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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Civilisation & Société • Faut-il douter de l’art contemporain ?

     

    par Aloysia Biessy

    Le jeune blog Le Rouge & Le Noir répond sans ambiguïté et en débat : il faut douter de l'Art contemporain. Avis partagé, bien-sûr ! LFAR

     

    rn.pngLes Historiens de l’art ont une fâcheuse tendance à créer des catégories systématiques pour cataloguer les mouvements artistiques suivant des périodes de l’Histoire… L’Histoire ne peut se défaire de la période artistique qui l’influence, guide le geste de l’artiste, tant à à l’échelle organique (constitution de la matière) que dans la qualité essentielle (sens profond) de l’œuvre qu’il créée. Mais déconstruite, l’Histoire est désormais jaugée à l’aune de son échéance immédiate ; depuis la fin de la seconde guerre mondiale, une sorte d’irrésistible mouvement pousse le spectateur à adopter une « posture consciente » vis-à-vis de l’ouvrage, réflexion factice imposant un examen ontologique obligé, plein d’une vanité mortifère. C’est dans ce cadre, s’abritant docilement à l’ombre d’un prêche humaniste dénué de sens, que l’art « contemporain » prend corps.

    La désertion du sens : une dialectique usée

    Sans plus s’interroger sur la nature de l’art, seul son caractère actuel autorise la reconnaissance de l’ouvrage. Abandon de son sens profond, de cette manne de transcendance immortalisée dans la matière par la seule virtuosité de l’artiste… A l’heure où la vieille dialectique (usée) de la désertion du sens n’en finit plus d’essaimer son poison, le progrès fait loi : la légitimité de l’innovation tant répétée depuis Duchamp, mais privée de l’acte de subversion ultime du fou génial, est devenue inaudible. La subversion passéiste est devenue désormais systématique. L’aboutissement de deux siècles de projection nihiliste est grossièrement illustrée… C’est une sorte de manifeste, sommant le spectateur de se plier à une inéluctable « interaction » avec l’œuvre - un « dialogue » (sic) - imposé par le devoir de bonheur auquel on n’a d’autre choix que de se conformer. Désormais, on « interroge l’œuvre » plutôt que d’être happé par ces puissants traits de génie des artistes, fruit d’une émulation exprimée à l’échelle tant sensible qu’essentielle… L’indiscipline duchampienne ne pouvait être estampillée. La reprise qu’en fait depuis une centaine d’années « l’artiste » contemporain relève au mieux de l’ignorance crasse, au pire de l’opportunisme malléable du « créateur », obéissant au bon gré d’un mécène s’évertuant toujours à distinguer un Degas d’un Warhol…

    Un art subventionné... par le secteur privé

    De fait,  quiconque s’intéresse à cet « art » actuel ne peut honnêtement ignorer le marché sous-jacent qui l’anime ; « Murakami est un artiste Arnault », lance insidieusement Jean-Jacques Aillagon au détour d’une émission de télévision… [1] On entend déjà les concerts de voix s’insurger : « au même titre que Le Brun ou le Sueur étaient des ‘’artistes Louis XIV’’ ! ». A cette différence : les peintres d’alors œuvraient pour le Beau et à l’expansion de la magnificence royale… Là où les concepteurs d’ouvrages contemporains éludent la nature figurative de l’art - reflet de la nature, relativisent la nécessaire prouesse technique dont elle se doit de faire preuve et ne sont, désormais, qu'uniquement tributaires du degré de maîtrise technique d’un intervenant tiers, reflètent les goûts de castes élitistes, ignorantes, dont la vulgarité ne semble avoir d’égale mesure que la vénalité.

    C’est dans la perspective de porter un regard attentif à l’expression artistique contemporaine que le Rouge et le Noir va débattre de l’art contemporain. « Dans notre monde de certitudes, seul l’art contemporain permet de douter. Ouf ! », aime à déclarer (sérieusement ?) le ploutocrate directeur du Théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes. Laissons donc le lecteur douter… 

    [1Émission de « Ce soir ou jamais », Frédéric Taddeï, France 2, 27 septembre 2010.

    Le Rouge & Le Noir

     

  • La domination des machines n'est pas innocente, par Jean-Philippe Chauvin

    Les manuels d’histoire sont étrangement discrets sur ce qui peut gêner l’idéologie dominante, et il est très rare de lire une évocation des lois d’Allarde et Le Chapelier de 1791, entre autres, comme il est encore plus rare de trouver une référence à cette autre date tragique de l’histoire sociale, celle de février 1812, inconnue de la plupart des enseignants d’histoire que j’ai rencontrés dans ma vie.

    396556_jean-philippe-chauvincorr.jpgEt pourtant ! Elle mériterait des livres, des articles, voire des films, et elle passe totalement inaperçue alors qu’elle me semble l’une des plus significatives de l’ère industrielle européenne, et qu’elle ouvre ce règne dénoncé autant par le républicain Michelet que par le royaliste Bernanos, celui des Machines…

     

    En 1811, alors que l’empire napoléonien domine, pour un temps bref, toute l’Europe continentale, l’Angleterre reste la seule puissance tenant tête à celui qu’elle surnomme « l’Ogre », et cela sur mer comme par l’industrie. Or, c’est le moment durant lequel les patrons du textile anglais équipent leurs usines de métiers à tisser qui, tout en favorisant une production de masse, concurrencent directement les tisserands indépendants des campagnes, les acculant à des horaires fous avant de les ruiner, au profit même d’un patronat qui, en plus, recrute à vil prix une main-d’œuvre issue des populations laborieuses désormais désargentées et dépossédées de leur utilité productive. Cela entraîne alors une véritable révolte contre les machines, détruites par ceux qui se rangent derrière un mystérieux général Ludd et demandent à voir reconnu par la société et l’Etat leur droit à vivre dignement de leur travail. Pour seule réponse, l’Angleterre envoie la troupe et le Parlement va adopter un « Bill » (une loi) punissant de mort ceux qui attentent aux machines : oui, vous avez bien lu, une loi condamnant à la pendaison les « briseurs de machines » ! C’est-à-dire que, à suivre cette loi, une machine de bois et de ferraille vaut plus que la vie d’un homme, ce que dénonce, dans un discours retentissant mais incompris, Lord Byron.

     

    Or, malgré cet aspect que l’on peut humainement qualifier de « terrible » (au sens premier du terme), le règne des Machines ne sera pas entravé en ce XIXe siècle industrialiste, et se fera sous l’impulsion d’un patronat progressiste qui, en France, se fera républicain pour ne plus avoir à répondre de leurs responsabilités devant les corporations et l’Etat qui, pourtant, ne lui fera guère de remontrances sur ce point et cela quelle que soit sa forme institutionnelle. La « liberté » s’impose mais c’est la liberté de celui qui a les moyens d’acheter de coûteuses machines qui lui seront rentables par l’exploitation des ouvriers qu’il peut mettre derrière, au service exclusif de celles-ci : ce ne sont plus le Travail et l’intérêt des travailleurs qui priment désormais mais le profit que le Financier pourra en tirer, en plus de l’entrepreneur qui achète ces machines pour dégager de confortables bénéfices. Il ne s’agit pas, pour mon compte, de dénoncer les machines en tant que telles ou de méconnaître les progrès techniques et l’utilité qu’elles peuvent avoir, mais de regretter leur « sens » social dans le cadre d’un régime capitaliste qui, en lui-même, est et reste antisocial malgré tous les habillages dont l’on peut essayer de l’affubler : la machine de l’usine reste, encore et toujours, la propriété quasiment exclusive du patron, et l’ouvrier n’en est que le servant, toujours moins valorisé que le « monstre d’acier » qu’il sert…

     

     

    Nous ne reviendrons pas sur ce qui a été aux XIXe et XXe siècles, simplement parce que ce n’est pas possible : ce qui est fait est fait, et c’est ainsi, même s’il n’est pas interdit de le regretter ! Mais cela ne doit pas empêcher de penser le lendemain, et d’évoquer une autre forme de propriété et d’usage des machines que celle de la propriété privée exclusive. Une « propriété corporative » est-elle possible, au moins dans quelques branches d’activité ? Une propriété qui associerait les ouvriers aux schémas de production et aux bénéfices de l’outil de production ? L’idée mise en avant par le général de Gaulle sous le nom de « participation » n’en était-elle pas une ébauche, vite écartée par son successeur issu de la Banque ?

     

    La difficulté est évidemment que la mondialisation (qui n’est pas la simple internationalisation des échanges, mais bien plutôt l’imposition d’un modèle « à vocation mondiale » né de Franklin et de Ford, comme l’avait pressenti Aldous Huxley dès le début des années 1930) semble être un véritable rouleau compresseur qui ne sait plus s’arrêter, lancée dans une véritable fuite en avant, de plus en plus artificialisante (comme l’intelligence qui, désormais, est appelée à se « déshumaniser » pour mieux se « transhumaniser »…) et conquérante, intrusive et « obligatoire », et apparemment « acceptée », comme une sorte de fatalité, par nos compatriotes (mais moins par ceux-ci que par les autres populations encore aveuglées par les promesses de la modernité et de la société de consommation…) et les plus jeunes générations dépendantes à une Technique dans laquelle elles sont nées.

     

     

    Là encore, il ne s’agit pas de jeter nos ordinateurs ou toutes ces machines du quotidien qui ont envahi nos maisons et nos écoles, nos rues et nos vies, mais de les maîtriser et de les ordonner, non au seul service des Féodalités financières et économiques contemporaines, mais au service de tous, et de manière mesurée, à la fois humainement et écologiquement : les machines doivent rester de simples moyens, et non nous imposer leur rythme franklinien au profit d’autres que nous et sans respect pour la nature humaine et les cadres nécessaires de la vie en société… Refuser la domination des machines, ce n’est pas refuser leur existence ni leur usage mais rester maîtres de nos propres vies et de nos propres réflexions, au-delà des machines et de leur univers… Il s’agit d’en finir avec la « technodépendance » pour retrouver le sens de notre humaine indépendance, celle qui nous permet de choisir l’honneur et le don de soi plutôt que la rentabilité et l’esclavage. Huxley, Tolkien et Bernanos, mais aussi Michelet à travers ce texte, « Le peuple », que ses propres thuriféraires semblent vouloir oublier et qu’il nous plaît de relire, nous rappellent ce devoir de liberté humaine qui ne se limite pas à « l’individu égal des autres » mais reconnaît l’éminente dignité des personnes à travers leurs particularités et leur pluralité sociale comme intellectuelle et culturelle.

  • La France à la recherche de son grand homme… par Christian Vanneste

    En cette fin d’année 2019, un bilan s’impose. S’il y a un mouvement qui a dominé l’histoire récente un peu partout dans le monde, ce n’est pas le « progressisme », ni la mondialisation chers au président français, mais au contraire le réveil des Nations, incarné par des hommes forts à la fois conservateurs et populistes, qui placent au premier rang de leurs devoirs la défense de l’identité et de la souveraineté des peuples qui les ont mis à leur tête.

    VANNESTE.jpgCe qui était une option paraît être devenue une nécessité impérieuse. On insiste souvent sur le caractère insulaire du Royaume-Uni. Il faudrait peut-être s’interroger sur l’insularité idéologique de notre France malgré sa géographie continentale. Il y a chez nous depuis un certain temps un tropisme du contre-sens, celui qui, par exemple, avait offert le pouvoir à Mitterrand et à un gouvernement socialiste et communiste en 1981, au moment même où Thatcher et Reagan prenaient la tête du Royaume-Uni et des Etats-Unis pour y mener une politique néo-conservatrice qui conduisit notamment à l’effondrement du bloc soviétique.

    Poutine a amorcé le redressement de la Russie qu’il poursuit inlassablement malgré les nombreux obstacles que les Occidentaux lui opposent. Chacun lui reconnaît une présence d’une rare efficacité sur la scène internationale. Puis, Trump a été la grande surprise américaine. La gauche mondaine, « libérale » au sens américain du terme, dont M. Macron est le représentant chez nous, avec ce mélange de social-démocratie, de goût pour la décadence des moeurs, et d’effacement des identités et des frontières, n’a jamais pardonné au Président des Etats-Unis sa victoire, et moins encore les succès incontestables de sa politique qui ont amené le pays à un taux de chômage historiquement bas. Les démocrates, fous de rage, ont dès son élection entrepris une stratégie de destitution fondée sur la Russie d’abord, puis sur l’Ukraine, qui privilégie les intérêts du parti et dessert l’image du pays. Ils risquent bien de faciliter une réélection aujourd’hui possible alors que nos médias n’ont cessé de présenter Trump comme une anomalie que l’histoire allait balayer. En Inde, le Premier Ministre Modi entame un second mandat après une victoire électorale éclatante de son parti, le BJP. L’affirmation de l’identité hindouiste de l’Inde est cette fois clairement exprimée. Un peu à la manière de la Russie orthodoxe, l’Inde met en avant une religion, tout en acceptant les autres, mais contrairement au pays de Poutine, elle rejette l’islam en excluant les immigrés musulmans de l’accession à la nationalité indienne. Les motifs de cette discrimination redonnent son sens à ce mot. Il s’agit d’un choix légitimé par des critères rationnels : l’Inde est bordée à l’Est et à l’Ouest par deux pays musulmans qui oppriment les autres religions au point de pousser à l’émigration leurs membres. En son sein, la population musulmane grandissait plus vite que les autres. Enfin le souvenir des massacres atroces subis durant des siècles par les Hindous de la part des islamistes, qu’on évalue parfois jusqu’à 400 millions de victimes, et celui plus récent des attentats commis par des fanatiques suscitent une prudence qui appelle au devoir de précaution démographique auquel l’Europe pourrait songer, elle-aussi. On pourrait encore citer le Hongrois Orban, leTurc Erdogan, l’Egyptien Al-Sissi, le Brésilien Bolsonaro, qui, chacun à leur manière sont des hommes forts et des nationalistes, dans des contextes politiques très différents. Le dernier en date est Boris Johnson, typiquement britannique par son goût de la singularité, qui vient de remporter haut-la-main les élections législatives, en détachant le Royaume-Uni de la pesante médiocrité européenne, en réaffirmant, lui, la prééminence de la souveraineté populaire dans une véritable démocratie, et plus récemment, à l’occasion de Noël, en rappelant son attachement à la défense du christianisme.

    Notre chef de l’Etat, élu par défaut, fait bien pâle figure sur cette photographie des hommes qui comptent dans le monde. Fêtant somptueusement son anniversaire en terre étrangère tandis qu’en France, sa politique avait engendré un chaos gâchant la période habituellement enchantée entre Noël et nouvel-an, il n’a pu s’empêcher une fois de plus de salir l’histoire de son pays, par une repentance injustifiée. Cette insistance, sa volonté de plus en plus isolée de vouloir poursuivre la construction européenne sur les ruines des souverainetés nationales, le démantèlement de notre industrie, auquel il a activement participé, les marques de mépris envers les Français modestes, comme une attirance curieuse vers une altérité douteuse ou sulfureuse, tout chez lui fait suspecter un « autrisme », une préférence étrangère, étrange chez celui en qui tous les Français devraient pouvoir se reconnaître. Qu’avait-il besoin d’embarquer dans son avion vers Abidjan le rappeur Vegedream ? Il témoignait, paraît-il, du lien culturel entre la France et la Côte d’Ivoire… De son nom jusqu’au florilège de ses textes, » j’vais niquer des mères. J’vais tout casser… Sale pute, va niquer ta race » rien ne le situe vraiment dans la mise en valeur de notre culture à moins d’accepter que celle-ci doive tendre à la grossièreté et à l’incitation à l’ensauvagement de notre société.

    Il est indispensable et urgent qu’un homme se lève, ou une femme, qui puisse éviter qu’une seconde fois, les Français élisent par défaut un homme qui déclasse notre pays !

  • Un président ne devrait pas dire ça

     En sommes-nous là ? Impasse comparative ?

    par Louis-Joseph Delanglade
     

    sinistra-italiana_una-nuova-proposta-il-documento_sfondo-rosso-170204 - Copie.jpg

    Alors qu’il commence son « itinérance mémorielle » à l’occasion du centenaire de 1918, M. Macron vient de prouver qu’il est décidément fâché avec l’Histoire.

    Il faut quand même une bonne dose de méconnaissance ou de mauvaise foi ou d’esprit partisan, ou des trois,  pour se dire « frappé par la ressemblance entre le moment que nous vivons et celui de l’entre-deux-guerres » (Ouest-France, mercredi 31). M. Macron nomme ainsi les dangers qui menaceraient l’Europe : d’abord « les peurs, le repli nationaliste, les conséquences de la crise économique » ; ensuite « celui de se démembrer par la lèpre nationaliste et d'être bousculée par des puissances extérieures. Et donc de perdre sa souveraineté » (sic). Commençons par là : en quoi l’Union européenne (car c’est d’elle, et non de l’Europe qu’il s’agit) est-elle souveraine ? Hormis dans le domaine de la monnaie unique dont les bienfaits et les méfaits sont encore discutables, l’Union ne dispose d’aucun des attributs de la souveraineté réelle : elle n’est même pas capable de tenir ses propres frontières. La souveraineté ne relève de toute façon que des Etats et c’est seulement leur entente directe qui peut permettre de fonder une défense commune, au sens large du terme. 

    Pour le reste, et suivant la formule de Mme Lefebvre (Le Figaro, jeudi 1), il s’agit d’une « impasse comparative » ; nous ajouterons : une manipulation scandaleuse de l’Histoire à des fins politiciennes. Dans les années trente, existaient en effet en Europe deux grandes puissances impérialistes et sur-militarisées, l’Allemagne et l’Union soviétique. Des alliances, des blocs, des pays hostiles que tout poussait vers la guerre : rien de cela, aujourd’hui, aucun pays européen ne menaçant un autre pays européen. S’il existe bien une tendance hostile, c’est la réaction commune et légitime contre ce qui est perçu par tous les peuples d’Europe comme le même ennemi : l’islam. Au lieu d’ânonner que « le nationalisme, le populisme l-annee-1929.jpgc’est la guerre », le chef de l’Etat aurait dû ajouter pour dire la vérité « la guerre à l’islam conquérant » qui nous agresse tous. Curieusement, M. Macron n’y fait pas allusion ; pas plus qu’il ne voit de similitude - lui qui aime pourtant les comparaisons -  entre le rôle du capitalisme financier et spéculatif dans la crise de 1929 et celui de ce même capitalisme financier et spéculatif aujourd’hui. 

    Mais il s’agit pour notre président de revendiquer son appartenance au camp « progressiste » (dénomination qui porte sa propre condamnation quand on voit où la religion du progrès nous a menés) et d’opposer dans un manichéisme historique insensé les camps du bien et du mal. Pire qu’une réduction caricaturale, ses propos constituent une insulte inadmissible pour certains de nos voisins, amis et alliés d’Europe. En laissant croire qu’on peut les comparer aux nazis ou aux bolcheviks, dont on sait tout le mal qu’ils ont pu faire ; en les traitant de lépreux, même s’ils ne sont pas nommés. Nommons-les donc : MM. Orban, Salvini, Kurtz, Morawiecki, etc. et les peuples de Hongrie, d’Italie, d’Autriche, de Pologne, etc.. Pour les avoir anathématisés ainsi, M. Macron mérite l’opprobre : lui, le moraliste hypocrite, vient de mettre ses pas dans les pas des tricheurs de 2005, ce pays légal européiste, politiciens de droite et de gauche confondus, qui refusa de respecter le « non » du peuple au référendum sur la Constitution européenne ; il est, écrit encore fort justement Mme Lefebvre, « l'homme de ce système : la société ouverte, inclusive, du village global, des flux sans contrôle de marchandises et des hommes - catégories bientôt synonymes. » Il est donc l’homme d’un système qui porte l’entière responsabilité de l’enchaînement des causes et conséquences ayant conduit l’Union, et avec elle l’Europe, au bord du précipice : invasion migratoire, assujettissement aux marchés financiers, refus de tout ce qui devrait faire notre fierté d’être l’Europe et impuissance induite d’envisager de nous défendre sérieusement. 

    870x489_maxpeopleworld973046.jpgMais M. Macron a quand même compris quelque chose : l’échec de son parti aux élections européennes du printemps prochain pourrait bien lui causer de très gros soucis. S’il tord le cou à l’Histoire, c’est donc bien pour la mettre de son côté. Cette instrumentalisation ne trompe pourtant personne, sauf certains journalistes particulièrement incultes. Pour se rassurer, M. Macron pourra toujours se dire qu’il a le soutien de M. Hollande, lequel vient de dénoncer (Rennes, jeudi 1) le « moment très grave pour la démocratie » que constitue la « vague » populiste actuelle. « Il ne faut jamais croire que la démocratie peut être irréversible », a-t-il ajouté. M. Hollande a parfois du bon sens.  

  • La domination des machines, une domination capitaliste, par Jean-Philippe Chauvin.

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

    Les manuels d’histoire sont étrangement discrets sur ce qui peut gêner l’idéologie dominante, et il est très rare de lire une évocation des lois d’Allarde et Le Chapelier de 1791, entre autres, comme il est encore plus rare de trouver une référence à cette autre date tragique de l’histoire sociale, celle de février 1812, inconnue de la plupart des enseignants d’histoire que j’ai rencontrés dans ma vie.

    jean philippe chauvin.jpgEt pourtant ! Elle mériterait des livres, des articles, voire des films, et elle passe totalement inaperçue alors qu’elle me semble l’une des plus significatives de l’ère industrielle européenne, et qu’elle ouvre ce règne dénoncé autant par le républicain Michelet que par le royaliste Bernanos, celui des Machines…

     

    En 1811, alors que l’empire napoléonien domine, pour un temps bref, toute l’Europe continentale, l’Angleterre reste la seule puissance tenant tête à celui qu’elle surnomme « l’Ogre », et cela sur mer comme par l’industrie. Or, c’est le moment durant lequel les patrons du textile anglais équipent leurs usines de métiers à tisser qui, tout en favorisant une production de masse, concurrencent directement les tisserands indépendants des campagnes, les acculant à des horaires fous avant de les ruiner, au profit même d’un patronat qui, en plus, recrute à vil prix une main-d’œuvre issue des populations laborieuses désormais désargentées et dépossédées de leur utilité productive. Cela entraîne alors une véritable révolte contre les machines, détruites par ceux qui se rangent derrière un mystérieux général Ludd et demandent à voir reconnu par la société et l’Etat leur droit à vivre dignement de leur travail. Pour seule réponse, l’Angleterre envoie la troupe et le Parlement va adopter un « Bill » (une loi) punissant de mort ceux qui attentent aux machines : oui, vous avez bien lu, une loi condamnant à la pendaison les « briseurs de machines » ! C’est-à-dire que, à suivre cette loi, une machine de bois et de ferraille vaut plus que la vie d’un homme, ce que dénonce, dans un discours retentissant mais incompris, Lord Byron.

    Or, malgré cet aspect que l’on peut humainement qualifier de « terrible » (au sens premier du terme), le règne des Machines ne sera pas entravé en ce XIXe siècle industrialiste, et se fera sous l’impulsion d’un patronat progressiste qui, en France, se fera républicain pour ne plus avoir à répondre de leurs responsabilités devant les corporations et l’État qui, pourtant, ne lui fera guère de remontrances sur ce point et cela quelle que soit sa forme institutionnelle. La « liberté » s’impose mais c’est la liberté de celui qui a les moyens d’acheter de coûteuses machines qui lui seront rentables par l’exploitation des ouvriers qu’il peut mettre derrière, au service exclusif de celles-ci : ce ne sont plus le Travail et l’intérêt des travailleurs qui priment désormais mais le profit que le Financier pourra en tirer, en plus de l’entrepreneur qui achète ces machines pour dégager de confortables bénéfices. Il ne s’agit pas, pour mon compte, de dénoncer les machines en tant que telles ou de méconnaître les progrès techniques et l’utilité qu’elles peuvent avoir, mais de regretter leur « sens » social dans le cadre d’un régime capitaliste qui, en lui-même, est et reste antisocial malgré tous les habillages dont l’on peut essayer de l’affubler : la machine de l’usine reste, encore et toujours, la propriété quasiment exclusive du patron, et l’ouvrier n’en est que le servant, toujours moins valorisé que le « monstre d’acier » qu’il sert…

     

    Nous ne reviendrons pas sur ce qui a été aux XIXe et XXe siècles, simplement parce que ce n’est pas possible : ce qui est fait est fait, et c’est ainsi, même s’il n’est pas interdit de le regretter ! Mais cela ne doit pas empêcher de penser le lendemain, et d’évoquer une autre forme de propriété et d’usage des machines que celle de la propriété privée exclusive. Une « propriété corporative » est-elle possible, au moins dans quelques branches d’activité ? Une propriété qui associerait les ouvriers aux schémas de production et aux bénéfices de l’outil de production ? L’idée mise en avant par le général de Gaulle sous le nom de « participation » n’en était-elle pas une ébauche, vite écartée par son successeur issu de la Banque ?

     

    La difficulté est évidemment que la mondialisation (qui n’est pas la simple internationalisation des échanges, mais bien plutôt l’imposition d’un modèle « à vocation mondiale » né de Franklin et de Ford, comme l’avait pressenti Aldous Huxley dès le début des années 1930) semble être un véritable rouleau compresseur qui ne sait plus s’arrêter, lancée dans une véritable fuite en avant, de plus en plus artificialisante (comme l’intelligence qui, désormais, est appelée à se « déshumaniser » pour mieux se « transhumaniser »…) et conquérante, intrusive et « obligatoire », et apparemment « acceptée », comme une sorte de fatalité, par nos compatriotes (mais moins par ceux-ci que par les autres populations encore aveuglées par les promesses de la modernité et de la société de consommation…) et les plus jeunes générations dépendantes à une Technique dans laquelle elles sont nées.

     

    Là encore, il ne s’agit pas de jeter nos ordinateurs ou toutes ces machines du quotidien qui ont envahi nos maisons et nos écoles, nos rues et nos vies, mais de les maîtriser et de les ordonner, non au seul service des Féodalités financières et économiques contemporaines, mais au service de tous, et de manière mesurée, à la fois humainement et écologiquement : les machines doivent rester de simples moyens, et non nous imposer leur rythme franklinien au profit d’autres que nous et sans respect pour la nature humaine et les cadres nécessaires de la vie en société… Refuser la domination des machines, ce n’est pas refuser leur existence ni leur usage mais rester maîtres de nos propres vies et de nos propres réflexions, au-delà des machines et de leur univers… Il s’agit d’en finir avec la « technodépendance » pour retrouver le sens de notre humaine indépendance, celle qui nous permet de choisir l’honneur et le don de soi plutôt que la rentabilité et l’esclavage. Huxley, Tolkien et Bernanos, mais aussi Michelet à travers ce texte, « Le peuple », que ses propres thuriféraires semblent vouloir oublier et qu’il nous plaît de relire, nous rappellent ce devoir de liberté humaine qui ne se limite pas à « l’individu égal des autres » mais reconnaît l’éminente dignité des personnes à travers leurs particularités et leur pluralité sociale comme intellectuelle et culturelle.

  • Le Système est l'héritier du Terrorisme révolutionnaire, négationniste/révisionniste et matrice des Totalitarismes moder

    Aujourd'hui (3) : La Révolution a tanné des peaux humaines ! (3)

    (documents tirés de notre Album : Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerre de géants...")

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    Illustration : peau humaine conservée au Muséum de sciences naturelles de Nantes.

    Aujourd'hui, Robespierre porte costume et cravate, il affiche une apparence distinguée, et loge sans vergogne dans les appartements de la Royauté, tâchant de ressembler à ces autres Rois ou Présidents du monde.

    Mais il ne s'agit que d'un masque, d'une leurre, d'une Tartuferie institutionnalisée : c'est "le chaos figé des conservateurs du désordre" qui est en place, sous des apparences "normales" et policées; et ce chaos n'est rien d'autre que l'héritier assumé du "chaos explosif des révolutionnaires".

    Voici quelques exemples de ce que fut ce "chaos explosif" des révolutionnaires de 1789/1793, si fanatiques qu'ils ont eux-mêmes baptisé leur méthode de gouvernement (?) "la Terreur"; de ses aspects monstrueusement inhumains, d'une atroce barbarie, qui préfiguraient les épouvantables horreurs du marxisme-léninisme et du nazisme...

    Et voilà pourquoi, chaque année, nous signalons cette date du 21 janvier à nos compatriotes comme celle du début de notre décadence, comme l'origine de tous nos maux, comme la matrice et le ventre - hélas fécond - d'où sont sortis les abominations qui ensanglantent le monde depuis lors...

    Voici quelques aspects de ce que fut la Terreur révolutionnaire en Vendée, et ce qu'en ont dit quelques uns de ceux qui ont oeuvré à sa mise en œuvre "systématique", au sens premier du terme...

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    Aujourd'hui (3) : La Révolution a tanné des peaux humaines ! (3)

    (documents tirés de notre Album : Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerre de géants...")

     

    Illustration : peau humaine conservée au Muséum de sciences naturelles de Nantes.



    Voici aujourd'hui  trois témoignages de révolutionnaires, que l'on ne pourra pas taxer de réactionnaires !

     

    1. Le conventionnel Harmand de la Meuse (1751-1816) :

    "...Une demoiselle jeune, grande et bien faite, s’était refusée aux recherches de St.-Just : il la fit conduire à l’échafaud. Après l’exécution, il voulut qu’on lui représentât le cadavre, et que la peau fût levée. Quand ces odieux outrages furent commis, il la fit préparer par un chamoiseur et la porta en culotte. Je tiens ce fait révoltant de celui même qui a été chargé de tous les préparatifs et qui a satisfait le monstre ; il me l’a raconté, avec des détails accessoires que je ne peux pas répéter, dans mon cabinet au comité de sûreté générale, en présence de deux autres personnes qui vivent encore.
    Il y a plus : c’est que d’après ce fait, d’autres monstres, à l’exemple de St.-Just, s’occupèrent des moyens d’utiliser la peau des morts, et de la mettre dans le commerce. Ce dernier fait est encore constant. Il ne l’est pas moins que, il y a environ trois ans, on mit aussi dans le commerce de l’huile tirée des cadavres humains : on la vendait pour la lampe des émailleurs. Quant au fait relatif à St.-Just, on m’a raconté, depuis, qu’un homme bien connu, ayant perdu une dame à laquelle il était très-attaché, avait employé le même moyen pour conserver un reste ou un souvenir matériel de l’objet de ses affections..." ("Anecdotes relatives à quelques personnes et à plusieurs événements remarquables de la Révolution", Madaran, Paris, 1820, p.78-79.)

     

    2. Le républicain Louis-Marie Prudhomme (1753-1830) :

    Dans son Histoire impartiale des Révolutions, il raconte que, lors de la Fête de l’Être Suprême célébrée le 8 juin 1794, "...À midi précis, une salve d’artillerie annonça les sept cents membres de la Convention, qui arrivèrent sur l’amphithéâtre par la principale croisée du palais. Tous étaient en habits bleu-de-roi, avec des culottes de peau de daim ; mais plusieurs en avaient de peaux d’homme, conformes à celles qui furent envoyées à Barrère par un général de la Vendée..." (Prudhomme Père, "Histoire impartiale des Révolutions de France depuis la mort de Louis XV", Librairie de Mademoiselle Adèle Prudhomme, tome VIII, Paris, 1824, p.320.)

     

    3. L’ancien général républicain Danican (1764-1848)

    Dans Les brigands démasqués Louis Michel Auguste Thévenet, dit Danican, ancien général commandant les troupes républicaines pendant les guerres de Vendée de 1792 à 1794, écrit ceci :

    "...Par exemple, quel est le peuple de l’Europe qui ne prend pas pour une fable, l’établissement de la tannerie de peau humaine à Meudon ? On se souvient cependant qu’un homme vint à la barre de la Convention, annoncer un procédé simple et nouveau pour procurer du cuir en abondance; que le Comité de salut public (de Carnot) lui accorda l’emplacement du château de Meudon, dont les portes furent soigneusement fermées; et qu’enfin Barrère, Vadier et autres, furent les premiers qui portèrent des bottes faites de cuir humain.
    Ce n’était pas au figuré que Robespierre écorchait son peuple; et comme Paris fournissait des souliers aux armées, il a pu arriver à plus d’un défenseur de la patrie, d’être chaussé avec la peau de ses parents et amis. Voilà qui paraîtra encore plaisant et incroyable à certains scélérats, et surtout aux propagandistes.
    Convention nationale, il y a eu à Meudon une tannerie de peau humaine, et c’est à ton existence qu’on doit une conception aussi monstrueuse ! (Auguste Danican, "Les brigands démasqués (ou Mémoire pour servir à l’Histoire du temps présent)", Imprimerie de Baylis, Londres, 1796, p.195.)


    -------------------------

     

    C'est "çà", la Révolution !

    C'est "ça" qui fut voulu et ordonné par Robespierre et sa bande de psycopathes de la Convention; et fidèlement exécuté sur le terrain par "les Bleus", qui ont perpétré là le premier Génocide des Temps modernes, doublé d'un mémoricide puisque, deux siècles et demi après, celui-ci n'est toujours pas reconnu

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    Le visage de Robespierre reconstitué par Philippe Froesch, présenté à Barcelone en décembre 2013, par un spécialiste de la reconstruction faciale, qui dit avoir utilisé les techniques du FBI et du cinéma, et un médecin légiste, qui en a profité pour donner la liste des maladies dont souffrait le révolutionnaire... 
  • La déconstruction : de l'hermetisme derridien à l'hermeneutique macronienne, par Louis Soubiale.

    La modernité serait-elle le résultat d’une régression d’ordre infantile, voire le signifiant de cette régression elle-même ? Un auteur comme Jacques Derrida (1930-2004) nous incite à le penser. Le jeune enfant, qui ne serait pas guidé et soutenu par la férule, certes bienveillante mais inflexible du tuteur ou du maître, est enclin à ne bâtir que sur du sable, livré aux impétueux courants de ses désirs incontinents et contradictoires. 

    5.pngSon château une fois édifié sera balayé par sa petite main aussi maladroite qu’irascible et capricieuse, cette destruction provoquant probablement, aux tréfonds de sa psyché encore incertaine, un cataclysme mystérieux que sa raison toute juvénile est impuissante à éclairer. C’est alors que, désordonné, erratique, hésitant, il partira en quête d’autres aventures ludiques qui l’affronteront à d’autres murs d’incompréhension toujours plus inexpugnables. L’homme (hyper)moderne est cet enfant qui, face à l’autorité, l’histoire, la religion, les mœurs, ne s’embarrasse pas de sens, de logique, d’ordre, d’héritages : il détruit, déconstruit et refaçonne à sa guise, en fonction de ses goûts et dilections du moment. Bref, construire, déconstruire, reconstruire, détruire participe pleinement du jeu. Pour le moderne hédoniste – ou postmoderne (lequel n’est que le moderne en transit entre le moderne proprement dit issu des Trente Glorieuses et l’hypermoderne, soit l’acmé d’une modernité parvenue à un stade suprême, dont le transhumanisme serait la première marche) –, l’existence ne serait rien d’autre qu’un parc d’attractions.

    La référence au jeu nous est suggérée par Derrida lui-même qu’il substitue au logos, dans l’objectif de défier ouvertement les fondements de la philosophie occidentale, à commencer par la métaphysique. Dans L’Écriture et la différence (1967), il définit le jeu comme « un système dépourvu de centre, qui permet des déplacements et des transformations infinies sans que rien ne vienne l’arrêter ». Au prix d’une interprétation dévoyée de la pensée de Nietzsche et de ses prophéties zoroastriennes sur l’assomption de ce que Derrida – prenant, sans doute, ses désirs nihilistes pour des réalités révolutionnaires – nomme le « peut-être » – qu’il emprunte, en l’extrapolant, au Par-delà le bien et le mal de l’Allemand – Derrida, donc, propose de « démonter », démembrer, démantibuler cette pensée occidentale, de Platon à Kant, jusqu’à Husserl et Heidegger – de la « Destruktion » duquel il s’inspirera pour forger sa propre « déconstruction » – jugée trop contrainte et limitée. Mais à quelles fins ? Derrida ambitionnait de dépasser le « logocentrisme » à l’œuvre, selon lui dans toutes les théories de la connaissance, en philosophie, comme en littérature et, plus tard, dans, l’art, la politique, l’histoire, etc.

    Constater que la déconstruction est à l’origine des gender studies, des cultural studies, des queer studies, comme de ses avatars, féministes, décoloniaux, indigénistes ou trans/inter-sexués que sont le political woke, ou la cancel culture, revient cependant à camper au milieu du gué, si l’on ne conserve présent à l’esprit que le dessein d’une doctrine aussi corrosive est de s’attaquer par principe à toute anamnèse sur les origines de ce qui constitue notre être primordial en tant qu’héritier d’une multiséculaire civilisation gréco-latine, judéo-chrétienne et germano-celte. Le « logocentrisme » de la métaphysique occidentale ainsi déconstruit laissait entrevoir ce que Derrida n’hésitait pas à appeler le « phallogocentrisme ». Dès cet instant, en rupture radicale avec les permanences et les invariants anthropologiques, c’est, comme un mot d’ordre lancé tous azimuts, la totalité de l’édifice moral, spirituel, culturel, intellectuel de l’Occident qui devait s’écrouler tel un vulgaire château de cartes (autorité, transmission, transcendance, rapports au beau, au juste, décence commune, sens des limites, etc.). À l’époque de Derrida, soit dans les années 1965-1975, l’enjeu de la déconstruction était de faire pièce au structuralisme alors triomphant dans toutes les sciences humaines. En pulvérisant les cadres conceptuels hérités de la linguistique saussurienne, la théorie de la déconstruction tendait, par là-même, à les discréditer – notamment en ringardisant les classiques oppositions masculin/féminin, vérité/mensonge, esprit/corps, essence/existence, etc. – et à laisser place nette à un poststructuralisme de nature expérimentale – dont la création de l’université de Vincennes en 1968 sera le poste avancé.

    Si Derrida assumait de ne jamais pouvoir apporter une définition précise de la déconstruction, métonymie ambivalente de l’indécidabilité, de l’indifférenciation, de l’indétermination, de la polysémie, de la ductilité, de la labilité – en résumé, de l’auberge espagnole et du capharnaüm –, gageons que des continuateurs, tel Emmanuel Macron, lançant le 18 avril 2021, à une journaliste américaine de CBS, que « nous devons déconstruire notre propre histoire », sauront en faire un usage herméneutique qui éclairera l’hermétisme déconcertant du maître.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Solidarité Kosovo ! ZVONKO PAVLICIC : LA PEINTURE COMME REMPART DU PATRIMOINE SACRÉ

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

     

    A moitié dissimulé derrière ses lunettes aux verres teintés, Zvonko Pavlicic a le regard mélancolique et le sourire timide. Il parle doucement, sans à-coups ni envolées, avec une patience infinie.  Il soutient l’idée que l’acte artistique est par essence thérapeutique. Ses œuvres en sont la preuve même, l’expression d’une âme sensible, d’une destinée rude, mais pas vaincue. Solidarité Kosovo vous invite à découvrir le portrait de cet artiste serbe du Kosovo engagé au service de sa foi et de son patrimoine.

    Les monastères une source d’inspiration qui irradie toute son œuvre

    Déjà enfant, il aimait dessiner, Zvonko, un cahier à la main assis sur les bancs de Pec. C’est dans cette ville située à l’ouest du Kosovo qu’il est né en 1960. Son lieu de prédilection pour noircir son calepin, le Patriarcat de Pec, siège historique de l’Église orthodoxe serbe c’est-à-dire l’équivalent du Vatican. Il se souvient des jours passés, de l’aube au coucher du soleil, à contempler et à tenter de reproduire la beauté de ce monastère, classé au patrimoine mondial en péril de l’UNESCO.

    Le 13 juillet 2006, le Patriarcat de Pec a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO

    Diplômé de l’École des arts appliqués, il quitte sa ville bien-aimée pour poursuivre de brillantes études d’archéologie et d’histoire de l’art à la Faculté de Philosophie de Skopje en Macédoine. Il revient au Kosovo pour boucler avec succès ses études supérieures de peinture à l’Académie des Arts de Pristina. Avec son parcours universitaire sans faute et son talent singulier, il intègre rapidement les cercles artistiques et intellectuels de la ville qui le propulsent sur le devant de la scène. Le petit Zvonko de Pec devient un artiste peintre bardé de prix et auréolé d’une reconnaissance nationale.

    Un patrimoine chrétien sans défense

    L’année 1998 signe le tournant de sa vie. Le Kosovo bat les tambours de la guerre et plonge dans les ténèbres. Zvonko trouve refuge comme des milliers d’autres serbes à Kosovka Mitrovica dans le nord du Kosovo où il devient maitre de conférences en histoire de l’art. Six ans plus tard, l’horreur est à son paroxysme. Il assiste impuissant, tout comme la communauté internationale vraisemblablement résignée, à la destruction par des musulmans radicaux en deux jours de trente-quatre églises et des monastères du Kosovo lors des pogroms anti-serbes. Immédiatement, le souvenir du Patriarcat de Pec en proie aux flammes vingt-trois ans plus tôt refait surface. La plaie s’ouvre à nouveau. Il est meurtrit au plus profond de son être. Cette hystérie anti-chrétienne ravage ses souvenirs d’enfance et son inépuisable source d’inspiration.

    Un nouveau souffle art-christique

    Traumatisé par les exactions de la guerre, il recourt à son art pour témoigner de la vulnérabilité du sacré au Kosovo. En esthétisant ces événements tragiques, il dit vouloir rendre compte et prévenir.

    Ses toiles représentent l’agonie du patrimoine chrétien serbe au Kosovo, mêlant à son cri de douleur un indéfectible appel à la paix.

    Dans un langage complexe de couleurs et de formes, Zvonko arrive à concilier la fixité silencieuse d’un tableau et les tourments d’une église attaquée, son fracas, ses convulsions, son glissement dans l’espace.

    En 2009, il présente pour la première fois ces peintures à Raška à l’occasion d’une exposition qu’il baptiste « Tourbillons ».  Son succès est retentissant. Il est très vite invité partout en Serbie pour faire découvrir sa collection. Ses déplacements prennent une allure de tournée artistique tant l’engouement du public est fort. Ses toiles ont ainsi été présentées à Kosovska Mitrovica, Vrnjačka Banja, Loznica, Kraljevo, Zaječar, Negotin, Ćuprija, Paraćin, Despotovac, Jagodina, Kruševac, Aleksandrovac, Niš, Aleksinac, Leskovac, Prokuplje,…  Puis l’intérêt pour sa collection finit par dépasser les frontières serbes et  il collabore à plus de quatre cents expositions à l’étranger.

    Il semble aujourd’hui impossible de parler de Pavlicic sans évoquer la tragédie du Kosovo. L’artiste est devenu intimement lié à son engagement qui est loin d’avoir perdu de son actualité. Pour Zvonko Pavlicic, l’épée de Damoclès est toujours présente car le danger qui plane sur le patrimoine chrétien du Kosovo a pris une nouvelle dimension.

    L’expropriation, la nouvelle menace qui pèse sur le patrimoine chrétien

    Dans un récent entretien pour le magazine serbe « Basta Balkana », Zvonko Pavlicic confiait son inquiétude. « Le patrimoine serbe du Kosovo-Métochie est une source inspiration inépuisable. Depuis trente ans, il est danger. Lors des bombardements de l’OTAN en 1999 et des pogroms en mars 2004, le patrimoine religieux a été profané, souillé et détruit. Aujourd’hui les autorités albanaises de Pristina tentent de s’approprier le contrôle des monastères, églises et sanctuaires serbes au Kosovo-Métochie à travers des campagnes mensongères. Comment, ceux qui ont détruit – démoli et profané peuvent même penser à prendre le patrimoine monumental serbe sous leur gestion ! Ils s’efforcent constamment de s’approprier l’héritage culturel et religieux des Serbes du Kosovo-Métochie, mais j’espère que la communauté internationale ne considère pas cette aspiration comme justifiée, c’est-à-dire qu’elle comprend tous les arguments de notre public professionnel national qui lutte pour la vérité historique, ainsi que la préservation des monuments serbes. »

    L’artiste peintre, Zvonko Pavlicic, dans son atelier au Kosovo

    Rappelons que depuis 2015, les autorités albanaises n’ont de cesse de multiplier les campagnes d’influence pour faire main basse sur le patrimoine du Kosovo, y compris celui à caractère religieux. Première tentative en la matière, la candidature à l’adhésion à l’UNESCO qui s’est finalement soldée par un échec. par Mais Pristina en ce sens ne se décourage pas et se dit confiante quant à l’avenir des nouvelles tractations qu’elle a engagé dans ce sens.

    L’actualité semble donner raison à Zvonko Pavlicic et le conforte dans un nouveau rôle de lanceur d’alerte. L’histoire et le rempart artistique qu’il a passionnément érigé au moyen de ses tableaux suffiront-ils à empêcher que le patrimoine chrétien du Kosovo ne termine entre les mains de ses profanateurs ? Espérons ne voir apparaitre aucune ombre au tableau.

  • À la découverte du fonds lafautearousseau (30) : la pseudo élection de la Convention, plus grand scandale démocratique d

    lafautearousseau, c'est plus de 28.000 Notes ou articles (et autant de "commentaires" !), 21 Albums, 49 Grands Textes, 33 PDF, 16 Pages, 366 Éphémérides...

    Il est naturel que nos nouveaux lecteurs, et même certains plus anciens, se perdent un peu dans cette masse de documents, comme dans une grande bibliothèque, et passent ainsi à côté de choses qui pourraient les intéresser...

    Aussi avons-nous résolu de "sortir", assez régulièrement, tel ou tel de ces documents, afin d'inciter chacun à se plonger, sans modération, dans ce riche Fonds, sans cesse augmenté depuis la création de lafautearousseau, le 28 février 2007...

    Aujourd'hui : La Convention ? La plus grand eescroquerie "démocratique de tous les temps !

    (tiré de notre Éphéméride du 21 septembre)

    (retrouvez l'ensemble de ces "incitations" dans notre Catégorie :

    Á la découverte du "Fonds lafautearousseau")

     

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    1792 : La plus grande escroquerie "démocratique" de tous les temps : la Convention nationale, élue par 10% des hommes (les femmes ne votant pas)

     

    21 septembre,ryswick,louis xiv,montherlant,azf,nicolle,beaumont,strasbourg,alsace,gallia germanis clausaDix pour cent de la moitié de la population !

    Les femmes n'ayant pas le droit de vote (elles représentent évidemment la moitié de la population), et quatre-vingt dix pour cent des hommes s'étant abstenu, dans le climat de terreur qui suivit les massacres de septembre (voir l'Éphéméride du 2 septembre), ce sont seulement dix pour cent de la population masculine, donc cinq pour cent des 29 millions de Français, qui ont soi disant élu cette Convention nationale qui, entre autres horreurs :

    décréta dès son installation l'abolition de la Royauté, et décida, le lendemain 22 septembre, que tous les actes officiels seraient désormais datés de "l'an I de la République" puis proclama la République le 25;

    assassina le roi légitime, puis la reine, et commit un infanticide monstrueux sur la personne du petit roi-martyr Louis XVII (voir l'Éphéméride du 8 juin);

    entreprit la déchristianisation méthodique de la vie quotidienne (voir l'Éphéméride du 24 novembre, sur l'instauration du calendrier révolutionnaire);

    créa le Tribunal révolutionnaire (voir l'Éphéméride du 1O mars) puis le Comité de salut public, faisant sombrer la France dans la Terreur;

    réprima dans le sang les insurrections fédéraliste et royaliste qui dressèrent les deux tiers des Départements nouvellement créés contre la Convention;

    21 septembre,ryswick,louis xiv,montherlant,azf,nicolle,beaumont,strasbourg,alsace,gallia germanis clausa organisa le Génocide vendéen, méthodiquement programmé par Lazare Carnot, et exécuté selon ses ordres, par ses deux décrets du 1er août et du 1er octobre 1793...

    Ce régime de boue et de sang, le plus monstrueux et le plus tyrannique que la France ait jamais connu, se survivra - après la mise à mort de Robespierre, le 28 juillet 1794 - jusqu'au 26 octobre 1795, pour laisser place, à peine quelques années plus tard, au despotisme de Napoléon !

    De la France en général, et de Paris en particulier, livrée à l'hystérie sanguinaires de psychopathes et autres malades mentaux, Anatole France a tracé un portrait inoubliable dans son roman Les Dieux ont soif, dont vous trouverez des extraits édifiants dans l'Éphéméride du 15 janvier...

     

     De Michel Mourre sur la Convention (Dictionnaire encyclopédique d'histoire, page 1175) :

    "...La volonté de rupture totale avec le passé s'exprima dans une tentative de déchristianisation de la vie quotidienne : mise en vigueur du calendrier révolutionnaire (5 octobre 1793)... fermeture des églises parisiennes (23 novembre). Imposé par la minorité d'une assemblée qui avait elle-même été élue par un électeur seulement sur dix; le gouvernement révolutionnaire 21 septembre,ryswick,louis xiv,montherlant,azf,nicolle,beaumont,strasbourg,alsace,gallia germanis clausaeffaça, au nom du salut public, toutes les libertés proclamées depuis 1789; supprimant les garanties les plus élémentaires de la justice, il jeta en prison plus de 300.000 personnes, en fit exécuter de 35 à 40.000; reniant l'esprit universaliste et pacifique des premiers temps de la Révolution, il fit de l'exacerbation du chauvinisme une méthode de gouvernement et inaugura l'ère des grandes guerres populaires qui devaient saigner l'Europe pendant cent cinquante ans; il laissa se répandre dans tout le pays un climat empoisonné de suspicion et de délation, il accumula les rancoeurs et les haines entre deux Frances pour longtemps irréconciliables; enfin il attacha au nom de la République des souvenirs sanglants qu'allaient exploiter pendant tout le XIXème siècle les monarchistes légitimistes, orléanistes et bonapartistes..."

     

    Et tout cela, "au nom de" gens qui ne représentaient que cinq pour cent du peuple français, et qui n'étaient de plus pas tous d'accord pour un tel "programme" ! La période la plus ignoble, la plus repoussante, la plus honteuse de notre Histoire est bien celle de la naissance de la République. Elle est aussi celle du plus grand scandale "démocratique" de toute l'Histoire...

    Ave justesse, Balzac qualifia cette bien triste époque de "sanglante démence" (Rois de France, Éditions Afrique Orient, 2017, page 71)...

     

    Il faut rappeler enfin que les élections des députés à la Convention se déroulèrent sur un mode un peu compliqué qui avait deux degrés :

    pour être électeur au premier degré, il fallait payer une contribution équivalente au revenu de trois journées de travail,

     et pour être électeur au second degré il fallait payer une contribution équivalente au revenu de cent-cinquante journées de travail.

    Le premier degré des élections eut lieu le 26 août 1792 et le second degré le 2 septembre. C’est à dire que le vote se place dans le même temps qu’il y a l’instauration d’une véritable terreur sanguinaire : prise des Tuileries et massacre des derniers défenseurs de la famille royale, emprisonnement de cette dernière dans le donjon du Temple, emprisonnements massifs de prêtres réfractaires et de royalistes, et enfin massacres de septembre…
    Autant dire que le climat politique et social était absolument contraire à une expression paisible des sentiments de la population, terrorisée...

    Le nombre total des députés à la Convention était de 749.
    Pour se réunir et pour commencer à légiférer, la Convention n’attendit pas que tous les députés fussent arrivés à Paris : sa première réunion eut lieu le 20 septembre 1792 en fin d’après-midi, 371 députés étaient présents, c’est-à-dire un peu moins de la moitié.
    Moins de la moitié des élus, désignés par moins de 10% de la population : c'est l
    a séance du 21 septembre 1792 qui vit le vote "à l’unanimité" de l’abolition de la royauté et de la proclamation de la république !...

     

  • Royauté, évolutions, Révolution...

              On ne forcerait pas beaucoup le trait en affirmant que Louis XVI n'aurait peut être pas été renversé, et encore moins assassiné, s'il avait agi comme les Rois d'Angleterre face à leurs opposants: à partir de 1215, lorsque leurs barons se soulèvent contre eux et leur arrachent la Grande Charte ils ont peu à peu cédé la réalité du pouvoir, en échange de quoi ils ont gardé leur place, et les honneurs qui s'y rattachaient...; Louis XVI n'aurait peut être pas été renversé, non plus, s'il s'était agi seulement d'un simple transfert de pouvoirs politiques; l'immense majorité des Français étaient royalistes en 1789, comme la plupart des penseurs et des élites (Montesquieu, Voltaire, Mirabeau...), et le Roi avait d'ailleurs accepté un important partage des pouvoirs, ouvrant la porte à la représentation nationale, devenue indispensable comme -en son temps- la représentation communale: en plein Moyen Âge féodal, la Royauté, une première fois, avait déjà su parfaitement s'adapter au mouvement communal, véritable révolte anti féodale, véritable "révolution" dans les esprits, les moeurs et le partage concret des pouvoirs.

              Il faut bien se souvenir qu'à l'époque les villes étaient soumises à des seigneurs, féodaux et ecclésiastiques; lorsque les bourgeois, enrichis par le commerce, se sentirent assez forts, ils ont tout naturellement souhaité acquérir leur autonomie politique, judiciaire, fiscale et économique; ils ont tout naturellement souhaité être représentés en tant que tels, et participer, à leur niveau, aux décisions; le monde féodal, bien sûr, fit tout ce qu'il pût pour écraser ce nouveau pouvoir et l'empêcher de s'installer définitivement: le chroniqueur Guibert de Nogent est resté célèbre pour son apostrophe "Commune, nom nouveau, nom détestable !"...; il y eut, ici et là, quelques violences, mais ce qui fut bel et bien une "révolution" se passa finalement sans trop de problèmes, entre les règnes de Louis VI et celui de Philippe Auguste (en gros entre 1100 et 1200), en grande partie parce que les Rois de France eurent la sagesse, et l'intelligence politique, de s'allier à ce mouvement communal, de l'épouser, ce qui lui permettait d'affaiblir les féodaux et de consolider sa propre légitimité, en renforçant son pouvoir face à celui des féodaux, abaissés. La Royauté pouvait donc parfaitement, une deuxième fois, et à sept siècles de distance,  s'allier à un mouvement visant, cette fois, à représenter l'ensemble de la Nation....  

                 Pourquoi donc ce qui s'est passé en plein Moyen Âge, à savoir cette rencontre, cette "amitié", cette alliance entre pouvoir royal et représentation populaire (à l'échelle des communes) n'a-t-il pas pu se reproduire en 1789, lorsque les temps furent mûrs pour que, cette fois à l'échelon national, le peuple français formât une Assemblée, avec l'accord et le soutien de la Royauté, nous évitant ainsi cette catastrophe (nationale et internationale) que fut la Révolution ? (1). A cause de l'irruption d'un petit groupe d'idéologues froids, durs petits esprits, arrogants vaniteux sûrs de détenir la vérité sur tout -et surtout "La" Vérité!-; prétentieux emplis de leurs certitudes qui leur venaient de cette intense préparation des esprits qu'a été le soi disant et auto proclamé, siècle des Lumières (quelle vanité, quelle suffisance, quel Orgueil délirant! oser s'appeler soi même "siècle des Lumières", c'est donc tenir pour rien Pascal, l'Humanisme, Sénèque, Aristote ou Platon?....);

              Dans la société raffinée, policée, civilisée d'alors, le pays étant riche et puissant, fortement peuplé, bien éduqué et instruit, il était facile de vouloir tout réorganiser, tout améliorer, tout rationaliser, et tout de suite: nous aimerions les voir, comme le disait Jacques Bainville, dans le monde qu'ils nous ont légué!: le résultat le plus clair de leur action fut de mettre la violence, la brutalité, la barbarie au service de l'abstraction...; il y eut ainsi -à partir d'une évolution nécessaire, souhaitable et positive, voulue par le Peuple- une véritable captation d'héritage, un détournement d'intention, un "placage" de préoccupations idéologiques totalement étrangères au plus grand nombre des Français; lesquels se soulevèrent d'ailleurs en masse contre cette folie, et ne furent "convaincus" que par la Terreur au sens propre, c'est à dire l'extermination...

              Il n'y a donc rien à conserver de la révolution de 1789; François Furet l'a très bien analysé, avec son immense honnêteté intellectuelle qui lui a permis, même s'il ne nous a jamais rejoint, de sortir de ses premières certitudes idéologiques, et d'effectuer un remarquable travail pour démystifier et démythifier la révolution: toutes les horreurs qui allaient suivre étaient en germe dans les premiers débordements: dès 1789 et les premières têtes fixées à des piques, la Terreur est en gestation! en même temps il y a tout à garder dans "le grand mouvement de 1789", que souhaitait le Peuple français et sur lequel les révolutionnaires ont plaqué de force leur idéologie, mais pour le dénaturer, en changer le sens profond, lui faire prendre une direction qui n'était nullement celle que souhaitait l'opinion; il faut agir un peu comme avec ces films plastiques qui recouvrent un appareil : on enlève le film, on garde l'objet...; on se débarrasse ainsi de la stérilité de la révolution, tout en retrouvant la fertilité du mouvement voulu par l'opinion; on retrouve l'intuition des origines, débarrassée des scories nuisibles de la désastreuse idéologie révolutionnaire...

    (1): voir la note "26 millions de royalistes" dans la Catégorie "Révolution et république dans l'Histoire" (article d'Alain Decaux).

  • L' ”idée” de François Hollande : Taxer à 75% ? Il faut des boeufs, pour tirer une charrue.....

            Qu'il faille trouver de l'argent est une évidence; car "faire fonctionner" la France (comme, du reste, l'avoir construite...) coûte cher : c'est une autre évidence. Nous ne sommes pas naïfs, et nous savons bien qu'il faut toujours, à un moment où à un autre, prendre l'argent quelque part. 

            Cela dit, il y a tout de même un écart entre le fait de payer des impôts et le fait d'être soumis à des taux d'imposition confiscatoires...

            Il n'est nullement anormal que, plus on a d'argent, plus on paye d'impôts, mais toute chose à ses limites. Et il nous semble bien qu'un certain François Mitterand, président de la République "de gauche" (officiellement...) a dit, un jour, une phrase que François Hollande semble avoir oubliée : trop d'impôt(s) tue l'impôt....

            Mitterand parlait en général, mais la remarque vaut aussi pour les plus riches. Prétendre les taxer à 75%, à partir d'un certain seuil, est-ce bien raisonnable ? La Fontaine, si nous avions la chance de l'avoir encore parmi nous, en tirerait peut-être une fable, qu'il pourrait appeller, par exemple, La charrue et les boeufs, et dont l'histoire pourrait être celle-ci : il faut des boeufs pour tirer une charrue; mais, à force de crier "haro !" sur les boeufs, les "anti-boeufs" et leurs incessants décrets anti-boeufs firent tant et si bien qu'il y eut de moins en moins de boeufs pour tirer la charrue; et, comme morale : que fera-t-on, quand il n'y aura plus de boeufs ? Et qui tirera la charrue ?...

            Bon, c'est entendu, François Hollande et son ex-compagne n'aiment pas les riches. C'est-à-dire - situation schyzophrénique... - qu'il ne s'aime pas lui-même, puisqu'il a, entre autre, quelque bien du côté de Mougins où le moindre garage à vélo vaut de l'or; et qu'il aime encore moins Bergé, Fabius et compagnie, sans parler de Strauss-Kahnn et de son épouse pour lesquels, là, vu leurs milliards, ce doit être quelque chose qui ressemble à de la haine...

            Mais passons, l'important, ce ne sont pas les contradictions internes d'une gauche assez souvent "gavée d'oseille" (on nous pardonnera la familiarité...), l'important, c'est la France. Et, surtaxée, tondue comme elle l'est, championne des prélèvements obligatoires comme elle l'est, prétendre alourdir encore la barque, fût-ce pour les plus riches, cela nous ramène à ce que disait Tonton (Mitterand pour les intimes...) dont le petit neveu (François, toujours pour les intimes....) semble avoir oublié la leçon : trop d'impôt(s) tue l'impôt... 

            Pour approfondir un peu ce thème, nous avons choisi de l'illustrer avec deux documents : le premier émane de France info, le second de TF1...

    1. Sur France info, dans la rubrique Tout info, tout éco, d'Emmanuel Cugny, du mercredi 29 février, on a pu entendre ce décryptage neutre et serein, intelligent et positif (dans lequel il est clairement dit : "Que peuvent faire les politiques ? Eh bien, inscrire leur action dans le long, et non dans le court terme...") : la rubrique dure 2'33", on entre dans le vif du sujet à partir de 1'90" :

    http://www.franceinfo.fr/economie/tout-info-tout-eco/election-presidentielle-entre-engagements-de-campagne-et-realites-economiq-542267-2012-02-29

     2. Quant à TF1, la chaîne a présenté un reportage su Ces évadés fiscaux qui trouvent refuge en Suisse....      

            Ces personnes ont tort, évidemment, et l'on ne peut en aucune façon justifier cette nouvelle forme d'Emigration qui, comme toutes les autres, prive le pays de forces vives...

            Il n'en demeure pas moins que, s'ils ont tort de partir, on peut et on doit, aussi, critiquer les aberrations d'un Système qui les incite à fuir.....  

            Si la France connaissait une fisaclité juste, compréhensible et, surtout, efficace (un des expatriés le dit, vers la fin du reportage...) on ne songerait pas à frauder, ou en tout cas - car il y aura toujours des fraudeurs... - cela ne prendrait pas de telles proportions...

            Là, c'est la France qui perd.... 

  • La Dizaine de MAGISTRO...

            Par-delà le discours dit de droite, dit de gauche ou d'ailleurs, il faut aller à l'essentiel ...
    du (bon) sens et des fondamentaux ... un choix de civilisation !


            MAGISTRO, une tribune libre et indépendante d'information civique et politique.  

            ( Liens : -  http://www.henrihude.fr/ )   

    * Rappel : comme il l'avait annoncé, Henri Hude publie ses notes sur "les valeurs", et vient de publier la troisième; cela commence par :

                   « On ne comprendra jamais les Lumières, si l'on ne pénètre pas jusqu'à leur noyau mystique… Malgré sa polémique antichrétienne, l’intention de la grande philosophie des Lumières est en effet religieuse, au sens large (voir post n° 2) ; ou, si par pudeur on préfère un autre terme, disons qu'elle est mystique. Il s’agissait de substituer, en Europe, une religion qu'elle voulait plus vraie, plus naturelle ou plus philosophique, à la religion du Dieu de la Bible. Ou bien, quand ils se pensent comme chrétiens, les penseurs éclairés voudraient dégager de la religion chrétienne populaire une essence philosophique du christianisme.»;

                     et cela s’achève par : « Le choix philosophique n'est pas entre une pensée mystique et une pensée laïque. Il est entre deux mystiques. »

                     C’est à lire… L'éditorial du dernier Hors-série de la Nouvelle Revue d'Histoire et le dernier Café actualité d'Antoine de Crémiers - chacun à sa façon - renvoient à la même problématique : nous en reparlerons...

            Pour cette livraison de la Dizaine de Magistro :

    François-Régis LEGRIER  Officier supérieur  Où l’on reparle des héros…  " Rendez-nous nos héros" tel est le titre ...
    Henri TISOT  Comédien  A propos de DSK  Coïncidence !
    Yves-Marie LAULAN  Président du Cercle des libertés républicaines  DSK président ?  Ce qu&r squo;il est convenu d’appeler l’affaire DSK ...
    Henri HUDE  Philosophe  Où en sont les valeurs ? Post n°1  Valeurs dominantes et valeurs dominées
    Denis TILLINAC  Ecrivain  Indignation préélectorale  Afin de ne pas mourir idiot, ...
    Hyacinth-Marie HOUARD  Abbé, fondateur de l'IRCOM d'Angers  Indécence naïveté et inconscience  Il ne s’agit ici ni de transgresser ...
    Ivan RIOUFOL   Journaliste  Pourquoi est-ce si important d'être "céfran" ?  J'écrivais qu'il était urgent d'écouter la société civile, ...
    Antoine-Joseph ASSAF  Philosophe franco-libanais Guerres Justes !  Qui peut encore dire que la guerre de la France au large de ...
    Vincent DESPORTES  Officier, général de division (2S)  Le piège américain  Pourquoi les États-Unis peuvent perdre les guerres d’aujourd&rsq uo;hui.
    Marie-Noëlle TRANCHANT  Journaliste culturelle  "L’Arbre de vie" de Terrence Malick : un psaume à l’écran  Palme d’or du dernier festival de Cannes, ...
    Henri HUDE  Philosophe Où en sont les valeurs ? Post n° 2  Le sens mystique des valeurs 

     

    Extrait du Desportes, Le piège américain, Pourquoi les Etats-Unis peuvent perdre les guerres d'aujourd'hui... (où l'on retrouve un écho du chapitre XXIV de Kiel et Tanger...) 

            "...C’est exactement ce que je dis : les Américains ont gagné la bataille des normes. Cette situation s’avère particulièrement contraignante pour nos propres forces. Elle nous conduit, à mon sens, dans une impasse dont nous devons sortir. La culture américaine – qui donne à la technique un rôle central dans la résolution des problèmes – est à l’origine de la dérive vers le "technologisme" qui condamne à terme notre indépendance. Je pense qu’il faut arrêter de voir l’interopérabilité avec les forces armées américaines, à tous les niveaux, dans tous les domaines, comme un bien et une nécessité absolue. Nous devons penser différemment l’interopérabilité, cesser d’en faire une valeur fondamentale imposée par d’autres qui disposent, eux, de budgets plus vastes. L’interopérabilité doit moins être subie que décidée, observée au cas pas cas, réfléchie en fonction de finalités tactiques, mais surtout politiques. L’interopérabilité est un objet politique avant d’être un objet technique. Puisqu’il n’est pas possible de faire des efforts partout, il faut le faire où cela a un sens. Après avoir pris conscience des contraintes extrêmement fortes de la multinationalité (comme de son caractère inévitable), il faut déterminer ce que l’on en attend dans le domaine politique. Avec qui ai-je le plus de probabilités d’être régulièrement engagé ? Avec qui dois-je pouvoir engager tel volume de forces pour réaliser tel type de mission ? Quel est le volume minimal de forces qui doit rester national, pour des raisons d’efficacité technique, ou de visibilité politique puisque la participation ne sert à rien si les forces, par trop disséminées, ne sont pas lisibles ? Avec quelles forces et à quels niveaux veux-je être interopérable ? Notons que l’évolution du contexte international entraîne des besoins réciproques d’interopérabilité.

             Aujourd’hui, la légitimité suppose la multinationalité effective des engagements. Si les "petits" ont besoin des "grands", l’inverse est autant vrai. Le "petit" a donc un poids nouveau dans la négociation sur l’interopérabilité ; le "grand" doit tenir compte de ses contraintes dans ses propres évolutions – technologiques en particulier. Recherchée pour elle-même, l’interopérabilité pourrait finir par altérer notre adaptation aux divers environnements conflictuels. Rien ne sert de la poursuivre par principe : elle n’est pas une vertu cardinale. Elle doit avoir un sens opérationnel, mais plus encore un sens politique. La seule interopérabilité qui vaille, c’est l’interopérabilité différenciée en fonction des milieux d’action et des visions politiques. Le principe d’interopérabilité différenciée permettrait de n’adopter comme normes que celles des normes américaines qui correspondent à une nécessité politique, et contribuerait ainsi à la maîtrise de la dérive technologique...."

  • Refonder l'Europe, par Jean de France, duc de Vendôme

                A la veille de l’élection des membres du Parlement européen, le prince Jean attire notre attention sur la vraie nature du débat. Depuis la crise, et depuis que les résultats des référendums nationaux ne sont plus respectés, les structures actuelles de l’Union européenne ont largement perdu leur crédibilité. L’heure est venue de penser l’Europe différemment, de la refonder, dit le Prince....

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    Le constat s'impose : l’Union européenne telle que nous la connaissons s’est révélée incapable de résister à la déferlante de la crise mondiale. Si les causes directes de cette crise qui secoue si durement l’Europe sont bien connues, ses causes profondes semblent encore échapper à la classe politique. Et pourtant, elles sont déjà parfaitement lisibles dans l’onde de choc des évènements.

    Une institution prouve sa fiabilité par son aptitude à affronter victorieusement les tempêtes. Pour l’Europe de Bruxelles, la démonstration a été  cruelle. Devant l’avalanche des problèmes, les chefs de gouvernement – président Sarkozy en tête – n’ont eu qu’un seul et salutaire réflexe : défendre ardemment leurs intérêts nationaux. L’urgence leur rappelait qu’ils en étaient directement comptables. Quant à la Commission européenne, elle avait disparu de la scène. Ce qui est apparu, c’est que cette situation n'était pas conjoncturelle mais bel et bien structurelle : déjà la machine ne fonctionnait plus, et son inadéquation s’est révélée à travers la persistance têtue du fait national.

    C’est pourquoi aujourd’hui, alors que les gouvernements sont acculés à une gestion empirique de la crise, il me faut prendre la parole.

    Je veux le dire avec force : s’agissant de l’Europe, l’urgence est désormais de trancher dans le vif et de se décider à réformer au fond. Réformer ? Mieux encore : refonder. Sans faire table rase, avec réalisme, lucidité et détermination. L’Europe ne doit être ni réduite à une entité économique ni calquée sur le modèle américain. Elle a une identité profonde fondée sur ses racines culturelles, son cadre géopolitique et l’évolution millénaire de ses structures politiques. Il serait vain, et extrêmement dangereux, de l’oublier ou de le nier.

    Ses racines sont chrétiennes : qu’on le veuille ou non, c’est la chrétienté qui l’a fait naître et lui a donné ses assises. Son équilibre géopolitique lui vient de la géographie et de l’histoire, et non des idéologies de passage. Et sa structure politique demeure inséparable – on le voit tous les jours – des nations historiques qui la composent. Reconnaître ces trois faits n’est pas s’enfermer dans un passé révolu, c’est au contraire se donner les moyens de bâtir un avenir durable – en s’appuyant sur le roc du réel et non sur des opinions mouvantes, incertaines et contradictoires.

    Vers une alliance de Nations souveraines.

    Aujourd’hui, ma voix est encore peu audible, je le sais. Mais ce que je dis ici, je le fais au nom du principe qui m’habite, dont la légitimité est liée aux fondements et à la continuité historique de la France.

    Ce que je veux dire est ceci : l'Europe est aujourd’hui appelée à devenir une alliance de nations souveraines qui, partageant librement une vision concrète et humaniste de la politique, s’attellent ensemble à la réalisation de projets visant au bien commun des pays qui la composent et au traitement résolu des grands problèmes mondiaux. Voilà l’esprit nouveau à communiquer à des institutions européennes à bout de souffle qui exigent une rénovation profonde.

    – Pour être viable, cette alliance des nations européennes ne peut que s’appuyer sur les racines culturelles de l’Europe ; s’inscrire dans le cadre des nations historiques, le seul où s’exprime pleinement le lien social ; et limiter son extension dans l'espace, en assumant son équilibre géopolitique propre.

    – Son parlement doit devenir représentatif des forces économiques, sociales et morales à l’œuvre au sein des nations associées. Là où, aujourd’hui, les contraintes technocratiques et uniformisatrices ne sont modérées que par les déchirements idéologiques de listes politiciennes rivales, provoquant un absentéisme électoral élevé, le parlement européen doit devenir le lieu d’expression, de dialogue et de coopération des forces vives de nos différents pays.

    – Son action extérieure – objectifs diplomatiques et militaires communs, projets communs – doit relever de la seule responsabilité des chefs d'Etat et de leurs ministres réunis en conseil. Fortes d’accords adaptés et pragmatiques, les nations européennes ont naturellement vocation à prendre l’initiative sur les grands dossiers mondiaux : gestion des ressources et maîtrise de l'énergie, lutte antiterroriste et résolution des conflits, aide aux pays en développement.

    En février 2008 – avant le déluge, donc ! –, j'avais exprimé mon attachement à l'idée de vérité en matière politique. Au nom de cette vérité même, j’entends aujourd’hui prendre date et affirmer que le temps est venu pour l'Europe de s’assumer dans sa réalité propre, ouverte au monde autant qu’à elle-même, avec tout ce qu'elle a reçu et tout ce qu’elle a encore à donner. Ce qui passe par une réforme institutionnelle profonde. C’est à ce prix qu’elle assurera sa prospérité et son rayonnement.

    Jean de France, duc de Vendôme

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  • 21 Janvier 1793 : Assassinat de Louis XVI, acte fondateur des Totalitarismes modernes

     Oraison funèbre pour Louis XVI,

     Prononcée le 21 janvier 2008 en la basilique du Sacré Cœur de Marseille par le père Xavier Manzano.

     

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    Chers frères et soeurs,

    21 janvier 1793. Froid matin d’hiver. Un homme monte sur l’estrade que couronne l’étrange machine à tuer qu’on appelle « guillotine ». Il est calme mais on veut lui lier les mains avant de le basculer sur la planche. Il se récrie : « Me lier ? Je n’y consentirai jamais ! ». Le prêtre qui l’accompagne l’apaise : « Sire, je vois dans ce nouvel outrage un dernier trait de ressemblance entre Votre Majesté et le Dieu qui va être sa récompense ! ». L’homme se laisse alors faire car il aime son Dieu. Il veut s’adresser à la foule assemblée mais les tambours lui couvrent la voix. On le bascule sur la planche, le couperet tombe. Le Roi est mort !

    Le Roi est mort ! La suite du cri traditionnel, « Vive le Roi ! », personne ne le prononce et pour cause, le meurtre que l’on vient de commettre a précisément ce but : « Nous ne voulons pas condamner le Roi, nous voulons le tuer ! », s’écriait Danton au procès de Louis XVI. Le tuer, c’est-à-dire l’anéantir, l’annihiler, le faire disparaître à jamais. Lorsque le couperet tombe, ce 21 janvier 1793, ce n’est pas un homme qui aurait commis quelque erreur que l’on veut châtier, c’est un pur symbole que l’on veut abattre et liquider à jamais. On a voulu anéantir un principe au nom d’un autre principe. Pourtant, vous connaissez mieux que moi, chers amis, les détails des derniers instants du Roi, son souci de sa famille, sa préoccupation pour son peuple, son désir de pardonner, bref, tout ce qui fait la grandeur d’une personne humaine concrète à laquelle on veut arracher la vie.
    Vous avez peut-être pu aussi considérer une fois dans votre vie un couperet de guillotine : expérience qui fait froid dans le dos. Oui, frères et sœurs, au-delà de toutes les célébrations et relectures historiques, il nous faut d’abord nous confronter à la froide matérialité du meurtre d’un être humain, à la lame d’acier qui tranche un cou et nous demander si un quelconque principe pourra jamais le justifier. De notre réponse, dépend, je le crois, notre avenir personnel et celui de la société que nous voulons bâtir. C’est sans doute en ce sens que notre célébration, outre qu’elle nous permet de prier pour un frère aîné dans la foi, nous pose une interrogation étonnamment urgente.

    Alexandre Vialatte, avec sa verve et son ironie coutumières, écrivait : « Je ne voudrais dégoûter personne du crime joyeux et légitime. Il faut seulement savoir d’avance, et l’accepter, que tous les cadavres sont les mêmes. Utiles ou non, innocents ou coupables. Telle est, du moins, l’opinion de la mouche bleue. » Car le Roi Louis XVI, au cours de son procès, est opposé non pas à un tribunal qui aurait à juger de ses erreurs, mais à l’Assemblée Nationale, incarnation d’une volonté générale, qu’un Louis de Saint-Just s’évertuera à présenter comme une instance suprême et infaillible que l’existence même du Roi vient contester et détruire.

    C’est donc un principe que Saint-Just brandit devant Louis XVI : la volonté générale comprise comme l’expression infaillible de la raison et de la morale, dernier avatar d’un Dieu relégué dans le ciel froid des abstractions. Saint-Just attend tout de ce principe, il en est le dogmaticien et le célébrant, la volonté générale librement exercée doit conduire l’humanité à la vertu, à l’équilibre et au bonheur définitif. Voilà pourquoi, selon lui, « les principes doivent être modérés, mais les lois implacables, les peines sans retour ». L’existence même de Louis XVI est donc pour lui un « crime », puisque la monarchie est « le crime ». Pour un Saint-Just, Louis XVI n’est pas une personne. C’est un principe, que l’on doit supprimer au nom d’un autre principe, l’humanité et son bonheur.

    Commentant ces propos, Albert Camus y voit une sorte d’intempérance d’idéalisme : « Les principes », écrit-il, « sont seuls, muets et froids », précisément quand ils sont détachés de l’être humain concret, de ce que la pensée chrétienne appelle la personne. Et c’est peut-être, frères et sœurs, en ce sens que la mort du Roi Louis XVI est effectivement symbolique mais pas au sens où Saint-Just l’entendait.
    En effet, trop de gens sont morts au nom de l’humanité et de l’idée que certains s’en faisaient. Trop de personnes ont été sacrifiées pour des « lendemains qui chantent » mais qui n’existent que dans l’imagination de ceux qui s’en servent. Trop d’êtres humains ont été supprimés pour que d’autres puissent adorer tranquillement les idoles de leur conscience. Oui, un principe mis au-dessus de l’être humain concret de chair et de sang devient une idole et, selon le mot du Psalmiste, « il a une bouche et ne parle pas, des yeux et ne voit pas, des oreilles et n’entend pas, pas un son ne sort de son gosier ».
    Voilà pourquoi l’être humain envisagé personnellement, ainsi que nous l’enseigne l’Eglise, doit devenir la norme et la mesure indépassable de toute action personnelle ou politique. L’Evangile, frères et sœurs, nous invitent à ce réalisme à la fois humain et spirituel : nous croyons en un Dieu qui a pris concrètement notre chair et notre sang pour sauver chaque être humain de chair et de sang. Le principe est une expression de la rationalité humaine, la personne est une créature de Dieu.

    Louis XVI a cru jusqu’au bout en ce Dieu qui l’a créé. Et c’est peut-être pour cela qu’il aime son épouse de tout son cœur de mari, ses enfants de tout son cœur de père. C’est peut-être pour cela qu’il offre son pardon à ses bourreaux qu’il considère avant tout comme des personnes, dignes d’amour et capables de repentir. Sa mort offerte, oui, peut alors nous apparaître comme une puissante leçon. Son espérance en Dieu et dans les hommes, jusque dans les affres de la mort, peut raisonner, à la lueur obscure de l’histoire, comme un « Plus jamais ça ! ».

    Le Roi est mort ! Mais, plus encore, un homme est mort. Mais il a voulu mourir en aimant, comme le Seigneur en qui il avait mis sa confiance. Et c’est peut-être en cela qu’il n’a jamais été autant Roi, pas au sens où les hommes l’entendent mais au sens où le Christ le dit. En mourrant, il pardonne et c’est ce cri qui rachète le sang versé, ce cri qui constitue le ferment de toute unité humaine parce qu’il rejoint le cri, divin celui-là, poussé par un autre condamné au moment suprême : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! » C’est pour cet homme, cet homme et ses bourreaux, tous êtres humains créés par Dieu, que nous prions.

    Amen.

  • Un accord historique, vraiment ?, par François Reloujac*

    Le 11 janvier dernier, le Medef et trois syndicats représentatifs du personnel (CFDT, CFTC et CFE-CGC) ont signé un accord qualifié d’ « historique ». En introduisant une certaine flexibilité sur le marché du travail, cet accord devrait permettre de faire baisser le taux de chômage grâce à une relance de la croissance. Mais ce texte long et complexe portera-t-il les fruits que l’on attend de lui ?

     

    Enfin « un dialogue social apaisé », pouvait se féliciter le chef de l’état, qui a fait de « l’inversion de la courbe du chômage » sa priorité absolue. Certes, le Medef a cédé sur des points qui paraissaient jusqu’à présent non négociables. Mais il a obtenu en échange davantage de « flexibilité » pour adapter les effectifs et la durée du travail aux conditions de la conjoncture. De ce point de vue, les syndicats représentatifs du personnel ont beaucoup lâché. C’est d’ailleurs ce qui explique que ni la CGT ni FO n’ont accepté de signer l’accord. Et, si le monde politico-économique en a immédiatement salué l’aspect « audacieux », l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, a toutefois émis une réserve dans ce concert de louanges. Cet accord débouchera-t-il sur la création d’emplois nouveaux ? « La flexibilité pour les entreprises n’est pas la seule donnée du problème », a-t-il expliqué dans Le Figaro du 14 janvier. Il a parfaitement raison ! 

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    Les négociateurs du Medef... 

    Car l’une des causes fondamentales – même si elles sont nombreuses – du sous-emploi chronique dont souffrent les pays occidentaux, est rarement analysée. Si l’histoire nous apprend en effet que, jusqu’au xxe siècle, les hommes travaillaient pour gagner leur vie et celle de leur famille, ceux d’aujourd’hui ne font que « chercher du travail » ! Différence de taille : les lois sociales sont ainsi faites qu’il est particulièrement difficile de commencer à travailler en développant simplement ses propres aptitudes et d’être payé en vendant le fruit de son travail. Quiconque veut se mettre à son compte doit ainsi commencer par payer des charges sociales et des impôts et taxes de toute nature qui lui interdisent toute progressive montée en puissance. Pour travailler et vivre de son travail, il est donc presque indispensable d’entrer dans une structure préexistante. Sous le gouvernement précédent, une mesure, à proprement parler révolutionnaire, avait été mise en place : le statut d’auto-entrepreneur qui remettait à l’endroit la relation entre la rémunération du travail et les charges sociales. L’auto-entrepreneur commençait par être payé avant de supporter des charges. Le seul reproche que l’on pouvait faire à cette réforme était de n’avoir pas généralisé ce statut et d’avoir laissé subsister comme régime de droit commun le système fiscal et social frappant les entrepreneurs individuels qui se trouvent dès lors soumis à la concurrence « déloyale » des auto-entrepreneurs !

     

    L’inversion de la relation entre croissance et chômage

    De fait, le travail n’est plus aujourd’hui l’aboutissement d’une volonté individuelle de mettre ses talents au service de la société, mais résulte de la rencontre d’un demandeur d’emploi avec une proposition émanant d’une entreprise déjà installée. On a ainsi inversé la relation entre la croissance et l’emploi. Ce n’est plus le travail accompli qui permet la croissance de la production, c’est l’augmentation des indices de production qui pousse les entreprises à embaucher de nouveaux salariés. L’imagination créatrice et la confiance dans l’avenir ont cédé la place aux statistiques ! De plus, la relation ainsi inversée introduit une inertie considérable dans le système puisque la création d’un emploi ne résulte plus d’une simple volonté individuelle d’une personne physique mais de la « pente des courbes » qui, elle, résulte de la somme de toutes les volontés des personnes morales et des administrations.

    Or, pour que ces volontés convergent vers la création d’emplois nouveaux, il faut que ces personnes morales puissent espérer une amélioration de leurs résultats qui ne découle pas seulement et immédiatement de ces emplois nouveaux. Il faut que la production nouvelle soit vendable – alors qu’auparavant elle ne l’était pas –, c’est-à-dire qu’il faut modifier les conditions de cette production. Et comme le marché du travail est terriblement réglementé, cette modification ne peut résulter que de la loi.

     

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    ...et la réaction de la CGT !

     

    Un accord qui est inapplicable sans une loi nouvelle

    C’est bien pourquoi personne ne peut se risquer à dire quel sera le résultat réel de l’accord signé. Pour être applicable, il doit d’abord être transposé dans la loi. Or les vingt-huit mesures contenues dans l’accord, bien que se voulant équilibrées, sont très complexes et difficilement transposables en termes juridiques. De plus, des syndicats comme la CGT et FO, qui peuvent compter sur de nombreux appuis parmi les parlementaires qui soutiennent l’action du gouvernement, ont refusé d’approuver certaines d’entre elles. Le secrétaire général de la CGT a d’ores et déjà « exigé » du Premier ministre que l’accord signé le 11 janvier ne soit pas intégralement retranscrit dans le futur projet de loi qui sera examiné au printemps. Bernard Thibault a mis en garde : « Nous allons avoir des séances de travail très concrètes avec le ministère du Travail pour regarder le texte dans le détail », ajoutant que « le Premier ministre ne peut pas ignorer l’opinion de la première organisation de salariés. »

    Dans un contexte économique difficile, où, après le groupe PSA, c’est Renault qui annonce de nombreuses suppressions d’emploi, où, après avoir été mis en redressement judiciaire, le groupe volailler Doux se heurte à la décision unilatérale de la Commission européenne de diviser par deux les subventions octroyées pour l’exportation, le gouvernement peut-il se fâcher avec une partie de son électorat ? Faut-il dès lors considérer que le Président a déjà perdu son pari sur l’emploi ? Non, car il n’a pas dit qu’il ferait baisser le nombre des chômeurs ; il a simplement promis qu’il inverserait la « courbe du chômage ». Mais de quelle courbe s’agit-il ? Celle du nombre des demandeurs d’emploi ou celle de l’accélération permanente de la croissance du nombre des chômeurs ? En fait, la question que l’on devrait se poser n’est pas celle de savoir comment permettre aux entreprises – et aux administrations – de créer plus d’emplois mais celle de savoir comment permettre à un plus grand nombre de Français de travailler et de vivre de la vente des fruits de leur travail. Le combat pour l’emploi ne saurait se limiter à la bataille du salariat !  

    * Analyse économique parue dans le n° 115 de Politique magazine, Février 2013.