âSouvent, Seigneur, ton Ãglise nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend lâeau de toutes parts. Et dans ton champ, nous voyons plus dâivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Ãglise nous effraient. Mais câest nous-mêmes qui les salissons ! Câest nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes. Prends pitié de ton Ãglise⦠»
Câétait en mars 2005. Jean-Paul II était mourant. Le cardinal Joseph Ratzinger présidait à la place du pape le chemin de croix qui se déroule traditionnellement au Colisée. Nul doute aujourdâhui, pour qui cerne lâhistoire de cette période de lâÃglise, que celui qui était alors encore le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, pensait, en prononçant ces mots terribles, dâabord et surtout, aux crimes dâhomosexualité, de pédophilie et dâabus sexuels de toutes sortes perpétrés dans un cadre ecclésiastique au cours des quarante précédentes années et dont sâétaient rendus coupables des membres du clergé à tous les niveaux. Les scandales commençaient à éclater un peu partout sur tous les continents et éclaboussaient jusquâaux sommets de la hiérarchie qui se taisait.
Le temps de Jean-Paul II
Jean-Paul II avait exercé son charisme personnel dans sa fonction pour redynamiser une Ãglise qui en avait bien besoin après les années dites « conciliaires » dont le pape Paul VI, sur la fin de son pontificat, effrayé de résultats qui nâétaient, certes, pas prévus, sâaffligeait lui-même. Il en était quelques autres qui avaient joué un rôle important lors du Concile, comme théologiens ou experts, et qui, eux aussi, étaient consternés par une évolution en forme de dégradation doctrinale, morale et liturgique qui nâavait plus rien à voir avec le renouveau souhaité ou imaginé. En étaient, entre autres, le Père de Lubac, le Père Daniélou, promus cardinaux par Jean-Paul II ; Joseph Ratzinger aussi. Dâoù leur volonté de réformer la réforme afin de lâinscrire dans la continuité de lâÃglise en éliminant peu à peu les herméneutiques de la rupture.
Jean-Paul II, en lutteur polonais qui sâétait exercé avec succès contre le communisme athée, avait parcouru le monde à grandes enjambées et rassemblé les foules â et surtout les jeunes â pour leur rendre confiance et leur rappeler â pour les catholiques â les articles de la foi et les principes de la morale. De grands textes, souvent, dâailleurs, inspirés par son cardinal théologien Ratzinger, ponctuaient ce parcours, de Veritatis splendor à Fides et ratio, ainsi que toute une série dâexhortations et dâadmonestations. Ce qui ne lâavait pas empêché, en faisant fi de toutes les contradictions, de persévérer, tout autant, dans un Åcuménisme sans frontière et dans une vision des droits de lâHomme qui lui servait depuis toujours de fer de lance et quâil prétendait ramener dans une direction divine en lâincluant dans une vaste conception théologique, philosophique et éthique. Sa philosophie inspirée de la phénoménologie moderne lui permettait des synthèses surprenantes. Joseph Ratzinger ne pouvait sâempêcher sur ces points dâavoir, sinon de manifester, des réticences malgré toute lâadmiration, voire la dévotion que portait à son pape le cardinal théologien : en particulier les réunions dâAssise qui, du strict point de vue de lâaffirmation de la foi catholique, nâétaient pas acceptables.
Toujours est-il que Jean-Paul II, tout donné à son lien direct avec le peuple fidèle et à sa relation personnelle avec le monde, ne se préoccupait pas du gouvernement de lâÃglise. Les services de la curie fonctionnaient par eux-mêmes selon les directions des cardinaux concernés et des autres prélats curiaux laissés à leur jugement⦠et à leurs calculs ou ambitions. Et de même les Ãglises locales sous la houlette de leurs conférences épiscopales, leurs bureaux, leurs commissions et on sait ce que ces mots veulent dire. Tout cela est certain et nâa pas manqué dâêtre noté par les historiens et les essayistes les plus sérieux. Est-il permis de le dire ? Le clergé, du bas en haut et du haut en bas, était livré à lui-même et il nây a rien de pire. Surtout dans les exaltations malsaines de prétendus changements radicaux qui devaient tout bouleverser ! Et pourquoi pas, après la doctrine, les mÅurs ? Précisons quâil nây a pas que ce quâon appelle « la gauche » qui se livrait à ce genre de libération⦠théologique et éthique. Dâautres qui seraient qualifiés « de droite », pouvaient aussi bien tomber dans le même piège de lâautosuffisance et du narcissisme doctrinal et moral. Tout est permis à qui se croit au-dessus.
En raison de son expérience polonaise dans un régime qui tentait par tous les moyens de la calomnie de déstabiliser lâÃglise, Jean-Paul II refusait dâenvisager la responsabilité pénale du clergé et, mis devant des accusations, les traitait de rumeurs. Câest ainsi quâil avait soutenu et promu Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, dont il louait les Åuvres, en effet, impressionnantes alors que des faits certains commençaient à être communiqués au Saint-Siège. La secrétairerie dâÃtat opposait la plus grande inertie. Le cardinal Sodano, tout à sa politique, ne traitait pas les vrais problèmes. Lâinstitution occultait et faisait semblant de tout ignorer. « Et ce nâest pas pécher que pécher en silence⦠» !
Câest dans ces circonstances que, sans porter de jugement sur les personnes en responsabilité, avec la discrétion requise, Joseph Ratzinger de sa propre initiative décida dâattraire devant son dicastère les cas qui lui étaient signalés. Il savait donc. Pas tout. à cette époque, loin de là ; mais il fut atterré. La perversité des ecclésiastiques lui était intolérable. Il ne la comprenait même pas ! Dâoù cette prière dâépouvante lors du Chemin de Croix de mars 2005. Ce ne fut que le début dâune longue agonie. Coepit contristari et maestus esse, pavere et taedere.
Le temps de Benoît XVI
Le 2 avril suivant, Jean-Paul II mourait. Doyen du Sacré-Collège, Joseph Ratzinger prépara le conclave. Il en sortit pape. Des indiscrétions â qui, dâailleurs, peinèrent Ratzinger- â, donnèrent à savoir le nom de son principal concurrent : Jorge Mario Bergoglio.
Une fois sur la chaire de saint Pierre, celui qui était devenu Benoît XVI mesura peu à peu toute lâampleur du problème. Câest lui et lui seul qui résolut la terrible affaire des Légionaires du Christ, en sauvant les âmes et en préservant les Åuvres bonnes, car lâhomme de foi était aussi un homme de charité. Cependant, les faits dénoncés et les plaintes émises se multipliaient de tous côtés ; câest encore lui qui prescrivit alors les règles de la plus stricte vérité et de la plus rigoureuse justice, y compris devant les institutions civiles. Cependant il sâavéra quâil avait dans son propre entourage de cardinaux et de prélats des hommes qui par suffisance ou insuffisance â prétention souvent doublée dâincompétence â ne voulaient pas comprendre. Inutile ici de donner des noms : tout est maintenant parfaitement connu des personnes averties. Câest comme si tout avait été fait pour écÅurer, pire encore, pour faire tomber Benoît XVI ; aucun mauvais procédé ne lui aura été épargné : stupidité, immoralité, désir de vengeance ; et ce besoin de couvrir les réseaux et de se couvrir soi-même. Il ne sâagissait plus que de lâaccabler.
Toutefois, la gravité extrême des faits posait une question plus profonde. Les dérives des mÅurs sont les signes des déviations de la foi. Il est toujours possible pour un catholique de se reconnaître pécheur et donc dâessayer de sâamender. Le mal est sans recours quand on sâaccorde la facilité de se faire un Dieu et une religion à sa façon. Le mot « amour » mis à toutes les sauces suffit à justifier tout et nâimporte quoi, y compris le pire, en échappant aux vérités de la nature et aux dogmes de la foi. Charles Maurras â eh oui ! â qui a tout vu, de son regard aigu, dès le début du XXe siècle, des conséquences des erreurs progressistes et modernistes dont lâÃglise allait pâtir pendant plus dâun siècle, écrivait en 1905 : « Dieu est tout amour, disait-on. Que serait devenu le monde si retournant les termes de ce principe, on eût tiré de là que tout amour est Dieu ? »
Câest exactement la question. Ces messieurs ont tout simplement décidé de justifier toutes leurs amours : lâhomme, le monde, leurs choix idéologiques et tout aussi bien, leurs amours irrégulières ou singulières. Or, le problème commence quand on fait la théorie de son cas, pensées, mÅurs, passions, goût du pouvoir. Quand on se fait soi-même sa propre théorie du salut, quand on estime quâon nâa pas besoin de salut ou quâon est au-dessus, câest fini. Le salut peut être devant soi, on ne le voit pas, on le méprise, on le dénigre, on le traite de Satan. Câest le péché contre lâEsprit.
Benoît XVI a donc tenté un redressement de la foi pour opérer un redressement de la barque de Pierre. Et avec quel enseignement de la plus grande précision ! il en a été traité à plusieurs reprises dans ces colonnes. Ce nâest pas le lieu ici dây revenir. Il voulait renouer tous les fils rompus. Penser juste et vrai, prier en beauté et en conscience aiderait à agir en conformité avec lâÃvangile de Jésus-Christ. Eh bien, lâhomme qui ne voulait pas être pape,â pour reprendre le titre du beau livre de Nicolas Diat â a pris finalement et personnellement la décision de renoncer au ministère dâévêque de Rome, successeur de saint Pierre ; il arguait de son manque de force. Après tant dâépreuves !
Le temps de François
Câest ainsi que le cardinal Bergoglio fut élu. Jésus, le diable et, à lâappui, citation de Léon Bloy, on crut à ses premiers propos aux cardinaux quâil allait proposer une radicalité évangélique de bon aloi. Il sây mêla très vite dâautres ingrédients. LâÃglise eut droit, en plus dâune dialectique sur les pauvres qui prit la forme dâunique spiritualité et qui tourna à la mystique des migrants et, pour parler comme Péguy, à la politique de la migration universelle, à une autre dialectique dite de « lâouverture » qui devint un système de gouvernement, une méthode politique dâexercice du pouvoir. Tout ce qui sâopposait aux projets pontificaux étaient mis sur le compte dâun esprit de « fermeture », dâobstination dans des doctrines passées et donc dépassées.
Tout y passa, en effet : cela alla de lâéloge incon-sidéré de Luther qui mettait à mal la foi catholique, aux subtiles transformations de la règle morale par toutes sortes de procédés prétendument démocratiques et évidemment abusifs. Les quelques jésuites sans foi ni loi, et connus comme tels, qui ont tout oublié de saint Ignace et bafouent les Exercices spirituels qui devraient être leur règle de vie, gravitant dans lâentourage du pape, menaient la danse : une casuistique invraisemblable, à faire frémir Pascal, autorisait toutes « les ouvertures ». Cependant le pape se créa à la Maison Sainte-Marthe son propre appareil de gouvernement avec ses hommes à lui, ses cardinaux nommés par lui, en doublon de la curie quâil se contentait dâinvectiver chaque année régulièrement.
Le dernier voyage de François à Dublin en Irlande, les samedi 25 et dimanche 26 août, fut typique de cette manière de faire. Il écrit, la semaine précédente, une Lettre au peuple de Dieu qui, devant la montée des scandales, dénonce avec une extrême vigueur les abus sexuels sur mineurs, mais ce sont des mots, car la Lettre ne vise jamais le péché en tant que tel des pratiques de lâhomosexualité et de la pédérastie ; et il se rend ensuite à la 9e Rencontre mondiale des familles à Dublin dans une Irlande catholique blessée par ces horribles comportements. Là , tout est arrangé pour orienter cette rencontre qui concerne la famille dans sa sainteté, sur « lâaccueil des divorcés remariés selon Amoris laetitia » et sur « lâaccueil et le respect dans les paroisses des LGBT et leurs familles ». Il fallait lâoser ! Alors à quoi sert de demander pardon, de se lamenter en fustigeant toute lâÃglise qui nâen peut mais, en dénonçant dans les crimes perpétrés, non pas le péché en lui-même que constitue lâabus sur mineurs, mais ce qui est requalifié de cléricalisme ! Ah, si ce nâest pas précisément du cléricalisme, cette manière de procéderâ¦
François pour ces journées sâest fait accompagner, comme par hasard, de ceux qui participent du même système : le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, Oscar Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa au Honduras, membre de son C9, Blase Cupich, créé cardinal par lui, archevêque de Chicago, des noms qui ont été cités â à tort ou à raison â dans des affaires de ce genre, comme ceux de Wuerl, archevêque de Washington, et de OâMalley, archevêque de Boston, qui aussi étaient invités et qui ne sont pas venus, car ils doivent faire face eux-mêmes à la tourmente ! Le jésuite américain, James Martin, directeur de la revue America, connu pour ses positions ouvertement LGBT, était bien là , lui aussi, chargé de faire sa propagande ignoble. Et François, là -dessus, au retour dans lâavion essaya de noyer la question en parlant de psychiatrie. Il nây a donc aucune autorité dans lâÃglise pour dire : ça suffit ! Alors que tout le monde sait que le mal a ravagé des églises entières, que le procureur de lâÃtat de Pennsylvanie, Josh Shapiro, vient de faire savoir que le Vatican et les autorités ecclésiastiques connaissaient les ignominies commises sur des enfants par près de 300 prêtres dans ce seul Ãtat, quâil en est de même au Chili, en Australie, en Irlande, et encore, et encoreâ¦Même sâil sâagit dâune minorité, câest bien trop ! Ne serait-ce que pour que lâÃglise hiérarchique et lâensemble des prêtres qui ont donné leur vie au Christ, ne soient pas compromis dans cet affreux trafic dâinfluence. Car quâest-ce dâautre ?
Il est donc compréhensible que Mgr Carlo Maria Vigano ait cru bon dâécrire sa lettre ouverte au pape. Ancien Délégué aux représentations pontificales auprès de la secrétairerie dâÃtat, puis nonce apostolique à Washington, il fut par ses fonctions informé de suffisamment de faits à la suite de ses prédécesseurs pour se croire obligé dâen référer aux plus hautes autorités, en particulier sâagissant des abus sexuels perpétrés par lâancien archevêque de Washington, le cardinal McCarrick, doublés de sollicitatio ad turpia et de sacrilèges eucharistiques. Sa lettre est parfaitement documentée, précise ; et les faits monstrueux de perversion sont connus et sont si avérés quâà la demande de François McCarrick a été obligé de présenter sa démission du collège cardinalice en juillet dernier. Mais, auparavant, quâen était-il, sâil est vrai que, de fait, Benoît XVI avait déjà pris des décisions à son encontre ?
Ce nâest pas tout, car Mgr Vigano dénonce tout un système de connivences, de nominations, de réseaux homosexuels qui contamine lâÃglise. Combien dâautorités impliquées ? Et jusquâoùâ¦
Le pape François ne saurait dâaucune manière et à aucun titre couvrir de son autorité de telles turpitudes : câest une évidence. Il en va du respect de sa propre fonction que tout catholique est tenu de respecter, à commencer par lui-même. Le pape est souverain ; il a le droit de ne pas rÃ
Après avoir dépassé le Kenya, la Côte d’Ivoire, pays francophone au sous-sol pauvre, a réussi l’exploit de dépasser ses deux voisins regorgeant de richesses naturelles que sont le Ghana et le Nigeria, pour devenir le pays le plus riche de toute l’Afrique de l’Ouest, selon les données révisées de la Banque mondiale.
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Selon les statistiques récemment publiées par la Banque mondiale, le PIB par habitant de la Côte d’Ivoire s’établissait à 2 286 dollars fin 2019, soit un niveau désormais supérieur à ceux du Ghana (2 202 dollars) et du Nigeria (2 230 dollars). Et ce, contrairement à ce que laissaient prévoir les données publiées ces dernières années par l’organisme, avant que la Côte d’Ivoire ne bénéficie, à son tour, d’une mise à jour de la base de calcul de son PIB. Un niveau qui, par ailleurs, dépasse maintenant largement celui du Kenya, qui s’élève à 1816 dollars.
Un véritable exploit, dû à une croissance record
Cette grande performance constitue un véritable exploit pour la Côte d’Ivoire, dont le sous-sol pauvre en matières premières contraste avec ceux du Ghana et du Nigeria. En effet, le Ghana est devenu le premier producteur d’or du continent, avec une production plus de quatre fois supérieure à celle de la Côte d’Ivoire (142,4 tonnes en 2019, contre seulement 32,5 tonnes, soit + 338 %). De plus, le pays fait désormais partie des pays pétroliers du continent, se classant aujourd’hui à la quatrième position en Afrique subsaharienne, devant le Gabon (avec une production d’environ 200 000 barils par jour, contre moins de 40 000 pour le pays d’Houphouët-Boigny, soit cinq fois plus). Et ce, dans un domaine qui continue à être largement dominé par le Nigeria, premier producteur d’or noir du continent, avec une production annuelle qui se situe, en moyenne, à environ deux millions de barils par jour.
L’importante progression de la Côte d’Ivoire résulte de la très forte croissance que connaît le pays depuis plusieurs années. Sur la période de huit années allant de 2012 à 2019, période suffisamment longue pour pouvoir établir des comparaisons internationales (et hors micro-États, et plus précisément Nauru, pays insulaire du Pacifique sud ne comptant que 11 mille habitants et pour un territoire de seulement 21 km²), la Côte d’Ivoire a réalisé la plus forte croissance au monde dans la catégorie des pays ayant un PIB par habitant supérieur ou égal à 1 000 dollars, avec une croissance annuelle de 8,2 % en moyenne (6,9 % en 2019). Plus impressionnant encore, elle se classe deuxième toutes catégories confondues, pays très pauvres inclus, faisant ainsi mieux que 30 des 31 pays au monde qui avaient un PIB par habitant inférieur à 1 000 dollars début 2012. La Côte d’Ivoire n’est alors dépassée que par l’Éthiopie, qui a connu une croissance annuelle de 9,2 % en moyenne (8,3 % en 2018). Une performance qui résulte essentiellement du très faible niveau de développement de ce pays d’Afrique de l’Est, qui était le deuxième pays le plus pauvre au monde début 2012 et qui en demeure un des plus pauvres avec un PIB par habitant de seulement 857 dollars, fin 2019 (soit près de 2,7 fois moins que la Côte d’Ivoire). Sur cette même période de huit années, le Ghana et le Nigeria ont enregistré, respectivement, une croissance annuelle de 5,7 % et de 2,9 % en moyenne.
Un pays particulièrement dynamique et en chantier
Les résultats de la Côte d’Ivoire s’expliquent par les profondes réformes réalisées par le pays afin d’améliorer le climat des affaires, ainsi que par une politique de développement tous azimuts et se matérialisant notamment par de nombreux chantiers d’envergure à travers le pays. Plusieurs mesures ont en effet été prises afin de faciliter et de sécuriser les investissements, en vue d’instaurer un environnement favorable à ces derniers : mise en place d’un nouveau code des investissements en 2012, d’un guichet unique de création d’entreprises, d’une plateforme d’échanges pour centraliser les appuis des partenaires au développement de l’environnement des affaires… Le tout, assorti d’une assez faible pression fiscale, de l’ordre de 14 % du PIB au total pour l’année 2019 (cotisations de sécurité sociale incluses).
L’ensemble de ces mesures a ainsi permis à la Côte d’Ivoire de faire un bond considérable dans le classement international Doing business, publié chaque année par la Banque mondiale et relatif au climat des affaires, en passant de la 167e place en 2012 à la 110e pour l’année 2020. Dans ce classement, elle fait donc désormais largement mieux que le Nigeria (131e), ou encore que l’Éthiopie, passée de la 111e à la 159e place sur la même période. Ce pays, où les répressions policières et les tensions interethniques ont fait plusieurs centaines de morts ces quelques dernières années, est d’ailleurs l’un des pays qui connaissent les plus fortes tensions sociales sur le continent, avec l’Afrique du Sud (où l’on compte plus de 15 000 homicides par an).
Cette importante progression de la Côte d’Ivoire s’accompagne également d’une remarquable maîtrise de l’inflation (comme dans l’ensemble de l’espace UEMOA), qui s’est située à seulement 0,8 % en moyenne annuelle sur la période de huit années allant de 2012 à 2019, selon les dernières données de la Banque mondiale. Un taux particulièrement bas, notamment en comparaison avec le Ghana et Nigeria, dont les populations ont grandement souffert d’une inflation qui s’est établie à 11,9 % et à 11,6 % par an, en moyenne et respectivement, et ce malgré une croissance largement inférieure à celle de la Côte d’Ivoire. Ces deux pays souffrent d’ailleurs également d’une importante dollarisation de leur économie, la monnaie nationale étant souvent refusée et substituée par le dollar dans les échanges économiques quotidiens. Enfin, la Côte d’Ivoire n‘oublie pas d’investir massivement dans l’éducation et la formation, dont les dépenses avaient atteint jusqu’à 27 % du budget national en 2017 (un des taux les plus élevés du continent). Sur les cinq dernières années, autant de classes ont d’ailleurs été ouvertes à travers le pays qu’au cours des vingt années précédentes. Une accélération qui s’explique, notamment, par la scolarisation rendue obligatoire à partir de la rentrée 2015 pour les enfants âgés de 6 à 16 ans. Au passage, il convient de rappeler que la maîtrise de l’inflation et la formation, deux éléments ayant une incidence certaine sur l’environnement des affaires, ne sont pas pris en compte par l’enquête annuelle Doing business de la Banque mondiale. Ce qui constitue une lacune fort regrettable, et pénalisante pour le classement de la Côte d’Ivoire (tout comme le sont, dans un autre registre, les données servant à l’ONU de base de calcul pour l’indice de développement humain, mais qui sont en général relativement anciennes pour les pays en développement, et qui ne prennent donc pas en considération les toutes dernières évolutions économiques et sociales).
Cet environnement particulièrement favorable aux investissements que connait aujourd’hui la Côte d’Ivoire s’accompagne d’une politique ambitieuse de développement et de grands chantiers, dans tous les domaines : routes, ponts, transports publics (comme le futur tramway d’Abidjan), centrales électriques, hôpitaux, réseaux de télécommunications, industries de base… et ce, sans oublier l’agriculture qui continue à se développer, le pays étant même devenu récemment le premier producteur mondial de noix de cajou (en plus d’être déjà le premier producteur de cacao). Des noix de cajou qui sont d’ailleurs partiellement transformées par des machines de fabrication ivoirienne, grâce à une entreprise locale qui la seule du type en Afrique subsaharienne. Pour leur part, les secteurs de la technologie et de l’informatique se développent eux aussi assez rapidement, notamment avec la multiplication des jeunes pousses (ou start-up), ou encore avec la construction d’une usine d’assemblage d’ordinateurs qui contribue à la réalisation du projet national « un citoyen, un ordinateur ». Une fabrication locale qui constitue une avancée rare sur le continent. Quant à l’électrification du pays, point d’une grande importance pour la réussite de toute politique de développement, le taux de couverture est passé de 33 % des localités ivoiriennes début 2012 à 73 % au mois de mai 2020. Et ce, avec une augmentation parallèle du taux d’accès à l’électricité, qui atteint désormais près de 90 % de la population du pays. Sur la même période, celui-ci a connu une progression d’environ 60 % de sa production d’électricité, devenant un des principaux exportateurs en la matière sur le continent (11 % de la production ivoirienne est actuellement exportée vers un total de six pays d’Afrique de l’Ouest).
Par ailleurs, la Côte d’Ivoire commence enfin à s’intéresser au développement du secteur touristique, encore embryonnaire. Une situation totalement anormale pour un pays qui ne manque pas d’atouts en la matière, et que le monde doit enfin connaître et découvrir. À titre d’exemple, la quasi-intégralité de la population française (et donc également des autres populations occidentales) ignore l’existence même de la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro, qui n’est autre que le plus grand édifice chrétien au monde, et quasi-réplique de la basilique Saint-Pierre de Rome. Une situation absurde qui résulte de la longue négligence dont a souffert le secteur du tourisme, contrairement à ce que l’on observe dans des pays comme le Kenya ou l’Afrique du Sud, ou encore la Tunisie et le Maroc, qui investissent depuis longtemps dans ce domaine qui contribue de manière importante à leur développement. Au passage, il convient de rappeler que la Côte d’Ivoire est un pays bien plus grand qu’on ne le pense, étant, par exemple, légèrement plus étendue que l’Italie et un tiers plus vaste que le Royaume-Uni, et non deux ou trois plus petite comme l’indique la majorité des cartes géographiques en circulation (y compris en Afrique). Des cartes qui dressent généralement une représentation terriblement déformée des continents, en réduisant considérablement la taille des pays du Sud.
La rapide progression de l’Afrique subsaharienne francophone
Ces différents éléments font que la Côte d’Ivoire devrait continuer à connaître une croissance robuste dans les prochaines années, du moins une fois que la crise mondiale majeure liée au Covid-19 sera passée (et dont les conséquences définitives pour l’année en cours, et pour l’ensemble du continent, ne peuvent encore être correctement estimées). Le pays devrait même, à moyen terme, dépasser en richesse la Tunisie, pour devenir le premier pays d’Afrique subsaharienne au sous-sol pauvre à dépasser, dans l’histoire, un pays d’Afrique du Nord. La Côte d’Ivoire fait d’ailleurs partie de l’espace UEMOA, qui n’est autre que la plus vaste zone de forte croissance du continent, avec une hausse annuelle du PIB de 6,4 % en moyenne sur la période de huit années allant de 2012 à 2019. Un espace faisant lui-même partie de l’Afrique subsaharienne francophone, qui constitue globalement la zone la plus dynamique – et historiquement la plus stable – du continent, dont elle a enregistré en 2019 les meilleures performances économiques pour la sixième année consécutive et pour la septième fois en huit ans. Sur la période 2012 – 2019, la croissance annuelle de cet ensemble de 22 pays s’est ainsi établie à 4,4% en moyenne (5,0 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), contre 2,8% pour le reste de l’Afrique subsaharienne.
Un dynamisme par ailleurs soutenu par une assez bonne maîtrise de la dette publique, les pays francophones n’étant qu’au nombre de deux parmi les dix pays les plus endettés du continent (à savoir la Mauritanie et le Congo-Brazzaville, qui n’arrivent, respectivement, qu’à la 9e et à la 10e place début 2020, selon le FMI). Une maîtrise de la dette qui fait que l’Afrique francophone sera globalement mieux armée pour faire face à la présente crise économique internationale. Pour la Côte d’Ivoire, cette dette s’est établie à 38 % du PIB fin 2019 (après rebasage tardif du PIB), soit un niveau largement inférieur à celui de la grande majorité des pays développés, et un des taux les plus faibles du continent (par exemple, largement inférieur à ceux du Ghana, 63,8 %, et du Kenya, 61,6 %).
Par ailleurs, il est à noter qu’il n’y a désormais plus qu’un seul pays francophone parmi les cinq pays les plus pauvres du continent, tous situés en Afrique de l’Est (en l’occurrence le Burundi, avec quatre pays anglophones que sont le Soudan du Sud, devenu le pays le plus pauvre du monde, le Malawi, la Somalie et le Soudan). Enfin, il n’y a aujourd’hui plus aucun pays francophone dans les six dernières places du classement international relatif au climat des affaires de la Banque mondiale, désormais majoritairement occupées par des pays anglophones (en 2012, cinq des six derniers pays étaient francophones).
Cette évolution globalement favorable de l’Afrique francophone n’était d’ailleurs pas aussi facilement prévisible il y a quelques décennies, au moment des indépendances. En effet, il convient de rappeler que le Royaume-Uni avait pris le contrôle des terres les plus fertiles du continent (le Ghana, la Nigeria – avec le delta du fleuve Niger et ses affluents, le Soudan et le Soudan su Sud – avec le Nil et ses affluents, la Tanzanie, le Zimbabwe…), ainsi que des territoires les plus riches en matières premières (les trois premiers pays producteurs d’or du continent, que sont le Ghana, le Soudan et l’Afrique du Sud – longtemps premier producteur mondial en la matière, le premier producteur de pétrole qu’est le Nigeria – devant l’Angola, ancienne colonie portugaise, le premier producteur de diamants qu’est le Botswana, ou encore le deuxième producteur de cuivre qu’est la Zambie). L’Afrique francophone a donc réussi son rattrapage par rapport au reste du continent, dont elle constitue même désormais la partie la plus prospère, globalement (ou la moins pauvre, selon la manière de voir les choses). Des pays comme le Mali et Bénin, qui ne font pourtant pas partie des pays les plus riches d’Afrique de l’Ouest, ont même un PIB par habitant supérieur à des pays comme l’Éthiopie ou le Rwanda, situés en Afrique de l’Est et bénéficiant étrangement d’une couverture médiatique exagérément favorable.
Le déclin économique du Nigeria, et son incidence sur une éventuelle monnaie unique ouest-africaine
Depuis plusieurs années, l’économie du Nigeria est en déclin et le pays en voie d’appauvrissement constant. En effet, celui-ci (et comme l’Afrique du Sud, par ailleurs), affiche chaque année un taux de croissance économique très faible et largement inférieur à son taux de croissance démographique, contrairement aux pays francophones qui l’entourent. Ainsi, la hausse du PIB n’a été que 1,2 % en moyenne annuelle sur les cinq dernières années (2015 – 2019), contre une croissance démographique de 2,6 % en moyenne sur la même période (comparable à celle de la Côte d’Ivoire, 2,4 %). Le Sénégal et le Cameroun devraient d’ailleurs assez rapidement dépasser à leur tour le Nigeria en matière de richesse par habitant (chose assez méconnue, le Cameroun connaît régulièrement une croissance économique deux à trois fois supérieure à celle du Nigeria). À cette situation, s’ajoutent de graves difficultés structurelles auxquelles fait face le pays, et qui se manifestent notamment par une inflation assez forte (11,6
Nous proposons cet article paru il y a un an sur l’affaire du Rwanda, que nous adresse ILYES ZOUARI Président et co-fondateur du « Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone » (CERMF), que nos habitués connaissent bien.
![](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/1808265901.55.jpg)
Pour ceux qui se perdent un peu sur les positionnements géopolitiques de la France en Afrique et plus particulièrement sur le génocide du Rwanda, cet article a le mérite de rappeler des faits et les données économiques qui ont conduit au désastre humanitaire et au déchainement de cruauté que nous connaissons. Nous invitons nos « internautes » à prendre connaissance de cet article, comme éclairage préalable avant la diffusion de nouveaux éléments venant appuyer ces révélations, deux vidéos récentes de la très courageuse Judi Rever au sujet du génocide rwandais, et mises en ligne suite à la publication du livre « Rwanda : l’Eloge du sang » (récompensé au Canada, mais qui a failli être censuré en France !), qui seront mises en ligne dès demain sur ce site et qui rendent justice notamment des accusations portées contre l’armée française (NDLR)
Si tous les pays du monde, y compris les pays occidentaux, pratiquent la propagande d’une manière ou d’une autre, ce qui est différent dans le cas du Rwanda est que le régime à la tête de ce pays se livre à un usage excessif de cette arme de communication. Une méthode qui nous rappelle celle de certains pays communistes de l’époque de la guerre froide, et un niveau de propagande qui n’avait encore jamais été atteint par un autre pays africain.
Un an après la désignation de l’ancien numéro deux du régime rwandais à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), lors du sommet d’Erevan des 11 et 12 octobre 2018, voici donc dix points à connaitre sur le Rwanda afin de rétablir la vérité : cinq points d’ordre économique et social, et cinq autres d’ordre politique.
1. Le Rwanda est l’un des pays les plus pauvres du continent, avec un PIB par habitant de seulement 773 dollars début 2019, selon les données fournies par la Banque mondiale. Un niveau plus faible que celui de nombreux pays d’Afrique subsaharienne pauvres en richesses naturelles, comme la Sénégal (1522 dollars, soit +97 %), le Mali (901 dollars, soit +17 %), le Bénin (902 dollars, soit +17%) ou encore la Côte d’Ivoire (1715 dollars, soit +122 %). Un écart très important avec ce dernier pays, mais qui n’a pourtant pas permis au Rwanda de réaliser une croissance économique supérieure ou égale sur les sept dernières années (période 2012- 2018).
2. De 2014 à 2018, des populations du sud et du nord-est du pays ont été frappées par une grave crise alimentaire, suite à une sécheresse ayant également touché d’autres pays d’Afrique de l’Est. Cependant, le gouvernement rwandais a été le dernier des gouvernements de la région à reconnaître cette situation dramatique et à demander, en catimini en 2016, l’appui du Programme alimentaire mondial (PAM, une des structures de l’ONU), préférant ainsi laisser se dégrader la santé d’une partie de la population plutôt que de faire connaître son échec à subvenir aux besoins les plus élémentaires des habitants du pays. Une attitude qui rappelle, justement, celle de pays totalitaires communistes de l’époque de la Guerre froide.
Le mot N’arama, qui signifie « que ta vie soit longue » en Kinyarwanda (première langue du pays), est d’ailleurs un des termes utilisés par les populations concernées pour désigner discrètement cette période de quasi-famine, afin de ne pas se faire arrêter par la police ou par l’armée.
Mais à cette crise alimentaire s’ajoute à un autre problème structurel et touchant, à divers degrés, toutes les régions rurales du pays : celui de la malnutrition chronique des enfants de moins de cinq ans. Selon les dernières données disponibles (officielles et reprises par l’ONU), 37 % des enfants rwandais de cette tranche d’âge étaient frappés par ce problème en 2017. À titre de comparaison, ce taux n’était pas bien plus important en RDC voisine (43%), qui connaît pourtant de graves difficultés.
3. Dans le « pays des mille collines », de nombreux chômeurs sont officiellement considérés comme des « agricultures », profession automatiquement enregistrée par l’administration. De même, de nombreuses personnes se livrant, hélas, à la prostitution, sont également « agricultrices ». Cette politique permet ainsi de présenter des statistiques officielles fort éloignées de la réalité, sur le niveau réel de pauvreté dans le pays.
À tel point que nombreux sont les experts, travaillant au sein d’institutions internationales ou pour des organismes de recherche privés, à ne plus accorder le moindre crédit aux chiffres officiels présentés par le régime. En se basant sur différentes données, un expert international belge était parvenu à la conclusion que la grande pauvreté aurait progressé de six points de pourcentage entre 2010 et 2014 (passant de 44,9 % à près de 51 %, avant la sécheresse), alors que les autorités annonçaient une baisse significative et du même ordre, à 39,1% ! Autre exemple, un ancien expert de la Banque mondiale, Bert Ingelaere, publiait en 2017 un article intitulé « Le président pour toujours du Rwanda », et dans lequel il disait que sa hiérarchie avait décidé de détruire toutes les informations récoltées sur place lors d’une vaste étude sur la pauvreté, menée par lui-même et par d’autres spécialistes de l’organisation, suite aux pressions exercées par le régime rwandais et avant que la moindre analyse des données ne soit effectuée. Par ailleurs, d’autres experts affirment également que le gouvernement rwandais a tendance à gonfler les taux de croissance réalisés par le pays, ou encore à réduire considérablement les taux réels d’inflation.
De fortes critiques qui, toutefois, ne se font pas entendre au plus haut niveau de ces institutions, le régime rwandais bénéficiant d’une protection totale et très active des États-Unis et du Royaume-Uni, qui avaient patiemment œuvré à installer Paul Kagame au pouvoir (en finançant et en armant le FPR – Front patriotique rwandais, qui, dirigé par Paul Kagame, avait multiplié les attaques meurtrières au Rwanda à partir de l’Ouganda au début des années 1990, sans ne jamais respecter le moindre accord de cessez-le-feu, et créant ainsi une climat de peur et de paranoïa ayant tristement conduit au génocide. Un drame dont le fait déclencheur fut l’assassinat simultané de deux présidents, ceux du Rwanda et du Burundi, par le tir d’un missile ayant abattu l’avion qui les transportait. Un double assassinat unique dans l’histoire de l’humanité).
4. Depuis plus de 20 ans, le Rwanda est l’un des tous premiers pays bénéficiaires de l’aide publique au développement (APD) dans le monde. Sur la période de cinq années allant de 2013 à 2017, selon les dernières données de l’OCDE et proportionnellement à sa population, le Rwanda a été le troisième principal bénéficiaire d’aides étrangères sur l’ensemble du continent africain (hors pays en guerre, comme le Soudan du Sud, et hors très petits pays de moins d’un million d’habitants, essentiellement insulaires). Avec une enveloppe annuelle de 1,116 milliard de dollars en moyenne, il n’a été devancé, par habitant, que par le Liberia et la Sierra Leone (deux pays anglophones faisant partie des trois pays le plus pauvres d’Afrique de l’Ouest, avec le Niger).
À titre de comparaison, le Bénin et le Burundi (pays voisin du Rwanda, et un des quatre pays le plus pauvres du continent, avec le Malawi, le Soudan du Sud et la Somalie), comptent une population à peu égale à celle du Rwanda (10,6 et de 10,2 millions d’habitants en moyenne sur cette période, respectivement, contre 11,4 millions, selon l’ONU), mais n’ont reçu que 572 et 522 millions de dollars d’aide par année en moyenne, respectivement. En d’autres termes, le Rwanda a reçu 81 % et 91 % d’aides par habitant en plus que le Bénin et le Burundi, respectivement. Autre comparaison possible, l’Ouganda, autre pays voisin du Rwanda et huitième pays le pauvre du continent (avec un PIB de 643 dollars, début 2019), n’a bénéficié que de moitié plus d’aides sur la même période (1,745 Md de dollars par année en moyenne), alors que le pays est 3,4 fois plus peuplé. Ainsi, le Rwanda a proportionnellement reçu 116 % d’aides supplémentaires par habitant que son voisin du nord.
Ces financements massifs que reçoit le régime rwandais sont principalement versés par les États-Unis et le Royaume-Uni, ce qui démontre bien que la Rwanda est particulièrement « ciblé » par les aides américaines et britanniques. Compte tenu de la grande pauvreté qui frappe encore le pays (en dehors de sa capitale Kigali), de la très petite taille du territoire rwandais (12 fois plus petit que la Côte d’Ivoire, par exemple, ce qui rend facilement accessible l’intégralité du territoire, et bien plus facile la mise en œuvre d’une politique nationale de développement), et compte tenu des éléments se trouvant dans le point n°5 (ci-dessous), la question qu’il convient de se poser légitimement est donc la suivante : où va l’argent ?
5. Depuis 2013, le Rwanda est le premier producteur et exportateur mondial de tantale, un élément stratégique extrait à partir d’un minerai appelé coltan. Pourtant, le sous-sol rwandais est très pauvre en coltan, dont le Congo-Kinshasa (ou RDC) détient, à lui seul, plus de 60 % des réserves mondiales (pourtant dispersées sur plusieurs continents). Ce paradoxe s’explique, simplement et tristement, par le pillage massif et systématique des riches naturelles de l’est de la RDC voisine.
Un pillage de type « colonial » (et même plus grave encore, la RDC n’en retirant aucun bénéficie), qui n’existe plus ailleurs sur le contient, qui se fait au vu et au su de tous, et ce, sans la moindre sanction internationale. Il est d’ailleurs regrettable de constater une certaine indifférence des pays africains eux-mêmes, qui s’honoreraient à se montrer plus solidaires du peuple congolais frère, véritable victime du régime rwandais depuis de nombreuses années. Un régime dont le président est parfois surnommé le « Hitler africain » par les Congolais, étant responsable de la mort de millions de personnes dans l’est du pays, sur les 25 dernières années (la plus grande catastrophe humaine depuis la seconde guerre mondiale). Une responsabilité qui a encore été récemment rappelée par le très respectable et respecté M. Faustin Twagiramungu, homme de paix et de dialogue ayant perdu 36 membres de sa famille lors du génocide, et qui avait occupé la fonction de Premier ministre du Rwanda au lendemain de ce drame (et non avant, point important à souligner). Une personnalité aujourd’hui en exil, et en danger.
Ce génocide rwandais qui est « à 100 % de la responsabilité américaine… Il est de la responsabilité de l’Amérique, aidée par l’Angleterre, mais il y a aussi la passivité des autres États », selon les propres termes de l’ancien secrétaire général de l’ONU, M. Boutros-Ghali, en 1998, près de deux années après avoir quitté ses fonctions à la tête de l’organisation. Une affirmation bien sûr exagérée (ceux ayant commis les massacres étant les premiers responsables), mais fort révélatrice du niveau d’implication américaine dans ce terrible drame. Les États-Unis qui avaient longtemps interdit à l’ONU d’utiliser – et donc de reconnaître – le terme « génocide » afin d’empêcher toute intervention visant à arrêter les massacres, et ce, jusqu’au 08 juin 1994, soit 23 jours après la France (qui avait été la première grande puissance à parler ouvertement de génocide, dès le 16 mai 1994) et des centaines de milliers de morts plus tard.
Un blocage volontaire des États-Unis, pour qui il fallait absolument que le FPR du Paul Kagame prenne d’abord le contrôle de la majeure partie du pays, avant de reconnaître le génocide et de permettre ainsi à l’ONU de demander une intervention militaire humanitaire. Quitte à laisser se faire massacrer presque tous les Tutsis du pays et les Hutus qui leur étaient proches (et auxquelles s’ajoutent les dizaines de milliers de civils hutus massacrés par les forces du FPR). Et une fois le feu vert de l’ONU obtenu, et même si elle aurait pu faire davantage, la France fut tout de même la seule puissance à accepter d’intervenir, sauvant ainsi la grande majorité des survivants tutsis du sud-ouest du pays. Dans un monde « juste et parfait », Bill Clinton comparaitrait devant un tribunal pénal international, de préférence situé en Afrique, afin d’être jugé pour complicité de génocide.
6. Le Rwanda est l’un des quatre régimes les plus totalitaires du continent africain, qui sont au « degré zéro » de liberté d’expression (avec l’Égypte, l’Érythrée et le Eswatini, anciennement Swaziland et dernière monarchie absolue du continent). Tous les opposants politiques qui ne quittent pas le pays sont soit exécutés, d’une manière ou d’une autre, soit jetés en prison.
7. Le régime rwandais est celui ayant commis le plus grand nombre d’assassinats d’opposants politiques en dehors de ses propres frontières (au Kenya, en Afrique du Sud, en Ouganda, en RDC, et auxquels s’ajoutent des tentatives d’assassinat en Belgique et au Royaume-Uni, empêchés in extremis par les autorités locales, qui se refusent toutefois et étrangement de protester). Chose qui est pourtant extrêmement rare dans le monde, mais qui est habituelle pour ce régime.
8. Paul Kagame, officiellement au pouvoir depuis l’an 2000, mais de facto depuis 1994, a modifié la constitution de son pays en 2015 afin d’être en mesure de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034, soit 40 années de règne. Kagame est d’ailleurs le seul dictateur africain à oser encore « se faire élire » avec des taux de 99 % (98,6 % lors de la dernière élection présidentielle de 2017).
9. Le régime totalitaire du Rwanda, et l’impunité la plus totale dont il jouit, est hélas en train d’inspirer d’autres pouvoirs africains qui s’appuient sur cet exemple afin d’interrompre un processus de démocratisation en cours. Et notamment dans la région de Grands lacs, et en particulier en Ouganda et au Burundi (dont le président a récemment procédé à un véritable « copier-coller » de la nouvelle constitution rwandaise).
Plus loin sur le continent, il est également regrettable d’observer la dérive autoritaire que connaît aujourd’hui le Bénin, qui fut pourtant le deuxième pays d’Afrique continentale à devenir une démocratie, après le Botswana et dès 1990 (au Sénégal, Léopold Sédar Senghor avait été le premier président, hors Afrique du Sud – non encore véritablement démocratique pour cause d’apartheid, à quitter le pouvoir de lui-même, fin 1980. Mais la démocratie ne fut instaurée que bien plus tard). Le Bénin, un pays dont le président est bien connu pour être un ami proche de Kagame…
10. Louise Mushikiwabo, ancienne numéro deux de régime rwandais, avait invité en 2017 le directeur général d’Human rights watch, une importante ONG inter
« La plus brillante étude sociale et politique que j’ai lue sur la crise de la Covid19 » (Michel Michel)
« … comme un évènement prévu depuis toujours et cependant comme une surprise, un personnage inquiétant qui pouvait tout laisser en place, qui pouvait tout changer, le sens de l’action, la trame des mobiles, qui avait sur le texte établi de toujours l’ascendant prodigieux, étrange du vivant… »
Benjamin Fondane, 1942
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Une science fantôme, au service d’un gouvernement fantôme, pour gouverner des fantômes, dans une société fantôme, en temps de démocratie fantôme ? Pour qui ne croit plus en rien (ou en tout), la situation présente (en France sûrement et probablement partout dans le monde) aurait quelque chose d’éminemment comique si, en même temps, ne se dessinait pas, par transparence, une forme de réalité proprement terrifiante. Le problème, avec les fantômes, c’est qu’on a beau ne pas y croire, ils font peur, ils font réellement peur. Ils sont en effet le retour du même quand précisément le même est devenu tout autre.
Il y a, nous dit-on, un virus extrêmement virulent qui circule à grande vitesse parmi nous. Invisible, évidemment, il ne se manifeste nulle part directement, mais toujours indirectement, par les chiffres inquiétants qui signalent à notre attention, après-coup, sa terrible capacité à se répandre dans nos rangs quand nous avons l’imprudente insouciance d’oublier sa présence, en sorte qu’il faut à tout instant nous rappeler qu’il est là, pour que nous ne devenions pas, à notre insu, les complices inconscients et irresponsables de son action. Car le danger, précisément, n’est pas en lui. Il est en nous. En lui-même, le virus ne fait pas grand-mal, pas beaucoup plus en tout cas que les dizaines de grippes très ordinaires qui, en même temps que lui, sans doute (mais ces chiffres, justement, nous ne les avons pas), font autant ou plus de victimes que lui. Qui sait en effet, chaque jour, combien de gens ne meurent pas du virus, mais d’autre chose ? Cela n’a aucune espèce d’importance : ce qui compte seul, c’est le taux d’incidence de ce virus, parce que ce virus, contrairement aux autres (contre lesquels nous savons nous défendre, contre lesquels nous avons le réflexe de nous défendre), travaille sourdement avec nous. Subtilement, comme une sorte de pervers narcissique étrangement doué de sociabilité, il se sert de nous, de notre apparente bonne santé, de l’absence en nous du moindre symptôme susceptible de nous avertir du danger que nous pourrions constituer pour les autres. Il fait de nous, secrètement, les agents de sa virulence. Il fait de tout ce qui constitue notre être social le véhicule d’une maladie qui ne nous touche pas individuellement, mais collectivement.
Voilà pourquoi il faut absolument que nous portions tous, partout, à tout instant, non pas un, mais le masque. En soi, un masque ne protège personne en particulier. Aucune statistique au monde ne permet de savoir si chaque individu porteur du virus a réellement, à un moment donné, commis l’imprudence de tomber le masque ou enfreint les distances de sécurité. Le masque ne protège personne – il nous protège tous, non de ce virus ou d’un autre, mais bien de la douloureuse nécessité d’avoir à répondre personnellement de nous-mêmes. Il est le signe que nous nous sentons tous ensemble responsables de la circulation du virus et que nous nous sentons collectivement concernés par lui. En ce sens, il témoigne de notre être social, quand notre être social, précisément, est en train de disparaître. Il nous fait dire « Je suis le virus », quand précisément le virus se confond à nos yeux avec notre socialité, tout comme, naguère, il nous fallait à tous dire « Je suis Charlie » pour nous identifier à une forme de liberté d’expression qui n’est que la caricature mortifère d’une liberté plus haute – elle définitivement perdue. Pas question d’aller, tel Diogène avec son tonneau, se moquer d’une agitation forcée qui vient à point nommé justifier tous les abus d’un pouvoir déjà lourdement enclin à réduire toute liberté au nom d’une sacro-sainte sécurité.
On pourrait assurément se contenter de rire, sous cape, d’une telle mascarade. L’ennui, c’est qu’il y a, derrière l’écran sur lequel défilent les images de notre psychodrame collectif, une réalité qui se construit, lentement, inexorablement : celle d’un monde où chacun sera, à tout moment, sommé de répondre du moindre de ses gestes devant le miroir d’une science qui ne sera à proprement parler celle de personne, mais qui s’imposera à tous avec une telle évidence que nul ne pourra invoquer contre elle le témoignage de sa conscience.
Aujourd’hui, bien sûr, on ne nous demande que de respecter des règles qui peuvent paraître, dans la mesure où elles ne sont que temporaires, anodines : porter un léger masque, éviter de nous regrouper, nous laver régulièrement les mains. N’est-il pas évident qu’aussitôt que la menace policière se sera relâchée, nous retrouverons nos habitudes naturelles et que notre rapport à autrui n’y aura rien perdu ? Rien n’est moins sûr, pourtant. D’abord parce qu’en réalité, même si nous ne nous plions à ces règles profondément anti-sociales que par crainte d’être verbalisés, ces règles n’en répondent pas moins à un besoin de sécurité largement répandu, comme le prouve le nombre de personnes qui, alors même que rien ne les y oblige, se font tester et se prêtent au jeu malsain de la dénonciation des cas-contacts, comme pour se prouver à eux-mêmes qu’ils ne sont coupables d’aucune complicité avec l’ennemi commun. Que penseront-ils demain de leur voisin s’ils apprennent que, non content de refuser tout test et tout vaccin, il ouvre volontiers sa porte à n’importe qui et n’hésite pas à fréquenter des SDF ? Non seulement ils l’éviteront et s’abstiendront de tout contact avec lui, mais au moindre bruit d’une possible recrudescence de l’épidémie, ils le signaleront à la police (ou aux instances sanitaires) et se trouveront fondés à le considérer comme un dangereux irresponsable, si ce n’est comme un terroriste potentiel. Quelque chose, là, est en train de se passer qui nous renvoie aux temps les plus obscurs de notre histoire, ceux où il fallait tout de même un étrange courage pour résister aux suggestions de la collaboration. Qu’est-ce qui peut nous rendre certains que cette épreuve de notre capacité à obéir à la peur ne nous a pas rendus définitivement incapables de résister à la tentation totalitaire ?
Car la question demeure de savoir si toute cette mise en scène de l’urgence sanitaire ne fait pas partie d’une stratégie globale de transformation de nos sociétés. Peu importe, en ce sens, que ce virus soit effectivement ce qu’on nous dit qu’il est ou qu’il relève d’une fantasmagorie plus ou moins scientifique. Il constitue de toutes façons un puissant levier pour agir sur des populations qu’on sait de plus en plus réticentes à se laisser gouverner par des classes politiques soupçonnées à très juste titre de servir des intérêts étrangers à la vie des peuples. En France comme dans toute l’Europe, la tendance au repli national, régional, voire local traduit d’abord un refus de voir les jeux d’intérêts transnationaux prendre le pas sur les intérêts collectifs hérités de l’histoire. De plus en plus nettement, l’ingérence d’instances anonymes comme le « Marché » ou « la Croissance » se heurte à un sentiment très profond d’attachement à des valeurs identitaires qui ne se laissent pas négocier en termes économiques. C’est ce qui a donné à la révolte des Gilets jaunes toute sa force, à un moment où la communication gouvernementale, confrontée à l’urgence climatique, commençait à s’embrouiller trop visiblement. On a vu alors la violence policière se déchaîner, non pas tant contre les éléments prétendument perturbateurs que contre une masse de braves gens qui, de toute évidence, n’avaient pas une très grande expérience de l’agitation urbaine mais avaient en revanche le tort d’exprimer très simplement le malaise de toute une société. Il fallait d’urgence arrêter un mouvement à la fois multiforme et mal encadré, capable dans sa logique non concertée de rupture, d’entraîner après elle dans une forme de révolte inédite (parce que non pensée) tout ce qui, dans le pays, souffre de ne plus très bien savoir où nous allons.
Il le fallait d’autant plus que, sur ce malaise généralisé de la société, qui, sur le plan politique, a fait la fortune d’un Macron venu à point nommé sauver le monde libéral de la contagion populiste, se développe une tendance à interpréter systématiquement tous les actes gouvernementaux comme une pantomime destinée à masquer un dessein de grande ampleur, d’envergure mondiale, visant à faire des institutions étatiques de simples courroies de transmission d’un ordre dans lequel les différences nationales ont à se dissoudre purement et simplement en vertu d’une logique essentiellement mercantile qui se soucie aussi peu de l’intérêt commun que de l’équilibre planétaire. Qu’on pense ou non explicitement à un complot au sens strict du terme (impliquant médias, classes politiques, show-business et milieux financiers), le sentiment n’en a pas moins pour effet de rassembler objectivement tous ceux qui défendent des intérêts collectifs locaux ou une vision souverainiste des choses contre une menace globale de dérégulation des systèmes naturels et sociaux.
C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter l’heureuse coïncidence qui a permis de substituer à l’urgence politicienne d’arrêter un mouvement social incontrôlable une forme d’urgence désidéologisée, susceptible de transcender les contradictions nationales et internationales, d’une manière encore plus efficace que la lutte contre le terrorisme, laquelle avait pour inconvénient d’exacerber certains sentiments d’origine ethnique ou culturelle : l’urgence sanitaire, qui se situe au niveau le plus élémentaire où l’être social s’identifie à la pure animalité. La peur de mourir, en effet, exerce sur l’inconscient collectif et individuel une puissance capable d’anéantir tous les impératifs moraux qui, ordinairement, rappellent chacun à sa dignité fondamentale. En temps de peste ou de choléra, tout est permis, et le seul moyen de rassembler les foules est alors de désigner des responsables sur lesquels exercer une légitime violence.
Mais quand la maladie, loin d’être le surgissement, dans la vie sociale, d’un principe étranger de désordre qui échappe à tout contrôle (et qui, donc, peut ouvrir une brèche dans l’ordre imposé des relations humaines par où le regard d’une transcendance supra-humaine peut conduire à renverser les rôles, comme à l’occasion d’un gigantesque carnaval), se présente comme un phénomène bien déterminé, techniquement manipulable et susceptible d’engendrer des rapports de cause à effet dont on peut maîtriser l’enchaînement et auquel correspondent des protocoles bien précis, alors, les choses changent, et même si les pouvoirs institués se révèlent çà et là défaillants dans la gestion des choses relatives au mal, ils n’en perdent pas pour autant, globalement, le contrôle, bien au contraire. On l’a si bien vu, en l’occurrence, que la Chine, pourtant d’emblée accusée d’avoir, en vertu de ses vices spécifiques d’état archaïquement totalitaire, contribué, en faussant l’information, à la diffusion si rapide du virus, est vite devenue le modèle d’une efficacité essentiellement fondée sur l’utilisation à grande échelle des moyens de communication.
Il est frappant en effet de voir qu’alors même que la médecine se révèle parfaitement incapable de lutter contre le mal, la certitude scientifique n’en acquiert pas moins une autorité pratiquement sans limite pour imposer des normes de comportement qui contrastent si brutalement avec les modes de vie habituellement caractéristiques du monde moderne qu’on est en droit de se demander si on n’assiste pas à une véritable révolution culturelle, infiniment plus profonde et irréversible que celle qu’avait tenté d’impulser Mao. Peut-être est-ce là d’ailleurs ce qui explique l’étrange apathie des intellectuels de gauche, type Badiou, par rapport à ce qu’ils n’arrivent pas encore à interpréter autrement que comme une crise de croissance du capitalisme moribond. L’ampleur de la transformation qui se profile est telle qu’ils ne peuvent faire autrement que d’y souscrire, de tout leur être spirituel, évidemment fascinés qu’enfin se produise la grande liquidation de toutes les superstructures à laquelle ils n’ont jamais cessé de rêver depuis mai 68.
Quel rêve, en effet ! Tout n’est-il pas permis, désormais ? Oui, « tout est permis », selon le mot d’Ivan Karamazoff emprunté à saint Paul, puisque, toute loi étant abolie, il appartient à des pouvoirs libérés de toute entrave, de tout préjugé et de toute considération juridico-religieuse ou éthico-politique de prendre en main le destin d’une humanité enfin ramenée à son rang d’espèce dominante de la planète pour lui apprendre enfin à se comporter comme il faut : non comme des animaux, certes, au sens où on pouvait l’entendre quand l’animalité renvoyait à la sauvagerie d’une nature encore indomptée, mais comme des êtres réellement domestiqués, guidés non par leur instinct de conservation, mais par un pur souci de rester préservés de ce qui, en eux, pourrait souffrir d’être ainsi traités, cette part à la fois divine et animale qui fait de la liberté, précisément, un bien supérieur à la vie. Guidés ? Pas même : téléguidés, sans même avoir besoin d’être touchés par des mains impures – en ce sens, très semblables, dans ce délire sanitaire, à ces fanatiques qu’un ordre occulte pousse vers nos Églises pour y égorger de simples brebis, coupables, sans doute, de rester fidèles à une communion dans laquelle âmes et corps mêlés font une seule chair, pour l’instant livrée au pouvoir de la mort et du péché, mais promise au même salut, à la même délivrance, par l’unique Esprit qui vivifie quand la lettre tue. Il y a, entre le terrorisme et l’ordre sanitaire, d’étranges affinités. Si l’un tue, aveuglément, n’importe qui, pour susciter l’angoissante sensation que le danger est partout, l’autre fait de chacun d’entre nous le potentiel porteur d’un mal qui se confond avec le bien. Terroriste asymptomatique, le porteur sain a toutes les raisons de s’avancer masqué.
Égletons, le 12 novembre 2020.
Source : https://www.actionfrancaise.net/
Le Maroc est accusé d’avoir infiltré les téléphones de personnalités publiques marocaines et étrangères, via un logiciel informatique. Tout d’abord l’affaire dite Pegasus et les accusations proférées dès le 18 juillet 2021, notamment par le site Internet d’extrême-gauche Forbidden stories (qui comme son nom ne l’indique pas est un site français signifiant « Histoires interdites ») et de vieux ennemis du Maroc comme Amnesty International ou Mediapart, appellent une première réflexion.
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À savoir que l’espionnage est aussi vieux que le monde et que plus récemment on n’a pas fait un tel battage médiatique lorsque les États-Unis, les Israéliens, les Chinois, les Allemands ou les Russes se sont livrés à des activités d’espionnage contre des dirigeants français ou autres. Par exemple, les services des États-Unis (en particulier, la National Security Agency) se sont récemment appuyés sur les câbles de télécommunications danois pour espionner des dirigeants européens (France Info, 31 mai 2021). L’affaire Jonathan Pollard a révélé qu’Israël avait utilisé un espion pour espionner des dirigeants des États-Unis…
On serait donc tenté de dire « beaucoup de bruit pour rien ». D’autant qu’en l’espèce, il ne s’agit bien de rien puisque, à en croire de nombreux experts, nous serions en présence d’une manœuvre anti-marocaine, visant à déstabiliser ce pays et à nuire à l’excellence des relations franco-marocaines. Car on peut se demander si la France n’est pas aussi victime de cette campagne qui ne profite qu’aux adversaires, concurrents et ennemis de nos deux pays. En tout cas, le Maroc a réagi en condamnant vigoureusement la persistance d’une campagne médiatique mensongère, massive et malveillante à son encontre et en portant plainte.
Une manœuvre anti-marocaine ?
En effet, des responsables politiques comme le président de la Commission des affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, Christian Cambon, a dénoncé le 21 juillet 2021, une « campagnes de presse de dénigrement visant à déstabiliser le Royaume du Maroc ».
Le président Cambon ajoute : « quand on porte des accusations, il faut en assumer les preuves… jusqu’à preuve du contraire, ce ne sont que des histoires qui traînent régulièrement et « on est dans l’absurde. En effet, on voit bien que ces accusations sont des montages, et donc nous n’avons aucune preuve, et jusqu’à présent nous n’avions jamais eu aucune ».
Pour sa part la sénatrice de Paris, Catherine Dumas, a mis en cause, le même jour, une certaine désinformation qui circule : « On sait très bien que tout ceci n’arrive pas par hasard ».
Madame Catherine Morin-Desailly, vice-présidente du groupe d’amitié France-Maroc, et ancienne présidente de la commission de la Culture et de la communication du Sénat, souligne qu’Internet est devenu un « nouveau terrain d’affrontement mondial où des forces obscures, des pays qui ne veulent pas que du bien aux relations d’excellence entre le Maroc et la France peuvent s’immiscer pour véhiculer des accusations. Selon la sénatrice, il « faut être extrêmement méfiant face aux manipulations de forces externes ».
Bernard Squarcini, ancien chef du renseignement intérieur français (DCRI, aujourd’hui DGSI) a affirmé sur la radio Europe 1 ne pas « trop croire » aux allégations contre le Maroc. Selon Squarcini, « c’est (une accusation) trop facile. Le Maroc est un partenaire de la France ».
Les autorités marocaines n’ont eu de cesse de réclamer des preuves concernant les accusations portées à l’encontre du Royaume ; c’est également la position de plusieurs experts internationaux qui exigent que Forbidden Stories et les accusateurs du Maroc fournissent des preuves à l’appui de leurs accusations.
Ainsi, la journaliste d’investigation américaine, Kim Zetter, s’étonne sur son compte Twitter (@kimZetter) du manque de sources de Forbidden Stories. Elle dénonce également le traitement à charge de certains médias. Le chercheur en cryptographie Nadim Kobeissi constate que les preuves d’Amnesty internationalet de Fordidden Stories sont « quasi-inexistantes » (@Kaepora). L’experte norvégienne en sécurité informatique, Runa Sandvik, responsable de la sécurité informatique du New York Times, relève « l’incohérence » des accusations rapportées par les médias et Forbiden Stories. Elle note sur son compte twitter (@runasand) que « Personne ne sait donc, jusqu’à présent, d’où vient la liste par laquelle le scandale Pegasus Project a été fabriqué de toutes pièces pour s’attaquer au Maroc, en particulier ».
Comme le proclame l’avocat français du Maroc qui a porté plainte en France contre les deux associations à l’origine de l’affaire, « d’accusateurs, les meneurs de ce projet et les médias de Forbidden Stories deviennent eux-mêmes des accusés. S’il persistait, leur silence sur les preuves de ce qu’ils avancent confirmerait leur culpabilité ». Me Olivier Baratelli a donc délivré deux citations directes en diffamation contre Amnesty International et Forbidden Stories.L’avocat a précisé que l’Etat marocain« souhaite que toute la lumière soit faite sur les allégations mensongères de ces deux organisations qui avancent des éléments sans la moindre preuve concrète et démontrée ».
Il suffit de voir qui est monté en ligne contre le Maroc pour comprendre qu’il y a un complot. Les groupes d’extrême-gauche (trotskystes, communistes) qui sont bien organisés et qui contrôlent en partie des associations de propagande comme Amnesty International ou Forbidden Stories détestent tout particulièrement le Maroc qui, pendant la guerre froide, prit clairement le parti du Monde libre, est une monarchie et mène, sous la direction du roi Mohamed VI, une dynamique politique africaine.
Il est également clair que la décision des États-Unis de reconnaitre la souveraineté du Maroc sur son Sahara a créé des tensions avec les ennemis du Royaume, en premier lieu le régime algérien.
Tout cela explique l’acharnement ciblé de certains médias et groupuscules politiques français à l’égard du Maroc. De fait, ces agitateurs bien connus agissent contre la France et selon un agenda étranger même si une certaine presse engagée peut relayer des commérages et des allégations qui ne sont pas prouvées alors que le Maroc et la France font face à de nombreux défis, notamment sur le plan sécuritaire et la lutte anti-terroriste qui sont plus importants que des bruits de couloir nauséabonds.
Comme le dit encore le président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat : « Le Maroc est un partenaire stratégique, et nous sommes reconnaissants à ce que l’action, sous la conduite de Sa Majesté le Roi, nous apporte au Sahel, où la France est très engagée et essaie de lutter contre le terrorisme et le djihadisme qui ont fait tant de dégâts. Nous apprécions vivement l’appui très efficace que nous apporte le Maroc ».
Ce qui disent beaucoup d’experts et observateurs impartiaux est que la France est visée par ricochet. On connaît les liens entre les services allemands et certains milieux gauchisants, reconvertis en écologistes, qui mènent un combat acharné contre le nucléaire français et ne perdent jamais une occasion de nous poignarder dans le dos. Mais ils ne sont pas les seuls. Cette affaire intervient alors que le Maroc est en train de négocier d’importants achats d’armements et bien entendu cela ne servira pas les intérêts français.
Nous savons bien que le Maroc est un partenaire indispensable de la France qui sait que c’est un État sérieux et compétent dans la lutte anti-terroriste.
Is fecit cui prodest
On connait le vieil adage juridique selon lequel le criminel est celui à qui le crime profite (Is fecit cui prodest). Il convient donc de rechercher à qui le crime profite pour trouver le coupable En la matière plusieurs groupuscules militants et des États ont intérêt à tenter d’envenimer les relations franco-marocaines, et s’en prendre soit au Maroc, soit à la France, soit aux deux.
Parmi les groupuscules, il y a évidemment ceux d’extrême-gauche qui nourrissent une véritable haine à l’égard du Royaume du Maroc. Il ne fait donc pas s’étonner que l’affaire soit lancée par des mouvances proches de ces milieux et abondamment reprise par certains médias qui sont toujours prêts à jouer un mauvais coup contre Rabat.
Les industriels vendeurs d’armes des États-Unis, d’Israël ou de pays moins importants comme l’Italie ont également intérêt à jeter de l’huile sur le feu pour tenter de mettre à mal la coopération franco-marocaine. Les Etats-Unis de Biden ont démontré le peu de cas qu’ils font de la France lors de la récente tournée de Biden en Europe, en juin 2021, au cours de laquelle il a rencontré tous ceux qui comptent (Vladimir Poutine, Boris Johnson, la Reine d’Angleterre, Angela Merkel) mais pas le président français Emmanuel Macron. On sait aussi que les États-Unis sont un important vendeur d’armes au Maroc et qu’ils ne voient pas d’un bon œil la présence française dans ce pays et, plus généralement, en Afrique.
L’Italie quant à elle ambitionne de vendre des frégates FREMM de lutte anti-sous-marine au Maroc et Fincantieri (soutenu par le gouvernement italien) ne serait pas fâché de voir son concurrent français de Naval Group écarté du marché comme ce fut le cas récemment en Indonésie et en Egypte.
Si l’Espagne socialo-gauchiste (le PS local est allié aux radicaux de PODEMOS) de Sanchez n’a évidemment pas les moyens d’ennuyer profondément ses voisins marocain et français, ce n’est pas le cas de l’Allemagne qui est en délicatesse avec le Maroc et qui ne perd aucune occasion de nuire à une France qu’elle considère, depuis le Brexit britannique, comme son seul concurrent dans l’Union européenne. En tout cas cette affaire démontre que la France est aussi victime que le Maroc de ces allégations sans fondements. Si, comme le souligne Pierre Razoux dans Les Échos du 23 juillet : « Il y a une inquiétude des Marocains envers une partie de l’élite française suspectée de bienveillance vis à vis des frères musulmans et de l’Islam politique et de ceux jugés trop proches des milieux algériens », il doit être dit que ni le gouvernement français ni le gouvernement marocain ne veulent que les choses se dégradent entre les deux pays.
Bien entendu, le régime algérien n’a pas manqué d’exploiter les allégations de ses amis d’extrême-gauche contre le Maroc. Alger a même eu le culot de « condamner cette atteinte systématique inadmissible contre les libertés fondamentales ». Comme par hasard, cette affaire intervient alors que les relations entre les deux pays se sont particulièrement tendues ces dernières semaines en raison de l’aide accrue du régime algérien aux séparatistes du Polisario, des innombrables provocations anti-marocaines et alors qu’Alger a rappelé son ambassadeur à Rabat en raison du contentieux sur le Sahara marocain. Bien sûr, Alger — dont la politique est fort ambiguë — voit d’un mauvais œil la solidité des liens entre les services de renseignements français et marocains, en particulier dans la lutte contre le djihadisme au Sahel.
En tout cas, le Maroc est une nouvelle une fois au cœur d’un feuilleton qui relève de « la science-fiction ». Il faut en effet rappeler que ce même consortiumde journaux avait repris, en juillet 2020, une information d’Amnesty Internationalselon laquelle le téléphone portable d’un journaliste — condamné le 19 juillet à six ans de prison pour atteinte à la sécurité intérieure de l’État — avait été infecté par Pegasus. Mais cette fausse information n’a été corroboré par aucune preuve…
On risquerait d’atte