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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Apocalypse

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Une tribune publiée mercredi dernier dans le Journal de Montréal [6.09]. Et qui prolonge, jusqu'à une philosophie de l'Histoire qui est évidemment la nôtre, l'article sur la Corée du Nord dont Louis-Joseph Delanglade, dans son Lundi, a traité hier. Si nécessaire, on s'y reportera. LFAR

     

    501680460.5.jpgC’est avec perplexité et effarement que le commun des mortels observe l’affrontement entre la Corée du Nord et les États-Unis.

    On aime en rendre compte en disant que deux maniaques s’affrontent pour savoir qui a le plus gros missile dans son pantalon. Mais cette image prétendant équilibrer les torts entre Kim Jong-un et Donald Trump est faussée.

    Pour peu qu’on s’y penche sérieusement, nous sommes surtout devant la montée aux extrêmes d’un pays totalitaire soumis depuis plusieurs décennies à des tyrans paranoïaques qui s’imaginent incarner une résistance héroïque contre l’empire américain. 

    Guerre

    On se demande jusqu’où Kim Jong-Un peut aller dans son désir d’affronter le monde.

    Au fur et à mesure que se déroule la crise nord-coréenne, une vieille peur qu’on croyait engloutie au fond du vingtième siècle remonte à la surface : celle de la guerre nucléaire.

    Il y a quelques décennies, on redoutait que la guerre froide entre l’Occident dirigé par les États-Unis et le monde communiste commandé par l’URSS ne dégénère en une guerre nucléaire conduisant l’humanité à sa perte.

    On misait alors sur l’équilibre de la terreur pour éviter cette éventualité. C’est-à-dire qu’on supposait que les deux superpuissances savaient que, si elles usaient de la bombe atomique, elles s’anéantiraient mutuellement.

    On ne prête pas une telle sagesse stratégique aux dirigeants de Pyongyang.

    Notre monde n’est pas étranger à la peur apocalyptique, mais elle s’est déplacée de la guerre nucléaire au désastre écologique.

    Quand, aujourd’hui, on se prend à craindre que le monde n’explose, c’est au sort de la planète qu’on pense. Nous nous sommes convaincus que la seule manière de l’affronter, c’est de changer notre mode de vie et notre style de consommation.

    Autrement dit, c’est une guerre que chacun croit pouvoir mener contre le dérèglement du monde. Nous nous sentons tout petits devant elle et, pourtant, nous ne nous sentons pas absolument impuissants.

    L’autre grande peur de notre temps, c’est le chaos terroriste global engendré par le terrorisme, mais nous sommes parvenus à nous y habituer. Il nous gâche la vie, mais nous pensons y résister en faisant comme s’il n’existait pas.

    Mais avec la menace nord-coréenne, nous sommes de retour devant une frayeur absolue, dont nous ne sommes que spectateurs. Les scénarios les pires s’accumulent dans notre esprit. On imagine un enchaînement infernal.

    Tragique

    Que se passera-t-il si la Corée du Nord tire un missile en destination du Japon ou d’un territoire américain ?

    Que se passera-t-il si Donald Trump, qui n’est pas un monument de sagesse, décide plutôt de faire une frappe préventive ?

    Et comment réagiront dans ce conflit hypothétique la Chine et la Russie ?

    Ces questions, qui tournent en boucle dans les médias, nous ramènent à une réalité oubliée : l’importance vitale de la politique dans nos vies.

    Nous pensions que le marché et les droits de l’homme suffiraient pour assurer le développement harmonieux de nos sociétés. On redécouvre la nécessité du grand art politique.

    On redécouvre que la paix est une conquête de tous les instants et non pas l’état naturel de l’humanité.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

     

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Le grand méchant Kim

  • De la peur à la soumission

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Dimanche 24 sur Canal+, M. Sihamedi, président de « BarakaCity, association humanitaire islamique », tient, comme à son habitude, des propos tantôt ambigus tantôt radicaux, mais toujours inquiétants. D’autant qu’il se présente comme un « musulman normal ». Egalement sur le plateau ce jour-là, Mme Belkacem refuse d’abord de s’exprimer puis se contente de préciser qu’elle n’est pas d’accord avec le sieur Sihamedi. Sachant pourtant très bien qu’il serait là, à deux pas d’elle, elle devait bien se douter de la tournure que prendrait l’émission. Simplement, elle ne partage pas son « opinion ». A quoi faut-il attribuer ce silence ? Médusée, fascinée, soumise même, Madame le Ministre. Pourquoi ? On pourrait évidemment penser que son surmoi de femme marocaine et musulmane aura été le plus fort face à cet homme déterminé. 

    Quarante-huit heures après l’incident, justification de Mme Belkacem : on ne parle pas avec des gens qui sont en dehors du « champ républicain ». Quand des soldats français se battent à l’extérieur contre un ennemi islamiste qui recrute à l’intérieur dans le terreau islamique, continuer à brandir comme un étendard les valeurs prétendument « humanistes » de la République est consternant. Les valeurs, chacun les siennes : M. Sihamedi l’a encore prouvé devant Mme Belkacem. Les vraies valeurs de la France, c’est elle-même, son territoire et son histoire, sa langue et sa culture, que rejettent et qui rejettent M. Sihamedi et ses émules musulmans. Ce qui compte, c’est la détermination du pays et de l’Etat à lutter jusqu’au bout pour la victoire contre l’ennemi. Parce qu’il est l’ennemi, tout simplement. Cela, Mme Belkacem pouvait difficilement le dire… 

    C’est bien la même peur de nommer les réalités que manifestent MM. Hollande et Fabius, particulièrement rétifs à l’emploi des mots « islam » et « musulman », à propos de ceux que traquent nos troupes au Mali et que frappent nos avions au Proche-Orient, mais aussi de ceux qui assassinent et terrorisent en France. D’où la promotion de l’appellation « Daesh », tartufferie qui a fait long feu, plus personne n’étant dupe. Si l’islam ne se réduit pas à l’islamisme, l’islamisme lui-même est bel et bien une façon de « pratiquer » l’islam. C’est ce que montre le film documentaire « Salafistes », sorti mercredi 26, mais de façon confidentielle, et dont la projection reste autorisée, mais assortie d’une interdiction aux mineurs par décision du Ministre de la Culture. 

    Approuvant Mme Pellerin, M. Jamet écrit (Boulevard Voltaire) que « ce n’est pas en censurant la réalité qu’on la change » et qu’ « il est bon de connaître l’ennemi que l’on combat » - et il a raison. Cependant, on peut surtout craindre qu’en traitant ce film comme un vulgaire film pornographique, la mesure n’équivaille à une sorte d’arrêt de mort pour son exploitation commerciale : alors qu’il aurait fallu en assurer la promotion, France 3 (service public…), partie prenante de l’opération, s’en est d’ailleurs retirée ! On aurait réussi ainsi, sous couvert de liberté, à occulter en grande partie un document gênant qui montre de manière crue la réalité de la vie quotidienne dans des zones de droit musulman stricto sensu. 

    On ne peut surmonter la peur dans le déni et l’ignorance. Montrer ce qu’est l’ennemi n’est pas faire son apologie. Les tueries de janvier et novembre constitueraient sinon, en elles-mêmes, une forme d’apologie. La France doit regarder la vérité en face : malgré qu’en aient Mmes les Ministres, l’islam, c’est la charia, sans doute bonne pour les bédouins pour lesquels elle fut imaginée mais dont un vieux pays imprégné de droit romain n’a que faire. 

     

  • Médias & Société • Le porc et l’hystérique : l’échec de la révolution sexuelle soixante-huitarde est consommé

     

    Par Véronique Hervouët

    Cette chronique est une fine analyse des phénomènes médiatiques et sociétaux dont nous sommes en ce moment assommés avec le très vulgaire et dégradant slogan dont il est question ici [Boulevard Voltaire, 21.10].  Précisons que les « mœurs archaïques des sociétés traditionnelles » évoquées dans cet article ne se rapportent sûrement pas aux nôtres, dans lesquels les rapports hommes-femmes ont - en France - pour usage la galanterie et se fondent , plus anciennement, sur l'amour courtois.   LFAR

     

    8fe6f36f4b35b99c55433011fb3e483c.jpegL’affaire Weinstein c’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Ce qui est nouveau, c’est que les prétendues élites, dans les alcôves desquelles se passent ces petites affaires, jouent les vierges effarouchées et que les médias qui s’en font les porte-parole posent en modèles de haute vertu scandalisés… Une vaste hypocrisie au regard de la corruption notoire des mœurs dans les milieux où se cotoient le show-biz, les arts officiels et le pouvoir. Mais pas seulement. À des degrés et dans des styles divers, tous les milieux sont concernés. Hier, dans la presse, une universitaire a parfaitement épinglé l’ordinaire de ces pratiques dans son milieu professionnel, non sans pointer avec beaucoup de justesse certaine duplicité féminine et même l’adhésion de nombre de femmes à ce « dispositif promotionnel ».

    
Une histoire vieille comme le monde, que la promotion canapé… Aussi indigne soit-elle, on peut se douter que la vertu n’est pour rien dans cette dénonciation subite, tonitruante. Plutôt y verra-t-on une cristallisation de symptômes qui signent la fin ultime de la fameuse « libération sexuelle » soixante-huitarde. Sous l’influence du désenchantement, issu de son échec, pointe la lassitude d’être soi, l’envie de devenir autre… d’inverser les dominations !

    Les frustrations des « femmes d’en haut » (terminologie employée par Nathalie Saint-Cricq lors de « L’Émission politique » du jeudi 19 octobre) s’engouffrent dans la brèche pour imposer leur loi aux « mâles blancs dominants » qui s’empressent de se battre la coulpe et de déclarer forfait. 

    Ceci au moment même où la virilité et la combativité des hommes seraient vitales pour s’opposer à la régression vertigineuse du statut féminin, celui des « femmes d’en bas » (pour commencer…) qui subissent les violences des mœurs archaïques des sociétés traditionnelles, se multipliant de façon exponentielle au gré de la submersion migratoire. 

    Weinstein, qui n’est ni le seul ni le dernier des gros boss à pratiquer sans scrupule la promotion canapé, n’est qu’un bouc émissaire de haut vol et le détonateur ad hoc pour changer de paradigme. Il a suffi d’une dénonciation d’actrice pour entraîner les suivantes et entamer la procédure sacrificielle. Les starlettes (jusqu’alors promptes à se précipiter à demi nues devant les murs promotionnels et autres escaliers de festivals), les journalistes et les femmes politiques se bousculent soudain, avec des trémolos de patronnesses, au tourniquet victimaire, nouveau faire-valoir médiatique de leur puissance, de leur séduction…  

    Anticipant de quelques semaines ce retour tonitruant de la vertu, une jeune blogueuse avait fait parler d’elle en diffusant des selfies aux côtés de ses « harceleurs de rue », nouvelle modalité de l’hystérique, pour parader, se faire voir en objet inaccessible du désir.

    Il en est de même de cette bobo qui avait dénoncé publiquement un malheureux dépanneur de chez Orange qui avait osé lui déclarer par texto son admiration. Comme quoi même un timide hommage masculin peut être instrumentalisé, dénoncé comme du harcèlement sexuel, par une destinataire désireuse de mettre en valeur son pouvoir de séduction sur les réseaux sociaux.

    Chassez le duo classique du pervers et de l’hystérique et il revient au galop sous la forme d’une injonction au succès fulgurant : « Balance ton gros porc ». 

    Autrement dit : rien de nouveau dans la relation femme/homme (et inversement). L’échec de la révolution sexuelle soixante-huitarde est consommé. Les revendications du « genre », ses annexes reproductives (PMA, GPA) et les luttes souterraines pour légaliser les derniers interdits (pédophilie, inceste, meurtre) ne sont que les dernier feux de ce credo. C’est sur la base de cet échec final, d’un regain de combativité et d’un renouveau culturel occidental qui se profilent que la relation homme femme pourra se redessiner.  

    Psychanalyste et essayiste
  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Fahim

    4444444.jpg

    A l’affiche : Fahim, un film français de Pierre-François Martin-Laval, avec Gérard Depardieu (Sylvain, l’entraîneur d’échecs),  Isabelle Nanty (Mathilde, son assistante) et Assad Ahmed (Fahim),

    adapté du roman Un Roi clandestin, récit autobiographique (2014) de Fahim Mohammad et Xavier Parmentier (l’entraîneur de Fahim).

    1398014206.jpgLa France est-elle « le pays des droits de l’Homme » ou « le pays de la Déclaration des droits de l’Homme » ?

    La formule est jolie qui n’a sans doute rien d’historique même si le cas de Fahim, clandestin bangladais de moins de 12 ans, a bien été exposé au Premier Ministre de l’époque, François Fillon,  à l’antenne de France Inter, le 14 mai 2012.

    La formule est jolie… ce qui ne l’empêche pas d’être stupide et hors sujet… Qu’est-ce qu’un « droit de l’homme » ? Est-ce un « droit de l’homme » - et d’où viendrait-il ? – pour un jeune sans papier d’être adopté par la pays dans lequel il est entré par effraction ? Les citoyens de ce pays n’ont-ils pas le « droit » (et non pas un « droit de l’homme ») de décider qui est le bienvenu et le malvenu chez eux ?

     

    Cette jolie formule qui intellectualise et politise une très belle histoire, un véritable conte de fée, impose malheureusement de qualifier Fahim de « film de propagande ».

    Un film qui voudrait nous obliger à accueillir tous les petits clandestins réfugiés qui seraient tous des Fahim en herbe, tous des « chances pour la France ».

    Et de quel droit la France s’approprie-t-elle Fahim ? Ce génie des échecs ne devrait-il pas d’abord être « une chance pour le Bangladesh » ?

    La question est posée par ailleurs dans le film, et même assez joliment, de la « générosité »… La véritable générosité n’aurait-elle pas été de rendre au Bangladesh son « champion du monde d’échecs » ?

    « L’immigration choisie » n’est-elle pas finalement  une autre forme, hypocrite, de colonialisme et d’esclavage privant les pays du tiers-monde de leurs élites ?

     

    Ne nous laissons donc pas prendre par la pensée unique, mais constatons néanmoins que ce Fahim est un bon film, un biopic amusant, et surtout un documentaire passionnant sur l’apprentissage du jeu et la formation de ses champions… La scène de l’entrainement, dos au plateau, est à elle seule fantastique ainsi que le déroulement des compétitions.
    A voir par tous les joueurs d’échecs.

     

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.

    Pour mémoire  

     

    Titre

    Violent/scabreux

    Date

    Il aurait été très dommage de ne pas le voir

    Hors normes

    non

    10/11/2019

    Une bonne soirée

    Le Traitre

    oui

    19/11/2019

    Un très bon film

    Midway

    non

    11/11/2019

    Un bon film

    Fahim

    non

    29/11/2019

    (Très) intéressant

    Un monde plus grand

    non

    28/11/2019

    A revoir en VF

    La Famille

    non

    08/10/2019

    J’aurais pu  ne pas le voir

    Quinoa, prenez-en de la graine !

    non

    22/11/2019

    Je m’y suis ennuyé

    Shaun le Mouton LE FILM,
    La ferme contre-attaque

    non

    29/10/2019

    Je n’ai pas aimé du tout

    Nous finirons ensemble

    non

    12/05/2019

    Le film à retenir depuis le 1er janvier

    Le chant du loup

    Non

    15/03/2019

     

  • Le coronavirus, le danger chinois et la mondialisation libérale, par Charles Saint-Prot.

    Née en Chine comme la plupart des pandémies qui ont ravagé le monde, depuis la fameuse grippe de 1918 injustement appelée « grippe espagnole » parce que les Espagnols ont été les premiers à en signaler le danger, passant par le SRAS ou le H1N1, la propagation du coronavirus Covid-19 met en relief tous les effets pervers de la mondialisation.

    Au vu des crises sociales qui ravagent une partie du monde ( notamment le vieux monde de l’Europe et des pourtours méditerranéens) on savait que, contrairement à ce que prétendent les niais la mondialisation n’est pas « heureuse » ; on savait aussi que les délocalisations entreprises par des sociétés (des fabricants de chaussettes aux fabricants d’aspirateurs ou d’ordinateurs), qui n’ont que le profit pour idéologie et ont cherché par tous les moyens à faire fabriquer au plus bas prix, ont précipité le chômage et la misère des classes moyennes, en particulier dans les pays industrialisés.

    3.jpg On découvre maintenant que la mondialisation, voulue par la finance anonyme et vagabonde, présente de graves risques pour la santé mondiale, notamment du fait que la Chine, système totalitaire communiste, a imposé des règles du jeu inacceptables (absence de normes, culture sanitaire déficiente, faible degré de pureté des médicaments, transfert de technologies criminels, etc.). En même temps on a appris avec effroi que près de 85 % des médicaments sont fabriqués… en Chine ! Ce qui démontre l’irresponsabilité des thuriféraires de Pékin, à commencer par un ancien premier ministre qui devrait être jugé pour haute trahison.

    1.jpg

    On découvre aussi que des pans entiers des secteurs stratégiques occidentaux, notamment en France, sont tributaires de la Chine, au point que même le ministre des Finances Bruno Le Maire a déclaré le 25 février 2020 que l’épisode du coronavirus devrait inciter la France à produire davantage de biens stratégiques à l’intérieur de ses propres frontières.

    Vraiment il est temps de découvrir que la Chine est l’ennemi mondial et que la mondialisation libérale est un cancer qui nous ronge. A cet égard, on ne peut que souscrire à ce qu’écrit le député Éric Ciotti dans le Parisien du 26 février : « Nous découvrons avec stupeur que la Chine, devenue usine du monde, a relégué l’Europe et la France au rang de simples consommateurs. Frappés par une désindustrialisation suicidaire, nous sommes devenus dépendants de Pékin ».

    Bruno Le Maire, décidément sur le chemin de Damas, estime que le coronavirus va changer la donne dans la mondialisation en obligeant les économies « à relocaliser une partie de leurs productions et d’être plus indépendant sur un certain nombre de chaînes de production ». Il était temps d’ouvrir les yeux pour constater que beaucoup de productions (industries de défense, produits médicaux, alimentation, produits de haute technologie…), doivent évidemment relever du stratégique et ne peuvent pas être délocalisées.

    Voici enfin dévoilés les méfaits de la mondialisation qui n’est rien d’autre que l’ultra-libéralisme, c’est dire la loi du libre renard dans le libre poulailler qui a conduit a une fragilité extrême et cette dépendance encouragées, dit encore Éric Ciotti, par « une foi aveugle dans la mondialisation et des logiques économiques à court terme, des économies d’échelle, des délocalisations et une désindustrialisation massives » .

    Il est donc temps de retrouver le rôle indispensable de l’État-nation, tant décrié par les libéraux et les libertaires gauchistes depuis mai 1968. C’est naturellement vers l’État que se tournent les peuples en quête de protection. Vers l’État et non vers les GAFA, Alibaba ou de misérables succédanés comme l’union européenne. Vers l’État pour forcer les entreprises à trouver dessolutions de production locale. Vers l’État pour rétablir les frontières protectrices. Vers l’État pour privilégier l’impératif de sécurité sur le profit. Oui, l’épidémie du coronavirus « remet les États au centre du jeu alors que les chantres de la mondialisation nous avaient annoncé leur disparition ».

    Pendant des siècles, nos sociétés ont vécu suivant le noble principe d’Aristote que l’économie est au service de la société et l’argent doit s’adapter au besoin social. La mondialisation a renversé ce paradigme en imposant la seule loi du profit. Seul l’État nation peut mettre un terme à cette funeste dérive. Mais encore faudrait-il avoir des dirigeants nationaux à la hauteur. Ceci est une autre histoire…

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : La vérité.

    1.jpg

     

     

    A la télé : La vérité, un film français de 1960  réalisé par Henri-Georges Clouzot, avec Brigitte Bardot (Dominique Marceau), Charles Vanel (l’avocat de Dominique Marceau), Samy Frey (Gilbert Tellier, la victime) et Paul Meurisse (l’avocat de la mère de la victime).

    guilhem de tarlé.jpgEn écrivant ce casting je me dis que si les « hoministes » ressemblaient aux féministes, ils nous obligeraient à écrire « le » victime !
    La destruction de la grammaire fait partie de l’œuvre subversive de tous ces gens qui ne croient à rien, et nous prêchent le « à chacun sa vérité »  (pourquoi pas « son » vérité ?) !

    La vérité… c’est précisément le titre de ce « vieux » film de Clouzot, titre qui a d’ailleurs été repris il y a quelques mois pour un long-métrage (médiocre) franco-japonais de Hirokazu Kore-Eda avec Catherine Deneuve et Juliette Binoche…
    La Vérité, de Clouzot, c’est, par opposition au « dommage collatéral » du confinement qui ferme les salles de cinéma,  un « intérêt collatéral » qui impose à la télévision de revoir à la hausse la qualité de sa programmation.
    Bardot, d’abord… Vous l’avouerais-je, je crois que c’est la première fois que je la vois dans un film… sa production n’était pas « de mon âge » quand elle était une star et, maintenant, c’est mon épouse qui n’en raffole pas.  BB est pourtant excellente dans ce rôle « provocant » de jeune fille « libérée » écartelée entre son « j’m’en foutisme sexuel » et son amour pour Gilbert Tellier.
    Clouzot, ensuite, célèbre pour moi par ses Diaboliques qui m’avaient fait si peur – je m’en souviens encore – quand mon frère de 15 ans, de huit ans mon aîné, avait raconté devant moi la scène du cadavre qui se lève de sa baignoire en soulevant ses paupières… scène que le critique Laurent Dandrieu n’a pas dû apprécier qui donne une seule étoile à ce long-métrage… « patatras (…) le dénouement tient du pire Grand-Guignol (…) grotesque ».
    Mais revenons à La vérité… qui n’a d’ailleurs pas l’honneur de figurer dans son Dictionnaire passionné du cinéma…
    C’est évidemment un très bon film, qui nous fait participer à un spectacle passionnant de procès d’assises avec le « duel » de grands avocats… dommage qu’on n’assiste pas – et pour cause – aux plaidoiries finales.
    J’ai toujours aimé l’éloquence. J’ai en mémoire Les Bonnes Causes,  de Christian-Jaque en 1963 :  « Il n’y a pas de bonnes causes, il n’y a que de bons avocats ! »… à l’époque précisément où de grands avocats, que j’écoutais sur les disques de la SERP, plaidaient magnifiquement pour de justes causes.
    Nostalgie, quand tu nous tiens !

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.

    Pour mémoire : Pourquoi ne pas profiter de ce carême cinématographique avec un nouveau tableau récapitulatif donnant, dans le désordre, un « top ten » des films vus au cinéma depuis le 1er janvier
    Titre
    Réalisateur
    appréciation
    genre
    nationalité
    Date de sortie
    Dark Waters
    Todd Haynes
    Je recommande
    Biopic, drame
    américain
    Février 2020
    Le cas Richard Jewell
    Clint Eastwood
    Je recommande
    drame
    américain
    Février 2020
    La fille au bracelet
    Stéphane Demoustier
    Je recommande
    Drame, justice
    Français
    Février 2020
    de Gaulle
    Gabriel Le Bonin
    Un bon film, mais hagiographie
    Histoire
    Français
    Mars 2020
    Une vie cachée
    Terrence Malick
    Un bon film, discutable
    Faits réels
    Américain/allemand
    Décembre 2019
    Scandale
    Jay Roach
    Un bon film
    Biopic
    Américain
    Janvier 2020
  • Espérance : juste avant Noël, c'est le sentiment et le mot qui s'imposent, avec les deux magnifiques documents de France

    Le premier document est un docu fiction d'animation en 3D, très bien fait, intelligent et remarquablement instructif, qui englobe la totalité de l'histoire et des tribulations de la cathédrale, de sa construction à son sauvetage par Lassus et Viollet le Duc : un modèle de pédagogie, de vulgarisation réussie et, donc, de qualité.

    La voix et l'intonation de Sophie Marceau sont toujours justes, on sent, on "voit" qu'elle aime, qu'elle comprend ce qu'elle dit, et elle en transmet parfaitement le sens tant elle "vit" ce qu'elle raconte.

    Le son exécrable (trop sourd, par moment quasi inaudible) ne parvient même pas à gâcher ce merveilleux moment, dont on regrette seulement qu'il se termine...

    Le second document, lui, traite exclusivement du drame d'avril dernier.

    Là aussi, un moment de grâce, où l'on entendit des mots quasiment toujours absents des écrans : par deux fois, le mot "miracle" fut prononcé par Philippe Villeneuve, l'architecte en chef de la cathédrale :

    - d'abord lorsqu'il montra la statue de Notre Dame du XIVème siècle, intacte, éclatante de blancheur alors que les poutres calcinées sont tombées à quelques centimètres d'elle; elle se trouvait dans le choeur, là où eut lieu le plus important des trois effondrements de la voûte, juste en dessous...

    - ensuite, lorsque le même Philippe Villeneuve fit voir les deux rosaces, intactes elles aussi, alors qu'exposées à la fournaise - elles, si fragiles, si légères... -  elles ne pouvaient, normalement, qu'exploser, pulvérisées par la puissance du brasier...

    Oui, normalement, la statue de Notre Dame devait disparaître.

    Oui, normalement, les deux rosaces devaient disparaître.

    Or, elles sont toujours là, dans le désastre général : comment ne pas y voir un signe ?

    nddp interieur.jpg

    Autre motif d'espérance : les voûtes peuvent toujours s'écrouler, il ne faut pas se cacher la vérité. On a très probablement sauvé les arcs boutants, et donc évité que les murs ne s'effondrent en "s'ouvrant" vers l'extérieur; mais les murs peuvent toujours, à tout moment, s'effondrer vers l'intérieur, justement parce que les arcs boutants jouent leur rôle, qui est de contenir les voûtes en "poussant" vers l'intérieur. Mais heureusement, pour l'instant, le grand nombre de capteurs installés dans la cathédrale après le désastre montre que le bâti est, aujourd'hui, très exactement dans le même état que juste après l'incendie. Donc, rien n'a bougé, aucun désordre nouveau n'est apparu.

    Mais il ne faudrait pas perdre un temps précieux...

    Enfin, parlons d'un autre miracle, même si, là, le mot n'a pas été employé : le coq de la flèche, bien que cabossé et abîmé, a été retrouvé, ainsi que les reliques qu'il contenait : une relique de Saint-Denis et une relique de Sainte-Geneviève – saints patrons de la ville de Paris – ainsi qu’une des 70 épines de la couronne du Christ.

    Là aussi, nous laisserons les esprits forts parler de hasard et, même si notre quotidien, dont la raison d'être est politique, n'est pas un quotidien religieux, nous n'avons aucun problème à dire que, pour nous, oui, il est clair que le fait d'avoir retrouvé ce coq, blessé mais qui n'a rien perdu de ses trésors, mérite d'être qualifié, lui aussi, de miracle...

    Chacun est évidemment parfaitement libre en ce domaine, mais ce qui est pour nous le signe de Notre Dame peut être interprété et médité comme tel, à charge pour qui le voudra de lui apporter la réponse que lui dicteront son coeur et son intelligence...

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    Ne terminons pas cette réaction "à chaud" sans oublier (nous leur avons rendu l'hommage qu'il méritaient dès le 15 avril) nos magnifiques sapeurs pompiers de Paris : ils nous ont sauvé Notre Dame !...

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  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Mongeville, Mauvaise foi.

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    A la télé : Mongeville, Mauvaise foi, une série policière d’Edwin Bailly, avec Francis Perrin (Antoine Mongeville) et Natacha Regnier (Sœur Amélie).

    guilhem de tarlé.jpgPendant le coronavirus les "affaires" - la propagande - continuent...
    En cette veille des Rameaux, nous confinions tranquille... La télévision était allumée... j'allumais le feu dans la cheminée tandis que mon épouse, confortablement installée sur le canapé, feuilletait un vieux Paris Match dans lequel des "collapsologues" annonçaient "le début de la fin (...) l'apocalypse (...) l'effondrement systémique (...) la disparition de 50% de l'humanité d'ici à 2050". Le constat était lucide : "plus on est mondialisé, interdépendant, plus on est fragile (...) avec la nature, pas de négociation possible (...) Il faut payer l'addition. Et se préparer à vivre des traumatismes".
    L'article daté du 25 juillet dernier ne parlait évidemment pas du covid19 mais de "la transition écolo" et son auteur était l’ancien ministre de Jospin – sous Chirac – le Vert Yves Cochet (EELV),  membre d’honneur de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), qui prétend que pour « sauver la planète » il faut « mieux accueillir les migrants" et "limiter les  naissances". Dans cet article il se définissait comme un « néo-malthusien" et prônait des "allocations familiales à l'envers, qui diminueraient à partir du troisième enfant" !
    Au même moment, mon attention fut attirée par la télé.
    J'ai tourné la tête en entendant... "ton papa..."... c'était une paire d'hommes qui s'adressait à « leur » enfant, dans l'émission Parents, mode d'emploi !

    La "série" qui suivait se passait dans un couvent dans lequel des carmélites, expertes en calligraphie, imprimaient des faire-part. On y a vu Sœur Amélie regretter de devoir refuser d'en réaliser un pour le mariage de deux femmes... "mais – ajoute-t-elle - un jour l'Église reconnaitra la valeur de cet amour" !
    On apprend par la suite que cette même religieuse était la mère d'une jeune fille, conçue il y a 17 ans avec l'aumônier du couvent, devenu depuis l'évêque du diocèse... Vous dévoilerai-je en conclusion, comme l'ouvreuse de jadis furieuse de ne pas toucher un pourboire : "L'assassin, c'est le Vicaire général "

    Oui, comme le titre l'indique, cette télé, service public de notre république « laïque », est de mauvaise foi qui profite d’une série policière pour promouvoir des messages à l'encontre de l'Église et de la loi naturelle.

    "La terre est pleine de violence à cause des hommes" et l'arche de Noé ne fut-elle pas le 1er confinement ?
    "Il y eut le déluge pendant 40 jours (...) La crue des eaux sur la terre dura cent-cinquante jours".
    Ne serions-nous pas perdant-perdant si nous ne mettions à profit cette Semaine Sainte pour confesser nos violences actuelles (droit à l'avortement, mariage pour tous, GPA, PMA, etc.) en priant le Ciel de voir dans 150 jours le retour de la colombe et « l'arc dans la nuée ". (150 jours depuis la mi-mars, cela nous reporte à... l'Assomption !).


    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.

    Pour mémoire : Pourquoi ne pas profiter de ce carême cinématographique avec un nouveau tableau récapitulatif donnant, dans le désordre, un « top ten » des films vus au cinéma depuis le 1er janvier

    Titre

    Réalisateur

    appréciation

    genre

    nationalité

    Date de sortie

    Dark Waters

    Todd Haynes

    Je recommande

    Biopic, drame

    américain

    Février 2020

    Le cas Richard Jewell

    Clint Eastwood

    Je recommande

    drame

    américain

    Février 2020

    La fille au bracelet

    Stéphane Demoustier

    Je recommande

    Drame, justice

    Français

    Février 2020

    de Gaulle

    Gabriel Le Bonin

    Un bon film, mais hagiographie

    Histoire

    Français

    Mars 2020

    Une vie cachée

    Terrence Malick

    Un bon film, discutable

    Faits réels

    Américain/allemand

    Décembre 2019

    Scandale

    Jay Roach

    Un bon film

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : La délicatesse.

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    A la télé : La délicatesse, un film de David et Stéphane Foenkinos, avec Audrey Tautou (Nathalie) et François Damiens (Markus),
    adapté du roman éponyme de David Foenkinos.

    guilhem de tarlé.jpgIl y avait trois films, hier soir, sur les chaines TNT, et nous aurions regardé Rocco et ses frères (1960) si cet opus n’avait pas duré 3 heures. J’avoue que, personnellement, j’étais tenté par Habemus papam mais mon épouse pensait que nous l’avions déjà vu (?) et, comme elle avait aimé le roman, elle préférait revoir le film de Foenkinos. Ce fut sans doute par délicatesse que je me suis incliné…

    La délicatesse…  précisément, qu’est-ce que c’est ?
    L’étymologie a d’abord donné le mot « délice », que mon Grand Larousse définit comme un « très vif plaisir »… Eh bien, non… non seulement il ne fut pas « très vif », mais je n’ai même éprouvé aucun « plaisir » devant, à nouveau, cette romance de 2012, dont j’avais oublié l’intrigue.
    Elle aurait sans doute été là la délicatesse, ne pas contester à haute voix ce mauvais choix, et j’observe que le latin delicatus se traduit par « choisi » !
    Je me demande en effet où se trouve la délicatesse dans ce long-métrage, choisi par défaut, et mal choisi… mais – élémentaire, mon cher Watson - cette question difficile, embarrassante, n’est-elle pas « délicate » ?…
    à moins encore que le « délicat » ce ne soit finalement moi, si j’en crois La Fontaine :
    « Les délicats sont malheureux ;
    Rien ne saurait les contenter »
                                                                         (« Contre ceux qui ont le goût difficile »)
    Bref, tout ça pour constater que je ne suis sans doute pas assez « délicat » pour apprécier ce long-métrage, et déjà j’avais considéré comme médiocre le Jalouse (2017) de ces réalisateurs, sauvé in extremis par Karin Viard… De même hier soir, sans la jolie Audrey Tautou j’aurais eu l’indélicatesse de laisser ma délicate épouse se confiner seule devant la télé… Mais elle, elle aimait.

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.

    Pour mémoire : Pourquoi ne pas profiter de ce carême cinématographique avec un nouveau tableau récapitulatif donnant, dans le désordre, un « top ten » des films vus au cinéma depuis le 1er janvier
    Titre
    Réalisateur
    appréciation
    genre
    nationalité
    Date de sortie
    Dark Waters
    Todd Haynes
    Je recommande
    Biopic, drame
    américain
    Février 2020
    Le cas Richard Jewell
    Clint Eastwood
    Je recommande
    drame
    américain
    Février 2020
    La fille au bracelet
    Stéphane Demoustier
    Je recommande
    Drame, justice
    Français
    Février 2020
    de Gaulle
    Gabriel Le Bonin
    Un bon film, mais hagiographie
    Histoire
    Français
    Mars 2020
    Une vie cachée
    Terrence Malick
    Un bon film, discutable
    Faits réels
    Américain/allemand
    Décembre 2019
    Scandale
    Jay Roach
    Un bon film
    Biopic
    Américain
    Janvier 2020
  • Michel Onfray : « La crétinisation progressive du peuple représente un vrai problème »

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    Dans son ouvrage « Théorie de la dictature », Michel Onfray présente l’œuvre de George Orwell comme une grande préfiguration du monde contemporain. Le philosophe, qui ne craint pas la polémique, décrit ici la nouvelle forme de dictature à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés…

    view-2.jpgGeorge Orwell est, selon vous, un immense penseur politique. Il a fait le portrait des totalitarismes du vingtième siècle et a anticipé notre temps. En quoi notre époque porte-t-elle la marque du totalitarisme ? N’est-ce pas un peu exagéré ? Sommes-nous vraiment entrés dans une nouvelle forme de dictature ?

    Non, ce n’est pas exagéré, car je ne dis pas que nous sommes revenus au nazisme ou au stalinisme. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas comment fonctionnait le totalitarisme auparavant, mais comment il fonctionne à l’heure d’internet, des data et des téléphones portables. Ce totalitarisme contemporain n’est pas casqué ou botté. En revanche, nous vivons dans une société de contrôle: le fait que l’on puisse être écouté en permanence, le fait qu’on accumule des données sur nous, etc. Cette société de contrôle est à un point d’incandescence jamais atteint.

    Les nouvelles technologies ne possèdent donc aucun avantage à vos yeux ?

    Nous sommes dans une espèce de servitude volontaire vis-à-vis des nouvelles technologies. Mais parfois, c’est extrêmement pervers. Par exemple, pour assurer la confidentialité, on vous demande d’accepter certaines choses… Mais, en acceptant, on donne certaines informations aux Gafa. On peut accepter le dispositif de contrôle, mais on peut aussi le refuser. En même temps, si vous le refusez, vous ne pouvez plus vous déplacer en train, en avion, etc.

    C’est ça qu’Orwell a bien anticipé ?

    Orwell pense avec l’aide d’un roman. Il utilise la fiction. Mais sa science-fiction a cessé d’être fictive; elle est devenue science. Ce télé-écran qui nous surveille en permanence existe aujourd’hui. Nous y sommes. Orwell a inventé des choses au sujet du contrôle et de l’invisibilité des pouvoirs. Ce qui distingue le totalitarisme ancien et le totalitarisme nouveau, c’est précisément cela. Avant, le pouvoir avait un visage identifiable. Aujourd’hui, qui décide? Où sont les gens qui rendent cela possible? À mon sens, ces gens sur la côte ouest américaine ont un projet de domination du monde ainsi qu’un projet transhumaniste.

    Le capitalisme débridé est-il aussi responsable de cette situation ?

    Le capitalisme ne disparaîtra pas: il est consubstantiel à l’homme. Aujourd’hui, il n’a plus aucun ennemi en face de lui. Avec la chute du bloc soviétique, le capitalisme a estimé qu’il pouvait triompher. Certains, comme Fukuyama, ont même affirmé que c’était la fin de l’histoire, la victoire intégrale du néolibéralisme. Cependant, le monde n’est pas fait uniquement de capitalistes et de communistes. Il y a aussi des puissances spirituelles, comme l’Islam. On l’a vu lors du 11 Septembre 2001.

    La démocratie représentative est-elle morte, selon vous ?

    Oui. Le peuple et les représentants ne coïncident plus du tout. Dans les assemblées et les Parlements, il y a une surreprésentation des professions libérales, comme les avocats, les enseignants, etc. On y trouve peu de bergers, de chauffeurs de taxi ou d’étudiants. Ce qui signifie qu’il y a une partie de la société qui n’est tout simplement pas représentée. En outre, pour espérer être élu, il faut avoir de l’argent, se fondre dans un dispositif, passer par le moule d’un parti. Cette démocratie représentative a fait son temps. Le référendum au sujet du traité de Maastricht a été une parfaite incarnation de sa limite: les élus votent contre le peuple.

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    Publié par Gaia - Dreu

  • Avec Emmanuel Macron : vent de folie progressiste, par Christian Vanneste.

    En 2017, une majorité d’électeurs a cru faire un choix et, sans en prendre conscience, ils en ont fait un autre. Au second tour de l’élection présidentielle, beaucoup de Français ont cru repousser une idéologie dangereuse et un parti incapable de gérer efficacement le pays, cru choisir celui qu’ils imaginaient être le plus compétent. Venu de la gauche, son parcours, ses priorités et sa capacité de rassembler des hommes et des femmes de gauche comme de droite, de la société civile, enfin (!), avaient fait naître la grande illusion d’un gouvernement qui allait privilégier le réel et l’intérêt général plutôt que l’idéologie et ses obsessions ou ses fantasmes.

    christian vanneste.jpgDe nombreux électeurs de Fillon s’y sont laissés prendre et continuent, parfois, à baigner dans cette imposture entretenue par des médias complices. Or, rarement un pouvoir, dans notre pays, n’aura été autant pétri d’idéologie.

    Il ne s’agit pas de libéralisme, comme certains le disent. Le libéralisme n’est pas une idéologie car il a trop de visages parfois opposés. Les Français, malgré eux, ont installé une idéologie mortifère aux commandes de leur pays : le progressisme mondialiste, cette pensée qui ne correspond qu’à une caste aussi puissante qu’elle est faible en effectifs.

    Trois symptômes de la maladie sont faciles à reconnaître.

    Le premier est le plus bénin. C’est la priorité accordée, dans les discours, à l’écologie perçue sous l’angle réducteur de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Alors que la France, en raison de sa taille et de sa production d’électricité par le nucléaire, ne peut guère peser sur ce phénomène, le Président en a fait son cheval de bataille pendant un certain temps. Évidemment, les mesures concrètes, contraires à la santé économique du pays, n’ont pas suivi et les écologistes ont pris leur distance, mais le but idéologique de la manœuvre n’était nullement de réduire la production de gaz carbonique mais de faire apparaître la nécessité d’un gouvernement mondial, seul à même de traiter un problème qui dépasse, bien sûr, les frontières. La confrontation, complaisamment mise en avant par les médias, entre l’icône mondialisée Greta Thunberg et l’homme du rétablissement des frontières, Donald Trump, montre bien, par sa disproportion, la volonté idéologique d’indiquer un chemin sans se soucier du réel.

    Le second est beaucoup plus pernicieux : c’est l’attaque sournoise mais systématique contre la nation. Elle est perceptible dans les propos aberrants et récurrents sur un passé colonial stigmatisé hors de toute mesure dans le seul but de susciter la repentance, cette pathologie qui dissout le lien entre les générations parce qu’elle mine la fierté nationale fondée sur une Histoire dont nous nous sentons les continuateurs. Le progressisme est européen avec enthousiasme parce que l’Europe n’est qu’un étape, une machine à broyer les nations sur le continent qui les a fait naître.

    Le troisième est le plus évident. L’idéologie absurde du « genre » est arrivée au sommet. C’est elle qui a suscité la récente extension de la PMA aux femmes seules ou homosexuelles. C’est de l’idéologie pure, c’est-à-dire la négation frénétique et délirante du réel. Elle impose son vocabulaire orwellien. Elle dispose de la loi. Pour elle, la nature n’existe pas, tout est construit par la volonté humaine. Le « meilleur des mondes » transhumaniste est en marche. C’est le Président lui-même reprochant à une opposante de considérer que le père doit être un « mâle », comme si le mot « homme » était démodé.

    Père et mère ne sont plus que des fonctions symboliques. On doit pouvoir décider de l’être quel que soit son sexe, qu’on choisit aussi. Tout est construction sociale. On devrait attendre, pour déterminer le sexe, que l’enfant choisisse. La nature n’existe plus ! Étonnant, chez des gens qui se disent aussi « écolos » ! Pourquoi pas trois parents, puisque tout est construit et volontaire ? Un vent de folie parcourt les rangs de l’Assemblée. Est-ce vraiment ce que les Français avaient « choisi » ?

    (Source : Boulevard Voltaire)

  • Le Liban face au Coronavirus, par Guillaume Staub.

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    Dans notre précédant article « Liban : vers une catastrophe économique  » paru le 3 mars 2020, nous évoquions la possibilité que le pays se retrouve rapidement en défaut de paiement : «  le Liban est au bord d’un désastre économique et les solutions semblent pour l’instant inexistantes ; le pays pourrait rapidement se trouver en défaut de paiement sur sa dette, celle-ci pesant plus de 150 % du PIB en 2019 ». Le 7 mars, le premier ministre libanais, Hassan Diab, annonça le premier défaut de paiement de l’histoire du pays lors de sa déclaration au palais gouvernemental à Beyrouth. 

    Qu’est-ce que cela signifie ? Que le Liban n’a pas pu rembourser sa dette d’1,2 milliard d’eurobonds – c’est-à-dire des bons du Trésor émis par l’État en dollars et qui représentent environ 1 milliard d’euros – à l’échéance du 9 mars ; deux autres échéances de remboursement sont d’ores et déjà prévues, la première en avril et la seconde en juin, mais pour un montant total de 1,3 milliard de dollars cette fois. Il est assez peu vraisemblable que le gouvernement parvienne à respecter ces nouvelles échéances, et pour cause, le pays, déjà durement frappé par les différentes crises que nous évoquionsdans notre précédent article, n’est pas épargné par le coronavirus qui détruit une économie déjà exsangue. 

    Au 1 avril, 470 cas de Covid-19 étaient officiellement recensés par les autorités du pays du Cèdre, parmi lesquels 12 décès étaient à déplorer. Face à cette situation préoccupante, l’État prit rapidement de fortes mesures : confinement de toute la population jusqu’au 12 avril, couvre-feu qui débute en soirée, restaurants, bars, écoles et universités fermés. Mais dans ce pays, ces mesures sont loin de faire l’unanimité au sein de la population qui voit ses manifestations interdites et ses conditions de vie se détériorer. 

    Le soir du dimanche 29 mars, bafouant le couvre-feu, les libanais sortirent dans la rue pour une « manifestation de la faim » ; ils protestèrent contre la détérioration de leurs conditions de vie, exacerbée par la paralysie économique du pays due au confinement. Que ce soit à Beyrouth ou à Tripoli, la grogne populaire prend de l’ampleur au cri de : «  Ne nous confinez pas, nourrissez- nous  ! » ou «  Plutôt mourir du coronavirus que de la faim  » . Comme en France, les mesures prises pour lutter contre le Covid-19 asphyxient les populations, notamment les plus pauvres, et les aides de l’Étattardent à arriver – des paniers alimentaires devraient êtredistribués – ; le plan d’aide aux plus pauvres ne verra sûrement pas le jour avant au moins deux semaines. En effet, dans ce pays, près de 80 % de la population survit grâce aux petits commerces ou aux métiers artisanaux, s’ils ferment, les populations se retrouvent sans revenu et sans ressource ! Il ne s’agit donc plus seulement d’un marasme économiquedramatique, il s’agit maintenant d’une possible famine dans certaines franges de la population.

  • Sur le site officiel du Comte de Paris : Confinement – Journal de Bord – Semaine 5.

    Le message Pascal de Monseigneur le comte de Paris

    J’espère que ce message vous trouve en bonne santé, vous-mêmes, vos familles et vos proches.

    Confiné comme tous les Français, ce que je retire de ce mois, c’est un peu l’histoire du bocal qu’on a trop souvent rempli avec du sable et dans lequel on ne peut plus mettre de cailloux, ni les petits et encore moins les gros. Si en revanche on commence par y déposer les gros cailloux, il reste toujours de la place pour les plus petits, et le sable. Les gros cailloux sont les choses importantes : la famille, les amis, l’école, le travail, la religion. Les petits cailloux les choses moins importantes : la maison, les vacances, les loisirs. Le sable les choses plus futiles.

    Le confinement m’a permis de remettre au centre de mes préoccupations les choses importantes.

    D’abord, vivre avec plus d’intensité la vie de famille, en étant plus attentif à certains de ses membres plus éloignés dont on demande parfois moins de nouvelles. J’ai pesé aussi la chance que j’avais de vivre dans un pays où en période normale, nous pouvons aller et venir avec beaucoup de liberté. Enfin, pour moi qui suis chrétien, j’ai essayé de vivre plus profondément cette Semaine Sainte et cette fête de Pâques. C’est d’ailleurs souvent lorsque les choses nous manquent que nous en réalisons la valeur.

    Cette période grave m’a également permis de réfléchir à la façon dont la crise à été gérée, pour essayer de discerner les tendances fortes, notamment quelles sont les structures indispensables au bon gouvernement des personnes et des choses.

    La crise nous montre d’abord que l’État et ses services, dès lors qu’ils se sont mobilisés, sont rapidement redevenus des fondamentaux dans la prise de décision. Les préfets et sous-préfets se sont révélés cruciaux pour assurer la continuité des décisions de l’État. Pour permettre un lien avec les citoyens, l’échelon des maires s’est lui aussi avéré indispensable : qui connaît mieux ses administrés que le maire ? Enfin, certaines autorités morales ont aussi servi de relais, souvent auprès de ceux qui se sentent exclus de la société.

    De leur coté les institutions supranationales ont manqué le coche. Elles n’ont prouvé ni leur utilité ni leur inutilité, ce qui m’amène à penser que leur rôle et leur nature doivent être redéfinis pour permettre une meilleure coopération et coordination, sans se substituer aux États comme elles ont tendance à le faire aujourd’hui.

    Nous nous apprêtons aussi à traverser une grave période de crise économique. Nous aurons besoin de toutes nos qualités pour la surmonter. Nos institutions devront être des facilitateurs. Le pourront-elles ? Sans doute. Le voudront-elles ? Je ne sais !

    Sans la force de caractère des Français, nous serions encore coincés au milieu du tunnel. Le peuple de France est un peuple courageux qui se révèle souvent dans l’adversité. On le voit dans plusieurs initiatives que de simples citoyens ont prises, comme ce médecin de l’hôpital de Dreux qui a pu mobiliser les bonnes volontés pour la confection de blouses ou encore ce jeune garçon qui fabrique des masques chez lui pour les distribuer à l’hôpital voisin.

    Notre peuple de France en a vu d’autres! Il s’est toujours remis, en faisant confiance à ceux qui aiment notre pays et qui le servent.

    Il faut déjà panser les plaies pour penser à l’après. Le chemin ne sera pas facile. Il sera sans doute plus long que souhaité. Mais nous avancerons comme nous avons toujours su le faire. En nous appuyant sur les forces vives de notre pays. Et surtout en vue du bien commun de notre pays qui est la condition du bien des Français.

    En cette période particulière pour chacun d’entre nous, permettez moi de vous souhaiter une belle fête de Pâques. Que nos saints patrons veillent bien sur nous, que Saint Michel et Saint Louis protègent notre pays et nous donnent du courage dans les efforts à venir.

     

    Photo : le comte et la comtesse de Paris et les enfants de France en ce jour de Pâques au domaine royal de Dreux

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    Jean, Comte de Paris

    Domaine Royal, le 12 avril 2020

    https://comtedeparis.com/

  • La réouverture du Puy du Fou les rend tous dingues !, par Gabrielle Cluzel.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Ainsi donc, le , grâce à la pugnacité de son fondateur Philippe de Villiers (qui a aussi servi les autres parcs en zone verte), rouvrira ses portes le 11 juin.

    Le Grand Parc n’a jamais si bien porté son nom que ces derniers jours : il les rend tous dingues. Libération s’indigne de ce « fait du prince » – Emmanuel Macron a pesé de tout son poids dans la balance contre l’avis d’Édouard Philippe – permettant de libérer le « célèbre parc à thème médiévo-zemmourien » (sic), que certains auraient bien confiné jusqu’à la nuit des temps.

    1.jpegLe journaliste de Libération, Sylvain Chazot, se sent trahi et écrase une larme amère sur Twitter : « Quel bonheur de voir que le barrage à l’extrême droite a permis d’élire un Président qui échange des SMS trop choupi avec Philippe de Villiers et appelle Éric Zemmour pour lui apporter son soutien. » De là à penser qu’Emmanuel Macron est un sous-marin réactionnaire qui cache (vachement) bien son jeu pervers… la gauche complotiste est en ébullition.

    De son côté, l’ineffable Frédéric Martel martèle sa colère contre le traitement de faveur dont ferait l’objet le « ringardissime Puy du Fou ». Parce que son employeur France Culture est, comme chacun sait, une radio d’une jeunesse ébouriffante très prisée par les 15-18 ans. Parce que les plus de 2,3 millions de visiteurs annuels du Puy du Fou – qui ont fait de lui le deuxième parc à thèmes français, couronné par de multiples récompenses internationales jusqu’à hisser Philippe de Villiers au rang de Walt Disney français – sont, bien sûr, de vieilles choses décrépies progressant avec difficulté en déambulateur. Mais comment grimpent-ils sur les gradins ?

    « Outil de propagande », « machine à endoctriner », « discours et imageries islamophobes, antisémites, racistes, ultra-nationalistes et catholiques intégristes »… les gentillesses, d’une grande finesse, pleuvent sur les réseaux sociaux. Exit la fibre de gauche humaniste qui devrait se réjouir d’une grande réussite fondée sur le localisme, moteur et locomotive de tout un département, faisant vivre 2.000 salariés dont de nombreux intermittents du spectacle. Célébrer l’Histoire de France quand il ne faudrait en parler que pour l’accabler, oser évoquer la chrétienté et la royauté qui lui sont consubstantielles, rassembler dans le même émerveillement toutes les générations, accueillir les familles à l’unisson, faire rêver, faire aimer, faire vibrer, faire frissonner d’émotion et de fierté… Certains espéraient sans doute que le coronavirus aurait au moins le bon goût d’éradiquer toutes ces monstruosités.

    On aurait pu installer à sa place le Grand Parc de la diversité, où des intermittent·e·s à cheveux bleus et piercing dans le nez célébreraient l’arrivée de l’écriture inclusive en déclamant des extraits de Christine Angot campé·e·s sur le plug anal… Il faudrait, bien sûr, le subventionner jusqu’au trognon et faire venir en rangs serrés, pour faire semblant de le remplir, un public scolaire contraint et forcé passablement grognon. On l’appellerait le puits (sans fond) du four.

    Mais ce ratage patent serait gage de sa grande qualité artistique. Quand le Puy du Fou populaire, donc populiste, petit miracle économique, attirant les ploucs et les bouseux de la France périphérique, donc exhalant des odeurs méphitiques, est une anomalie du paysage culturel français devenu exclusivement idéologique.

    En quelques heures, le hashtag #PuyDuFou est monté sur les réseaux sociaux, offrant en creux une publicité gratuite on ne peut plus séduisante. Un peu comme lorsque Télérama descend en flèche un film au cinéma… Merci, les gars, de ce conseil précieux, c’est décidé, on réserve de ce pas et on y va !

  • Livres & Actualité • 1984 ou l’Europe de Maastricht

     

    thUKZO41O8.jpgLECTURE - Michel Onfray a relu « La Ferme des animaux » et « 1984 », de George Orwell. Il en a tiré une Théorie de la dictature (Robert Laffont, 2019) qui n’est pas sans rappeler notre époque.[Le Figaro du 16.05]. Un article intéressant. Sur un livre à lire certainement.  LFAR 

    Par Alexandre Devecchio

    2192914029.jpgEn 2008, dans Orwell, anarchiste tory, le philosophe Jean-Claude Michéa analysait la pensée politique du grand écrivain britannique à travers une relecture incisive de ses essais.

    Onze ans plus tard, c’est un autre philosophe de la France périphérique, Michel Onfray, qui entreprend de se pencher sur l’œuvre de George Orwell. Il le fait, lui, par le biais de ses deux ouvrages les plus célèbres: La Ferme des animaux, allégorie grinçante de la révolution bolchevique et surtout 1984, roman d’anticipation plongeant le lecteur dans un avenir totalitaire. Publiés respectivement en 1945 et 1949, ces deux classiques de la littérature donnent à penser les totalitarismes national-socialiste et marxiste-léniniste. Après la chute du mur de Berlin, ces deux œuvres semblaient avoir perdu de leur actualité. Mais, dans Théorie de la dictature, Michel Onfray pose l’hypothèse qu’elles permettent au contraire de concevoir, au-delà des contingences historiques, une forme pure de totalitarisme. Et si 1984, c’était maintenant ?

    Selon Onfray, à travers ces deux romans, Orwell a imaginé une véritable théorie universelle de la dictature. Une théorie en 7 points que l’auteur de Décadence cherche à rapprocher de notre époque. Voici son raisonnement. 1er point: la liberté malmenée. Qui niera que nous n’avons jamais été aussi surveillés, fichés, archivés? Les GAFA ne dépassent-ils pas le Big Brother imaginé par Orwell? 2e point: la langue attaquée. Orwell avait inventé la novlangue.

    Nous avons l’écriture inclusive et la nouvelle sémantique inspirée du politiquement correct. 3e point: la vérité abolie. Foucault et Deleuze ont conceptualisé la «mort de la vérité». Trump, leur enfant, la post-vérité. 4e point : l’histoire instrumentalisée. Peut-on aujourd’hui travailler sereinement sur l’esclavage, les croisades, la France de Vichy, la colonisation, l’Algérie? 5e point: la nature est effacée. La théorie du genre tend à abolir la frontière entre le masculin et le féminin. Etre une fille ou un garçon n’est plus qu’un stéréotype à déconstruire. 6e point: la haine est encouragée. Qui a déjà observé le fonctionnement des réseaux sociaux sait que les «deux minutes de la haine quotidienne» de 1984 ne sont plus de la science-fiction. 7e point: aspirer à l’empire. Onfray rappelle, à juste titre, que les deux guerres mondiales furent moins des guerres entre nations qu’entre empires. Pour lui, le nouvel empire, c’est l’Etat maastrichtien, qui a voulu la fin des nations pour mieux affaiblir la démocratie et gouverner sans les peuples.

    La comparaison d’Onfray n’est pas sans outrance. Chaque point pourrait être nuancé, contredit parfois. Rappelons, en outre, cette évidence: l’Union soviétique a fait des millions de morts. L’Union européenne, aucun. Reste qu’il y a, dans les poussées totalitaires décrites par Onfray, une alerte à prendre au sérieux: celle, vieille comme l’antique, de la servitude volontaire. Souvenons-nous de ce que prophétisait un autre grand auteur d’anticipation britannique, Aldous Huxley, à la même période que George Orwell, dans Le Meilleur des mondes: «Un État totalitaire vraiment efficient serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques aurait la haute main sur une population d’esclaves qu’il serait inutile de contraindre, parce qu’ils auraient l’amour de leur servitude.»    

    1630167502.jpgXVM8d8b71a4-8f2b-11e7-b660-ef712dd9935a-150x200.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

     

    Alexandre Devecchio