Economiser en France ? Chiche ! Par Péroncel-Hugoz*
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Péroncel-Hugoz donne derechef un coup de dent à la France, ou plutôt à la « folie emprunteuse » de cette République française, qui parle sans cesse d’économiser un peu les deniers publics mais n’en continue pas moins à alourdir sa dette internationale.
La France est riche, surtout grâce à sa productivité que les experts donnent pour la plus forte au monde malgré les grèves; mais son Etat est couvert de dettes: 2000 milliards d’euros, soit l’équivalent d’une année entière du revenu national ! Comme la cigale de la fable de La Fontaine, la République est emprunteuse. Lorsque le très monarchique général de Gaulle, ancien chef de la France libre à Londres (1939-1944), revint au pouvoir à Paris, suite au soulèvement des partisans de l’Algérie française (13 mai 1958), son premier soin fut d’édicter des mesures drastiques qui, effectivement, apurèrent la dette de Paris déjà importante à l’époque.
Les épigones du Général, après sa démission en 1969, laissèrent filer derechef la dette, par facilité, démagogie ou absence de patriotisme. Le gouvernement socialiste actuel parle beaucoup d’ « économies » ne serait-ce que pour calmer l’anxiété des Français et aussi avoir l’air de souscrire aux principes d’équilibre budgétaire défendus par l’Union européenne; mais on ne voit venir aucune épargne sérieuse… Il tombe pourtant sous le sens des Français un peu observateurs et nostalgiques des finances saines de l’ère gaulliste, que des économies substantielles pourraient être rapidement opérées dans l’Hexagone. Par exemple ?
1. Supprimer le Sénat (348 élus) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE), institutions aussi coûteuses qu’inutiles et qui servent surtout à caser ou recaser des amis du régime. (Je crois qu’au Maroc la Chambre des conseillers et le CESE n’ont guère d’utilité non plus …)
2. Supprimer les départements qui ne servent plus à rien, si ce n’est à entretenir une armée de bureaucrates, depuis qu’existent les régions.
3. Réduire de moitié le nombre des élus à tous les niveaux; diminuer aussi de moitié les traitements et primes des ministres et anciens ministres, élus et ex-élus, etc. Même un homme du système actuel, Alain Juppé, maire de Bordeaux, ex-Premier ministre chiraquiste, préconise maintenant de « diviser par deux le nombre de parlementaires de l’Assemblée nationale » (577 membres) …
4. Réduire drastiquement le train de vie des hauts représentants de l’Etat, du président aux préfets: moins de réceptions, moins de résidences secondaires officielles, moins de monde dans les voyages officiels en province et à l’étranger, etc. Sait-on que la République française, même sans compter ses ruineuses campagnes et scrutins électoraux, coûte plus cher que chacune de la plupart des trente royautés toujours debout à travers la planète, que ce soit la sobre monarchie espagnole ou la brillante monarchie britannique ?
5. Supprimer les ambassades de France chez les 27 autres membres de l’Union européenne puisque les dirigeants politiques communiquent maintenant directement et qu’en outre le Quai d’Orsay n’a plus vraiment de diplomatie en Europe, suivant toujours plus ou moins les directives de Bruxelles et surtout Washington… (Il conviendrait en revanche de renforcer les représentations culturelles et économiques françaises qui continuent d’avoir un rôle utile à jouer sur le terrain européen)
6. Supprimer toutes les aides et subventions, distribuées souvent pour des raisons électoralistes et clientélistes, à des myriades de syndicats, associations et autres organisations non gouvernementales, qui n’ont qu’à vivre, comme jadis, des cotisations et dons de leurs adhérents, etc. etc.
7. Supprimer le très coûteux régime social préférentiel accordé à plus de 100.000 « intermittents du spectacle » (figurants) et l’aligner sur celui des autres professions. Selon le « Figaro-Magazine » du 14 novembre 2014, ce statut spécial reviendrait « à plus d’un milliard d’euros » par an.
8. Abolir l’aide médicale gratuite accordée automatiquement, pour tout traitement, à tout étranger entrant en France, même illégalement; régime généreux unique au monde et qui, en 2015, devrait coûter un milliard d’euros au contribuable français, lequel ne bénéficie plus désormais du remboursement complet de ses frais médicaux… Ainsi que l’avait proclamé en son temps le socialiste orthodoxe Michel Rocard, Premier ministre de Mitterrand : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! ». Maintenant, endettée jusqu’au cou, la France n’en a tout simplement plus les moyens. Et puis, comme dit le vieil adage: « Charité bien ordonnée commence par soi-même ! »
Cette liste des économies qu’on pourrait faire en France n’est évidemment pas exhaustive. Rappelons quand même que si le millénaire régime royal chuta en 1789 ce fut en grande partie parce qu’il fit banqueroute, suite aux dépenses faramineuses, non pas de la reine ou de la Cour, mais de la guerre que Louis XVI tint à mener contre les Anglais en Amérique du Nord, en faveur des futurs Etats-Unis, au lieu de laisser les Anglo-Saxons, ennemis héréditaires de la France depuis la guerre de Cent Ans, s’entredévorer… Et tout ça pour aboutir à un président Sarkozy décrit comme « un Américain à passeport français » par son ministre Eric Besson (élevé au Maroc, à Fédala, la future Mohamédia)…Un Sarkozy qui, après son échec devant François Hollande, avait annoncé son renoncement à la politique; un « renoncement » auquel il a récemment renoncé, se démenant à présent tout azimut, pour retourner à l’Elysée… •
Péroncel-Hugoz - Le 360ma