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  • Histoire & Actualité • Un dossier détonnant Spécial Mai 68 : Retrouvez l'étude de Rémi Hugues pour Lafautearousseau [32

    Aspects de la France, couverture en mai 68, numéro spécial   

     

    2293089609.14.jpgRémy Hugues a rédigé pour les lecteurs de Lafautearousdeau une série d'articles sur Mai 68 dont on commémore partout les cinquante ans.  

    Ces articles sont parus tous les jours de mai et le dernier hier, 1er juin. Ils composent un dossier qui reste intégralement consultable sur le blog. [lien ci-dessous]. 

    1573814046.pngRémi Hugues est beaucoup trop jeune pour avoir vécu Mai 68. Il en traite d'un regard neuf, extérieur, mais documenté et érudit. Avec le recul qui met en lumière les causes profondes et les forces principales plus ou moins dissimulées qui ont produit la révolution de Mai. Dont ceux qui ont été spectateurs ou acteurs dans le camp d'en face - dont nous, à l'Action Française qui avons été alors très actifs - ne furent pas nécessairement conscients. En ce sens, le dossier que Rémi Hugues a réuni vaut à la fois rappel des faits et découverte de ce qui avait pu passer inaperçu de plus ou moins essentiel dans le feu de l'action.

    Rémi Hugues publie Mai 68 contre lui-même.  Nos lecteurs que le sujet intéresse ne manqueront pas de commander cet ouvrage. 

    Retrouvez les articles de cette série en cliquant sur le lien suivant ... 

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    Dossier spécial Mai 68

    L'ouvrage de Rémi Hugues ...

    (Cliquer sur l'image)

    Couverture_livreM68.png

  • Cinéma • Rémi sans famille

     Par Guilhem de Tarlé 

    A l’affiche : Rémi sans famille, un film français d’Antoine Blossier, avec Daniel Auteuil (Signor Vitalis), Maleaume Paquin (Rémi), Virginie Ledoyen (Mme Harper), Ludivine Sagnier (Barberin), Jacques Perrin (Rémi âgé), adapté du roman d’Hector Malot, Sans famille.

    GT Champagne !.JPG

    Rémi sans famille, un film à voir… en famille.

    Je me rappelais avoir bien aimé le livre lu à mon enfance… mais j’avais complètement oublié l’intrigue et les personnages dont mon épouse égrenait les noms avant d’entrer dans la salle, à commencer par Capi (elle a toujours aimé les chiens) ; le seul qu’elle avait oublié, c’est Joli-Cœur (sans doute, parce que j’ai pris sa place !).

    J’ai donc non pas redécouvert cette histoire, mais plus simplement découvert car elle n’a éveillé en moi aucun souvenir…

    Capture d’écran 2018-06-18 à 16.19.12.pngA vrai dire, elle m’a plutôt déçu par rapport à l’idée que je m’en faisais, et l’émotion que j’en éprouvais. J’ai notamment trouvé Daniel Auteuil médiocre avec sa barbe postiche (ce n’est pas l’avis de mon épouse). 

    Le seul intérêt de cette fiction est dans l’actualité et le respect que l’on doit à Vitalis, ancien violoniste de réputation internationale, qui refuse de se faire reconnaître et se camoufle en saltimbanque tant il se sent coupable de l’incendie de sa maison où périrent sa femme et son fils. J’ai pensé à certain chanteur qui n’a pas eu de tels scrupules avec le noir désir de remonter sur scène après avoir violenté sa compagne jusqu’à la mort… 

    J’émets le vœu que ce film incite les enfants à lire Hector Malot.    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Sur TV Libertés, le Zoom avec Rémi Mosca : Quand le pétrole disparaîtra.


    Dans son ouvrage "Sang noir - Le dernier siècle du pétrole", Rémi Mosca enquête sur les conséquences de la disparition du pétrole. D'ici 2035, l'auteur estime que nous aurons épuisé près 40% des réserves mondiales connues. Qu'adviendra-t-il de notre corps productif, de nos systèmes de transport, de nos organes de distribution ? Cette crise pourrait-elle changer nos relations sociales, notre raison, voire même les fondements de notre humanité ? Rémi Mosca nous invite à découvrir l'histoire d'un péril auquel personne n'est encore préparé.

  • Avec le progressisme : mère sur option révocable, par Rémy Mahoudeaux.

    L’ est glauque et se passe au Québec. Deux lesbiennes se rencontrent en 2010, se marient très vite. L’accélération de l’horloge biologique de l’une d’elles pour des raisons pathologiques précipite les choses : la maternité, c’est maintenant ou jamais. Elle obtient d’un ami, peu soucieux de , du sperme et donne naissance à un enfant. Leur mariage fait que la filiation est légalement établie avec ces deux femmes. Le couple se sépare en 2012. 

    6.jpgEn 2019, celle qui n’a pas porté l’enfant entame une action pour désavouer sa « maternité ». Plus âgée et mère, par ailleurs, de deux enfants, elle ne se considère que comme l’épouse de la mère au moment de la grossesse et de la naissance, même si elle a activement participé aux soins du bébé. Le juge refuse d’accéder à cette demande. Dans Le Journal de Québec, Alain Roy, professeur de droit familial à l’université de Montréal, raccroche les wagons : « Le projet parental, c’est l’équivalent conceptuel du sang pour la procréation naturelle. »

    La filiation traditionnelle au sein du mariage n’est pas exempte de bricolages et d’hypocrisies, elle non plus. La présomption de paternité peut être battue en brèche par l’adultère connu ou caché, et l’ plénière d’un enfant orphelin est une fiction juridique établie dans l’intérêt de l’enfant. Mais, au moins, la fiction de l’adoption tente de se doter d’une vraisemblance biologique minimale.

    Les aspirations à l’engendrement et à l’éducation d’enfants sont naturelles, elles sont à la fois individuelles et le fait de couples. Des enfants sont souhaités et attendus par des couples qui ont effectivement ce que des cuistres appellent un « projet parental ». Ou par des couples lesbiens qui auront recours à un tiers donneur occasionnel ou à une PMA à l’étranger. Ou des femmes seules qui ont envie d’un enfant sans pour autant s’encombrer d’un mari. Ou par des couples d’homosexuels qui casseront leur tirelire pour acheter des ovocytes et sous-traiter une maternité dans un pays où c’est permis.

    La stérilité voue parfois à l’échec certains projets parentaux. Cela peut conduire à des drames personnels, à des naufrages de couples. Mais quand le couple ou la personne seule ne peut en aucun cas être naturellement fécond, le désir d’enfant ne devient-il pas un caprice, une exigence obstinée et irréductible ? Quelques slogans des marches lesbiennes (des dissidences de la marche des fiertés ?) tenues ce week-end le laissent supposer.

    Notre langage courant est peut-être un brin pervers. Nous disons d’un couple qu’il a des enfants, avec le même verbe « avoir » qui sera utilisé pour leur appartement, leur voiture, leur téléviseur et leur compte en banque. L’ usera d’une locution plus pertinente : l’accueil des enfants imparti aux couples qui se marient. Il n’est pas de droit à l’engendrement opposable à Dieu pour un couple, mais la paternité et la maternité créent des responsabilités dont des adultes ne devraient pas tenter de s’exonérer. Qu’il serait utile et pertinent de dispenser une vraie formation à la parentalité à tous. Sans occulter, bien sûr, le besoin d’une cellule familiale aussi stable que possible dans le temps.

    Le projet de révision de la loi de pourrait, bien sûr, redémarrer son cheminement parlementaire et instituer la PMA sans père à brève échéance. Pour voir la responsabilité s’effacer encore plus derrière l’assouvissement du désir ? Et nous osons nous gargariser du grand mot « fraternité » quand nous refuserions à certains une paternité !

     

    Rémy Mahoudeaux

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • Samuel Paty : faillite à tous les étages, par Rémi Carlu.

    La décapitation de Samuel Paty est le résultat d’une longue suite de défaillances et de compromissions, à tous les niveaux. Services de renseignement et justice ont failli dans l’appréhension du risque, alors que la presse et les hommes politiques de gauche sont coupables de leur duplicité.

    Vendredi, en sortant de classe, le professeur d’histoire Samuel Paty a été sauvagement décapité par un terroriste islamiste d’origine tchétchène. Comme après chaque attentat, malheureusement devenus légion ces dernières années, le légitime concert de larmes et d’hommages s’est ensuivi tout le week-end. Dans de nombreuses villes, les Français se sont rassemblés dimanche pour pleurer la victime et crier leur colère, colère bien légitime dans le cas d’espèce tant les autorités, à tous les niveaux, ont failli.

    Les renseignements et la justice défaillants

    Indéniablement, les services de renseignements ont trop rapidement conclu à un apaisement de la situation. Révélée par Le Point, une note du renseignement des Yvelines datant du 12 octobre retrace l’ensemble des événements survenus au collège du Bois d’Aulne jour après jour. Le 5 octobre, dans un cours relatif à la laïcité et à la liberté d’expression, Samuel Paty dévoile les caricatures de Charlie Hebdo, après avoir prévenu ses élèves et proposés à certains de sortir la salle. L’épisode aurait déclenché « une vive polémique chez certains parents de confession musulmane, considérant qu’il s’agit d’une véritable offense ».

    Dès le lendemain, la principale du collège reçoit « des messages anonymes de protestation via la boîte mail de l’établissement ». Le 7 octobre, une famille contacte la principale, expliquant que sa fille aurait été mise à l’écart du cours parce que musulmane. La direction aurait alors demandé au professeur de rencontrer la famille et de s’excuser s’il avait été maladroit. Le 9 octobre, la hiérarchie de la principale du collège décide d’envoyer sur place un inspecteur de l’équipe laïcité et valeurs de la République pour « accompagner la principale lors d’un entretien avec le professeur pour notamment lui rappeler les règles de laïcité et de neutralité ». Ils auraient conforté le professeur dans la manière dont il a exposé son cours. On apprenait en tout cas que le président Emmanuel Macron avait modifié les règles de nomination au rectorat afin d’y pouvoir nommer une ancienne camarade de promotion à l’ENA.

    Des organes influents au sein des réseaux islamistes se sont emparés de l’affaire, et ont utilisé la caisse de résonance des réseaux sociaux pour jeter le professeur en pâture, lançant de facto une fatwa contre lui et rétablissant par la terreur un délit de blasphème

    Brahim C., le père d’une jeune fille qui n’était pas présente lors du cours, est reçu par le chef d’établissement, accompagné d’un certain Abdelakhim Sefrioui, imam fiché pour radicalisation à caractère terroriste au FSPRT, qui s’est présenté en « responsable des imams de France » auprès de la direction. Suite à cette rencontre, les deux hommes se sont appliqués à faire monter la tension dans deux vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux. Le père, qui a communiqué les coordonnées du collège et l’identité du professeur, appelait à la mobilisation pour faire renvoyer Samuel Paty – « ce voyou ne doit plus enseigner à nos enfants » – alors que Sefrioui dénonçait le fait que depuis « cinq-six ans, des enfants de 12-13 ans, des musulmans, sont choqués, sont agressés, sont humiliés devant leurs camarades. […] On a dit qu’on exigeait la suspension immédiate de ce voyou ».

    Des organes influents au sein des réseaux islamistes se sont emparés de l’affaire, et ont utilisé la caisse de résonance des réseaux sociaux pour jeter le professeur en pâture, lançant de facto une fatwa contre lui et rétablissant par la terreur un délit de blasphème. La mosquée de Pantin avait notamment relayé les vidéos de Brahim C. avant de les supprimer. L’éducateur Daoud Tatou, qui a inspiré le rôle de Malik joué par Reda Kateb dans le film Hors norme, était un symbole de la bonne volonté et de la bonté banlieusarde. L’intéressé a pourtant relayé sur les réseaux sociaux la vidéo et a reposté sur sa page Facebook un message envoyé par le parent d’élève. Il a effacé tous les messages ce week-end ; ce lundi, il semble avoir disparu des réseaux sociaux.

    Les renseignements ont indéniablement sous-estimé la gravité de la situation : la note du 12 octobre stipule que la situation est « apaisée » entre les enseignants et les parents d’élèves qui, « reconnaissant une certaine maladresse du professeur, ne le désavouent pas pour autant ». Quatre jours plus tard, Samuel Paty était décapité au terme d’une opération sur laquelle la lumière reste à faire.

    Le professeur a été exécuté par Abdoulakh Anzorov, jeune homme de 18 ans d’origine tchétchène. Il habitat Évreux, à près de 80 km du lieu du crime, et était connu pour des faits de dégradation et de violence en réunion. Il était membre d’une bande d’Éragny fréquentée par un islamiste fiché S, mais n’était pas connu pour radicalisation.

    Quand le droit de l’hommisme dessert les Français : voilà le véritable point de départ de ce drame. Ce week-end, on apprenait qu’une décision de justice datant du 15 avril 2011 avait contraint l’État à octroyer un titre de séjour le statut de réfugié à la famille Anzorov, et ce alors que l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) le lui avait préalablement refusé. C’est de cette manière que l’assaillant a pu obtenir de manière automatique une carte de séjour valable dix ans le 4 mars 2020, dès sa majorité.

    Le numéro d’équilibrisme de la gauche médiatique, associative et politique

    Confortablement assisse sur l’omerta du politiquement correct, la presse et les partis politiques de gauche ne cessent de dresser des procès en xénophobie à tous ceux qui osent pointer du doigt l’islamisation grandissante de la société française. Peu s’en faudrait d’ailleurs pour qu’une partie d’entre elle voit dans le comportement de Samuel Paty une provocation islamophobe. Toujours est-il qu’ayant pris l’habitude de donner la parole et de défendre de fausses victimes, la gauche médiatique, associative et politique a fait montre d’une prudence coupable dans leur traitement de l’information. France Inter, pourtant radio publique financée par les deniers du contribuable, a longtemps tardé à annoncer la décapitation de Samuel Paty. Dès le lendemain de l’attentat, Libération dégainait son habituel – et abject – article pour dénoncer une supposée récupération du drame par l’extrême droite. Maître en art du déni, le New York Times a scandalisé les internautes en titrant son article « La police française abat un homme après une attaque mortelle au couteau dans la rue ».

    Lors de l’hommage à Angers, Maryse Lepron (CGT) a profité de la tribune qui lui était offerte pour affirmer que « l’enseignement privé » et la « fraction réactionnaire de la mouvance catholique » constituaient des problèmes tout aussi fondamentaux

    Une partie d’entre elle a même franchi le Rubicon de l’indécence, de la malhonnêteté et de la trahison : lors de l’hommage à Angers, Maryse Lepron (CGT) a profité de la tribune qui lui était offerte pour affirmer que « l’enseignement privé » et la « fraction réactionnaire de la mouvance catholique » constituaient des problèmes tout aussi fondamentaux. Dans son « Humeur du matin » sur France Culture, Guillaume Erner partage le même diagnostic et ne traite que des catholiques pour expliquer que les fanatiques détestent l’humour. Abdoulakh Anzorov n’a-t-il pas crié Allah akbar ?

    Ce dimanche, toutes les formations politiques de gauche, La France Insoumise en tête, défilaient dans les rues françaises comme si de rien était, alors qu’on les sait toutes tiraillées en profondeur par le communautarisme musulman. Ayant abandonné la laïcité, et surtout la France, beaucoup d’entre elles trempent franchement dans l’islamo-gauchisme : le 10 novembre dernier, Mélenchon et ses amis défilaient aux côtés du CCIF. De même, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), l’une des trois principales fédérations de parents d’élèves, a certes condamné l’attentat, mais défend parallèlement le port du voile pour les accompagnatrices scolaires et les repas de substitution. De nombreux hommes politiques de droite et des personnalités publiques tels Eric Naulleau et Zineb El Rhazoui ont refusé de participer au rassemblement pour protester contre cette duplicité des gauches radicales. Si elle s’est sentie obligée d’être présente, c’est que l’extrême gauche est particulièrement mal à l’aise sur cette affaire. Paty était un professeur : LFI s’en trouve partagée entre les deux tenants de son électorat que sont les professeurs et le fonctionnariat d’un côté, les communautés musulmanes de l’autre.

    La gauche a en tout cas subi un terrible camouflet puisque une partie de ses idoles antiracistes se sont compromises ce week-end. Si on attend encore la réaction de Camélia Jordana, d’autres ont révélé au grand jour leur double-jeu. L’officine islamique qu’est le CCIF, qui n’est plus à présenter, n’a effectué qu’une publication minimaliste, dont on se demande si elle pleure la mort de Samuel Paty ou d’Abdoulakh Anzorov : « L’horreur renverse et paralyse. Le deuil devrait imposer le silence. Alors que certains veulent déjà récupérer cet acte sidérant à des fins racistes, personne n’empêchera la conscience humaine de prendre le temps de la douleur et de la tristesse ». Et a annoncé saisir la justice pour les diffamations subies.

    Entrepreneur en argent public qui multiplie la création d’associations militantes, Samuel Grzybowski a brillé de la même duplicité. Son association Coexister est subventionnée par l’État à hauteur de 150 000 euros et soutenue par des organisations gouvernementales et par de grandes villes françaises. Sous couvert de vivre ensemble, il défend pourtant une conception multiculturaliste de la société fondée sur la coexistence des communautarismes, notamment islamistes. Au détriment de la culture française, celui pour qui « il y a des choses intéressantes dans l’idéologie des Frères musulmans » communautarise au nom de la laïcité et racialise au nom du postcolonialisme. Il y a quelque temps, il twittait : « Il n’y a pas d’islamisme significatif en France. Ce mensonge répété ne vise qu’à faire peur et à détourner des vrais sujets ». Depuis la décapitation de Paty, Grzybowski, en proche du CCIF et de BarakaCity, a passé son week-end à tweeter pour défendre et la liberté d’expression et ces officines islamistes.

    Gérald Darmanin a annoncé vouloir dissoudre le CCIF et BarakaCity. Nicolas Cadène, rapporteur général de L’Observatoire de la laïcité, devrait être remplacé. À la tête de l’organisme gouvernemental créé en 2007 par Jacques Chirac, il est accusé de soutenir les mouvements intégristes, travaillant en étroite relation avec Coexister. Il aurait participé à des conférences avec des islamistes radicaux.

    Source : https://lincorrect.org/

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : à l'avènement de Hugues Capet.

    Une meilleure connaissance de l'histoire permet de mieux résister aux modes du moment et aux idéologies. Alors, évoquons l'histoire de la formation de la France sans oublier qu'elle ne naît pas en 1789, mais bien avant !
    En 987, l'élection puis le sacre de Hugues Capet entament le processus de formation territoriale et politique de la France, alors limitée au domaine royal, tout petit par rapport à ce qu'il sera devenu huit siècles après.

    Sources : http://www.actionroyaliste.fr/

    https://www.facebook.com/GroupeDActionRoyaliste

  • Rémi Brague : Le Pape ne peut pas renvoyer dos à dos islam et christianisme

     

    Par Rémi Brague    

    Le pape a déclaré que s' « il devait parler de violence islamique, alors il devait (aussi) parler de violence catholique ». Le philosophe Rémi Brague rappelle que les textes sacrés des deux religions ne justifient pas la violence de la même manière. FigaroVox a publié cette tribune de Rémi Brague le 24 mai dernier. Philosophe, professeur émérite à la Sorbonne, Rémi Brague était alors « perplexe » quand le pape relevait une similitude dans l'esprit de conquête de l'islam et du christianisme. Une perplexité qui se confirme après les propos tenus ce dimanche par le pape Français sur violence islamique et violence catholique. Figarovox a donc repris cette intéressante tribune le 3.08. On y décèle inquiétude et réprobation des récentes déclarations du Pape François sur Islam et Christianisme. On sait cette réprobation partagée par nombre d'intellectuels catholiques, spécialistes de l'Islam et / ou des Chrétiens d'Orient.  LFAR 

     

    Les déclarations publiques du pape François suscitent toujours l'intérêt. L'entretien accordé par le Souverain Pontife à deux journalistes de La Croix, publié dans ledit quotidien le 17 mai, contient ainsi une quantité de choses excellentes, et même réjouissantes. Par exemple, sa conception du rôle que le christianisme pourrait et devrait jouer envers les cultures, dont l'européenne, ou encore ses réflexions sur les causes de la crise migratoire et son traitement possible, enfin son amusante dénonciation du cléricalisme. Il y a là-dedans de quoi provoquer une réflexion approfondie, et l'on souhaite que nos décideurs en prennent de la graine.

    D'autres points sont affaire de goût, et le mien ne coïncide pas toujours avec celui du Pape. Ainsi, nommer sur le même plan Maurice Blondel et Jean Guitton, et plus encore les deux jésuites Henri de Lubac et Michel de Certeau, me fait personnellement un peu sourire. Mais rien ne prouve que ce soit mon goût qui soit le bon…

    En revanche, un passage suscite en moi une perplexité certaine, et c'est celui sur l'islam. Là aussi, il contient d'ailleurs de très bonnes choses, par exemple sur l'imprudence arrogante avec laquelle l'Occident a essayé d'imposer son régime politique à des régions mal préparées. Il est juste aussi de dire que la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible, même si les exemples de l'Argentine, avec son 1,5% de musulmans, et surtout du Liban, doivent être pris avec prudence. Tant qu'il s'agit de faire vivre ensemble des personnes, qu'il est déjà maladroit de réduire à leur seule affiliation religieuse, on a le droit d'espérer et le devoir d'agir en ce sens.

    L'entreprise devient plus difficile là où l'on compare non plus des personnes, mais des systèmes religieux considérés dans leurs documents normatifs. De ce point de vue, un passage des propos du pape François attire l'œil : « L'idée de conquête est inhérente à l'âme de l'islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter avec la même idée de conquête la fin de l'Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations ». Voici le passage évoqué : « Allez donc, faites des disciples (“mathèteuein”, en grec) de toutes les nations, baptisant les gens (…), leur enseignant (“didaskein”) à observer tout ce que je vous ai commandé (Matthieu, 28, 19) ».

    On peut appeler « conquête » la tâche de prêcher, d'enseigner et de baptiser. Il s'agit bien d'une mission universelle, proposant la foi à tout homme, à la différence de religions nationales comme le shintô. Le christianisme ressemble par là à l'islam, dont le prophète a été envoyé « aux rouges comme aux noirs ». Mais son but est la conversion des cœurs, par enseignement, non la prise du pouvoir. Les tentatives d'imposer la foi par la force, comme Charlemagne avec les Saxons, sont de monstrueuses perversions, moins interprétation que pur et simple contresens.

    Le Coran ne contient pas d'équivalent de l'envoi en mission des disciples. Il se peut que les exhortations à tuer qu'on y lit n'aient qu'une portée circonstancielle, et l'on ignore les causes de l'expansion arabe du VIIe siècle. Reste que le mot de conquête n'est plus alors une métaphore et prend un sens plus concret, carrément militaire. Les deux recueils les plus autorisés (sahīh) attribuent à Mahomet cette déclaration (hadith), constamment citée depuis : « J'ai reçu l'ordre de combattre (qātala) les gens (nās) jusqu'à ce qu'ils attestent “Il n'y a de dieu qu'Allah et Muhammad est l'envoyé d'Allah”, accomplissent la prière et versent l'aumône (zakāt). S'ils le font, leur sang et leurs biens sont à l'abri de moi, sauf selon le droit de l'islam (bi-haqqi 'l-islām), et leur compte revient à Allah (hisābu-hum ‘alā ‘Llah) (Bukhari, Foi, 17 (25) ; Muslim, Foi, 8, [124] 32-[129] 36) ». J'ai reproduit l'arabe de passages obscurs. Pour le dernier, la récente traduction de Harkat Ahmed explique : «Quant à leur for intérieur, leur compte n'incombera qu'à Dieu (p. 62) ».

    Indication précieuse : il s'agit d'obtenir la confession verbale, les gestes de la prière et le versement de l'impôt. Non pas une conversion des cœurs, mais une soumission, sens du mot « islam » dans bien des récits sur la vie de Mahomet. L'adhésion sincère pourra et devra venir, mais elle n'est pas première. Nul ne peut la forcer, car « il n'y a pas de contrainte en religion (Coran, II, 256) ». Elle viendra quand la loi islamique sera en vigueur. Il sera alors dans l'intérêt des conquis de passer à la religion des conquérants. On voit que le mot « conquête » a un tout autre sens que pour le verset de Matthieu.

    Pourquoi insister sur ces différences ? Un vaste examen de conscience est à l'œuvre chez bien des musulmans, en réaction aux horreurs de l'État islamique. Ce n'est pas en entretenant la confusion intellectuelle qu'on les aidera à se mettre au clair sur les sources textuelles et les origines historiques de leur religion. 

    Rémi Brague          

    Rémi Brague est un philosophe français, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive. Membre de l'Institut de France, il est professeur émérite de l'Université Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, notamment Europe, la voie romaine (éd. Criterion, 1992, rééd. NRF, 1999), il a dernièrement publié Le Règne de l'homme: Genèse et échec du projet moderne (éd. Gallimard, 2015) et Où va l'histoire? Entretiens avec Giulio Brotti (éd. Salvator, 2016).  

  • Entretien avec Rémi Soulié : soyons les gardiens de notre « citadelle intérieure ».

    Source : http://rebellion-sre.fr/

    Né en Rouergue, essayiste et critique littéraire, Rémi Soulié a consacré plusieurs ouvrages à de grandes figures de la littérature et de l’esprit français (Charles Péguy, Dominique de Roux, Aragon, le Curé d’Ars…). Il poursuit une réflexion sur l’enracinement comme vérité politique et spirituelle de l’être.

    2.jpgR/ Quels sont les auteurs qui vous accompagnent en ce temps de confinement ?

    Etant avide de lectures, pratiquant assidu du vice impuni et des colloques silencieux, je me confine en temps ordinaire autant que le permet l’accomplissement de mon devoir d’état. C’est vous dire si j’ai le sens de la liturgie. En ce temps extraordinaire, je n’ai pas changé mes bonnes habitudes quoique mon esprit soit parfois un peu troublé par la situation extérieure, mais pas au point d’éprouver le besoin de réorienter mes lectures. Si tel était le cas, il est probable que je relirais les Pensées de Marc Aurèle et les maîtres stoïciens.

    Je continue donc, à l’exemple du Neveu de Rameau, de suivre mes pensées qui sont mes catins en écrivant L’Ether, un essai qui s’inscrit dans le prolongement de Racination. En l’occurrence, cela m’amène, depuis plusieurs mois maintenant, à explorer le Corpus hermeticum et sa postérité néo-platonicienne, jusqu’à Jung. La compagnie des poètes et des philosophes, qui m’a toujours été indispensable, l’est plus encore, s’il se peut, pendant la période que nous traversons.

    R/ L’incertitude de cette situation est une nouveauté pour beaucoup de personnes. Pensez-vous que ce bouleversement des habitudes de nos contemporains ouvre une nouvelle époque dans la pensée collective ?

    Si l’on entend par « pensée collective » une modification du climat mental, il n’est pas exclu que celui-ci demeure lourd et chargé d’orages. Qu’ils éclatent n’est pas forcément négatif – au contraire, même, dès lors qu’un déluge noierait les imposteurs. A l’instar du sage taoïste qui s’enferma dans une cabane pendant trois jours afin de se recentrer dans un pays qui ne l’était plus et de pouvoir ainsi répondre au souhait des habitants qui attendaient la pluie, je préfèrerais la rosée à l’orage mais je crains que nous n’en soyons pas dignes (le sage en question, en effet, ne fit pas tomber la pluie mais la neige, ce qui est beaucoup mieux).

    Il est à craindre aussi que la nouvelle ère historiale ne tarde à s’ouvrir même s’il est de notre devoir de continuer à la préparer, à temps et à contre-temps. Nos contemporains subissent encore la fascination du Dispositif et l’inconnu fait peur, autant et plus que le coronavirus. Pour moi, cette crise confirme – s’il en était besoin… – le bien-fondé de ce que nous sommes nombreux à penser. Au mieux, nous serons encore un peu plus nombreux mais il faudra du temps avant le retour du politique, seul à même de pouvoir concrétiser nos aspirations. La démocratie libérale et représentative fera tout, juridiquement, pour le retarder ou le neutraliser. Reste ce que Dominique Venner appelait l’ « imprévu dans l’Histoire », en l’occurrence, un soulèvement révolutionnaire tel que le mouvement des Gilets jaunes en fut, peut-être, la préfiguration, ou une apparition providentielle de type johannique.

    R/ On assiste à un retour à l’essentiel, le local devient une valeur sûre. Cette revanche des terroirs est pour vous un signe qu’un (ré)enracinement est toujours possible ?

    Oui, parce que la démesure titanique est périlleuse et qu’elle est toujours châtiée : Zeus rend fous ceux qu’il veut perdre (Euripide) mais… où croît le danger croît aussi ce qui sauve (Hölderlin). La mondialisation est une répétition de Babel-Babylone fondée sur une série d’erreurs anthropologiques, métaphysiques et même cosmologiques, une incompréhension de l’unité du fini et de l’infini due, en l’occurrence, à un désordre du désir qui se manifeste au plan psychologique par l’avidité. Les incantations politiciennes à la fameuse « proximité » relèvent dans ces conditions de la compensation la plus pitoyable : le « logiciel » technocratique fait toujours pièce au « logos ». Une fois encore, il faut imiter le sage qui se connecte au « Ciel » du Tao plutôt qu’au Dispositif. C’est un problème de branchement. Pour le dire en termes occidentaux, nous devons renouer collectivement avec l’ordre symbolique, seul remède à la psychose. Le « collectif », donc le politique, est-il toutefois encore possible à l’ère des monades nomades ? Je n’en sais rien. Sans doute faudrait-il que survienne un danger bien plus grave que le Covid-19 pour le vérifier – une guerre, par exemple.

    En attendant, selon la précieuse sagesse des nations, « Nécessité fait loi » : il est toujours possible de recourir aux forêts physiques et métaphysiques et, le moment venu, de sortir du bois, escorté par les arbres et les sangliers.

    R/ Le géographe anarchiste Élisée Reclus avait défini l’ « Homme » comme « la Nature prenant conscience d’elle-même ». Cette crise sera-t-elle porteuse d’un retour à ce lien perdu pour vous  ?

    Il faut l’espérer mais il faut tout autant faire preuve de prudence. Le Dispositif, qui est enragé, ravage et dévaste la nature depuis au moins la révolution galiléo-cartésienne – c’est pourquoi je suis soucieux d’une réflexion radicale. L’enlaidissement du monde est fulgurant ; la haine de la beauté l’est tout autant. Il semble d’ailleurs que le plus pressant, pour nos contemporains, soit de « relancer la machine », donc, de recommencer « comme avant ». Fascinante puissance de l’hypnose somnambulique face à la production-consommation ! La vie – bonne ? – dépend du « niveau de vie », lequel est indexé sur le « pouvoir d’achat ». Règne de la quantité, donc, règne des castes les plus basses, de plus en plus ouvertement acoquinées – pour des motifs clientélistes – avec les Chandâlas importés (ce que Nietzsche résumait d’une formule : « Plèbe en haut, plèbe en bas »). Le désastre est à peu près total. Nous devons boire le calice jusqu’à la lie, comme Osiris, Dionysos et le Christ, ce qui devrait nous donner un peu de courage en vue de la résurrection.

    R/ Quelle place pour la spiritualité dans cette épreuve ?

    Dans une société correctement ordonnée, elle devrait être la première, chacun ayant par ailleurs sa place selon sa vocation et sa qualification – en bon indo-européen, lecteur des Lois de Manu (antidote aux lois de Manu Macron notamment), j’ai ainsi fait allusion aux Brahmanes, aux Kshatriyas, aux Vaishyas, aux Shudras et aux hors-castes. C’est une manière d’en appeler à ceux qu’Evola appelait les « hommes différenciés » contre « les hommes sans qualité » (Musil), les hommes de la quantité qui forment le « gros animal » livré à lui-même, une manière de Cyclope ou d’Hécatonchire dont l’élément est le chaos.

    Puisque j’ai évoqué Marc Aurèle, soyons les gardiens de notre « citadelle intérieure » et, autant que faire se peut, des ruines de la « cité ». En termes taoïstes et évoliens : chevauchons le tigre. Soyons ainsi des veilleurs qui cueillent moins le jour qu’ils ne se recueillent devant lui, autant que devant la nuit sacrée de l’Hespérie.

    A lire de Rémi Soulié:

    • Nietzsche ou La Sagesse dionysiaque, Points, 2014 
    • Pour saluer Pierre Boutang, Editions Pierre-Guillaume de Roux, 2016.
    • Racination,Editions Pierre-Guillaume de Roux, 2018 

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  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (69), la situation au début du règne d'Hugues Capet...

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    De Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre IV, La révolution de 987 et l'avènement des Capétiens :

    "Le dixième siècle est probablement le plus atroce de notre histoire. Tout ce qu'on avait vu à la chute de Rome et pendant l'agonie des Mérovingiens fut dépassé. Seule, la lutte de tous les jours, la nécessité de vivre, qui ne laisse même plus de temps pour les regrets, empêcha les hommes de tomber dans le désespoir.

    Avec la décadence de l'autorité carolingienne, les calamités recommençaient.

    Au Sud, les Sarrasins avaient reparu. Et puis un autre fléau était venu : les Normands, qui, après avoir pillé les côtes, s'enhardissaient, remontaient les fleuves, brûlaient les villes et dévastaient le pays.

    L'impuissance des Carolingiens à repousser ces envahisseurs hâta la dissolution générale. Désormais, le peuple cessa de compter sur le roi. Le pouvoir royal devint fictif. L'État est en faillite. Personne ne lui obéit plus. On cherche protection où l'on peut.

    Alors les hauts fonctionnaires se rendent indépendants. Le système féodal, que Charlemagne avait régularisé et discipliné, s'affranchit et produit un pullulement de souverainetés. L'autorité publique s'est évanouie : c'est le chaos social et politique. Plus de Francie ni de France. Cent, mille autorités locales, au hasard des circonstances, prennent le pouvoir. Le gouverneur de province, le gouverneur de canton, le duc, le comte, de moindres personnages, s'établissent dans leurs charges, les lèguent à leurs enfants, se comportent en vrais souverains. C'est comme si, de nos jours, des commandants de corps d'armée, des préfets, des sous-préfets, devenaient héréditaires. Ailleurs, ce furent des évêques, des abbés qui recueillirent la succession de l'État; tombé dans l'impuissance. Telle fut l'origine des seigneuries ecclésiastiques.

    Ce serait une erreur de croire que les populations eussent été hostiles à ce morcellement de la souveraineté. Tout ce qu'elles demandaient, c'étaient des défenseurs. La féodalité, issue du vieux patronat, fondée sur la réciprocité des services, naissait de l'anarchie et du besoin d'un gouvernement, comme aux temps de l'humanité primitive.

    Représentons-nous des hommes dont la vie était menacée tous les jours, qui fuyaient les pirates normands et les bandits de toute espèce, dont les maisons étaient brûlées et les terres ravagées. Dès qu'un individu puissant et vigoureux s'offrait pour protéger les personnes et les biens, on était trop heureux de se livrer à lui, jusqu'au servage, préférable à une existence de bête traquée. De quel prix était la liberté quand la ruine et la mort menaçaient à toute heure et partout ?

    En rendant des services, dont le plus apprécié était la défense de la sécurité publique, le seigneur féodal légitima son usurpation. Parfois même il promettait des garanties particulières à ceux qui reconnaissaient son autorité. Par là dura l'esprit des franchises provinciales et municipales, destinées à une renaissance prochaine.

    Tout cela se fit peu à peu, spontanément, sans méthode, avec la plus grande diversité. Ainsi naquit une multitude de monarchies locales fondées sur un consentement donné par la détresse. Les abus de la féodalité ne furent sentis que plus tard, quand les conditions eurent changé, quand l'ordre commença à revenir, et les abus ne s'en développèrent aussi qu'à la longue, la valeur du service ayant diminué et le prix qu'on le payait étant resté le même.

    C'est ce que nous voyons de nos jours pour le régime capitaliste. Qui se souvient des premiers actionnaires qui ont risqué leur argent pour construire des chemins de fer ? À ce moment-là, ils ont été indispensables. Depuis, par voie d'héritage ou d'acquisition, leurs droits ont passé à d'autres qui ont l'air de parasites. Il en fut de même des droits féodaux et des charges qu'ils avaient pour contrepartie. Transformés, usés par les siècles, les droits féodaux n'ont disparu tout à fait qu'en 1789, ce qui laisse une belle marge au capitalisme de notre temps.

    Mais, de même que la création des chemins de fer par des sociétés privées fut saluée comme un progrès, ce fut un progrès, au dixième siècle, de vivre à l'abri d'un château fort. Les donjons abattus plus tard avec rage avaient été construits d'abord avec le zèle qu'on met à élever des fortifications contre l'ennemi..."

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • De Hugues Aufray...

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    Dans "Nice Matin", 17 novembre 2012

  • Livres & Histoire • Mai 68 contre lui-même

     

    Par Philippe Granarolo
    Professeur de Khâgne (h)
    Philosophe 

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    Rémi HUGUES, Mai 68 contre lui-même (Edilivre, octobre 2018) 

    Avec Mai 68 contre lui-même, Rémi Hugues vient combler un manque : celui de l’étonnant vide éditorial qui a marqué les cinquante ans de mai 68. Une question, « À qui profite le crime ? », et deux mots, « farce » et « paradoxe », me semblent résumer l’originalité de son ouvrage.

    Répondant à l’injonction de Barjavel *, l’auteur choisit de se situer à une échelle autre qu’hexagonale : en lieu et place de l’approche franco-française retenue par la plupart des commentateurs, il opte pour une analyse géopolitique des événements.

    Pour ce faire, il rappelle des faits économiques oubliés de la plupart : en mars 68, une crise du dollar liée à la crise de l’or relaya une crise historique de la Livre sterling. Le système monétaire élaboré en 1944 à Bretton Woods tremblait sur ses bases tel un château de cartes. Le monde libéral était aux abois, ce qui conduit l’auteur à supposer que mai 68 fut « une rupture réussie avec ce qui perdurait de rapports communautaires et traditionnels, vestiges du précapitalisme, qui conservaient en France encore une place prépondérante » (p. 14).

    Cette formule résume la thèse de Rémi Hugues : mai 68 fut l’œuvre des puissances économiques étrangères pour faire rentrer la France dans le rang au moment où commençait à s’imposer la troisième forme du capitalisme (sa forme ultralibérale), celle qui régit la planète cinquante ans plus tard. On peut cependant regretter qu’aucune enquête approfondie ne soit menée qui pourrait étayer cette hypothèse. Le seul élément concret mis en avant dans l’ouvrage est le rappel de l’étrange interview accordée par la BBC à Daniel Cohn-Bendit le 12 juin 68. Que les événements de mai aient eu pour conséquence un profond recul de la France et son entrée dans la logique ultralibérale à laquelle elle avait jusqu’alors résisté est incontestable : mais cela suffit-il à nous faire accepter comme évident qu’un chef d’orchestre menait la danse en dehors de nos frontières ?

    Se référant régulièrement au modèle de l’analyse marxienne de la révolte de 1848, l’auteur prend appui sur une célèbre formule de Marx affirmant que la farce succède toujours à la tragédie sur la scène de l’histoire. Mais cette admiration justifiée pour la grille marxienne n’entrave-t-elle pas le recours à de nouveaux concepts nécessaires pour éclairer ce qui demeure une énigme ? On accordera néanmoins à l’auteur que la farce s’est poursuivie, puisque depuis cinquante ans les comédies étudiantes se sont succédé sans toutefois déclencher un nouveau mai 68.

    Le mixte de communisme totalitaire et d’anarchisme hédoniste propre à mai 68 demeure cinquante ans après un composé inexpliqué. Que les événements de mai, mis en route par des adolescents qui se présentaient comme les ennemis radicaux de la société de consommation, aient contribué à la victoire  définitive  de  celle-ci,  est  un  bien  étrange paradoxe **. Il fallait sans doute que le PC soit mis au pas pour qu’une troisième forme de capitalisme s’impose en France comme elle avait commencé à le faire dans le monde anglo-saxon.

    L’énigme est loin d’être résolue. Mais l’essai de Rémi Hugues a le mérite d’éclairer pour la première fois de nombreuses zones d’ombre. Il pourrait servir de point de départ à l’analyse historique plus ambitieuse que nous attendons et que l’auteur sera peut-être l’un des plus habilités à conduire.  

     

    *  C’est à René Barjavel qu’est confié le soin d’ouvrir cette enquête. L’auteur du Grand secret y pointait du doigt les grandes puissances qui haïssaient la France de l’époque, au premier chef le monde anglo-saxon, Angleterre et États-Unis, sans écarter pour autant la Chine. 

    ** Le 24 février 2018 s’est tenu à La Garde un colloque dont j’étais l’organisateur sur le thème « Révolution(s) » (colloque qui fit exception au vide que j’évoquais au début de mon texte). La vidéo de mon exposé « À propos d’un grand écart jamais surmonté - mai 68 », qui est en harmonie avec de nombreux arguments développés par Rémi Hugues, peut être visionnée sur YouTube à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=0iTu-iOEkao&t=479s

    Docteur d’Etat ès Lettres et agrégé en philosophie, Philippe Granarolo est professeur honoraire de Khâgne au lycée Dumont d’Urville de Toulon et membre de l’Académie du Var. Spécialiste de Nietzsche, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment Nietzsche : cinq scénarios pour le futur (Les Belles Lettres, 2014), Le manifeste des esprits libres (L’Harmattan, 2017) et dernièrement Les carnets méditerranéens de Friedrich NietzscheNous vous conseillons son site internet. Suivre surTwitter : @PGranarolo
    iphilo.fr
    L'ouvrage de Rémi Hugues ...
    (Cliquer sur l'image)
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    Retrouvez la série d'articles de Rémi Hugues pour Lafautearousseau en cliquant sur le lien suivant ... 
    Dossier spécial Mai 68
  • Histoire & Action Française • Rétrospective : 2018 année Maurras [1]

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras ». Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

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    Avant-propos ...

    Alors que la nuit de la saint-Sylvestre approche, où une fois de plus nos forces de l'ordre vont probablement être mises a rude épreuve, c'est le moment de jeter un oeil sur le rétroviseur. De quoi l'année 2018 a-t-elle été le nom ?

    Elle a commencé par une polémique déclenchée par le ministère de la Culture qui a décidé de mettre Charles Maurras dans la liste des commémorations officielles des personnalités ayant marqué l'histoire de France avant de se raviser.

    2018-world-cup-final-french-4635-diaporama.jpgA son mitan, s'est produite une vague nationaliste de grande ampleur, rappelant quelque peu l'euphorie qui gagna la France un autre été, celui de la mobilisation de 1914. Visages grimés aux couleurs de la patrie, Marseillaises entonnées a tout va et nombre pléthorique de drapeaux déployés, aux fenêtres des voitures en marche ou des logements... tel est ce que l'on a pu observer après la victoire de la France lors de la coupe du monde de football en Russie.

    325225350.jpgCe sentiment d'unité nationale a muté au moment de l'automne en une fièvre saine de contestation radicale du Pouvoir. Après les célébrations du centenaire du dénouement de la Grande Guerre, dont l'issue favorable pour notre pays doit en grande partie à l'énergie, au courage et à la probité de Maurras et des siens, le Pays Réel a initié un mouvement extraordinaire de révolte contre le Pays Légal, cette bancocratie cosmopolite que Macron représente avec une morgue typique des golden boys de la City et de Wall Street.

    Indéniablement ce Mai 1968 inversé, où cette fois c'est la périphérie (les provinces) qui donne le LA au centre (Paris), est pour tout défenseur du Pays Réel une divine surprise.

    2018, soit 150 années après la naissance du Maître de Martigues, a été l'année Maurras.  (A suivre)  

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
    (Cliquer sur l'image)

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  • L’URBVM tient à dénoncer la montée de la Christianophobie dans l’Ouest !, par Julien Rémy.

    La statue de la Vierge à l’enfant victime en quelques années d’un deuxième vandalisme. (©Courrier vendéen.)

    Sources : https://urbvm.fr/

    https://www.christianophobie.fr/

    https://www.ouest-france.fr/

    Car oui c’est bien de la christianophobie généralisée à laquelle nous assistons à travers les attaques répétées contre notre patrimoine chrétien.

    Et disons le franchement c’est très souvent l’extrême gauche qui est à l’origine de ces attaques.

    Quelques exemples :

    En août 2018 la statue de la Vierge à l’enfant située à Noirmoutier-en-l’Île avenue du Maréchal-Joffre avait fait l’objet d’un vandalisme, celle-ci avait été décapitée et les têtes avaient disparu.

    En septembre de la même année, les têtes avaient été retrouvées rue des Ormeaux, dans un bosquet par Thierry Gendron facteur du quartier.

    Restaurée par François Lamy

    La restauration avait ensuite été confiée à François Lamy restaurateur d’art. Cette fois c’est le socle de la statue qui a été pris pour cible, dans la nuit du 13 au 14 juillet des inscriptions de couleurs rouges y ont été faites. Averti, François Lamy s’est rendu sur place afin de faire une première estimation des dégâts.

    Ou encore un ou plusieurs individus ont brisé le Christ du calvaire dans l’île d’Arz (Morbihan) au cours de la nuit du 19 au 20 juillet.

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    Un ou plusieurs individus ont brisé le Christ du calvaire dans l’île d’Arz (Morbihan) au cours de la nuit du 19 au 20 juillet.

    La dégradation volontaire a été découverte par un agent des services techniques. « La gendarmerie a été prévenue dans la matinée et elle s’est rendue sur l’île dans l’après-midi, pour faire des constatations », indique le maire de l’île d’Arz, Jean Loiseau, qui va déposer plainte. Une enquête a été ouverte pour tenter de retrouver le ou les auteurs de cet acte de vandalisme jusqu’ici inédit sur l’île.

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    Le 17 juillet à Nantes juste avant l’incendie criminel de la Cathédrale Nantes : tags anarchistes sur l’église Saint-Clément !

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    Incendie de la cathédrale de Nantes : les anarchistes s’en réjouissent !

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    Rappelons qu’à Rennes également la cathédrale avait fait l’objet d’une tentative d’incendie au mois de juin. !

    Nous demandons instamment à l’état de réagir face à ces agressions quotidiennes contre nos racines, notre histoire et notre patrimoine car dans le cas contraire nous n’aurions d’autres choix que de le défendre par nous même ! La république en laissant se banaliser de tels actes se rend complice de de christianophobie cela suffit !

  • Rémi Brague au Figaro : « Non, la parabole du bon Samaritain ne s'applique pas aux États ! »

     

    Cet entretien - réalisé par Eugénie Bastié - que Rémi Brague a donné au Figaro magazine a été mis en ligne le 1er septembre. Il prolonge utilement l'article de François Marcilhac qui précède et qui le cite, d'ailleurs. Nous-mêmes avions marqué notre désaccord avec les positions du pape François, dès le 23 août [Cf. Lien ci-dessous]. Un commentaire reçu sur Lafautearousseau devait dire simplement « Le pape empiète ». Oui, sur les prérogatives, droits et devoirs des Etats et même des citoyens en tant qu'ils participent d'une communauté, notamment nationale. Cet empiétement n'oblige personne.  Lafautearousseau.    

     

    XVMfb7f902c-8c11-11e7-b660-ef712dd9935a.jpgLe pape François milite pour un accueil massif de migrants, affirmant qu'il faut « faire passer la sécurité personnelle [des migrants] avant la sécurité nationale », et appelant à un accueil beaucoup plus large des migrants. Que vous inspirent ces propos ?

    « Accueillir » est un mot bien vague. Il dissimule mille difficultés très concrètes. Sauver des naufragés de la noyade est bien, mais ce n'est qu'un début. Encore faut-il se demander ce qui les a poussés à s'embarquer. Là-dessus, le pape dit beaucoup de choses sensées, par exemple que l'Occident a contribué à déstabiliser le Moyen-Orient. Ou que les migrants voient l'Europe comme un paradis qu'elle n'est pas. Ou que les passeurs qui leur font miroiter l'Eldorado s'enrichissent sur leur dos, etc. Il y a aussi des problèmes très pratiques: les nouveaux venus peuvent-ils être assimilés ? Ou au moins intégrés sans créer des ghettos où ils vivraient selon d'autres lois que celles des pays d'accueil ? Un exemple, qui m'a été donné récemment par une amie allemande qui s'occupe de former les immigrés et de leur trouver du travail : ceux qui ont été scolarisés dans leur pays parlent assez vite nos langues. Les autres ont du mal à fixer leur attention et ne comprennent pas l'intérêt d'apprendre. Ne seront-ils pas presque forcés de se replier sur leur communauté d'origine ? À l'extrême opposé, s'il s'agit d'importer des personnes qualifiées, médecins, ingénieurs, etc., avons-nous le droit de priver leur pays d'origine de compétences précieuses qui leur permettraient de se développer, ce qui, de plus, diminuerait l'envie d'émigrer ?

    La sécurité personnelle prime effectivement toutes les autres considérations. La garantir est le premier devoir de l'État. Mais cette sécurité concerne aussi bien les migrants que les populations déjà là. L'État a le devoir de faire en sorte que le respect soit réciproque. Il doit par exemple empêcher que les migrants se conduisent, comme on dit, « comme en pays conquis », qu'ils importent en Europe les conflits qui les opposaient entre eux. La sécurité nationale et celle des personnes, loin de s'opposer, vont ensemble ; la première est même la condition de la seconde.

    Est-ce qu'il vous semble que le pape François est en rupture avec ses prédécesseurs, notamment Benoît XVI ?

    Du temps de Benoît XVI, le problème ne se posait pas encore avec une telle acuité, et je ne sais pas s'il aurait jugé bon de se prononcer, encore moins ce qu'il aurait dit. D'une manière générale, la différence de formation et de style est suffisamment criante. Ce qu'il en est du fond est une autre histoire.

    Avez-vous le sentiment que le pape ne comprend pas l'angoisse identitaire des Européens ?

    Ce qui est sûr, c'est qu'il a une sensibilité de Latino-Américain, ce qui ne l'aide guère à comprendre les Européens. Dans son Argentine natale, l'immigration concernait avant tout des Italiens, à la religion identique et à la langue proche de celle des Espagnols qui étaient déjà là. Dans le cas qui nous occupe ici, c'est tout le contraire.

    Face à l'immigration, les catholiques sont souvent pris dans un dilemme entre l'exigence de charité et l'attachement à l'État-nation. Comment articuler l'universalisme chrétien et l'existence de frontières? L'État-nation a-t-il une justification théologique ?

    Est-il besoin de mobiliser la grosse artillerie théologique pour parler de toutes ces choses ? La philosophie n'y suffit-elle pas ? Ou même le simple bon sens ? L'État-nation est une forme de vie politique parmi d'autres dans l'histoire comme la tribu, la cité ou l'empire. Elle n'a pas les promesses de la vie éternelle, mais elle est la nôtre depuis la fin du Moyen Age, elle a fait ses preuves et je vois mal les autres ressusciter. Les frontières sont une bonne chose. Je ne puis vivre en paix avec mon voisin que si je sais où s'arrête mon jardin et où commence le sien. Cela dit, elles ne séparent que des entités politiques et juridiques. Elles n'arrêtent rien de ce qui relève de l'esprit et qui est « d'un autre ordre » : langue, culture, science, religion. L'universalisme, à savoir l'idée que tout homme, en deçà des différences de sexe, de statut social et de religion, est « mon prochain » et possède donc une valeur intrinsèque, est en effet une idée esquissée dans le stoïcisme et épanouie dans le christianisme. Elle ne va nullement de soi. Ainsi, au XIIe siècle, Maïmonide dit encore que porter secours à un païen qui se noie est interdit.

    Faut-il appliquer ici la parabole du « bon Samaritain » ?

    Il ne faut pas lire les paraboles naïvement. Elles ne nous disent pas ce que nous devrions faire, mais ce que Dieu fait pour nous. Dieu y est représenté sous la figure d'un roi, d'un père, d'un propriétaire, etc. Elles s'adressent à chacun de nous, personnellement. La question à poser est : quel personnage me représente, moi ? Quelle est ma place dans cette histoire ? Sans quoi, nous lisons bêtement des textes très subtils, et n'y voyons que du feu. Exemple : celle où le maître de la vigne verse le même salaire à ceux qui ont trimé toute la journée sous le soleil brûlant et aux derniers venus. Si nous regardons cette histoire du dehors, nous allons crier à l'injustice. Sans voir qu'elle est justement faite pour nous choquer et forcer à réfléchir. Et nous faire comprendre que les ouvriers de la onzième heure, mais c'est nous ! Par exemple nous, chrétiens, qui avons bénéficié de la grâce de l'Évangile sans la mériter, alors que le peuple de la Bible a dû subir les Égyptiens, les Amalécites, les Philistins, les Assyriens, etc. Ceux-ci lui ont infligé des massacres bien réels, alors que ceux qu'Israël aurait perpétrés sur les Cananéens sont de pure imagination. Dans la parabole du bon Samaritain, nous ne sommes pas le Samaritain. Présenter celui-ci comme le héros positif, comme le sauveteur, voire comme le sauveur, c'était une audace fantastique en milieu juif où l'on haïssait les Samaritains comme des impurs. S'imaginer que nous pourrions nous identifier au Samaritain et donc jouer le rôle de Dieu, c'est quand même un peu culotté ! En fait, nous sommes le blessé laissé pour mort. Dieu est descendu nous ramasser alors que nous étions en piteux état.

    Cette parabole doit-elle s'appliquer aux États ?

    Une parabole s'adresse à « moi ». Elle m'invite à réfléchir sur ma propre personne singulière, ce qu'elle est, ce qu'elle doit faire. Un État n'est pas une personne. Or, il y a des choses qui ne sont à la portée que des seules personnes. Par exemple, pardonner les offenses. Un État non seulement n'a pas la capacité de le faire, mais il n'en a pas le droit. Il a au contraire le devoir de punir et de ne laisser courir aucun coupable. En l'occurrence, c'est aux personnes, regroupées en associations, de s'occuper des malheureux. L'État doit se borner à donner un cadre juridique qui protège leurs initiatives. Cela peut aller jusqu'à les limiter si une présence trop nombreuse et mal préparée de nouveaux venus met en danger le pays d'accueil.   

    Rémi Brague est un philosophe français, spécialiste de la philosophie médiévale, arabe et juive. Membre de l'Institut de France, il est professeur émérite de l'université Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, notamment Europe, la voie romaine (Editions Criterion, 1992, réédition NRF, 1999), il a récemment publié Le Règne de l'homme. Genèse et échec du projet moderne (Gallimard, 2015) et Où va l'histoire? Entretiens avec Giulio Brotti  (Salvator, 2016).

  • Livres • Boutang, arpenteur de l’être, un essai de Rémi Soulié

    Pierre Boutang  

     

    Par Christopher Gérard

    Christopher Gérard a donné dans Causeur [24.12] une excellente recension du livre de Remi Soulié « Pour saluer Boutang ». Ainsi, après le gros volume que Stéphane Giocanti vient de publier sur Pierre Boutang chez Flammarion, après le numéro spécial de la Revue Universelle, qui a eu un notable succès, et maints articles parus dans de nombreux médias, l'on redécouvre avec un certain émerveillement, étonnement, admiration, celui qui, à la suite de Maurras, fut l'un des plus brillants esprits de la mouvance maurrassienne. Même si son œuvre philosophique et littéraire ne s'y résume pas. Cet article est, de plus, assorti d'une vidéo qui reprend une causerie de Remi Soulié : on l'écoute avec plaisir.   LFAR  

     

    christopher-gerard-veste-autri.jpg« Arpenteur de l’être » (Mattéi) ou «prophète d’une âge recommencé des saints et des héros » (Colosimo) ? Deux Jean-François de taille s’accordent pour définir Pierre Boutang (1916-1998) comme un géant. Dans ses Carnets noirs, Gabriel Matzneff a dit la terreur que le bretteur royaliste pouvait inspirer à ses contradicteurs en raison de sa double carrure, musculaire et cérébrale. Fut-il un autre Platon… dans un genre obscur ? Telle est la question qu’évoque un de ses disciples, le Provençal Rémi Soulié, dans un recueil de textes d’une piété quasi filiale. Vers 1990, khâgneux à peine guéri d’une méchante fièvre marxiste (inoculée, il est vrai, par un poète), le jeune Cathare de Toulouse tourne catholique contre-révolutionnaire – d’une chapelle l’autre. Des Rouges aux Blancs, avec le même panache. Soulié peut donc rencontrer Boutang, sur qui il livre aujourd’hui une somme de réflexions parfois profuses, notamment sur sa dette à l’égard de Joseph de Maistre (dont on sait l’influence sur Baudelaire) ou sur son admiration pour Bernanos, qu’il plaçait très haut. Soulié montre bien que l’un des multiples paradoxes du personnage est que, quoique fidèle à Maurras, dont il fut le plus brillant disciple avec Thierry Maulnier, Boutang ne partageait en rien le positivisme maurrassien : l’homme était avant tout théologien.

    La partie la plus personnelle et la plus passionnante du recueil regroupe des fragments de journal de Rémi Soulié, qui fréquenta le maître jusqu’à sa mort. Et quel maître, capable de réciter le Parménide en grec, et Toulet, et Poe, et Scève, tout en ingurgitant des litres de vin (« Le vin, voilà quelque chose que le diable ne peut avoir créé », s’exclame ce drôle de paroissien) et en enguirlandant son disciple à propos de ponctuation, de Guénon (« lointain disciple de Maurras ») ou de l’Eglise, sa « mère ». Ce Grec qui avait trop lu l’Ancien Testament (d’où une prose un tantinet talmudique, bien éloignée de la clarté hellénique), cet inspiré (cet illuminé ?) fascine et laisse perplexe. Un génie, cet obsédé de transcendance absolue qui, paradoxe, trempa dans toutes sortes de complots (le Débarquement allié en Afrique du Nord, l’assassinat de l’amiral Darlan, le gaullisme révolutionnaire) ? Un fumiste ? Mais l’homme créa La Nation française, l’un des (rares) feux d’artifice de l’après-guerre littéraire ; mais il écrivit ce La Fontaine politique, mais il eut l’oreille du vieux Maurras. En vérité, Soulié ne tranche pas ; il rend grâce et hommage – avec une magnifique ferveur.

    Une citation pour la route, à méditer, notamment par les professeurs tentés par le désespoir. A de jeunes royalistes qui l’interrogent sur la « fin » de la France, Boutang répond : « La France finie ! On la connaît depuis longtemps, cette petite histoire. On l’a dit au moment de Jeanne d’Arc, au moment de la Ligue. Lisez le “Procès de Jeanne d’Arc”, lisez “La Satire Ménippée” ! Chaque fois qu’un petit enfant naît, tout recommence. Chaque fois que le langage est présent, tout reprend. Chaque fois que l’on parle français, nous retournons aux sources. »  Vive Pierre Boutang ! 

    Pour saluer Pierre Boutang, Rémi Soulié, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 140 pages, 21€ 

    Christopher Gérard
    écrivain

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