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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1547

  • Les 20 albums, photos et textes, que lafautearousseau met à votre disposition

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    15. Racines (III) : Le vitrail du Miracle de Théophile  

     16. Racines (IV) : Versailles, le Palais-temple du soleil 

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    17. L'aventure France racontée par les Cartes 

    18. Fleur de lys, fleurs de lys

    19. Rire ou sourire un peu

    20. Racines chrétiennes, Jours solennels

  • La confiance ne se décrète pas, par Louis-Joseph Delanglade

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    Libre à chacun dapprécier ou pas la campagne daffichage de la mairie de Béziers (une affiche représentant un 7,65 semi-automatique avec ce commentaire : « Désormais, la police municipale a un nouvel ami. »). Pourtant, derrière les critiques adressées à M. Ménard, on perçoit comme lenvie de dénier aux « forces de lordre » la légitimité du droit de porter une arme dans un pays où le dernier des voyous dune « cité » quelconque est en mesure de se balader avec un fusil dassaut.   

    Les belles paroles et lemphase indignée de certains médias et politiciens cachent mal en effet leur dépit devant la réalité. Ainsi, dès le 11 janvier, Libération dénonce une campagne « tapageuse », dernière en date dune série de mesures toutes qualifiées de « polémiques »-  alors que la plupart relèvent du bon sens le plus élémentaire (par exemple linterdiction de battre ses tapis par les fenêtres en journée ou le couvre-feu temporaire pour les moins de treize ans). De même,  M. Placé, sénateur écologiste, dénonce une « idée [] stigmatisante ». Stigmatisante ? Pour qui ?  

     

    La palme à M. Cazeneuve, ministre de lIntérieur, qui déclare que « les meilleurs amis des policiers [sont] les citoyens respectueux des valeurs républicaines.» Outre que laffiche évoque un « nouvel » et non un « meilleur » ami, M. Cazeneuve semble ignorer que la France est loin d’être peuplée par des « citoyens respectueux ». Il devrait pourtant le savoir : deux jours plus tôt, dès leur arrivée à Marseille, lui-même et M. Valls ont été « salués » à coups de kalachnikov par des citoyens (sans doute des mal élevés) de La Castellane. 

     

    Quelques jours auparavant, M. Coulibaly agressait des militaires en faction devant le Consistoire israélite de Nice au nom de sa « haine de la France, de la police, des militaires et des juifs » - faisant ainsi écho aux propos tenus par Mme Boumediene, vraie-fausse veuve de son homonyme abattu le 9 janvier lors de lassaut de lhyper cacher de la Porte de Vincennes. Le déploiement de dix mille hommes sur lensemble du territoire laisse supposer que MM. Coulibaly et Mme Boumediene ne devraient pas être des cas isolés. Et que la raison commande de ne faire aucune confiance à ce genre dindividus. 

     

    Et cest peut-être bien la question de la confiance que pose cette affaire du port décomplexé dune arme par les membres de la police municipale de Béziers. Dans une chronique empreinte de regret (France Inter, 10 février), M. Legrand cite la fameuse phrase de Jaurès : « la République est un grand acte de confiance ». Paraphrasant les propos de M. Mitterrand, on pourrait répondre : limportant nest pas davoir confiance, cest de faire en sorte quon ne puisse pas vous tromper. 

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    1584417371_2.jpgDépassons les appareils et les discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs  ...  partageons les fondamentaux !

    MAGISTRO vous invite à lire : 
     
    Sophie de MENTHON   Chef d’entreprise, Présidente d'ETHIC, Membre du CESE   Pourquoi il faut défendre Valeurs Actuelles comme on a défendu Charlie Hebdo
    Philippe BILGER   Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole  Projet Justice
    Ivan RIOUFOL   Journaliste politique  La droite incohérente
    Eric ZEMMOUR   Journaliste politique, écrivain   FN : des succès en trompe-l'œil ?
    Maxime TANDONNET   Haut fonctionnaire   Pourquoi la suppression du Sénat serait une faute majeure
    Jacques BICHOT   Economiste, Professeur émérite à l'Université Lyon 3  La CSG peut être absorbée par l'impôt sur le revenu
    François JOURDIER   Officier, contre amiral   Pas d’OTAN en Ukraine 
    Denis TILLINAC   Ecrivain   Islamisme : le retour de l’Histoire 
                                                                                                    
    Transmettez, faites suivre ... 

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

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  • Chantal Delsol - « Islamisation : la fatigue de l’Occident »

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    Cantal Delsol. Photo © Patrick Iafrate

    Valeurs d'avenir. Chantal Delsol est philosophe, membre de l’Institut. Pour elle, "la lassitude du chaos pousse vers l'ordre, fût-il tyrannique".

    Le roman de Michel Houellebecq, Soumission, est un roman. Enfin heureusement. Cela veut dire que cela pourrait ne pas arriver. Comme disait Berdiaev, la question n’est pas de se demander si les utopies peuvent se produire, mais plutôt d’empêcher qu’elles se produisent… tant elles sont terrifiantes.

    C’est un roman, rassurons-nous. Une fable. Mais si proche de nous. Si authentiquement possible…

    Car tout commence par un dilemme de vote face au Front national. Rien que de très habituel. La suite aussi. Tous les partis se liguent (cela s’appelle un front républicain, il suffit d’ouvrir les journaux ces temps-ci) pour empêcher le Front national d’obtenir le siège. Et comme d’habitude, ils sont prêts à faire voter pour n’importe quel âne, ou pour n’importe quel fou, afin que le FN ne parvienne pas au pouvoir. Ici, il s’agit d’un musulman, modéré dit-on, mais enfin qui ne cache même pas ses intentions dictatoriales. Tous les partis s’entendent et votent pour lui comme un seul homme.

    Evidemment, la première question qui se pose est celle de savoir pourquoi les Français préfèrent au FN un parti musulman qui va exclure toutes les femmes du monde du travail et en faire des épouses de harem, interdire les postes importants à qui n’est pas musulman, mettre en place des mesures moralisatrices qui devraient nous faire dresser les cheveux sur la tête, bref, instaurer un califat.

    Certainement, le FN, aussi chaotique et fruste soit-il, ne nous aurait pas entraînés dans de telles démesures. Alors, comment expliquer ce choix suicidaire ? L’un et l’autre de ces deux partis apparaissent comme réactionnaires. Mais le parti musulman est réactionnaire par retard historique, ce qu’on lui pardonne, tandis que le FN est réactionnaire par retour en arrière volontaire, ce qui traduit le cynisme — c’est le pire. Ainsi préfère-t-on la conversion obligatoire et généralisée à une religion moyenâgeuse plutôt que des discours sur les méfaits de l’immigration. C’est un roman, répétons-le : mais tellement réaliste.

    Et voici la suite, tout aussi édifiante : la description de la soumission. Le titre donné au roman, Soumission, est la traduction même d’islam. Les médias se sont bien gardés de rappeler que lorsque Israël signifie en langue vernaculaire “celui qui a été fort contre Dieu” (il s’agit de Jacob), islam, à l’inverse, signifie étymologiquement “soumission”.

    Et nous assistons dans le roman à la soumission, terriblement éloquente, de toute notre société soi-disant libre et libérée, démocrate et républicaine. Tout le monde abdique. Les femmes quittent leur emploi et entrent à plusieurs au service du même homme dans le cadre de la polygamie. Les hommes se convertissent à l’islam afin de pouvoir conserver leurs activités. Personne ne résiste ni ne discute. Tout se passe dans une sorte de brouillard feutré, celui même dans lequel baignait la société du Discours de la servitude volontaire de La Boétie.

    Ce qui sous-entend ceci : les grands discours sur la liberté démocratique représentaient des postures, des coups de menton avantageux mais sans sincérité. Les grands défenseurs de la liberté, drapés dans des capes et armés de manifestes, n’avaient rien d’autre que les capes et les manifestes — pour le reste, c’étaient des esclaves, des nouilles. Mais cela ne nous étonne pas. La société des bobos ne survit que dans l’artifice et s’effondre dès que survient la vérité.

    Quelque chose d’autre encore transparaît derrière ces lignes. Quelque chose de terrifiant. Il s’agit de la fatigue. On y sent concrètement, je dirais même à couper au couteau, la grande usure de l’Occident : la fatigue du vide, qui porte à courir vers n’importe quelle plénitude, fût-elle très amère et destructrice de liberté. La fatigue de l’athéisme, qui jette vers la première religion qui passe ; la fatigue du chaos, qui jette vers l’ordre, même tyrannique. L’existence humaine est si difficile, disait Simone Weil, si pleine de questions sans réponses, que lorsque apparaît l’idole nantie de certitudes, ils sont nombreux à venir se coucher à ses pieds.

    D’autant que l’idole verte apporte tous les avantages, toutes les réussites que la difficile liberté s’était vu refuser. La France, maintenue par les pétrodollars, n’a plus de problèmes financiers. L’Éducation nationale, qui envoie la plupart des enfants en apprentissage dès le début du secondaire, se porte bien. Devenu forte puissance européenne, le pays est en passe de prendre les rênes d’une Europe musulmane — déjà, la Belgique nous a rejoints, et l’Allemagne suit.

    La soumission est si reposante et si gratifiante.   

    Valeurs actuelles Chantal Delsol

  • LETTRES • Geneviève Dormann, bretteur charmant des idées reçues... Par Benoît Gousseau

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    En 2010, Politique magazine avait rencontré, chez elle, Geneviève Dormann pour un portrait. Nous le republions suite au décès de l’écrivain, survenu le 13 février. Il y a bien plus longtemps, nous nous souvenons, ici, que Geneviève Dormann avait déjà accordé un entretien à Pierre Builly et François Davin, pour le mensuel Je Suis Français. Selon Le Monde, « elle se disait  maurrassienne ». Nous n'oublierons pas Geneviève Dormann.  Lafautearousseau  •   

    Roger Nimier, qu’elle avait eu la chance de rencontrer dès ses débuts en littérature, lui avait prodigué un précieux conseil : « N’écris pas un livre pour obtenir un prix ou un succès de librairie. Rédige tes romans comme si tu écrivais une lettre à une seule personne, un ami à qui tu veux raconter une histoire ». De fait, c’est ce que fit la jeune Geneviève Dormann. Elle y acquit un style frais et direct traduisant un sens aigu de l’observation qui toucha le public et lui façonna, de surcroît, une notoriété de femme de lettres libérée des préjugés idéologiques de son temps. Son immense culture et l’abondance de ses lectures la conforta, par ailleurs dans un amour de la langue française jamais démenti. Ses lecteurs apprécièrent. Insolente, sensible, amusante, l’écrivain Dormann était né.

    C’est à son père, dit-elle, qu’elle doit son goût des livres. Grand mutilé de la Guerre 14-18, sénateur de la Seine, imprimeur, il la guida, complice, dans sa voracité pour l’importante bibliothèque familiale où elle puisa sans relâche parmi les grands classiques au premier rang desquels Balzac, et chez des modernes comme Colette, Léon Daudet et Marcel Aymé. Elle connut pourtant la dureté d’une éducation à la Maison de la Légion d’honneur au château d’Écouen, où elle forgea son tempérament de réactionnaire, celui d’une femme libre se rebellant contre des situations, non contre les institutions.

    Lecteur pris à témoin comme un confident

    Geneviève Dormann nous reçoit chez elle, dans la simplicité chaleureuse d’un appartement des beaux quartiers, tapissé de livres et niché à hauteur des toits de Paris. L’œil bleu pétille, la frêle silhouette se meut avec vivacité, la voix un peu rauque de fumeuse charme par son élégance pimentée de saillies. Des engagements, oui, elle en a eu, notamment dans les combats pour l’Algérie française, mais elle n’en a jamais encombré sa littérature. Des hommes, elle en eu aussi, mais elle n’en fit jamais un étendard d’émancipation féminine, elle qui éleva quatre filles en travaillant comme journaliste à Marie Claire et au Figaro magazine.

    Parmi une œuvre romanesque tonique et en prise avec son temps, il faut distinguer ce qui, en dehors de son immense succès, fut un coup de pied dans le panthéon républicain, Le Roman de Sophie Trébuchet, livre dans lequel elle remettait en cause la filiation de Victor Hugo. Non seulement elle s’y livrait à un sérieux travail de recherche autour des relations de la mère du poète et de l’Adjudant général La Horie, occultées par l’histoire officielle de la IIIe République, mais, avec la facétie heureuse qui la caractérise, fidèle à son style en pieds de nez éclairants, elle truffait son récit, tel un Alexandre Dumas, d’adresses spirituelles où son lecteur est pris à témoin comme un confident. En note dans ce roman historique de la meilleure veine, on peut lire : « Mme de Staël, une sorte de Marie-France Garraud de l’époque, mais en plus cultivée »… Ce n’est peut-être pas politiquement très correct, mais c’est assez réjouissant pour construire la trame d’un authentique style littéraire.

    Dans Mickey, L’Ange, roman de 1977, décrivant une rombière un peu arrivée, elle évoque « ce qu’on appelle une belle femme, tu vois, comme on dit un beau camembert ». Et sa fille est une sorte de Françoise Hardy à cheveux longs et jean avec « un petit nez en prise de courant » qui se fait alpaguer par un gentil garçon comme une pitance glanée par un Gabriel Matzneff au jardin du Luxembourg ou à la piscine Deligny. Certes, ses héroïnes ne sont pas des exemples de vertu, mais elles croquent la vie en la respectant. Elles vont de l’avant sans s’excuser d’être ce qu’elles sont… C’est au Bon Dieu d’être miséricordieux.

    Le malheur

    Ce qui la met en colère aujourd’hui, c’est l’état des lieux de l’Éducation nationale. En 1977, prévoyant ce qui allait suivre, elle mettait en scène un petit prof de français qui s’exaspérait des parents d’élèves « Cornec ou mes fesses… à la limite du langage articulé ». C’est un enseignant d’il y a trente ans et qui y croit encore, mais qui constate alors qu’avec un « dernier sous-fifre des PTT… tu perds tes nerfs, ton sang, ta moelle à expliquer que si son Joël, son Bruno ou sa Véronique a de mauvaises notes, ce n’est pas forcément parce que tu es un sadique furieux, mais parce que Joël a décidé de ne rien foutre, qu’il est incapable de suivre une leçon et qu’il serait plus heureux si on lui permettait d’aller garder les oies ». Et le malheur, selon les éclats jubilatoires d’une Geneviève Dormann plus impliquée dans son temps qu’il n’y paraît au premier abord, c’est qu’aujourd’hui, les choses étant ce qu’elles sont, l’élève inadapté à un système imbécile de collège unique ne s’appelle même plus Joël, mais Kevin ou Aziz et qu’il ne dispose même pas d’espaces verts pour garder des moutons à La Courneuve.

    Ce qui l’indigne au vrai, et là le ton se fait plus grave, c’est « l’aggravation de l’inculture, du côté des parents et l’abandon de leur mission du côté des enseignants, la vulgarité des médias, la soumission totale au marché d’éditeurs acceptant au nom du chiffre des ventes le massacre de la langue française par leurs auteurs ». Ce sera le sujet du prochain livre qu’elle est en train d’écrire. Un pamphlet.

    Politique magazine

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  • SOCIETE • Fabrice Hadjadj : les djihadistes, le 11 janvier et l'Europe du vide

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    Maxime Hauchard, un jeune français converti à l'islam venu rejoindre l'EI. Crédits photo: AFP

     

    Un magnifique texte, une très belle intervention, devant un auditoire romain, qui n'étonnera pas, parmi nous, ceux qui ont participé au Colloque du Cercle Vauban, le 6 décembre dernier à Paris, et y ont écouté Fabrice Hadjadj. De quoi méditer, au cours de ce week-end ... Lafautearousseau

    Fabrice Hadjadj est écrivain et philosophe, directeur de l'Institut européen d'études anthropologiques Philanthropos. Son dernier essai, « Puisque tout est en voie de destruction », a été publié chez Le Passeur Éditeur (avril 2014). Ce texte est celui d'une intervention donnée en Italie à la Fondation de Gasperi devant les ministres italiens de l'Intérieur et des Affaires étrangères, le président de la communauté juive de Rome, le vice-président des communautés religieuses islamiques de la ville.

     

    Chers Djihadistes - c'est le titre d'une lettre ouverte publiée par Philippe Muray  - un de nos plus grands polémistes français - peu après les attentats du 11 septembre 2001. Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché. Je vous cite un passage dont vous allez tout de suite capter l'heureuse et cinglante raillerie : « [Chers Djihadistes], craignez la colère du consommateur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis?  Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. […] Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n'ont plus de sens et pour la vie qui va avec. » Et l'on peut ajouter aujourd'hui: nous nous battrons spécialement pour Charlie Hebdo, journal hier moribond, et qui n'avait aucun esprit critique - puisque critiquer, c'est discerner, et que Charlie mettait dans le même sac les djihadistes, les rabbins, les flics, les catholiques, les Français moyens - mais nous en ferons justement l'emblème de la confusion et du néant qui nous animent !

    Voilà à peu près l'état de l'État français. Au lieu de se laisser interpeler par les événements, il en remet une couche, il en profite pour se payer sa bonne conscience, remonter dans les sondages, se ranger du côté des victimes innocentes, de la liberté bafouée, de la moralité outragée, pourvu qu'on ne reconnaisse pas le vide humain d'une politique menée depuis plusieurs décennies, ni l'erreur d'un certain modèle européocentrique selon lequel le monde évoluerait fatalement vers la sécularisation, alors qu'on assiste presque partout ailleurs, et au moins depuis 1979, à un retour du religieux dans la sphère politique. Mais voilà : cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe.

    La première chose qu'il faut constater, c'est que les terroristes des récents attentats de Paris sont des Français, qu'ils ont grandi en France et ne sont pas des accidents ni des monstres, mais des produits de l'intégration à la française, de vrais rejetons de la République actuelle, avec toute la révolte que cette descendance peut induire.

    En 2009, Amedy Coulibaly, l'auteur des attentats de Montrouge et du supermarché casher de Saint-Mandé, était reçu au palais de l'Élysée par Nicolas Sarkozy avec neuf autres jeunes choisis par leurs employeurs pour témoigner des bienfaits de la formation par alternance : il travaillait alors en contrat de professionnalisation à l'usine Coca-Cola de sa ville natale de Grigny — Les frères Kouachi, orphelins issus de l'immigration, furent recueillis entre 1994 et 2000 dans un Centre d'éducation en Corrèze appartenant à la fondation Claude-Pompidou. Au lendemain de la fusillade au siège de Charlie Hebdo, le chef de ce Centre éducatif marquait sa stupéfaction : « On est tous choqués par l'affaire et parce qu'on connait ces jeunes. On a du mal à s'imaginer que ces gamins qui ont été parfaitement intégrés (ils jouaient au foot dans les clubs locaux) puissent comme ça délibérément tuer. On a du mal à y croire. Durant leur parcours chez nous, ils n'ont jamais posé de problème de comportement. Saïd Kouachi […] était tout à fait prêt à rentrer dans la vie socio-professionnelle. » Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux du maire de Lunel - petite ville du Sud de la France - qui s'étonnait que dix jeunes de sa commune soient partis faire le djihad en Syrie, alors qu'il venait de refaire un magnifique skate park au milieu de leur quartier…

    Quelle ingratitude ! Comment ces jeunes n'ont-ils pas eu l'impression d'avoir accompli leurs aspirations les plus profondes en travaillant pour Coca-Cola, en faisant du skate board, en jouant dans le club de foot local ? Comment leur désir d'héroïcité, de contemplation et de liberté ne s'est-il pas senti comblé par l'offre si généreuse de choisir entre deux plats surgelés, de regarder une série américaine ou de s'abstenir aux élections ? Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie ? Car c'était précisément le débat qui intéressait le gouvernement français juste avant les attentats : la République était toute tendue vers cette grande conquête humaine, la dernière sans doute, à savoir le droit d'être assisté dans son suicide ou achevé par des bourreaux dont la délicatesse est attestée par leur diplôme en médecine…

    Comprenez-moi : les Kouachi, Coulibaly, étaient « parfaitement intégrés », mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide, avec sa logistique de déracinement mondial, de perte de la transmission familiale, d'amélioration technique des corps pour en faire de super-instruments connectés à un dispositif sans âme…

    Un jeune ne cherche pas seulement des raisons de vivre, mais aussi, surtout - parce que nous ne pouvons pas vivre toujours - des raisons de donner sa vie. Or y a-t-il encore en Europe des raisons de donner sa vie ? La liberté d'expression ? Soit ! Mais qu'avons-nous donc à exprimer de si important ? Quelle Bonne nouvelle avons-nous à annoncer au monde ?

    Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions - cette question, dis-je, parce qu'elle est la plus spirituelle de toutes, est aussi la plus charnelle. Il ne s'agit pas que de donner sa vie ; il s'agit aussi de donner la vie. Curieusement, ou providentiellement, dans son audience du 7 janvier, le jour même des premiers attentats, le pape François citait une homélie d'Oscar Romero montrant le lien entre le martyre et la maternité, entre le fait d'être prêt à donner sa vie et le fait d'être prêt à donner la vie. C'est une évidence incontournable : notre faiblesse spirituelle se répercute sur la démographie; qu'on le veuille ou non, la fécondité biologique est toujours un signe d'espoir vécu (même si cet espoir est désordonné, comme dans le natalisme nationaliste ou impérialiste).

    Si l'on adopte un point de vue complètement darwinien, il faut admettre que le darwinisme n'est pas un avantage sélectif. Croire que l'homme est le résultat mortel d'un bricolage hasardeux de l'évolution ne vous encourage guère à avoir des enfants. Plutôt un chat ou un caniche. Ou peut-être un ou deux petits sapiens sapiens, par inertie, par convention, mais au final moins comme des enfants que comme des joujoux pour exercer votre despotisme et vous distraire de votre angoisse (avant de l'aggraver radicalement). La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits. Une amie islamologue, Annie Laurent, eut pour moi sur ce sujet une parole très éclairante : « L'enfantement est le djihad des femmes. »

    Ce qui détermina jadis le Général de Gaulle à octroyer son indépendance à l'Algérie fut précisément la question démographique. Garder l'Algérie française en toute justice, c'était accorder la citoyenneté à tous, mais la démocratie française étant soumise à la loi de la majorité, et donc à la démographie, elle finirait par se soumettre à la loi coranique. De Gaulle confiait le 5 mars 1959 à Alain Peyrefitte : « Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! ».

    Il y a certes une libération de la femme dont nous pouvons être fiers, mais lorsque cette libération aboutit au militantisme contraceptif et abortif, la maternité et la paternité étant désormais conçus comme des charges insupportables pour des individus qui ont oublié qu'ils sont d'abord des fils et des filles, cette libération ne peut que laisser la place, après quelques générations, à la domination en nombre des femmes en burqa, car les femmes en mini-jupes se reproduisent beaucoup moins.

    Nous avons beau jeu de protester: « Oh! la burqa ! quelles mœurs barbares ! » Ces mœurs barbares permettent, par une immigration compensant la dénatalité européenne, de faire tourner notre civilisation du futur - enfin, d'un futur sans postérité…

    Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique : en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe, celle que présente Michel Houellebecq dans son dernier roman (paru aussi le 7 janvier), et qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle. À moins que notre insistance à « ne pas faire d'amalgame », à dire que l'islam n'a rien à voir avec l'islamisme (alors qu'aussi bien le président égyptien Al-Sissi que les frères musulmans nous disent le contraire), et à nous culpabiliser de notre passé colonial - à moins que toute cette confusion nous livre avec encore plus d'obséquiosité vaine au processus en cours. 

    Il est en tout cas une vanité que nous devons cesser d'avoir - c'est de croire que les mouvements islamistes sont des mouvements pré-Lumières, barbares comme je le disais plus haut, et qui se modéreront sitôt qu'ils découvriront les splendeurs du consumérisme. En vérité, ce sont des mouvements post-Lumières. Ils savent que les utopies humanistes, qui s'étaient substituées à la foi religieuse, se sont effondrées. En sorte qu'on peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne : comme cette Europe ne peut pas vivre trop longtemps sans Dieu ni mères, mais comme, en enfant gâtée, elle ne saurait revenir à sa mère l'Église, elle consent finalement à s'adonner à un monothéisme facile, où le rapport à la richesse est dédramatisé, où la morale sexuelle est plus lâche, où la postmodernité hi-tech bâtit des cités radieuses comme celles du Qatar. Dieu + le capitalisme, les houris de harem + les souris d'ordinateur, pourquoi ne serait-ce pas le dernier compromis, la véritable fin de l'histoire ?

    Une chose me paraît certaine: ce qu'il y a de bon dans le siècle des Lumières ne saurait plus subsister désormais sans la Lumière des siècles. Mais reconnaîtrons-nous que cette Lumière est celle du Verbe fait chair, du Dieu fait homme, c'est-à-dire d'une divinité qui n'écrase pas l'humain, mais l'assume dans sa liberté et dans sa faiblesse ? Telle est la question que je vous pose en dernier lieu: Vous êtes romains, mais avez-vous des raisons fortes pour que Saint-Pierre ne connaisse pas le même sort que Sainte-Sophie ? Vous êtes italiens, mais êtes-vous capables de vous battre pour la Divine Comédie, ou bien en aurez-vous honte, parce qu'au chant XXVIII de son Enfer, Dante ose mettre Mahomet dans la neuvième bolge du huitième cercle ? Enfin, nous sommes européens, mais sommes-nous fiers de notre drapeau avec ses douze étoiles? Est-ce que nous nous souvenons même du sens de ces douze étoiles, qui renvoient à l'Apocalypse de saint Jean et à la foi de Schuman et De Gasperi ? Le temps du confort est fini. Il nous faut répondre, ou nous sommes morts: pour quelle Europe sommes-nous prêts à donner la vie ? 

  • MONDE ACTUEL • L'on pense ce qu'on veut du boudhisme tibétain, le Dalaï Lama, en tout cas, est un sage

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    Il s'agit, bien-sûr, de l'homme occidental dans sa condition actuelle ...

  • CINEMA • « Un Palestinien fait le mur », une critique de Laurent Dandrieu qui donne envie d'aller voir le film ...

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    Tawfeek Barhom et Yaël Abecassis. Une réflexion subtile sur l'identité. Photo © Production

    Intelligent. Avec “Mon fils”, Eran Riklis offre un regard différent sur la cohabitation de juifs et d’Arabes au sein de la nation israélienne.

    Prolifique en films de grande qualité, très connecté à la réalité politique et sociale la plus brûlante, le cinéma israélien n’a pas manqué de scruter la curieuse coexistence, au sein de la nation israélienne, de citoyens issus de deux peuples en guerre, juifs et Arabes. Il l’a fait surtout, évidemment, sur le mode de la confrontation, de l’hostilité, de l’humiliation. « C’est toujours compliqué de se plonger dans une identité différente de la sienne, mais c’est ce que je fais dans tous mes films » : cinéaste juif connu pour s’intéresser avec empathie au “camp d’en face”, Eran Riklis (la Fiancée syrienne, les Citronniers) se penche ici sur l’interpénétration de ces deux peuples, à travers le destin singulier d’un jeune Palestinien.

    Élève surdoué, Iyad (Tawfeek Barhom), à l’âge de 16 ans, est admis dans un prestigieux internat juif de Jérusalem. Il y connaîtra bien sûr les moqueries, l’ostracisme, l’isolement, mais l’amour d’une belle jeune fille et son intelligence lui permettent de renverser la vapeur. Surtout, envoyé contre son gré donner des cours particuliers à un élève immobilisé chez lui par une grave maladie, il trouve dans ce foyer juif une seconde famille, qui lui offre une vie plus facile et moins conflictuelle que la première…

    « Nous vivons dans un tout petit pays, dit Eran Riklis, dont nous partageons la terre, les services sociaux, le gouvernement — et pourtant, nous sommes très éloignés les uns des autres à tous points de vue, et certainement dans la manière dont nous envisageons notre vie actuelle, et plus encore notre avenir et ce qu’il nous réserve. » Passant de l’une à l’autre de ces identités concurrentes, Iyad incarne ce déchirement intime de la société israélienne, que le cinéaste peint d’une manière extrêmement subtile et ambiguë : est-il le symbole d’un avenir qui ne passe pas nécessairement par un affrontement entre les deux communautés ? Ou bien le signe qu’il n’y a d’avenir pour les Arabes israéliens qu’en renonçant à être eux-mêmes ? Quoi qu’il en soit, le trajet de ce jeune homme hors norme, filmé avec beaucoup d’intelligence et de maîtrise, témoigne de belle manière de la complexité de la société israélienne.  

     

     
    Source : Valeurs actuelles -

    Laurent Dandrieu