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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    De Philippe de Villiers :
    "La lutte contre l'#immigration irrégulière coûte 1,8 milliard/an mais Pierre #Moscovici a délibérément choisi de sortir le rapport incendiaire de la Cour des compte sur la question migratoire après les débats parlementaires sur la #loiimmigration ! Une phrase pourrait le résumer : "Nous ne sommes pas capables d'empêcher les migrants de venir et de les faire partir."
     
    (extrait vidéo 4'20)
     
     
    L'émission complète (49'39) :
     

     

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    1. Les premiers chiffres annuels de la délinquance pour 2023 sont tombés. Quasiment tous les indicateurs des violences sont en hausse. Près de 1000 agressions par jour en moyenne. Depuis 2017, la progression des seuls coups et blessures volontaires a atteint 63 % ! 

     

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    1 BIS. Et ce bref commentaire de Goldnadel, pour accompagner/expliquer ces chiffres :

    "Il y a aussi la hausse de l’immigration et la radicalisation de l’immigration. La courbe est assez servile entre cette hausse là et celle de l’insécurité."

    (extrait vidéo 0'20)

    https://x.com/GWGoldnadel/status/1744814428845945241?s=20

     

    3. Jean Messiha commence l'année très en forme, avec cet anaphore, sur tweeter ! :

    "Un homme peut se sentir femme. C’est le progrès.
    Une femme peut se sentir homme. C’est le progrès.
    Un Homme peut se sentir chien. C’est le progrès.
    Une femme peut se sentir arbre. C’est le progrès.
    Un musulman peut se sentir islamiste. C'est le progrès.
    Un Français peut se sentir étranger. C’est le progrès.
    Mais bizarrement, un immigré a interdiction de se sentir Français. Sinon c’est un traître.
    Pire : un Français a interdiction de se sentir Français. Sinon c’est un fantassin fasciste d’extrême-droite.
    Un Juif a interdiction de se sentir juif. Sinon c’est un sioniste génocidaire. Et je ne parle même pas de celui qui se sent Chrétien. Là c’est carrément le bûcher.
    Elle est pas belle l’idéologie psychotique qui nous dirige ?"
     

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    4. Justement signalé par Nicolas Meilhan (sur tweeter)... :

    "Il a fallu rallumer nos bonnes vielles centrales à fioul pour passer la pointe de 83 GW à 19h avec une contribution de 3,5 GW du renouvelable intermittent. Dire qu'avec les 1,8 GW de Fessenheim fermés pour faire plaisir aux escrolos et aux allemands ça passait crème..."
     
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    4 BIS. ... repris par Gilbert Collard... :

    "Hiver tout ce qu'il y a de plus normal en France : la centrale à charbon de Saint-Avold produit à nouveau de l’électricité, elle "tourne à pleine puissance" depuis ce matin : merci les écolos anti-nucléaire !"

     

    4 TER. ...et par Fabien Bouglé :

    "ET VOILA ! Grand froid en France = pic de consommation = chute de la production #éolienne = augmentation de la consommation de gaz et de charbon Résultat = les éoliennes ne répondent pas à notre sécurité énergétique CQFD #Eoliennes = gaz Merci @cartoeolfw"
     
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    VIVE LE NUCLÉAIRE !

     

    7. (Dans Aleteia) Fiducia Supplicans : le cardinal Sarah dénonce une  "hérésie"... :

    https://fr.aleteia.org/2024/01/09/fiducia-supplicans-le-cardinal-sarah-denonce-une-heresie/

     

     

     

    À DEMAIN !

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  • Tensions et contradictions des mondes islamiques.....

                   Trois nouvelles en provenance des mondes musulmans se sont télescopées, en ce début du mois d'octobre. Il n'est pas inutile de les rapprocher, malgré leur manque total de rapport entre elles à priori, car elles sont autant de signaux forts -et contradictoire- concernant la nébuleuse islamique. Et on va voir qu'on peut en tirer une leçon....

                   La première vient d'Algérie. Les deux autres viennent d'Egypte et de Jordanie.....

                Commençons par l'Algérie, où les islamistes dictent désormais leur loi sur les campus. Dans ce beau pays, on le sait, l'idéologie soi-disant progressiste a pris le pouvoir après 1962, et n'a eu rien de plus pressé que de gâcher l'énorme potentiel créé par les 130 ans d'effort précédents. Ce fut "en arrière toute, les écrevisses", et le FLN au pouvoir, en alignant ce malheureux pays sur le modèle périmé de l'URSS (on fait court, on résume à grands traits....) l'a fait entrer à reculons -comme les écrevisses- dans le XXIème siècle. Et ce n'est pas fini. Maintenant que, là comme ailleurs, les mirages révolutionnaires se sont effondrés, c'est l'Islam intégriste qui prend la relève. Et qui continue de plus belle la marche en arrière imposée à tout un peuple opprimé.

                 Dernier acte de cette main-mise de plus en plus absolue, et de plus en plus étouffante: la suppression de la mixité dans les universités algériennes. Après quinze jours de contestation -parfois violente- les étudiants de Bou-Merdés (ex Rocher noir, à 35 km d'Alger) ont dû se plier à la fatwa du Ministère de l'Enseignement supérieur: "l'année 2009-2010 sera celle de la fin de la mixité à l'Université". En Algérie, c'est clair, l'intégrisme n'est plus rampant, il est triomphant. 

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    Dans La Provence

                 En Egypte et en Jordanie, à l'inverse, on a eu deux décisions radicalement contraires à celle des tenants de la politique de l'écrevisse algérienne.

                 On apprenait d'abord (1), le 3 octobre, en Egypte, que le cheikh de la prestigieuse mosquée cairote d'Al-Azhar, Mohammed Sayed Tantaoui, était déterminé à interdire le port du niqab (voile intégral ne laissant qu'une fente pour les yeux, ndlr) dans les lycées qui dépendent de lui. Une décision qui a provoqué "une tempête en Egypte", relate le site d’information arabe Elaph. L’affaire a commencé le 3 octobre, lors d’une tournée d’inspection effectuée par Tantaoui dans les lycées relevant d’Al-Azhar afin de s’assurer de l’application des mesures d’hygiène pour lutter contre la grippe A H1N1. Dans un lycée pour jeunes filles, le cheikh "a été surpris de voir l'une des élèves en niqab alors qu'elle était en cours. Le cheikh s'est alors emporté et lui a demandé d'enlever son voile, affirmant : "Le niqab n'est qu'une tradition, il n'a pas de lien avec la religion ni de près ni de loin." A la suite de cet incident, il a décidé d’interdire le port du niqab au sein des lycées d’Al-Azhar, en précisant que son port est facultatif à l’extérieur de ces établissements." 

                 "...La décision du cheikh d’Al-Azhar arrive au moment où le ministre de l'Enseignement supérieur, Hani Hilal, a décidé d'interdire l'accès des cités universitaires aux étudiantes portant le niqab", précise Elaph.

     

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    Depuis une dizaine d'années, le port du voile intégral s'est banalisé dans les rues du Caire. Deux Égyptiennes sur dix le porteraient désormais dans les campagnes

                  Puis, le 7 octobre, on apprenait que le roi Abdallah de Jordanie venait de limoger un haut responsable religieux, membre du Conseil des grands oulémas, la plus haute autorité religieuse du pays. Pour avoir critiqué la mixité autorisée dans une nouvelle université ouverte le 23 septembre. Lors de l'inauguration de ce premier établissement mixte du pays, doté des dernières technologies, le roi avait souhaité qu'il devienne "une maison du savoir et un lieu de tolérance". Dans un entretien télévisé, le religieux, cheikh Saad Al-Chithri, avait dénoncé la mixité "un grand péché et un grand mal", proposant par ailleurs qu'un comité islamique s'assure que l'établissement n'enseigne pas des "idéologies étrangères", telles que la théorie de l'évolution. Depuis son arrivée au pouvoir en 2005, le roi Abdallah s'est opposé, à plusieurs reprises, aux religieux les plus conservateurs du pays (2).

                   Voilà pour les faits.

                   Quelles() leçon(s) et quel(s) enseignement(s) en tirer ? Au moins deux...

                   D'abord, éviter absolument, et en tout, de faire de l'Islam un bloc, et de le considérer comme totalement uni ou totalement monolithique. Il l'est, certes, en partie, voire en grande partie. Mais ses divisions sont réelles et notre intérêt n’est pas de les coaliser. Il est d’éviter absolument de souder entre elles, en les rejetant indistinctement, toutes les composantes du monde musulman. Il faut bien admettre qu'il y a, en terre(s) d'Islam, des gens raisonnables et mesurés, avec qui l'on peut - et l'on doit - discuter. Leurs préférences religieuses, leurs débats internes ne sont pas ce qui doit orienter notre politique à leur égard. Ce qui nous importe, c’est leur attitude envers nous, leur politique dans leur relation avec nous : amicale ou hostile, compatible, ou non, avec nos intérêts nationaux. Le reste serait, de notre part, une inutile – voire nuisible – politique d’ingérence.

                   Ce qui nous amène à une deuxième conclusion. L'erreur de trop de gouvernants occidentaux (et de ceux des USA en particulier) est d'avoir -d'une façon quasi constante- fait fond sur les mouvements islamistes plutot que nationalistes arabisants laïques. Les Usa ont, par exemple, cru malin de mettre Ben Laden en selle pour contrer les Russes, envahissant l'Afghanistan: beau manque de perspicacité ! Au risque de surprendre, et peut-être même de choquer, n'aurait-on pas mieux fait -et ne ferait-on pas mieux- de soutenir, au contraire, des régimes laïques ? Nasser hier, en Egypte, ou les Assad en Syrie, Ben ALi en Tunisie et même... Saddam Hussein en Irak ? Tous régimes, certes, très imparfaits, voire voyous, mais qui au moins ne cherchaient pas à lancer une guerre politico-religieuse contre nous, et s'occupaient (s'occupent toujours, en Syrie, en Tunisie) de contenir les islamistes ?

    (1): source: le blog de Patrice de Plunkett ( http://plunkett.hautetfort.com/ ).

    (2): source : Le Monde du 7 octobre, article de Stéphanie Le Bars.

  • Sur le blog de Michel Onfray : La loi Avia annonce la fin de notre démocratie et l'épuration théorique.

    La loi Avia est-elle un risque pour la liberté d'expression ?

     

    La proposition de loi faite par Madame Laëtitia Avia, député LaRem entend combattre les contenus haineux sur Internet. Plusieurs spécialistes s'interrogent sur sa mise en application.

    Ainsi, rappelons ce qui suit :

    • L'article premier d'une proposition de loi LREM impose aux réseaux sociaux, plateformes collaboratives et moteurs de recherche de supprimer les contenus haineux dans un délai de 24 heures. 
    • Couplé à la peur d’une amende, ce mécanisme pourrait inciter les plateformes à supprimer plus de contenus avec moins d’attention et à recourir davantage à des algorithmes.
    • Avec un manque de transparence des réseaux sociaux concernant les modalités de modération, certains spécialistes craignent une entrave à la liberté d'expression.

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    On pourra dire un jour qu’il fut un moment où la démocratie s’est effondrée. Et ce jour est venu

    Je ne crois pas forcer le trait, ni même exagérer. Je ne crie pas au loup. Je ne suppose pas ou ne suppute pas. Pas plus je n’extrapole. Je ne fais pas un effet de rhétorique. Je ne grossis ni ne dramatise. Je constate juste qu’une loi, une simple loi, va bientôt transformer la démocratie en un vieux souvenir, un très vieux souvenir.

    On dira bientôt: jadis on pouvait dire et écrire ceci, on pouvait publier ou faire un film sur cela, on pouvait débattre de tel ou tel sujet, on pouvait assister à une conférence sur cette question ou bien sur celle-là, on pouvait inviter des gens à assister à un plateau contradictoire avec des individus qui ne pensaient pas la même chose et échangeaient leurs points de vue sans s’insulter ou se mépriser, s’invectiver ou s’injurier, on pouvait plaisanter, rigoler, pouffer avec telle ou telle blague, mêmes pas forcément drôles, mais, aujourd’hui, on ne le peut plus.

    On dit déjà, en voyant dans les derniers mois que des librairies sont incendiées, des conférences interdites, des représentations théâtrales empêchées, des autodafés effectués au sein même d’une université avec le livre d’un ancien président de la République, des invitations d’intellectuels annulées, des conférences ajournées, des penseurs inscrits sur des listes noires, des empêcheurs de penser en rond licenciés, évincés, privés de subventions publiques, des humoristes ou des présentateurs météo sortis de scène ou mis à la porte, que la liberté de penser et de s’exprimer sont en lambeaux sans que cela ne gêne ni le président de la République ni les médias de la bien-pensance à ses ordres, bien au contraire: ils travaillent à ce projet.

    Cette loi porte le nom de celle qui la porte: c’est la loi Avia que l’Assemblée nationale examine en nouvelle lecture depuis le mercredi 22 janvier.

    Que dit elle? Elle est censée lutter contre la cyberhaine! Le concept est bien vague et c’est en cela que le danger s’avère bien grand.

    Qui décidera de ce qu’est la haine? Un juif criera à la haine contre ses coreligionnaires quand on dira sur le Web qu’il y a dans la Torah des invitations aux massacres et parlera d’antisémitisme! Un chrétien criera à la haine quand un article montrera sur le net que Jésus n’a pas existé historiquement et parlera de christianophobie! Un musulman verra de la haine là où l’on se contentera de dire sur le Web qu’on trouve dans le Coran des sourates antisémites, homophobes, bellicistes, misogynes et phallocrates! Voilà déjà des milliards de gens potentiellement en situation de haine pour utiliser le sabir des progressistes autoproclamés -en fait: des régressistes...

    Un article qui prouvera sur le Web que Freud a menti sur l’efficacité de la psychanalyse, un autre qui prétendra sur le Web que Mahomet était pédophile pour avoir épousé une jeune fille de six ou sept ans même si le mariage n’aurait été consommé qu’à l’âge de neuf ou dix ans, un troisième qui rapportera sur le net que Darwin a raison de dire que l’homme est le produit de l’évolution d’un singe: tout cela sera décrété haine respectivement par les freudiens, les musulmans, les créationnistes. A nouveau des millions de gens en situation de haine! Un historien qui rappellera sur le Web les accointances de Mitterrand avec l’extrême-droite? Haine selon les mitterrandiens. Un autre rappelant sur le net que le PCF a conclu une alliance avec Hitler lors du pacte germano-soviétique? Haine selon les communistes. Un troisième qui parlera sur le net de génocide en Vendée? Haine selon les mélenchoniens, Alexis Corbière en tête… Un dernier qui s’opposerait aux manipulations génétiques en matière de procréation au motif qu’elles sont les premiers temps d’une marchandisation des corps assimilable à la vente d’enfants? Haine selon certains LGBTQ. Etc.

    Puis un jour, ce ne sera plus sur le net, ce sera sur le papier d’un journal, sur celui d’une revue ou d’un livre, mais aussi oralement, verbalement, sur un plateau de télévision ou à la radio. Le pouvoir poursuivra alors les auteurs, il les interdira de parole, il consignera leurs noms sur des listes de gens à qui ne plus jamais donner la parole -comme c’est déjà le cas pour certains...

    Quand d’autres disent que les blancs sont tous des racistes comme Lilian Thuram le fit un jour: qui dira que c’est de la haine et censurera également son propos? Quand tel ou tel décolonialiste fait porter tout le poids du colonialisme sur les épaules tout blanc du jour: qui dira qu’il s’agit de haine et censura également son propos? Quand une personne soucieuse de débat s’entend dire qu’on ne débat pas avec, par exemple la philosophe Sylviane Agacinski: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos? Quand BHL affirme sans vergogne que l’antisémitisme est au cœur même du projet des gilets-jaune: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos? Quand Luc Ferry estime que les mêmes gilets-jaunes sont à l’origine d’une chienlit à laquelle il faut répondre par les armes: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos?

    Je crains (enfin, façon de parler, car en réalité j’en suis sûr et certain), que cette loi ne soit qu’une arme du politiquement correct pour que l’Etat profond puisse imposer massivement sa censure afin d’interdire définitivement et légalement toute pensée libre, tout débat libre, toute réflexion libre, toute pensée originale, tout point de vue autonome et indépendant. D’aucuns qui ont sans cesse à la bouche la référence aux années trente m’interdisent de les invoquer, mais ça n’est pas l’envie qui me manque.

    On peut, sans trop se tromper, annoncer une formidable et terrible épuration théorique sur le net qui va laisser des millions de sites de réinformation exsangues. Au nom du bien, de la lutte contre la haine, bien sûr, on décrétera "haine" tout ce qui n’est pas pensée correcte (autrement dit: pensée de l’Etat maastrichien ou utile à son projet de remplacer la diversité des civilisations par le règne planétaire d’une religion consumériste dont les temples seront de vastes supermarchés ouverts nuit et jour). Il y aura eu les pyramides, le Parthénon, le forum de Rome et les cathédrales: il n’y aura bientôt plus que de vastes galeries marchandes perpétuellement éclairées au néon.

    L’information des grands médias, service public audiovisuel compris, roule pour cette idéologie: tout le monde en est maintenant intimement persuadé. Depuis des années c’était perceptible mais, entre autres scandales, depuis le traitement médiatique des gilets-jaunes, c’est devenu gros comme le nez au milieu de la figure.

    Je prends un exemple, disons au hasard: la matinale de France-Inter est le moment de l’annonce des diktats du politburo. C’est un festival des minutes de la haine annoncée par Orwell. Quiconque voulait disposer de l’antidote, du contrepoison à cette officine du système pouvait se rendre sur des sites alternatifs où se trouvaient des informations authentiques: cette prétendue loi contre la prétendue cyberhaine coupe les robinets d’eau claire pour ne plus laisser au troupeau que les eaux croupies de l’information dominante.

    Un mot pour finir: la loi Avia porte donc le nom d’une député de… La République en Marche, Laetitia Avia, qui a surtout défrayé la chronique des faits divers. Le Canard enchaîné a en effet révélé le 5 juillet 2017 que cette dame a mordu à l’épaule un chauffeur de taxi après une altercation en relation avec le mode de paiement de la course. Elle a reconnu la chose devant les policiers.

    Où l’on voit qu’en effet cette personne s’y connaît en matière de haine et qu’avec son parti, lui aussi assez doué en la matière, elle semble habilitée à légiférer contre…

    Avec cette loi authentiquement liberticide, toute intervention sur le Web de cette dame qui mord son prochain devrait être immédiatement censurée.

    Michel Onfray

  • Sur Figaro Vox, Céline Pina: «Castaner préfère excuser les émeutiers plutôt que défendre les policiers».

    LUDOVIC MARIN/AFP

    Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle est la fondatrice de «Viv(r)e la République», elle a également publié Silence coupable (Kero, 2016).

    Invité ce jeudi matin sur BFMTV, le ministre de l’Intérieur a minimisé les émeutes survenues dans plusieurs quartiers sensibles depuis samedi, y voyant «l’effet de la dureté du confinement». Des propos qui indignent l’essayiste Céline Pina.

    Ceux qui ne supportent pas le confinement et décident d’aller faire du jogging à Paris en dehors des horaires réglementés, l’exécutif n’a pas de mots assez durs pour les réprimander. Ceux qui passent le confinement ailleurs que dans leur appartement en s’installant pour un temps à la campagne sont régulièrement traités d’égoïstes irresponsables, voire de criminels en puissance sur les réseaux sociaux. En revanche, ceux pour qui le confinement serait «trop dur» peuvent attaquer un commissariat, caillasser les forces de l’ordre ou brûler la voiture de leurs voisins, ils trouveront alors chez le ministre de l’Intérieur de la bienveillance et de la compréhension...

     

    C'est le ballet de l'excuse sociologique qui a débuté.

     

    Depuis samedi soir, suite à un accident entre une voiture de police et un délinquant d’une trentaine d’années, condamné à 14 reprises, sous contrôle judiciaire pour avoir menacé de mort une personne hachoir à la main, on assiste depuis à un embrasement des banlieues, de Villeneuve-la-Garenne à Gennevilliers, d’Aulnay-sous-Bois à Suresnes, de la Courneuve à Nanterre, d’Évry à Fontenay-sous-Bois. Face à ces émeutes d’autant plus inacceptables qu’elles ne reposent dans les faits sur rien de tangible (une enquête est en cours et l’homme accidenté était manifestement en infraction), c’est le ballet de l’excuse sociologique qui a débuté dans la presse. Et le sociologue en chef, c’est d’abord Christophe Castaner: pour lui, tout cela est «l’effet du confinement, de la dureté du confinement pour ces jeunes gens»... et le ministre chargé du respect de la loi d’ajouter: «ce sont des petits groupes qui pensent que ce serait ludique d’attaquer les forces de police, de brûler des poubelles. Ce n’est pas ludique, c’est dangereux à commencer pour eux-mêmes». Les policiers qu’il est censé représenter apprécieront.

    On atteint là en même temps le fond de l’irresponsabilité et le comble de la bêtise. Contrairement à ce que pense peut-être Monsieur Castaner, le caïd de banlieue n’est pas stupide à ce point. Attaquer la police, faire régner la terreur dans les rues et incendier des voitures n’a rien d’un jeu. Le terme «ludique» est donc parfaitement déplacé et tend à faire passer pour normal ce qui ne l’est pas. Face à des voyous qui veulent blesser des policiers et n’hésitent pas à assiéger des commissariats, un tel euphémisme est délétère. Le but de ces émeutes est pourtant toujours le même: démontrer sa puissance en s’en prenant à ceux chargés de faire respecter l’ordre républicain, et exhiber sa domination sur un territoire. Les caïds affichent leur pouvoir au détriment de celui de l’État et entendent prouver qu’ils sont les véritables maîtres. Ils veulent faire peur et voir les autorités baisser les yeux. Quand cela marche, ils ajoutent ainsi l’impunité à la dangerosité.

     

    L'état a renoncé à appliquer la loi sur certaines parties du territoire.

     

    L’État aurait-il tellement peur de ne plus contrôler les banlieues, qu’il a même renoncé à se faire respecter... et l’avoue sans ambages? La fin de l’intervention du ministre jeudi matin sur BFMTV est à ce titre sans équivoque: des délinquants tirent aux mortiers d’artifice sur un commissariat et essaient de blesser ou de tuer des policiers, et le ministre de l’Intérieur s’inquiète avant tout pour leur santé? Il paraît oublier que ceux qui se prennent cailloux et armes de jet, voire parfois cocktails molotov, ne sont pas les émeutiers, mais bel et bien ceux qui les affrontent. Cette soumission en parole comme en acte de Christophe Castaner ne parle pas que de son absence de crédibilité et de compétence, elle dit surtout que l’État a renoncé à appliquer la loi sur certaines parties du territoire et pense, en s’humiliant, arrêter le feu.

    Pourtant si à la faveur de l’instrumentalisation d’une fausse rumeur, c’est toute une partie de la banlieue qui s’embrase, cela n’est pas un hasard. C’est le résultat d’un long travail idéologique, qui aboutit à faire de la police un ennemi et de la France un pays raciste. Les fruits, les voici: ce hashtag «#MortAuxPorcs» qui sévit sur les réseaux sociaux d’extrême-gauche. Ce véritable appel au meurtre des policiers est pourtant traité comme un épiphénomène.

     

    Poursuivant cette grotesque comédie, voilà que nous avons maintenant droit à l’appel au calme du caïd accidenté. Lequel, la main sur le cœur, espère que «justice lui sera rendue». Il faut reconnaître à son avocat un véritable talent, celui d’exploiter l’hypocrisie politique actuelle. Quelqu’un croit-il vraiment à la sincérité de celui qui instrumentalise un accident, alors qu’il était dans l’illégalité et se fait passer pour une victime expiatoire? Lancer un appel au calme, après avoir hurlé à la bavure, est comique pour qui connait la banlieue. C’est pourtant toujours le même scénario auquel on assiste depuis des années. Quant à ces appels, souvent surjoués, ils visent d’abord à assurer la défense de celui qui les lance. Le double langage coutumier aux voyous est parfaitement intelligible pour leurs petits camarades et ne s’adresse qu’aux politiques, vus comme lâches, manipulables et particulièrement sensibles à un discours de victimisation quand il les exonère d’agir tout en préservant leur réputation d’humaniste et parfois leur clientèle. D’ailleurs, généralement le subterfuge fonctionne et on voit nombre de maires de ces villes plus souvent soutenir les voyous en mettant en avant l’injustice sociale, qu’assumer leur rôle de représentants de la loi.

     

    Christophe Castaner apporte sa caution à ces attitudes inacceptables.

     

    Lorsque je travaillais aux Mureaux en tant que directrice de cabinet, nous eûmes droit en 2001 à une flambée de violence urbaine suite à la mort d’un jeune après qu’au volant d’une voiture volée, lui et deux de ses amis aient tenté de forcer un barrage et d’écraser un policier. S’en sont suivies quelques nuits d’émeutes. Le conseil municipal venait alors juste d’être élu et faisait état d’un angélisme extrêmement peu réaliste. Le discours larmoyant et victimaire sur les jeunes des cités était alors à son apogée. Alors que deux compagnies de CRS essayaient de maintenir l’ordre, les grands frères venaient régulièrement se proposer comme médiateurs. Sauf qu’à la faveur d’une caméra nouvellement installée à l’arrière d’un bâtiment, élus et policiers ont pu découvrir un étrange ballet: ceux qui se proposaient d’éteindre le feu si on leur laissait les mains libres étaient les mêmes qui poussaient les autres jeunes à l’affrontement. Ils changeaient juste de sweat derrière les bâtiments, espérant monnayer auprès des élus leur supposée influence bénéfique sur les jeunes. À l’époque, quand on était de gauche, refuser de regarder en face la violence pour la violence qui caractérise ceux qui font régner la terreur dans les quartiers, permettait d’obtenir un brevet de bonne conscience, alors que dans les faits on abandonnait les habitants des quartiers aux plus dangereux des leurs. Depuis, hélas, la posture s’est beaucoup généralisée.

    Alors que nous affrontons une pandémie sans précédent et que nous mobilisons toutes les ressources de la solidarité nationale pour éviter un crash économique qui se traduirait par une véritable plongée dans la misère d’un grand nombre des nôtres, ces émeutes sont lamentables. Mais faire l’amer constat que Christophe Castaner, en qualité de ministre de l’Intérieur, apporte sa caution à ces attitudes inacceptables, est pire encore.

  • Un ancien ministre algérien prédit l’effondrement de l’Algérie en 2019 : de grands risques pour la France

    Ali Benouari, ancien ministre au Trésor (fondateur du parti Nida El Watan).

     

    Par Ziad Alami 

    C'est une analyse importante de la situation algérienne que nous mettons ici en ligne. Nous y adjoindrons un commentaire limité au nécessaire. Cet article publié hier 23.05 sur le journal marocain en ligne Le360 se nourrit des analyses d'un ancien ministre algérien en charge du Trésor qui redoute le pire pour son pays sous deux ans. L'ensemble est donc vu du Maghreb, notamment du Maroc qui a toute raison de s'inquiéter d'un éventuel chaos chez son grand voisin. Mais une telle situation ferait courir aussi de grands risques à la France. Lafautearousseau les a signalés de longue date et à plusieurs reprises. Autour de 1956, le chef du gouvernent de l'époque, le socialiste Guy Mollet, affirmait que l'Algérie était indissolublement liée à la France. Cette dernière y était alors souveraine, ce qui n'est plus. La situation s'est inversée mais, en un sens qui nous est devenu défavorable. La France, volens nolens, reste liée à l'Algérie, non seulement par le voisinage méditerranéen, mais aussi par la présence sur son sol de millions de résidents d'origine algérienne.  Et, parmi eux, un certain nombre constitutifs de lourdes menaces. Un chaos algérien signifierait une nouvelle vague migratoire massive,  sans compter les risques de transposition du chaos algérien en territoire français.  Pour la France l'enjeu est d'une importance majeure et ce serait à Emmanuel Macron, s'il en est capable, de faire face à la situation.  LFAR

    Une nouvelle sinistre prédiction de l’effondrement du régime algérien à l’horizon 2019, établie cette fois par l’ancien ministre au Trésor, Ali Benouari. Il explique comment le président Bouteflika a réuni tous les ingrédients d’un chaos total en Algérie.

    « Attention à ce qui se passe en Algérie ! Ce grand pays, le plus grand d’Afrique et du monde arabe, est menacé d’effondrement, dans l’indifférence générale ». L’alerte n’émane pas cette fois d’une quelconque « partie ennemie », elle n’est donc pas l’oeuvre d’un « complot extérieur », comme le régime de Bouteflika a tendance à le claironner à chaque mise en garde internationale contre le scénario de chute de ce régime rentier, grabataire et en rupture de ban. Non, l’avertissement provient de l’intérieur de l’Algérie, précisément de l’ancien ministre algérien au Trésor, Ali Benouari. Dans une tribune libre publiée sur le site algérien CNP News (Clair, Net et Précis), il détaille les uns après les autres les syndromes d’une faillite inévitable. « Cela ne se voit pas encore, mais tel un meuble mité, il (le pays) est rongé de l’intérieur », diagnostique-t-il, mettant le doigt à la plaie. L’Algérie est « mitée par une gestion désastreuse qui n’a jamais fait l’objet de la moindre autocritique, en cinq décennies de gestion populiste, nourries par la rente pétrolière », assène-t-il.

    A défaut de travail d’auto remise en question, il va donc incomber à d’autres de le faire à la place du régime. Ali Benouari, ancien argentier sous le gouvernement Ahmed Ghozali (91-92), en fait partie. Dans sa tribune libre, il va droit au but et pointe l’index vers  le régime et précisément « l’artisan en chef du Système politique algérien à l’Indépendance », en l’occurence Abdelaziz Bouteflika, qui « a fini par l’incarner totalement à partir de 1991 ». « Son triomphe total aura été paradoxalement l’accélérateur de la débâcle d’un système qui a réussi à diviser les Algériens, détruit le rêve d’une union des peuples nord-africains et compromis la stabilité et l’avenir de la région », pointe Ali Benouari. Elevant la servilité au rang de critère absolu pour accéder aux hautes fonctions, au détriment de la méritocratie, « l’actuel pouvoir a poussé à l’exil des centaines de milliers de cadres et perdu une occasion unique de rattraper les retards accumulés dans tous les domaines », relève M. Benouari, lui-même amené à chercher une autre nationalité, en l’occurence la nationalité suisse, à défaut d’opportunités dans le cadre d’un régime incroyablement méprisant envers les compétences nationales algériennes. « Le refus obstiné (du régime) de voir l’Algérie telle qu’elle est, dans un monde qui a profondément évolué, l’a conduit à refuser d’introduire la moindre réforme à un système de gouvernance aussi inefficace que dangereux », relève-t-il encore. Avant de larguer cette bombe à fragmentation : « Il est quasiment certain qu’en 2019, au terme de son quatrième mandat, le pays sera passé à côté de quelque chose de géant : une manne de près de 1000 milliards de dollars engrangés en 20 ans, fruits de ressources non renouvelables. Qui aurait suffi à financer les besoins en développement de tout le continent africain » !

    Vous avez bien lu : une manne de 1000 milliards qui aurait suffi à financer les besoins en développement de tout le continent africain !

    Circulez, rentrez, il n’y rien à voir. Cette manne « céleste » aura plutôt servi à " créer les conditions d’un chaos indescriptible, au lieu de servir à remettre (rien que) le pays sur les rails grâce à des réformes hardies que personne n’aurait pu contester » !, indique l’ancien Trésorier de l’Algérie, la mort dans l’âme. Pire encore, « les énormes besoins sociaux, dopés par la rente pétrolière et une démographie galopante (un accroissement de plus de 20 millions d’habitants au cours de la période 1999-2019) ne pourront plus être couverts par suite de la dissipation de la rente pétrolière », observe-t-il. Et d’enfoncer encore ce clou : « Le pays ne produit presque rien. Il survit grâce aux importations » ! Rien donc hors des hydrocarbures (98% des exportations), alors que le reste, soit les 2% restants, sont aussi un don de la Nature, en l’occurrence les minerais dont regorge l’Algérie !

    Ce qui risque de se passer à l’horizon de 2019

    L’ancien Trésorier de l’Algérie étaie ses prévisions par des arguments chiffrés. « Le déficit de la balance des paiements atteindra des sommets en 2019, de même que le chômage et l’inflation. Son ampleur exposera le pays à une crise de la dette analogue sinon plus grave que celle qui a résulté de la crise pétrolière de 1986-1987. Il tourne à 30 à 35 Milliards de dollars par an depuis trois ans », chiffre-t-il. « Le déficit budgétaire dépasse déjà 15% du PIB et restera au moins aussi important qu’aujourd’hui. Il ne peut plus être couvert par les recettes fiscales accumulées au titre du Fonds de régulation de recettes, qui sont déjà épuisées », prévient-il. Une prévision qui, qu’à Dieu ne plaise, entraînera des conséquences désastreuses. « Ce déficit empêchera, s’il n’était résorbé d’une manière ou d’une autre, de payer les fonctionnaires, d’assurer les services publics et maintenir les subventions aux catégories sociales les plus vulnérables ». «En 2019, ces déficits ramèneront les avoirs extérieurs du pays à zéro. Ce scénario n’a rien d’exagéré, le pays l’ayant déjà vécu ».

    Il en ressort qu’à l’issue du quatrième mandat du président Bouteflika, l’Etat algérien, ou ce qu’il en reste, n’aura même pas de quoi payer les salaires de ses fonctionnaires, à plus forte raison « acheter la paix sociale » via la subvention tout azimut des besoins de la majorité des citoyens habitués à la rente.

    Une éventualité qui risque de sonner le glas définitivement du régime algérien, qui ne doit sa « survie » qu’à l’ « achat de cette paix sociale ». Le spectre du début des années 90 et donc de la guerre civile, avec son long cortège funèbre (250. 000 morts), risque ainsi de se reproduire. « A mon arrivée au gouvernement en 1992, les caisses étaient vides et la banque centrale ne pouvait plus dénouer les opérations de swaps sur or (c’est-à-dire racheter l’or vendu au comptant) effectuées l’année précédente. Il manquait, pour ce faire, 1,5 milliards de dollars. Autant dire que les réserves de change étaient négatives ! », rappelle Ali Benouari. « Cette situation nous avait conduits à mobiliser tout l’appareil de l’Etat dans une gigantesque opération de mendicité internationale dont les seuls résultats étaient de nous maintenir dans le même état de précarité financière mais avec des abandons progressifs de souveraineté et un enlisement progressif du pays dans la guerre civile ».

    Voilà, le mot est lâché : la « guerre civile » risque de se reproduire au bout du quatrième mandat de Bouteflika. Autant que le spectre d’un « rééchelonnement en bonne et due forme qui fût décidé en 1994, permettant de reporter sur 15 ans les échéances de la dette qui absorbaient la quasi-totalité de nos recettes extérieures ». « Le risque est donc sérieux de se retrouver de nouveau dans la situation de ne pas pouvoir couvrir les besoins du pays en nourriture, biens d’équipements et matières premières pour maintenir l’économie en état de fonctionnement minimal », prévient encore Ali Benouari. Une prévision confirmée par les rapports internationaux mais que le régime de Bouteflika, qui fait de la fuite en avant une " politique d'Etat " !, ne veut pas regarder en face. 

    Ziad Alami

  • EUROPE RÉELLE, EUROPE RÊVÉE

     

    PAR HILAIRE DE CRÉMIERS

     

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    ANALYSE POLITIQUE. Bien des choses sont en train de changer en Europe. Chacun veut s'en rendre maître. C'est une lutte de projets.

    Le dernier sommet européen qui s'est tenu à Bruxelles, le jeudi 14 décembre, s'est déroulé dans une lourde atmosphère. Aucun accord n'en est sorti. Il n'est pas douteux que les sommets suivants s'en ressentiront. Le Conseil des chefs d'État et de gouvernement qui était le lieu habituel des discussions et des compromis, dominé par les principaux États qui s'assuraient une sorte d'hégémonie, Allemagne, France principalement, se transforme en lieu d'affrontements. L'actualité médiatique en a fait peu état. Ce dernier Conseil de l'année 2017 fut, pourtant, révélateur de la profonde disharmonie qui, maintenant, caractérise l'Union européenne : elle devient, chaque jour davantage, une désunion.

    LA QUERELLE MIGRATOIRE

    Les Vingt-Sept se sont disputés sur la question migratoire puisque tel était l'ordre du jour. L'Allemagne de Merkel est, une fois encore, à l'origine des désaccords. On se souvient comment les décisions du gouvernement allemand, en 2015, avaient aggravé le problème des flux migratoires, en provoquant des surplus d'arrivées massives, incontrôlées et incontrôlables, de migrants, qualifiés, à l'époque, de Syriens. Il ne s'agissait pas seulement d'ouvrir les frontières, il fallait encore accueillir, « relocaliser », surtout répartir les migrants par pays et par quotas.

    C'était pour la chancelière Merkel « la solution » qu'elle prétendait apporter et surtout imposer par voie européenne et communautaire, avec l'appui de Juncker, à tous les pays de l'Union, sans même, d'ailleurs, les consulter. Les résultats sont connus. Les flots devinrent ininterrompus, se frayant tous les passages possibles maritimes et terrestres en colonnes continues. Chaque pays n'avait plus qu'à essayer de faire front pour échapper à la submersion. L'Allemagne et les pays du Nord en ont, d'ailleurs, subi les conséquences ; les Allemands ont de quoi s'en souvenir : les incidents de Cologne restent gravés dans leur mémoire.
    Merkel tenta de régler, seule encore, et souverainement - financièrement aussi à coups de milliards - au nom de l'Europe - Hollande n'existant pas -, avec la Turquie cette question des frontières.

    La Turquie, bien évidemment, en profita et en profite, d'ailleurs, encore pour exercer son chantage ; Erdogan mène sa politique sans scrupule et menace une Europe qui avait décidé fort imprudemment de l'accueillir en son sein ; l'Allemagne en a su quelque chose, insultée qu'elle fut par le Sultan !

    Et maintenant qu'Erdogan se hisse au rang de haut représentant des intérêts musulmans, il est à prévoir que ses exigences seront de plus en plus implacables.

    RÉALITÉS ET IDÉOLOGIES

    Sur tout le pourtour de la Méditerranée le même genre de pression se fait sentir sur l'Europe, alimentée en outre par les migrations de plus en plus importantes et organisées venues d'au-delà du Maghreb, du Sahel, voire de l'Afrique profonde. Macron voudrait, lui aussi, résoudre le problème à la source ; louables intentions, mais encore faudrait-il avoir une politique africaine dont il a déclaré qu'il ne voulait plus, pour mieux rompre, paraît-il, avec le passé, remettant l'avenir, là aussi, à une Europe future qui n'existe pas et qui, elle-même, n'en veut pas.

    Alors que faire ? Verrouiller l'Europe ? Mais où et comment ? Aucune troupe, aucune flotte n'y suffirait et, d'ailleurs, il s'agit plutôt de sauver tant de malheureux livrés aux hasards de la mer ! Laisser le contrôle à la Turquie qui abuse de sa situation, et à la Libye où les passeurs et les modernes négriers ont installé des marchés d'esclaves ?

    Merkel a trop usé de sa position dominante pour faire avaliser par l'Europe les dispositions qu'elle avait cru devoir prendre au nom de tous : un système de répartition qui était censé résorber naturellement les flux migratoires. Les pays de l'Europe centrale ne s'y sont pas pliés. La Commission présidée par l'inénarrable Juncker, n'hésita pas à traduire devant la Cour de justice de l'U.E. les pays récalcitrants, Hongrie, Pologne, Tchéquie, au motif qu'ils n'ont pas rempli leur quota ! Inutile de souligner que de telles procédures ne laissent pas de créer des tensions dans la prétendue « Union » européenne qui, en tant qu'entité supranationale, passe son temps à faire la guerre sociale, économique, politique, non aux ennemis extérieurs, mais à ses propres membres qui n'entrent pas dans son idéologie.

    C'est ainsi qu'à peine 32 000 réfugiés ont été, selon l'expression consacrée, « relocalisés » sur les 160 000 qui avaient été sélectionnés - en quelque sorte ! - pour être répartis dans l'année 2016 ! Alors, aujourd'hui...

    Et voilà que ce sommet de décembre se réunissait, dans de telles circonstances, pour reprendre et réexaminer le même problème mais en imposant toujours la même « solution », cette fois-ci de manière définitive et non plus provisoire devant la certitude que, de toutes façons, la crise migratoire n'était plus en soi « une crise », mais un « phénomène permanent » et « régulier » auquel il convenait d'apporter en conséquence des « règles permanentes » ! C'est ce qui se pense dans les hautes sphères des stratégies mondiales et mondialistes. Sur cette ligne se retrouvaient en principe Bruxelles, Berlin et Paris.

    LE REFUS DES PEUPLES

    Mais les peuples rechignent de plus en plus ! Ils ne veulent ni de répartition ni de quotas. Ils veulent rester maîtres de leur droit d'asile, de leur politique migratoire, de leurs frontières, de leur souveraineté. Les mêmes ont donc refusé et violemment le dispositif permanent, automatique et obligatoire, qui leur était présenté. Merkel a tempêté en invoquant la solidarité et en l'érigeant en question de principe : « Il ne peut pas y avoir de solidarité sélective entre les membres de l'Union européenne... »

    Macron s'est trouvé mal pris, comme d'habitude, entre ses rêves d'Europe et ses promesses électorales. Il a botté en touche, selon sa manière, avec son fameux en même temps : « On ne peut pas transiger sur la solidarité européenne, mais on peut discuter les modalités d'application ». Les pays du groupe de Visegrad ont campé sur leur position, se contentant d'allouer à l'Italie un chèque de 35 millions d'euros pour l'aider à contrôler la Méditerranée. Le plus drôle, et le plus exaspérant pour Mekel, fut que Donald Tusk, président permanent du Conseil européen, se souvenant pour une fois qu'il était polonais, a pris acte de la totale inefficacité des solutions préconisées. Il a fallu que Juncker publiquement condamne une telle « provocation » !

    Autre drôlerie, encore, dans ce caravansérail européen : au dîner du soir Theresa May venait faire son « vingt-huitième » ! Avec, dans sa valise, pour le lendemain, toutes les difficultés du Brexit sur lequel, malgré toutes ses oppositions, elle ne reviendra pas, tergiversant entre les accord possibles, transitoires et définitifs, pour mieux manoeuvrer. Barnier, l'autre inénarrable pantin de l'eurocratie, en perd son anglais et est obligé de renvoyer aux calendes de mars ces discussions sans fin et sans raison ! Il fera entendre raison à l'Angleterre : Ah ! Mais !

    LE RÊVE MACRONIEN

    La-dessus, Macron échaffaude son plan de conquête de l'Europe. II pense réussir en 2019 au niveau Européen ce qu'il a réussi en 2017 en France : bouleverser totalement la donne politique. Les vieux partis, sinon éliminés, démodés, conservateurs et sociaux-démocrates, resterait à constituer un vaste centre, qui entrerait résolument dans les conceptions macronniennes et qui permettrait d'ouvrir tous les chantiers de l'Europe future, tels que Macron les a développés dans son discours de la Sorbonne ! Voilà ce à quoi il pense. Inutile de souligner le septicisme des Allemands. Il n'est pas question pour Merkel que l'Allemagne perde son influence. Macron commence à devenir un rival.

    Pour réussir son coup• en 2019, Macron prévoit en France des listes nationales et suggère déjà une liste transnationale pour les 73 députés qui devraient remplacer les eurodéputés britanniques après le Brexit. Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, est déjà en charge de cette stratégie.

    Il est des macroniens qui, dans leur enthousiasme, parlent à ce propos de pont dArcole pour leur nouveau petit Bonaparte. Ils ne voient pas que les peuples se révoltent devant de tels arrangements qui les priveront de toute expression politique.

    À un moment ou à un autre, leur Napoléon connaîtra, à sa manière, « sa bataille des Nations », celle où les peuples, apparemment ralliés, se retournent contre leur pseudo-fédérateur. Ce genre d'aventure se termine un jour à Waterloo.  ■ 

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  • Covid-19 : la valse des milliards (la suite), par François Schwerer.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Les milliards pleuvent comme les printemps s’épanouissent. Mais quand il faudra rembourser, la France sera-t-elle capable de faire face aux échéances ? Impôts, spoliation ou inflation, le gouvernement aura besoin de la confiance des Français…

    Depuis le début de la crise sanitaire, l’unité de mesure est devenue la centaine de milliards. Personne ne réussit véritablement à saisir la grandeur que cela représente ; c’est simplement énorme… à la mesure de ce que le Gouvernement fait pour la population ! Sauf, qu’en fin de compte ce sera à la population de payer. À ce moment-là, les successeurs de ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui se poseront la question de savoir comment.

    françois schwerer.jpgLe montant annoncé le 15 avril par le Premier ministre, Edouard Philippe, s’élevait à 110 milliards. Depuis ce chiffre a été revu à la hausse : le 15 juin, le président Macron évoquait 500 milliards. Un effort « d’une ampleur exceptionnelle », sans équivalent ! Et le 21 avril Gérald Darmanin nous a prévenu : « il n’y a pas de plafond à la dette ». De son côté la BCE a annoncé un plan de 750 milliards et laissé entendre qu’un autre de 600 milliards devrait être mis en place en octobre. Quand on aime, on ne compte pas, c’est bien connu.

    Qui va payer ?

    Hélas, contrairement à l’Allemagne, le pays ne dispose pas de réserves financières pour faire face à ce surcroît de dépenses, et comme le dit le prix Nobel d’économie, Jean Tirole[1], il n’existe pas « de monnaie magique » – c’était d’ailleurs pour cela que le Gouvernement avait promu une « politique d’austérité ». La France est déjà endettée au-delà du montant total de son PIB (qui fait à peine plus de 2 000 milliards) ; elle va donc devoir emprunter cette somme qui va venir s’ajouter à ses dettes structurelles qu’il faudra bien, un jour, soit annuler soit rembourser.

    Annuler les dettes paraît difficile tant que celles-ci sont détenues par des banques privées, des fonds de pension ou des compagnies d’assurance, tant français qu’étrangers. Il faudrait, auparavant, que ces « investisseurs » aient cédé leurs créances à la Banque centrale, en contravention avec les traités européens dont la Cour de Karlsruhe vient de rappeler à l’Allemagne qu’elle doit les respecter ou en sortir. De plus on voit mal que la France puisse prendre une telle décision alors que tous les autres pays développés (les États-Unis comme la Chine) sont dans le même cas, et que les monnaies sont toutes définies les unes par rapport aux autres, sans aucune référence à une valeur externe objective. Qu’un pays annule ses dettes sans se coordonner avec tous les autres et c’est un véritable château de cartes qui s’écroule.

    Comment, dès lors, honorer de telles dettes ? Jusqu’à présent, nos hommes politiques expliquaient que cela se ferait sans douleur le jour où la croissance repartirait. Ils omettaient de dire que malgré la croissance économique que l’on avait connue jusque-là, la France avait eu recours à un endettement de plus en plus massif. Si, malgré tout, la France peut encore emprunter « dans des conditions satisfaisantes », c’est parce que les « investisseurs » pensent qu’il est moins risqué pour eux de prêter de l’argent à la France qu’à l’Italie, l’Espagne ou la Grèce. Ils tablent sur le fait que le Gouvernement a encore le pouvoir d’augmenter les impôts ! Mais jusqu’à quand attendront-ils pour récupérer leur mise ? Et, s’ils considèrent un jour que cette récupération devient problématique, que risquent-ils de demander en échange ? Aujourd’hui, les taux sont bas. Mais les emprunts contractés ne sont que de courte durée. À leur échéance, si la France ne peut pas les rembourser, elle sera contrainte d’en demander la reconduction ; à quel taux ? C’est donc bien une épée de Damoclès qui menace les budgets futurs et l’équilibre économique du pays avec.

    Si la croissance ne permet pas de mettre de côté les sommes nécessaires à l’amortissement de la dette, il faudra bien trouver une autre solution. Comme de nombreux emprunts contractés par la France l’ont été auprès d’investisseurs étrangers, on pourrait être tenté de procéder à une dévaluation. Mais la France n’est plus maîtresse de sa monnaie ni de son droit : elle n’a pas contracté tous ses emprunts selon le droit français et les sommes empruntées ne sont pas toutes remboursables en euros. Dès lors une dévaluation n’aurait qu’un effet limité – voire même pervers – sur le plan économique et serait désastreux au regard des relations internationales.

    Comment répartir la charge du remboursement ?

    En fait, quelle que soit la solution qui sera retenue ce sont bien les citoyens qui supporteront la charge du remboursement. Et pour cela le Gouvernement semble avoir le choix entre trois méthodes qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre.

    La première à laquelle chacun pense, malgré ce qu’en a dit le président Macron, est l’accroissement de la charge fiscale pesant sur les nationaux, c’est-à-dire sur les ménages et les petites entreprises – car les grandes entreprises multinationales pourront toujours délocaliser le siège de constatation de leurs bénéfices. Cette charge fiscale peut être accrue de deux façons, soit en augmentant les taux d’imposition (un point de plus sur la TVA, une tranche supplémentaire de l’impôt sur le revenu, un alourdissement des taxes foncières, la suppression des abattements sur les droits de succession…) soit en élargissant la base imposable (diminution du seuil en-dessous duquel un ménage est non imposable, suppression des niches fiscales, nationalisation des sols sur lesquels sont bâties les maisons assortie du paiement d’un « loyer » à l’État pour l’occupation du sol, rétablissement de l’impôt sur la fortune…).

    La deuxième a été préconisée par l’Union européenne, dans le cadre d’un « plan de sauvetage des banques » au cours de la crise précédente. Il s’agit de la spoliation de tout ou partie de l’épargne. Cette solution est d’autant plus dans l’idée des hommes politiques que, depuis plusieurs années, on répète aux Français qu’ils sont les champions de l’épargne et que l’économie nationale pâtit du fait qu’ils ne consomment pas assez. Aujourd’hui, sans qu’il soit besoin de changer un texte, l’État peut décider de ponctionner les comptes en banque au-delà de 100 000 euros. Au moment de la mise en place de ce mécanisme, les Grecs et les Chypriotes ont eu à en connaître. Ce procédé est d’autant plus facile à mettre en œuvre que les paiements ne se font plus en espèces mais par cartes, virements ou prélèvements, obligeant ainsi chaque citoyen à laisser tous ses avoirs financiers à la discrétion des pouvoirs publics.

    Reste la troisième solution, qui est l’inflation. Pour nombre d’économistes, cette solution serait la moins douloureuse car elle pourrait être étalée dans le temps. Mais, en réalité, cette solution est probablement celle qui est la plus difficile à contrôler car son rythme dépend plus du désir de consommation des citoyens et des limites à l’accroissement de la production (qu’elle soit nationale ou internationale) que des décisions des pouvoirs publics. Si les pouvoirs publics fournissent les moyens de l’inflation (masse monétaire en circulation), ils n’en fournissent pas les causes (augmentation du désir de consommation au-delà de la production disponible). On constate d’ailleurs que, tout au long de ces dernières années, les banques centrales ont visé un taux d’inflation considéré comme idéal (2 %) sans jamais l’atteindre. Plus elles ont augmenté la masse monétaire en circulation, plus celle-ci est passée dans une « trappe financière ». L’inflation n’a pas été au rendez-vous mais des « bulles » se sont développées dont certaines ont fini par exploser. Car l’inflation n’est pas qu’un phénomène monétaire purement mathématique. Elle dépend de la psychologie des ménages et de leur désir de consommer. Dans une société d’abondance, lorsque les besoins primaires et même secondaires semblent comblés, un surcroît de pouvoir d’achat ne suscite pas obligatoirement une demande supplémentaire des mêmes biens mais se retrouve en partie dans la spéculation financière. Dès lors, au lieu d’alimenter l’inflation, il vient faire grossir des « bulles ».

    Quel sera le choix du Gouvernement ? Quel qu’il soit, il communiquera exclusivement sur la solidarité et la justice sociale. Il est normal que les plus riches supportent la charge la plus élevée. Mais comme ces arguments ont été utilisés sans retenue pour accroître l’omnipotence de l’État, ils sont devenus des slogans auxquels beaucoup ne croient plus. De plus dans un monde terriblement individualiste, chacun regarde désormais, non pas comment est réparti le fardeau entre tous, mais quel poids lui-même supporte. La réussite de la sortie de crise – qui aura un coût élevé – va donc essentiellement reposer sur le degré de confiance que le Gouvernement va savoir susciter et sur le degré de cohésion nationale qu’il va être capable de maintenir.

    [1] Il a été nommé président de la commission d’économistes mise en place par le président Macron pour proposer un « changement de logiciel économique » (sic).

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  • Français, vous reprendrez bien une louche de jihadisme ?, par Aurélien Marq.

    Abdelhamid Abaaoud, le terroriste derrière les attentats de novembre 2015 à Paris, mort à Saint-Denis © Uncredited/AP/SIPA Numéro de reportage: AP21824688_000063

    Source : https://www.causeur.fr/

    De la récidive des fous d’Allah

    Les fous d’Allah ne sont pas des détenus ordinaires. Parier sur leur réhabilitation après incarcération est notre folie à nous.

    Le Figaro vient de publier un excellent article évoquant le taux de récidive extrêmement élevé des jihadistes(1)

    Je ne saurais trop en recommander la lecture en préambule : factuel, documenté, il a la lucidité de rappeler que généralement, même les jihadistes qui ne récidivent pas au sens strict, ne renient pas leur idéologie (ce qu’a aussi établi David Thompson dans Les Revenants), et d’évoquer la sauvagerie toute particulière de l’Etat Islamique et de ses affidés, plus terrible encore que ce qui était la norme au temps où Al Qaeda était la référence. Autrement dit, les jihadistes actuellement emprisonnés et qui sortiront dans les années à venir sont pires que ceux sur lesquels porte l’étude dont parle le Figaro….

    Rien de tout ceci ne doit nous surprendre. On le sait, les jihadistes ne sont pas de simples délinquants qui utiliseraient l’idéologie comme prétexte : les risques qu’ils prennent imposent au minimum d’écouter sérieusement ce qu’ils disent lorsqu’ils parlent de leur propre combat.

    J’aime la mort comme vous aimez la vie

    Il faut rappeler le cas emblématique de Mohamed Merah, que beaucoup ont présenté à tort comme une simple « racaille de cité. » Après avoir commis ses meurtres, dont ceux particulièrement abjects des enfants de l’école Ozar Hattorah, il a eu de longs échanges avec le RAID, dont les négociateurs espéraient initialement pouvoir l’amener à se rendre. Lors de ces discussions, il leur a notamment affirmé : « j’aime la mort comme vous vous aimez la vie. » Étonnamment, peu de gens ont pris la peine de réfléchir à la portée de cette phrase, qui fait directement référence à une figure majeure de la « geste héroïque » des premiers temps de l’islam : Khalid ibn al-Walid.

    D’après la tradition musulmane elle-même, ce chef de guerre hors du commun était surnommé « le glaive dégainé d’Allah » par le prophète Mohammed en personne. En 633, avant la bataille des Chaînes qu’il livra contre les Perses, il fit parvenir au général ennemi un message disant : « vous avez le choix entre la conversion (à l’islam), la soumission et la mort, car j’arrive avec des hommes qui aiment la mort comme vous vous aimez la vie. » La déclaration de Merah, qui à ce moment avait choisi de mourir les armes à la main, n’était pas une provocation de petite frappe mais la revendication assumée d’une filiation « glorieuse », d’une continuité à travers les siècles.

    Changeons notre approche

    Gabriel Martinez-Gros l’a clairement montré dans un brillant ouvrage auquel j’ai déjà plus d’une fois fait référence, Fascination du Djihad, fureurs islamistes et défaite de la paix : les jihadistes se voient comme une élite guerrière en rupture avec la morale pusillanime des masses. Dans leur esprit, ils sont en quelque sorte les « chevaliers d’Allah », élus par le Créateur et Seigneur de l’Univers. Qu’ils ne soient en réalité qu’une sinistre imitation, une ombre grinçante de ce que furent les véritables fraternités guerrières, des chevaliers aux samouraïs, ne change pas ce qu’ils se raccontent sur eux-mêmes. Au lieu de les traiter comme de simples délinquants, nous gagnerions à admettre la réalité : ils ont fait consciemment le choix d’être nos ennemis mortels, et d’œuvrer à la destruction de notre civilisation pour la remplacer par un totalitarisme monstrueux.

    Car les jihadistes ne sont pas des nihilistes, mais des utopistes. Ils servent un idéal – viscéralement pervers – qui est celui de l’islam théocratique. Leur mort telle qu’ils l’envisagent n’est pas une plongée dans le néant, mais une communion à l’absolu. Leur projet est simultanément simple, voire simpliste, et démesuré : ils veulent le royaume de Dieu sur terre. C’est un exemple presque caricatural d’hubris, cette arrogance sans limite que dénonçaient les Grecs. Les jihadistes, et plus généralement ceux qui partagent leur idéologie, sont dans une très large mesure semblables aux foules de l’Allemagne nazie dont C.G. Jung disait en avril 1939 : « ils sont tous possédés par un dieu barbare » (2). Dans un pays islamiste (et pas seulement musulman) les choses sont évidemment différentes, puisque cette idéologie y est la norme, mais en Occident ceux qui œuvrent activement au service de l’islam théocratique (que ce soit par la violence, par l’influence culturelle, financière ou médiatique, par le militantisme, par l’entrisme politique, par le « jihad judiciaire », etc) ne sont absolument pas de simples « rouages » pris dans ce que Hannah Arendt appelait la « banalité du mal ». Il faut plutôt voir en eux l’équivalent de ces dignitaires SS qui communiaient activement au mysticisme malfaisant d’Heinrich Himmler dont Wewelsburg était le centre. Ce n’est pas le désir du néant qui les pousse, mais l’exaltation de se sentir habités par la présence agissante du dieu qu’ils ont choisi de servir. La jouissance de devenir les instruments vivants et les réceptacles terrestres de sa volonté, la pure extase de ne plus faire qu’un avec elle. Mohammed Merah n’a pas seulement assassiné ses victimes : elles étaient des sacrifices humains qu’il offrait au dieu dont il était devenu à son tour « le glaive dégainé ».

    Chimérique déradicalisation

    Souvenons-nous de ce qu’écrivait Voltaire au sujet d’autres fanatiques religieux : « Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? »

    Comment imaginer que les tentatives de « déradicalisation » qui furent à la mode aient pu avoir le moindre effet ? Lorsqu’un jeune en quête d’absolu s’enivre presque quotidiennement de la conviction d’être le bras armé d’un dieu, lui demander s’il ne préférerait pas plutôt faire des stages de sport ou devenir employé de bureau, ou penser lui faire peur en le menaçant de quelques années de prison, n’a rigoureusement aucun sens.

    On ne peut éventuellement le détourner de son idéal qu’en lui proposant un autre idéal, à condition que cet autre idéal puisse lui aussi susciter l’exaltation, que ce soit donc un idéal qui mérite d’être défendu. Plus, même : qui mérite que l’on se batte pour le défendre.

    N’oublions pas qu’aux yeux des jihadistes et de leurs compagnons de route idéologiques, notre tolérance n’est qu’un refus d’assumer nos valeurs, et ils y voient la preuve que ces valeurs ne valent rien : elles ne valent pas la peine qu’ils y croient, si même nous qui en faisons la promotion nous montrons par notre attitude qu’elles ne valent pas la peine que nous nous battions pour les défendre.

    Penser à notre salut d’abord

    Sans doute certains jihadistes peuvent-ils être sauvés, mais posons-nous la question : combien de nazis convaincus ont-ils été « réinsérés » ? Certains adeptes de l’islam théocratique peuvent être accessibles à des sursauts de lucidité sur la monstruosité qu’ils servent, accessibles à la raison, touchés par un sursaut de sens moral, frappés par l’amour qu’ils éprouveront pour une personne plus importante pour eux que la doctrine (mais combien sont prêts à sacrifier leurs propres enfants pour la cause ?), confrontés à la terreur, à l’humiliation de la défaite, à une détermination plus grande que la leur. Il leur faudra alors surmonter la culpabilité, la peur instillée en eux depuis longtemps (peur du regard des autres, de la colère divine, de l’enfer), et redonner un sens à leur existence. Certains l’ont déjà fait.

    Mais il est probable que dans la grande majorité des cas leur salut relève de rien de moins que d’un miracle, que compter dessus soit collectivement suicidaire, irresponsable au vu des risques, et même criminel vis-à-vis des générations futures qui auront à subir leur totalitarisme si nous les laissons faire. Il nous faut renoncer aux illusions réconfortantes et réapprendre à regarder la vérité en face : bien souvent, ceux qui ont choisi de vouer leur vie à un dieu-tyran et de nous combattre jusqu’à la mort ont tout simplement choisi, réellement, de vouer leur vie à un dieu-tyran et de nous combattre jusqu’à la mort. Puisse-t-il s’agir de la leur.

  • Joe Biden sauveur du monde ? Rira bien qui rira le dernier, par Georges-Henri Soutou.

    La ferveur mondiale qui entoure Joe Biden paraît oublier deux choses : un président Démocrate se bat d'abord pour les Américains, comme l'ont prouvé les deux mandats d'Obama, une icône Démocrate condamne ceux qui n'agissent pas comme les Américains.

    1.jpgJoe Biden n’est pas encore formellement reconnu comme président élu (la procédure, très complexe, ne sera achevée que le 14 décembre). Mais déjà les médias américains et occidentaux ruissellent de larmes de joie. Biden va renouer avec la Lumière après les ténèbres de Trump, il va restaurer le multilatéralisme, il va rejoindre la Convention de Paris sur le climat, dénoncée par son prédécesseur, il va annuler ses décisions attentatoires aux droit de l’Homme, à ceux des immigrés, des minorités, etc.

    En fait il est difficile de savoir dès maintenant ce que voudra faire le nouveau président, et encore plus ce qu’il pourra faire. La seconde question devra attendre le 5 janvier, et le second tour des élections sénatoriales en Géorgie. Or c’est une date essentielle : selon le résultat, les Républicains conserveront le contrôle du Sénat, et la vie de Biden sera difficile, car le rôle de cette chambre est crucial. Ou alors il en prendra le contrôle, le vice-président (en l’occurrence Kamala Harris), qui préside le Sénat, pouvant voter. C’est pourquoi les Républicains se gardent de laisser tomber Trump : ils ont besoin de lui jusqu’au 5 janvier, comme locomotive électorale.

    Une victoire en demi-teinte

    De toute façon, on peut penser que les Démocrates n’auront pas au Sénat la majorité claire nécessaire pour de grands changements, comme l’augmentation du nombre de juges à la Cour Suprême que les Démocrates avaient annoncée pour renverser sa majorité conservatrice. C’est un point très important, étant donné que la Cour s’est de plus en plus souvent prononcée sur des questions de société depuis les années 70, à travers les recours qui lui sont soumis, et que ses décisions peuvent contribuer à façonner la société américaine (et donc, qu’on le veuille ou non, occidentale) pour des générations. On peut donc espérer qu’elle bloquera par exemple la remise en cause des barrières juridiques qui freinent encore la marche vers l’« homme augmenté » – sicut dei eritis.

    On constate que Trump n’a pas été écrasé, contrairement aux prévisions. D’autre part le résultat des élections ne conforte pas les clivages raciaux caricaturaux que l’on annonçait : il n’a pas mal réussi dans l’électorat latino-américain, il ne s’est pas effondré dans l’électorat noir, le vote Trump n’est pas un vote « blanc ». Il réussit mieux, mais ce n’est pas chose nouvelle, auprès de l’électorat populaire qu’auprès des électeurs riches et éduqués. Un responsable républicain a pu dire : « Nous sommes devenus le parti des travailleurs » (Biden a reçu d’ailleurs beaucoup plus de dons pour sa campagne que son adversaire : comme souvent, l’argent est à gauche). Le trumpisme, qui est essentiellement un refus de la mondialisation telle qu’elle s’est développée depuis les années 1990, n’est pas mort.

    Mais la société américaine est plus divisée que jamais. Les médias et les universités ont remplacé l’argumentation, même partisane ou engagée, par l’éructation frénétique. Les féministes et les climatolâtres (on est au-delà de l’écologie…) sont rejoints par les « déboulonneurs » dans l’outrance. Le parti démocrate lui-même est divisé entre une aile libérale et une aile socialiste dure, qui s’approprie les tendances extrémistes que je viens d’évoquer. Biden aura de toute façon beaucoup de mal à gouverner, face aux nombreux problèmes de l’Amérique et, de plus, en rivalité avec un pays en pleine ascension comme la Chine.

    Washington ne fera pas de cadeaux aux Européens

    De ce côté-ci de l’Atlantique, il est de bon ton de dire que tout va être désormais plus facile avec les États-Unis. Ce n’est pas sûr. Le seul point où il existe à Washington un consensus au sein du monde politique, c’est la nécessité pour l’Amérique de relever le défi chinois, économique, stratégique, scientifique. Or c’est justement le point pour lequel les Européens sont le moins disposés à suivre : ils n’ont ni la volonté ni la force d’écarter le poids croissant de la Chine sur leur économie, leurs techniques, et de plus en plus leurs médias et à terme leur vie culturelle. La pandémie actuelle me paraît en administrer la preuve.

    En ce qui concerne les négociations commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne, fort tendues en ce moment à cause des accusations croisées de subvention de certaines industries comme l’aéronautique, le style sera sans doute plus aimable, mais Washington ne fera pas davantage de cadeaux aux Européens : c’est même sur ce point que pourraient se retrouver les électeurs de Trump, soucieux de défendre leurs emplois contre les délocalisations, et les socialisants du camp Biden (qui, en matière commerciale, durant sa campagne, n’a pas annoncé un changement de cap). D’autre part, la volonté de Bruxelles de brider les GAFA est grosse de conflits nombreux, tandis que la dépendance des Européens envers la capacité d’innovation des États-Unis augmente.

    Pour le climat, il est probable que Biden va faire réduire l’exploitation du gaz de schiste, très critiquée par les milieux démocrates « avancés ». Il faudra bien qu’il leur donne quelque chose, et en outre il paraît lui-même convaincu que cette réduction est souhaitable. Quelles seraient les conséquences pour les Européens ? Dans un marché mondial de l’énergie fort complexe et en plein désarroi, il est difficile de le dire. Mais ils risquent de devenir encore plus dépendants de la Russie, du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, et de payer leur énergie plus cher.

    En ce qui concerne les grandes orientations de politique extérieure, Biden va probablement réintégrer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien que Trump avait dénoncé. Mais ni pour la Russie, ni pour la Turquie on ne perçoit le signe de réelles réorientations. Les relations avec Moscou resteront très froides voire hostiles, avec la Turquie elles resteront ce qu’elles sont, médiocres sans plus, la détérioration croissante des rapports entre Ankara et la Russie devant plutôt les faciliter. Trump avait déjà beaucoup réduit la voilure au Moyen Orient, on ne voit pas Biden y réengager les États-Unis. On notera au passage que Trump a été le premier président depuis fort longtemps à n’engager son pays dans aucun nouveau conflit armé, malgré son style abrasif, et il est en ce moment fort critiqué pour vouloir réduire immédiatement la présence américaine en Afghanistan.

    En ce qui concerne les relations militaires avec les pays européens, elles se déroulent à deux niveaux : celui de l’OTAN (qui devient de moins en moins pertinent), et celui de toute une série de coopérations bilatérales. Le fait que les budgets militaires européens soient probablement appelés à être réduits ne facilitera pas les choses et le départ de Trump ne fera pas disparaître les critiques américaines sur ce point. Et en dehors éventuellement des Britanniques, Washington ne peut pas attendre grand-chose de l’Europe face aux deux grands acteurs géopolitiques qu’il cherche à dissuader, la Russie et la Chine. Cette évolution, déjà perceptible avec Bush junior et Obama, même si leur style était plus aimable, n’est sans doute pas amenée à se modifier. Les problèmes seront réglés au cas par cas, dans des périmètres variables mais comprenant souvent peu de partenaires, l’OTAN devenant de plus en plus un simple prestataire de services de sécurité (bases, équipements, communications).

    Le vrai changement pourrait être le retour de quelque chose qui avait à peu près disparu sous Trump : un messianisme américain renouvelé, reposant sur les valeurs nouvelles de la société américaine plus que sur le corpus occidental libéral classique (les « Lumières » évoquées récemment par le président de la République). Biden ne pourra pas donner d’énormes satisfactions à ses partisans les plus à gauche au Congrès et dans le pays. Mais les interventions, par le biais des programmes fédéraux de « formation à la démocratie », les programmes Young Leaders, etc., les campagnes diverses contre telle ou telle tendance qualifiée de sexiste, d’homophobe, de « suprématiste », qui étaient apparues sous la présidence de Bill Clinton, pourraient resurgir, sans parler de la pression des médias américains dans le même sens. Le tout avec les armes qu’offre la judiciarisation croissante de la vie internationale et le droit que s’arrogent les États-Unis d’exporter leurs règles de droit, qui deviennent extraterritoriales dès qu’existe un contact, si ténu soit-il, entre l’organisation ou l’individu suspect et les États-Unis. Dans nos sociétés européennes fragilisées, ceci pourrait atténuer la joie actuelle…

     

    Illustration : « C‘est une équipe qui reflète le fait que l’Amérique est de retour, prête à guider le monde et pas à s’en retirer » a déclaré Joe Biden en présentant ses faucons. Ça promet.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Alain de Benoist : « L’OTAN n’est pas en état de mort cérébrale. C’est l’Europe qui l’est ! ».

    Nous avons déjà eu l’occasion de parler de l’OTAN, organisation qui aurait dû logiquement être dissoute en même temps que le pacte de Varsovie, puisqu’elle avait été créée à seule fin de résister à l’Union soviétique, aujourd’hui disparue. Mais il n’en a rien été, puisqu’elle s’est muée en une vaste organisation de « défense globale » qui intervient désormais dans le monde entier. Quelles sont, aujourd’hui, ses priorités ?

    Tout le monde le sait, ses ennemis désignés sont aujourd’hui la Fédération de en premier lieu, la en second. Le fait nouveau est qu’avec l’élection de Joseph (« Joe ») Robinette Biden, le parti de la guerre est de retour. Les États-Unis ont déjà recommencé à bombarder la , Poutine se fait traiter de « tueur » par Biden et de nouvelles sanctions viennent d’être adoptées contre la Chine. Parallèlement, une vaste offensive de propagande est en cours pour « cimenter la centralité du lien transatlantique », c’est-à-dire pour faire croire aux Européens que les ennemis des Américains sont nécessairement les leurs. On en revient au chantage à la protection de l’époque de la guerre froide : les Européens sont sommés de s’aligner sur les positions de Washington en échange de la protection américaine, et donc de faire allégeance au commandant suprême des forces alliées en qui est, comme toujours, un général américain. En clair : protectorat contre vassalisation.

    C’est aussi ce que dit la tribune publiée tout récemment dans le mensuel Capital, qui a été signée par plusieurs hauts gradés militaires. Le moins qu’on puisse dire est que ses signataires ne mâchent pas leurs mots, puisqu’ils disent que la souveraineté de la France est directement menacée par les projets de l’OTAN…

    La lettre ouverte adressée à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, par les membres du Cercle de réflexion interarmées est en effet un véritable réquisitoire contre le projet « OTAN 2030 », qui définit les missions de l’Organisation pour les dix prochaines années. Ce projet est qualifié de « monument de paisible mauvaise foi », ce qui a le mérite d’être clair. Mais il faut aller plus loin si l’on veut comprendre ce qui est en jeu.

    Le fait important est que la doctrine de l’OTAN n’a cessé d’évoluer, ces dernières années, vers l’intégration du combat nucléaire à toutes les étapes de la bataille. En 2008, l’OTAN avait déjà refusé de signer le Pacte européen de sécurité proposé par Moscou. En 2010, au sommet de Lisbonne, la défense anti-missiles balistiques américaine mise en place en Europe avait pris un caractère clairement dirigé contre « l’ennemi russe ». À partir de 2015, les premiers missiles antimissiles américains en packs de 24 lanceurs Mk 41, implantés tout autour de la Russie, n’ont plus été conçus comme permettant seulement des tirs défensifs, mais aussi des tirs offensifs. En 2019, les États-Unis ont déchiré le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) qui avait été signé en 1987 par Gorbatchev et Reagan. Tout récemment encore, un groupe de dix experts nommé par Stoltenberg s’est prononcé, dans son livre OTAN 2030: United for a New Era, pour le déploiement en Europe de nouveaux missiles nucléaires à moyenne portée équipés de bombes nucléaires B61-12. On en revient, ainsi, au concept de « bataille nucléaire de l’avant ». Cela signifie que le concept de frappe nucléaire tactique de théâtre est à nouveau scénarisé et que l’OTAN considère désormais l’Europe comme son futur champ de bataille, les États-Unis restant bien entendu seuls maîtres de l’engrenage vers l’option nucléaire.

    En déclarant, il y a deux ans, que l’OTAN était « en état de mort cérébrale », Emmanuel Macron avait fait sensation, cette déclaration ayant été interprétée comme un appel lancé aux Européens pour qu’ils se dotent d’une défense commune qui leur soit propre. Apparemment, ça n’a pas été le cas.

    Dans l’entretien auquel vous faites allusion, Macron disait aussi que « si nous acceptons que d’autres grandes puissances, y compris alliées, y compris amies, se mettent en situation de décider pour nous, notre diplomatie, notre sécurité, alors nous ne sommes plus souverains ». Le chef de l’État parlait d’or. Mais hélas ! il s’est contenté de jouer du pipeau, puisque le sursaut attendu n’a pas eu lieu. Quand, en 2009, Nicolas Sarkozy avait décidé de réintégrer la structure militaire de l’OTAN, il avait également claironné qu’il levait ainsi un obstacle à la mise en place d’une Défense européenne. C’était tout aussi illusoire. Ou tout aussi mensonger.

    Plus significatif encore : après les déclarations de Donald Trump laissant planer le spectre d’un désengagement de Washington, on aurait pu penser que les Européens se seraient souciés plus sérieusement de pourvoir par eux-mêmes à leur sécurité. C’est le contraire qui s’est passé. Tous les gouvernements européens ont, au contraire, rivalisé en gestes d’allégeance dans l’espoir d’infléchir la position des États-Unis. Tous ont fait assaut de surenchère atlantiste sur des sujets comme la désignation de la Chine et de la Russie comme nouveaux ennemis communs, l’inclusion de l’espace parmi les théâtres d’opérations de l’OTAN ou l’accès des États-Unis aux programmes d’armement européens. La France elle-même s’est finalement alignée sur les positions américaines et ne fait plus entendre une voix originale sur aucun sujet. Si tel n’était pas le cas, elle commencerait par se désolidariser des sanctions contre la Russie et rétablirait ses relations diplomatiques avec la Syrie !

    Une Défense européenne n’est pas près de voir le jour pour la simple raison que la majorité des États européens, à commencer par l’Allemagne, n’en veulent pas, non seulement parce qu’ils trouvent que cela coûte trop cher et qu’ils s’imaginent que les bons sentiments suffisent à régler les rapports de force, mais aussi parce qu’ils savent très bien qu’il est impossible de défendre l’Europe sans prendre la place de l’OTAN, dont c’est la gardée. Comme le dit le général Vincent Desportes, « plus le parapluie américain est une chimère, plus les Européens s’y accrochent ». Alors que les États-Unis disposent d’un budget militaire de près 750 milliards de dollars (contre moins de 70 milliards pour la Russie), les budgets militaires de la plupart des pays européens sont indigents, ces mêmes pays préférant de surcroît acquérir des avions de guerre et des systèmes balistiques américains plutôt qu’européens pour complaire au complexe militaro-industriel américain.

    Macron a eu grand tort de parler de «  cérébrale » à propos de l’OTAN. L’OTAN n’est nullement en état de mort cérébrale. C’est l’Europe qui l’est, puisqu’elle refuse de se doter des moyens de la puissance. Le général Vincent Desportes le dit également sans ambages : « L’OTAN est une menace pour l’Europe », avant d’ajouter que « l’avenir de l’Europe est eurasiatique, pas euro-atlantique ». Une évidence que personne ne veut apparemment reconnaître. Le réveil sera terrible.

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

     

    Alain de Benoist

    Intellectuel, philosophe et politologue
     
  • Amazon et le syndicat. Partie 1 : Quand la multinationale s'appuie sur les classes sacrificielles, par Jean-Philippe Cha

    Après une campagne acharnée de la part du syndicat Retail des salariés de la Distribution d’un côté et de la direction de la multinationale Amazon de l’autre, les 5.800 salariés de l’entrepôt géant de l’un des A de GAFAM ont majoritairement voté contre la création d’un syndicat à Bessemer, dans l’Alabama.

    jean philippe chauvin.jpgSelon Le Figaro, dans un article publié samedi dernier, « Près de 1798 employés se sont exprimés contre (…). Et seulement 738 en sa faveur », avec un taux de participation d’environ 55 %, soit 3200 suffrages exprimés. C’est, en fait, une grande victoire pour les GAFAM et pas seulement pour la firme de Jeff Bezos qui avait, en personne, livré le combat pour empêcher cette création avec des moyens qui peuvent paraître bien disproportionnés pour un enjeu qui aurait pu n’être que local :  mais la crainte bien réelle du patron multimilliardaire et véritable caricature de Picsou était que, si la création d’un syndicat avait été validée par le vote, ce mouvement de syndicalisation aurait pu s’étendre aux autres sites du groupe de distribution. De plus, dans cette affaire, et comme le souligne aussi l’article déjà cité : « La gêne était également manifeste chez les autres Gafa, qui se présentent comme étant les champions du « cool » mais ne veulent pas voir émerger de syndicats. Chez Google, le sujet est délicat depuis qu’en janvier un embryon de syndicat a vu le jour ». Aux Etats-Unis, l’affaire était devenue politique quand le sénateur socialiste Bernie Sanders avait pris fait et cause pour les partisans du syndicat, et que le président lui-même, Joe Biden, avait expliqué, par un message publié sur Twitter le 28 février dernier, que « ce n’est pas à un employeur de décider (si un de ses employés a le droit ou non d’adhérer à un syndicat) » et que « tout travailleur devrait avoir le choix, clair et équitable, de rejoindre un syndicat. Point à la ligne ».

     

    Là, le débat a été, provisoirement, tranché et le vote massif contre la création d’un syndicat montre les limites d’une « démocratie ouvrière » qui, en définitive, piège les partisans des droits sociaux, suspendus à un accord qui ne vient pas toujours des premiers intéressés. Si l’on est démocrate, l’on ne peut que s’incliner devant le résultat du vote ; si l’on est plus nuancé sur la démocratie comme mode de fonctionnement systémique, on peut se poser quelques questions sur son contexte et ses motivations, et poser différemment la question sociale et l’institution syndicale. Je me place dans la deuxième catégorie sans, pour autant, méconnaître l’intérêt de formes de démocratie locale et socio-professionnelle, voire politique sur certains degrés de l’échelle décisionnaire de la Res Publica

     

    Dans le cas de ce vote qui, rappelons-le, ne concerne pas directement la France (les entrepôts hexagonaux pouvant accueillir des syndicats en leur sein depuis quelques années, même si ce droit n’est pas exercé partout), il y a quelques remarques à faire et des leçons à tirer. D’abord, la question sociale n’est pas éteinte dans le monde, et la mondialisation, si elle a bien essayé de la contourner ou de la dissuader, l’a plutôt réactivé, au dépens des classes ouvrières et paysannes, ce que l’on nomme désormais les classes productives : c’est souvent le « moins-disant » social qui l’emporte sur les considérations charitables ou véritablement sociales quand, dans le même temps, les grandes multinationales et la « fortune anonyme et vagabonde » apparaissent, non comme les seules, mais comme les principales gagnantes de la situation, une victoire encore confortée par la crise sanitaire et le « grand basculement numérique ». « Il y a une guerre des classes, c’est un fait. Mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est train de la gagner. », affirmait au début des années 2010 avec quelques raisons Warren Buffett, un temps l’homme le plus riche du monde, depuis lors largement dépassé par les entrepreneurs de l’économie numérique. Et les GAFAM poursuivent cette guerre destructrice des équilibres sociaux et de la simple justice sociale sans laquelle il n’y a pas de société juste et solide qui vaille : l’affaire de Bessemer, la ville de l’Alabama qui a été le lieu du débat « pro » ou « anti-syndicat », semble nous le rappeler de façon bien cruelle…

    Mais, pourquoi les employés d’Amazon n’ont-ils pas voulu d’un syndicat pour les protéger des abus d’exploitation de la firme multimilliardaire, abus pourtant bien connus et désormais reconnus, entre pression permanente sur les salariés et conditions dégradantes de travail (au dépens parfois de l’hygiène intime des employés et de leur santé, en définitive) ? Il y a sans doute la peur de voir l’entrepôt « délocalisé » et leurs emplois supprimés sans sursis, menace à peine voilée émise par la direction de la multinationale. Mais il y a un autre élément, plus compliqué à cerner et à définir, qui peut être avancé et qui explique aussi le nombre fort réduit de révoltes (voire de grèves) dans des usines de pays du Sud (ce que ne sont pas exactement les Etats-Unis) et dans celles des pays du Nord, « anciennement industrialisés » et les plus précocement acquis à la société de consommation : c’est le sentiment des classes laborieuses contemporaines de « se sacrifier pour améliorer le lendemain ». Ce sentiment a été très fort dans les pays occidentaux au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle : il n’est pas impossible de parler de « classes sacrificielles » à propos des populations ouvrières qui, malgré la dureté des conditions de travail comme de vie, ne se révoltaient pas, acceptant leur sort comme le moyen pour leurs descendants de « vivre mieux ». Elles avaient intériorisé que leur sort pourtant misérable était un « marchepied » pour les générations suivantes, et cela a été encore plus « désiré » avec la naissance et l’imposition d’une société de consommation à laquelle tous semblaient aspirer plutôt qu’à faire une hypothétique révolution qui, en fait, ruinerait leurs prétentions et rendrait leur sacrifice vain, autant pour eux que pour ceux à venir. Après les classes laborieuses du Nord, ce fut au tour de celles du Sud d’adopter le même comportement, d’autant plus que les deux siècles passés semblaient avoir donné raison à cette stratégie sociale d’intégration à la société de consommation, « paradis terrestre de la marchandise et du désir individuel assouvi ».

     

    En fait, dans le cas des salariés états-uniens de la firme Amazon, le sentiment est peut-être renforcé par le fait que les populations qui travaillent dans ses entrepôts sont issus des « minorités » (le terme étant de plus en plus ambigu au fil du temps, et mieux vaudrait parler de communautés sans leur adjoindre le qualificatif de minoritaires qui, en soi, sépare plus qu’il n’agrège à la nation civique), celles-ci étant toujours en périphérie de la société de consommation tout en ayant intégré toutes ses tentations, son idéologie franklino-fordiste comme sa doctrine de « l’avoir individualiste », marquée par la toute-puissance de l’Argent comme vecteur et finalité. Ainsi, quand les classes moyennes appréhendent le déclin, les classes sacrificielles (peu formées et donc très malléables et corvéables) espèrent au contraire atteindre ce que les précédentes ont peur de perdre… La révolte ne vient pas de ceux qui « espèrent avoir » mais de ceux qui craignent de « perdre l’avoir » ! Cela explique en partie la réticence des salariés de l’entrepôt Amazon de l’Alabama à accepter un syndicat qui pourrait, par sa seule présence (celle-là même qui fournit un alibi à la direction pour délocaliser…), mettre en péril leur ascension sociale espérée.

     

    Et pourtant, la syndicalisation peut aussi avoir des conséquences plus heureuses que les catastrophes économiques et sociales évoquées par la direction d’Amazon…

     

    (à suivre.)

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

  • Un noeud géopolitique : l'Ukraine, par Georges-Henri Soutou.

    L’Ukraine symbolise l’expansion américaine en Europe. En annexant la Crimée, Poutine a affirmé que les limites étaient franchies. L’Union européenne a-t-elle intérêt à pousser sans cesse la Russie dans les bras de la Chine ?

    3.jpgL’Ukraine s’est récemment rappelée à notre attention, avec une escalade des affrontements dans le Donbass entre les séparatistes, soutenus par Moscou, et l’armée ukrainienne. Les Russes ont en outre massé 140 000 hommes à la frontière, en « manœuvre », et ont bloqué les navires ukrainiens en mer d’Azov. Puis les autorités russes ont annoncé la fin des manœuvres.

    Cette apparente désescalade signifie probablement que Poutine a atteint son objectif immédiat : démontrer au président ukrainien Zelensky qu’il est parfaitement isolé. Et de fait, en dehors de vagues déclarations occidentales, Kiev n’a obtenu aucun appui tangible et le président Biden a même renoncé à envoyer deux navires de guerre en Mer Noire, Moscou ayant froncé le sourcil. Et pourtant Zelensky avait suscité beaucoup d’espoirs lors de son accession à la présidence il y a deux ans. Mais il est désormais contesté, n’ayant pas réussi à mettre au pas les oligarques et à freiner la corruption.

    Il faut bien comprendre l’importance des enjeux : outre l’Ukraine, la Biélorussie et la Turquie voisines sont directement concernées. Or Poutine est peut-être en train de reprendre le contrôle de la première, grâce à l’aide massive qu’il accorde à son collègue Loukachenko en difficulté face à son opposition, et il s’est rapproché d’Erdogan. Et c’est également la Moldavie, dont une région, la Transnistrie, s’est de facto rattachée à la Russie, enserrant ainsi à l’Ouest l’Ukraine, qui peut se sentir fragilisée, ce qui pose du coup un problème à la Roumanie.

    Le holà de Poutine

    Ce sont donc tous les dominos, tous les équilibres de l’Europe de l’Est, tels qu’ils s’étaient tant bien que mal établis lors de la chute de l’URSS, qui sont remis en question. Les Polonais en sont bien conscients, qui ont historiquement tant de liens avec la partie occidentale de l’Ukraine (la région de Lvov) et qui, après la fin du communisme, ont beaucoup soutenu à Kiev les adversaires de l’influence russe.

    Mais il faut d’abord se souvenir que ces problèmes sont anciens, qu’il s’agit d’une région de marches entre l’Europe occidentale et le monde slavo-orthodoxe. L’Ukraine a été brièvement indépendante en 1918, grâce à l’appui de Berlin, mais les Bolcheviques y mirent rapidement bon ordre. La brutalité de Staline et la famine liée à la collectivisation des terres durant les années 30 firent qu’en 1941 les Allemands furent souvent reçus dans les villages ukrainiens avec le pain et le sel, mais la brutalité de leur occupation fut telle qu’en 1944 l’Armée rouge fut bien accueillie (pas partout cependant : les partisans de l’indépendantiste Bandera continuèrent à résister dans les forêts jusqu’en 1950…). Cependant le pays reste profondément divisé, sur le plan linguistique (entre l’Est russophone et les autres régions où l’on parle l’ukrainien, encore que l’intercompréhension ne pose aucun problème), sur le plan religieux (quatre Églises différentes : catholique, uniate, orthodoxe ukrainienne et orthodoxe russe), sur le plan culturel entre l’Ouest occidentalisé et l’Est en fait russe. Avec de très nombreux liens familiaux entre les uns et les autres, il ne s’agit pas d’un conflit national classique, car existent beaucoup d’éléments de guerre civile.

    Les puissances occidentales en ont longtemps été conscientes, en particulier la France en 1918, et en 1990 la France et les États-Unis. Dans ces deux périodes clé pour l’Ukraine, le problème était simple : soutenir Kiev, mais alors renoncer à s’entendre avec Moscou ; ou privilégier la Russie : en 1918 pour ne pas mécontenter les Blancs, sur lesquels on s’appuyait contre les Rouges ; ou encore en 1990, quand les présidents Bush et Mitterrand se rendirent successivement à Kiev pour inciter les Ukrainiens à la modération, afin de ne pas gêner Gorbatchev.

    Cette prudence néanmoins s’est évaporée : en 2008, Washington aurait voulu faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN, et en 2013 l’Union européenne signait avec Kiev un accord d’association, sous la forme d’un document d’un millier de pages, qui était en fait une incorporation du pays. Moscou réagit en occupant la Crimée l’année suivante. C’était bien entendu une violation du droit international, mais la Crimée est russe, tous les enfants russes apprennent le poème de Pouchkine « La fontaine de Baktchissaraï », et ce fut Khrouchtchev qui décida arbitrairement, pour d’obscures raisons, de transférer la Crimée à l’Ukraine. La Russie n’en repartira pas, ne serait-ce que parce qu’elle ne renoncera pas à la base navale de Sébastopol.

    Mais quels sont les objectifs de Poutine ? C’est difficile à dire avec certitude. Au minimum empêcher Kiev de rallier l’UE et l’OTAN. Là, avec cette dernière crise, on peut considérer que c’est acquis : en dehors des responsables ukrainiens, personne n’en parle (dans les deux cas il faudrait d’ailleurs une décision à l’unanimité des membres de ces organisations, ce qui dans les circonstances actuelles est exclu). Ensuite déstabiliser le pouvoir ukrainien : là aussi, la crise actuelle a souligné ce que l’on considère de plus en plus comme l’échec de Zelensky à réformer le pays.

    Ramener la Russie vers l’Europe

    L’objectif suivant est clairement posé depuis les « accords de Minsk » de 2015 : amener Kiev à accorder au Donbass une large autonomie, ce qui permettrait à Moscou, via ses partisans dans la région, de s’immiscer directement dans le processus de décision ukrainien. Zelensky a compris le piège, et désormais freine des quatre fers. Mais du coup la France et l’Allemagne, qui avaient suscité les accords de Minsk, se retrouvent marginalisées. Et le Donbass reste aux mains des séparatistes… Moscou peut vivre un long moment avec ça, cette situation de conflit permanent lui permet de monter ou d’abaisser la température, à son gré.

    Certains pensent que Poutine veut annexer le Donbass, et la côte jusqu’à la Crimée, avec Marioupol. Je n’en suis pas sûr : depuis l’achèvement du pont sur le détroit de Kertch en 2019, la situation des Russes en Crimée est confortée sur le plan logistique et le dernier problème, celui de l’eau, qui vient d’Ukraine, pourrait être résolu sans annexions supplémentaires. Inutile de prendre des risques En fait, Poutine a tout intérêt à poursuivre sa politique du flou…

    Mais bien sûr, on me demandera en quoi la politique de Poutine nous gêne, ou même nous concerne ? Il ne prétend pas nous imposer une mondialisation agressive, ou une idéologie « déracialisée » ou une repentance perpétuelle, ni nous demander des excuses et des indemnités. Il est vrai que, de nos jours, c’est reposant…

    Nous ne pouvons cependant pas accepter ses tentatives constantes de déstabilisation, par tous les moyens, dans l’ensemble de l’Europe et de son voisinage, jusqu’à l’Afrique. Il finira sinon par exercer une influence indirecte croissante sur l’Union européenne (n’est-ce pas là d’ailleurs son véritable objectif ?), y compris sur une Allemagne fragilisée par sa crise politique et par la révolution industrielle et économique en cours au niveau mondial. Les Britanniques en sont particulièrement conscients, et ils ont raison.

    Mais que faire? Multiplier les sanctions ? La seule vraiment efficace serait l’arrêt des achats de gaz russe, mais à mon avis l’Union européenne, qui se débarrasse du charbon, qui risque d’en faire autant du nucléaire, ne peut pas se le permettre, sous peine d’une crise énergétique aux conséquences incalculables. Que reste-t-il donc ?

    D’abord ne pas accepter de se laisser expulser de la Mer noire, comme ça commence à se produire, sous peine de répercussions vers l’Asie centrale, la Turquie, l’Iran, les Balkans. Après tout, deux tiers des exportations russes de céréales passent par les Détroits. Ensuite, encourager Kiev à se réformer et la mettre en état de résister à la pression russe, par des aides ciblées. En effet, l’option qui consisterait, comme on le suggère encore souvent, à faire entrer l’Ukraine dans l’UE et à l’OTAN n’est pas crédible actuellement, et en fait risquerait surtout d’affaiblir ces organismes. Mais il faut bien comprendre qu’il s’agit d’espérer pouvoir aider à la création d’un État ukrainien qui n’existe pas encore vraiment, et que d’autre part la Russie ne pourra pas être expulsée de la région.

    Pour le long terme, la seule grande stratégie occidentale possible doit porter sur les rapports entre Moscou et Pékin. C’est le point faible de la stratégie de Poutine : il faut faire comprendre aux Russes (y compris à ses successeurs, un jour…) que la politique d’entente avec la Chine afin de constituer un ordre international anti-occidental n’est pas dans l’intérêt de la Russie elle-même. La population russe et ses élites cultivées finiront par le comprendre tôt ou tard…

    Illustration : Le président Poutine et le président Loukashenko lors de leur rencontre à Sotchi le 28 mai. © Mikhail Klimentyev, Sputnik, Kremlin Pool Photo via  SIPA.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • France: plutôt la dhimmitude que la guerre? La gauche et le djihad, plutôt l'esclavage que la guerre, par Nicolas Lévin

    Après les attaques d'un islamiste à Vienne, le président Macron se rend à l'ambassade d'Autriche le 3 novembre 2020 © Christophe Petit Tesson/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22509746_000001

    Les attentats islamistes se multiplient sur le sol européen. D’aucuns continuent de se demander en France: “mais pourquoi sont-ils aussi méchants?” À force de ne pas choisir entre vivre sous le joug d’un califat ou sous celui de « l’extrême droite », on nous signale à gauche une migraine terrible!

    Quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo, m’en revenant au bureau, je retrouvai des collègues extrêmement angoissés. Ces femmes – je travaille dans la fonction publique, où les femmes sont majoritaires –, évidemment de gauche, ne comprenaient pas. Comment des gens pouvaient-ils être si « violents » ? Pourquoi en avaient-ils après un journal ? C’étaient des « malades », des « fous ». En signe de résistance, elles avaient toutes achetées le numéro spécial sur lequel Mahomet disait « Tout est pardonné ». Ce qui revenait aussi, et qui m’étonnait fort même si je l’avais déjà beaucoup entendu après Merah, c’est que pour elles, « le pire c’est que ça (faisait) monter l’extrême droite ». Oui, « le pire » ce n’était pas l’islamisme, qu’elles n’évoquaient même pas, mais bel et bien « l’extrême droite ». Marine Le Pen, à leurs yeux, c’était Adolf Hitler, moins la moustache.

    C’est pour bientôt cet attentat “jambon-beurre”?

    Depuis Merah, la gauche a un rêve : voir un « facho » commettre à son tour un « attentat ». Niant ce qu’il y a de djihadiste dans l’islamisme et d’islamisme dans l’islam, ayant inventé et promu la notion de « haine » pour mettre dans le même sac – avec toutefois une nette préférence pour les patriotes – toutes les voix qui n’adhèrent pas au multiculturalisme, à l’indifférenciation, au relativisme, elle guette fébrilement chaque attentat avec l’espoir que, cette fois, enfin, le réel prouve que « salafistes » et « fafs » sont les deux faces d’une même médaille. Quand un musulman – s’il dit qu’il l’est, qui suis-je pour lui refuser ce nom ? – décapite un kouffar, c’est toujours un « acte isolé », un « loup solitaire » qui aura été « manipulé » – quand on pense que s’engager en politique, c’est signer des pétitions, on ne saurait concevoir que d’aucuns puissent aller jusqu’à prendre des vies et sacrifier la leur pour la même raison. Ses parents diront bien qu’ils ne comprennent pas comment leur si gentil fils – il portait les courses, avait le cœur sur la main, même si la police nous apprendra qu’il avait aussi vingt inscriptions sur son casier – a pu faire ça. Journalistes, experts, politiciens, présidents d’assos’, comédiennes répéteront tous le mantra : « Surtout, il ne faut pas faire d’amalgames ». Des dizaines de musulmans massacrent au nom de l’islam ? Aucun rapport avec l’islam. Logique, non ? Affirmer le contraire ou simplement douter, serait « diviser les Français », « faire le jeu de l’extrême droite ». Apparemment, tous les journalistes, prêtres de l’Église vivrensembliste, sont théologiens, ont lu le Coran, les hadîts, Avicenne, Averroès ; athées pour la plupart, ils se risquent à l’exégèse, sont capables d’affirmer que l’islam, « bien sûr il faut le rappeler », est « une religion d’amour et de paix » – oui, ils sont également tous historiens, plus précisément spécialistes de la conquête musulmane dont les Espagnols, évidemment, n’ont jamais pu faire leur deuil tant ils étaient heureux sous les pacifiques, tolérants et même gay-friendly princes d’Al-Andalus. En revanche, quand un militant du RN dit, devant la caméra de Quotidien, un truc idiot comme « Y’en a marre des Arabes », alors là, bien sûr, l’amalgame est immédiat : tous les électeurs du RN sont racistes, c’est décidément un parti fasciste, la République est en danger. Face au djihadisme, il est interdit – sous peine de procès médiatique et/ou tout court – d’essentialiser ; en revanche, face à « l’extrême droite », c’est non seulement autorisé mais nécessaire. Que sont ces presque trois cents Français décapités, tués au couteau, à la kalachnikov et les milliers d’autres blessés, traumatisés à vie, tous ces orphelins, que sont-ils en comparaison de « la peste brune » ? Génération Identitaire, voilà l’ennemi.  

    Or, du moins en France, on attend toujours le terrorisme d’« extrême droite ». Certes, l’année dernière, un ancien militant RN avait tiré sur un fidèle de la mosquée de Bayonne. Vous avez vu comment, alors, ils semblaient soulagés, les Thomas Portes (jeune et médiatique hiérarque communiste NDLR), les Clémentine Autain, toutes les grandes figures de l’islamo-gauchisme ? Ah ! enfin le réel semblait donner raison à leur inique comparaison. Ils pouvaient dire, comme ils le disaient avant et comme ils le diront jusqu’à la fin : c’est la « haine » de « l’extrême droite » qui, nourrissant les « discriminations », conduit des Français-comme-vous-et-moi, des « victimes » du « racisme systémique », de poétiques jeunes clandestins soudanais venus ici pour les droits de l’homme et les backrooms, c’est cette haine-là, fille du Code noir, du colonialisme et du nazisme, qui est l’unique responsable. Pour être cynique, après cet « attentat » qui valait bien celui du Bataclan à les entendre, n’est-ce pas, le score était de cent « attentats » à un, mais on pouvait croire en la remontada. Pas vraiment, en fait. Toujours pas. Tandis que le djihad progresse chaque jour en France (et en Europe), que des loups solitaires déséquilibrés, racisés, pas bien accueillis, privés de PS4 et de mangas, revenus de Syrie ou sortis de prison où, malgré les ateliers diabolo et macramé, ils demeurent bizarrement islamistes ; tandis que nos stocks de bougies fondent plus vite encore que ceux de masques FFP2 ; tandis que des foules entières, dans le monde musulman, et même des gouvernements nous grondent, nous défient voire jurent notre mort non pas en tant que République mais en tant que France, culture, civilisation ; le seul problème, le vrai problème, c’est « l’extrême droite » et, plus généralement, tous ceux qui refusent de s’accommoder, de baisser la tête, de se coucher. 

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    Claude Sinké, décédé en prison, avait attaqué la mosquée de Bayonne le 28 octobre 2019. Image : capture d’écran du compte Facebook.

    Contre la «haine», tous les coups sont permis

    L’autre jour à Avignon, un trentenaire portant une veste aux couleurs de Génération Identitaire et une arme à feu menace des passants et des policiers venus le cueillir. Il est abattu. Dans la seconde, Mediapart, Mélenchon et toute la clique claironnent : la « haine » a encore frappé ! Sur les réseaux sociaux, des milliers de nos compatriotes musulmans, surtout des jeunes, qui n’ont pas supporté la dissolution de l’association Baraka City, exigent celle du « groupuscule ». En fait, on apprendra plus tard que le « terroriste » en question était un malade mental, ancien militant communiste et qu’il n’avait pas de lien avec Génération Identitaire. La clique s’est-elle excusée ? Que nenni. Contre la « haine », tous les coups sont permis. La malhonnêteté intellectuelle et morale de ces gens n’a pas de limites. Ils ont retenté leur chance dans la nuit de lundi à mardi. Celui qui a tiré sur un prêtre orthodoxe, à Lyon, disent-ils, serait un ancien candidat de Debout la France aux législatives de 2017. Ah ! enfin ! Mélenchon relaye sur Twitter, Thomas Portes est à deux doigts de prendre le maquis, ça s’excite beaucoup, ils maudissent Nicolas Dupont-Aignan avec les accents d’un Jacques de Molay, et puis… Le pauvre gars n’a rien à voir avec cette affaire. On imagine sans peine la déception dans les rangs de la France Insoumise, des féministes, de Libération, de toutes les forces qui préféreraient mille fois vivre sous le joug d’un califat plutôt que sous celui de « l’extrême droite ». 

    Au milieu des années 30, lors d’un congrès de la SFIO, un cadre devait dire cette chose inouïe, qui traduisait un pacifisme fanatique, lequel allait entraîner, bien aidé par la nullité des officiers supérieurs de notre armée et les sabotages du PCF, la défaite totale et irréparable de la France : « Plutôt l’esclavage que la guerre, parce que l’esclavage on en sort, alors que de la guerre on ne revient pas ». 

    La gauche n’a pas changé.

    Causeur : https://www.causeur.fr/

  • Un RN gentil avec les institutions supranationales, ça n’intéresse personne!, par Laurent Lemasson.

    Marine Le Pen a le pétrole, sans les idées

    Louis Aliot reçoit Marine Le Pen dans la mairie de Perpignan, le 3 juillet 2021. Il lui a remis la médaille de la ville, et un bouquet de fleurs © Alain ROBERT/SIPA Numéro de reportage : 01026543_000044

    Fragilisée par ses récents résultats électoraux décevants, Marine Le Pen essuie des critiques sur sa stratégie politique. Elle anime ce week-end le congrès de son mouvement à Perpignan, où elle devrait être réélue confortablement. Mais a-t-elle bien pris conscience de la « maladie du Rassemblement National », principal obstacle devant elle pour accéder au pouvoir ?

    Les économistes ont identifié depuis longtemps une étrange pathologie qu’ils ont nommée « maladie hollandaise » et qui porte aussi parfois le nom de « malédiction des matières premières ». La « maladie hollandaise » fait référence à ce qui advint aux Pays-Bas après la découverte de vastes gisements gaziers, notamment en mer du Nord : les revenus d’exportation des Pays-Bas augmentèrent certes spectaculairement, mais dans le même temps leur industrie se mit à décliner. De la sorte que leur potentiel de production décroissait à mesure que leur richesse monétaire augmentait.

    Cet effet s’explique assez facilement par une combinaison de facteurs : l’augmentation brusque des exportations du pays, sous la forme de matières premières, provoque une appréciation de sa monnaie, ce qui dégrade la compétitivité-prix des producteurs locaux ; la main d’œuvre et les capitaux se déplacent vers le nouveau secteur très rémunérateur des matières premières, et leur coût augmente donc pour les autres secteurs de l’économie ; dans les pays dirigés par une oligarchie kleptocratique, celle-ci a tôt fait de s’approprier la rente issue des matières premières, ce qui lui permettra de perpétuer sa domination en distribuant des subsides, détournant ainsi un peu plus la population de tout travail productif, etc.

    Salade marinière sauce hollandaise

    Cet effet a pu être observé dans un grand nombre de pays à l’époque moderne, et le terme de « maladie hollandaise » date des années 1960, mais il est finalement aussi vieux que les échanges économiques eux-mêmes. La maladie hollandaise n’est pas substantiellement différente de l’anémie économique qui frappa l’Espagne à partir de la découverte des mines du Potosi, au milieu du 16ème siècle. On pourrait même dire que la fable du roi Midas est une mise en garde contre la « maladie hollandaise », et plus largement contre le bullionisme, à savoir la croyance que la richesse réside dans la possession d’une grande quantité d’or et d’argent.

    Les dernières élections régionales sonnent comme un avertissement : le bon temps où il suffisait de forer pour que jaillisse le pétrole est révolu

    La maladie hollandaise traduit dans le fond une vérité toute simple, et que vos grands-parents vous ont peut-être enseignée : la seule véritable richesse réside dans le travail et dans l’inventivité, dans l’huile de coude et le jus de cerveau, et la richesse que vous acquérez « en dormant » est bien plus souvent une malédiction qu’une bénédiction.

    Peut-être, dans quelques années, les politologues s’aviseront-ils qu’il existe l’équivalent en politique de la maladie hollandaise, et ils la nommeront : « la maladie du Rassemblement National ».

    Marine Le Pen, et ceux qui la suivent, se sont trouvés à la tête d’un vaste gisement de voix, constitué par les efforts de son père, et surtout par l’impéritie de tous les partis politiques qui se sont succédé au pouvoir depuis bientôt un demi-siècle. La diabolisation du Front National, orchestrée par ces partis pour conserver leur oligopole, a en effet eu pour conséquence de faire de celui-ci le réceptacle naturel et à peu près unique de tous les mécontentements et de toutes les colères que leur politique de destruction de la France ne pouvait manquer d’engendrer.

    Ayant ainsi constitué une confortable rente électorale, apparemment inépuisable, les héritiers du Front ont pu se comporter en rentiers de la politique sans avoir jamais accédé aux responsabilités nationales, se contentant de forer leur réservoir à chaque élection en attendant que la décrépitude de tous les autres leur ouvre les portes de l’Élysée, à peu près comme le fruit mûr tombe de l’arbre.

    Tout ce qui n’était pas exploitation de la rente a été peu à peu laissé à l’abandon, et notamment le travail intellectuel préalable et acharné, qui seul permet de forger l’arsenal qui vous sera absolument nécessaire si vous accédez aux plus hautes responsabilités. Car, dès le soir de l’élection, et même dès la campagne, vous entrez dans le maelstrom pour n’en sortir qu’à la fin de votre mandat. Si vous n’arrivez pas sérieusement préparé, ayant longuement médité sur l’état du pays, ses ressources, ses besoins, ce qui lui serait nécessaire, les buts que vous devrez poursuivre, les moyens que vous pourrez employer et les oppositions que vous allez rencontrer, vous ne serez rapidement qu’un vaisseau démâté au milieu de la tempête et dont tout l’effort se réduit à ne pas couler. 

    Inertie intellectuelle et rente électorale

    Or, tout au Rassemblement National traduit l’inertie intellectuelle et la conviction paresseuse et fausse que la seule science requise est celle de mener une campagne électorale et que, pour le reste, on verra bien quand on y sera. Pour ne pas dire qu’y flotte un parfum plus que tenace d’anti-intellectualisme.

    La dernière sortie de Marine Le Pen au sujet de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en est une parfaite et énième illustration. La présidente du RN a en effet récemment déclaré au micro de Jean-Jacques Bourdin, qu’il ne lui paraissait plus « utile » de sortir de la CEDH, que l’on pouvait « beaucoup faire avec la CEDH », à la seule condition que ladite convention « ne nous empêche pas de nous protéger » et qu’il faut juste rappeler à la cour quel est « son périmètre ». La déclaration était quelque peu embrouillée dans les détails, mais son sens général était néanmoins clair : on se confrontera à la CEDH si celle-ci nous empêche d’appliquer notre programme.

    De trois choses l’une, me semble-t-il. Soit, à ce stade avancé de sa carrière politique, Le Pen n’a pas encore compris que non seulement la CEDH mais aussi la jurisprudence du Conseil Constitutionnel (et, dans une moindre mesure, celle du Conseil d’État) rendent son programme strictement inapplicable, et en ce cas elle démontre qu’elle est indigne d’accéder aux responsabilités auxquelles elle aspire.

    Soit son programme a évolué au point de devenir compatible avec la jurisprudence des cours susmentionnées, et en ce cas elle démontre que son accession au pouvoir ne présente aucun intérêt pour le pays, puisque son programme est devenu substantiellement identique à ceux des partis qu’elle prétend supplanter. Mieux : étant donné que son élection plongerait le pays dans de grandes convulsions inutiles, à cause du grand nombre d’esprits faibles qui continuent à être persuadés que le Rassemblement National est à peu près l’équivalent du NSDAP – en pire –, elle a démontré qu’il était mieux pour la France qu’elle n’accède jamais au pouvoir.

    Soit elle croit plus habile, l’élection approchant, de mettre en sourdine les questions européennes, au sens large, et de laisser croire que son élection ne signifiera pas nécessairement un affrontement direct et immédiat avec ces institutions supranationales. Ce qui signifie que, pour augmenter ses chances d’être élue – pense-t-elle – elle est prête à arriver à la tête de la France sans mandat clair pour extirper notre pays des sables mouvants juridiques dans lequel celui-ci est en train de s’épuiser, et de mourir. Elle accepte donc la perspective d’une guerre d’usure plutôt que d’une bataille décisive avec la CEDH, mais aussi avec la Cour de justice de l’Union européenne, le Conseil Constitutionnel, et tout l’appareil juridico-administratif qui aujourd’hui gouverne de facto à la place des représentants élus. Ce qui signifie qu’elle n’a absolument pas compris la situation qui sera la sienne si elle venait à être élue, les forces dont elle disposera et celles dont dispose l’ennemi. Pour gagner peut-être demain, elle accepte de perdre à coup sûr après-demain et de se retrouver aussi impuissante que ceux qui l’ont précédée ces dernières décennies.

    Dans tous les cas la conclusion est la même : voter pour elle est aussi inutile que pour tous les autres. L’électeur moyen du Rassemblement National ne raisonne vraisemblablement pas comme je l’ai fait, mais il se pourrait bien que, par d’autres voies, il parvienne à peu près aux mêmes conclusions que moi. Les dernières élections régionales sonnent comme un avertissement : le bon temps où il suffisait de forer pour que jaillisse le pétrole est sans doute en train de tirer à sa fin. Et, malheureusement pour lui, le RN n’a aucune autre ressource à sa disposition. Juste ses yeux pour pleurer, lorsque le gisement sera épuisé.

     

     Laurent Lemasson

    Source : https://www.causeur.fr/

  • L’Arabie Saoudite et le Wahhabisme, s’appellent taliban, en Afghanistan, par Manuel Gomez.

    L’Arabie Saoudite et sa religion (le Wahhabisme) est à l’origine de tous les malheurs qui frappent l’Afghanistan depuis ces dernières décennies et qui ont sonné son glas aujourd’hui. 

    6.jpgLes Russes tout d’abord, les Américains et les occidentaux ensuite, n’y ont rien compris : l’Arabie Saoudite n’est-elle pas « leur alliée » ! 

    Prenez connaissance de ce reportage, publié il y a quelque temps et qui en apporte les preuves analysées : 

    « Une nouvelle phase de l’évolution de l’islamisme a été franchie à la fin des années 80. L’Afghanistan devait en devenir le principal théâtre.  

    Des activistes radicaux – ceux qu’on appellera bientôt les Afghans, volontaires islamistes venus du monde entier (Maghrébins, Egyptiens, Jordaniens, Yéménites, Koweïtiens, Saoudiens, Moros philippins, Ouzbeks d’Asie centrale, Malaisiens, Ouïgours originaires du Xinjiang chinois, ressortissants d’autres pays d’Asie centrale, d’Asie du Sud ou du Sud-Est)  ont subi un endoctrinement rigoriste et un entraînement aux techniques de la guérilla notamment dans les camps de Peshawar ou de Kaboul, pour ensuite soit retourner chez eux, soit rejoindre d’autres foyers régionaux de conflits.  

    Contrairement aux mouvements de l’islamisme politique classique à ancrage national, ces Afghans, sans attache sociale, élaborent une variante transnationale de l’idéologie néofondamentaliste axée sur la violence armée, couplée à un rigorisme religieux.  

    La monarchie wahhabite a en effet joué un rôle extrêmement néfaste, en parrainant plusieurs organisations radicales, depuis l’époque de la résistance à l’invasion soviétique en Afghanistan (1979 à 1989).  

    Grâce notamment à la Ligue musulmane mondiale, à l’Istikhbârât (services secrets saoudiens, dirigés alors par le prince Turki Ibn Fayçal) et au Maktab al-Khadamât (Bureau des services, créé, grâce à l’argent de princes saoudiens, en 1984, par Abdullah Azzam, Palestinien de Jordanie et ami de Ben Laden), les princes saoudiens recrutèrent des milliers de mercenaires et financèrent des camps d’entraînement, débouchant ensuite sur le complexe réseau terroriste que l’on connaît. 

    Par ailleurs, l’influence sur les talibans de l’idéologie officielle wahhabite importée d’Arabie saoudite s’est exercée dès les années 80.  

    Les réseaux d’écoles talibans se sont développés au Pakistan et les Saoudiens les ont très largement financés, fournissant enseignants et bourses d’étude. On a donc assisté à une sorte de « wahhabisation » du mouvement taliban, qui, à l’origine, ne l’était pas du tout. 

    Le wahhabisme est une doctrine extrêmement puritaine et rigoriste (pour ne pas dire rétrograde) née en Arabie saoudite vers 1745 grâce à la rencontre entre la famille des Ibn Saoud et le prédicateur Mohammad Ibn Abd al-Wahhab (1703-1792). Ce dernier, partisan d’une application stricte du Coran, s’appuie sur l’école juridique la plus littéraliste, celle fondée par Ibn Hanbal au IXe siècle. Il a, en outre, prétendu – à tort – réactualiser les thèses du néohanbalite du XIIIe siècle Ibn Taïmiyya, qui mourut dans un cachot de Bagdad, condamné par les califes pour son fondamentalisme.  

    Cette idéologie se fonde en particulier sur le concept de « l’ Unicité divine »  (tawhîd on les appelle d’ailleurs les Muwahhidîn : « Unitaires »), objet exclusif de l’activité humaine à l’exclusion de tout autre pôle d’intérêt, pour rejeter toutes les formes de religiosité populaire ainsi que le mysticisme (soufisme) et le chiisme, les considérant comme hérétiques, expressions du polythéisme (shirk). 

    Cette idéologie condamne la pensée, l’humour, la musique, la danse, le théâtre, le cinéma, la télévision, les œuvres d’art, l’émancipation de la femme, etc. Elle condamne également toute « innovation intellectuelle » (bid‘a) par rapport à l’enseignement originel de l’islam et promeut une lecture littérale du Coran.  

    Les wahhabites refusent tout intermédiaire entre l’homme et son créateur (clergé, statues, images, vénération des saints, visites des tombes). A leurs yeux, la parole de Dieu telle qu’elle fut consignée dans le Coran doit être appliquée à la lettre quelles que soient les traditions locales. Ils sont partisans de l’application sans compromis des peines corporelles (hudûd) prévues par le Coran pour l’adultère (lapidation), le vol (amputation de la main) ou la consommation d’alcool (fouet).  

    L’Arabie saoudite, qui a fait du wahhabisme sa doctrine officielle, depuis la fondation du royaume en 1932, l’a propagée partout dans le monde musulman grâce à sa rente pétrolière et à sa puissance financière, en particulier, en Asie centrale où les talibans au pouvoir en Afghanistan notamment s’en inspirèrent. Diffusé avec les moyens des pétrodollars, le wahhabisme a instauré, de facto, une rupture amnésique par rapport à la grande tradition culturelle de l’islam. 

    Cette idéologie sectaire fut donc à l’origine de la simplification abusive de la religion, puis de la dégénérescence du régime du mollah Omar. Les talibans appartenaient, au départ, à l’école de Déoband dans le sous-continent indien qui n’a jamais mené d’offensive violente contre les images, les pratiques festives, ni contre les cultures locales.  

    L’interprétation du wahhabisme par les talibans en Afghanistan est cependant devenue progressivement plus stricte et plus rétrograde que celle qui était en vigueur dans le royaume saoudien : effacement complet des femmes de l’espace public, application sauvage des peines judiciaires et des exécutions publiques, refus viscéral de toute reproduction de l’image, interdiction de toute manifestation culturelle : musique, fêtes, télévision, cinéma, théâtre… 

    L’objectif ultime d’al-Qaïda consistait à combattre cette présence étrangère, le réseau a apporté aussi son soutien logistique et financier à des groupes poursuivant d’autres buts. Il s’est associé à l’organisation égyptienne al-Jihad en 1998 pour entamer, avec d’autres groupes, « la lutte contre les juifs et les croisés », et frapper les intérêts des Etats-Unis partout dans le monde. Un autre groupe que l’organisation a soutenu est le Hezbollah, fer de lance de la résistance contre Israël lors de l’occupation du Liban Sud qui s’est achevée en mai 2000.  

    Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) d’Hassan Hattab avait été créé en 1998 avec l’aval de Ben Laden qui l’aurait financé et l’aurait aidé à installer des réseaux à l’étranger.  

    Considéré comme le principal rival des GIA d’Antar Zouabri, il était hostile à la concorde civile lancée par le président algérien Abdelaziz Bouteflika.  

    Le GSPC a maintes fois affirmé sa détermination « à poursuivre son combat pour l’instauration d’un Etat islamique en Algérie », et menacé de s’en prendre aux intérêts américains et européens en Algérie ou à l’étranger. Ces intérêts résident essentiellement dans les secteurs pétrolier et gazier, principales ressources d’exportation de l’Algérie. C’est pourquoi ces zones pétrolières sont classées depuis 1994 par les autorités algériennes « zones d’exclusion » surveillées par l’armée. »

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

    Source : https://www.dreuz.info/