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  • Histoire • La Révolution russe, cent ans après

     

    Par Jean Charpentier

    Il n’est pas possible de gommer l’événement. Mais pour le gouvernement russe, la chose est entendue  : 1917 ne doit pas être une pomme de discorde  ; il faut réécrire un roman national dans lequel la révolution d’Octobre n’est qu’un chapitre parmi d’autres.

    Le 7 novembre 1917 (25 octobre du calendrier julien), les bolcheviks organisent un coup d’État à Petrograd contre les républicains et prennent le pouvoir. Quelques jours plus tard, Lénine est à Moscou. La Russie bascule dans le communisme et dans la guerre civile. Pour l’Occident, l’événement provoque une seule inquiétude  : le nouveau pouvoir va-t-il faire la paix avec l’Allemagne comme le proclament les slogans révolutionnaires  ? «  La paix et du pain  !  » Dans un premier temps, la révolution d’Octobre est vue comme un épisode compliqué de la Grande Guerre. Très vite, le nouveau pouvoir manifeste deux caractéristiques  : une intransigeance violente à l’égard de l’ordre ancien et sa prédisposition à la révolution universelle. À partir de 1917 se met en place l’idéal rousseauiste du contrat social revisité par Marx et Lénine, l’application par la force d’un contrat social fondé sur l’abolition de la propriété privée et la disparition nécessaire des classes sociales et des superstructures économiques, politiques ou culturelles qui en sont les produits. Bref, «  du passé faisons table rase  », comme le proclame L’Internationale. Mais la révolution d’Octobre n’est pas seulement un phénomène russe, il est mondial. En Russie, les communistes éliminent toute opposition avant de mettre en œuvre la création d’une société sans classe et d’un homme nouveau. De 1917 à 1953, le pays creuse un puits sans fond où s’entassent des millions de cadavres. Après s’installe un «  totalitarisme  » mou. Sous Brejnev, on parle de «  socialisme réel  », c’est-à-dire un consensus tel qu’il n’est plus besoin de tuer.

    Le modèle s’exporte

    À l’extérieur, le modèle s’exporte. La Révolution mondiale est à l’ordre du jour. Le Komintern (la IIIe Internationale) y veille depuis Moscou. La prise du pouvoir par un groupe professionnel installant la «  dictature du prolétariat  » est possible. À Budapest, à Munich, à Berlin, à Vienne, en Finlande, les communistes répètent le scénario russe  ; les exécutions «  nécessaires  » ponctuent l’événement. En Italie, en France, en Belgique, des grèves insurrectionnelles marquent le retour à la paix. La guerre révolutionnaire s’étend en Pologne, dans le Caucase, en Extrême-Orient. La réaction ne se fait pas attendre face à la Révolution. En Italie, le fascisme de Mussolini, en Allemagne, le nazisme d’Hitler sont des réponses radicales et terribles à la menace. En Chine, au Mexique, le communisme a sa part dans les guerres civiles. En Espagne, «  trotskystes  » et «  staliniens  » se partagent les meurtres de masse. Après 1945, le phénomène se greffe sur les indépendances, en Indochine, en Corée, en Afrique, au Moyen-Orient. En Chine, des millions de morts suivent la victoire de Mao, cadre formé à Moscou. Au Cambodge, un génocide invraisemblable est commis au nom de Marx. En France le Parti communiste a sa fournée de spectres, depuis sa compromission avec les nazis en 1940 jusqu’aux meurtres en série après 1944. Reste l’espoir déçu d’un monde meilleur qui s’écroule en 1991 avec la disparition de l’URSS.

    Que faire du centenaire d’Octobre  ? Pour la Russie contemporaine, la chose semble simple. La commémoration doit se faire a minima. Il n’est pas possible de gommer l’événement mais il n’est plus fondateur. Désormais, 1917 n’est plus l’aube d’une ère nouvelle. Il s’agit de replacer «  les révolutions russes  » (Février et Octobre) dans un temps plus long, un contexte. Les Russes redécouvrent la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle. Les tensions sociales ne sont pas absentes (crise de 1905) mais la modernisation du pays est prise pour ce qu’elle apparaissait alors  : un progrès. Pour la suite, comme l’affirmait Narychkine, président de la Société russe d’histoire (et ancien responsable des services secrets) devant une assemblée internationale d’historiens en septembre dernier, la Révolution ne doit pas être interprétée avec manichéisme. C’en est bel et bien fini de la lecture marxiste de l’histoire russe.

    Une histoire à la Michelet

    Pour le gouvernement russe, la chose est entendue  : 1917 ne doit pas être une pomme de discorde. Il faut réécrire un roman national dans lequel 1917 est un chapitre. Tout cela va dans le sens d’une concorde civile retrouvée. L’enjeu est la cohésion du pays  ; Octobre était bâti sur l’idée de la lutte des classes (Lénine), il avait avivé aussi le principe des nationalités (Staline), il a fait le pari de la guerre civile (Trotsky). De tout cela, le pouvoir actuel ne veut pas. En même temps se reconstruit une identité nationale plus ou moins bien bricolée sur un patriotisme ombrageux.

    Aujourd’hui, tous les musées russes proposent une commémoration de 1917 mais en mettant en valeur l’innovation esthétique post-révolutionnaire. Il en est de même dans la programmation musicale. Les colloques académiques se multiplient. Mais la chose est claire, 1917 est désormais un épisode de l’histoire russe, il n’est plus un moment fondateur, clivant. Cela permet de remettre dans l’histoire l’émigration russe ostracisée depuis l’origine. L’Empire, comme régime, a cessé d’être “diabolisé”. Et si Nicolas II fait débat, c’est aujourd’hui à propos d’un film relatant ses aventures de jeune prince avec une actrice. Si quelques défenseurs d’une sainteté rétroactive du dernier empereur se laissent aller à perturber des représentations du film Matilda, l’Église et le gouvernement tentent un retrait prudent de la polémique.

    Définitivement, les étoiles d’Octobre se sont éteintes. Il n’y a même pas eu nécessité de faire appel à un Méline besogneux ou un Combes atrabilaire, ces médiocres petits bourgeois français, tueurs d’espérance depuis leur salle à manger. Sans doute la Russie a-t-elle besoin de construire une histoire nationale à la Michelet. Les dirigeants actuels savent utiliser l’argument historique, même tordu, pour avancer les pièces de leur jeu en Ukraine ou dans les pays baltes. Mais, au fond, qu’importe. En face, on joue avec les mêmes pièces mais d’une autre couleur. Ce qui est important, c’est que 1917 ne soit pas un sujet de discorde interne. Les revues d’histoire dans les kiosques font la part belle à toutes les figures de la période, face claire, face sombre. Dans ce jeu de l’apaisement, Lénine y perd, Staline y gagne (et le Goulag, hélas) mais aussi Witte, Stolypine, etc.

    L’an prochain ce sera la commémoration de l’extermination de la famille impériale et de ses serviteurs. Le sujet est d’importance. La France n’aura pas le beau rôle à commencer par Clemenceau. La Russie, par ses offensives, a sauvé la France en 1914 et en 1916. Les républicains anticléricaux voulaient cette alliance contre-nature dont une partie de l’élite russe ne voulait pas. À l’occasion, le tsarévitch Alexis fut promu dans l’ordre de la Légion d’honneur, espérons que Macron s’en souvienne. C’est le sang de dizaines de millions de Russes, dont celui des Romanov, qui a payé le maintien au pouvoir de ces petits bourgeois qui «  bouffaient du curé à chaque repas  » tout en levant leur verre à 1789, l’an 1 de “leur” humanité…  •

  • Livres • Un prophète d’un nouvel âge ?

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Faut-il ériger l’historien Yuval Noah Harari en prophète de notre temps ? On pourrait sérieusement l’envisager, rien qu’à constater le nombre de lecteurs enthousiastes que suscite son best-seller intitulé Homo Sapiens, traduit en une quarantaine de langues et diffusé à plus de huit millions d’exemplaires. Le président Barack Obama s’est passionné pour cet essai qui prétend nous raconter l’histoire de l’humanité en une synthèse complète. Et il est rejoint par un nombre impressionnant de personnalités, acteurs majeurs du monde actuel, tels Bill Gates ou Mark Zuckerberg. Et il semble que le second essai d’Harari, intitulé Homo Deus. Une brève histoire de l’avenir, rencontre un succès identique. Le savoir-faire de l’auteur y est pour beaucoup, car il faut du talent pour rendre crédible un tel tour de force. Mais il faut ajouter que sa prétention à nous offrir une explication globale de l’aventure humaine et à nous révéler vers quel accomplissement nous nous dirigeons a de quoi intriguer et même fasciner.

    Les deux livres d’Harari font penser à une œuvre de jeunesse d’Ernest Renan L’avenir de la science, car nous y trouvons le même projet qui consiste à imaginer le devenir de notre espèce grâce à la trajectoire du développement scientifique. Dans un cas comme dans l’autre, nous avons affaire à une sorte de gnose scientiste, un substitut de religion, puisqu’il s’agit de donner du sens à l’existence, tout en s’émancipant des âges révolus de l’humanité.

    Renan se demandait si la science n’obtiendrait pas l’ultime secret du monde, celui qui donnerait à l’homme le pouvoir de créer, qui jusqu’ici n’appartenait qu’à Dieu. Harari, lui, est aussi fasciné par les progrès de l’esprit de l’homme, mais il se montre angoissé par le développement d’une intelligence artificielle, que ce même homme a fabriquée et qui risque demain de le mieux connaître que lui-même ne se connaît. Ce n’est plus exactement la gnose scientiste de Renan, mais elle est encore plus inquiétante avec sa projection transhumaniste. Et c’est dans ce climat culturel-là, que les chrétiens ont à faire connaître la Bonne Nouvelle, dont saint Irénée montrait, qu’avec le Christ, elle était la nouveauté absolue. C’est un sacré défi !  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 novembre 2017

  • Société • Quand Robert Merle prédisait une dictature féministe dans « Les Hommes protégés »

     

    Par   

    LECTURE - Emilie de Lépinau a lu le roman de Robert Merle « Les hommes protégés », une dystopie où les femmes prennent le pouvoir et se vengent de siècles de domination masculine. Toute ressemblance avec des situations existantes ne saurait être que fortuite.  Il en résulte une recension savoureuse et subtile [Figarovox - 31.10] sur un sujet de société en pleine actualité.  LFAR

     

    « Ce qui me plonge dans un profond malaise, c'est le genre de grief retenu ici contre moi, un sourire, un regard, le contact d'une main, autant de crimes. Je ne m'habituerai jamais à cette contre-sexualité fanatique. » 

    L'aveu n'est pas celui d'un porc balancé par un hashtag mais la confession de Ralph Martinelli, héros des Hommes Protégés de Robert Merle. Dans ce roman paru en 1974, une encéphalite décime aux États-Unis les hommes en âge de procréer. Quelques chercheurs, nécessaires à l'avancée de la science, bénéficient d'une protection rapprochée, et sont chargés sous la bonne garde de miliciennes, de trouver un remède.

    Pris dans cette quarantaine, le docteur Martinelli, charmant chercheur, veuf et père de famille, incarne le bouc émissaire de ses laborantines, de ses supérieures et des femmes alentour qui telles des mégères de Brassens ont accumulé leur rancune patiemment et se vengent de siècles de domination masculine. Devant remplacer les hommes dans la force de l'âge disparus, dans tous les domaines et à tous les niveaux, les femmes s'organisent jusqu'à faire du gouvernement une dictature féministe.

    De la plus juste à la plus outrée, de la jouissance sans homme à l'interdiction du « Mademoiselle », leurs réactions et décisions constituent un catalogue de la lutte pour les droits des femmes les plus contemporains, à croire que l'on se passe du Robert Merle sous le manteau dans les AG des mouvements féministes.

    Le docteur Martinelli se désespère : « C'est à ne pas y croire ! Il n'a pas fallu plus de six mois pour imposer à ces femmes intelligentes la phraséologie du moment et les idées qu'elle véhicule.»

    L'homme reproducteur est le malade, il est celui à abattre. À la limite à guérir de sa virilité qui le tue, car s'il accepte la castration, il sera épargné par l'encéphalite et pourra arborer à sa boutonnière le A en lettres dorées des Ablationnistes, non pas comme marque d'infamie mais comme un blason d'honneur.

    Dans cette nouvelle société misandre, les hommes « entiers » n'ont d'autres choix que d'être protégés, alors à la merci de gardiennes vengeresses ou alors clandestins, errants, traqués par la furie légalisée.

    Libérées du joug phallocrate, les femmes n'en sont pas toutefois quittes de leur incorrigible désir de maternité, et en ces temps de grande pénurie de mâles, l'État se doit d'organiser la procréation sans père.

    Le docteur Martinelli doute : « Pense-t-on modifier une méthode qui depuis deux millions d'années a fait ses preuves ? Je me le demande car j'ai lu hier un article dans lequel je lis ces lignes stupéfiantes : l'acte sexuel devrait cesser d'être le moyen employé par la société pour renouveler la population.» Mais dans la dystopie de Robert Merle, l'État Providence est prodigue et reconvertit les prostituées touchées par un chômage massif en fonctionnaires assermentées, chargées du prélèvement obligatoire de la précieuse denrée.

    Cruelle et burlesque conséquence de l'éradication de la jeunesse masculine, les vieillards épargnés par l'épidémie sont la proie d'adolescentes harceleuses et violeuses, rendues folles de leurs désirs insatiables.

    Face aux ministres sadiques, garces moralistes, miliciennes amoureuses et autres espionnes rigides, la résistance masculine s'organise et tente de sauver le pays du totalitarisme féministe. Même outre-Atlantique, le Président français use de son influence pour ramener l'Amérique à la raison. Il s'appelle Emmanuel. Son nom finit en « on ». Il a 88 ans et a été élu par « la tradition politique la plus constante de la France, la gérontophilie ». Dommage, à quelques lettres et à une surprise politique près, la fable fût encore plus drôle.

    Dans un sursaut ontologique coupable, le docteur Martinelli ose une œillade à une collègue :

    « J'ai retrouvé le temps d'un regard la vieille complicité entre les deux sexes qui était pour moi un des bonheurs quotidiens de la vie.»  

    #NebalancezpasRobertMerle 

    Emilie de Lépinau est journaliste. Elle écrit pour Le Figaro Histoire

    Emilie Lépinau

  • Cinéma • L’École buissonnière

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    L’École buissonnière, une comédie dramatique de Nicolas Vanier,  avec François Cluzet, Valérie Karsenty, François Berléand, Jean Scandel, Éric Elmosino, Frédéric Saurel 

    « Heureux qui comme Ulysse à fait un beau voyage »

    Et c'est effectivement à un très beau voyage en Sologne que nous convie ce film.

    J’ai craint quelques instants une mièvrerie qui n’aurait rien à raconter, pour la seule mise en scène de Cluzet.

    Mais non…

    L’École buissonnière, c’est un joli conte de fées, la merveilleuse aventure d’un petit orphelin à la recherche de sa mère (biologie quand tu nous tiens!), une belle histoire de tendresse, d'amitié et d’amour où, malgré Valérie Karsenty et le canif de Totoche, il n'y a pas de « scène de ménage ».

    Un film campagnard, enraciné, pour les goûts simples de Pêche, Chasse, Nature et Traditions, et de Cuisine frugale où le bio véritable a l’humilité de ne pas s’afficher.

    Un film pour tout public… sauf les bobos, d’ailleurs Médiapart appelle à son boycott !

    Raison de plus pour nous y précipiter avec nos enfants ou petits-enfants, en leur chantant comme autrefois : 

    « Ah mon beau château
    Ma tantire lire lo ».  

  • Contre l’école-gadget

    Une belle brochette de pédagogistes français 

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Cette tribune [16.11] est de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal et que nous reprenons volontiers, souvent, tant elles sont pertinentes, proches de nos propres idées, et collent, de façon vivante, intelligente et claire, à l'actualité la plus intéressante. Il s'agit ici de l'école, sujet essentiel s'il en est pour l'avenir de notre pays. Mathieu Bock-Côté parle pour le Québec mais il suffit de le lire pour mesurer combien son propos s'applique tout autant à la France. Importance signalée ...  LFAR  

     

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    Réinventer l’école ! Ce slogan, on l’a entendu mille fois. Il nous vient souvent de ministres, mais il est aussi répété en boucle par des apprentis sorciers qui prétendent d’une manière ou d’une autre révolutionner la pédagogie.

    Ils s’imaginent, par exemple, qu’on enseignera par le jeu. Ou alors, ils croient en la rédemption par les nouvelles technologies, comme si la pédagogie ne pouvait désormais se passer d’elles. Ils misent sur la tablette, sur le cellulaire ou sur n’importe quel autre écran pour métamorphoser la vie à l’école.

    Modernité ?

    C’est ce qui les amène, de temps en temps, à croire qu’une vidéo YouTube vaut bien un livre, comme si ce dernier n’était finalement qu’une technologie vieillie, faite pour accumuler la poussière. Appelons-les les militants de l’école gadget. 

    Ces réinventeurs compulsifs sont obsédés par une chose simple : s’arracher à l’école du passé. Ils se l’imaginent dictatoriale et coupée de la vie. On imagine les maîtres tyrannisant les élèves, ne les respectant pas, les étouffant même. 

    C’est une caricature, évidemment, grossière, grotesque, ne correspondant pas vraiment à la réalité. Ils y tiennent, toutefois, puisqu’elle justifie leur refus fanatique de la tradition. Plus le passé sera laid, plus on sera en droit de s’en servir comme d’un repoussoir.

    D’ailleurs, il y a un crime qu’ils ne pardonnent pas : la nostalgie. Celui qui, d’une manière ou d’une autre, se met à regretter ne serait-ce qu’un aspect du monde d’hier et de son école en est accusé. Il passera immédiatement pour un taré passéiste et une vieille baderne.

    Pourtant, ils sont nombreux, au fond d’eux-mêmes, à savoir que nous avons perdu quelque chose de précieux en chemin avec la modernisation de l’éducation.

    Est-ce le silence des élèves à la bibliothèque, considérée comme le temple du savoir au sein de l’école ?

    Est-ce la concentration qu’on valorisait dans la lecture d’un livre alors qu’aujourd’hui l’attention papillonne et passe d’un lien internet à l’autre, sans être capable de se fixer sur quoi que ce soit ?

    Est-ce le respect qui était dû aux enseignants à une époque où ils ne devaient pas faire de la gestion de classe à temps plein avec des enfants à problème ?

    Est-ce la modestie de chacun devant les grandes œuvres, qu’on avait souvent honte de ne pas avoir encore lues alors qu’on savait bien que s’y cachait un trésor ?

    Une chose est certaine : si l’école d’hier n’était évidemment pas parfaite, elle n’avait pas que des défauts.

    Il ne faut pas réinventer l’école, mais retrouver ses fondements éternels.

    Tradition

    Il faut la sauver de ses faux amis du ministère, des facultés de pseudosciences de l’éducation et des idéologues de la nouveauté à tout prix.

    Imaginons l’école de demain : un enseignant passionné et cultivé, des élèves concentrés, les téléphones portables rangés dans un casier, les autres écrans éloignés, une bibliothèque digne de ce nom qu’on apprend à aimer, la culture valorisée et vénérée.

    Elle serait très bien, cette école.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Nouvelle crise politique au Liban

    Le roi d'Arabie Saoudite Salman Ben Abdulaziz al-Saoud avec l'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri, à Riyad le 6 novembre 2017

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Le premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé sa démission le 4 novembre dernier à la télévision...saoudienne.

    Certes, Hariri a la double nationalité libanaise et saoudienne, mais le fait reste tout de même surréaliste. De là à penser que l'homme d'affaires sunnite a été contraint à ce geste par le régime saoudien, il n'y a évidemment qu'un pas, d'autant qu'Hariri est toujours à Ryad. Il ne s'est donc pas rendu au Liban pour remettre sa démission au Président Aoun comme l'exige la Constitution.

    Est-il libre de ses mouvements ? On peut penser que non. Voulait-il vraiment démissionner ? C'est peu probable mais Hariri est totalement dépendant de Ryad. Son groupe de BTP, Saudi Oger, dont il a hérité de son père Rafic, est en faillite. La corruption généralisée qui entourait l'activité de l'entreprise rend facile une intervention de l'Etat saoudien pour faire pression sur Hariri qui pourrait encourir une longue peine de prison pour toutes ses activités frauduleuses.

    Que veut Ryad en organisant ce scénario improbable ?

    Toutes les clés ne sont pas encore connues mais il est toutefois évident que cette démission s'inscrit dans la prise de pouvoir progressive du prince héritier du royaume wahhabite, Mohamed Ben Salman (MBS pour les intimes) qui succédera à son père Salmane, âgé de 82 ans.

    Il est décidé à moderniser le royaume et à affronter la puissance iranienne afin que l'Arabie Saoudite demeure la principale puissance de la région.

    C'est pourquoi il a déclenché la guerre au Yémen afin d'empêcher les rebelles houttistes, proches de Téhéran, de prendre le pouvoir.

    C'est aussi pourquoi il a instauré un blocus brutal contre le Qatar, coupable de trop parler avec l'Iran.

    C'est enfin pourquoi une vague d'arrestations a frappé le royaume saoudien où des dizaines d'hommes d'affaires, de princes et de ministres ont été assignés à résidence avec interdiction d'exercer toute activité. Tout ceci sous le prétexte de lutter contre la corruption. Celle-ci est réelle mais elle est consubstantielle à l'Arabie Saoudite et c'est en réalité un moyen commode de se débarrasser d'opposant potentiels.

    La démission forcée d'Hariri s'inscrit dans la même logique.

    L'Arabie saoudite a perdu, par procuration, la guerre en Syrie que l'Iran, elle, est en passe de gagner. Ceci a considérablement renforcé le Hezbollah libanais, également très actif dans le conflit syrien contre les islamistes dont beaucoup étaient financés par Ryad.

    MBS considère dès lors qu'Hariri, son pion sunnite à Beyrouth, ne peut plus exercer le pouvoir de façon crédible face à un Hezbollah qui est clairement un Etat dans l'Etat. Le Président chrétien Michel Aoun étant lui-même proche des chiites et de Damas, il est devenu nécessaire de mettre fin à la caution saoudienne.

    C'est un signal clair envoyé à Téhéran et le pauvre Liban se retrouve une fois de plus le jouet de conflits qui le dépassent.

    Personne ne sait comment cette nouvelle crise institutionnelle va se terminer mais une chose est certaine, c'est bien la rivalité Ryad-Téhéran qui est au cœur de l'actualité du Proche-Orient.

    Le conflit entre les sunnites et les chiites ne connait décidement aucun répit.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • La République en marche oublie la France

     

    Par François Marcilhac

     

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    Dans la «  charte des valeurs  » que vient d’adopter la République en marche, la nation n’est pas citée non plus.

    Ce 16 novembre 2017, la République en marche, «  mouvement politique et citoyen  » (sic), a publié sa «  nouvelle charte des valeurs  », qui sera soumise aux votes des membres de son Politburo le 18 novembre, après avoir été «  enrichie de la consultation organisée  » auprès des adhérents du parti. Contrairement au premier texte, pour lequel la France existait encore («  nous pensons […] que l’avenir de la France nécessite de renouer avec l’idée de progrès  »), mais qui ignorait déjà le mot de nation, cette nouvelle charte rompt publiquement avec la France qui ne fait plus l’objet des préoccupations du parti jupitérien.

    Apôtres d’un progressisme béat qui, pour remonter aux XVIIIe et XIXe siècles, sert aujourd’hui à promouvoir l’adaptation servile au mondialisme, ces «  héritiers de valeurs séculaires humanistes, républicaines et laïques  » ne se reconnaissent que «  comme citoyens européens, attachés au projet d’une Europe politique, et convaincus que l’ensemble des valeurs qui [les] rassemblent […] ne pourra réellement se déployer que dans le projet européen  », un projet qui est lui-même explicitement subordonné à la logique de la mondialisation, garante d’un «  avenir collectif  » dans lequel n’entre pas le peuple français, constitué en nation, la France n’étant plus synonyme que de «  repli sur soi  » ou de «  retour en arrière  ».

    Cette charte des valeurs a au moins le mérite de prouver aux Français, s’il en était encore besoin, que le projet macronien vise à la disparition même de la France. L’ennemi des Français s’est ainsi clairement désigné.   

  • Bernanos contre l'indifférence ...

     

     

    « Le démon de notre coeur s'appelle " à quoi bon ? " »

     

    Georges Bernanos

     

    Conférence aux étudiants brésiliens, Rio de Janeiro, 22 décembre 1944. Bibliothèque de la Pléiade, Essais et écrits de combat, t. 2, p. 962. -

  • Paris : Prochain cercle de Flore ce soir vendredi 17 novembre 


    sans-titre.pngLe cercle de Flore donne rendez-vous vendredi 17 novembre à 20 h pour une table ronde qui réunira Dimitri Kochko et Pascal Cauchy, qui tenteront de répondre à la question : « Faut il un Nuremberg du bolchevisme ? »

    Le vendredi 17 novembre à 20h, au siège de l'Action française, 10, rue Croix-des-Petits-Champs - 75001 Paris

    Metro 1 et 7 : Palais Royal - Musée du Louvre.

    Renseignements et réservations : cercledeflore@actionfrancaise.net

    Entrée : 5€

  • Personne ne redressera jamais la France tant que les médias seront ce qu'ils sont

    Léa Salamé et Raphaël Glucksmann

      

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    Une chose est certaine : personne ne redressera jamais la France tant que les médias seront ce qu'ils sont.  Tant qu'on ne prendra pas à bras le corps le problème qu'ils sont pour la santé mentale de la nation. Et tant qu'on ne l'aura pas réglé. 

    Nous vivons en régime d'opinion et chacun sait bien que celle-ci ne naît pas de génération spontanée. L'opinion se fabrique et ses idées sont celles qu'on lui instille. Sa capacité d'autonomie est faible, rare et éphémère, facile à retourner, même lorsque, à l'égard des médias, le doute s'installe, voire la contestation, l'hostilité ou le mépris. Façonner l'opinion, même rebelle, n'a jamais été aussi aisé qu'aujourd'hui où les moyens techniques de communication de masse en continu en font un jeu d'enfants d'une redoutable efficacité. La santé mentale de la société française dépend étroitement de l'orientation des médias. 

    Or la caste très fermée qui s'est approprié radios et télévisions, qui monopolise les heures d'antenne, n'aime pas la France ni sa civilisation, ni son ordre traditionnel, ni les peuples et les ethnies qui les ont fondées. Cette caste hostile assure spontanément sa propre permanence. Elle se renouvelle par cooptation, par copinage évidemment de gauche, et même par mariage. On entend beaucoup plus Raphaël Glucksmann sur certaines stations depuis que, revenu de ses aventures politico-sentimentales de Kiev et de Tbilissi, il a épousé la très influente Léa Salamé... et travaille pour Benoît Hamon. Le phénomène de couple joue dans les médias comme ailleurs son rôle d’apporteur de puissance, d'audience et d'influence. Mariages qui peuvent relier le monde des médias aux milieux politiques, aux milieux d'affaires ou people ... Le recrutement de cette caste est assez largement communautaire, rarement de lointaine tradition française et très majoritairement de gauche, modérée, extrême ou radicale, gauche « friquée », où la détestation de la France historique, de toute société traditionnelle, est dominante. Ainsi ne cesseront d'être attaqués, moqués, ridiculisés, nos principes traditionnels, notre histoire, nos mémoires, nos structures sociales. Etc.  

    Cette caste toutes chaînes confondues a son vocabulaire, ses formules, ses tics de langage, ses rites, ses préférences, ses choix, ses ostracismes implacables, partout les mêmes, stéréotypés, uniformisés, inévitables. Elle multiplie les campagnes lancinantes destinées thème par thème à littéralement hystériser l'opinion, y compris au moyen de la plus extrême vulgarité, pour quelques jours, semaines ou mois, comme s'en est indigné Maxime Tandonnet, il y a à peine quelques jours.  Il y a enfin les grands combats électoraux. Dans les campagnes électorales les médias ont toujours leur candidat. Unique en général ; le même pour tous. 

    Le système médiatique qui a assuré jusqu'à présent sa pérennité par les moyens que nous avons tenté de signaler brièvement, a une homogénéité et une cohérence. Le message des médias a un sens. Il s'agit en bref de détruire ou si l'on préfère de déconstruire la société française, historique et traditionnelle. Et par là de subvertir le mental français.

    « L'impression du sol qui se dérobe sous nos pieds s'aggrave sans cesse » écrit Olivier Rey fort justement. Ainsi naît la nostalgie, la mélancolie, le profond malaise français, source de nos renoncements et de notre déclin. De ces renoncements et de ce déclin les médias portent une grande part de responsabilité. 

    C'est pourquoi nul ne redressera la France tant que les médias seront ce qu'ils sont. 

    Il y aujourd'hui en France assez de journalistes et d'intellectuels de grand talent, qui aiment la France, dont les noms sont connus de tous et la liste facile à établir, pour que le ménage qui s'impose dans les médias et le grand remplacement de la caste qui les occupe puissent être tentés et réussis. 

    Il y faudrait une révolution politique qui tarde à venir alors qu'elle est peut-être ce que les Français recherchent et attendent. Confusément encore.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Pourquoi le Dow Jones et les Bourses mondiales vont bientôt s’écrouler

     

    Par Marc Rousset

     

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    Le Dow Jones a atteint le chiffre stratosphérique de 23.539 points vendredi dernier (3.11), tandis que le CAC 40 continuait sa remontée jusqu’à 5.517 et que le Bitcoin, autre indice de la folie spéculative en cours, se dirige allègrement vers les 10.000 dollars. Plus dure et plus violente sera, cette fois, la chute de Wall Street après les corrections de 46 % en 1973, 41 % en 1987, 39 % en 2002, 54 % en 2008 !

    Entre 1921 et 1969, soit pendant 48 années, le Dow Jones a été multiplié par 9, s’élevant de 80 à 720. S’il avait continué au même rythme tendanciel de long terme, il devrait donc être aujourd’hui, en 2017, de l’ordre de 6.300. Il se trouve qu’il est aujourd’hui à 23.539, soit à un niveau quatre fois plus élevé. Pourquoi ?

    Parce que Nixon, en 1971, en abandonnant l’étalon-or et la convertibilité du dollar en or, a fait place nette à l’impérialisme non justifié du dollar, au laxisme monétaire de la Fed et au crédit illimité. De 1969 à 2017, la dette globale des États-Unis (publique + particuliers + entreprises + institutions financières) a été multipliée par 47, passant de 1.500 milliards de dollars à 70.000 milliards de dollars.

    Pendant la même période, le PIB américain, lui, n’a été multiplié que par 19 au lieu de 47. Cela signifie qu’il faut 2,5 dollars de dettes aux États-Unis pour générer un dollar de PIB supplémentaire. Plus grave encore, le PIB états-unien a même baissé de 8 % depuis 2006 en termes réels, selon les chiffres calculés et ajustés par l’inflation de la société Shadowstats, même si les chiffres officiels indiquent une augmentation nominale trompeuse du PIB de 16 %.

    Les dettes énormes et la création monétaire laxiste par la Fed n’arrivent donc plus à s’investir suffisamment dans l’économie productive réelle ; elles se tournent vers la spéculation, l’économie financière, les bulles et les mystérieux 2,5 millions de milliards de dollars des produits dérivés des banques. 

    L’or, lui, paradoxalement, ne réagit pas car il est manipulé par la Fed et les banques occidentales qui font baisser les cours par des prêts d’or des banques centrales tout en intervenant sur les marchés papiers de l’or à terme ; les banques commerciales seraient bien incapables de fournir l’or physique des contrats à terme en cas de nécessité si tous les acheteurs demandaient livraison physique de l’or acheté.

    Le krach boursier à Wall Street est d’autant plus probable que la chute peut provenir également d’un écroulement soudain de la monnaie dollar. L’Iran demande à la Russie de Poutine d’éliminer le dollar pour les transactions en pétrole. La Chine continue son travail de sape dans le même sens par ses pressions sur l’Arabie saoudite et les pays producteurs pour accepter des cotations en yuan, par ses contrats nouveaux de pétrole en yuan-or, et en renforçant le rôle mondial de Shanghai, en collaboration avec Hong Kong, sur le marché de l’or où les livraisons doivent se faire en or physique.

    Si le ratio Dow Jones/cours de l’once d’or – qui était de 1 en 1980, pour passer à 42 en 1999, pour redescendre ensuite à 6 en 2012, pour remonter aujourd’hui à 20, en raison de la bulle boursière sur les actions et de la réévaluation toujours insuffisante du prix de l’or – devait passer en dessous de 0,5, Wall Street connaîtrait cette fois-ci un krach qui correspondrait à l’écroulement complet des Bourses mondiales, du système bancaire et du système financier actuel. 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Recul général des islamistes en Syrie

    Le Ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Les forces de Daesh sont de plus en plus acculées sur la frontière irakienne, prises en étau entre l'armée syrienne (appuyée par les Russes dans les airs et les Iraniens au sol) et l'armée irakienne. Les Kurdes, depuis la rive gauche de l'Euphrate, suivent et surveillent les mouvements syriens sans vraiment combattre les islamistes. C'est ainsi depuis la prise de Raqqa, conformément aux consignes américaines.

    Les islamistes se défendent avec acharnement et, plus d'un mois après l'offensive syrienne, Deir ez-Zor n'est toujours pas totalement libérée. Il est vrai que de nombreux étrangers sont parmi eux (Caucasiens, Tunisiens, notamment, sans oublier les "Français") et, n'ayant pas beaucoup de clémence à attendre en cas de reddition, sont bien décidés à se battre jusqu'au bout. Mais leur défaite ne fait plus aucun doute.

    Dans l'autre place forte islamiste, la province d'Idleb (au nord-ouest de la Syrie), c'est le Front al Nosra (rebaptisé Fatah al-Cham) qui domine. Mais depuis le déploiement de l'armée turque, la situation évolue.

    On sait qu'Ankara et Moscou, depuis leur réconciliation et les discussions d'Astana, se sont mis d’accord pour une installation durable des Turcs dans le nord de la Syrie. Idleb est en effet la quatrième zone de "désescalade" après la Ghouta (dans la banlieue est de Damas), Deraa (dans le sud) et Homs (au centre). Et ce sont les Turcs qui sont chargés de veiller au bon déroulement des accords.

    Erdogan avait de toute façon bien l'intention de ne pas laisser une zone kurde autonome s'organiser tout le long de sa frontière sud, et une implantation solide dans le nord de la Syrie lui permet d'atteindre cet objectif. Quant à l'armée syrienne, occupée à l'est, elle n'a pas les moyens de mener plusieurs opérations d'envergure en même temps.

    Al-Nosra a choisi de ne pas combattre les Turcs, faute de moyens suffisants et malgré l'affaiblissement incontestable de l'armée turque depuis les purges d'Erdogan. Elle les a donc accueillis et doit, progressivement, leur céder plusieurs de ses bases. Cette docilité en dit long sur l'état de ses forces dans une région où, pourtant, les islamistes pullulent.

    De plus, al-Nosra est minée par les divisions. Deux courants s'opposent : l'aile dure, dite jordano-égyptienne, composée des anciens d'al-Qaida et hostile à la Turquie, et une aile plus modérée (si l'on peut dire...) dite syro-saoudienne. Les services secrets turcs jouent de ces divisions, espérant, à terme, provoquer une scission.

    Al-Nosra s'inquiète d'autant plus que des assassinats ciblés continuent de l'atteindre. Ces derniers jours, six dirigeants importants ont été discrètement liquidés. Les auteurs sont potentiellement nombreux : services secrets russes, turcs voire syriens (toujours très actifs), règlements de comptes internes ou venant d'un autre mouvement islamiste.

    Sur le front diplomatique les choses avancent également. Une nouvelle réunion a débuté lundi à Astana où Russes, Iraniens et Turcs vont poursuivre leurs discussions en présence du gouvernement syrien et de représentants de l'opposition.

    Le Ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, mène les discussions avec l'habileté qu'on lui connait.

    Les Russes ont toujours la main en Syrie.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Éric Zemmour : « Comment Donald Trump cherche à mobiliser l'Asie contre la Chine »

    Port de guerre chinois à Djibouti

    BILLET - Le président américain tente de fédérer tous les pays d'Asie qui ont peur de la domination chinoise. Une situation dangereuse, selon Eric Zemmour, lucide comme toujouyrs ! [RTL 9.11].  Sur ce même sujet, on lira avec profit le analyses de Lafautearousseau [Liens ci-dessous].  LFAR 

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    Donald Trump a débuté un voyage officiel en Asie qui durera onze jours. Ce n'est pas un voyage, mais un périple. Pas du spectacle, mais de la grande politique. L'Asie est devenue le cœur des préoccupations américaines. Loin, très loin de l'Europe. Après avoir longtemps joué les modestes, pour mieux attirer les grands groupes américains, la Chine assume désormais son ambition hégémonique : placer la Chine au cœur du libre-échange mondial.

    Comme les Américains après 1945, les Chinois multiplient les institutions financières qui attirent le reste du monde. Mais il n'y a pas que l'économie : ils veulent faire de la mer de Chine un lac chinois et en expulser la marine américaine. Alors Donald Trump tente de fédérer tous les pays d'Asie qui ont peur de la domination chinoise. Mais sur le plan économique, les Américains ont déjà perdu la bataille. Il ne leur reste que l'arme militaire.
      

    Éric Zemmour

    Lecture recommandée : Les analyse de Lafautearousseau sur le sujet ...

    Notre avant-guerre ?

    A quoi tient la renaissance de la puissance chinoise ?

    La Chine construit un port de guerre à Djibouti

  • L’avènement d’un totalitarisme

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Le centième anniversaire de la révolution russe contraste étrangement avec ce que fut la célébration de son cinquantième anniversaire. Il ne faut pas oublier que les événements de 1968 ont suivi immédiatement cette célébration de 1967. Et à ce moment, le coup de force de Lénine était encore magnifié dans tout un secteur d’opinion militante en phase avec un milieu intellectuel encore acquis au marxisme-léninisme. Dans la tête de beaucoup de jeunes émeutiers de Mai 68, il y avait l’idée de recommencer ce qui s’était produit un demi siècle auparavant à Saint Pétersbourg avec Lénine. On peut même dire qu’il y eut durant toute cette période une sorte de réenchantement du marxisme et de l’idéal communiste. Réenchantement qui commença à se dissiper tout de suite avec la répression brutale du Printemps de Prague par les chars soviétiques. On connaît la suite, avec Soljenitsyne et la révélation de L’archipel du goulag, et puis en 1978 l’élection du cardinal Karol Wojtyla au siège de Rome.

    En 2017, la révolution de 1917 n’est donc plus reçue de la même façon. Avec l’effondrement du système soviétique en 1989, est venue l’heure d’un jugement impitoyable à l’égard d’un système totalitaire qui fit d’innombrables victimes. À l’opposé de l’image romantique du soulèvement du peuple des travailleurs, s’est imposée la réalité d’une dictature absolue, fondée sur un parti unique et sur une police politique, la Tcheka, « un organe, explique l’historien Stéphane Courtois, chargé de défendre le régime par tous les moyens de violence, depuis le fichage des populations et la délation généralisée jusqu’à la terreur de masse utilisée comme moyen de gouvernement ».

    Le pape Pie XI avait condamné ce système en 1937, dans son encyclique Divini redemptoris. Cela n’empêcha pas toute une frange de catholiques de se laisser prendre au mirage du modèle soviétique, en allant parfois très loin dans la collaboration avec le parti communiste. Pourtant en France, le père Gaston Fessard avait lancé un avertissement solennel en 1945 dans un manifeste intitulé France prends garde de perdre ta liberté. C’était Gaston Fessard aussi, qui avait rédigé auparavant un manifeste contre le nazisme France prends garde de perdre ton âme. Avec les deux totalitarismes du XXe siècle, c’était bien l’âme et la liberté qui étaient en péril. 

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 novembre 2017

  • On a tout à perdre à mépriser les États et les nations, à les tenir pour dépassés ...

    Barcelone, palais de la Généralité, place Sant Jaume

      

    En deux mots.jpgS'il y a une leçon française de l'exemple catalan, c'est que le politique est hautement conditionné, limité, voire défié par des réalités sociales profondes, antérieures, venues de temps très anciens, qui activent les passions des hommes et suscitent leurs actions, bonnes ou mauvaises, traditionnelles ou subversives ; que les États, les gouvernements, les constitutions, les formules procédurales, ne sont pas tout-puissants ; que la pratique démocratique telle qu'elle est conçue de nos jours, peut même avoir des effets très pervers ; que tout cet attirail ne suffit pas en soi-même à donner à volonté forme et cohésion à une société, ou à la modifier à son gré.  

    C'est en se fondant sur une société catalane très identitaire, de longue date préexistante (en vérité au moins depuis le Moyen-Âge), sur une volonté forte et partagée de défense de sa langue, de sa culture et de ses mœurs, c'est en somme par la culture - les familles, l'école, l'université, les médias, les milieux intellectuels - que les indépendantistes catalans de droite et de gauche ont pris peu à peu le pouvoir en Catalogne. Et in fine le seul qui soit décisif qu'ils viennent de perdre : le pouvoir politique. Cette chronologie n'infirme pas le politique d'abord maurrassien : elle montre ses limites, les conditions et la temporalité - variables - de son application.  

    Les séparatistes viennent de perdre le pouvoir politique en Catalogne et c'est heureux. Mais le catalanisme lui survivra longtemps encore. Soit sous la forme persistante de l'indépendantisme, soit, si son équipée tragi-comique aura servi de leçon, fût-elle amère, comme composante de la nation espagnole. Nation de nations si l'on sait à Madrid comme à Barcelone, respecter des réalités qui, de toute façon, ne s'effacent pas.  

    Le cas pourrait être médité à bien des égards en France et en Europe. Par exemple s'agissant de notre politique d'immigration, qui aujourd'hui fracture gravement et de plus en plus notre société. Ou s'agissant des velléités fédéralistes de certains en matière européenne. En particulier celles que nourrit le président Macron. L'exemple hispano-catalan nous montre qu'on a tout à perdre à mépriser les États et les nations, à les tenir pour dépassés. 

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