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  • Le cauchemar kurde

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    logo lundis.jpgOn sait désormais que la chute du « califat » proclamé à Raqqa en 2014 par l’ « émir » Al-Baghdadi (re)pose à la région le problème kurde, c’est-à-dire la revendication par les combattants kurdes de la coalition d’un Etat indépendant qui pourrait s’appeler « Kurdistan ». Dans sa plus grande extension, c’est-à-dire en s’étendant de manière très inégale sur quatre pays souverains (Syrie, Irak, Iran et, surtout, Turquie), le Kurdistan pourrait couvrir un territoire presque aussi grand que la France et être peuplé (émigration non comprise) de trente à trente-cinq millions d’habitants. Le problème trouverait son origine dans le non respect d’une promesse faite par Britanniques et Français d’établir sur les ruines de l’empire ottoman un Etat kurde (ce qu’invite à penser le traité de Sèvres, 1920), Mustapha Kemal ayant obtenu qu’il n’en soit plus question (traité de Lausanne, 1923). Peut-être cela a-t-il été une erreur, peut-être pas. Ce qui compte aujourd’hui, ce sont les faits d’aujourd’hui. 

    Plusieurs approches sont possibles. La plus stupide, parce qu’elle n’est fondée que sur le sentiment, est l’approche « romantique » et sa variante, l’approche morale. Bon exemple de la première, M. Lévy, l’homme à la chemise blanche, qui s’est beaucoup mis en scène aux côtés des peshmergas. Mais n’est pas Byron qui veut : ce dernier, partisan enthousiaste de l’indépendance grecque, a eu la bonne idée d’aller mourir en 1824 à Missolonghi, même si ce n’a pas été au combat. Et puis, la Grèce c’est - quand même - autre chose que le Kurdistan. Pour la variante, on citera M. Guetta (France Inter, 16 octobre) : « les Kurdes ont conquis le droit moral à l’indépendance ». On peut se demander qui va faire respecter ce « droit », c’est-à-dire qui a intérêt à ce que ce droit soit respecté. Personne, semble-t-il. 

    14089113_1315644015142623_3953563346437149643_n.jpgLa pire approche se fonde(rait) sur le fameux « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », droit dûment recensé dans la Charte de l’ONU, droit qui s’appuie sur le funeste principe des nationalités dont on sait les ravages qu’il a pu engendrer en Europe aux XIXe et XXe siècles, aboutissant notamment à la destruction de la Double monarchie austro-hongroise et à l’affirmation de la grande Allemagne - avec toutes les conséquences que l’on sait. On pourrait certes profiter de la faiblesse des Etats syrien et irakien pour laisser s’installer une entité kurde mais cette « entité » ne serait qu’un petit Kurdistan (environ 20% du territoire et 25% de la population), au demeurant fort peu homogène, et constituerait surtout un tel danger et une telle provocation pour les deux Etats forts de la région  (Turquie et Iran, 75% de la population et 80% du territoire kurdes) qu’on voit mal ces derniers répondre autrement que par la guerre.

    Les choses étant donc ce qu’elles sont, la création d’un Etat kurde constituerait une faute politique grave qui déstabiliserait une fois de plus et pour longtemps tout le Proche-Orient. Or, on ne voit pas très bien en quoi cette instabilité répondrait aux intérêts français et européen. A contrario,  l’élimination de l’Etat islamique ouvre des opportunités à la France pour reprendre pied dans la région en lui permettant de retisser des liens politiques et économiques avec Ankara, Téhéran et les autres. 

  • Zemmour : « Macron est un moderne. Il ne sait pas que l'Histoire est tragique »

     

    BILLET -  Dimanche 15 octobre au soir, Eric Zemmour a vu du Giscard dans Emmanuel Macron : efficace et technique. [RTL 17.10]

    Ce n'est pas de bon augure. Le septennat délétère de VGE n'est ni pour Zemmour ni pour nous une référence. Nous nous souvenons que lors de son élection à la présidence de la République en 1974, contre le soulagement droitier de l'époque provoqué par la défaite de François Mitterrand, nous avions titré quant à nous à peu près ceci [dans Je Suis Français] : « A compter du 27 mai, l'ennemi s'appelle Giscard ».  C'était à la veille du deuxième rassemblement royaliste des Baux de Provence. Nous n'avons été compris et approuvés que quelques temps après ...   LFAR 

     

     

     Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    Le président Macron répondait dimanche 15 octobre pour la première fois aux questions de journalistes sur TF1. « C'était clair et net. De l'excellent travail. Sans notes et sans bavures. Tout dans la tête et rien dans les mains », analyse Éric Zemmour. « Pendant une heure, on comprenait mieux pourquoi Emmanuel Macron avait tant séduit nos élites, de Jacques Attali à François Hollande. À la fois rapide et limpide. Une Ferrari de l'intelligence à la française », raille-t-il.

    « Il rappelait irrésistiblement aux plus vieux Giscard », constate Zemmour . Il note que « si Macron a les qualités de Giscard, il en a aussi les défauts et les lacunes ». Ainsi « au bout de 50 minutes consacrées à l'économie, on en avait assez d'être à Bercy en compagnie du directeur du Budget ».

    « Comme Giscard, Macron est un moderne, c'est-à-dire qu'il pense que nous sommes dans un âge de l'Humanité où tout se règle par l'économie et le droit. La négociation et le deal », ajoute Éric Zemmour : « On songeait encore à Giscard et à la fameuse sentence de Raymond Aron sur l'ancien président : il ne sait pas que l'Histoire est tragique », conclut-il.  

    Éric Zemmour

  • Des symboles étatiques pour une Union sans Etat : les contradictions de l'UE

      

    Par   

    TRIBUNE - Emmanuel Macron a reconnu officiellement lors du Conseil européen des 19 et 20 octobre les symboles « étatiques » de l'Union Européenne, notamment le drapeau et l'hymne européen. Laurent Ottavi montre ici [Figarovox 20.10] que le Président de la République participe à la dilution du politique dans une Europe postpolitique. Nous ne connaissons pas 

     

    rOttavi%20encontres%20franco%20russes%20074.jpgEmmanuel Macron l'a montré lors des premiers mois de sa présidence : il aime les symboles. Il sait qu'ils n'ont rien d'anecdotique. 

    Le débat récent sur le drapeau européen, qu'Emmanuel Macron a reconnu officiellement lors du Conseil européen des 19 et 20 octobre, est donc tout sauf un sujet marginal.

    L'introuvable Etat européen

    Le drapeau fait partie des cinq symboles de l'Union européenne, avec l'hymne, également officiellement reconnu, l'euro, la devise « unis dans la diversité » et la journée de l'Europe le 9 mai.

    Ces symboles sont dits « étatiques » alors que l'UE n'a ni Etat ni nation. Elle n'est pas une Europe des nations mais elle n'est pas non plus une nation européenne. Il existe bien une monnaie européenne, mais tous les pays ne l'ont pas adoptée et, privé du fédéralisme lui permettant de combler par la solidarité les divergences qu'une monnaie unique génère, elle est incomplète.

    Surtout, il n'y a pas de « souveraineté européenne » de laquelle un Etat européen puisse émaner. Depuis la création de l'UE, ce sont au contraire les divergences entre les nations, aussi bien économiques que politiques, qui se sont accentuées.

    L'euro est très révélateur des contradictions de l'Union européenne. Les billets sont signés par le gouverneur de la banque centrale européenne, banque sans Etat, et marqués d'un copyright comme pour une entreprise. Ils sont coupés de toute histoire nationale mais aussi de l'histoire européenne, précisément parce que celle-ci est faite des histoires des nations.

    Après que bien des symboles sont écartés au motif qu'ils « succombent du fait du biais national » (Van Middelaar), il fût décidé qu'au recto des billets devaient apparaître des personnalités anonymes et au verso des éléments architecturaux. Ceux-ci ont finalement été représentés à la fois au recto et au verso. Ils n'ont rien à voir avec des monuments existants.

    L'étude des billets suffit à comprendre pourquoi l'euro est condamné à s'effondrer. S'il n'a pas de « visage », comme l'écrit Hervé Juvin, c'est parce qu'il est une « monnaie sortie de l'histoire ». Il ne correspond pas aux réalités.

    Subordination du national au supranational

    Le processus dit d'« intégration européenne » n'a, certes, pas les mêmes conséquences pour tous les pays.

    L'Allemagne a utilisé l'Union européenne, comme l'a montré Marie France Garaud dans ses écrits, pour se reconstituer pacifiquement un Etat. C'est pourquoi le chancelier Kohl avait demandé dans une lettre adressée à François Mitterrand l'accélération du calendrier de mise en place d'une Union économique et monétaire et un nouveau traité, qui deviendrait le traité de Maastricht, « pour des raisons de politique intérieure ».

    Depuis, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe selon laquelle il ne peut y avoir de démocratie européenne en l'absence de peuple européen veille à la primauté de la loi fondamentale allemande, alors qu'en France les traités ont été constitutionnalisés.

    En France, ajouter au drapeau français le drapeau européen revient à subordonner le national au supranational.

    Le drapeau européen fait partie du portrait officiel du président de la République depuis Nicolas Sarkozy, sous la présidence duquel a été ratifié le traité de Lisbonne. Il se trouve au Palais Bourbon, où siègent les représentants du peuple, depuis 2008.

    Accoler deux drapeaux lors d'une rencontre entre chefs d'Etat ne participe pas du tout de la même logique, chacun représentant son propre pays et portant ses intérêts propres. Le drapeau européen marque l'ascendant d'un objet non politique et sans légitimité, puisqu'assis sur aucune souveraineté européenne et rejeté par les Français en 2005, sur la nation, cadre de la démocratie.

    Par ses choix symboliques, Emmanuel Macron s'inscrit pleinement dans la continuité des dernières décennies plutôt qu'il ne contribue à édifier une « nouvelle Europe » illusoire, qui comporterait enfin la solidarité nécessaire à sa viabilité.

    Le faux débat sur « l'emblème confessionnel »

    Les parlementaires insoumis ont cependant amené le débat sur un autre terrain, celui de la dimension religieuse ou non du drapeau, qui - en l'occurrence - paraît bien anecdotique.

    Le drapeau européen date de 1955. Il était d'abord celui du Conseil de l'Europe. Le fonctionnaire à l'origine du drapeau se serait inspiré d'une médaille représentant la Vierge Marie.

    Cependant, contrairement à ce qui a pu être dit, les douze étoiles ne sont pas une référence directe aux apôtres. Le nombre d'étoiles était initialement de quinze ; il fût décidé de le ramener à douze car - entre autres raisons - dans la symbolique c'est le nombre de la perfection et de la plénitude. En revanche, comme l'a souligné Alexis Corbière, le drapeau a bien été adopté le jour où l'on fête l'Immaculée Conception.

    Outre que l'inspiration dudit fonctionnaire ne signifie pas une volonté délibérée de marquer religieusement le drapeau européen, il semble que toute préoccupation religieuse ait été étrangère à l'attribution du symbole du Conseil de l'Europe à la communauté économique européenne dans les années 1980.

    Parler d'« emblème confessionnel » est inadapté, et cet argument en dit sans doute plus sur ceux qui l'ont émis que sur l'objet sur lequel il porte. Ce que les députés Insoumis semblent surtout regretter, c'est que l'Europe - et non pas l'Union européenne - ait des racines romaines, grecques et judéo-chrétiennes.

    L'antécédent de 2005

    Les Insoumis ont avancé un autre argument bien plus intéressant. Le peuple français a rejeté en 2005 le traité qui comprenait les symboles européens. Le traité de Lisbonne qui s'y est substitué, bien qu'il reprenne l'essentiel du texte précédent, ne les conserve pas. 16 des 28 Etats les ont reconnus dans la déclaration 52 annexée au traité de Lisbonne : la France, l'Irlande et les Pays-Bas n'en font pas partie. Cela n'a pas empêché un emploi fréquent de ces symboles en France, lors de la fête nationale du 14 juillet par exemple, sur les portraits officiels des présidents comme il a été dit ou au fronton des bâtiments publics.

    Les Français, bien sûr, n'ont pas voté « non » au TCE parce qu'ils étaient contre le drapeau ou l'hymne européens mais ils sont indissociables du contenu du traité qui a motivé les refus des peuples. Ils ont de fait été amenés en 2005 à symboliser la logique supranationale à l'œuvre qui défait les nations. Les parlementaires, comme l'a déclaré Jean-Luc Mélenchon, devraient en conséquence pouvoir s'exprimer sur la reconnaissance officielle du drapeau et de l'hymne européen. Mais cela reste bien insuffisant.

    L'organisation d'un référendum sur les questions européennes où tous les enjeux seraient clairement posés fait cruellement défaut. Il est encore très improbable dans la mesure où 2005 et ses suites sont encore dans toutes les têtes dirigeantes.

    Au nom de l'impératif européen, la voix du peuple français est condamnée au silence.   

    Laurent Ottavi est auteur à Atlantico et Liberté Politique.

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Médias & Société • Le porc et l’hystérique : l’échec de la révolution sexuelle soixante-huitarde est consommé

     

    Par Véronique Hervouët

    Cette chronique est une fine analyse des phénomènes médiatiques et sociétaux dont nous sommes en ce moment assommés avec le très vulgaire et dégradant slogan dont il est question ici [Boulevard Voltaire, 21.10].  Précisons que les « mœurs archaïques des sociétés traditionnelles » évoquées dans cet article ne se rapportent sûrement pas aux nôtres, dans lesquels les rapports hommes-femmes ont - en France - pour usage la galanterie et se fondent , plus anciennement, sur l'amour courtois.   LFAR

     

    8fe6f36f4b35b99c55433011fb3e483c.jpegL’affaire Weinstein c’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Ce qui est nouveau, c’est que les prétendues élites, dans les alcôves desquelles se passent ces petites affaires, jouent les vierges effarouchées et que les médias qui s’en font les porte-parole posent en modèles de haute vertu scandalisés… Une vaste hypocrisie au regard de la corruption notoire des mœurs dans les milieux où se cotoient le show-biz, les arts officiels et le pouvoir. Mais pas seulement. À des degrés et dans des styles divers, tous les milieux sont concernés. Hier, dans la presse, une universitaire a parfaitement épinglé l’ordinaire de ces pratiques dans son milieu professionnel, non sans pointer avec beaucoup de justesse certaine duplicité féminine et même l’adhésion de nombre de femmes à ce « dispositif promotionnel ».

    
Une histoire vieille comme le monde, que la promotion canapé… Aussi indigne soit-elle, on peut se douter que la vertu n’est pour rien dans cette dénonciation subite, tonitruante. Plutôt y verra-t-on une cristallisation de symptômes qui signent la fin ultime de la fameuse « libération sexuelle » soixante-huitarde. Sous l’influence du désenchantement, issu de son échec, pointe la lassitude d’être soi, l’envie de devenir autre… d’inverser les dominations !

    Les frustrations des « femmes d’en haut » (terminologie employée par Nathalie Saint-Cricq lors de « L’Émission politique » du jeudi 19 octobre) s’engouffrent dans la brèche pour imposer leur loi aux « mâles blancs dominants » qui s’empressent de se battre la coulpe et de déclarer forfait. 

    Ceci au moment même où la virilité et la combativité des hommes seraient vitales pour s’opposer à la régression vertigineuse du statut féminin, celui des « femmes d’en bas » (pour commencer…) qui subissent les violences des mœurs archaïques des sociétés traditionnelles, se multipliant de façon exponentielle au gré de la submersion migratoire. 

    Weinstein, qui n’est ni le seul ni le dernier des gros boss à pratiquer sans scrupule la promotion canapé, n’est qu’un bouc émissaire de haut vol et le détonateur ad hoc pour changer de paradigme. Il a suffi d’une dénonciation d’actrice pour entraîner les suivantes et entamer la procédure sacrificielle. Les starlettes (jusqu’alors promptes à se précipiter à demi nues devant les murs promotionnels et autres escaliers de festivals), les journalistes et les femmes politiques se bousculent soudain, avec des trémolos de patronnesses, au tourniquet victimaire, nouveau faire-valoir médiatique de leur puissance, de leur séduction…  

    Anticipant de quelques semaines ce retour tonitruant de la vertu, une jeune blogueuse avait fait parler d’elle en diffusant des selfies aux côtés de ses « harceleurs de rue », nouvelle modalité de l’hystérique, pour parader, se faire voir en objet inaccessible du désir.

    Il en est de même de cette bobo qui avait dénoncé publiquement un malheureux dépanneur de chez Orange qui avait osé lui déclarer par texto son admiration. Comme quoi même un timide hommage masculin peut être instrumentalisé, dénoncé comme du harcèlement sexuel, par une destinataire désireuse de mettre en valeur son pouvoir de séduction sur les réseaux sociaux.

    Chassez le duo classique du pervers et de l’hystérique et il revient au galop sous la forme d’une injonction au succès fulgurant : « Balance ton gros porc ». 

    Autrement dit : rien de nouveau dans la relation femme/homme (et inversement). L’échec de la révolution sexuelle soixante-huitarde est consommé. Les revendications du « genre », ses annexes reproductives (PMA, GPA) et les luttes souterraines pour légaliser les derniers interdits (pédophilie, inceste, meurtre) ne sont que les dernier feux de ce credo. C’est sur la base de cet échec final, d’un regain de combativité et d’un renouveau culturel occidental qui se profilent que la relation homme femme pourra se redessiner.  

    Psychanalyste et essayiste
  • Société • Une émancipation ratée ?

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgÉtonnante civilisation de la communication qui est la nôtre ! L’extraordinaire vitesse de l’information et la réactivité qui lui correspond dans les réseaux sociaux nous font vivre à un rythme effréné, avec un risque d’ensauvagement. Je reprends ce terme à Maxime Tandonnet qui, dans une chronique du Figaro, s’inquiète à juste titre des phénomènes de meute qui aboutissent à de véritables lynchages médiatiques. Dans son registre à elle, Élisabeth Lévy, la directrice du magazine Causeur, s’inquiète également du même phénomène à propos du scandale hollywoodien qui fait fureur en ce moment. Il est vrai qu’elle n’a pas peur des provocations à contre-courant. Il y a deux ans, elle publiait déjà un dossier sur « la terreur féministe », expression qu’elle modérait au demeurant en expliquant qu’elle était d’ordre psychologique.

    On s’indignera sans doute de cette critique de la terreur, dès lors que la cause des femmes semble totalement légitimée par un scandale évident et les révélations qu’il provoque en fait de violences sexuelles envers les femmes. Mais le problème est de savoir si les phénomènes de meute et l’échauffement idéologique qui se produit sont vraiment capables de nous sortir d’une situation d’évidence pathologique. Lorsque l’éditorialiste du Monde écrit que la seule application de la loi ne suffira pas à endiguer ce type de violence, on ne peut que l’approuver, mais lorsqu’il ajoute que le vrai problème c’est de promouvoir « l’intolérance au sexisme », on voit l’idéologie pointer son nez et on est en droit de formuler sinon son désaccord, du moins ses réserves.

    Le féminisme a pu rendre des services, mais il a aussi montré ses limites, et le néo-féminisme, qui sévit aujourd’hui, n’a rien arrangé. On nous avait pourtant assuré qu’une révolution définitive s’était produite avec les années soixante, qui mettait fin à l’ère patriarcale. À constater que les pires obscénités sexistes sont proférées aujourd’hui dans les cours de récréation, comme ce ne fut jamais le cas autrefois, on se dit qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Et même quelque chose de pourri au royaume de l’émancipation contemporaine.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 octobre 2017

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Famille de France • Le prince Jean de France annonce qu’il recevra le Tour de France à Dreux

     

    Son Altesse Royale le prince Jean de France, vient d’annoncer sur sa page Facebook, que la 7ème étape du prochain Tour de France partira de Dreux.

    L’héritier de la Maison de France, qui avait reçu en octobre 2016 au domaine royal de Dreux, Monsieur Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, a participé activement au dossier de candidature de la ville de Dreux.  Le prince, passionné de cyclisme, s’est donc dit très heureux d’avoir pu travailler avec la mairie de Dreux sur ce dossier, offrant ainsi à sa ville, la chance de recevoir ce grand rendez-vous populaire.  

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    La Couronne

  • Livres • Au service de Sa Gracieuse Majesté

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    enclave - Copie 6.jpgLe duc d'Édimbourg, époux de la reine Elizabeth II ? On pense en général à une vie bordée d'honneurs et de déplacements mais plutôt « plate ».

    Eh ! bien on se trompe, et Philippe Delorme, cet historien des dynasties mises à la portée du grand public cultivé, nous le démontre, dans cette première biographie française d'un des hommes les plus connus au monde. Connu peut-être mais superficiellement et méconnu pour l'essentiel.

    Né en 1921 à Corfou, au sein de cette lignée danoise qui régna un siècle sur la Grèce, Philippe compte plus de « quartiers » royaux dans sa généalogie qu'Elizabeth d'Angleterre qu'il épousera en 1947, après avoir correspondu avec elle depuis 1939, et qui est sa cousine, Philippe étant né d'Alice de Battenberg, descendante de la reine Victoria et épouse d'un prince grec. Éduqué en France, Allemagne et Grande-Bretagne, notamment par un Allemand juif, Philippe parlera toujours mieux les langues de ces pays que le grec moderne. Une des parties les moins connues du cursus de ce prince est sans doute son rôle militaire plus qu'exemplaire durant le second conflit mondial, de la Cyrénaïque au Péloponnèse via la capitulation du Japon. C'est lors de cette période guerrière que le jeune homme achèvera de former cette virilité qui sera l'une des caractéristiques de son comportement, à une époque où, en Occident, on cherche plutôt à mettre en valeur « la part féminine » des garçons... Pas le genre du tout de Philippe qui, néanmoins, ne sera pas roi consort, ni même, officiellement « prince consort », mais régnera toujours en souverain maître, dans son ménage, avec le plein accord de son épouse, la reine régnante.

    Delorme démontre très bien cela, à l'encontre, il est vrai, des tendances actuelles. L'union de ces deux altesses royales est inoxydable et constitue l'une des plus belles et des plus pudiques histoires d'amour des XXe et XXIe siècles. Cet attachement à sa femme, et aussi à son pays d'adoption, explique largement le dévouement inlassable du duc d'Édimbourg au service du Commonwealth, y accomplissant nombre de missions en dehors des voyages officiels. Heureusement la monarchie de Londres a été débarrassée par les démocrates britanniques des oeuvres politiciennes, souvent basses par nature et le prince a préféré travailler, parmi les peuples anglophones, « au cocon de tendresse inlassablement filé autour du globe par une famille royale itinérante » (Régis Debray, La Puissance et la Gloire, 1983), alors que la France républicaine se montrait incapable de créer un tel cocon avec les peuples francophones.

    La biographie du duc d'Édimbourg vient confirmer ce que l'on avait appris de la puissance secrète de la royauté britannique avec le film Sa Majesté la Reine (2006) (The Queen) de Stephen Frears. On apprend des choses à chaque page de ce livre, qui n'oublie pas non plus de s'étendre sur l'humour « incorrect » du duc.... 

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    Philippe Delorme, Philippe d'Édimbourg. Une vie au service de Sa Majesté, Tallandier, 300 p.,avec 24 photos, 20,90 €

     

    PÉRONCEL-HUGOZ - Correspondant du Monde au Caire à l'époque de Sadate, notre chroniqueur a souvent écrit sur le sort des chrétiens d'Orient, dont les coptes d'Égypte, en ses articles, notamment dans La NRH depuis 2003, ainsi que dans l'un de ses premiers essais : Le Radeau de Mahomet (1983).

    Repris de la NRH - Septembre-octobre 2017

  • Société • Tariq Ramadan visé par une plainte pour viol et agressions sexuelles

     

    Le sujet est à la mode. Repris en boucle, incessamment, par tous les médias, sur un mode unique et ad nauseam. Quant aux militantes féministes et laïques, elles ne sont pas notre tasse de thé. Ces saintes-là ne sont pas de notre paroisse. Il n'empêche ! Que l'une d'entre elles ait déposé une plainte contre Tarek Ramadan pour viol et agressions sexuelles (au pluriel) a quelque chose de savoureux. Au moins pour l'instant, en attendant mieux. Que vaudra cette plainte, tiendra-t-elle ? En tout cas, Match a diffusé l'information hier en fin de soirée dans les termes qu'on va lire. Ah ! les bienfaits de « la libération de la parole » ! A suivre.   LFAR

     

    BBaX1vM.pngVendredi, une femme a déposé plainte à l’encontre de Tariq Ramadan pour viol et agressions sexuelles.

    Une plainte a été déposée vendredi à l'encontre de l'islamologue et théologien suisse Tariq Ramadan, notamment pour viol et agressions sexuelles, a-t-on appris auprès d'un des avocats de son accusatrice Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque. Cette plainte a été déposée auprès du parquet de Rouen, dont relève le domicile de la plaignante, pour « des faits criminels de viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation », selon le document consulté par l'AFP. 

    Une révélation cachée dans son livre 

    Henda Ayari, 40 ans, présidente de l'association Libératrices, a indiqué vendredi sur sa page Facebook avoir été « victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années » mais n'avoir pas alors voulu révéler le nom de son agresseur en raison de « menaces de sa part ». Dans son livre « J'ai choisi d'être libre », paru en novembre 2016 chez Flammarion, elle a décrit cet homme sous le nom de Zoubeyr, narrant un rendez-vous dans sa chambre d'hôtel à Paris où cet intellectuel musulman venait de donner une conférence. 

    Il l’a « insultée », « giflée » et  « violentée » 

    « Par pudeur, je ne donnerai pas ici de détails précis sur les actes qu'il m'a fait subir. Il suffit de savoir qu'il a très largement profité de ma faiblesse », avait écrit Henda Ayari, assurant que quand elle s'est « rebellée », qu'elle lui a « crié d'arrêter », il l'a « insultée », « giflée » et « violentée ». « Je le confirme aujourd'hui, le fameux Zoubeyr, c'est bien Tariq Ramadan », écrit Henda Ayari sur Facebook. Selon Maître Jonas Haddad, l'un de ses conseils, « Henda Ayari n'avait pas envie de communiquer sur ce sujet, par peur ». 

    Aucune réaction de sa part 

    « Avec la libération de la parole à laquelle on assiste depuis quelques jours, elle a décidé de dire ce qu'elle a subi et d'en tirer les conséquences judiciaires », a-t-il poursuivi, interrogé par l'AFP. Tariq Ramadan n'avait pu être joint par l'AFP et n'avait pas réagi sur les réseaux sociaux en fin d'après-midi. Relativement populaire auprès d'une partie des fidèles musulmans, il est aussi très contesté, notamment dans les milieux laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique. 

  • Cinéma • Faute d’amour, d'un film l'autre

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Faute d’amour, un film russe d’Andreï Zviaguintsev 

    Après  Mon garçon, de Christian Carion avec Guillaume Canet, un autre long-métrage sur les enfants du divorce !

    Deux histoires qui débutent de façon identique mais traitées très différemment.

    Ai-je le droit de me citer, mais comment ne pas reprendre ce que je disais de ce premier film :   « chacun, du mari et de la femme, a « retrouvé quelqu’un », chacun « refait sa vie »… Et l’enfant dans tout ça ?

    A une époque où, au moindre accident, on met en place une « cellule psychologique », quelle cellule psychologique pour l’enfant dont la cellule familiale ne dure pas plus qu’un CDD ? » 

    Dans les deux scénarios on constate « l’absence » de la police. C’est d’une part l’investissement individuel, personnel, du père de Mon garçon, d’autre part le déploiement collectif du Groupe de Recherche des Enfants Disparus (GRED), qui portent ces drames. Mais si, dans une réalisation pudique, Guillaume Canet prend très violemment conscience de sa paternité, le réalisateur russe, quant à lui, dénonce le Faute d’amour en mettant en scènes très scabreuses, dans toute leurs nudités, la recherche de jouissance et l’égoïsme des parents d’Aliocha. A leur chacun pour soi, avec une vulgarité soulignée par un vocabulaire ordurier, s’oppose la solidarité active et gratuite des membres du GRED, dont je me demande s’il est un héritage, heureux, du collectivisme soviétique !   

    Bref, une œuvre finalement très noire, très pessimiste, le contraire d’un conte de fées, oppressante, mais néanmoins excellente.  

  • Depuis des années comme aujourd'hui Lafautearousseau signale et analyse les dangers que court l'Espagne et avec elle la France et l'Europe

     

    4oftqdou.jpgNous avons voulu consacrer nos articles de ce jour à l'actualité espagnole, brûlante s'il en est. Ils composent, sans épuiser le sujet, comme un mini-dossier.

    La situation que vit l'Espagne est grave pour elle-même, car elle met en jeu son unité, son intégrité, sa cohésion, la paix civile chez elle. Mais ce qui se produit dans ce pays voisin et ami depuis des siècles constitue aussi un risque majeur pour les grands équilibres de l'Ouest européen et pour la France en particulier.

    Il y a cinq ans, en novembre 2012, nous avions analysé ici la situation de l'Espagne à travers l'actualité du moment, mais aussi à partir de données pérennes : les divisions créées par le système des partis et par les indépendantismes montants, basque et catalan. Nous avions envisagé, prévu les extrémités auxquelles ces phénomènes pourraient conduire la société espagnole. Nous y voici. On lira à la suite deux articles de novembre 2012 sur ces sujets et l'on verra que de l'actualité d'alors correctement analysée se dégage la situation de l'Espagne d'aujourd'hui. L'un est signé Pascual Albert, l'autre Louis-Joseph Delanglade. 

    Nous avons aussi publié ces temps derniers différents articles sur la situation actuelle au fur et à mesure des événements et ce depuis l'attentat de Barcelone jusqu'à aujourd'hui. On pourra lire un article récent que nous avons choisi de reprendre aujourd'hui et l'on pourra se reporter aux autres dans notre catégorie Actualité Europe.

    Enfin, nous avons voulu reproduire ici le discours du roi Philippe VI parce qu'il a été déterminant dans la suite des événements par sa noblesse et par sa fermeté, marquant aussitôt un net coup d'arrêt aux menées séparatistes et réveillant partout, y compris en Catalogne, un puissant sentiment national espagnol.

    Rappelons enfin que nous ne sommes pas favorables à la désintégration des grands Etats européens, qui ne ferait qu'ajouter aux désordres du monde ; que nous nous prononçons, dans la situation présente, pour le maintien de leur intégrité. Celle de l'Espagne en particulier.  

     

    Lafautearousseau     

  • Livres • Au service de Sa Gracieuse Majesté

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    enclave - Copie 6.jpgLe duc d'Édimbourg, époux de la reine Elizabeth II ? On pense en général à une vie bordée d'honneurs et de déplacements mais plutôt « plate ». Eh ! bien on se trompe, et Philippe Delorme, cet historien des dynasties mises à la portée du grand public cultivé, nous le démontre, dans cette première biographie française d'un des hommes les plus connus au monde. Connu peut-être mais superficiellement et méconnu pour l'essentiel.

    Né en 1921 à Corfou, au sein de cette lignée danoise qui régna un siècle sur la Grèce, Philippe compte plus de « quartiers » royaux dans sa généalogie qu'Elizabeth d'Angleterre qu'il épousera en 1947, après avoir correspondu avec elle depuis 1939, et qui est sa cousine, Philippe étant né d'Alice de Battenberg, descendante de la reine Victoria et épouse d'un prince grec. Éduqué en France, Allemagne et Grande-Bretagne, notamment par un Allemand juif, Philippe parlera toujours mieux les langues de ces pays que le grec moderne. Une des parties les moins connues du cursus de ce prince est sans doute son rôle militaire plus qu'exemplaire durant le second conflit mondial, de la Cyrénaïque au Péloponnèse via la capitulation du Japon. C'est lors de cette période guerrière que le jeune homme achèvera de former cette virilité qui sera l'une des caractéristiques de son comportement, à une époque où, en Occident, on cherche plutôt à mettre en valeur « la part féminine » des garçons... Pas le genre du tout de Philippe qui, néanmoins, ne sera pas roi consort, ni même, officiellement « prince consort », mais régnera toujours en souverain maître, dans son ménage, avec le plein accord de son épouse, la reine régnante.

    Delorme démontre très bien cela, à l'encontre, il est vrai, des tendances actuelles. L'union de ces deux altesses royales est inoxydable et constitue l'une des plus belles et des plus pudiques histoires d'amour des XXe et XXIe siècles. Cet attachement à sa femme, et aussi à son pays d'adoption, explique largement le dévouement inlassable du duc d'Édimbourg au service du Commonwealth, y accomplissant nombre de missions en dehors des voyages officiels. Heureusement la monarchie de Londres a été débarrassée par les démocrates britanniques des oeuvres politiciennes, souvent basses par nature et le prince a préféré travailler, parmi les peuples anglophones, « au cocon de tendresse inlassablement filé autour du globe par une famille royale itinérante » (Régis Debray, La Puissance et la Gloire, 1983), alors que la France républicaine se montrait incapable de créer un tel cocon avec les peuples francophones.

    La biographie du duc d'Édimbourg vient confirmer ce que l'on avait appris de la puissance secrète de la royauté britannique avec le film Sa Majesté la Reine (2006) (The Queen) de Stephen Frears. On apprend des choses à chaque page de ce livre, qui n'oublie pas non plus de s'étendre sur l'humour « incorrect » du duc....  

    Philippe Delorme, Philippe d'Édimbourg. Une vie au service de Sa MajestéTallandier, 300 p., avec 24 photos, 20,90 €

  • L’Espagne à la croisée des chemins. Espagne, où vas-tu ?

     

    par Pascual Albert *

     Publié le 13 novembre 2012 - Actualisé le 20 octobre 2017

    20170814_161658 - Copie.jpgEn moins de deux mois, des élections régionales se seront tenues en Galice, au Pays Basque et en Catalogne, les trois Communautés qui, les premières, ont obtenu l’autonomie et qui ont le plus de compétences, dans leurs Statuts d’Autonomie.

    Si les élections au Pays Basque et en Galice étaient prévues et ont eu lieu parce que c’était le moment qu’elles se tiennent, les élections catalanes seront anticipées, le président Mas (1) ayant dissous le parlement, par une manœuvre opportuniste, résultat de la manifestation indépendantiste massive du 11 septembre, à Barcelone. Il prétend élargir sa majorité – jusqu’à la rendre absolue, si c’est possible – pour ne pas dépendre de l’appui parlementaire du Parti Populaire.

    Dans les trois Communautés Autonomes (2), les partis d’implantation nationale sont présents : Parti Populaire ; socialistes et communistes ; ainsi que, bien sûr, tous les groupes nationalistes anti-espagnols de tous poils : Bloc Nationaliste de Galice, Parti Nationaliste Basque, Convergencia i Unio, Bildu, ERC, etc.

    Les positions politiques des uns et des autres, quant au sens de la nation et quant aux structures de l’Etat, sont clairement différentes.

    Le Parti Populaire (Droite « homologuée »), actuellement au pouvoir, en charge du gouvernement national, comme dans la plus grande partie des Communautés Autonomes et des Municipalités, défend catégoriquement la structure et les institutions actuelles, se refusant, dans les circonstances présentes, à faire des réformes qui, nécessairement, incluraient celle de la Loi Fondamentale : la Constitution. La priorité absolue du Parti Populaire est de tenter de surmonter la crise économique, en suivant les recommandations des institutions européennes et mondialistes. Malgré ses efforts, et la rigueur des mesures prises, malheureusement, les résultats ne sont pas au rendez-vous.

    Le Parti Socialiste apparaît beaucoup plus ambigu et confus ; l’un de ses courants aurait une position assez proche du Parti Populaire, l’autre a commencé à demander la transformation de l’Espagne en un Etat fédéral. Cette ambiguïté fait qu’il lui est difficile de pouvoir profiter de l’importante usure gouvernementale dont la situation (crise, mesures sociales, corruption) fait supporter la conséquence à ses rivaux du Parti Populaire.

    L’extrême-gauche communiste, qui est, par surcroît, écolo-pacifiste et « genderiste », recueille, en général, les désenchantés du socialisme et correspond, et même davantage, à la devise qu’elle porte, dans son âme, écrite en lettres de feu : « tout ce qui est anti-espagnol est nôtre ».

    Les nationalistes de différentes tendances : bourgeois, prolétaires, modérés, radicaux, etc. ont fini par donner du lustre à leurs positionnements maximalistes et demandent des référendums d’autodétermination et autres processus qui puissent les conduire vers leur eldorado indépendantiste.

    Les résultats électoraux sont conformes aux prévisions des enquêtes : en Galice, où, heureusement, le nationalisme ne parvient pas à se développer, le Parti Populaire, comme il était très probable, a validé sa majorité absolue, bien qu’il ait perdu un certain nombre de voix. Le Parti Socialiste a subi, comme prévu, une déroute complète.

    Le Pays Basque, c’est une autre histoire et - quoique l’information distillée par les médias, tant nationaux qu’internationaux, se soit surtout concentrée sur la Catalogne, comme conséquence des derniers événements : le virage stratégique brutal de ce que l’on appelle le « nationalisme catalan modéré », et sa suite, la manifestation « indépendantiste » de Barcelone - il est certain que le plus grand problème institutionnel et politique que l’Espagne a connu ces dernières années a été le terrorisme de l’E.T.A. avec son sanglant cortège de morts, de blessés et de souffrances.

    BILDU, parti ou coalition clairement inspirée et certainement dirigée par l’E.T.A., s’est présenté aux élections régionales dans le nouveau contexte quasi pacifique, l’E.T.A ayant annoncé, il y a déjà quelque temps, qu’elle renonçait à la « lutte armée », sans, pour autant, qu’elle se soit dissoute.

    Lors des élections précédentes – sous différents noms – les radicaux se présentaient aux élections au milieu des bombes et des coups de feu. Déjà, lors des dernières élections municipales et « forales » – tenues dans ce contexte d’armistice ( ?) – ils avaient obtenu des résultats très inquiétants, remportant, entre autres, la mairie de Saint-Sébastien et la présidence forale du Guipúzcoa – avec la complicité du Parti Nationaliste Basque qui n’avait pas accepté l’offre, des partis constitutionnalistes, d’un pacte pour l’empêcher.

    Quant aux dernières élections, les sondages prévoyaient ce qui s’est réalisé : une consolidation de l’espace nationaliste – modéré et radical – et une chute des partis espagnols (nationaux) ; le Parti Socialiste, qui gouvernait la Communauté Autonome Basque, avec l’appui parlementaire du Parti Populaire, a subi, ainsi que ce dernier, de fortes pertes en voix et en sièges.

    Enfin, en Catalogne, le processus étant très en retard – en raison de son caractère imprévu et soudain – il n’y a pas encore une perception très nette du contexte électoral à venir. Ce qui, toutefois, est certain, c’est que si le président nationaliste Arturo Mas a franchi le pas qu’il a franchi (convocation d’élections anticipées), c’est parce qu’il espère renouveler et conforter sa majorité ; l’ampleur indéniable de la manifestation indépendantiste de Barcelone rend assez prévisible que la situation électorale soit plus ou moins similaire à celle du Pays Basque.

    Que s’est-il passé pour qu’en un si court espace de temps, moins de dix ans, le label de l’Espagne, laquelle apparaissait tellement consolidée, avec ses réussites économiques, politiques, sociales, sportives, etc., au point d’être montrée comme un exemple à suivre, dans le même temps qu’ apparaissaient dans le monde des situations nouvelles « compliquées » : par exemple, la chute de l’empire soviétique, les Balkans, etc.

    Naturellement, de nombreux éléments se sont conjugués, parmi lesquels, sans aucun doute, les facteurs de crise économique brutale et la perte de prestige accélérée de la caste politique ne sont pas les moins importants. Mais se conjuguent, aussi, d’autres causes, de différents ordres, qui rendaient prévisible que cette situation se produise, un jour ou l’autre.

    Je vais tenter de les expliquer le plus brièvement possible :

    I. Des raisons qui sont profondément liées au processus historique de formation de la nation Espagne 

    Le processus de formation de l’Espagne est très différent de celui de la France (où, à partir de la « centralité » d’une dynastie, les Capétiens, se construit, peu à peu, empiriquement, une nation, à travers des conquêtes et/ou des alliances, à la recherche des frontières du « pré-carré »).

    231339459.jpgL’invasion arabe et le processus  de reconquête chrétienne qui l’a suivie, font naître et se développer une série de royaumes et principautés, qui confluent, finalement, vers deux grandes couronnes : la Castille et l’Aragon, accompagnées d’un Portugal qui, progressivement, s’auto-affirmera et fera son chemin séparément, et d’un royaume de Navarre qui, quoique avec une beaucoup plus grande assise territoriale et incidence historique initiale dans la péninsule ibérique, sera porté, par les avatars de l’Histoire, à n’être qu’un appendice de la France. La Castille et l’Aragon s’unissent, en la personne de leurs rois, Ferdinand et Isabelle. Les Rois Catholiques conquièrent Grenade – le dernier bastion musulman ; avec eux commence la découverte et la colonisation de l’Amérique et, en s’immisçant dans les querelles internes de la Navarre, ils annexent la partie ibérique de ce royaume, et, en quelque manière, ils atteignent leurs frontières naturelles. Mais cette union se réalise à travers la personne des Rois Catholiques et chacun de ces peuples conserve ses lois, usages, coutumes et sa langue : en conclusion, ses « Fueros » (3). Les langues parlées sont : le galicien portugais, le catalan et le castillan, d’origine latine et la langue basque préromane. 

    La modernité a rogné progressivement ces « Fueros » et libertés : la vision « régalienne » de Charles premier d’Autriche en a presque fini avec les libertés castillanes et le « centralisme » du premier Bourbon, Philippe V, abroge les fueros d’Aragon, de Catalogne, de Valence et des Iles Baléares (couronne d’Aragon). Par parenthèse, il serait peut-être intéressant d’approfondir, un jour, le thème de la guerre de succession d’Espagne, origine des mythes les plus enracinés du nationalisme catalan et du pan-catalanisme.

    Mais tout cela – quoique grave – est sans aucune comparaison avec l’authentique agression centraliste et, plus encore, uniformisatrice  (dont, vous, les Français, êtes paradoxalement, à la fois, les « coupables », les victimes et le modèle paradigmatique) que les « fils des Lumières » et leurs héritiers, les Jacobins enragés, ont impulsé avec le libéralisme. Mais, en Espagne, cela ne leur fut pas facile et, en l’espace de cinquante ans (1830-1880), ils se sont retrouvés face à un peuple en armes, pour défendre jusqu’à la mort ses traditions.

    On a appelé cela les guerres carlistes et – quoique perdues – celles-ci ont rendu possible qu’au moins les Basques et les Navarrais conservent de nombreuses particularités « forales » dans leurs Statuts, parmi lesquelles la « Concertation Economique » qui consiste en ce qu’ils perçoivent l’impôt et, ensuite, payent à l’Etat le montant « pacté » (qui, naturellement, est toujours inférieur en pourcentage à la contribution directe des autres régions).

    En conclusion, nous pourrions dire qu’en Espagne le changement de l’ « Ancien Régime » au nouveau n’a pas été bien achevé. De fait, l’actuelle fièvre catalane a pour excuse le refus du gouvernement central de négocier une « Concertation Economique ». D’un autre côté, il faut dire que le gouvernement ne peut faire autre chose, parce que la Constitution ne le permet pas. Auparavant, il faut la réformer. 

    2. Des raisons qui sont liées à la structuration de l’Espagne actuelle et à sa Constitution

    Ici, nous pourrions commencer par la fin. Ce qui a été la première tentative de résoudre les problèmes signalés au point précédent, à partir de positions pacifiques et en recherchant des accords entre les forces politiques, n’a pas donné de résultat ; le modèle semble épuisé. Les causes sont nombreuses ; on va le voir ci-après.

    Dans les années dites de la Transition (1970-1990), il y avait un sentiment de « différence » et une mobilisation pour cette différence, en Catalogne, à Valence,  aux Baléares,  au Pays Basque et en Navarre, et, dans une bien moindre mesure, en Galice.

    Ce sentiment que j’appellerai « différentialiste » se centrait fondamentalement sur les questions culturelles et linguistiques, sans que l’on méconnaisse d’autres aspects de la revendication : politiques, économiques, administratifs.

    Il est logique que ce soient les territoires signalés qui aient été les plus motivés, parce qu’y survivaient, avec une plus ou moins grande intensité, une langue et une culture propres, partageant l’espace, de manière inégale avec le castillan, langue de la culture officielle ; elles étaient généralement maltraitées. Mais ces langues étaient très vivantes (rien à voir avec la situation des langues régionales en France) et utilisées habituellement par des millions de personnes.

    Il faut dire que, dans ces années-là, l’immense majorité des gens mobilisés le faisaient par AMOUR de ce qui était leur ; il y en avait très peu qui le faisait en HAINE de l’Espagne et de ce qui est espagnol. Cette situation a changé ; maintenant, énormément de jeunes de ces régions – surtout basques et catalans – s’activent par HAINE de l’Espagne. Ils l’ont apprise par une gigantesque opération de lavage de cerveau qui a duré trente ans, dans les écoles, instituts, universités et moyens de communication.

    Dans un premier temps, on aurait pu donner une suite à ces véritables aspirations d’autonomie, d’une part en les centrant sur ce qui est fondamental, en ne livrant pas, avec armes et bagages, tout le pouvoir médiatique, culturel et éducatif, aux partis nationalistes, ou en maintenant des programmes éducatifs et d’enseignement cohérents et unitaires – bien qu’à Barcelone on les enseigne en catalan et à Séville en castillan – d’autre part en faisant appliquer les lois - aussi bien nationales que régionales - relatives à l’enseignement et à l’usage des langues co-officielles, et en n’acceptant pas les injustices, comme les difficultés de beaucoup de familles en Catalogne et au Pays Basque – aussi bien qu’en Galice – pour pouvoir faire donner à leurs enfants un enseignement en castillan, ou les amendes infligées aux entreprises et commerces qui ne rédigent pas en catalan, etc.

    Cependant, les politiciens de bonne foi, peut-être pour banaliser la chose, ont décidé d’étendre l’état d’autonomie à toutes les régions, y compris lorsque certaines d’entre elles n’en avaient pas besoin et ne le demandaient même pas. Depuis lors, ce qui a fait fureur, c’est la surenchère comparative, le « Moi je veux plus », etc., des partis nationalistes au Pays Basque et en Catalogne, parce que eux « ne peuvent pas être » égaux au reste des Espagnols. Ce qui a commencé par être une revendication de leur légitime « différence », est, maintenant, une exigence d’être « PLUS », c'est-à-dire d’être indépendants.

    Dans ce contexte, il est difficile que le nouveau positionnement du Parti Socialiste - avancer vers un Etat véritablement fédéraliste - puisse être une solution. Un Etat fédéral serait nécessairement égalitaire, s’agissant des compétences de toutes ses composantes, et, cela, c’est justement ce que les séparatistes ne peuvent supporter.

    A cet ensemble de causes s’en ajoutent d’autres, peut-être plus futiles, mais qui deviennent de plus en plus significatives.

    Parmi celles-ci, il y a le brusque virage stratégique de Convergencia i Unio, représentante théorique du nationalisme « modéré » : ainsi, Convergencia i Unio, que ne tardera pas à suivre le Parti Nationaliste Basque. Et, bien que quelques analystes croient qu’il ne s’agit que d’une question d’argent, d’autres – dont nous - ne le voient pas ainsi.

    Il est certain que la Catalogne est littéralement en faillite, comme, d’ailleurs, toutes les Communautés Autonomes, à l’exception du Pays Basque et de la Navarre, et que ses gouvernants (« Tripartito » (4) et nationalistes) ont fait des ravages par leurs gaspillages et actes de corruption – comme les autres.

    Mais, même si le Gouvernement Central leur avait concédé des finances propres – ce qu’il a refusé, refus qui a été le détonateur de la crise catalane, parce qu’il n’y a pas d’argent et parce que cela ne peut pas se faire sans préalablement réformer la Constitution - cela aurait signifié seulement retarder la crise.

    Le cas des Basques est très clair, puisque, alors qu’ils disposent de leurs finances propres et des compétences en matières éducative, culturelle et linguistique, leur nationalisme « modéré » pousse toujours plus vers l’indépendance. 

    Que penser ? Que faire ?

    Dans ce contexte et, sans aucun doute, à moyen ou long terme, que reste-t-il à l’Espagne ?

    Premièrement, réaffirmons bien haut et bien fort que l’Espagne n’est ni la Tchécoslovaquie, ni la Yougoslavie ; plus de cinq cents ans d’une conscience et d’une vie communes  laissent des traces.

     En second lieu, malgré trop d’années de manipulation par les médias, d’intoxication par l’éducation et d’immersion linguistique, nous avons ici les sondages : aussi bien en Catalogne qu’au Pays Basque, la somme de ceux qui se sentent Espagnols ET Basques ou Catalans, ou seulement Espagnols, dépasse clairement le nombre de ceux qui ne se sentent que Basques ou Catalans ; et si, au Pays Basque, plus de 70% utilisent, comme langue habituelle, le castillan, en Catalogne 50% en font autant. Même s’il est sûr que, pour diverses raisons, ces populations apparaissent comme peu mobilisées, il est très possible que cela commence à changer.

     Il ne faut pas oublier, non plus, s’agissant de ces deux Communautés Autonomes, si intimement reliées au reste de l’Espagne, que plus de 70% de leur économie dépend d’elle et qu’elles souffriraient énormément d’une rupture.

     Rappelons aussi que les lois espagnoles elles-mêmes font qu’il appartiendrait au peuple espagnol, pris dans son ensemble, d’accepter, par référendum, cette rupture.

     Quant aux institutions européennes, que les séparatistes invoquent, argumentant qu’il n’y aura pas de problème, qu’ils vont rester dans l’Europe et dans la zone euro, cela est-il bien ainsi ? Que vont dire la France, avec l’irrédentisme basque et catalan, à ses frontières ? l’Italie, avec les Ligues du Nord et du Sud ? la Belgique, avec les Flamands et les Wallons ? etc.  Il me semble que seule l’Allemagne serait favorable, parce qu’il est clair qu’elle préfère de petites nationalités, plus ou moins ethnolinguistiques, aux grandes nations historiques.

     Alors que la logique et le sens commun le plus élémentaire nous font conclure que la priorité, aujourd’hui, est d’arriver à sortir du chaos économique dans lequel nous sommes immergés – en cela le gouvernement central a raison, pour autant qu’il en coûte aux démagogues séparatistes qui, dans ces circonstances, ont déclenché cet orage, démontrant ce qu’ils sont, c'est-à-dire égoïstes, non-solidaires et opportunistes - c’est maintenant le moment de prendre le taureau par les cornes et de fermer – bien et pour toujours – ce débat.

    Bien que les circonstances actuelles ne semblent pas être les meilleures pour la Monarchie (affaires de la chasse à l’éléphant du Roi et le reste… ; incroyable histoire du duc de Palma inculpé dans une vilaine affaire de trafic d’influences et d’évasion de capitaux), encore qu’heureusement il semble que ces affaires soient en train de s’éloigner, la Couronne devrait jouer dans cette situation un rôle important.

    Il n’y a pas de doute que la Couronne doit user de tous les pouvoirs que la Constitution lui donne pour exercer sa médiation et redresser la situation.

    Mais, en même temps, il faut être capable de procéder aux réformes nécessaires pour rendre possible l’Espagne réelle.

    Du plus profond de la tradition espagnole, il faudrait reprendre l’esprit des « Fueros », pour être en adéquation avec notre réalité politique, en donnant à chaque région ce dont elle a besoin, mais dans les limites d’un authentique sentiment de loyauté envers les Espagnes, c’est-à-dire l’Espagne de tous.

    La dynastie régnante, à qui personne ne peut contester la légitimité de son origine, par rapport à la dynastie carliste qui a soutenu ces principes, a devant elle un grand défi. Un défi comparable à la tentative de coup d’Etat du 23 février 1981. Dieu veuille qu’elle soit à la hauteur de l’Histoire. L’Espagne en a besoin.  

     

    * Ami de longue date et grand connaisseur de notre cause, habitant Valence, en Espagne, d'où cet article nous est parvenu.

    1. Arturo Mas : président de Catalogne (2010); a lancé le processus indépendantiste.

    2. l'Espagne est aujourd'hui divisée en 17 communautés autonomes.

    3. Fueros : privilèges et libertés des grandes régions historiques d'Espagne.

    4. Tripartito: coalition de gauche catalane (PSC, Gauche Républicaine, communistes..).