UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Cruella.

    1.jpg

     

     

    A l’affiche : Cruella, un film américain de Craig Gillespie, avec Emma Stone (Estella / Cruella), Emma Thompson (la baronne von Hellman), Joël Fry (Jasper) et Paul Walter Hauser (Horace).

    guilhem de tarlé.jpg« VENGEANCE ! VENGEANCE ! VENGEANCE ! »

    On se rappelle la fureur du capitaine Haddock, au puits de Kefheïr, quand un tir des pillards Berabers a fait exploser sa bouteille.

    La vengeance est le sujet de cette comédie magistralement interprétée par les deux actrices têtes d’affiche. Mon épouse était très attirée par Emma Thompson mais la bande annonce déjantée nous rebutait.
    Cruella, un bon film ?  qui l’eut cru ?
    Il est vrai que nous avions déjà apprécié, du même réalisateur, le biopic Moi Tonya (2018) sur la patineuse artistique Tonya Harding.
    Nous remercions notre nièce qui nous a convaincus de passer une « bonne soirée » entre Cruella et la Baronne, dont on imagine qu’elles ont dû follement s’amuser pendant le tournage, sans oublier les deux comparses. A noter aussi une excellente Bande son, rajeunissante.

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 500 autres sur mon blog Je ciné mate.

    Pour mémoire :  palmarès des films vus au cinéma en 2020 et 2021

  • Prince Jean de France : « Les 130 ans des Troupes de Montagne »

    Pour ces 130 ans, Prise d'armes à Grenoble. © Dauphiné Libéré

     

    2293089609.7.jpg

    Tout au long du mois de juin les Troupes de Montagne ont fêté leurs 130 ans.
     
    Plusieurs événements, dont une soirée de gala, ont marqué ces commémorations célébrées à Grenoble le jour de la Saint Bernard, patron des montagnards.
     
    J’y accompagnais mon régiment, le 4ème RDC, et ma soeur Marie son bataillon, le 7ème BCA. Nous nous sommes retrouvés autour du « Premier Salon des Artistes des Troupes de Montagne », où elle exposait, parmi d’autres, l’une de ses toiles. Puis autour d’une collation, nous avons pu échanger avec les officiels et les artistes, dans cet esprit de cordiale amitié qui caractérise les Troupes de Montagne.
     
    Quelques semaines plus tôt, j’étais à Gap pour fêter avec le 4ème RDC, la Saint Georges, patron des cavaliers.
     
    À mon arrivée, j’étais pris en charge par les lieutenants du régiment, pour un dîner en ville. Le lendemain, nous parcourions 16 kilomètres de chemins de montagne avec près de 700 mètres de dénivelé. C’est vrai que l’important est de participer; mais il va falloir que je m’entraîne un peu plus pour la prochaine fois ! La journée, agrémentée d’épreuves où les différents escadrons se sont mesurés les uns aux autres, s’est terminée par une collation avec les blessés du régiment. Le second jour, nous avons commencé par la messe à la cathédrale de Gap en présence de Monseigneur l’Évêque. Puis nous avons enchainé avec la commémoration aux morts, la Prise d’armes et le défilé. Cette journée mémorable s’est terminée autour d’un repas de corps où le Colonel de Thieulloy me remettait la « tarte » du régiment.
     
    Un signe marquant la relation toujours plus forte entre le 4ème Régiment de Chasseurs et son Prince.  

    20180531_Trail-de-la-Saint-Georges-c-4è-Régiment-de-Chasseurs.jpg

    Le trail de la Saint Georges © 4e Régiment de Chasseurs  

      

    Domaine Royal de Dreux, le 26 juin 2018

    Jean de France, duc de Vendôme

     

    Le site officiel du Prince Jean de France

  • Education • L’effet Jean-Michel Blanquer

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpg

    Pardon de mon ignorance, mais lorsque fut annoncée la liste du gouvernement d’Édouard Philippe, le nom de Jean-Michel Blanquer m’était inconnu. Fort heureusement, il me fut signalé sur le champ que sa nomination comme ministre de l’Éducation nationale pourrait être la meilleure bonne surprise de cette nouvelle équipe appelée à gouverner le pays. N’avait-elle pas provoqué une mimique singulière de réprobation de la précédente titulaire de la rue de Grenelle, Najat Vallaud-Belkacem ? Ce pouvait être le signal que quelque chose d’essentiel se préparait. Et de fait, depuis lors, tout ce qui s’annonce par la voix du ministre paraît décisif pour un véritable redressement de notre système scolaire. Je sais que Jean-Michel Blanquer a ses adversaires qui dénoncent un retournement total par rapport au projet d’après-guerre qui voulait promouvoir le plus grand nombre possible grâce à un modèle unique, capable de réduire les inégalités.

    Mais cette objection n’arrive pas à me convaincre, car je ne crois pas du tout que ce système ait contribué à réduire les inégalités. Il a abouti, au contraire, à enfermer dans l’échec ou à conduire sur des voies de garage un nombre considérable de jeunes, alors que la culture générale de l’ensemble s’affaiblissait. Pour notre système, les évaluations auxquelles procèdent les enquêtes internationales se sont révélées cruelles. Alors, un homme qui à lui seul prend, si j’ose dire, le taureau par les cornes pour nous tirer de la spirale de l’échec, est par définition estimable.

    Je serais incapable de faire une synthèse des inflexions voulues par le ministre, qui s’accumulent de semaine en semaine. Nous en sommes, en ce moment, à la réforme du baccalauréat, un très gros dossier. Je n’en retiens qu’un détail significatif, qui concerne la philosophie. Celle-ci est définie par le rapport Mathiot, qui inspire l’esprit et les lignes de force de cette réforme, comme « une épreuve universelle ». Pour moi, c’est une excellente nouvelle, même si on peut s’interroger sur la façon dont on pourra éveiller l’intérêt des jeunes gens pour une réflexion fondamentale, que le naufrage de la culture générale a sabordé. Le principal, c’est que se réveille le désir de cette réflexion qui ouvre au sens et au goût de la vie.   

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 14 février 2018

  • SYLVIE TAUSSIG SOULÈVE LE COIN DU VOILE D’UN ISLAM SANS HOMMES…

    2222227622.jpg

    Sylvie Taussig, femme-Protée ?

    https_proxy.jpgSans doute, car, jeune encore, et pourvue de deux enfants de moins de dix ans, voyageant en sa compagnie aux antipodes, elle a su nous captiver en nous parlant tour à tour de Gassendi, de Richelieu, de l’islamisation de la France (et de celle de l’Amérique du Sud catholique), et aussi écrire des romans-jungle, ne sacrifiant à aucune mode connue… 

    Femme savante, donc ?

    isabelle_lenormand_1_0.jpgOui. Certainement mais pas au sens moliéresque de l’expression, plutôt tirant vers George Sand, Colette, Hannah Arendt voire Alexandra David-Neel (mais avec les Andes incaïques en place du Tibet lamaïque) [Photo]. Dame Sylvie, c’est un peu tout ça mais ne nous hâtons pas de la classer dans telle ou telle niche car, ayant commencé toute jeunette son cursus intellectuel, elle est loin sans doute d’avoir atteint son aboutissement.

    Suivons-la à travers ses écrits, dans les librairies, sur la Toile ou sur le fameux site australien « The Conversation ». 

    C’est de là que nous avons extrait cette plongée surprenante dans l’Islam au féminin. Chose précieuse en ces temps d’Islamophobie (généralement fantasmée) et d’Islamomanie (bien souvent réelle), Taussig a innové en se mettant dans la case quasi-vide de l’Islamoneutralité, celle où devraient se retrouver orientalistes arabisants ou islamologues pour lesquels la neutralité est bien aujourd’hui, hélas, la chose du monde la moins bien partagée.  ■  

    Voir aussi dans Lafautearousseau ...

    De Péroncel-Hugoz : Sylvie TAUSSIG, de Gassendi à l’islamisation via le roman moderne et Richelieu…
    Quand l’islam 2.0 fascine les Latino-américaines [1] et [2]
  • La révolution copernicienne de l'enseignement, par Jean-François Mattéi (IV/V)

     

    2 La rupture du pacte pédagogique

     

            Dès lors que la tâche de l’école est d’accompagner un double processus vital et social, et non de conduire une action intellectuelle qui vise une tout autre fin, c’est-à-dire l’humanisation de l’homme, le « pathos de la nouveauté » que dénonçait Hannah Arendt dans l’éducation contemporaine prend la forme d’une idéologie de la rupture. Elle ne peut plus reconnaître la vérité de ce que Léo Strauss appelait, dans une lignée kantienne, l’éducation libérale : « L’éducation libérale est une éducation qui cultive ou une éducation qui a pour fin la culture. Le produit fini d’une éducation libérale est un être humain cultivé » (9).

            L’idéologie nouvelle, en rompant délibérément avec l’idée de « fin », dénoue par conséquent, l’un après l’autre, les liens qui unissaient l’enfant à l’école en un même pacte pédagogique :

    a. le lien avec l’élève

            L’enfant n’est plus considéré comme un être à « élever » que le maître devrait hausser progressivement vers les connaissances qui l’ouvriront à son humanité. Réduit à un processus social déterminé par des procédures éducatives, il devient un « apprenant » anonyme dont le statut scolaire lui accorde des droits de type démocratique – même si, théoriquement, il demeure mineur – et lui reconnaît les pouvoirs d’un « usager ». Or, éduquer un enfant, c’est l’élever vers l’homme, ou plutôt le hausser vers la véritable idée de l’homme qu’aucun de nous n’atteint jamais : le sens obvie du mot « élève », en français, est suffisamment clair à cet égard.

            On sait qu’à Rome, le père légitimait son enfant le jour du dies lustricus en le soulevant de terre (tollere filium) et en le tenant dans ses bras ; il marquait par ce geste son intention de l’élever pour en faire un homme. Au-delà de cette reconnaissance symbolique, l’éducation est une élévation d’ordre spirituel vers une fin transcendante, et l’accroissement de connaissance trouve son analogie dans l’accroissement de taille qui fera du petit d’homme ce qu’il nomme spontanément une « grande » personne. Enfin, de même que l’enfant devra devenir grand et assumer sa taille, l’élève devra devenir maître de lui-même et assumer ses connaissances aussi bien que ses actes.



    b. le lien avec le maître

            Le magister, celui qui par définition en sait « plus », magis, est sommé de s’effacer devant l’enfant pour ne pas contrarier sa spontanéité dans son « lieu de vie » compris comme un espace de convivialité. Il se contente d’aider l’« apprenant » en tant qu’animateur du « groupe-classe », sans rien lui imposer, et sans nul souci des remarques de Kant : « L’être inculte est grossier, l’indiscipliné est violent. La négligence de la discipline est un mal plus grand que la négligence de la culture » (10). Il en résulte que le devoir d’éducation impose la présence d’un maître qui forme l’être encore inculte. Rousseau soulignait que le maître ne doit pas proposer à l’élève ce qui est pour lui faisable, argument paresseux qui revient à faire ce que l’on a déjà fait et, par conséquent, à soumettre le droit au fait, mais de lui proposer ce qui est bon.
            On ne peut confondre cette adaptation morale avec l’adaptation sociale ; elle témoigne de la perfectibilité de l’homme dont parlait Rousseau, qui inspirera la dignité de l’humanité dont s’inspirait Kant. Dès lors, le devoir d’éducation légitimé par le discours du maître n’est rien d’autre que la découverte de la nature essentielle de l’homme qui doit le porter plus haut que cette nature elle-même. L’éducation est le principe d’identité de l’humanité qui conquiert son autonomie à travers le dépassement de son animalité. Et parce que le concept d’humanité est générique, l’éducation témoigne d’une exigence proprement universelle.




    c. le lien avec le savoir

            La connaissance n’est plus située au centre du système éducatif pour évoquer la relation de l’homme au monde. C’est désormais l’enfant qui est au « centre » de la scène pédagogique. Là, il règne sans partage, en roitelet de fortune, sans conseiller ni maître. On oublie que l’élève n’est qu’un voyageur passager, privé de bagage initial, alors que l’éducation a pour fin de transmettre un ensemble de connaissances et de principes permanents qui adapteront l’élève au monde édifié par la culture. Montaigne disait dans ses Essais ne pas peindre l’être, mais le passage. Mais on ne saurait enseigner un passager sans le support d’un être qui, lui, ne passe pas : l’école.
            C’est là que l’enfant va s’arracher à sa singularité pour découvrir l’universel et obéir au commandement de Rousseau : « Hommes, soyez humains, c’est votre premier devoir. Soyez-le pour tous les états, pour tous les âges, pour tout ce qui n’est pas étranger à l’homme » (11). Par la seule éducation, l’homme, à lui-même sa propre fin, devient ainsi ce qu’il doit être, et trouve dans la maturation du temps le sens d’une existence tendue vers l’achèvement de ce qui restera à jamais inachevé. Il en résulte que c’est bien « l’homme abstrait », pour Rousseau, ou « l’idée de l’humanité », pour Kant, qui, en tant que modèle idéal de la pédagogie, donne à chacun des hommes réels le sentiment de la dignité humaine, laquelle se manifeste dans l’existence par le mouvement éducatif à travers l’histoire.
     




    d. le lien avec la substance de l’enseignement

            Pour satisfaire le besoin transactionnel de la pédagogie, on a remplacé les fins de la connaissance par des procédures centrées sur des objectifs limités. Le learning by doing de Dewey, compris comme learning by living, avait substitué le « faire » à l’« apprendre » pour mieux éviter le learning by thinking.

            Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Dans L’École, mode d’emploi, Philippe Meirieu, directeur de l’Institut National de Recherche Pédagogique en 1998, avançait que ce qui fait « l’efficacité scolaire d’un élève », c’est ce qu’il nommait « sa capacité à stabiliser des procédures dans des processus », expression que l’auteur lui-même trouvait « un peu barbare » (12). Mais l’éducation ne saurait se limiter à des pratiques procédurales ; elle exige des contenus substantiels, c’est-à-dire la visée de fins. Une fin est une idée régulatrice de la raison qui commande l’expérience au lieu de se soumettre à elle. On ne saurait la réduire à un simple objectif, entendons à une réalité limitée qui s’accomplirait en suivant la procédure correcte. Définir l’enseignement par ses objectifs et l’éducation par ses programmes est une attitude pédagogiquement et politiquement correcte, ce n’est pas pour autant une attitude pédagogiquement vraie. La correction est une qualité du comportement qui se ramène aux procédures nécessaires pour résoudre un problème donné ; la vérité n’est pas affaire de procédure, et ne dépend pas d’une adéquation des moyens à un objectif déterminé.
     




    e. le lien avec la fin suprême de l’éducation

            Il s’agit bien de former un homme, et non un individu fonctionnel défini par une série de processus pédagogiques, administratifs ou sociaux. La vérité de la pédagogie, qui tient à la fin qu’elle se propose plus qu’aux moyens qu’elle utilise, ne se réduit pas à ce qui paraît pédagogiquement correct, car la correction n’est en aucun cas la vérité. Kant a suffisamment établi que « l’homme ne peut devenir homme que par l’éducation » car « il n’est rien que ce que l’éducation fait de lui ». Or l’homme, ajoute-t-il, « ne reçoit son éducation que d’autres hommes, éduqués par les mêmes voies » (13), selon un appel vers l’extériorité qui dénonce à l’avance l’indigence du slogan moderne : « l’élève au centre du système éducatif ». Comme l’a souligné Hannah Arendt, en faisant fond sur saint Augustin, l’homme est cet initium qui a été créé pour qu’il commence une action dans le temps en faisant usage de sa volonté. Mais commencer une action, c’est en viser nécessairement le terme et assurer la continuité de la fin et du commencement, ce qui est l’achèvement même de l’éducation. « Avec l’homme créé à l’image de Dieu, est arrivé dans le monde un être qui, du fait qu’il était commencement courant vers une fin, pouvait être doté de capacités de vouloir et de non-vouloir » (14).

            Ces cinq ruptures envers la tradition se ramènent à la thèse absurde d’une éducation concentrée sur l’enfant, et non excentrée sur la connaissance, c’est à- dire à la thèse encore plus absurde d’un enfant qui, pour s’éduquer, devrait se recentrer sur lui-même.

            Pour dissiper cette illusion pédagogiste, il faudrait entreprendre une véritable révolution copernicienne de l’éducation : ce ne sont pas les connaissances objectives qui tournent autour du sujet, mais bien le sujet qui tourne autour des connaissances objectives, lesquelles diffusent alors leurs lumières.
    Bien des pédagogues contemporains se réclament, pour justifier ce prétendu centrage de l’élève sur lui-même, de Rousseau et de Comenius. Mais ils dissimulent soigneusement, chez le premier auteur, l’autorité du maître, incarnée, dans son extériorité absolue, par le pédagogue d’Émile. Certes, la première éducation pour Jean-Jacques doit être purement négative en empêchant le vice et l’erreur de pénétrer dans le coeur et l’esprit de l’enfant. Certes, encore, le maître doit permettre au germe du caractère de l’élève de se montrer en pleine liberté en laissant mûrir l’enfance dans l’enfant.
    Mais devra-t-il laisser aller le mûrissement jusqu’au pourrissement sans jamais lui apporter les soins que l’enfant est incapable d’acquérir seul ?

            Les principes éducatifs comme les expériences que son précepteur impose à Émile
    ne proviennent à aucun moment de l’élève lui-même : ils viennent « de la nature, ou des hommes, ou des choses », c’est-à-dire de « trois sortes de maîtres » (15) étrangers à l’enfant au moment même où il entre en pédagogie. Il en va de l’éducation comme de la vérité. Celle-ci, comme le montre le dialogue entre Socrate et Théétète, ne provient pas du jeune homme ou du maïeuticien qui réussit à l’en délivrer. Le dieu seul en est l’auteur, selon
    Platon, et ce dieu, seul le savoir peut nous orienter vers lui à travers le lent cheminement de la dialectique (16).

     




            Les pédagogues modernes ont, de façon parallèle, occulté les principes pédagogiques fondamentaux de Comenius quand ils prétendaient s’inspirer de lui. Son grand ouvrage, le Labyrinthe du monde et le paradis du coeur, en 1623, établissait que l’homme vit dans le régime de la séparation et de la confusion, sur le mode de l’exil, en ayant perdu tout espoir de retrouver sa ressemblance originelle avec Dieu. Le labyrinthe de l’homme et de l’existence a inversé toutes les perspectives pour aboutir à ce que le philosophe tchèque nommait l’« âme fermée », celle qui a perdu le centrum securitatis, le « centre de la sécurité » qu’est Dieu. L’éducation de Comenius avait alors pour fin, non pas d’instaurer on ne sait quelle égalité sociale, en laissant l’enfant se rapporter à son propre centre sans rien lui imposer, mais de forger cette « âme ouverte » qui est le seul salut de l’homme.

            Éduquer n’est donc pas une fonction sociale, mais bien un devoir sacré qui permet à chaque homme d’accéder par ses efforts à la conjonction de l’humanité, du monde et de Dieu. Il en résulte que l’éducation universelle du penseur tchèque, la Pampedia, était la réalisation des fins dernières qui permet d’élever tous les hommes à l’humanité. Rien ici qui évoque, si peu que ce soit, les libres dispositions d’un sujet dispensé, dans son idiosyncrasie native, de l’ouverture sur l’extériorité naturelle de toute éducation. Pour Comenius, l’enfant à l’origine n’était « rien », sinon « une matière informe et brute » (17)
    qui devra être conduite par le maître vers l’humanité. Tous les hommes avancent ainsi, sous la conduite des autres hommes, pas à pas, gravissant « marche après marche » l’escalier qui permet d’approcher sans jamais pourtant atteindre « l’étape suprême » : l’accession à l’éternité !

            À défaut d’une éternité que la pédagogie moderne a évacuée au profit d’un présent immédiat, l’éducation a pour tâche de permettre à l’homme de s’adapter à la permanence du monde, comme le soulignait Hannah Arendt, et non à la fugacité des élèves ou aux aléas des modes. Elle lui permet ainsi, en sollicitant son esprit critique, de conquérir et d’augmenter son humanité dans la maîtrise des savoirs et des œuvres. Telle est bien, en son sens premier, l’autorité de l’acte éducatifqui a été contestée et mise à mal par des méthodes pédagogiques hors de tout bon sens. L’« auteur », auctor, est étymologiquement celui qui « augmente », qui « pousse à agir » et qui « garantit de son autorité », augere, ceux qui lui sont confiés, lecteurs ou auditeurs.
            La suppression de l’autorit
  • Autour du prince Jean ! : A mi parcours, faisons une pause à Versailles, où les deux branches de la famille des Bourbons

    Copie de Timbre bis RVB.png            Nous voici arrivés au terme de la première étape de notre préparation à la Fête de Senlis et de Chantilly. Nous donnerons, lundi, le programme de la deuxième étape, qui sera différente mais complémentaire de la première. Mais il n'est peut-être pas inutile de s'arrêter un moment, à ce stade de notre préparation, et de récapituler notre démarche déjà effectuée, avant de préciser celle qui va l'être.

                Depuis le 2 mars, la première question à laquelle nous avons essayé de répondre a été celle-ci : Pourquoi s’intéresser et croire en cette famille, et pas en une autre ? Pourquoi Jean et pas X, Y ou Z ? Et nous avons vu qu'on ne peut répondre à cette question qu’en remontant aux racines, à la source : nous ne sommes pas comme ces révolutionnaires qui veulent du passé faire table rase, mais bien au contraire, pour nous, la France ne peut se concevoir et se comprendre sans ses racines, fussent-elles lointaines. Pas plus qu’une maison n’existe sans ses fondations, par définition invisibles, mais qui sont pourtant la base et la condition de tout l’ouvrage.

                 Et c’est, fort logiquement, dans notre Histoire que nous avons découvert les sources de la légitimité de la Famille de France…; et, comme le disait Chateaubriand, "la necessité de se rallier à nos princes légitimes, pour le bonheur de la France et celui de l'Europe". 

                Ensuite, nous nous sommes rendus à Senlis puis à Chantilly. Et nous avons essayé d’expliquer et de montrer en quoi ces deux lieux sont hautement symboliques, d’un point de vue historique et politique, mais aussi comment ils renferment des trésors d’Art et de Culture qui font honneur au nom français. Les divers membres de la famille royale y sont évidemment pour quelque chose, illustrant par là que cette monarchie pour laquelle nous luttons est bien plus qu’une simple forme, une simple technique de gouvernement : elle s’est toujours fixé comme objectif de mener une authentique politique de civilisation, c’est-à-dire de guider le peuple à travers ses élites vers la Beauté. Le roi n'est pas seulement là pour gérer et administrer des populations, il est là aussi, il est là surtout, pour guider ce peuple vers le Vrai, le Beau et le Bien.....

                Justement : après avoir conclu notre première étape, et avant d'entamer, lundi, la seconde, il nous a paru opportun de nous arrêter quelques instants sur un exemple éloquent de cette politique de civilisation et, dans une sorte de pause entre ces deux moments, de considérer ce qu'il y a de grandiose dans l'un des plus parfaits monuments que les rois nous ont légués.

                 Et de le faire dans l'état d'esprit du Prince Jean. Lors de son déplacement dans le Maine, il a livré ce qu'il appelle lui-même cette "confidence" à ses amis : "Et voici maintenant une deuxième confidence : oui, j’ai été très ému de visiter le musée Jean Chouan. Quel héroïsme, quelle fidélité !… ..Il m’est arrivé de faire avec mon frère, au temps de notre adolescence, des pèlerinages dans la Vendée militaire.... sur le tombeau de Bonchamp à Saint Florent-le-Vieil.... C’était par hasard et pourtant ce n’était pas un hasard. C’est vous dire à quel point j’ai compris - mieux : j’ai senti - la secrète force de la vieille France. Eh bien donc, la voici, ma confidence : c’est qu’il relève de ma mission, j’allais dire de ma vocation, de projeter cette force secrète du passé en force vive d’avenir."

                L'expression est heureuse: projeter la force secrète du passé en force vive d'avenir !

                Il ne sera donc surprenant qu'en apparence de faire cette halte aujourd'hui. Comme on l'a dit souvent, les arbres qui montent le plus haut dans le ciel sont ceux qui poussent leurs racines le plus profondément dans le sol. Et, pour nous, l'exaltation constante de nos Racines n'est jamais un passéisme, mais au contraire un ressourcement permanent dans tout ce qui nous a fait ce que nous sommes, afin d'y puiser l'inspiration nécessaire pour affronter les défis d'aujourd'hui et de demain.

                Allons à Versailles, où nous trouverons réunies les ombres des deux branches de la famille des Bourbons, car, si Louis XIV l'a construit, Louis-Philippe, on le sait, l'a sauvé. Et considérons cet extra-ordinaire poème qu'y a composé Louis XIV, que la fureur révolutionnaire n'a pas réussi à détruire, et que Louis-Philippe a voulu consacrer, en le sauvant, "A toutes les gloires de la France"....

                On le sait, dans nos Ephémérides nous essayons, jour après jour, de montrer la France. C'est-à-dire d'évoquer quotidiennement les personnes et les faits qui l'ont façonnée et qui, en en faisant ce qu'elle est devenue, ont fait qu'elle a "etonné le monde" pour reprendre le propos de Jean Dutourd. Ce qui fait que nous évoquons, évidemment, Bayard, Richelieu ou la Guerre de Cent ans, mais aussi la création d'Arianespace, le Viaduc de Millau, les Parcs nationaux, les découvertes scientifiques ou les Prix Nobel de toutes disciplines... et tant d'autres choses !...

                Le 28 avril prochain, nous avions prévu d'expliquer, dans ces Ephémérides, ce qu'avait voulu faire Louis XIV à Versailles. Là aussi, non pas pour ressasser perpétuellement d'anciennes gloires passées, mais pour maintenir et poursuivre un esprit, une idée, une attitude qui, étant celles de nos ancêtres, sont le mieux à même de continuer, demain, à nous guider dans un monde où nous assaillent de plus en plus les dangers de l'uniformisation et de l'indifférenciation.

                Voici donc, en avant-première si l'on peut dire, à travers cet Ephéméride que vous retrouverez le 28 avril, cet exemple de politique de civilisation qu'est Versailles. Une visite qui nous permettra par ailleurs, comme nous l'avons dit plus haut, de mesurer l'action de Louis XIV, qui l'a construit, et celle de Louis-Philippe, qui l'a sauvé, les deux branches de la famille étant ainsi réunies pour le meilleur service possible rendu non seulement à la France mais au monde entier et à la Civilisation, Versailles faisant évidemment partie du Patrimoine mondial de l'Humanité.....

                                                                                ----------------------------------------

    Ephéméride du 28 Avril : Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien …

    VERSAILLES.JPG

              

    1660 : Louis XIV emmène sa jeune épouse, Marie-Thérèse, a Versailles.

     

              Il s'en faut de beaucoup que le château ressemble à ce qu'il devait devenir, ni même qu'il soit simplement habitable. Pourtant, le jeune Roi sait très bien ce qu'il va édifier là : le palais du soleil, un triple poème, humaniste, politique et chrétien.

              Tâchons d'entrer dans les pensées du Roi, de suivre son idée conductrice, et nous verrons alors tout l'ensemble, palais et jardins confondus parcequ'indissociables, obéir à une pensée profonde, en même temps qu'ils nous la révèleront.....

              Versailles n'obéit pas seulement à un plan architectural, mais se rattache à toute une tradition symbolique. C'est un hymne à la lumière ordonnatrice. Ici, plus qu'ailleurs, l'orientation donne tout son sens au monument. Voilà pourquoi à Versailles il faut, en tout, se reporter constamment au grand axe royal Est -Ouest.

              Perdons cela de vue, et l'on ne verra qu'un palais de plus, peut-être un peu plus grand, un peu plus beau, un peu plus richement décoré que les autres; mais pas vraiment différent d'eux.

             Au contraire, suivons et comprenons ce grand axe, et tout deviendra clair et lumineux; et nous verrons alors pourquoi Versailles est fondamentalement et essentiellement différent de tous les autres châtaux et palais royaux.....

    chateau-versailles.jpg

               Les Métamorphoses d'Ovide et la mythologie étaient familières à nos ancêtres : il nous faut fréquenter l'une et les autres, et nous les ré-approprier, si nous voulons comprendre Versailles. Ainsi, comme le soleil est la devise du roi, et que les poètes confondent le soleil et Apollon, il n'y a rien à Versailles qui n'ait rapport à cette divinité.

               Versailles reprend la leçon de Phidias, apprise de Périclès, qui la tenait lui-même d'Anaxagore : L'Esprit organise la confusion et donne forme au chaos.

               L'esprit est personnifié par l'action ou la journée d'Apollon qui, dans sa course quotidienne, apporte au monde les bienfaits de la chaleur et de la lumière, de la vie; dissipe les ténèbres; fait fructifier la nature. Ce rôle poétique, tenu dans la mythologie par Apollon, est assuré par le Roi soleil dans son action politique quotidienne, qui apporte au peuple français les bienfaits de l'ordre, par la Monarchie. Mais la lumière et la vie que le roi, moderne Apollon, est chargé d'apporter au peuple, est aussi celle du seul vrai Soleil : Dieu, dont Louis XIV n'est que le lieu-tenant sur terre.

               Détaillons cet axe Est - Ouest dans ses trois éléments principaux :

               1) Tout en bas du Tapis Vert, Apollon sortant de l'eau avec son char (ci dessus et ci dessous) débute sa journée : il regarde vers sa mère, Latone, et, par une gradation subtile, vers la chambre du Roi (au dessus de Latone, car le Roi est plus important que la mythologie...) et vers la chapelle ( encore au dessus de la chambre du Roi, car Dieu est plus important que le Roi....). Au cours de sa journée, il va recommencer à dispenser ses bienfaits et dissiper les ténèbres.

    apollon.JPG

               2) On sait qu'Apollon est le fils de Jupiter et de Latone (ou Létho). Injuriée par des manants, Latone demanda vengeance à Jupiter, qui les transforma en grenouilles (ci dessous, le Bassin de Latone). Ici, à Versailles, les grenouilles représentent aussi les Hollandais vaincus dans leurs marais....  

    latone.JPG

               3) La chambre du Roi, centre et coeur du château, d'où tout part et vers où tout converge. Il restait aux artistes et à Louis XIV à repenser en chrétiens cette légende et ce mythe d'Apollon, reçu de l'Antiquité; et, après le passage du Dieu mythologique au Roi très Chrétien, à matérialiser le passage du Roi très Chrétien au seul vrai Roi, celui du Ciel. Le symbole retenu a été celui de la chapelle, qui est le seul édifice à casser l'horizontalité des toits et qui, en émergeant de la masse imposante du château (ci dessous), manifeste bien que Dieu est plus haut.....

    3819_1-chateau-de-versailles.jpg

               Dans sa course quotidienne, Apollon a rejeté à sa gauche tout ce qui était mauvais : la guerre, le chaos, le désordre...; et il a permis, à sa droite, que prospère et s'étende tout ce qui était bon : la paix, les fleurs et les fruits.....

              Considérons donc maintenant l'axe secondaire Nord-Sud, créé par la course d'Apollon, et donc totalement tributaire de l'axe Est - Ouest, dépendant entièrement de lui.

              1)  A l'extrême Nord, on a le Bassin de Neptune, qui symbolise la mer, l'élément indompté, toujours en mouvement et rebéllion. Et aussi le Bassin du Dragon, animal terrible symbolisant les puissances maléfiques que doit vaincre le soleil, lui qui dissipe les ténèbres. C'est une représentation du chaos primitif, du chaos des origines, avant que ne paraisse le soleil (Apollon, le roi).

               Il faut noter aussi que le dragon symbolise la Fronde et les désordres politiques graves qu'a connu le roi lorsqu'il était enfant : or le roi a vaincu la Fronde, imitant en cela le dieu Apollon qui a vaincu le dragon Python (ci dessous).

    dragon.JPG

              De même, au nord, les arbres sont tout proches du château : symbole d'une Nature très dense, voire hostile et non encore transformée par le travail d'Apollon. Alors qu'au sud on a au contraire des fontaines, une nature aimable, maitrisée et domptées; et les arbres sont repoussés au loin. Les bienfaits du soleil ont été répandus partout.....

              En se rapprochant de la chambre du Roi, on a -dans les jardins- la statue du Rhin (fleuve théatre de nombreuses guerres), avec le Vase de la Guerre dans le parterre Nord. Et, à l'intérieur du château, le Salon de la Guerre. Le Nord marque donc bien toujours les dangers et les obstacles qu'Apollon / Louis XIV doit vaincre....

              2) C'est tout le contraire du côté Sud. Là ne sont que les bienfaits apportés par le soleil. D'abord, dans les jardins, la statue de la Loire (fleuve de douceur et de paix) avec le Vase de la paix. Et, à l'intérieur du château, le salon de la Paix. Puis l'extraordinaire Orangerie (ci dessous).

    orangerie.JPG

              Le Sud marque donc bien toujours les bienfaits qu'ont apporté le dieu Apollon et la monarchie de Louis XIV : l'ordre, au Sud, s'oppose au désordre et au chaos du Nord; les fleurs et les fruits d'une nature harmonieuse parce que fécondée par le soleil (par le roi) s'opposent à la nature primitive, sauvage et indomptée..... 

              On remarquera enfin la subtile hiérarchisation des rôles et des pouvoirs. En arrivant à la Galerie des Glaces, qui se trouve exactement entre le  Nord et le Sud et qui précède la chambre du Roi, l'avant corps central est le seul précédé d'une terrasse de sept marches. Tout est hierarchisé à Versailles...

              Le dernier symbole, on l'a vu, n'étant plus le fait de marches, mais du toit de la chapelle (où sont représenté les Apôtres, car ils ont été les propagateurs de la Lumière): jaillissant par dessus la longue ligne horizontale de l'attique, il brise cette horizontalité pour s'élancer perpendiculairement vers le Ciel.....

  • Anne Coffinier : L’école hors contrat au secours de l’enseignement rural ?, recen­sion d’Olivier Perceval.

    Anne Cof­fi­nier n’est pas une incon­nue pour ceux qui suivent habi­tuel­le­ment le site https://www.actionfrancaise.net. Après avoir été remer­ciée par le conseil d’administration de la fon­da­tion pour l’école dont elle était elle-même la prin­ci­pale fon­da­trice, Anne Cof­fi­nier diplô­mée de Nor­male sup et de l’ENA a fon­dé la Fon­da­tion Kai­ros pour l’innovation édu­ca­tive dans le but de sou­te­nir et déve­lop­per les écoles hors contrat basées sur la liber­té péda­go­gique et libé­rées des contraintes d’une admi­nis­tra­tion natio­nal cen­tra­li­sée, sou­vent fort éloi­gnée du terrain.

    olivier perceval.jpgAnne Cof­fi­nier a publié une tri­bune dans le maga­zine Marianne, dont voi­ci les prin­ci­paux éléments :

    Avec le Covid et l’essor de la conscience éco­lo­gique, nous sommes de plus en plus nom­breux à nous sen­tir une voca­tion de néo-ruraux. Le luxe, c’est le temps, c’est l’espace, comme dit la publi­ci­té. C’est aus­si l’air pur et la beau­té. Le retour à la terre, au char­nel, à l’enracinement, l’écologie et la per­ma­cul­ture, en réac­tion à ce monde d’arrachement et de vir­tua­li­sa­tion des rela­tions…. Bien sûr, bien sûr ! Mais la rura­li­té en 2021, c’est aus­si la coha­bi­ta­tion hasar­deuse avec ceux qui n’ont jamais quit­té leur val­lée ou leurs mon­tagnes et qui ne com­prennent pas la pas­sion sou­daine des cita­dins à venir jouer les Jean de Flo­rette là où eux-mêmes peinent à vivre et à faire encore socié­té. La grande rura­li­té, c’est aus­si les ter­ri­toires en forte déprise démo­gra­phique, où la cou­ver­ture inter­net est capri­cieuse quand elle n’est pas inexis­tante, où les ser­vices publics sont réduits à la por­tion congrue, la vie cultu­relle mini­ma­liste, les trans­ports chronophages…

    L’ÉCOLE RURALE EN DANGER

    Ce qui est cer­tain, c’est que la grande rura­li­té n’a pas d’avenir si elle ne trouve pas le moyen de gar­der ou d’attirer des jeunes familles sur son ter­ri­toire. Et ça passe d’abord par les écoles. La Fon­da­tion Kai­ros pour l’innovation édu­ca­tive vient d’organiser un sémi­naire-action sur ce sujet à l’Institut de France, réunis­sant des élus ruraux et natio­naux, des créa­teurs et déve­lop­peurs d’écoles pour iden­ti­fier les moyens d’assurer l’avenir de l’école rurale.

    L’école rurale, et nous n’en sommes peut-être pas assez conscients, est l’archétype même de l’école com­mu­nale, qui a d’ailleurs été his­to­ri­que­ment pen­sée et conçue pour le monde rural. Aujourd’hui encore, 20% des élèves étu­dient en rura­li­té et 34% des écoles en France sont rurales. Pour le chan­ce­lier Dar­cos, pré­sident de la Fon­da­tion et ancien séna­teur de Dor­dogne, « l’école rurale est un mythe au sens bar­thé­sien du terme de l’histoire fran­çaise.  (…) L’école est conçue comme le lieu sco­laire mais aus­si le lieu cen­tral de la commune. »

    C’est dans cette école à classe unique ou mul­ti­ni­veaux que tant d’inventions péda­go­giques ont été faites et cette for­mule péda­go­gique donne aujourd’hui encore, pour le pri­maire, de meilleurs résul­tats que ceux des écoles de centre-ville. En revanche aujourd’hui, à la dif­fé­rence des écoles nor­males, les INSP ne forment hélas plus à ensei­gner dans ce type de contexte péda­go­gique, en classes mul­ti­ni­veaux, avec une forte impli­ca­tion dans la vie com­mu­nale. Ce sont des tra­di­tions fécondes qui sont ici menacées.

    Mal­gré son suc­cès aca­dé­mique et son impor­tance pour la vita­li­té du vil­lage dans son ensemble, les écoles rurales sont fer­mées à tour de bras, selon une logique de ratio­na­li­sa­tion bud­gé­taire, l’étape inter­mé­diaire étant sou­vent le regrou­pe­ment des enfants en RPI (regrou­pe­ment péda­go­gique inter­com­mu­nal). C’est sou­vent un drame. Les familles ne sont pas prêtes à faire des kilo­mètres et finissent par aban­don­ner leur vil­lage parce qu’il n’a plus d’école. Ces fer­me­tures ont été déci­dées uni­la­té­ra­le­ment par l’Éducation natio­nale, qui, comme l’explique Max Bris­son, séna­teur des Hautes-Pyré­nées et ins­pec­teur géné­ral hono­raire de l’éducation natio­nale, se pense (à tort) comme une admi­nis­tra­tion réga­lienne et n’a pas la culture de la concer­ta­tion et de la contrac­tua­li­sa­tion avec les ter­ri­toires. Comme l’explique David Djaïz, haut fonc­tion­naire et essayiste, il fau­drait faire davan­tage confiance aux acteurs et davan­tage coopé­rer que nous ne le fai­sons aujourd’hui, et défi­nir les RPI ou la carte sco­laire en étroite coor­di­na­tion avec ces élus locaux. Mais, comme le disent les socio­logues des orga­ni­sa­tions Oivier Bor­raz et Hen­ri Ber­ge­ron : « La France est un pays satu­ré d’organisations mais qui orga­ni­se­ra les organisations ? »

    Face à ces logiques admi­nis­tra­tives bru­tales, des acteurs de ter­rains se battent pour pré­ser­ver leurs classes, inno­ver et expé­ri­men­ter. Encore faut-il que l’État laisse les ter­ri­toires expé­ri­men­ter et déro­ger aux lois géné­rales, comme c’est tolé­ré de la part des ter­ri­toires de REP+ en ban­lieues. C’est ce que réclament les élus locaux, tel le dépu­té du Loi­ret, Richard Ramos, ou Valen­tin Josse, maire et vice-pré­sident du conseil dépar­te­men­tal de Ven­dée, qui dit ne rien attendre d’autre de l’État que la lati­tude néces­saire pour expé­ri­men­ter au niveau local.

    « Je crois au plu­ra­lisme des solu­tions, dit le séna­teur Bris­son. Il faut sor­tir donc d’une culture au cor­deau et à l’équerre. (…) Faire de vraies conven­tions issues du ter­rain et non pas des­cen­dant de la rue de Gre­nelle et impo­sée aux ter­ri­toires (…) La confiance de ces der­niers est éro­dée car les conven­tions de rura­li­té ont sou­vent été le faux nez pour fer­mer les écoles. » Et Xavier Dar­cos, ancien ministre de l’Éducation natio­nale, d’abonder à ces pro­pos giron­dins : « c’est une uto­pie que de croire qu’on puisse depuis Paris gérer de manière unique et totale l’ensemble du sys­tème éducatif. »

    LES ÉCOLES LIBRES, UNE SOLUTION ?

    Cer­tains élus ont su sou­le­ver des mon­tagnes pour inno­ver loca­le­ment mal­gré la pesan­teur admi­nis­tra­tive de la capi­tale. Ain­si Sophie Gar­go­vitch a‑t-elle sau­vé de la fer­me­ture son école de vil­lage en la conver­tis­sant son école publique en école Mon­tes­so­ri, ce qui a convain­cu de nom­breuses familles, de nou­veaux com­merces et pro­fes­sions libé­rales de venir s’installer chez elle, à Blan­que­fort-sur-Brio­lance dans le Lot-et-Garonne… C’est aus­si le cas de Tur­sac en Dordogne.

    Mais la plu­part des expé­riences inno­vantes de redy­na­mi­sa­tion sco­laire de vil­lage ruraux se sont réa­li­sées à tra­vers la créa­tion d’écoles libres, à l’initiative ou avec le fort sou­tien de la municipalité.

    Le séna­teur Max Bris­son a sou­li­gné lors du col­loque de la Fon­da­tion Kai­ros que « la guerre sco­laire est un luxe qu’on ne peut pas se payer dans un ter­ri­toire en grande déprise démo­gra­phique. » Fon­der une école libre est évi­dem­ment une solu­tion prag­ma­tique, pour assu­rer la conti­nui­té sco­laire, se sub­sti­tuer à l’école publique fer­mée par l’État, et déve­lop­per une offre sco­laire au plus près des attentes des parents locaux et des atouts du territoire.

    « Pour­tant, ces actions de revi­ta­li­sa­tion rurale ne reçoivent aucun encou­ra­ge­ment ni aucun finan­ce­ment public »

    C’est ain­si que se sont déve­lop­pées de nom­breuses écoles libres asso­cia­tives à l’instigation directe de maires ruraux déter­mi­nés à rou­vrir leur école. Comme l’école libre Mon­tes­so­ri de Saint-Pierre-de-Fru­gie ouverte par Mar­cel Cha­baud, dans le cadre d’un pro­jet glo­bal don­nant une forte place au patri­moine et à l’écologie. Son ini­tia­tive inté­grée a ren­con­tré un suc­cès excep­tion­nel et a conduit le vil­lage à pas­ser de 360 à plus de 500 habi­tants. Il ne compte pas moins de 52 élèves ins­crits pour la ren­trée pro­chaine. Autre exemple, la renais­sance de l’école de Puy-Saint-Vincent dans les Hautes-Alpes grâce à l’ouverture d’une école libre par le maire Mar­cel Chaud. Fon­da­tion qui a convain­cu l’Éducation natio­nale de rou­vrir une classe dans ce vil­lage de Mon­tagne. On pour­rait citer aus­si l’école mater­nelle et élé­men­taire libre ouverte à Mon­ther­lant dans l’Oise, ou l’école libre ouverte à Céré-la-Ronde, grâce à la mobi­li­sa­tion finan­cière du maire et des conseillers muni­ci­paux qui sont allés jusqu’à don­ner leur solde d’élus pour rému­né­rer les professeurs.

    Par­fois c’est l’école catho­lique qui ferme et qui est reprise et sau­vée par des parents qui se réunissent en asso­cia­tion à but non lucra­tif pour sau­ver l’école. Ce fut le cas tout récem­ment à Saint-Nico­las De Brien­non dans la Loire, à l’initiative d’un groupe de parents catho­liques et de pro­fes­seurs, dont cer­tains issus d’un éco-hameau situé à la Bénis­son-Dieu. A la Bus­sière dans la Vienne, l’école Gil­bert Bécaud s’est ins­tal­lée dans l’ancienne école publique, sous les fenêtres du maire. À chaque fois, c’est un vil­lage qui renaît !

    Pour­tant, ces actions de revi­ta­li­sa­tion rurale ne reçoivent aucun encou­ra­ge­ment ni aucun finan­ce­ment public. Le droit en vigueur porte encore les stig­mates de la guerre sco­laire et inter­dit presque toutes les sub­ven­tions de la part des col­lec­ti­vi­tés locales aux écoles libres. Nombre de maires rêve­raient de pou­voir uti­li­ser le for­fait com­mu­nal qu’ils doivent ver­ser aux com­munes voi­sines pour les élèves pro­ve­nant de leur com­mune à une école qui serait située sur leur propre ter­ri­toire. Mais c’est impos­sible et ces écoles ne peuvent attendre de secours que des dona­teurs privés.

    « Faut-il encore que la pas­sion éga­li­ta­riste et tech­no­cra­tique de la France ne prenne pas le des­sus sur ces jeunes pousses »

    Si l’on veut faci­li­ter l’essor des écoles rurales, il fau­drait déblo­quer les pos­si­bi­li­tés de finan­ce­ment public sur la base du volon­ta­riat, allé­ger les règles inter­di­sant à des per­sonnes de diri­ger des écoles si elles n’ont pas cinq ans d’expérience dans un éta­blis­se­ment d’enseignement, et amé­lio­rer les trans­ports, le droit de l’urbanisme pour que les PLUi cessent d’empêcher les néces­saires construc­tions pour l’école ou les familles atti­rées par l’école, appor­ter du sou­tien admi­nis­tra­tif  et de la mise en réseau aux maires et créa­teurs d’école – ce que l’association Créer son école s’est pro­po­sée de faire -, inno­ver notam­ment grâce aux cam­pus connec­tés pour per­mettre des pour­suites d’études supé­rieures tout en res­tant au pays (car aujourd’hui 23% des élèves ruraux, bien qu’ils aient en moyenne de meilleurs résul­tats, ne pour­suivent pas après le bac contre 15% en moyenne nationale).

    Les pion­niers ont ouvert la route pour assu­rer un bel ave­nir à l’école rurale. Faut-il encore que la pas­sion éga­li­ta­riste et tech­no­cra­tique de la France ne prenne pas le des­sus sur ces jeunes pousses. Il fau­dra être vigilants !

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • L'Europe dont les peuples ne veulent plus, par Hilaire de Crémiers*

    Le verdict populaire est sans appel. L’Europe qui était de moins en moins crédible, ne l’est plus du tout, mais tout sera fait pour maintenir le système et continuer dans la même voie. Quant à Hollande, il est devant une crise institutionnelle majeure.

     

    hollande peut-il durer.jpg

    François Hollande peut-il durer ? Tous les éléments sont contre lui...

     

    Le résultat des élections européennes était prévisible et depuis fort longtemps. Certains se croient obligés maintenant de s’en offusquer. Ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. L’Europe s’est faite contre les peuples ; les peuples votent contre l’Europe : il fallait s’y attendre.

    Et d’abord par l’abstention, ce qui facilite les interprétations des commentateurs patentés, mais qui est, en fait, un vote de refus et qui, de plus, est clair et net. Pas seulement en France, mais dans toute l’Europe. à quoi s’ajoutent toutes les listes dont les programmes récusent l’Europe officielle, le Front national en tête, puisque tel est le fait qui explose à la figure des gouvernants. L’ensemble regroupe une majorité qui dit ouvertement « non » à ce qui se fabrique à Bruxelles.

     

    Signification du vote

     

    Si ce refus signifie un évident rejet d’un projet qui devient de plus en plus une abstraction de technocrates et de politiciens, il manifeste en revanche une adhésion profonde à des réalités charnelles, vivantes, nationales qui font l’histoire et donnent un sens à la vie sociale. 

    Les peuples veulent rester eux-mêmes et n’acceptent plus d’être méprisés. Ce vote n’a pu s’exprimer dans toute la limpidité de son contenu positif. Et pour cause. L’objet sur lequel il portait est par nature abscons. 

    L’Europe est devenue une machine administrative incontrôlable et, de plus, une machine partisane dont la représentation n’a aucun caractère de véracité. Les peuples en sont concrètement absents. Aussi pareil scrutin n’est qu’un système de plus qui s’ajoute aux systèmes déjà existants et dont les élus sont censés contrôler un autre système, celui de la « gouvernance européenne » d’une complexité qui frise l’absurdité quand il s’agit de politique, avec ses domaines de compétence aux contours indistincts et donc trompeurs entre le régime dit « communautaire » et ce qu’il est convenu d’appeler encore « l’intergouvernemental ». Il est des gens qui vivent de ce « machin » et dont le combat quotidien consiste à grignoter des parts de pouvoir de l’un sur l’autre.

    Cette Europe est littéralement monstrueuse ! Ainsi l’ont voulue les apprentis-sorciers qui ont imaginé, au fur et à mesure de sa construction, cette maison de fous où se côtoient des fonctionnaires d’administrations aux vues totalitaires et incohérentes, des économistes sans responsabilités réelles et, du coup, d’autant plus dictatoriaux dans leurs prescriptions, des politiciens en mal de carrière et qui jouent d’autant plus aux matamores, des prébendiers de la technostructure européenne où sévit l’art de prendre les places – après Barnier, le tour de Moscovici est venu ! –, des malins qui ont fait de ce qu’ils appellent pompeusement l’aventure européenne, leur affaire personnelle, enfin des vagabonds de toutes sortes qui se sont donnés de l’importance, de l’influence et, fort judicieusement, des rémunérations en s’assurant des postes et en usant des groupes de pression qui vivent de, par et pour l’Europe. Ajoutez quelques belles âmes aux élans mystiques de démocrates-chrétiens qui couvrent d’une rhétorique fuligineuse et prétendument spirituelle cet affreux mélange de mercantilisme, d’affairisme, de politicaillerie et de cynisme, qui s’est doté non d’un véritable droit mais d’un appareil juridique aussi immoral qu’implacable, comme toute entité de type idéologique.

    Telle est la réalité de l’Europe aujourd’hui et c’est d’une évidence telle que les gens de bon sens ne veulent plus de cet univers kafkaïen. Il fallait faire l’Europe autrement. C’eût été possible, mais, aujourd’hui, c’est raté et c’est trop tard. Ni Guaino ni Wauquiez n’y changeront rien, malgré leurs éloquentes protestations : ils sont, d’ailleurs, traités de renégats par ceux qui tiennent les rênes de leur parti. L’Europe-diktat, c’est la formule obligatoire, forcée à gauche comme à droite dans les partis dits de gouvernement.

    En dépit de tout, malgré le dégoût manifeste des peuples, dans le mépris total des réflexions de bon sens des meilleurs chroniqueurs, il est interdit de remettre en cause les dogmes de la religion européenne, à quoi il faut tout sacrifier.

     

    Quoi derrière l’Europe ?

     

    Et, pourtant, qui ne voit que la machine échappe à tout le monde. Les Anglais pragmatiques n’ont qu’une idée, la quitter, après en avoir tiré tous les profits possibles et y avoir instillé leur conception du droit privé et du droit des affaires qui annihile notre propre droit de civilisés latins. Les juristes intelligents et honnêtes – ça existe encore – savent parfaitement de quoi il retourne.

    Les Allemands ne se sentent bien dans une telle Europe qu’en y préservant leur propre souveraineté de peuple allemand que leur Cour constitutionnelle établit naturellement en norme supérieure ; ils imposent en conséquence aux autres peuples leur conception de droit public, leur méthode d’organisation économique et de direction budgétaire. L’Allemagne a opéré sa réunification par décision souveraine sur un seul et unique mark, et ce grâce à l’Europe ; et l’euro n’est rien d’autre que sa propre monnaie. Tant que l’Europe servira les intérêts allemands, en particulier à l’Est, l’Allemagne la soutiendra, comme dans l’entre-deux-guerres avant qu’Hitler ne donnât un tour violent à ses revendications. Car Hitler rêvait aussi d’Europe unifiée !

    Les autres peuples d’Europe ont cru dans l’Europe bruxelloise comme à une sorte de songe heureux d’enrichissement facile que l’abus des fonds structurels semblait justifier jusqu’au moment du retournement de situation. Car qu’est la richesse sans le travail ? La Grèce en est le plus bel exemple.

    Quant aux Français – on leur serinait cette leçon –, ils s’imaginaient que l’Europe était leur affaire, leur grande idée, une transposition au niveau international de leur conception républicaine, socialiste autant que libérale, jacobine autant que libertaire, ce modèle que, d’après leur doctrine officielle, le monde entier leur enviait : quoi de plus réjouissant, en effet, dans le genre de conception qui anime nos politiciens et leurs intellectuels stipendiés, que de réglementer, oui, comme en France, encore réglementer, toujours réglementer afin de supprimer toutes les libertés particulières si gênantes et ainsi instaurer l’Égalité dans la Liberté. C’était ça, l’Europe d’abord et aussi ! Le socialisme français ferait l’Europe libérale et l’Europe libérale se plierait aux concepts du socialisme français ! Giscard, Mitterrand, Chirac, Jospin, Sarkozy, Hollande, même combat !

    Quel mécompte ! Schengen, Maastricht, Amsterdam, Lisbonne, ce ne fut successivement que des tours de passe-passe manigancés par des politiciens sans scrupule pour, d’une matrice mal formée, accoucher leur invivable idée européenne aux forceps. Et concrètement la France a été flouée et ses intérêts les plus certains sacrifiés : la voici envahie, jetée dans le chômage,  désindustrialisée, appauvrie, vendue, rackettée.

    Voilà déjà douze ans que dans ces colonnes il était écrit que l’Europe exploserait à cause de ses contradictions et, en particulier, que l’approfondissement et l’élargissement poursuivis concurremment se révéleraient une impossible gageure. Rien n’ouvre les yeux des dirigeants français qui se sont mis à l’abri, quant à eux, des conséquences néfastes de leurs décisions qu’ils continuent d’inscrire et d’accumuler dans le fatras inepte des pétitions de principe qui leur servent de conception politique. Tant que leurs comptes seront garnis en fin de mois, ils ne comprendront rien : ils ne connaissent pas la vie des Français. Il est même des élus aujourd’hui pour le dire. Salutaire prise de conscience !

    Alors que la France crève littéralement du régime des partis, ainsi qu’à peu près tous les pays d’Europe, il faut encore que ce système devienne une norme européenne, comme une prétendue panacée démocratique. Les pays ne sont plus représentés ; la représentation est livrée aux partis ! Il est vrai que pareil système a toujours fait bon ménage avec la pire des technocraties qui n’a rien à en redouter : le réel seul lui fait peur. Rien ne pourra arrêter cette machine folle, sauf l’abîme.

    Le vote partisan, même national, n’est malheureusement pas une solution. Que peuvent faire quelques députés européens ? Rien. Rien ne sera donc fait. Sauf que tout ira de mal en pis.

     

    Hollande vers la fin ?

     

    Dans sa ridicule situation, Hollande a trouvé un « truc » de plus pour tenter d’occuper le terrain : la réforme territoriale que Valls est chargé de mettre en œuvre. Mal conçue, de manière technocratique, pour complaire aux « lobbies » européens, elle sera mal faite et ne visera qu’à supprimer des réalités françaises dont tout ce personnel politicien se contrefiche pourvu que se maintienne son système à lui.  

    De quel droit ce petit monde de gens sans culture, sans attache familiale, sans enracinement historique, sans foi, sans autre loi que leur République abstraite, sorte de déesse qui justifie tous leurs abus de droit et leur passion déréglée du pouvoir, se permet-il de décréter l’existence ou la non-existence des régions de France, de nos provinces, de nos pays ? La France et ses provinces existaient avant eux. Sont-ils nos maîtres à ce point qu’ils en décident en fonction de leurs intérêts électoraux ? Questions financières ? Voire : il est à parier que les machineries qu’ils vont construire coûteront encore plus cher, comme il arrive à chaque fois qu’ils prétendent réformer. En vérité, la centralisation comme la décentralisation sont en France des échecs depuis des décennies pour l’unique raison qu’elles ne sont plus que des instruments du régime des partis. Tout fonctionnaire un peu sagace, tout élu sincère qui se dévoue à sa tâche, le sait parfaitement. Notre décentralisation est devenue aussi monstrueuse que notre centralisation. Hollande ni Valls ni les autres qui ne sont que des hommes de parti, ne résoudront rien. Il faudrait des hommes de gouvernement et, pour l’heure, ça n’existe pas sur le marché des politiciens.

    En revanche, ces politiciens sans morale continuent imperturbablement à détruire la famille française – c’est toujours en cours –, à faire de l’éducation un levier de pouvoir pour leur domination, à corrompre les mœurs et, pire encore, les esprits. Ce qu’ils veulent, une société à leur image qui légitime un pouvoir à leur image : leur pouvoir. De fait les armes du pouvoir sont à leur service. Rien n’est pour eux plus jouissif que de voir les Français, et souvent les meilleurs gens du monde, être obligés d’obéir et de collaborer à leur œuvre de perdition : au nom de l’intérêt national ! Au nom de la France ! Jusqu’à quand ?

    Hollande pour tenir en haleine un pauvre peuple désarçonné, et alors que la France est déjà en déflation, prend le ton prophétique d’un grand pontife en extase : « la courbe du chômage va s’inverser, la croissance est là, les impôts vont baisser ». Le tout assorti de janotismes qui émaillent si habituellement ses discours et qui ajoutent au grotesque de sa mauvaise comédie. Le président devrait méditer sur le sort réservé dans la Bible aux faux prophètes. Le sage Montaigne avertissait : « C’est don de Dieu que la divination : voilà pourquoi ce devrait être une imposture punissable d’en abuser… Ceux qui manient les choses sujettes à la conduite de l’humaine suffisance sont excusables d’y faire ce qu’ils peuvent ; mais ces autres qui nous viennent pipant des assurances d’une faculté extraordinaire qui est hors de notre connaissance, faut-il pas les punir de ce qu’ils ne maintiennent l’effect de leur promesse, et de la témérité de leur imposture ? » (Essai, I, XXXI).

    Hollande n’est qu’au début de sa punition. Hélas, ce sera dur pour tout le monde.  

     

    * Analyse politique parue dans le numéro 130 (juin 2014) de Politique magazine

  • Autour du Prince Jean ! : Le duc d'Aumale, un grand gentilhomme.....

    TimbrebisRVB.jpg            Ou : du bon usage de l'argent...

               Le moment est venu, dans notre balade historico/culturelle, de nous arrêter quelques instants afin de rendre hommage à quelqu'un de très, très bien, dont nous avons -forcément...- parlé plusieurs fois depuis que nous sommesà Chantilly : le duc d'Aumale.

               Lui rendre hommage et le remercier, car il est bien -par le legs généreux qu'il a fait à l'Institut- à la base de ce Chantilly d'aujourd'hui que nous admirons tant, et à juste titre : le Musée Condé est la deuxième plus grande collection d'art français après celle du Louvre !.... 

               Force est de constater que, si le duc d'Aumale a eu le bon goût de savoir collectionner, il a eu aussi, et surtout, ensuite, l'élégance de savoir donner. Donner à la France.....

              Les espagnols emploient une formule très évocatrice en parlant des Grands d'Espagne. On n'a pas l'équivalent de cette formule en français. Pourtant, avec le duc d'Aumale, on a bien la réalité d'un véritable, d'un authentique Grand gentilhomme.....

    DUC D'AUMALE 1.jpg

                Henri Eugène Philippe Louis d'Orléans, duc d'Aumale, cinquième fils de Louis-Philippe, est né à Paris le 16 janvier 1822 et mort au domaine du Zucco Giardinello (Sicile) le 7 mai1897. Il fait ses études au collège Henri-IV, à Paris, avant d'entrer dans l'armée à seize ans.

                Sous-lieutenant en 1839, il part pour l'Algérie en 1840 et se distingue par la prise de la Smala d'Abd El-Kader, le 16 mai 1843. À la suite de cette campagne, il est promu lieutenant général (3 juillet 1843).

    DUC D'AUMALE 2.jpg

                 En 1830, le dernier prince de Condé, son parrain, meurt. C’est lui dont Napoléon a fait assassiner le jeune fils, le duc d’Enghien, dans les fossés de Vincennes, le 21 mars 1804. N’ayant plus d’héritier, le dernier des Condé institue le duc d’Aumale son légataire universel. Il hérite donc, à 8 ans, de l'énorme patrimoine de cette prestigieuse lignée, estimée à 66 millions de francs-or, comprenant ce qui était considéré comme le plus important patrimoine foncier du pays, dont le domaine de Chantilly (dans l'Oise) et d'immenses forêts en Thiérache (dans l'Aisne).

                 Grand amateur d'art, bibliophile, membre de l'Académie française, veuf et sans descendants directs vivants après le décès de ses deux fils, il lègua son domaine de Chantilly et ses précieuses collections à l'Institut de France, « corps illustre qui échappe à l'esprit de faction comme aux secousses trop brusques, conservant son indépendance au milieu des fluctuations politiques. »

                On a dit avec raison que Chantilly était bien plus et bien mieux qu’un réceptacle de chefs-d'œuvre –aussi beau soit le contenant et aussi riche soit le contenu- : que Chantilly était une œuvre d'art totale....

                Victor Hugo, son confère à l'Académie, lui écrivit : « Pour moi, votre royauté a cessé d'être politique, et maintenant est historique. Ma République ne s'en inquiète pas. Vous faites partie de la grandeur de la France et je vous aime ».

                Ci dessous, sa statue sur la façade du Louvre.

    DUC D'AUMALE.jpg

                Eric Woerth lui a consacré une fort intéressante biographie, préfacée par Alain Decaux : Le duc d'Aumale, l'étonnant destin d'un prince collectionneur.

                Dans cette biographie d’un prince aux identités multiples et complémentaires (général, député, académicien, collectionneur, historien et esthète) le député maire de Chantilly puise dans son sujet une leçon comparative et un exemple applicable au temps présent : " Dans un monde incertain, dans une Europe qui se cherche, dans une nation qui doute trop d’elle-même, la figure du duc d’Aumale est le reflet exact de la "permanence de la France".

                On y fréquente un gentilhomme de bonne compagnie. Un Aumale chef de guerre dont la vocation sincère de soldat ne se réduit pas au sempiternel épisode de la Smala d’Abd el-Kader. Un Aumale bâtisseur, collectionneur et mécène, grâce à l’immense fortune personnelle qu’il a hérité des Condé. Un Aumale longtemps exilé, dont l’attachement filial à son pays se traduit par un geste d’infinie générosité auquel la France doit de nombreux chefs-d’œuvre incarnés par les emblématiques Très riches heures du duc de Berry. Un Aumale érudit qui prend rang parmi les pionniers d’une histoire savante basée sur l’exploitation scientifique des sources.

    DUC D'AUMALE 4.jpg

                 Achevons maintenant ce trop rapide hommage en résumant et en récapitulant, si l'on peut dire, ce legs dont nous parlons depuis si longtemps et en le montrant dans son état aujourd'hui, tel qu'il se présente hic et nunc.

                Le visiteur, au sortir de la forêt, découvre un ensemble monumental exceptionnel élaboré sur plusieurs siècles :

    I. Le petit Château, ou "Capitainerie" (ci dessous, en forme de U, à gauche devant le plan d'eau rectangulaire), construit sous la Renaissance par Jean Bullant pour le connétable Anne de Montmorency (1560), est situé à gauche de l'entrée. On peut y accéder directement par la cour de la Capitainerie, située au niveau inférieur après le pont-levis pour visiter les Grands et les Petits Appartements, aménagés respectivement au XVIIIe et au XIXe siècle.


    II. Les deux pavillons d'entrée(ci dessous), de part et d'autre de la grille d'Honneur, sont l'œuvre de Mansart et datent du XVIIe siècle. Le pavillon de gauche est occupé par la billetterie.

    CHANTILLY 6.jpg


    III. Le château d'Enghien, ci dessus à droite, bâtiment tout en longueur construit en 1769 pour héberger le jeune duc et sa suite. Belle architecture du XVIII° siècle, il ne se visite pas.

    IV. Le grand Château, dont l'entrée donne sur la terrasse (ci dessus), et qui regarde les parterres du jardin à la française, a été reconstruit dans la seconde moitié du XIXe siècle, de 1875 à 1885, par l'architecte Honoré Daumet, sur commande du duc d'Aumale qui y a installé ses collections d'œuvres d'art : peintures, livres anciens, dessins, gravures et même photographies. Il occupe l'emplacement de la première forteresse médiévale, et a succédé au château détruit sous la Révolution, visible sur certains tableaux du musée. Ce château, le dernier construit en France, avec des matériaux et des installations modernes pour son époque, porte le nom de musée Condé, par la volonté testamentaire du duc d'Aumale. Son agencement intérieur, la présentation des œuvres en font le dernier musée du XIXe siècle existant aujourd'hui. Le duc d'Aumale a exigé que les œuvres exposées ne soient jamais déplacées, ni prêtées. Il faut donc venir à Chantilly pour les découvrir.

    V. Les grandes Ecuries, construites de 1719 à 1735 par Jean Aubert, l'architecte du Palais-Bourbon. En bordure de l'hippodrome, elles abritent aujourd'hui le Musée vivant du Cheval.

    CHANTILLY GRANDES ECURIES 1.jpg
    CHANTILLY GRANDES ECURIES.jpg

    VI. Le Parc, dans lequel se situe cet exceptionnel ensemble, créé dans la seconde moitié du XVIIe siècle par André Le Nôtre pour le Grand Condé, cousin de Louis XIV. Ci dessous, l'entrée du Parc.

    CHANTILLY ENTREE DU PARC.JPG

         Deux perspectives structurent le parc : l'une, nord-sud, mène à la terrasse qui porte la statue du Connétable de Montmorency et masque la vue des jardins ; l'autre, est-ouest, se déploie dans la vallée de la rivière Nonette, un affluent de l'Oise devenu un grand Canal sur 2,5 kilomètres de son cours. Une extension nord-sud du grand Canal, la Manche, s'approche au pied de l'escalier monumental menant à la terrasse, le grand Degré, bordée de parterres symétriques, à l'est et à l'ouest, dont les pelouses alternent avec des bassins-miroirs. L'extrémité orientale du grand Canal prend l'aspect d'un bassin octogonal alimenté par un buffet d'eau perpétuel, qui est en réalité une chute d'eau de la Nonette. Ci dessous, le Parterre Nord.

    CHANTILLY PARTERRE NORD.jpg


          Les premiers jardins de Chantilly occupaient le versant sud de la vallée, mais le démembrement du domaine sous la Révolution les a fait disparaître. L'empreinte du XVIIIe siècle est perceptible dans la partie orientale des jardins : sur le plateau, le petit parc présente un lacis d'allées cloisonnant des chambres de verdure et mène le visiteur jusqu'à la Maison de Sylvie, tandis que cette partie de la vallée est aménagée en un jardin de style "anglo-chinois" qui conduit à un hameau d'agrément bâti en 1775, où se trouvent actuellement les locaux pédagogiques du service éducatif.
          Au début du XIXe siècle, avant même la reconstruction du grand Château, le dernier prince de Condé fit aménager la partie occidentale du parc en un jardin anglais à la mode romantique, caractérisé par des cheminements sinueux, de vastes pelouses bordées de bouquets d'arbres et ponctuées de fabriques, éléments architecturaux qui agrémentent la promenade, comme l'île d'Amour ou le temple de Vénus.
         Ainsi donc le parc de Chantilly constitue un témoignage unique en France de l'évolution de l'art des jardins en Europe, de la Renaissance au XIXe siècle.

    CHANTILLY 5.JPG
  • Celui qui n’aime pas l’État, n’aime pas la France, par Dr Charles Saint-Prot.

    Direc­teur géné­ral de l’Observatoire d’études géopolitiques

    L’annonce que le gou­ver­ne­ment libé­ra­lo-macro­niste a l’intention de sup­pri­mer le corps des pré­fets s’inscrit dans une logique de décons­truc­tion qui rejoint la sup­pres­sion de l’École natio­nal d’administration (créée par le géné­ral de Gaulle) ou la haine du régime à l’égard des maires et autres élus locaux.

    6.jpgIl est impor­tant de noter que, dans l’esprit du régime, il ne s’agit pas de sup­pri­mer les pré­fets mais leur corps, c’est-à-dire que des pré­fets pour­ront être nom­més, dans l’avenir, en fonc­tion du sexe, de la cou­leur de la peau ou de leur orien­ta­tion sexuelle… Et non pas, comme l’affirme le pre­mier ministre, pour amé­lio­rer la ges­tion des cadres de l’État « selon une logique fon­dée sur les par­cours et les com­pé­tences » mais bien selon le bon vou­loir du régime et sur des cri­tères com­mu­nau­ta­ristes ! Cela s’appelle la dis­cri­mi­na­tion posi­tive et le spoil sys­tem aux États-Unis, qui semblent être le modèle de réfé­rence de celui qui est aujourd’hui pré­sident de la république.

    Bien sûr, nous n’ignorons pas les dérives du sys­tème répu­bli­cain depuis quelques décen­nies, notam­ment le fait que les pré­fets – comme tous les agents publics civils ou mili­taires- soient nom­més en fonc­tion de leur éti­quette poli­tique ou de leur affi­lia­tion à telle ou telle « socié­té secrète » favo­ri­sant les magouilles les plus éhon­tées. Mais cela ne signi­fie pas qu’il fau­drait jeter le bébé avec l’eau du bain. Com­ment ne pas voir que le régime actuel a pour véri­table obses­sion d’abaisser l’État, donc la nation.

    Car, il faut bien consta­ter que ceux qui s’ingénient à démo­lir l’État ont pour seule ambi­tion le déclin de la France. La sou­ve­rai­ne­té de l’État ne garan­tit pas seule­ment les liber­tés des citoyens, mais plus encore elle per­met de pré­ser­ver l’indépendance natio­nale qui est la plus pré­cieuses des liber­tés. Depuis plu­sieurs siècles, l’État-nation est le socle de l’ordre inter­na­tio­nal. Comme l’a­vaient déjà conçu Hen­ry IV et Sul­ly avec leur concept de «  Grand Des­sein »  visant à mettre un terme au dés­équi­libre géo­po­li­tique euro­péen incar­né par la super­puis­sance des Habs­bourg[1],  l’État-nation sou­ve­rain devient la plus haute auto­ri­té du droit inter­na­tio­nal, en 1648, avec les trai­tés de West­pha­lie qui met­tront en pièce la notion d’empire avec l’abaissement du pou­voir des Habs­bourg et l’émiettement de l’empire ger­ma­nique car celui-ci ne pou­vait se conso­li­der que contre la France. Accom­plis­sant les objec­tifs de la poli­tique tra­di­tion­nelle de la monar­chie fran­çaise, la paix de West­pha­lie, qua­li­fiée par Bain­ville de « chef-d’œuvre poli­tique du XVIIIe siècle », fit en sorte que l’É­tat-nation sou­ve­rain devint la plus haute auto­ri­té de ce droit inter­na­tio­nal moderne qui vit le jour à cette occa­sion. Les trai­tés de West­pha­lie, réaf­fir­més par le Congrès de Vienne de 1815, fixèrent le cadre de la sou­ve­rai­ne­té abso­lue des États comme prin­cipe fon­da­men­tal du droit inter­na­tio­nal. L’É­tat-nation étant le socle de l’ordre juri­dique qui se met en place, les petits pays obtiennent les mêmes droits que les grands. À la place d’une rela­tion entre domi­nant et domi­né au sein d’empires arti­fi­ciels, la coopé­ra­tion entre des États égaux en droit devient la règle. Les trai­tés de West­pha­lie ont sur­tout recon­nu que l’empire uni­ver­sel était chi­mé­rique. Ils portent condam­na­tion de tout pro­jet supra­na­tio­nal dont la mor­ti­fère construc­tion euro­péenne qui est l’expression même du mythe d’une mon­dia­li­sa­tion ren­voyant à la thé­ma­tique libé­rale, laquelle repose sur le mythe du « doux com­merce » venant se sub­sti­tuer aux conflits guerriers. 

    En consé­quence, le pre­mier sou­ci d’un pro­jet véri­ta­ble­ment natio­nal doit consis­ter à res­tau­rer l’au­to­ri­té de l’É­tat natio­nal, lequel doit retrou­ver son rôle, à com­men­cer par un enga­ge­ment public réso­lu dans les domaines réga­liens. Michel Onfray qui vient de publier La nef des fous (col­lec­tion Bou­quins) notait récem­ment que les rodo­mon­tades du ministre de l’intérieur ne doivent pas nous trom­per, il y a un déli­te­ment de l’État et la France est de plus en plus mena­cée par la guerre civile. On a vu par exemple lors de la crise sani­taire que M. Macron et son équipe pré­fère l’idéologie à la réa­li­té, refu­sant de fer­mer les fron­tières au nom du dogme ultra­li­bé­ral du lais­ser-faire, lais­ser pas­ser. N’oublions pas que les mêmes rêvent d’une armée euro­péenne, la vieille ren­gaine de la CED, c’est-à-dire d’une Europe alle­mande qui ne rêve de réduire l’arsenal mili­taire fran­çais (sur­tout le nucléaire) qui est le seul atout de la France face à une Alle­magne de nou­veau sure d’elle, domi­na­trice et arrogante.

    En résu­mé, il parait dif­fi­cile de défendre la France et les Fran­çais quand on s’ingénie à détri­co­ter l’État et qu’on adhère à tous les mythes supra­na­tio­naux – dont le sinistre mythe euro­péiste – qui ont tous pour leit­mo­tiv de vou­loir faire le sau­ter le ver­rou de la nation. L’État fran­çais ne sau­rait se lais­ser subor­don­ner à un super-État dont la concep­tion ne peut naitre, écri­vait Charles Benoit, que « chez des peuples qui n’ont ni voi­sins, ni rivaux, ni enne­mis, ni his­toire… » Les prin­cipes de la sou­ve­rai­ne­té de l’É­tat et de l’indépendance de la nation ren­voient tout uni­ment à l’idée de liber­té, laquelle serait per­due, dit Renan, « si le monde n’avait qu’une loi et qu’un maître ». Cette règle, héri­tée de la civi­li­sa­tion grecque mais igno­rée du pou­voir macro­niste, est l’une des idées fon­da­men­tales de la pen­sée fran­çaise, laquelle a tou­jours oppo­sé la mesure, garante de la dimen­sion humaine, au gigan­tisme, ten­dant au totalitarisme.

    [1] Jacques Bain­ville, His­toire de France, ch. X, Paris, Nou­velle Librai­rie natio­nale, 1924, nom­breuses rééditions.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Chronique de la France qui souffre : la seule solution, changer nos lois, déchoir et expulser, en masse… (1)

    L'immigration est devenue un problème gravissime, voire de survie nationale, en raison de sa masse plus encore que de sa nature. Le slogan "déchoir/expulser" que nous employons régulièrement n'est crédible que si les contours d'une nouvelle politique d'immigration sont au moins esquissés. Sans cela, l'on ne voit pas comment de telles mesures seraient possibles et elles paraissent, alors, irréalistes, voire extrémistes, ce qui nuit à l'idée elle-même.
    Or la mise en place de nouvelles règles d'immigration, et, même de naturalisation, est possible. Elles supposent, en effet, de définir, avec les pays à forte émigration, et, en tout premier lieu, avec l'Algérie, des accords bilatéraux en la matière. Il est assez sûr que ces pays ne s'y prêteraient pas facilement et que leur négociation serait âpre. Mais nous avons, sans-doute, un ensemble de moyens pour y parvenir.
    En matière d'immigration, si grave que soit le problème, il faut, comme toujours "raison garder". La solution n'est pas dans l'anarchie d'une réaction populaire spontanée. Celle-ci peut y aider. Mais elle doit être, avant tout, une politique d'Etat, globale, volontaire et clairement affirmée.
    Raison de plus pour remettre en cause la nature de l'Etat qui est le nôtre qui, d'ailleurs, n'en est pas un. Rappel : Boutang disait "le Semble-Etat".

    1.       Adel  Kharbega, accompagné d’un autre « jeune » de 15 ans a violé « une jeune fille souffrant d’une légère déficience mentale » au Lycée Colbert de Marseille (La Provence, samedi 21 juillet 2012). 2 contre une, et handicapée en plus : quelle chance on a d’avoir toute cette belle « jeunesse » !.....

    2.       Abdelmalek Khelfaoui, 19 ans, algérien en « situation irrégulière » ( !) a courageusement attaqué une vieille dame de 72 ans ; il a passé son temps a dire au Tribunal qu’il était mineur, alors que m’expertise osseuse montre bien qu’il a bien 19 ans. Condamné à un an de prison, on av la garder chez nous, dans des prisons indignes,  qui sont une honte pour la France, et payer pour garder ce voyou  étranger chez nous : c’est pas grave, dans l’optique des magistrats et du Pays légal, nos impôts sont augmentables à l’infini !.....

    3.       17 morts en sept mois (La Provence, lundi 30 juillet 2012) : la victime, un « jeune » de 25 ans totalisait 17 arrestations dans des affaires de stupéfiant.  Dernière phrase de l’article de Sophie Manelli (page 4) : « …De l’aveu même de plusieurs fonctionnaires, il devient de plus en plus difficile, y compris aux forces de l’ordre, de pénétrer dans certaines cités de Marseille. » Rappelons tout de même que dans ces cités comme dans les 1.5000 « sensibles » (sic !) recensées (en fait, très largement plus de 1.500…) François Hollande a obtenu des scores allant de 80 à 93%.....

    4.       Le contrôle d’une burqa qui dégénère à Marseille, 3ème arrondissement (c’est dans Le Figaro du 27 juillet 2012, article de Léa Bénet) : « …elle refusait de se soumettre au contrôle d’identité sous prétexte qu’elle ne reconnaît pas la loi française. Aussitôt un homme d’une quarantaine d’années intervient pour aider la jeune femme. Selon le procès-verbal, il crie « qu’il est chez lui et que la police ne fait pas la loi ici ». En quelques minutes, près d’une cinquantaine de personnes, apparemment appelées par le quadragénaire, encerclent les deux policiers. Plusieurs personnes commencent à les frapper et tentent de les mettre à terre. L’un des fonctionnaires de police perd même connaissance quelques instants et tombe avant de se relever… ».  Des renforts de police arrivés, toutes ces « chances pour la France »  sont conduites au Commissariat : «…Pourtant, a la grande surprise des forces de l’ordre, le Parquet a décidé de les libérer quelques heures plus tard, avec une simple convocation… »

    Elle est pas belle, la vie ?

    « Cette décision est lourde de sens, dénonce David-Olivier Reverdy, secrétaire zonal adjoint du Syndicat Alliance  (toujours dans l’article de Léa Bénet). « Les policiers sont l’objet de violences régulières à  Marseille , cette décision de la justice sonne comme un permis de s’attaquer aux forces de l’ordre, sans avoir de problèmes ensuite. C’est dramatique… ».

    On ne saurait mieux dire : mais, « ça finira mal ! »….

    PS : Cerise sur le gâteau, cet article de la Provence, Un commerçant marseillais a été menacé puis frappé par un homme qui exigeait la fermeture du snack pendant le ramadan.

            «L'homme était en voiture, aux côtés d'une femme voilée. Il m'a interpellé à plusieurs reprises, menaçant: “Toi, je te conseille de fermer.”» Jean-Marc Azer, commerçant depuis trente ans dans le quartier de Belsunce à Marseille, est encore sous le choc. En début de semaine, après-midi, il a été brutalement agressé par un passant exigeant la fermeture de son snack en raison du ramadan. Après avoir été soigné à l'hôpital de La Conception, il est de retour dans son restaurant, malgré une ITT de six jours.

            Entouré de ses trois employés, Jean-Marc Azer, âgé de 64 ans, a décidé de rester ouvert, mais ne sort plus dans la rue sans jeter un regard prudent aux alentours. «Je l'attends… explique-t-il. Au début, je n'ai pas compris ce que me voulait cet homme au volant d'une voiture grise, raconte-t-il. Je me suis approché. Plusieurs fois il m'a répété: “Tu as intérêt à fermer. On ne sert pas de nourriture pendant le ramadan.” Le ton est vite monté. Je lui ai répondu qu'il n'avait pas à faire sa loi en France. Ils ne vont pas tout imposer !» L'automobiliste redémarre. Mais moins d'une heure plus tard, Jean-Marc Azer entend un claquement sonore derrière lui. Le sang se met à couler de son oreille. L'homme l'a frappé par derrière avec une ceinture au bout métallique. Les pompiers arrivent.

            L'affaire suscite beaucoup d'émotion dans le quartier, où le snack ne désemplit pas de visiteurs. Le restaurateur, d'origine égyptienne, mais de confession non musulmane, a reçu de nombreux soutiens, notamment celui de l'association des commerçants de Belsunce. Ces derniers ont écrit aux élus, à la préfecture et à la police pour exprimer leur «indignation». L'imam de la mosquée du Marché aux Puces (XVe), Haroun Derbal, a également condamné le geste de l'agresseur. «En trente ans, c'est la première fois que je vois une chose pareille, déplore le restaurateur. C'est un quartier où vivent une majorité de musulmans, mais aussi des juifs, des Arméniens, des chrétiens, des gens athées… et il n'y avait pas de problèmes. Il ne faudrait pas que cet homme donne le mauvais exemple.»

            Le commerçant a déposé plainte et l'affaire, prise au sérieux, a mobilisé les services de police. Un enquêteur s'est rendu sur place mercredi pour rencontrer le commerçant blessé. Les bandes vidéo d'une caméra située à quelques mètres ont été saisies, mais le suspect, âgé d'une trentaine d'années, n'a pas été retrouvé. Le ramadan a commencé le 20 juillet et doit s'achever le 19 août."

            Puisqu'en France tout finit, paraît-il, par des chansons, laquelle va-t-on choisir pour clôturer cette rapide recension de faits inadmissibles (qui aurait pu en compter des dizaines, des centaines...) : Trénet ou Iglésias ?  "Douce France" ou "Tu n'as pas changée" ?....

  • Y'a bon, l'Elysée !...

                Pour la première fois, la présidence de la République dévoile le détail de son fonctionnement : une dotation de 112,3 millions d'euros, 1 031 salariés et 62 logements de fonction.

     

                C'est Patrick Roger qui détaille le grand train des autorités de la République dans Le Monde (1). Un grand train qui, en soi, n'est pas choquant : il est normal qu'un grand pays comme la France ait une représentation digne d'elle. Ce qui est choquant c'est qu'à ses origines la République, fille de la Révolution, a prétendu établir un monde nouveau (régénéré, disaient les révolutionnaires !) en fustigeant les turpitudes et les corruptions de ce qu'ils ont appelé l'Ancien régime.

     

                On est bien obligé de constater qu'ils l'ont remplacé par... la même chose ! Mais en pire....

     

                Quand aux "angoisses" de monsieur Frémont, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, qu'évoque l'auteur en fin d'article, on fera juste remarquer que c'est d'assez mauvais goût, lorsque l'on songe aux milliers de françaises et de français qui se débattent avec des salaires qu'on se contentera de qualifier d'indécents, pour ne pa sêtrea ccusés de tomber dans la polémique.....

        

               

                La présidence de la République livre ses secrets. Nicolas Sarkozy a décidé d'en finir avec la réputation d'opacité entourant les finances de l'Elysée. Son directeur du cabinet, Christian Frémont, assure qu'il n'y a " rien à cacher ". Il espère ainsi couper court aux polémiques qui avaient suivi l'augmentation de 172 % du traitement du chef de l'Etat, fin 2007, et la nouvelle progression de la dotation de l'Elysée, portée à 112,3 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2009.

                Pour la première fois, le rapporteur spécial de l'Assemblée nationale sur le budget des pouvoirs publics, Jean Launay (PS, Lot), a donc pu obtenir l'ensemble des éléments dont il souhaitait avoir connaissance. Cela donne, dans le rapport qui devait être présenté vendredi 7 novembre en commission élargie, un aperçu quasi exhaustif du fonctionnement du " château ".

                L'installation de M. Sarkozy à l'Elysée a entraîné des travaux d'aménagement (1,8 million d'euros), des investissements pour l'informatique et la téléphonie (0,9 million d'euros) et un renouvellement du parc automobile (0,3 million d'euros) nécessitant l'inscription d'un crédit complémentaire de 1,5 million d'euros en loi de finances rectificative sur 2007. Le parc automobile de l'Elysée compte actuellement 62 véhicules et 7 scooters. Certains coûts ont en revanche été réduits : ainsi des économies de 75 000 euros pour les fleurs et de 165 000 euros pour le vin ont-elles été réalisées.

                Au 1er juillet, l'Elysée employait 1 031 personnes, dont 98 recrutées directement par la présidence de la République, la majeure partie des personnels étant constituée par des détachements. Les principaux pourvoyeurs en effectifs sont la défense (359), l'intérieur (178), la culture (101), les finances (100) et les affaires étrangères (29). Certains détachements peuvent paraître plus surprenants : outre La Poste (11), France Télécom (29) et la Ville de Paris (5), l'hôpital de Cadillac, en Gironde, et le département de Seine-et-Marne comptent chacun un des leurs parmi les collaborateurs de l'Elysée.

                Visite guidée du patrimoine présidentiel. Le porche du 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré s'ouvre sur une cour de 600 mètres carrés au fond de laquelle se dresse le palais de l'Elysée. En plus des 147 bureaux et des 1 500 mètres carrés de pièces de réception, le bâtiment abrite les cuisines et leurs réserves, une salle de cinéma et les appartements du président de la République, qui occupent une superficie de 330 mètres carrés. Dans le budget 2009, 1,4 million d'euros d'équipement et de travaux ont été prévus. " C'est très compliqué de vivre dans un palais quand on n'a pas les moyens de faire beaucoup de travaux ", assure M. Frémont. A l'arrière du palais s'étend un parc de 2 hectares.

                Les numéros 2, 4, 14 et 22 de la rue de l'Elysée hébergent les annexes : 94 bureaux complémentaires, des cuisines et des salles de restauration, une salle de sport et une crèche.

                La " maison civile " de la présidence de la République comprend 89 personnalités et collaborateurs, ainsi que 137 secrétaires et personnels administratifs. La " maison militaire " - l'état-major particulier du chef de l'Etat - compte 31 personnes. A cela s'ajoutent les 263 membres de la garde républicaine et des services placés sous les ordres du commandement militaire.

                De nombreux corps de métier sont représentés parmi les 531 personnes employées dans les services généraux. La seule correspondance présidentielle n'emploie pas moins de 104 personnes. Les effectifs du groupe de sécurité de la présidence de la République sont de 84 fonctionnaires de police.

                 Outre les services techniques tels que l'audiovisuel (19 personnes), les télécommunications et l'informatique (38), les transmissions (15), la présidence emploie aussi des personnels pour les cuisines (23) et la restauration (30), le protocole (12), la crèche (10), la décoration (6), l'entretien et la surveillance des résidences présidentielles (108).

                 Les hôtes du chef de l'Etat peuvent être accueillis dans la résidence Marigny. Cet ancien hôtel particulier, situé en face de l'Elysée, propose près de 900 mètres carrés de salons et salles à manger et pas moins de 26 chambres. Lors de son séjour officiel à Paris, le chef de l'Etat libyen, le colonel Khadafi, demanda toutefois à planter sa tente dans les jardins.

                 L'Elysée dispose d'une annexe au palais de l'Alma, quai Branly. Outre le pavillon d'honneur et la Maréchalerie, pouvant accueillir des manifestations officielles, les bâtiments abritent 62 logements de fonction, dont 27 de type F4, F5 et plus, pour une superficie totale de 5 300 mètres carrés : 16 sont destinés aux collaborateurs du président de la République et chefs de service, 46 à des personnels de service. " Les appartements de fonction sont justifiés par des nécessités de service absolues. Leurs occupants acquittent la taxe d'habitation et celle sur les ordures ménagères. Ces appartements font l'objet d'une déclaration aux services fiscaux au titre des avantages en nature ", précise l'Elysée.

                M. Sarkozy a de plus récupéré le pavillon de la Lanterne (600 mètres carrés et un parc de 5,5 hectares), à Versailles (Yvelines), auparavant réservé au premier ministre. Il dispose d'un pavillon de chasse à Souzy-la-Briche, dans l'Essonne (250 mètres carrés et un parc de 380 hectares) et du fort de Brégançon, dans le Var (1 330 mètres carrés et un parc de 2 hectares). Le patrimoine immobilier de l'Elysée comprend enfin les domaines de Rambouillet (7 136 mètres carrés, un parc de 140 hectares) et de Marly-le-Roi (1 100 mètres carrés, un parc de 50 hectares), dans les Yvelines, ouverts au public.

                Le poste des déplacements est celui qui connaît la plus forte progression. Prévu initialement pour 15,3 millions dans le budget pour 2008, il a été augmenté de 5 millions en cours d'année. Pour 2009, 20,356 millions d'euros sont inscrits. Ce budget, cependant, ne comprend pas le coût de la mise à disposition de l'escadron de transport, d'encadrement et de calibration (ETEC) pour les déplacements présidentiels, estimé à 10 millions d'euros. L'A319 présidentiel devrait être prochainement remplacé par un A330. Son achat sera pris en charge par le ministère de la défense.

                L'Elysée promet, désormais, la transparence et la rigueur. " Chaque chef de service a un budget et je suis chargé de veiller à ce qu'il s'y tienne, assure M. Frémont. Croyez-moi, l'angoisse de finir l'année dans le budget, je l'ai. "

    (1) : 8 novembre 2008.

  • In tenebris, lux. Par Hilaire de Crémiers

     (Analyse politique parue dans le n° 114 de Politique magazine)

     

    Une sorte d’euphorie règne en cette fin d’année dans le gouvernement et les milieux politiques dirigeants. Malgré tous les couacs intergouvernementaux, malgré le chômage galopant, la baisse et l’arrêt d’activités en tous domaines, la vie politique continue, elle prospère, à gauche et à droite, et François Hollande poursuit son programme imperturbablement. Il croit dans son étoile. En fait, les ténèbres s’épaississent. Où donc est la lumière ? 

    Que veut-on ? Des bonnes nouvelles ? En voilà à la pelle. Le président de la République et le gouvernement en sont prodigues. à les en croire, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Rien n’arrête l’optimisme de nos gouvernants.

     

    PRECARITE CHOMAGE.jpg

     

    La peur financière, encore si prégnante ces derniers mois, s’éloigne. François Hollande l’a répété à Bruxelles, à Oslo ; il le redit sans cesse : la crise est derrière nous et la croissance, grâce à lui, grâce à ses justes orientations, est devant nous. Reste à la mettre en musique : en créant l’union bancaire, en consolidant les dettes, en les mutualisant, en renforçant les organes de contrôle bancaire et budgétaire aux niveaux européen et national, en surveillant la finance, en assagissant les banques, en demandant aux riches leur quote-part de richesse, cette juste surtaxe qu’ils doivent à la société, en amorçant par de judicieux investissements européens et nationaux la relance de l’économie, en mettant en place les institutions financières adaptées, MES, BPI, etc, en évitant les conflits et les heurts inutiles, en ramenant la confiance, bref en jouant le jeu de la sortie de crise. à force d’y croire, le salut viendra. Hollande s’en porte garant. 

     

    Hollande l’Algérien

    Ne vient-il pas de l’annoncer en Algérie, sa terre de prédilection ? Le salut de la France et de l’Europe inscrit dans son programme et qu’il porte, tel un messie, sur ses épaules, sera aussi celui de l’Algérie qui en a besoin pareillement. Pour manifester sa bonne volonté il a apporté au peuple algérien des cadeaux, tout ce qui peut faciliter les échanges et l’ouverture vers la France, et, pour de futures installations, tout ce que la France peut avoir de mieux en fait de ressources économiques et technologiques. Mais le plus beau des cadeaux, c’est, bien sûr, sa personne et ses discours, tout simplement. Quels discours ! C’est qu’il sait – il l’a dit et proclamé – que le chemin du salut ne peut être vraiment parcouru sans repentance dûment exprimée : le peuple algérien, si longtemps opprimé, y a droit. La SFIO de Guy Mollet n’a-t-elle pas participé au crime ? Et Mitterrand aussi ? François le saint en a la claire conscience. Cependant, la repentance, – et c’est là que se reconnaît dans ce socialiste si admirablement bourgeois  et si merveilleusement pontifiant la solide formation cléricale qu’il a reçue et dont il a su alimenter sa militance politique, – oui, la repentance ne doit pas être, a-t-il précisé, un ressassement perpétuel du passé mais une marche gaie vers l’avenir. N’est-ce pas un joli propos de curé, en sortie de confessionnal ? Il y a du directeur spirituel dans l’ancien premier secrétaire du parti socialiste qui a dû en  entendre des confessions et qui a dû en calmer des fureurs et des scrupules, pour faire régner la paix dans le consensus de sa douce et non moins impérieuse charité. Et le voilà maintenant président ; grand pontife, en quelque sorte, pape à sa manière avec cet art si chanoinesque d’enrober sa vision d’une morale faite tout exprès et qui se donne des allures de bon sens.

     

    Pas de problème !

    Revenu d’Algérie, sûr de lui, il discourt encore et toujours. Il apaise. Avec moi, il n’y a pas de problème, affirme-t-il. Certes, il y en a eu, mais il n’y en a plus. Il faut le croire. Même sa concubine se met à jouer la grande dame. Qu’a-t-il à changer à sa façon et à ses postures ? Il a raison ; il a toujours eu raison ; il a pour profession d’avoir raison. Ses choix personnels sont toujours les bons. D’ailleurs, la fin d’année lui sourit. Il a su dire et prédire, il y a six mois, que la zone euro se portait bien, qu’il suffisait de réduire les écarts de compétitivité et que c’était d’abord aux Allemands à y mettre du leur, en s’adaptant aux nécessités françaises, italiennes, espagnoles, grecques, sinon leur attitude relèverait d’un vilain égoïsme. Il a employé ce mot et cela le justifie, car c’est un juste. Angela Merkel sans doute a rechigné, même encore dernièrement, mais finalement elle entre peu à peu dans les vues rédemptrices du prophète François qui annonce le bonheur parfait pour demain par l’égalité enfin réalisée et, en attendant, par la péréquation fraternelle. François le juste est bien décidé à aboutir et à aller jusqu’au bout de ses exigences : l’Allemand devra bien finir par accepter les fameux « eurobonds » en pénitence d’une réussite industrielle et agroalimentaire qui par son insolence nuit aux autres et offense outrageusement la France. Ah, mais !

     

    La loi du bonheur

    Tout ne concourt-il pas à la réussite de ses conceptions et à la réalisation de ses pronostics ? Voyez l’accalmie des marchés financiers, la confiance des investisseurs, la satisfaction des agences de notation, la remontée des bourses, l’abaissement des taux d’emprunt, même pour les pays les plus endettés et jusqu’à devenir négatifs pour la France qui, du coup, voit le coût de sa dette baisser… Ne sont-ce pas des signes patents du miracle qui s’opère ? Est-il encore des incrédules et des gens de peu de foi pour demander d’autres signes ? Alors qu’il en est tant pour convaincre, en dépit des ricanements des Goddons et des Teutons, de The Economist et du Bild. La zone euro n’est-elle pas en train de se stabiliser au grand soulagement de tous les gouvernements et du système bancaire européens ? Elle n’explosera pas. Mario Draghi et François Hollande en ont ainsi décidé, soutenus par Van Rompuy, Barroso et Juncker. Aucun pays n’en sortira. Mieux : la Grèce, tous les experts le confirment, voit son avenir s’améliorer. Eh oui ! C’est très simple : une tranche nouvelle de 49 milliards d’euros lui sera allouée d’ici au mois de mars et il n’est pas douteux que l’Europe prendra la décision d’alléger la dette publique grecque par un effacement progressif et continu ; déjà 40 milliards ont été supprimés et grâce à un prêt de la zone euro – voyez l’heureux montage ! – elle a pu racheter, elle-même, encore pour 30 milliards d’endettement. Au total, à ce jour, elle n’en a plus que pour 340 milliards. Presque une paille ! D’ailleurs, Standard & Poors relève sa note souveraine à B– avec perspective stable devant les engagements pris de réformes radicales, qualifiées de structurelles. Qui dit mieux ? Même Angela Merkel, pourtant plus dubitative que François l’optimiste, ne ménage pas ses encouragements au gouvernement grec jusqu’à lui faire miroiter une participation de l’Allemagne à l’annulation de la dette s’il réussit à dégager un exédent budgétaire. Evidemment l’Allemagne à tout intérêt à se garder ce client potentiel. Donc, pour les dirigeants européens et français, la Grèce qui était leur inquiétude lancinante, n’est plus un souci ! Comment n’être pas reconnaissant à François cunctator ? Les oiseaux de mauvais augure qui tournoyaient sur le Parthénon en sont pour leur frais !

    Bien sûr, toutes ces belles assurances reposent – et ce n’est pas dit, mais pourquoi le dire ? – sur le contribuable et le déposant européen qui en paiera le prix et les bilans des institutions financières ne manqueront pas d’en être affectés, mais c’est pour « après » ; et, en théorie socialiste comme en théorie libérale, le risque ne se dissout-il pas par répartition infinie et par report indéfini ? à preuve, les subprimes et autres gadgets de ce genre, n’est-ce pas ?

    Et puis, certes, il y a l’Italie dont nul ne connaît le sort après la démission de Monti, il y a l’Espagne dont il est impossible de sonder les abîmes financiers, le Portugal, l’Irlande qui font reparler d’eux. Mais qu’importe, puisque l’Europe est là qui va se constituer ses propres garanties bancaires et financières ! L’endettement garantira l’endettement. Quid melioris ?

    Alors, François l’imperator va de l’avant. Il est heureux. Malgré les fureurs de son jéciste de Premier ministre et les crâneries de son boy-scout de Montebourg, peu lui importe les solutions à trouver pour tous les licenciements en cours, pour les sites industriels en déshérence comme Florange ou le Petit-Couronne, lui il a « la solution » : c’est lui. Et il est très content. Et les gens fortunés et les jeunes qui quittent le pays, et Depardieu qui lui fait un bras d’honneur en foutant le camp, il n’en a cure ; car lui, il est là. Pourquoi tant de bruits pour rien ? Son bonheur à lui est inaltérable et il veut le bonheur pour tous, comme le mariage pour tous, la procréation assistée pour tous, la mort heureuse pour tous : ce sont les cadeaux qu’il apporte pour ce Noël aux Français. Des lois, toujours des lois qui ouvrent un avenir radieux. L’apôtre François l’annonce : « plus d’homme, plus de femme, plus de Grec, plus de Français, tout en tous ». Tout le monde pourra se marier avec tout le monde, oui, même si lui regarde ça de très haut ; tout le monde pourra se procurer un enfant par tous les procédés connus ; tout le monde pourra, mais en douceur, s’offrir la mort sans douleur. C’est l’or, l’encens et la myrrhe du nouvel Eldorado ! Si, avec ça, pense François le Mage, et en dépit du reste, les Français ne sont pas heureux, c’est à ne plus rien comprendre au cheminement politique.

    Evidemment, vous êtes en droit de penser que ces fausses lumières ne sont que des ténèbres. Et que la vraie Lumière brille ailleurs que dans cet univers à la Huxley. Oui, heureusement, la France a d’autres recours. Le ciel a encore de vraies étoiles pour la guider.  

  • ”Charette, c'est l'anti Robespierre” : succès confirmé pour le ”Charette” de Philippe de Villiers. Petite recension de c

    (On va parler ici du dernier ouvrage de Philippe de Villiers, mais comment ne pas rappeler, en parallèlle, les deux immenses succès que sont Le Puy du fou et le Vendée globe, sortis tous deux de l'imagination et de la volonté de Philippe de Villiers, et de ses équipes; et des succès qui, non seulement traversent les décennies, mais se renouvellent et s'amplifient d'année en année, beaux exemples de Tradition vivante...)

    Alors qu'on sait que quelque chose se prépare du côté de Lorant Deutsch, qui "sera" lui-même le personnage de Charette ("Ce sera le rôle de ma vie..." dit-il) le livre de Philippe de Villiers, après avoir "démarré très fort" poursuit sur sa lancée, son succès ne se dément pas, bien au contraire, il se confirme et s'amplifie, et c'est tant mieux...

    Voici un mini dossier regroupant six présentations de ce livre, allant - pour les ondes - de France info à Historiquement show, en passant par Radio courtoisie, à - pour la presse écrite - l'article de Politique magazine, celui de Nouvelles de France et celui du SIEL... 

    Éditions Albin Michel, 478 pages, 22 euros

    * "Notre patrie à nous, c'est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous.  Notre patrie, c'est notre Foi, notre terre, notre Roi... Mais leur patrie à eux, qu'est-ce que c'est ?  Vous le comprenez, vous ?... Ils l'ont dans le cerveau; nous l'avons sous les pieds...

    Il est vieux comme le diable, le monde qu'ils disent nouveau et qu'ils veulent fonder dans l'absence de Dieu... On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions; faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs !  Sommes la jeunesse de Dieu.  La jeunesse de la fidélité !  Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur".

     
    * "Il me laisse l'impression d'un grand caractère. ... Je lui vois faire des choses d'une énergie, d'une audace peu communes, il laisse percer du génie... " (Napoléon)

     1. "Le livre du jour", sur France info : 

    charette,de villiers,robespierre

    Cliquez sur l'image...

     

    -------- 

    2. Michel Field reçoit Philippe de Villiers dans "Historiquement show" :

     --------

    3. Présenté par Jacques Trémolet de Villers, sur Radio Courtoisie :

    Libre Journal de Jacques Trémolet de Villers du 20 décembre 2012 : "La vie de François-Athanase Charette de La Contrie"

    Jacques Trémolet de Villers. recevait Philippe de Villiers, ancien ministre, député français au Parlement européen, écrivain, et Hilaire de Cremiers, directeur de la revue Politique magazine et de la Nouvelle revue universelle, éditeur, écrivain, pour une émission consacrée à la vie de Charette.

    http://www.radiocourtoisie.fr/8255/libre-journal-de-jacques-tremolet-de-villers-du-20-decembre-2012-la-vie-de-francois-athanase-charette-de-la-contrie/

    -------- 

    4. D'Hilaire de Crémiers, dans Politique magazine :

    charette villiers.JPG

    --------

    5. L'article d'Eric Martin dans "Nouvelles de France" :

    http://www.ndf.fr/identite/10-12-2012/philippe-de-villiers-le-roman-de-charette-est-parti-a-hollywood#.UMwfK674uF8 

    ------

    6. Conférence Villiers / Sécher sur Charette :

    http://breizhjournal.wordpress.com/2013/02/02/charette-general-breton-des-guerres-de-vendee-la-conference-en-audio/ 

    --------

    7. L'article de Marie-Catherine d'Hausen, dans Famille chrétienne :

    Charette.jpg

    Charette 1.jpg

    ---------

    8. L'article de Maurice Livernault, pour la lettre du SIEL - Janvier 2013 :

    La première partie de ce palpitant ouvrage est consacrée à la carrière maritime d’Anathase Charette, car il passa quinze ans dans la marine royale, qu’il aborda adolescent à Brest, pour finir lieutenant de vaisseau à trente ans. La marine de guerre française était alors, sous le règne de Louis XVI, la première d’Europe, et c’est au cours de ses affrontements avec sa rivale britannique qu’il forgea sa personnalité et développa sons sens des responsabilités. En effet, les navires sur lesquels il servit, auprès des navigateurs les plus prestigieux de l’époque, participèrent à la victoire des insurgés américains ; puis, par l’aide apportée aux rebelles grecs, ils jouèrent un rôle non négligeable dans les prémisses de la perte de puissance de l’empire ottoman. Charette contribua également à éradiquer la contrebande en Méditerranée et séjourna à Alger et à Malte.

    Il est de retour à Toulon quand la révolution y éclate, et se marie à Nantes avec une dame d’âge mûr de la bonne société dont il convoitait la fille, puis il démissionne de ses fonctions. Il hésite alors entre rester au pays pour y faire front, ou rejoindre les émigrés à Coblence, solution à laquelle il se rallie finalement. Déçu par la coterie qu’il y rencontre, il revient en France, passe par Paris où il assiste à la mise à sac du Palais des Tuileries, dont il réchappe par miracle. De nouveau en Vendée, il est désigné par la population, un peu à son insu, comme chef de guerre, et il commence à constituer son armée en s’appuyant sur les bandes de paysans qui représentent la résistance à l’ordre que la République veut instaurer par la violence, et auquel se sont ralliées, paradoxalement, la bourgeoisie et une partie de la noblesse locale.

    Puis ce sont les premiers combats, la succession impressionnante de succès et de revers qui aboutit, grâce à une parfaite connaissance du terrain, à la libération du pays de Retz ; mais les luttes intestines minent l’unité et le bon fonctionnement de la guérilla, et la prise de Nantes échoue. La Convention confie à Kléber la mission de mater la Vendée par tous les moyens, dont le plus atroce, le feu. C’est la déroute finale, un moment stoppée par une offre du Comité de Salut Public, qui surestimant la rebellion, la craint, d’ériger la province en principauté autonome, dont il deviendrait le consul. Mais la mésentente s’installe au cœur de sa délégation. Ce n’était en vérité qu’un traquenard échafaudé sur une clause secrète, perverse et mensongère.

    Il reprend le maquis, torturé par le désespoir. Puis c’est la capture au combat, le procès expéditif, et la marche vers le supplice ultime, le long des rues de Nantes, conspué par une population versatile qui l’acclamait encore fougueusement la veille.

    Cette tragique épopée est relatée de main de maître, grâce à une écriture flamboyante, parfaitement contrôlée, exempte de redite, et dont la richesse et l’élégance permettent de décrire des situations parfois insoutenables de cruauté. Le vocabulaire est greffé d’expressions dialectales sans que l’on ressente jamais la moindre propension à la tentation régionaliste. L’auteur exclut clairement toute explication manichéenne du conflit. En effet, c’est par sa voix que Charette, à Coblence, fustige sans équivoque les représentants de l’aristocratie qu’il y côtoie, et dont il constate vite la futilité et l’inconscience qui lui feront abréger son séjour. De même ne sont pas évacuées les dissensions qui opposent entre eux les généraux vendéens, ainsi que celles de son propre état-major, où l’on conspire contre lui. Les exactions auxquelles se livrent parfois ses propres troupes, et qu’il réprouve avec vigueur, sont évoquées sans détour.

    Ce livre révèle, au-delà d’un indéniable talent, les authentiques qualités de cœur de son auteur, qui n’est animé par aucun sentiment revanchard, mais qui souhaite uniquement que la vérité soit proclamée et que la concorde règne, comme en témoigne le splendide spectacle qu’il a écrit et réalisé au Puy-du-Fou. Nous aimerions que ce retour sur la scène littéraire soit le prélude à sa rentrée dans l’arène nationale, tant il nous paraît impensable que la résurgence de notre nation, enlisée dans la servitude et la médiocrité, puisse un jour s’effectuer sans son indispensable et précieux concours.

  • Catalogne indépendante... jusqu'à Perpignan ?

    Ce sont toujours de très fines analyses que donne Jean-Michel Quatrepoint. Il réfléchit ici, pour Le Figaro, aux conséquences du résultat des élections régionales en Catalogne. A terme, outre la période d'incertitudes, palabres et désordres qui s'ouvre pour Barcelone et Madrid, il redoute une explosion des Etats-nations. Menace tout à fait réelle bien qu'elle ne se soit encore jamais traduite dans les faits en d'autres lieux dans des cas comparables (Belgique, Grande-Bretagne). Mais le risque d'explosion des Etats est aussi source d'infinies difficultés pour l'Union Européenne. Basée sur l'idéologie de l'effacement des nations, elle est pourtant, dans la pratique, paradoxalement fondée sur elles. Et le dogme de l'intangibilité des frontières est curieusement resté une règle dite incontestable alors même qu'on voulait les abaisser ! Ainsi, la sécession de la Catalogne poserait aussi à l'Europe de Bruxelles une série de problèmes assez inextricables qui menaceraient ce qui lui reste de cohésion. Dédié à ceux qui croient que l'Europe et le monde s'unifient, alors qu'ils se morcellent. LFAR   

     

    PHO1159e20e-cc52-11e3-a4f2-b373f3cdeec9-150x100.jpgLE FIGARO - Les deux listes indépendantistes catalanes ont obtenu le score historique de 48% des voix aux élections régionales ce dimanche. Cette démonstration de force vis-à-vis de Madrid laisse-t-elle présager une indépendance prochaine de la Catalogne ?

    Jean-Michel QUATREPOINT - Cette élection n'est pas une victoire des indépendantistes. Ils ont obtenu la majorité des sièges avec la CUP. Ce parti (extrême gauche) n'a pas grand-chose à voir avec M. Artur Mas et l'ancienne CiU (Convergence et Union, fédération catalaniste centriste). L'alliance des indépendantistes est hétéroclite: le parti d'Artur Mas a 30 sièges, ERC et Izquierda Unida, républicains de gauche ont obtenu 21 sièges, 11 sièges ont été obtenus par les indépendants. Les rapports de force sont les mêmes depuis quelques années. Les indépendantistes ont gagné en sièges mais pas en votes. Ils restent minoritaires. Les indépendantistes ont fait 48%, les anti-indépendantistes, 52%. La situation est bloquée.

    La politique européenne des euro-régions a-t-elle un rôle dans cette montée en puissance de l'indépendantisme catalan ?

    Oui. Pendant longtemps la Commission européenne et Bruxelles ont joué les régions contre les Etats-nations. A un point tel que s'est accrue l'utilisation des langues régionales ; le catalan est une langue officielle de l'UE, comme le basque. A multiplier les langues régionales, on a pu donner l'impression à ces régions qu'elles seraient plus efficaces en négociant directement avec Bruxelles, en sautant l'étape de l'Etat-nation.

    Comment expliquer, à l'heure de la mondialisation et de la théorie des grands espaces, cette montée en puissance de ces revendications indépendantistes ?

    On peut comprendre les problèmes propres des Catalans, comme ceux des Basques ; sous Franco, ils avaient été les principales victimes de la répression, car Basques et Catalans étaient les principaux opposants de Franco. Entre 1939 et 1973-74, ils ne pouvaient parler leur langue, on continuait à exécuter les militants. Mais par le Pacte de la Moncloa - accord signé en 1977, après la mort de Franco - les Espagnols ont décidé de ne pas se référer au passé, et de bâtir un Etat-nation dotant les régions d'une très grande autonomie. Depuis quelques années, le Parti populaire a une responsabilité car il n'a pas pris au sérieux les revendications des Catalans. Il était focalisé sur les Basques et l'ETA - les Catalans n'ayant, à la différence des Basques, jamais commis d'acte terroriste - sans s'apercevoir qu'en Catalogne, la montée irrédentiste était forte. Les antagonismes ancestraux ont resurgi à travers la langue qui a servi de vecteur aux idées indépendantistes en Catalogne, comme au Pays basque. Mais au Pays basque, où l'autonomie est plus importante que dans d'autres régions, les milieux économiques ont parfaitement compris qu'ils avaient intérêt à rester dans l'Espagne. Les Catalans se montrent un peu plus égoïstes. Ils ne veulent pas payer pour les Andalous et les régions moins riches. Cet égoïsme régional laisse place à une situation bloquée. Les positions se tendent.

    Quels problèmes pose ce rassemblement hétéroclite des indépendantistes ?

    Au sein des indépendantistes se posent plusieurs problèmes. Dans l'ancienne CiU, le parti d'Artur Mas, beaucoup étaient corrompus, à commencer par Jordi Pujol, qui l'a présidée de 1979 à 2004. Pour garder le pouvoir, ils ont fait alliance avec l'extrême-gauche. Cette dernière n'est pas du tout sur la même position en matière sociale et fiscale par exemple. Leurs revendications sont incompatibles avec les positions de centre droit de la CiU. Aujourd'hui, les antagonismes sont forts. Ciudadanos, un parti neuf, fondé en 2006 l'autre vainqueur des élections, a grimpé sur les décombres du parti populaire ; il est devenu la deuxième force politique de Catalogne.

    En Catalogne, il n'y a pas que des Catalans. De nombreux Espagnols y vivent et y travaillent. Les Catalans avaient fait venir des travailleurs d'Andalousie, qui n'ont nulle envie de voir la Catalogne devenir indépendante. Les règles avaient déjà été durcies pour s'intégrer et travailler là-bas : pour tout emploi public, il faut parler catalan. Les professeurs de langues étrangères par exemple doivent enseigner en catalan. La barrière de la langue crée de la ségrégation à l'intérieur de la Catalogne.

    L'indépendance est également prônée pour des raisons électoralistes et clientélistes. Elle provoquerait la création de milliers de postes à distribuer aux copains, dans les ambassades et autres représentations nationales.

    Comment la position de Madrid peut-elle évoluer ?

    Les Catalans ne deviendront indépendants que si Madrid donne son aval. La Catalogne ne peut décréter son indépendance unilatéralement. Un référendum est nécessaire, et il devrait se tenir dans toute l'Espagne. Un problème majeur se pose, celui de la répartition de la dette, surtout que la Catalogne est la région la plus endettée d'Espagne. Les milieux économiques s'inquiètent de la possibilité d'une indépendance. Les investisseurs ne prendront pas le risque d'investir en cette période d'incertitude totale. Prenons un exemple concret, celui de Vueling, la filiale low-cost d'Iberia. Le hub d'Iberia est à Madrid. Celui de Vueling est à Barcelone. Si jamais il y a un conflit, Vueling pourrait rapatrier son hub à Madrid, ou dans une autre ville d'Espagne. Sans parler du Barça. Il ne pourrait plus participer au championnat d'Espagne. Fini les “ classicos” contre le Real Madrid.

    Quelle sera la réaction probable des autres partis, non indépendantistes ?

    Le PP devra donner un peu plus d'indépendance budgétaire à la Catalogne. Les anti-indépendantistes qui ont longtemps laissé faire, commencent à redresser la tête. Tenez, aux Baléares, les gens parlent catalan… et ne réclament pas l'indépendance pour autant.

    Le parti Podemos s'est révélé en échec complet dans ces élections pour lesquelles ils n'ont pas fait de choix clair. Une partie de leurs troupes a basculé du côté des indépendantistes. Ciudadanos est en train de monter car ce parti représente une alternative face au PP vieillissant et considéré comme « pourri ».

    L'indépendance de la Catalogne aura-t-elle des répercussions sur la France ? On sait que certains, tels le parti EELV, lorgnent sur le département des Pyrénées-Orientales (rebaptisé Catalogne par ce parti)…

    Evidemment. Les plus indépendantistes se trouvent à Gérone. Or, parmi eux, un certain nombre estime que la Catalogne va jusqu'à Narbonne. Si la Catalogne espagnole devient indépendante, elle créera des émules dans le pays catalan français. Elle donnera envie au Pays basque espagnol de réclamer son indépendance, et partant, le Pays basque français fera de même. Nous aurons un éclatement de l'Etat espagnol et des revendications nationalistes se renforçant en France.  

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. Il a travaillé entre autres au Monde, à La Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir.

    Son dernier livre, Alstom, scandale d'Etat - dernière liquidation de l'industrie française, est paru le 9 septembre 2015 aux éditions Fayard.

    Il est vice-président du comité Orwell.

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières

  • Titre

    Réalisateur

    appréciation

    genre

    nationalité

    Date de sortie

    Dark Waters

    Todd Haynes

    Je recommande

    Biopic, drame

    américain

    Février 2020

    Le cas Richard Jewell

    Clint Eastwood

    Je recommande

    drame

    américain

    Février 2020

    La fille au bracelet

    Stéphane Demoustier

    Je recommande

    Drame, justice

    Français

    Février 2020

    5ème set

    Quentin Reynaud

    Un très bon film

    drame

    Français

    2021

    Cruella

    Craig Gillespie

    Une bonne soirée

    Comédie dramatique,

    américain

    2021

    Les Misérables

    Ladj Ly

    Je recommande

    Drame

    français

    Novembre 2019