerre civile, avec des arguments pour et contre, dans tous les sens ») avait prévenu (RFI, août 2013) qu’« il n’y a pas de bonne solution ». Dès lors, et n’en déplaise à M. Guetta, mais aussi à MM. Valls, Hollande et Sarkozy, il faut choisir le moindre mal. Il est évident que nous n’aurions rien à gagner à la disparition du régime alaouite au profit d’un régime ouvertement sunnite qui déséquilibrerait un peu plus la région et pourrait constituer un allié supplémentaire des diverses factions de l’islamo-terrorisme. Or, comme le dit fort justement M. Girard (Le Figaro, vendredi 27), « la position française est intenable car elle ne prend pas en compte la notion d'ennemi principal »: notre ennemi principal, c’est quand même bien celui contre lequel nous dirigeons nos frappes aériennes, celui que, jusque sur notre sol, nous considérons comme une menace justifiant le déploiement de milliers de soldats. 

    Ceux qui, croyant benoîtement au mythe des printemps arabes, ont fait de M. Assad l’ennemi qu’il n’est pas, ceux-là en vérité sont des gugusses.