Autour du Charles de Gaulle : 1/2 : Le vrai problème du Porte-avions nucléaire…..
Certains croient utile, ou malin, de se gausser des déboires du Charles de Gaulle. Dans un curieux mélange de réactions fourre-tout, où se mêlent tout à la fois des relents d’anti militarisme, de sentiment anti national, de chauvinisme inversé….. des voix s’élèvent, ici où là, pour démolir ce fleuron de notre marine nationale.
Réaction(s) absurde(s), comme l’explique fort bien le Sirpa Marine, dans un communiqué qui ramène d’abord l’ « affaire » à ses justes proportions : il s’agit de "corriger un défaut d'isolement électrique détecté sur une armoire de contrôle d'une soupape de sécurité du circuit de propulsion arrière".
"Ce défaut d'isolement électrique a été traité", ajoute le communiqué, mais "les investigations menées pour identifier le défaut électrique ont mis en évidence un dysfonctionnement sur une soupape de sécurité". Si bien que "après expertise, la décision a été prise ce samedi 16 octobre de procéder à un échange standard de la soupape".
Le Sirpa a expliqué, pour conclure, que "pour réaliser cet échange, il était nécessaire de procéder à un arrêt complet de l'ensemble propulsif arrière", en ajoutant que la durée d'intervention était "estimée à plusieurs semaines".
En résumé, des pannes comme celle qui affecte en ce moment le Charles de Gaulle, il y en a régulièrement dans les marines russe ou états-unienne, mais ces deux pays n'en parlent jamais....
Il faut rappeler enfin, pour ceux qui auraient vraiment besoin d’être rassurés, que depuis son grand carénage, le porte-avions Charles de Gaulle a navigué 234 jours, qu'il totalise 4.321 catapultages, et qu'il a parcouru sans le moindre « problème » une distance équivalente à deux fois le tour de la terre !....
Le vrai problème de notre porte-avions est donc ailleurs.
Il est que la France, qui dispose d’une flotte cohérente et suffisante de sous-marins nucléaires, ne dispose pas de son second porte-avions nucléaire, qui rendrait également suffisante et cohérente ce volet de notre dissuasion….
"La logique, dès lors qu'un pays décide de se doter d'un porte-avions, c'est d'en avoir un deuxième", avait en effet déclaré Hervé Morin, ministre de la Défense lors d'une visite destinée à marquer le retour à la mer du Charles de Gaulle, après sa dernière immobilisation d’un an et demi pour entretien, et pour le renouvellement de son combustible nucléaire.
"Dès lors que la France considère que nous avons besoin d'un bâtiment qui est un instrument de projection de puissance, en mesure de participer à la prévention des crises et à notre dissuasion (nucléaire, ndlr), la cohérence veut que nous ayons un deuxième porte-avions", a-t-il insisté, ajoutant que "la question se posera le moment venu, c'est-à-dire en 2012".
Et on se souvient qu'en pleine campagne électorale, Nicolas Sarkozy avait presque promis cette construction. Il avait déclaré, en substance, qu'il lui paraissait curieux d'offrir le choix aux français entre leur sécurité et leur éducation (on lui objectait que le coût du deuxième porte-avions risquait de créer des difficultés au budget de l'éducation...). Il semblait donc, d'évidence, partisan de cette construction....
Nous verrons donc bien les suites qu’auront les différents propos présidentiels et ministériels. En tout cas, on peut d'ores et déjà constater que nos gouvernants ont donné des milliards de tous côtés (aux banlieues par exemple, et là en pure perte…), alors qu’une fois de plus ils hésitent ou ils rognent sur les dépenses militaires, chargées d'assurer notre sécurité.
Le Système en a l'habitude: avant la guerre de 14, et avant celle de 39, il a traîné des pieds pour armer la France, avec les résultats que l'on sait....C'est donc une vieille manie républicaine que de sacrifier les intérêts nationaux lorsque cela touche à la Défense nationale, tandis que l'on continue allègrement à gaspiller et à dilapider par ailleurs.....
On le sait bien : les dépenses militaires sont radicalement différentes d'autres dépenses, en ceci que l'État injecte directement dans l'économie nationale les sommes qu'il affecte précisément à la Défense. Nous nous commandons à nous même les chars, avions, bateaux ou autres missiles que nous achetons. Cela fait donc directement tourner l'économie nationale, et qui plus est dans des secteurs de pointe comme la Recherche (à la différence des choses importées, qui vont enrichir d'autres économies: l'énergie en étant bien sûr l'exemple le plus parlant....). Il nous arrive même, quoique cela soit de plus en plus difficile..., de retrouver également notre mise à l'exportation, obtenant ainsi parfois un deuxième retour sur investissement, pour parler comme les économistes.....
Dans une saine et authentique vision économique cette dimension particulière des dépenses militaires devrait être prise en compte, ou mieux prise en compte. Dépenser pour la Défense c'est investir, à tous les sens du terme: investir pour notre sécurité, bien sûr, et donc notre avenir (1), mais aussi investir dans l'économie et dans des secteurs de pointe. N'est-ce pas la meilleure façon de préparer, d'assurer et, en quelque sorte, de préserver l'avenir ?......
(1): chiffrera-t-on jamais les pertes occasionnées par les deux guerres de 14/18 et de 39/45 ? Ou, à l'inverse, les économies que nous aurions réalisées si nous n'avions pas connu les immenses destructions qu'elles ont causées ? Leur coût faramineux -qui ne fut pas seulement matériel, bien sûr, mais aussi et surtout humain et moral- fut sans commune mesure avec les dérisoires économies que des gouvernements imprévoyants, inconscients ou incompétents ont cru réaliser avant, en privant la France d'une assurance dont tout le monde sait bien qu'elle n'est chère qu'avant l'accident.....
Commentaires
Bon article et bonne analyse de la situation;cependant ce de gaulle n'en est pas à sa 1ère panne comme la personnalité ,dont il porte le nom,c'est pourquoi,il est nécessaire de construire 2 Porte-Avions avec un autre nom pour chacun. Il n'en manque pas dans notre histoire!!! PHF.
Loin de nous l'idée de cracher sur la Royale et sur ses bateaux. Disons simplement qu'il était de" bonne guerre" de remarquer qu'il semblait avoir la poisse et de faire le lien avec le nom qu'il porte !
Amicalement.
BERT ! Je t'ai reconnu !!!