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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1548

  • Hollande à l'endroit et à l'envers

    Cliquez deux fois sur l'image ci-dessous, pour l'agrandir; ensuite, lisez le texte normalement puis, arrivé à la dernière ligne, relisez le texte à l'envers, de bas en haut, en commençant par la dernière ligne pour terminer par la première : vous serez, effectivement, surpris, et amusé, même si, de fait, ce n'est pas drôle du tout !...

     

    HOLLANDE DE BAS EN HAUT.jpg

  • Et pourquoi pas la maison de Maurras dans le réseau des "Maisons des Illustres" ?

    maisons des illustres.jpgMardi dernier, en fin d'année 2014, nous reprenions le souhait de voir Jacques Bainville "pléiadé" (comme disait Céline...). Aujourd'hui, en ce début d'année 2015, nous reprendrons un autre voeu que nous avons déjà formulé dans ces colonnes, et qui concerne, cette fois-ci, la très belle maison de Charles Maurras, Chemin de Paradis, à Martigues...

    C'était juste après la magnifique journée d'hommage organisée "chez lui", le 1er septembre 2012, pour le 60ème anniversaire de sa mort par l'Association des Amis de la Maison du Chemin de Paradis. A la suite de notre compte-rendu (I, II, III, la vidéo de la partie II permettant de retrouver Jean-François Mattéi et sa magistrale analyse des neuf contes du livre de Maurras : Le Chemin de paradis.), Claude Bourquard, journaliste au Dauphiné Libéré avait pris contact avec nous pour savoir si nous accepterions de répondre à quelques unes de ses questions sur Maurras et sur sa Maison, ce que nous avons, évidemment accepté. On trouvera en Note l'intégralité de la teneur de notre entretien avec Georges Bourquard, portant sur les trois questions qu'il nous avait lui-même proposées, ainsi que quelques informations sur l'état actuel de la maison, du jardin et sur les travaux en cours, lancés par la Mairie de Martigues. Nous remettrons simplement ici, en clair, la réponse à sa dernière question, qui est la plus "facile" et la moins "politique" des trois :

    * Vous autres, royalistes, qu'aimeriez-vous voir en ce lieu ? Cette maison, qui vous est si chère, que souhaiteriez-vous la voir devenir ?
     
    Nous avons d'abord rappelé à notre interlocuteur que, désormais, depuis 1997, et conformément au vœu formellement exprimé par Maurras, "sa" maison de Martigues a été donnée à "sa" chère ville de Martigues ("Mon Martigues plus beau que tout" écrit-il dans l'un de ses plus beaux poèmes, Où suis-je ?).
     
    Maurras avait d'ailleurs réglé lui-même, dans les détails, cette donation, faisant même le compte de sièges que devraient occuper les différents partis (MRP, Socialiste, Communiste...) dans le Conseil d'administration !
     
    C'est Jacques Maurras, son neveu, qui remit les clés de la maison au maire de l'époque, Paul Lombard, qui, non seulement accepta la donation, mais vint en personne à la réception donnée dans le jardin, et prononça pour l'occasion un discours de remerciement aimable, et même chaleureux, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques
    Maurras.
     

    08 et 09.2012 066.JPG

     
    La "maison du Chemin de Paradis" appartient donc à la ville de Martigues, depuis que son maire, communiste mais en l'occurrence martégal avant tout, a accepté le don
    de Charles Maurras, motivé - pour reprendre son expression - par son "patriotisme municipal".
     
    Nous ne pouvons donc évidemment, en aucune façon, nous substituer en quoi que ce soit
    à la Mairie de Martigues, doublement légitime propriétaire des lieux : légitime par la possession du titre de propriété, et légitime par la volonté expresse de Charles Maurras. Et nous ne pouvons en rien nous attribuer l'une quelconque de ses prérogatives.
     
    Nous ne pouvons avoir qu'un souhait, mais il est très fort: que la paix et la sérénité reviennent, enfin, sur Charles Maurras et sur cette maison. Personne n'imagine ni ne souhaite - et nous pas plus que quiconque - que cette maison devienne une sorte de centre de diffusion des idées royalistes.
     
    Mais, oui, nous souhaitons fortement qu'elle devienne, à l'instar de la bonne centaine d'autres existant en France, l'une de ces Maisons des Illustres qui fleurissent dans tout le pays. Un lieu de calme, voué à l'étude, à la recherche, à la connaissance ou, tout simplement, pour ceux qui y viendraient, à la découverte d'une parcelle de notre patrimoine, à travers la visite de la maison et du jardin d'un grand poète, d'un penseur, d'un homme d'action...
     
    Nous souhaitons que Martigues retrouve son Académicien, dont elle est privée, du moins dans la sphère "officielle", depuis plus d'un demi- siècle.
     
    Nous souhaitons que ce lieu soit rendu à l'Intelligence, au savoir, à la poésie, dans le dépassement de toute polémique, vaine et dépassée.
     
    Qu'elle soit ouverte à tous, en permanence, chacun se faisant, évidemment, comme partout ailleurs, sa propre opinion par lui-même, après l'avoir visitée.
     
    Et qu'ainsi, elle vive, qu'elle rayonne, à la façon, par exemple, de la maison de Chateaubriand :
     
    Serait-ce trop demander ?...
     

    maurras maison en entrant.jpg

     

    (1) : Juste quelques informations concernant les travaux actuellement en cours dans la Maison...

    * Les travaux de mise hors d'eau complète de la maison ont débuté; s'agissant d'un monument historique, la restauration est faite "à l'ancienne" (matériaux et techniques de pose), ce qui est un gage de qualité évident. On pourra, ensuite, passer au reste de la maison, mais - chacun le comprend - la réfection totale de la toiture est absolument prioritaire. Le montant des travaux pour la seule toiture est de plusieurs centaines de milliers d'euros...

    * La restauration des livres de la bibliothèque a également débuté : étant donné le nombre d'ouvrages qu'elle contient, et les problèmes d'infestation de termites qu'a connu il y a quelques temps l'ensemble de la ville de Martigues (bâtie "non pas au bord de la mer, mais dans la mer", comme le disait Alexandre Dumas), ce sera long, mais, du moment que cela a commencé...

    * Le jardin est dans un état globalement satisfaisant. Sauf un arbre arrivé en fin de vie, et qu'il faudra bien remplacer, l'ensemble des végétaux se portent bien, et même très bien pour certains; la plupart des cyprès sont beaux, quelques un superbes; même chose pour les lauriers-roses, les oliviers et "le myrte fidèle"; seuls manquent les rosiers, totalement disparus : les replanter sera la chose la plus aisée, la plus rapide et la moins onéreuse à réaliser... Il faudra aussi "reprendre" les inscriptions des stèles et du Mur des Fastes, dont certaines commencent à devenir difficilement lisibles...Un seul regret : la restauration du puits, si le crépi a probablement conforté l'ensemble, est manifestement d'un goût surprenant, mais bon...

     

    (2) : On peut lire ici notre entretien avec Georges Bourquard : rien à modifier, seuls sont à changer les chiffres de fréquentation de notre quotidien, qui ont augmenté - depuis ce jour-là - de plus de 25% pour les Visiteurs uniques mensuels, passant de 16.000 à l'époque à 21.000 aujourd'hui; et de 50% pour les connexions, passant de 30.000 mensuelles à l'époque à 45.000 aujourd'hui...)

  • Alexandre Soljenitsyne : Le déclin du courage et les béquilles juridiques ...

     17427_une-soljenitsyne.jpg

     

    « Le déclin du courage est ce qui frappe le plus un regard étranger dans l'0ccident d'aujourd'hui. Le courage civique a déserté non seulement le monde occidental dans son sens noble, mais même chacun des pays qui le composent, chacun de ses gouvernements, chacun de ses partis, ainsi que, bien sûr, l’ONU. (…) Une société qui s'est installée sur le terrain de la loi sans vouloir aller plus haut n'utilise que  faiblement les facultés les plus élevées de l'homme. Lorsque toute la vie est pénétrée de rapports juridiques, il se crée une atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l‘homme. Et face aux épreuves du siècle qui menacent, jamais les béquilles juridiques ne suffiront à maintenir les gens debout. » 

     

    Alexandre Soljenitsyne 

    Harvard, juin 1978

  • 1er janvier 2015 !

    houx.jpg

  • En hommage et en témoignage d'amitié à notre ami, Jean-François Mattéi

    C'était le 24 mars dernier. Dès qu'il fut hospitalisé, nous savions que notre ami Jean-François Mattéi était dans un état très grave. Le lundi suivant, nous apprenions son décès. Dès le lendemain, mardi, nous publiions la courte note d'hommage qu'on lira ou re-lira ci-après. 

    Mais nous ne voulons pas que cette année civile s'achève sans manifester publiquement, une nouvelle fois, notre attachement à notre ami, et sans redire à nouveau combien nous avons conscience de tout ce que nous lui devons, de tout ce qu'il nous a laissé.

    A la fin d'un de nos Cafés politiques, dont il était l'intervenant, je lui avais demandé s'il accepterait d'écrire dans lafautearousseau : il accepta l'idée avec un réel plaisir - car il lisait et il aimait lafautearousseau... - mais il me prévint que, avec son emploi du temps surchargé, il m'enverrait ses papiers d'une façon irrégulière. Et, de fait, la maladie, plus que l'emploi du temps effectivement surchargé, l'empêcha de nous envoyer plus d'un article : on le relira ci-après, précédé du petit logo que nous avions imaginé, pensant évidemment que celui-ci nous servirait plus d'une fois !... 

    Ce sera notre façon à nous de clôturer cette année, en rappelant une amitié d'esprit qui, elle, ne se termine pas... et en nous redisant, à son sujet, la belle épitaphe de Platon à la mort de Dion : "La mémoire de sa vie en compense presque le deuil"...

    François Davin

     

    "Non omnis moriar..." : Jean-François Mattéi vient de nous quitter...

    MATTEI.jpg

    "Eadem velle, eadem nolle, ea est vera amicitia" : entre Jean-François Mattéi et nous, c'était bien sûr l'amitié d'esprit qui régnait. Mais pas seulement, et beaucoup plus : pour certains, l'amitié personnelle remontait même aux premières années, à l'époque de l'enfance et de la jeunesse dans cette ville d'Oran, dans cette Algérie où il était né...

    En ce moment pénible, on ne peut, simplement, que lui dire "A Dieu" et, aussi "Merci". Oui, "Merci" car, s'il fut un ami fidèle, qui jamais ne déçut ni ne fit défaut, il fut aussi un Maître, et il nous enseigna... 

    Avec ses leçons, c'est l'image de son sourire franc et chaleureux que nous voulons garder au moment où, nous associant à la douleur des siens, nous présentons à son épouse Anne, à ses trois enfants et à ses petits-enfants, nos condoléances les plus sincères.

    "Le meilleur d'entre nous subsiste, lorsque le matériel disparaît tout entier" (Charles Maurras).

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  • 31 Décembre 1914 ... Comme j'écrivais ces lignes, l'aiguille des pendules a franchi minuit ...

    L'année s'achève. Et qui ne fera son compte, sa récapitulation, ce soir ? Guillaume II à son quartier-général, qui est, dit-on, Mézières, nos ministres dans leurs palais fragiles, les soldats dans leurs tranchées, à leur foyer les femmes et les mères... Cinq mois d'une guerre dont on ne saurait entrevoir la fin, des événements qui, selon la coutume de tous les grands événements de ce monde, ont trompé les calculs les plus savants, tourné contre l'attente de tous. La France est encore envahie mais Paris est inviolé, en sûreté complète. Les Russes ne sont pas arrivés à Berlin pour la Noël, mais les Autrichiens sont chassés de Belgrade. Qui oserait, après cela, oser une prophétie ?...

    Cependant ce jour-ci incite à tenter de lire l'avenir. On se défend mal de pronostiquer. Et des faits accomplis, de la situation générale, de l'avis, du sentiment donné par tels ou tels qui ont pris part aux batailles, qui ont éprouvé le fort et le faible de l'ennemi, voici ce qu'après réflexion mûre il est peut-être permis d'induire. Voici ce qu'on croit entrevoir... 

    D'ores et déjà - on peut dire depuis la victoire de la Marne - l'entreprise de l'Allemagne a échoué : c'est un fait qu'elle-même ne discute plus. L'écrasement de la France, l'anéantissement de la "méprisable petite armée du général French", comme a dit l'empereur Guillaume, étaient la condition préalable et nécessaire d'une grande victoire sur la Russie. L'Allemagne ne peut plus gagner la partie, et son mot d'ordre, celui que le Kronprinz, Von Kluck et les autres chefs ont donné pour Noël à la nation allemande, c'était celui de la France au mois d'août : résister, tenir. 

    Quelle résistance peut fournir maintenant l'armée allemande ? Voilà la question.

    Un pays qui est capable d'efforts pareils à ceux que l'Allemagne a fait jusqu'ici, un pays qui depuis cinq mois soutient sur deux fronts une rude guerre, qui tient tête à une coalition géante, ce pays-là peut sans doute mener loin ses ennemis. La grande machine de guerre allemande est encore sur pied. La masse de la population allemande est dans un état d'esprit qui permet aux dirigeants de compter sur des sacrifices durables. De ces dirigeants eux-mêmes, il serait fou d'escompter une défaillance. Leur volonté restera tendue jusqu'au bout. Ils ont eu manifestement quelques faiblesses : quand les Anglais leur ont déclaré la guerre, quand Guillaume II a dégarni le front ouest pour sauver Koenigsberg. Erreurs diplomatiques, erreurs militaires, ils ont tout de suite travaillé à les réparer. Ils ont ne eux-mêmes la conviction que l'Allemagne est indestructible. Tant que cette conviction ne les aura pas abandonnés - et il faudrait pour cela des revers formidables - il n'y a pas à attendre que l'Allemagne officielle, armature du peuple allemand tout entier, vienne à mollir.

    Mais cette même Allemagne officielle, elle sait aussi qu'elle ne peut plus compter sur une paix plus favorable que celle qu'elle arracherait en ce moment à la lassitude des alliés. Elle a trahi sa pensée secrète en faisant des ouvertures à la Belgique, à la France, on dit même à la Russie. Traiter tandis que ses armées occupent presque tout le territoire belge, plusieurs grandes villes et un large morceau du territoire français, tandis que les Russes sont encore contenus en Pologne, elle sait bien qu'elle ne peut pas obtenir une situation meilleure, que cette situation même ne peut plus être améliorée. Quand l'Allemagne parle du million d'hommes qu'elle jettera de nouveau contre nous au printemps, elle sait bien que ces hommes-là ne vaudront pas ceux qui étaient partis au mois d'août. L'idée profonde de l'Allemagne, c'est qu'elle a fait partie nulle. Tout son effort tend à obtenir que cette idée devienne celle de ses adversaires.

    Quant à nous, la tâche qu'il nous reste à accomplir rets lourde, la route est longue. Chasser l'envahisseur du territoire, on pensait, après la victoire de septembre, que ce serait une affaire de semaines. Quatre mois se sont écoulés. Nous "progressons", mais pas à pas, ligne à ligne. Nous faisons toujours el siège (c'est un vaste siège : un état-major a demandé l'autre jour à Paris, d'urgence, un traité de Vauban), nous faisons le siège des fortifications que l'ennemi a construites sur notre sol et même celui des forteresses inutilisées par nous lorsque l'invasion s'est produite et que l'envahisseur a su rendre formidables : Laon, Reims, Maubeuge aussi peut-être... Les difficultés à vaincre sont immenses, on en peut se le dissimuler. Il y a trois jours, L'Echo de Paris, non sans dessein d'instruire et peut-être d'avertir le public, en donnait cette idée :

    "Dans cette guerre de positions, les Allemands ont fortifié leurs abris et tranchées avec les derniers perfectionnements, tant au point de vue de l'attaque que de la défense. Les engins les mieux appropriés à ces sortes de combats, ils les ont, et à foison. Rien ne leur manque. Ils ont les gros et petits projecteurs utilisés pour les combats de nuit et alimentés par des dynamos très puissantes . Il sont des fusées éclairantes. Ils ont de véritables engins de place montés sur affûts; ils ont des lance-bombes dernier modèle qu'ils appellent "Minenwerfer" (autrement lance-mines) de 245 millimètres. Ils se servent encore de canons de 50 millimètres protégés par des coupoles cuirassées, et de canons-révolvers de 57 millimètres."

    Ainsi, faute de mieux, les Allemands s'efforcent d'éterniser le combat. Est-ce-à-dire qu'il sera éternel ? Pas du tout. Le commandement français se flatte, d'approche en approche, d'arriver à conquérir sur certains points (plateau de Craonne par exemple, je pense) des positions, des crêtes, des hauteurs, d'où notre artillerie rendra les tranchées allemandes intenables. Alors on ne "progressera" plus, on avancera. Jusqu'où ? C'est une autre affaire. Le chemin de l'Aisne et de l'Yser à la Meuse et au Rhin, le chemin est long, et les Allemands ont eu le loisir de préparer, aux endroits favorables, de nouvelles lignes de défense. Faudra-t-il recommencer la même lutte ?

    Il semble que le commandement français, s'il le pense, ne s'en effraie pas. Il fait, au vu et au su d'éléments militaires qui ne sont nullement priés de garder le secret (peut-être même au contraire), des préparatifs pour une campagne sur le territoire allemand. Mais n'est-ce pas ce qu'il doit faire ? N'est-ce pas, tant que le gouvernement français est résolu à tenir "jusqu'au bout", son devoir étroit de prévoir l'écrasement de l'ennemi, de faire espérer la victoire complète à l'armée et à l'opinion ?

    Eh bien ! surtout chez les combattants (certes je ne dis pas chez tous), une idée forte, une idée qui s'enfonce, c'est que la guerre est virtuellement finie : c'est que, lorsque les armées qui sont entrées en campagne avec leurs cadres, leur matériel, leur entraînement, se sont battues plusieurs mois et se sont usées, le résultat est acquis, rien d'essentiellement nouveau ne peut plus survenir : c'est qu'il y  a dès maintenant chose jugée, c'est que nous ne pourrons faire beaucoup plus que ce que nous avons déjà fait et que c'est très beau, c'est que la guerre se terminera sans solution décisive - avec une Allemagne humiliée, sans doute, mais non vaincue - par une paix qui ne changera rien d'essentiel à l'état de choses préexistant. Il a fallu la guerre de Trente Ans pour mettre à bas l'ancienne Allemagne. Comment en quelques mois se flatter d'anéantir l'Empire le plus formidablement préparé à la guerre qui ait surgi dans les temps modernes, de l'abattre sans reprendre haleine ? Sans doute cette opinion ne tient pas compte des évènements qui peuvent se produire : intervention de l'Italie, de la Roumanie, paix séparée de l'Autriche. Mais d'autres évènements, moins heureux, peuvent survenir aussi... Ceux qui sont dans cet esprit (je répète que ce sont le plus souvent ceux qui, par le contact des armes, ont acquis le sentiment que, d'Allemagne à France, les forces se font équilibre et que cet équilibre ne saurait être rompu, essentiellement du moins, à notre profit), ceux-là définissent la paix future une "côte mal taillée". Le mot s'est répandu. De divers côtés, je l'ai entendu dire. Et ceux qui le répètent ne le désirent pas, ne se cachent pas que ce serait pour notre pays une catastrophe, qu'il importe d'éviter, au moins d'atténuer par une persistance courageuse.

    Car, dans cette hypothèse, chacun rentrant chez soi après cette vaine débauche de vies humaines, cette consommation d'énergies et de richesses, la carte de l'Europe étant à peine changée, les problèmes irritants demeurant les mêmes, on se trouve conduit à prévoir une période de guerres nouvelles où l'Allemagne humiliée, mais puissante encore et prompte à réparer ses forces, où l'Angleterre tenace, où les nationalités insatisfaites engageraient de nouveau le monde.

    Cet avenir, est-ce celui auquel il faut s'attendre ? Comme j'écrivais ces lignes, l'aiguille des pendules a franchi minuit. Que de rêves se forment sans doute, sur les champs de bataille, aux foyers des absents, d'une Europe affranchie, d'une paix longue et sûre pour 1915. Bienfaisante illusion : y attenter serait un crime. C'est en secret que l'on confie au papier de pareils doutes. Que l'espèce humaine s'endorme donc, dans la croyance que les choses obéissent aux voeux des hommes; qu'elle s'imagine conduire quand elle subit. Misereor super turbam, est le grand mot sur lequel doit se clore cette année 1914, où les peuples se sont déchirés en vertu de  causes lointaines, d'un passé presque oublié, de responsabilités héritées des ancêtres, et de forces obscures à peine connues d'eux-mêmes et qu'eux-mêmes pourtant auront déchaînées... 

  • Et pourquoi pas Bainville dans La Pléiade ?

    BAINVILLE LE MEILLEUR.jpgLe titre de cette note rappellera certainement quelque chose aux lecteurs réguliers de notre quotidien, puisque nous posions exactement la même question, dans ces colonnes, le 10 février 2013. C'était un mois après la parution, dans Le Figaro magazine, d'un remarquable article de Raphaël Stainville, sur la non moins remarquable collection de La Pléiade.

    Nous relançons cette même idée, aujourd'hui, au moment de conclure notre évocation de la Guerre de 14 avec Jacques Bainville et son Journal 1914-1915 / La Guerre démocratique. Ce fut notre façon de commémorer cet évènement immense, et vous avez été nombreux à nous faire savoir, par différents canaux, que cette idée vous paraissait bonne.

    Demain, vous lirez donc la dernière de ces notes pour l'année 1914, la plus longue aussi puisque Bainville y récapitule, en quelque sorte, les débuts et les premiers mois de la Guerre : "...Comme j'écrivais ces lignes, l'aiguille des pendules a franchi minuit.." y écrit-il. Dans l'ensemble de ses notes, on a pu percevoir la justesse de ses vues, la profondeur et la pertinence de ses analyses; mais dans celle de demain, sans la dévoiler entièrement ici, bien sûr, on ne peut qu'être frappé par son intelligence des choses - au sens étymologique du terme - pour le présent et surtout pour l'avenir; par son esprit de déduction et de logique; par la sûreté de son jugement.

    S'il s'agissait d'un film fantastique, le cinéaste pourrait prétendre que son héros a vu - "de ses yeux, vu" comme le dirait Molière... - l'avenir de la France, de l'Allemagne et de l'Europe (et du monde). Mais, là, avec Bainville, point de boule de cristal ni de marc  de café, ni de "science des tarots" (comme il aimait à s'en moquer...) : uniquement une intelligence vaste et puissante. Nous pouvons être fiers, nous, royalistes, d'avoir compté dans nos rangs celui qui, sans conteste, est l'un des très grands historiens de toute l'histoire de l'Humanité. Comment ne pas être frappé, stupéfait même par ce court passage de la note de demain, dans lequel, quatre ans même avant la fin de la guerre - cette guerre que le Régime n'avait su ni éviter, ni préparer... - et quatre ans avant le désastreux Traité de Versailles, tout est annoncé, prévu, décrit ? :

     

    Eh bien !... une idée qui s'enfonce, c'est que la guerre se terminera sans solution décisive - avec une Allemagne humiliée, sans doute, mais non vaincue - par une paix qui ne changera rien d'essentiel à l'état de choses préexistant. Il a fallu la guerre de Trente Ans pour mettre à bas l'ancienne Allemagne. Comment en quelques mois se flatter d'anéantir l'Empire le plus formidablement préparé à la guerre qui ait surgi dans les temps modernes, de l'abattre sans reprendre haleine ?... Ceux qui sont dans cet esprit... ceux-là définissent la paix future une "côte mal taillée"... Et ceux qui le répètent ne le désirent pas, ne se cachent pas que ce serait pour notre pays une catastrophe, qu'il importe d'éviter...

    Car, dans cette hypothèse, chacun rentrant chez soi après cette vaine débauche de vies humaines, cette consommation d'énergies et de richesses, la carte de l'Europe étant à peine changée, les problèmes irritants demeurant les mêmes, on se trouve conduit à prévoir une période de guerres nouvelles où l'Allemagne humilié, mais puissante encore et prompte à réparer ses forces, où l'Angleterre tenace, où les nationalités insatisfaites engageraient de nouveau le monde..."

     

    Sans tomber dans les hyperboles, comment ne pas appeler, tout simplement, un très grand esprit, une immense intelligence, la personne capable d'écrire ces mots-là, le 31 décembre 1914, à minuit ? La même personne capable, lorsque la République aura perdu la paix quatre ans plus tard, en 18 - la paix et la victoire, si chèrement payée par un peuple Français qui se montra héroïque en cette occasion... - de prévoir la guerre pour "dans vingt ans", ne se sera "trompée" (!) que sur un minuscule petit point : le parti revanchard allemand, dont il avait prévu qu'il s'appellerait "social-nationaliste" inversera finalement l'appellation, pour se nommer "national-socialiste", qui  a donné l'abréviation "nazi" ! On avouera que c'est bien peu, pour tant de clairvoyance et de lucidité !

    C'est pour cette raison, parce que Jacques Bainville est vraiment l'un des très grands historiens de toute l'histoire de l'Humanité, que sa place est bien dans la magistrale collection de La Pléiade, qui s'enrichirait encore en l'accueillant en son sein...

     

    Au passage, signalons que la publication des notes du Journal de Bainville depuis la fin juillet a été l'occasion d'enrichir de trois nouvelles photos notre Album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville. qui en compte donc, maintenant, 179 :

    * Fascination pour l'Allemagne, ou : quand les Français ne s'aimaient pas...

    * Hugo, Michelet ? En "intelligence avec l'ennemi" !

    * 31 décembre 1914 : la terrible prémonition...

  • 30 Décembre 1914 ... Un article émouvant ...

    jean-jaudel-revue-des-deux-mondes-decembre-1983-livre-860306634_ML.jpgLa Revue des Deux-Mondes publie, sur les atrocités commises par les Allemands, un article émouvant signé Pierre Nothomb*. C'est une vue d'ensemble des rapports adressés aux puissances neutres, composée sur les documents officiels. Cela est écrasant pour l'Allemagne. Mais cela aussi s'oubliera-t-il plus tard ? Reverrons-nous les germanophiles humanitaires passer l'éponge sur ce sang-là, ce sang de femmes et d'enfants ? 

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    * Pierre Nothomb, alors chef de cabinet du ministre belge de la Justice Carton de Wiart, créa en 1918 le Comité de politique nationale belge pour promouvoir "la grande Belgique" et l'occupation de la rive gauche du Rhin. Plus tard baron et sénateur.

  • Le mardi 20 janvier 2015 à 15h00 : Café Histoire de Toulon...

    LE RÔLE DE LA MARINE FRANÇAISE 
    PENDANT LA GUERRE DE 14-18
     

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     par Monsieur François Schwerer, 
    membre de la Société française d'histoire maritime,
    au musé de la Marine,
    place Monsenergue - 83000 Toulon.
     Entrée gratuite
     
    Comme introduction a cette conférence,
    le Café Histoire de Toulon vous conseille
    la lecture du n° 37 de :


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  • GRANDS TEXTES (37) : Affirmer hautement ses Racines, son Identité, son Être profond... pour mieux s'ouvrir à l'universel. Deux courts extraits de Charles Maurras

     

    (choisissez dans cette liste de nos Grands Textes celui - ou ceux... - que vous souhaitez lire, et accédez-y directement en quelques secondes : il vous suffit de cliquer sur le lien hypertexte attaché à chacun d'entre eux...)

    1AZZZ.jpg

    1A.jpgEn choisissant de rapprocher deux courts extraits de deux textes différents de Charles Maurras, écrits à des dates et dans des contextes bien diStincts, nous n'avons pas cherché l'originalité pour l'originalité. Mais bien plutôt, pour une fois, nous avons préféré - plutôt que de citer tout ou partie d'un seul ouvrage ou d'un seul article - rapprocher deux textes qui se complètent, et permettent de bien préciser notre pensée sur un sujet souvent débattu, surtout dans notre actualité, et portant sur le thème de l'immigration et de l'identité française en particulier, des rapports avec les autres en général. 

    Le premier texte, intitulé L'Hospitalité, a été écrit par Maurras peu avant la Guerre de 14, dans L’Action française du 6 juillet 1912. Maurras y affirme très clairement le droit et le devoir, pour les Français, d'être et de rester ce qu'ils sont, ce que l'Histoire a voulu qu'ils soient. Et qu'il est non seulement bon mais nécessaire d'affirmer que l'on est Français, de se battre pour défendre et promouvoir cette "diversité France".

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  • Le commentaire de Jean-Louis Faure sur le dessin/caricature des "climatologues"...

    Nous avons publié samedi un très bon dessin de Vial, dans Le Figaro magazine. Jean-Louis Faure a posté, à propos de ce dessin, un commentaire dont la pertinence et la justesse nous semblent mériter d'être publié, justement, mieux que comme un simple "commentaire". Nous le reproduisons donc intégralement ici, cette façon de considérer les choses étant pleinement celle de lafautearousseau.

     

    Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

    IMG.jpg

    Les climatologues

    Signé VIAL - Le Figaro magazine

     

    Commentaires

    Le sordide apport du multimedia est que n’importe quel fantasme devient immédiatement planétaire. Un ordre de bourse fut il farfelu, est transmis à la milliseconde à la surface du globe. Ici le climat ... Sans être très savant restons en à des considérations de simples bon sens qu’un élève de 4ème peut énoncer (au temps où l’on faisait de la géologie en 4ème). Des chiffres objectifs, incontestables.
    Les astrophysiciens estiment l’âge du globe à 4,5 milliards d’années. L’unité de temps géologique communément retenue par les géophysiciens est de l’ordre de 20.000 ans sur une échelle de temps. Les économistes datent la première révolution industrielle à 1820 environ. Les mêmes fixent les premières mesures de la croissance à 1850. Avant cette date le produit des nations était quasiment invariable. De 1850 à aujourd’hui il s’est donc écoulé 170 ans, pendant lesquelles il convient de discriminer les périodes où l’activité humaine a réellement demandé une extraction massive d’énergie fossile. Arrivée de la Chine en «charbon vorace» vers 1980, il y a 30 ans. Si l’on veut être très pessimiste, démarrons au début des 30 glorieuses, en 1945, soit il y a 70 ans environ.
    Mais quelque soit la date de départ de notre commentaire, les moins de 200 ans de l’activité humaine sont une fraction de micron de la pointe bien taillée d’une crayon sur l’échelle linéaire des temps géologiques. Donc évidemment sans effet sur le changement du climat de notre vieille Terre. Le climat a toujours changé, parfois dans des proportions considérables, parfois violemment sur des périodes assez courtes.
    La grotte Cosquer dans les calanques de Marseille, découverte en 1991, sans doute un lieu de culte, a été fréquentée entre, - 27 000 ans et - 19 000 ans. Entrée aujourd’hui à 37 m sous le niveau de l’eau. A ce moment là, elle était dans les collines, à 6 km du rivage, et le niveau de la mer 120 mètres plus bas. C’était la période glacière. Le niveau de la mer s’est élevé de 120 mètres depuis le dernier pic de glaciation, jusqu’à - 6000ans. Il n’y avait à cette époque, ni voitures diesel, ni avions, ni usines en Chine.
    Et bien, la mer est montée de 120 mètres quand même. Et certaines glaciations se sont produites malgré des concentrations très élevées de CO2 ...

    Il ne reste plus qu’à démasquer les forces économiques qui ont un intérêt à développer un discours anxiogène, avec force rapports et conférences internationales. Pour refroidir la Terre et faire baisser le niveau des océans ? Très regrettable que les autorités françaises participent activement à ces billevesées ...

    Écrit par : Jean Louis FAURE | dimanche, 28 décembre 2014

  • 29 Décembre 2014 ... On songe à ce poème où le vieil Hugo annonçait à l'humanité un avenir meilleur par les ballons dirigeables

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    Hier les Anglais ont attaqué le port allemand de Cuxhaven à la fois par terre et "par air". Le Times triomphe à ce sujet : "Pour la première fois dans l'Histoire, des appareils aériens et sous-marins se sont trouvés engagés de part et d'autre." Le même jour, d'ailleurs, un Zeppelin jetait des bombes sur Nancy, tuait des femmes et des enfants. On songe alors à ce poème où le vieil Hugo ("Plein ciel", dans La Légende des siècles) annonçait à l'humanité un avenir meilleur par les ballons dirigeables :

    Nef magique et suprême ! Elle a, rien qu'en marchant,

    Changé le cri terrestre en pur et joyeux chant,

    Rajeuni les races flétries,

    Etabli l'ordre vrai, montré le chemin sûr,

    Dieu juste ! et fait entrer dans l'homme tant d'azur

    Qu'elle a supprimé les patries. 

    Hélas ! Pauvre Hugo ! Pauvre poète de la démocratie !

    "A l'heure où nous sommes*, il serait tellement facile que cela en deviendrait malséant de tourner en dérision l'ode au Zeppelin humanitaire et le pauvre poète (vates, poète, devin, aimait à dire Hugo) qui  a lu de travers le livre de la destinée.

    Il y a dans la plupart de nos préfectures et de nos sous-préfectures une rue Michelet, comme une rue Victor Hugo, comme il y avait à Armentières une rue de l'Humanité, qui a été incendiée par les porteurs de Kultur. Supposons - et je serais bien étonné si, depuis l'invasion, la circonstance ne s'était pas produite, qu'un état-major allemand se soit installé dans une des rues du Michelet qui avait formé jadis ce voeu : "Dieu nous donne de voir une grande Allemagne !" Supposons un Zeppelin arrosant d'explosifs une des rues consacrées au poète qui a chanté la "nef magique et suprême", l'aéroscaphe du progrès... Je vois bien, dans le futur, les ironies de l'histoire. Pour le moment, nous n'avons pas le coeur à rire.

    Seulement, une chose nous frappe jusqu'à l'évidence. Combien ces prophètes de la démocratie, vénérés par elle, n'auront-ils pas obscurci la lucidité de la raison française et, par là, énervé les forces de notre pays ! Songez que Michelet, Hugo ont nourri de leur lait spirituel les hommes qui sont au gouvernement de la République, ceux qui siègent dans les Assemblées (sur tous les bancs, ou peu s'en faut). Après cela, on s'étonne moins que des avertissements aussi nets que ceux qui sont publiés au Livre jaune, que les rapports de M. Cambon et de nos attachés militaires n'aient eu, en somme, qu'aussi peu d'effets. Eh ! Tout un siècle, le siècle de Michelet, le siècle de Hugo, pesait sur l'esprit de ceux à qui la lecture de ces documents était réservée. Du romantisme politique qui s'était interposé entre les célèbres rapports du colonel Stoffel et Napoléon II, il subsistait, chez les dirigeants de 1914, un résidu assez fort pour jeter un voile sur les pressants avis qui venaient de Berlin."   

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    * Jacques Bainville reprend ici un article qu'"il avait publié dans L'A.F.. Le thème réapparaît en conclusion de son Histoire de trois générations, publiée à l'été 1918.