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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • A voir ce dimanche ... Retour en images

     

    2293089609.14.jpgNe rajoutons pas trop de commentaires à ce qui parle de soi-même. Ce reportage (7' 35") en dit plus que les mots et les phrases.

    Il montre l'esprit et les traditions des Camelots du Roi, maintenus malgré la dissolution prononcée par le gouvernement républicain en février 1936, votée par la Chambre qui allait donner naissance peu après au funeste Front Populaire.

    Les Camelots du Roi sont destinés à servir. La France et le Roi. Jeunes et anciens s'y mêlent, y chantent les mêmes chants, partagent les mêmes convictions, les mêmes espérances. 

    Ce banquet s'est tenu à La Ciotat, samedi 17 février 2018.  •

    Merci à Paul Léonetti par qui ce clip a été réalisé. 

    Banquet des Camelots du Roi de Provence - 17/02/2018 - Lafautearousseau - Vimeo.

  • L’aide publique au développement : une belle arnaque ?, par Verlaine Djeni.

    Beaucoup de Français ne le savent pas, mais depuis 1961, il existe en Europe et pour l’ensemble des pays du CAD (Comité d’aide au développement), pays « supposés » riches, un mécanisme regroupant l’ensemble des dispositifs financiers des organismes publics à destination de pays pauvres où en voie de développement, selon les critères de l’OCDE, qu’on appelle l’aide publique au développement (APD). C’est le premier système de soutien financier dans la relation Nord-Sud.

    10.jpgEn 2020, la a consacré presque 0,53 % de son revenu national , soit à peu près 13 milliards d’euros, à l’APD. Ce qui nous classe au cinquième rang des donateurs après les USA, l’Allemagne, le et le Japon.

    Pour 2021, le Président Macron vient d’annoncer que la France consacrerait 0,55 % de son RNB à l’APD, hausse qu’il justifie par le contexte de sanitaire, argument totalement recevable qui confirme la logique humaniste historique de la France.

    Concrètement, vers quels pays et pour quelles actions sont destinées les aides publiques au développement ?

    L’APD est une logique de dons pour remplacer celle des prêts, ce qui, ma foi, est à féliciter.

    L’APD est en priorité orientée vers les pays pauvres, Haïti entre autres et la plupart des pays africains, ce qui, ici également, est à applaudir.

    Là où le bât blesse, c’est le fléchage de l’APD. En effet, cette aide doit prioritairement aller vers des actions liées au climat, à l’environnement, à la gestion des eaux, à l’éducation, à la santé, à l’alimentation, à l’accès aux droits de l’homme et à l’égalité hommes-femmes.

    Au regard de la situation des droits de l’homme, de la pauvreté et de l’accès à l’eau potable dans les pays qui reçoivent l’APD, à l’instar de Haïti et de beaucoup de pays ouest-africains, on est en droit de s’interroger sur la finalité de cette aide.

    Quid de la situation de l’égalité hommes-femmes et de celle des homosexuels dans des pays comme le Sénégal, le Cameroun ?

    Il faut savoir que depuis 2015, afin de lutter contre l’ clandestine, l’ a créé le « fonds fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique ». Le FFU est le gestionnaire de l’APD de l’Union européenne. C’est-à-dire qu’il va flécher l’aide au développement selon les actions des pays africains pour empêcher les départs des populations migrantes clandestines vers l’Europe.

    Finalement, on se demande à quoi sert l’APD puisque, depuis sa création, les finalités de son action ne sont pas respectées. Les pays bénéficiaires sont de plus en plus pauvres et leurs populations ne vont pas mieux sur le plan des droits de l’homme. Les populations des pays bénéficiaires sont essentiellement ceux de départ des migrants clandestins. Mais où va donc l’argent de l’APD ?

    La richesse de certains présidents de pays bénéficiaires mérite des clarifications et même des actions en justice, mais ça, c’est une autre

     

    Verlaine Djeni

    Bloggeur
     
  • Tout ce qui est racines est bon... : Les fêtes de Jeanne Hachette à Beauvais

    Ces fêtes, qui culminent avec le Cortège de l'Assaut, se célèbrent chaque année, à la fin du mois de juin. Elles trouvent leur origine dans un beau fait d'armes, qui mérite d'être raconté...

    Le 10 juillet 1472, les ouvriers couvreurs travaillant sur les toits de la cathédrale Saint Pierre voient s’élever, au loin, une poussière immense.

    Aussitôt, les 30 églises de la ville donnent l’alarme : il s’agit de l’armée de Charles le Téméraire et de ses Bourguignons qui, sachant la ville sans garnison et ses remparts en mauvais état, pensent s’en emparer sans coup férir. C’est compter sans le peuple et les bourgeois qui, courant aux remparts, et s’improvisant piqueurs, archers ou hallebardiers, soutiennent pendant onze heures l’assaut des Bourguignons aguerris.

    Cependant, fatigue et lassitude gagnent les défenseurs. Déjà, un soudard du Téméraire a pris pied sur la porte de Bresles. Il va y planter son étendard et crier "Ville prise !". Alors une femme, Jeanne Laisné, se rue sur lui, l'assomme d'un coup de hache, lui retire sa bannière et le précipite du haut du rempart.

    A ce spectacle, les défenseurs reprennent courage, l'ennemi se démoralise et bat en retraite, le Téméraire lève le siège. Beauvais reste au Roi !...

     

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    Ainsi, lorsque les hommes commençaient à faiblir, ce furent les femmes qui, à Beauvais, sauvèrent la ville...

    Et Louis XI voulut les honorer tout particulièrement lorsque l'année suivante, le 25 Juin 1473, il vint témoigner sa gratitude aux Beauvaisiens, et lorsqu'on lui remit, sur la grand-place, "les clefs de la Ville, dont l'ennemi ne put se saisir".

     

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    Et voilà pourquoi, depuis 1474 et chaque année, le Cortège historique de l'Assaut parcourt les rues de la ville, pour accomplir le Voeu du Roi. Et chaque année, l'espace d'un samedi et d'un dimanche, la Ville de Beauvais revêt des atours d'un autre âge et se replonge gaîment dans son noble passé...
     
     
    Quelques "moments" de cette reconstitution historique... :
     
     
    I : La Proclamation par les Hérauts d'Armes...
     
     
    Les Maire, pairs et échevins de la Ville de Beauvais, à tous ici présents et absents, bourgeois et marchands, gens d'Eglise et de Justice, artisans et manants :
    Savoir faisons que le Roy Louis le onzième, passant par deçà, et informé de ce qui fut fait céans l'an dernier où les habitants de Beauvais ayant à leur tête leurs femmes et leurs filles, repoussèrent les assauts du duc de Bourgogne, va venir ce jour en la cité pour lui témoigner sa gratitude, et vous invitons à l'accueillir et recevoir honnêtement avec nous.
    Demain dimanche, vingt-cinquième jour de juin, à trois heures de relevée, nous irons saluer le Roy sur la grand-place et lui présenterons les clefs de la ville dont l'ennemi ne put se saisir.
    Si donc, nous vous invitons à venir en nombre aux jour, heure et lieu ci-dessus, crier Noël au Roy, qui daigne nous visiter et nous apporter des gages de sa bienveillance.
    Pareillement vous invitons à assister ce soir au feu qui sera allumé en l'honneur du grand Monsieur Saint-Jean, auquel le Roy assistera, où jolies damoiselles et gentils damoiseaux s'ébaudiront; et à prendre part aux divertissements, danses et réjouissances qui marqueront la journée de demain.
    Et vous demandons de revêtir vos atours et parures de fête, et garnir vos maisons de tapis, fleurs et tentures de telle sorte que le Roy Louis emporte et clame bonne impression de vous.
    A tous salut !
     
     
     
     
     
    II : Présentation au Roi des clefs de la Ville...
     
     
     

    • Le Bailli : "Très noble Roi, notre Sire, les Maire, Pairs, Bourgeois et Habitants de Beauvais vous présentent les clefs de leur ville, moult honorés de vous voir en ses murs.

    •  Le Roy : Il nous a plu venir ici, afin de marquer notre gratitude à l'égard des habitants de Beauvais pour le service rendu l'an passé à notre Couronne, ainsi qu'il nous fut rapporté. Même nous dit-on que vos femmes se montrèrent vaillantes, et que l'une d'elles le fut particulièrement.

    •  Le Bailli : C'est juste vérité, gentil seigneur, que Jeanne Laisné se battit bellement avec un soudard, auquel elle arracha l'étendard qu'il plantait sur la muraille.

    •  Le Roy : Nous aimons faire quelque chose pour les petits et les humbles. Jeanne Laisné, n'ai-je pas ouï dire que tu as un promis ?

    •  Jeanne Laisné : Oui, Sire, c'est Colin Pilon, un bon compagnon de métier, qui l'an passé s'est montré bon sujet du Roi.

     

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    Le Roy : Qu'il avance ! En faveur de vos prochaines épousailles, et afin de vous rendre la vie plus aisée, Jeanne et Colin, soyez exemptés votre vie durant de tous impôts dûs à ma Couronne.

    Jeanne et Colin : Noël au Roi ! Que dieu le garde !

    Le Roy : Voulons qu'à toujours ait lieu à Beauvais une procession en l'honneur de Madame Sainte Angadrème, où les femmes précéderont les hommes. Et leur octroyons le droit de porter, au jour de leur noce, tels accoutrements et joyaux que bon leur semblera, sans qu'elles puissent en être reprises, ou blâmées. Ainsi dit !"

     

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    III : Réjouissances dans la Ville...

     

    Dès l'après-midi du samedi, on l'a vu, les "Maire, Pairs et Echevins" avaient donc convié  "bourgeois et marchands, gens d'Eglise et de Justice, artisans et manants à venir en nombre crier "Noël au Roy !".... Pareillement à assister au feu qui sera allumé en l'honneur du grand Monsieur Saint-Jean, où jolies damoiselles et gentils damoiseaux s'ébaudiront" : tout le peuple a répondu à l'appel...

    Et, le soir, la Bannière de la Porte de Bresles et le Pavois de la Hachette (ci dessous) sont promenés dans les rues de la ville, parsemées d'oriflammes et d'écus, par les filles du Peuple, les Demoiselles d'honneur de Jeanne Hachette et les Dames bourgeoises.

     

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    IV : Les représentants de la "bonne ville" devant le Roi...

     

    Puis vient le Corps de Ville : le Porte Clefs, Pierre de Creil, Maire de Beauvais en 1473, le Bailli et le procureur de la ville, les pages Diseurs, les pairs, Echevins et Notables, suivis des Fous du roy.

    Puis se présententent les Seigneurs du Beauvaisis :

    • Loys Gommel de Balagny, Capitaine de la ville;

    Jehan Courras, Maître de forteresse;

    le Sire de Fontenailles, Guillaume de la Roche Tessson, et leurs suites...

     

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    V : Le Roi entre dans la Ville...
     

             

    Enfin, précédé de ses bouffons, le Roi Louis XI fait son entrée à cheval, accompagné par le Cardinal, Olivier le daim, Jacques Coictier, et les Seigneurs de sa suite... Le Porte Heaume, le Porte Etendard, le Porte gantelet, le Porte Epée, les Hommes d'Armes mais aussi la meute royale, les Apothicaires du Roy et l'escorte royale...

    Tout autour, les Petits Musiciens du Roy et les Cavaleries du Beauvaisis exécutent des carrousels, dont les rythmes lents et majestueux s'élèvent, purs et fragiles, dans la chaude et douce nuit d'été...

    Enfin, fermant la marche du Cortège de l'Assaut, les Corporations et le menu peuple de Beauvais qui lui aussi, ayant été à la peine, se trouve à l'honneur: orfèvres, potiers, lainiers, canonniers, taverniers, fleuristes, brossiers, chapeliers, modistes, jardiniers, coiffeurs, charcutiers, boulangers et pâtissiers...

     

     

    Ainsi, les siècles passent, mais les habitants de Beauvais veulent "tenir serré le lien qui nous tient réunis avec les Pères de notre esprit et de notre goût", selon l'heureuse formule employée par Maurras dans la préface d'Anthinéa (1942). Ils veulent maintenir ce lien privilégié qui les unit à leur passé, et rester familier avec lui. "Les arbres qui montent le plus haut dans le ciel - disait Gustave Thibon - sont ceux qui poussent leurs racines le plus profondément dans la terre..."

    Oui, à Beauvais comme ailleurs, comme à Orléans avec Jeanne d'Arc, comme partout, tout ce qui est Racines est bon...

     

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  • Les droits du sol Des éléphants dans un magasin de porcelaine, jusqu'à quand?, par Bérénice Levet.

    Source : https://www.causeur.fr/

    La trêve touristique imposée par la crise sanitaire est inespérée. Voici enfin l’occasion de réfléchir à l’avenir d’un secteur mettant en péril les sites et monuments qui font la France

    La Sainte-Chapelle, ou l’« alternative économique… »

    Au lendemain de l’incendie qui a gravement endommagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, on a vu se former à quelques encablures, en face du palais de justice, des grappes de touristes, le regard, ou plutôt le smartphone, prothèse et substitut de l’œil touristique, tourné vers les hauteurs. Qu’observaient-ils ? La flèche de la Sainte-Chapelle. Celle de Notre-Dame venait de s’ébouler et le circuit balisé par les tour-opérateurs promettait une flèche ? Qu’à cela ne tienne, on leur en a dégoté une autre !

    Soupçonnant que ce pas de côté ne relevait nullement de quelque initiative personnelle de guides instruits des beautés parisiennes – car s’il est bien une chose d’inconcevable dans l’univers touristique, c’est l’idée même de pas de côté, d’initiative individuelle –, j’ai mené l’enquête. Et j’ai découvert qu’en vertu de sa proximité avec la cathédrale mutilée, la Sainte-Chapelle avait été élue par l’industrie touristique et la presse spécialisée comme « alternative économique » à Notre-Dame, monument de « remplacement logique » – logique selon la rationalité calculante des officines de tourisme : sise dans l’île de la Cité, la Sainte-Chapelle permet de ne pas trop dévier de l’itinéraire habituel.

    S’enorgueillir du tourisme de masse?

    Cette anecdote condense à elle seule l’esprit du tourisme, activité à l’arrêt dont on souhaite vivement qu’elle ne reprenne pas, du moins dans les modalités dévastatrices qu’on lui connaît.

    Nous ne haïssons pas les voyages, ni les touristes d’ailleurs. Nous haïssons ce que les voyages et les touristes sont devenus. Le tourisme de masse nous a été imposé. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’heure est à la reconstruction matérielle du pays, pas à la reconstruction morale et civilisationnelle espérée par Simone Weil. L’économie triomphe de toute autre considération. Modernisation, rentabilité, efficacité… sont les maîtres mots de cette logique dans laquelle s’inscrit le tourisme de masse. Celui-ci va bouleverser le visage de la France, sans que jamais on ne se demande ce qu’on est en train de faire.

    Alors que le tourisme de masse n’a pas encore repris, nous sommes dans un entre-deux propice à la réflexion, loin des mièvreries de Nicolas Hulot. Aspirons-nous à demeurer la première destination touristique mondiale, statut économique bénéfique et ruineux sous tous les autres aspects ? Y a-t-il là véritablement matière à nous enorgueillir ?

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    La Sainte-Chapelle du Palais de Justice, élue par l’industrie touristique et la presse spécialisée comme « alternative économique » à Notre-Dame-de-paris, juin 2020. Photo: Hannah Assouline

    Demeurer une civilisation

    La démonstration a été faite que l’économie pouvait n’avoir pas le dernier mot, autrement dit, que nous demeurions une civilisation, comme l’a observé Alain Finkielkraut. Or, une civilisation ne saurait ignorer la question de la beauté, non plus que celle du sort réservé à ces témoins de pierre de son passé que sont les monuments, toutes deux mises en péril par le tourisme tel qu’il se pratique aujourd’hui. Ne nous berçons pas d’illusions, si nos responsables politiques ont pu se montrer hardis face à la logique économique, c’est qu’ils lui opposaient la vie biologique, mais la chose est bien plus incertaine lorsqu’il s’agit de prendre fait et cause pour la préservation de la physionomie d’un pays et de faire valoir la beauté des lieux. Cette beauté dont on fait volontiers un argument de vente, mais nullement un principe civilisationnel non négociable.

    La bataille, si elle a lieu, promet d’être rude. Le visage de la France aujourd’hui, et singulièrement son enlaidissement, est en grande partie imputable à l’impératif économique. Notre patrimoine naturel et architectural a besoin de paix, de silence, de solitude… il ne s’agit pas de souhaiter qu’un incendie ou une pandémie nous délivre des touristes, mais de prendre la question au sérieux.

    Réinstallons l’Eglise au milieu du village…

    Dans les semaines qui ont suivi l’incendie de Notre-Dame, j’ai savouré pour elle la tranquillité retrouvée, le halo de silence qui l’enveloppait, je lui prêtais volontiers la réplique, empruntée à Sacha Guitry, par laquelle André Dussollier ouvrait son spectacle Monstres sacrés, sacrés monstres : « Enfin seule ! » Délivrée de ces hordes de touristes, Notre-Dame était comme rendue à elle-même. Cet anthropomorphisme est assurément naïf, mais paradoxalement il remet l’homme à sa place… L’empathie nous rappelle que nous sommes les obligés du monde et non les propriétaires.

    Nous ne souhaitons pas choisir entre ces deux extrêmes, le repos intégral et le tourisme de masse. C’est pourquoi la question doit être mise à l’ordre du jour.

    Réinstallons l’église au milieu du village, la beauté et la physionomie de la France avant l’économie. L’enjeu est impérieux : nos monuments, nos villages, nos villes, nos musées survivront-ils à une version divertissante et touristique de ce qu’ils sont ? Et nous en sortirons tous gagnants, les hommes et les lieux.

    Le tourisme des xxe et xxie siècles s’inscrit dans une longue histoire, une histoire somme toute commencée avec l’homme : l’aspiration à voyager semble bien constituer un invariant anthropologique. On peut, pour brosser les choses à grands traits, distinguer trois moments. Au temps de Montaigne, le ressort du voyage est personnel, aiguillonné par la curiosité, le désir ardent de « frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui », autrement dit se dépayser dans un sens autre. Il le demeure pour le touriste-marchand de fer de Stendhal, cultivant l’art de voir, d’observer et de consigner les mœurs, les caractères des êtres et des lieux visités. Le motif est encore tout personnel chez Proust dont les voyages ont très souvent pour chiquenaude des lectures ou la rencontre avec l’œuvre d’un peintre dont le génie consiste précisément à révéler la beauté du lieu représenté, à le charger de sens, de telle sorte que, face au tableau, on « ne pense plus qu’à courir le monde » afin de « goûter l’enchantement qu’il avait su rapporter, fixer sur sa toile, l’imperceptible reflux de l’eau, la pulsation d’une minute heureuse ».

    Le touriste est le laboureur d’une civilisation

    Au xixe siècle, avec l’avènement de la bourgeoisie, la révolution industrielle et l’essor du chemin de fer, le voyage devient phénomène social. La passivité et le conformisme marquent déjà de leur sceau le voyageur. L’heure est à M. Perrichon. Il faut lire l’extraordinaire et impitoyable portrait que Taine peint des « touristes » qu’il qualifie précisément de « dociles » : « On les voit aux sites remarquables, les yeux fixés sur le livre, se pénétrant de la description et s’informant au juste du genre d’émotion qu’il convient d’éprouver […] ont-ils un goût ? On n’en sait rien : le livre et l’opinion publique ont pensé et décidé pour eux » This triggers the tooltip.

    Vient enfin, dans la seconde moitié du xxe siècle, le tourisme de masse. Cette nouvelle figure d’humanité importe dans le domaine du voyage, du consommateur, de l’homme qui réclame, des produits toujours frais, toujours neufs, ne requérant de surcroît nul effort. Sa logique est purement consumériste et quantitative. Le touriste, c’est le lapin blanc d’Alice, hanté à l’idée de prendre du retard sur son programme, il ne s’attarde nulle part, reste partout à la surface des choses et de lui-même. Afin de s’imprégner d’un lieu, si l’on veut qu’il vienne enrichir le vocabulaire de notre sensibilité – et n’est-ce pas là la raison d’être même du voyage –, il n’y a pas d’autres voies que de l’arpenter, de le labourer, de s’y aventurer – « Les villes dont on se souvient, disait Hannah Arendt, sont celles que les pieds connaissent par cœur. »

    La grande industrialisation du tourisme

    Or, le touriste ne visite pas un lieu, il « fait » des lieux, et c’est à celui qui dévidera le chapelet le plus long. Or, « faire », l’un des verbes les plus indigents de la langue française, est accordé à la sécheresse, l’aridité, la stérilité de l’expérience touristique contemporaine. De la même façon, le beau mot de « villégiature », chargé d’une temporalité douce et lente, et empli d’échos à Goldoni et Tchekhov, ne mord plus sur aucune réalité.

    Le tourisme, c’est le contraire même de l’expérience. Pour devenir véritablement nôtres, être approchés dans leur singularité et leur beauté, un monument ou un village, une œuvre ou une ville réclament une longue et lente fréquentation, ils demandent de l’attention, de la disponibilité, de la liberté. Ce que Hannah Arendt disait de la culture vaut pour le tourisme : de la même manière que la culture n’est pas simplement une question d’objet, mais de dispositions, la visite d’un lieu suppose qu’on se libère de soi afin d’être libre pour une réalité autre et plus grande que soi. Or, le touriste est comme enkysté en lui-même, il ne se laisse pas inquiéter par ce qu’il rencontre, il demande au contraire aux lieux de se conformer à l’idée qu’il s’en fait, à son propre découpage du réel, il réclame du pittoresque.

    C’est, du moins, l’idée que les industriels du tourisme se font du touriste, si bien qu’ils reconfigurent les lieux, et c’est par là qu’ils les détruisent, afin de répondre à cette prétendue attente. C’est peut-être à ce niveau-là qu’il faudrait agir. Car à force de postuler un homme réductible à son être consumériste, il l’est devenu. « L’homme, cet être flexible […] est également capable de connaître sa propre nature, lorsqu’on la lui montre, et d’en perdre jusqu’au sentiment, lorsqu’on la lui dérobe », écrivait Montesquieu.

    Reprendre racines, un impératif

    Et si, fort de cette conviction, on essayait une autre idée de l’homme, si l’on faisait le pari de dispositions et de facultés plus hautes et plus nobles ? Tout nous enjoint à inaugurer une nouvelle phase, ou plutôt à renouer avec la première : faire de la rencontre avec un lieu une expérience en première personne.

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    Cette année, les Français resteront en grande majorité en France, trompette-t-on. La nouvelle n’est pas en soi et nécessairement une bonne nouvelle pour la France, le Français est un touriste comme les autres. Est-il besoin de le préciser, ce n’est pas qu’il vienne de l’étranger qui rend le touriste nuisible, mais bien la manière dont il se rapporte aux lieux qu’il visite, et cette manière est de tous les pays, y compris du nôtre. Heureuse nouvelle en revanche s’il s’agit de tirer les leçons de quarante années de mondialisation et de fuite en avant, et de reprendre racines dans un sol et une histoire, autrement dit de signer les retrouvailles avec une patrie délaissée et inlassablement conspuée. L’identité est affaire de géographie. Mais en sommes-nous vraiment là ?

    « Nation française, tu n’es pas faite pour recevoir l’exemple mais pour le donner », proclamait magnifiquement Rabaut Saint-Étienne en 1789. La France est confiée à nos soins : montrons-nous à la hauteur ! Cessons de nous comporter comme des éléphants dans un magasin de porcelaine ! La France est belle, fragile et périssable.

    Bérénice Levet

  • Michel Onfray : ”Mon péché mortel ? Être resté aux côtés du peuple”.

    Michel Onfray, chez lui à Chambois, dans l'Orne, en 2019.

    Photo12 via AFP

    Source : https://www.lexpress.fr/

    Souverainisme, Le Pen, Raoult, BHL, De Villiers... Dans un grand entretien musclé, le philosophe s'explique sur sa revue Front Populaire et fustige les médias.

    Il est l'intellectuel qui entend réunir les souverainistes de tous bords à travers sa nouvelle revue Front populaire, où l'on retrouve Jean-Pierre Chevènement comme Philippe de Villiers. Il est aussi celui qui concentre les critiques violentes sur sa supposée dérive idéologique qui l'aurait vu passer de la gauche libertaire de Proudhon à l'extrême-droite d'Eric Zemmour.

    Au coeur des polémiques, Michel Onfray publie également l'ultime volume de sa monumentale Contre-histoire de la philosophie (Grasset). Dans La résistance au nihilisme, on retrouve ce que le philosophe Onfray a de meilleur et, parfois, de plus caricatural : d'un côté, un populisme au sens noble du terme qui en fait un formidable pédagogue sur la pensée d'après mai-68 (avec des belles pages sur Pierre Hadot ou Robert Misrahi) comme un critique impitoyable d'une gauche intellectuelle qui a souvent préféré les jargons obscurs aux masses populaires ; de l'autre le pamphlétaire manichéen et antilibéral à qui l'outrance fait perdre le sens des nuances... 

    Dans un long entretien accordé à l'Express dans lequel il ne nous épargne pas, le philosophe s'explique sur cette nouvelle revue, mais aussi sur l'évolution de ses positions sur l'immigration, Didier Raoult, BHL, ses soutiens dans la droite radicale et son parcours personnel. 

    L'Express : Un article du Monde expliquait qu'avec votre nouvelle revue, Front populaire, "Michel Onfray séduit les milieux d'extrême-droite". Ce qui vous a fait vivement réagir. Pourquoi ?  

    Michel Onfray : Je veux bien qu'on me donne des leçons, mais seulement quand on est irréprochable... Ce journal est dit de référence, mais seulement pour les journalistes à qui il donne le ton - Libération a suivi, puis France-Inter, etc... Le Monde ne vit que des impôts du contribuable français car, sans l'aide à la presse il n'existerait plus depuis bien longtemps. Son passé est un passif, son père fondateur vient de Vichy et du maréchalisme, il attaque de Gaulle jusqu'à la fin de sa vie politique, il défend une Europe dont la matrice idéologique était fasciste. Ce journal accueille les propos négationnistes de Faurisson tout autant que les éloges de Pol-Pot par Alain Badiou, réussissant ainsi un formidable cocktail rouge- brun. Il accueille également dans ses colonnes un pédophile avéré pendant des années comme chroniqueur et, en plus de vanter les mérites de ses livres, il défend la pédophilie. Il prend parti pour l'ayatollah Khomeiny et la révolution islamique en Iran. On comprend que, devant l'aventure de Front populaire qui entend honorer la constitution en redonnant au peuple le pouvoir qu'il a perdu et qui lui revient, ce journal se déchaîne.  

    J'ajoute qu'un texte me salissant signé par un journaliste issu du PCF dont l'histoire ne fut guère plus propre (pacte germano-soviétique de 1939 à 1941, insulte du combat indépendantiste algérien dès 1945, homophobie, refus de la contraception et de l'avortement sous Thorez dans les années 50, critique de l'immigration avec Marchais, qui fut volontaire pour partir en Allemagne pour le STO, dans les années 80, insulte à Cohn-Bendit présenté comme un juif allemand en Mai 68, soutient inconditionnel au système concentrationnaire soviétique, mépris de Soljenitsyne et campagne de calomnies au moment de la traduction française de L'archipel du Goulag), tout cela n'autorise pas vraiment ces gens-là à me donner des leçons...  

     
     

    On peine à comprendre ce qui vous associe aujourd'hui, vous qui incarnez le matérialisme athéiste, à quelqu'un comme Philippe de Villiers, catholique et conservateur dont l'idole est plus Jeanne d'Arc que Nietzsche. Vous allez jusqu'à endosser sa rhétorique sur les Pères fondateurs de l'Union européenne financés par les États-Unis (Jean Monnet) ou ayant eu des liens avec les nazis (Walter Hallstein)... 

    Cette rhétorique endossée comme vous dites, je l'ai découverte en lisant le livre d'Antonin Cohen, De Vichy à la communauté européenne, publié aux Presses Universitaires de France en 2012, c'est-à-dire bien avant le livre de Philippe de Villiers qui lui est postérieur de sept années. Cet universitaire est maître de conférences en science politique à Paris Nanterre, il est rattaché au Groupe d'analyse politique et à l'Institut des sciences sociales du politique qui dépend du CNRS. Les détails concernant les financements de Jean Monnet par les États-Unis se trouvent page 20, le fait que les mémoires de Jean Monnet aient été rédigés par des "nègres" payés par les États-Unis pages 19, 20 et 23, le rôle du Monde pour défendre cette mythologie d'un Monnet père fondateur page 26, le fait qu'André Fontaine, ancien directeur du Monde, ait cité positivement Mussolini en son temps page 181. Quant à Walter Hallstein, l'ancien officier nazi qui a présidé aux destinées de l'Europe pré-maastrichienne entre le 7 janvier 1958 et le 6 juillet 1967, je vous renvoie à l'excellent article de Jean Dugenêt, Walter Hallstein était un nazi, paru dans Mediapart le 25 janvier 2020. 

    Pour le reste, l'athée que je suis préfère un catholique qui défend des idées justes, le matérialiste que je suis préfère un idéaliste qui défend des idées justes, l'homme de gauche que je suis préfère un homme de droite qui défend des idées justes à un athée, un matérialiste ou un homme de gauche qui défendent des idées injustes ! La justice et la vérité m'intéressent plus que les sensibilités politiques ou religieuses. Vous ne me ferez pas dire que, parce que je suis athée, un croyant est un imbécile, ce qui fut à l'origine de mon désaccord avec feu Jean Soler qui affirmait que l'athéisme était l'apanage de gens plus intelligents que ceux qui croyaient.  

    Vous avez un service de renseignements bien fait...

     
     

    En quoi le souverainisme serait-il la solution aux grands enjeux actuels ? Comme l'explique l'historien Yuval Noah Harari, le repli sur l'Etat-nation ne répond nullement aux problèmes de réchauffement climatique ou d'autonomisation du travail... 

    Le souverainisme n'est pas une solution, il est la condition de possibilité de la solution. Quand un bateau part à la dérive, il faut reprendre les commandes pour lui éviter l'accident. Une fois les commandes reprises, rien n'augure d'un cap qu'il faut ensuite choisir. Il y a un temps pour reprendre le pouvoir en main, c'est celui du souverainisme, un autre pour dire ce que l'on fait une fois qu'on dispose à nouveau des moyens de faire de la politique.  

     

    La haine du souverainisme qui est le corrélat de l'État maastrichien, lui-même premier temps d'un gouvernement mondial du capital, ne va pas sans une propagande qui présente le souverainisme d'une façon caricaturale : des frontières barbelées gardées par des militaires accompagnés de chiens policiers qui déambulent entre deux miradors... L'État maastrichien impose sa loi sans armée casquée ou bottée, nous sommes au XXI° siècle !  

    Le fameux "repli" national, donc nationaliste, donc belliciste, donc guerrier, est une autre modalité de la propagande ! Car, qui fait la guerre aux états musulmans souverains comme l'Afghanistan, l'Irak, la Libye, la Syrie, le Mali si ce n'est cet État maastrichien qui annonce une pseudo guerre à venir demain si le Frexit devait avoir lieu alors qu'il est de toutes les guerres néo-colonialises et islamophobes depuis vingt ans ? Un État souverain n'est pas un État autiste ou solipsiste, c'est un État qui passe des contrats en fonction de ses intérêts négociés et bien compris. 

    Que fait l'Europe de Maastricht en matière de réchauffement climatique quand la Chine, les États-Unis, l'Afrique ou l'Inde n'ont que faire des vapeurs d'un Occident qui traque de façon policière la moindre voiture qui marche au diesel dans la Lozère ? Rien...  

    En 2010, sur France 3, en réponse au "débat sur l'identité nationale", vous expliquiez que "le multiculturalisme est la seule bonne réponse" et que "le métissage est la vérité de ce qui fait l'identité nationale française". Mais, aujourd'hui, n'êtes-vous pas plus proche de Renaud que d'Albert Camus sur cette question ? Sur I24, vous avez déclaré : "Je pense que notre civilisation est en train de s'effacer", avant d'expliquer que "la démographie étant ce qu'elle est, la dénatalité des populations dites blanches en Europe et la surnatalité de populations originaires de l'immigration, il va falloir compter avec la communauté musulmane planétaire... " 

    Vous avez un service de renseignements bien fait... Il n'y a pas contradiction à dire que le métissage est inévitable et qu'en même temps il ne doit pas être sauvage ! Je ne fais qu'exprimer la loi, dont les maastrichiens se moquent absolument. Je suis pour un inévitable métissage mais décidé et voulu par la Nation et non pour un métissage en-soi présenté comme une panacée transcendantale ! Les lois de l'hospitalité sont par définition... des lois ! La liberté n'est pas la licence : la première se construit et se veut, la seconde est plein pouvoir à la liberté du renard libre dans le poulailler libre ! La France a intégré et assimilé des millions d'individus, ce qui est une chose. A-t-elle les moyens de durer encore si des millions de gens n'acceptent pas le jeu de l'assimilation et proposent d'en inverser les règles ? 

    Quant à Renaud Camus auquel on associe la paternité du concept de "Grand Remplacement" je vous rappelle qu'il a fait une émule de qualité en la personne de Houria Bouteldja qui, avec le parti des Indigènes de la république (le PIR) le revendique clairement en écrivant (page 122 de Les Noirs, les Juifs et Nous) que le Grand Remplacement est bien sûr d'actualité et que les Indigènes de la république sont en train de remplacer, on appréciera le mot valise, "les souchiens". L'immigration sous contrôle de la Nation n'est pas un refus de l'immigration, encore moins du métissage. 

    Dans La résistance au nihilisme (Grasset), vous rappelez que Pierre Bourdieu a soutenu la candidature de Coluche. Alors que certains vous prêtes des intentions politiques, rêvez-vous aujourd'hui d'être le nouveau Beppe Grillo, qui a réussi à créer une force politique populiste, le mouvement 5 étoiles, à travers son blog ?  

    Vous n'êtes pas très originaux, vous les journalistes, à me poser une question qui m'a déjà été posée des dizaines de fois et à laquelle j'ai déjà répondu des dizaines de fois : je n'aspire pas à être candidat à la présidence de la République ! Je ne suis pas du genre à dire une chose et à faire le contraire, à me parjurer ou à trahir les promesses faites ou les engagements pris...  

    Vous affirmez vouloir rassembler "les souverainistes des deux rives". Vous n'êtes pas le premier, mais toutes les initiatives ont toujours échoué. Pourquoi pensez-vous réussir ?  

    D'abord en tronquant mon propos vous lui faites dire le contraire de ce qu'il dit... Je comprends votre intérêt idéologique à travestir mon propos, mais le souci de la vérité devrait vous obliger à dire ce que j'ai dit à savoir que je souhaitais réunir les souverainistes de droite, de gauche et d'ailleurs... J'ai parfois ajouté : de nulle part... Mes amis et moi ne nous adressons pas aux états-majors de droite ou de gauche, aux chefs de partis qui ne roulent que pour eux et se moquent du peuple, qui est pour eux un bétail à séduire afin d'en obtenir les voix, mais aux électeurs qui ont pu voter à droite ou à gauche, voire voter blanc ou nul, sinon pour des partis folkloriques ( le bien-être animal est une cause juste, mais quid de la dissuasion nucléaire chez les animalistes ou la politique à mener au Moyen-Orient ?), sinon à ne pas voter du tout.  

    Nous nous adressons au peuple écoeuré par la politique politicienne en lui proposant de contribuer, via la plateforme de Front Populaire, à la création d'un programme qui, sous forme d'États généraux et de Cahiers de Doléances, permettra de faire partir la politique de la base vers le sommet et non l'inverse - c'est l'essence du projet girondin contre la tradition française jacobine... Ce qui s'appelle tout bêtement l'autogestion.  

    Pouvez-vous m'assurer que Jean-Marie Le Pen n'est pas abonné à l'Express?

    Comment expliquez-vous l'intérêt que suscite votre projet chez les acteurs de la droite radicale (du maire de Béziers Robert Ménard à l'identitaire Philippe Vardon, en passant par le théoricien de la nouvelle droite Alain de Benoist et les proches de Marion Maréchal, tous contributeurs) ? Ces gens-là ne vous détestaient-ils pas il y a encore quelques années? 

    Vous avez bien lu Le Monde vous pour vous contenter de leur argumentaire à charge ... Dans la liste des 1000 premiers abonnés d'un ensemble qui va vers les 30.000, vous avez isolé quatre noms - quatre...- pour inférer que la ligne serait celle de ces personnes ! Je vous rappelle que des abonnés ne sont pas des contributeurs ! C'est la première fois, me semble-t-il, qu'on attaque une revue qui n'est pas encore parue et dont tout le monde ignore le contenu, en attaquant ses abonnés ! 

    Donnez-moi accès au fichier des abonnés à L'Express, je suis certain de trouver parmi eux un violeur, un pédophile, un négationniste, un antisémite, un dealer, au moins, mais aussi quantité d'électeurs du Front national et du Rassemblement national - ce qui n'est pas le cas des abonnés à Front Populaire que vous exhibez sur la place publique comme jadis on exposait les criminels pour qu'on puisse les souffleter ou leur cracher dessus : aucun d'entre n'a été condamné à l'indignité nationale que je sache... Pouvez-vous m'assurer que Jean-Marie Le Pen n'est pas abonné à votre journal ? Et, le serait-il, ce serait juste le signe qu'il se tient au courant en lisant toute la presse : en quoi la ligne de votre journal s'en trouverait-elle affectée? 

    Dans "Grandeur du petit peuple" (Albin Michel), vous distinguez, à juste titre, Marine Le Pen de son père. "Je souhaiterais qu'on arrête d'hystériser cette famille pour mieux la combattre" écrivez-vous. Comment faudrait-il la combattre ? Et est-ce qu'une France dirigée par Marine Le Pen serait selon vous un problème ? 

    Elle a des idées qui sont à combattre et je ne suis pas de ceux qui estiment qu'on est coupable de porter le nom de son père. Elle est coupable de ce qu'elle aura dit ou fait, elle, pas de ce que son père aura dit ou fait. Je ne crois pas à une culpabilité qu'à celle des individus.  

    Par ailleurs : tout le monde accepte que le PCF des années 50 qui défendait la dictature du prolétariat et le totalitarisme, pourvu qu'il fut marxiste-léniniste, qui était homophobe et opposé aussi bien à l'avortement qu'à la contraception, n'a plus grand-chose à voir avec le PCF dont la plupart ignorent même aujourd'hui le nom de celui qui le dirige. Que le PS de 1974 qui, via Mitterrand au discours d'Épinay, estimait que quiconque ne veut pas rompre avec le capitalisme ne saurait être socialiste, n'a plus grand-chose à voir avec le PS qui n'est pas même capable de confier la tête de liste à l'un des siens aux dernières européennes et qui, depuis 1983, défend les thèses du Giscard de 1974. Que le RPR du discours souverainiste de Cochin soit le même, depuis qu'avec le Traité de Maastricht de 1992, il milite sous la rubrique Les républicains pour l'Europe contre la France. Mais FN un jour, FN toujours ! Quand Marine Le Pen dit que la Shoah est la plus grande catastrophe du XX° siècle, elle tient un propos antisémite ! Ou alors : elle ment et dit le contraire de ce qu'elle pense par calcul. 

    Quant à savoir si Marine

  • Alain de Benoist juge des suites de la Manif pour tous

    Boulevard Voltaire vient de publier quelques réflexions d’Alain de Benoist sur les suites des Manifs pour tous. Elles ont provoqué réactions et polémiques.

     

    En plusieurs points, pourtant, elles nous semblent poser de justes questions. C’est pourquoi nous les publions.

     

    Alain de Benoist a, sur les participants des Manifs pour tous, des mots qui peuvent blesser. Son regard sur les Chrétiens et le christianisme en général y est sans-doute pour quelque chose. Ces mots, nous ne les faisons pas nôtres. Il n'est pas commun - Alain de Benoist ne l'ignore pas - d'être capable de mobilier des foules voisines du million pour une cause quelconque ! Et il n'est pas question de nier la réalité de leurs efforts, de contester leur mérite pour les avoir accomplis.

     

    Mais que dit-il d’important ? Que dit Alain de Benoist que les gens d’Action française devraient être les premiers à se dire et faire savoir ? Tout simplement que faute d’une pensée politique ou sociale globale, une pensée sur la Cité, les Manifs pour tous n’auront pas les suites, les résultats que l’on pourrait en attendre. « On ne fait pas une révolution, dit-il, quand on n’a ni programme ni conception du monde à proposer » : il a raison. 

    la manif pour tous bonnet phrygien.jpg

    Des bonnets phrygiens, ce n'était vraiment pas ce qu'il fallait ...

    Les gens d’Action française, les royalistes, ont eu raison de participer aux Manifs pour tous, y compris à leur encadrement, et de le faire avec discrétion. Mais, parallèlement, ils doivent, nous devons tous, savoir et faire savoir qu’ils n’ont pas pour seule ou principale vocation d’en être les « supplétifs ». Cette « pensée globale » dont nous parlons, qui, en effet, a manqué aux Manifs pour tous, cette pensée « alter révolutionnaire », politique et métapolitique, qui manque à tous les partis politiques, l’Action française la propose depuis un certain temps déjà... La porter plus haut, plus fort, plus sérieusement qu’elle ne le fait aujourd’hui, ce devrait être son - notre - objectif premier.

     

    Pour le reste, Alain de Benoist parle en militant expérimenté, d’un temps où militer était un engagement de tous les jours, … de toutes les nuits, et où le militantisme englobait, cumulait toutes les formes de l’action, les plus humbles et toutes les autres...

     

    Son militantisme - ou plutôt l'objet de son militantisme - était, est, différent du nôtre. Le nôtre ce devrait être, tout simplement, de refaire une grande et puissante Action française.  

    On ne fait pas la révolution avec des gens bien élevés !

    Le 15 juillet 2013

    Alain de Benoist

    Intellectuel, philosophe et politologue.


    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

    Indubitablement, la Manif pour tous a suscité de nouvelles formes de protestation, à base de réseaux sociaux, à l’instar d’autres « printemps » ou de « révoltes » tout aussi informelles, tels les « Indignés » ou les « Occupy Wall Street ». Quelles leçons en tirer ?

    La Manif pour tous a été un grand succès et un incontestable échec. Le succès d’abord : ce n’est pas tous les jours que l’on parvient à mobiliser un million de personnes des deux sexes et de tous âges. Personnellement, j’aurais préféré en voir dix millions protester contre la dictature des marchés financiers et le crétinisme de la marchandise (on peut toujours rêver), mais ce n’est là qu’une opinion personnelle. D’une façon générale, on doit toujours soutenir le peuple quand il descend dans la rue pour une raison ou une autre (le mariage homo à Paris, l’augmentation du ticket de bus à São Paulo, un projet de destruction d’un espace vert à Istanbul), que ce soit en France, au Brésil, en Turquie, en Égypte ou ailleurs. C’est le plus sérieux indice du ras-le-bol. Un autre aspect positif, c’est l’apparition, en marge des manifestations, d’un certain nombre de modes de protestation originaux et inédits (les Hommen, les Veilleurs debout, etc.), qui ne se ramènent pas à une simple affaire de réseaux sociaux.

    L’échec n’en est pas moins évident : la Manif pour tous n’a tout simplement pas obtenu ce qu’elle voulait, à savoir empêcher l’adoption de la loi autorisant le mariage gay. Comme cet échec était prévisible, quoi qu’en aient pu dire les naïfs, une stratégie alternative s’imposait. On n’en a pas vu l’ombre. Tout ce à quoi l’on a assisté, c’est au sommet à des crêpages de chignons et à la base des proclamations du genre « On ne lâchera rien ». Mais lâcher quoi ? Quand on n’a rien obtenu, il n’y a rien à lâcher. Alors, on harcèle, on houspille, on fait siffler les oreilles du chef de l’État le 14 juillet, autant dire pas grand-chose. On rêve d’un « sursaut national » (hop, un sursaut !), comme on le fait depuis plus d’un siècle. Pour le « Printemps français », on repassera. La droite, de ce point de vue, ne changera jamais. Plus réactive que réflexive, elle ne sait marcher qu’à l’enthousiasme ou à l’indignation. Déterminer une stratégie révolutionnaire est au-delà de ses forces.

    Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans la nébuleuse anti mariage pour tous ? Son homogénéité sociale ou ethnique ? Son discours politique attrape-tout ? Ou sa réticence à renverser la table ? Bref, avons-nous affaire à de véritables révolutionnaires ?

    À des contre-révolutionnaires, plutôt. C’est-à-dire à des gens qui laissent régulièrement passer les trains pour ne pas faire la « politique du pire ». La plus grande erreur des organisateurs de la Manif pour tous a été d’accepter docilement de ne pas envahir les Champs-Élysées quand un million de personnes étaient prêtes à le faire. Débordant la simple réponse aux antifa(mille), la Manif pour tous aurait alors pu prendre une véritable dimension insurrectionnelle. Ce qui aurait au moins empêché la police de truquer les images et les chiffres. Mais on ne fait pas la révolution avec la « France tranquille » des pousseurs de poussettes et des gens bien élevés. On ne fait pas une révolution quand on n’a ni programme ni conception du monde à proposer. C’est pourquoi, plutôt que de chercher à renverser le pouvoir, on est allé chercher le soutien de Raffarin et de Copé. Dès lors, la messe était dite. La Manif pour tous a éveillé des consciences, elle n’a pas structuré les esprits.

    Pas de semblant de révolution sans quelques martyrs. Là, ce fut Nicolas Bernard-Buss. Sa peine de prison était évidemment disproportionnée, mais l’émotion de ses défenseurs ne l’était-elle pas un peu également ? Comme si le vide du pouvoir allait de pair avec le flou des revendications des manifestants ?

    On a bien entendu eu raison de protester contre l’incarcération du jeune Nicolas, et contre la généralisation du deux poids, deux mesures. Le mécanisme est d’ailleurs bien rodé. Il suffit de traiter les gêneurs de « fascistes » pour permettre la mise en œuvre du programme, que Laurent Joffrin proposait en toute bonne conscience dans Le Nouvel Observateur du 13 juin dernier, de « réserver aux fascistes (…) la vigilance quand ils se taisent, la dénonciation quand ils parlent, la prison quand ils agissent ». Vigilance-dénonciation-prison : un triptyque à retenir. À ce compte-là, quand Mélenchon traite François Hollande de « capitaine de pédalo », on finira par y voir des allusions homophobes ! Cela dit, on peut protester énergiquement sans tomber dans le délire ou la paranoïa. Dire que Nicolas sera « traumatisé à vie » pour avoir fait trois semaines de taule n’est pas flatteur pour lui : je l’espère quand même capable d’en voir d’autres ! Je reçois régulièrement des courriels affirmant que nous vivons aujourd’hui quasiment dans un régime totalitaire soviétique, ce qui est un peu ridicule (tout courriel comportant des séries de points d’exclamation va chez moi immédiatement à la poubelle). Certains devraient se souvenir que, dans bien des pays, quand on est gardé à vue, on a aussi de bonnes chances d’être tué, torturé ou violé. On n’en est pas encore tout à fait là.

    Beaucoup de participants de la Manif pour tous, à commencer par la petite bourgeoisie catholique (la « Génération JMJ ») qui en constituait les plus gros bataillons, manifestaient pour la première fois. Il leur en est resté le souvenir d’une excitation qui va de pair avec une certaine ingénuité. Ils déclarent fièrement qu’ils ont été « gazés », comme s’ils avaient eu à respirer du gaz sarin ou du Zyklon B. Pour ma part, j’ai dû prendre dans ma vie une bonne trentaine de giclées de lacrymogène dans la figure sans y voir autre chose que la conséquence logique de ma présence dans une manifestation ! Au moins ces néophytes ont-ils découvert que les gentils policiers « qui sont là pour nous protéger » savent aussi se servir de la matraque. Si cela leur a permis de comprendre que lorsqu’on s’attaque à l’ordre en place (qui n’est le plus souvent qu’un désordre établi), les forces de l’ordre sont des forces ennemies, ce sera toujours cela de pris.

  • Le Prince Jean poursuit ses rencontres tous azimuts: aujourd'hui, un entretien dans Famille chrétienne....

                Le Prince trace son sillon, il laboure, il sème. Nous tâchons de rendre, ici, un peu de cette activité méthodique et sérieusement menée, qui le fait connaître de plus en plus, et qui ne restera pas sans conséquences positives. D'ores et déjà, comme nous le faisions remarquer précédemment, il a rencontré beaucoup de personnes de toutes conditions et de tous milieux, et cela commence à faire du monde....

                Aujourd'hui, voici l'entretien qu'il a accordé à Famille chrétienne. Loin des paillettes, vivant de ses racines chrétiennes, il se présente tel qu'il est, et parle encore et toujours du Bien commun.

                Ainsi, au fil de ses rencontres incessantes avec les français, il apparaît et s'affirme de plus en plus, et de mieux en mieux, comme ce qu'il est: le recours, que seul "l'Héritier des siècles", lui, peut représenter et incarner.... 

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                Ce prince-là n’a rien d’un prince à paillettes. D’une élégante sobriété, en veste de daim et pantalon de velours kaki, Jean de France rejoint ses rendez-vous à bicyclette. « C’est plus pratique. Et ainsi je fais un peu du sport dont j’ai besoin pour évacuer les tensions. » Ces derniers mois, tout est allé vite pour l’héritier de la Maison de France : mariage avec sa femme Philomena, naissance d’un bébé prévue pour la fin de l’année, et sortie de son livre d’entretiens (1). Marié à 43 ans, il s’émerveille : "Dieu veille; on avance droit avec des parcours sinueux".

                Jean de France n’a pas vraiment connu la vie de château. Ses yeux bleu clair, légèrement tombants, lui donnent parfois un air grave. « Le départ de mon père du foyer familial quand j’avais 8 ans m’a marqué profondément. » Et il est le troisième d’une famille de cinq enfants dont deux sont handicapés. Il le dit, il l’écrit : « Je dois beaucoup à François et Blanche. Ils m’ont ouvert le cœur par leur handicap, leur simplicité ». Il va régulièrement à Lourdes au service des malades.

                Malgré les difficultés familiales, il avance. « Je suis témoin qu’avec l’aide de Dieu, il est possible de se relever », dit-il d’une voix posée. Les rencontres d’éducateurs chrétiens, puis de philosophes comme Jean Guitton ou Marcel Clément, l’aident à se construire. Les discussions acharnées avec son grand-père, feu le comte de Paris, le stimulent. Des lieux privilégiés marquent son enfance : entre autres, le Foyer de Charité de Châteauneuf-de-Galaure – sa mère, la duchesse de Montpensier, était proche de Marthe Robin et du Père Finet. « Zap, zap ! J’entends encore la lampe à dynamo du Père Finet lorsqu’il l’allumait pour entrer dans la sombre chambre de Marthe. »

                Il a beau être prince, il lui faut travailler. Après un MBA d’économie obtenu aux États-Unis, quelques années comme consultant chez Deloitte, Jean de France monte sa société, Avenir et Patrimoine Conseil, destinée à promouvoir le patrimoine français. Ces derniers jours, il était à Francfort pour l’ouverture d’une exposition consacrée à l’ébéniste Boulle ; deux ans de travail. Pour décompresser dans une vie souvent chargée, il regarde des films d’action américains, écoute le groupe irlandais U2, marche sur le chemin de Saint-Jacques…

                Réservé, l’héritier des rois de France n’en est pas moins déterminé. Il fait connaître ses convictions. « Je pense en prince chrétien, j’agis en prince français. » Imagine-t-il porter une couronne sur son large front ? Rien d’évident. Il a simplement conscience de la position particulière que lui confère l’Histoire. Elle lui donne le souci de réfléchir à l’identité de la France, à ses racines chrétiennes. « Comment savoir où aller si on ne sait pas d’où l’on vient ? » Il prend le temps de la rencontre avec les Français, de l’analyse. Il travaille d’arrache-pied, enchaîne conférences et voyages à l’étranger. « Le modèle social s’effrite. Les gens ont soif de repères », constate-t-il.

                Sans complexe, il se reconnaît de la « génération Jean-Paul II ». Parfois, il rêve d’installer des chapelles dans les centres commerciaux pour annoncer le Christ… Dans son livre, il s’attaque à des sujets tabous : le respect du salarié, le caractère propre de l’école catholique, la banalisation de l’avortement, le soutien aux familles. « L’espace public est souvent occupé par “des grandes gueules et gros bras” qui s’intéressent plus aux égoïsmes particuliers qu’au bien commun. » Et pourquoi lui n’aurait-il rien à dire ?

    Bénédicte Drouin


    (1) Jean de France. Un prince français – Entretiens avec Fabrice Madouas, éd. Pygmalion.
  • Emmanuel Macron, explorateur dans son pays !, par Philippe Bilger.

    Hélas, on ne peut se satisfaire, pour la visite présidentielle à Marseille, de cette ironie amère sur la cité Bassens ayant fait l'objet d'un nettoyage complet, par des sociétés privées et des paysagistes, pour une illusion de quelques heures ou sur la cité des Flamants aux mains des trafiquants de drogue, véritable État dans l'État, avec ses frontières et ses interdictions, dans laquelle le ministre de l'Intérieur vexé a fait intervenir la police (Morandini).

    2.jpgJe vois, dans cette tardive équipée - huit mois avant la fin du mandat - avec une armada de sept ministres, la démonstration d'un opportunisme dont je crains par ailleurs qu'il soit impuissant, malgré les promesses à résoudre les problèmes d'insécurité de Marseille, peut-être aggravés depuis quelque temps mais connus de longue date.

    Alors, bien sûr, comme il se doit, on a annoncé un plan. Une fois l'hommage rendu à "l'ardente obligation" énoncée par de Gaulle, les plans, pour être brutalement dit, sont peu ou prou du vent même si 150 millions et des renforts ne sont pas dérisoires. La France a passé son temps, dans nos banlieues notamment, à multiplier les plans, à injecter de l'argent en s'imaginant que magiquement le climat changerait.

    À supposer que celui proposé pour Marseille aboutisse, ce sera au mieux dans une vingtaine d'années si, en plus, durant ce long intervalle, les constructions et rénovations entreprises ne sont pas dégradées. Sans doute suis-je trop pessimiste ou trop lucide mais le plan pour Marseille signe plus une impuissance qu'une authentique volonté d'action. Le plan pour les calendes grecques n'est rien d'autre que la faillite de la politique pour aujourd'hui.

    Se décharger du présent sur le futur est une erreur fondamentale. Pour ne pas avoir à affronter la dureté du réel et se battre contre lui, on s'abandonne à des fantasmes forcément roses - puisque virtuels - sur l'avenir.

    Le plan n'aura rigoureusement pas la moindre incidence sur la délinquance et la criminalité à Marseille. Ce sont des univers radicalement différents où le long terme ne fera pas le poids face à l'immédiateté, où l'amélioration des conditions de vie et d'habitation n'empêchera pas les transgressions, où la liberté et l'appétit de lucre d'une minorité malfaisante demeureront toujours plus forts que les transformations mises en oeuvre, si elles le sont.

    Je sais bien qu'il faut rassurer l'humanisme niais mais ce n'est pas le social qui crée le crime. Ce dernier, quand il l'a décidé, est autonome et vit sa terrifiante existence au détriment de la majorité des honnêtes gens.

    Certes je veux bien admettre que Marseille a une histoire qui peut faire de cette magnifique, pauvre et composite cité une sorte de singularité par rapport à l'insécurité générale de notre pays.

    Mais rien ne justifie cette volonté permanente de faire appel, parce qu'on est dépassé par les délits, les crimes, l'affreux fléau de la drogue presque à la source de tout, à des processus hors de l'ordinaire, genre procureur spécial. On constitue Marseille comme un arbre à part qu'on voudrait efficacement répressif au sein d'une forêt nationale laxiste comme il n'est pas permis : moins un manque de moyens qu'une faiblesse dans la volonté et le courage politiques.

    Marseille est un paroxysme de ce ce que subit au quotidien notre pays et plutôt que d'aspirer à des miracles par le biais d'outils spéciaux, il conviendrait de l'emporter, pour tenir enfin haut le régalien, par une efficacité, une rigueur, une sévérité ordinaires, une fiabilité exemplaire. J'approuve Vincent Trémolet de Villers quand il a évoqué Marseille comme "une France miniature" (le Figaro).

    Le fondement de cette configuration que j'appelle de mes voeux est, contre le plan qui est une attitude de fuite, de restaurer l'autorité de l'Etat à tous ses niveaux si on veut bien abandonner le désastreux mélange d'une philosophie émolliente et d'une pratique gangrenée par le défaitisme. C'est seulement cette détermination dans l'instant qui pourra nous éviter les songes fumeux sur demain, au pire irréalisables, au mieux sans portée, sur ce qui détruit le quotidien de tant de citoyens.

    Mais il y a plus grave et je voudrais revenir sur l'aventure marseillaise du président de la République.

    Il a, paraît-il, écouté les doléances et dialogué avec les élus. Mais de qui se moque-t-on ? Doit-on donc croire qu'Emmanuel Macron, à l'Elysée, n'avait pas entendu parler de Marseille, de ses tragédies, de ses crimes, de la drogue, de la violence et du clientélisme ? De cette insécurité chronique qui sévissait bien avant lui et qui s'est amplifiée depuis ? Quel étrange comportement ou quel cynisme de feindre de découvrir, avec une attention surjouée, ce qu'il sait à l'évidence depuis longtemps, et ses ministres Darmanin et Dupond-Moretti avec lui ?

    Ou bien faut-il accepter l'idée mélancolique que par décence démocratique j'ai refoulée, d'un Emmanuel Macron certes français mais si peu au fait de la France, de sa réalité, de ses désespoirs qu'il les découvre comme un explorateur ? Qu'il va au sein de la France comme si elle était une inconnue qui dévoilerait, pour lui, à chacune de ses incursions, un peu de ses mystères ?

    Le président de la République tombe de saisissement et d'inquiétude face à la France qu'il préside. Ses promesses habituelles et renouvelées - c'est toujours pareil, un volontarisme énergique mais verbal : à Marseille, "ne rien lâcher contre le trafic de drogue" ou "ne lâchez rien" aux policiers marseillais - n'auront pas plus d'effet que tout au long de son mandat où son caractère n'a cessé de s'opposer à son devoir.

    Explorateur dans son pays... Faudra-t-il lui permettre de le découvrir tout entier avec cinq années de plus ?

    Source : https://www.philippebilger.com/

  • Lutte contre le Covid-19: «Les Européens ne pèsent rien sur le plan mondial», par Jean-Baptiste Mendes.

    © AP Photo / John Thys

    Après une année de pandémie, plusieurs dirigeants, dont Emmanuel Macron et Angela Merkel, ont signé une tribune appelant à la mise en place d’un «nouveau traité international sur la préparation et la riposte aux pandémies». Nouvelle usine à gaz ou vraie nécessité de coopération multilatérale? 

    10.jpg«Ce sont plutôt les logiques nationales qui ont primé» durant cette première année de pandémie, observe Philippe Moreau-Defarge, ancien diplomate et spécialiste des relations internationales, auteur d’Une histoire mondiale de la paix (Éd. Odile Jacob, 2020). Pourtant vingt-six chefs d’État et de gouvernement –dont Emmanuel Macron, Angela Merkel et Boris Johnson– ont signé le 29 mars une tribune dans Le Monde appelant à la mise en place d’un nouveau traité international afin de riposter aux pandémies.

    Contenant les lapalissades les plus abondamment répétées depuis un an, le texte souhaite avec grandiloquence «un leadership mondial pour bâtir un système de santé mondial», une action qui devra être guidée par «la solidarité, la justice, la transparence, l’inclusion et l’équité». L’initiative pourrait faire sourire, alors qu’une guerre des vaccins fait rage entre Britanniques et Européens.

    Une tribune politicienne

    Alors que la cote de popularité d’Emmanuel Macron a baissé de quatre points en mars, d’après un sondage IFOP pour le JDD, à 3 % d’opinions favorables contre 60% défavorables, le locataire de l’Élysée doit redresser la barre à treize mois de l’élection présidentielle. Selon Philippe Moreau-Defarges, ce texte répond donc avant tout à des fins politiques, pour le Président de la République qui devrait s’adresser aux Français dans les prochains jours tandis que la chancelière allemande, en fin de mandat, a récemment présenté ses excuses pour avoir annoncé un confinement pascal:

     

    «Emmanuel Macron et Angela Merkel sont dans une position nationale difficile. Il faut qu’ils se trouvent une nouvelle légitimité. Évidemment, la lutte contre les pandémies peut être un moyen de conquérir cette nouvelle légitimité. Toute tribune d’un chef d’État obéit toujours à une situation. Elle ne se réduit pas à son objectif à long terme mais fixe des objectifs à court terme, strictement nationaux ou même électoraux.»

     

    Cette posture internationale pourrait l’aider à s’affirmer sur la scène nationale, estime le géopoliticien, à l’image de son discours de la Sorbonne en 2017 qui a planté sa stature de partisan d’une Europe forte. Il s’était ensuite heurté au refus d’approfondissement des institutions bruxelloises par son homologue allemande.

    «L’addition des faiblesses ne fait pas une force»

    Une première mouture appelant à «bâtir un multilatéralisme plus solidaire face au Covid» avait été déjà publiée le 3 février dans Le Monde par les dirigeants français et allemands accompagnés de l’UE et de l’ONU. Si ce terme de multilatéralisme est régulièrement invoqué par les chefs d’État européens, le bilan critique de la pandémie montre que ce sont bien les intérêts nationaux qui ont pris le dessus, considère pourtant Philippe Moreau-Defarge:

     

    «Depuis un an, c’est l’intérêt national qui prime totalement. Face à ces pandémies et ces crises, l’une des premières réactions, c’est la volonté de défendre l’intérêt national. Mais au-delà, il y a eu aussi une logique de compétition. Il faut être le meilleur, il faut être le premier à avoir vacciné sa population, être le premier à avoir instauré des règles sanitaires efficaces», constate l’ancien diplomate.

     

    Les organisations internationales telles que l’OMS ont surtout été «un lieu d’affrontements politiques entre les États-Unis et la Chine» et l’Union européenne a été vilipendée pour sa lenteur bureaucratique dans la course mondiale aux vaccins. Pourtant, l’argument phare des signataires européens, asiatiques, africains et sud-américains est toujours le même: «Aucun gouvernement ni aucun organisme multilatéral ne peut, seul, faire face à cette menace.» Mais est-il réellement pertinent?

    Michel Geoffroy, essayiste et auteur de La nouvelle guerre des mondes (Éd. Via Romana, 2020), ne mâche pas ses mots pour cet «héritage d’un temps passé», considérant que «l’addition des faiblesses ne fait pas une force, cela crée des faiblesses plus grandes». L’opposition frontale entre Emmanuel Macron et Donald Trump à ce sujet lors de la tenue de l’assemblée générale de l’ONU en 2019 l’a particulièrement marqué. À la tribune, le Président français avait appelé lyriquement au «courage de bâtir la paix», continuant à «s’accrocher au multilatéralisme», selon Michel Geoffroy, face à un Donald Trump farouchement attaché à «l’intérêt national» et aux rapports de forces bilatéraux.

     

    «On observait un décalage assez fort au sein des Occidentaux entre les Européens –qui ne pèsent rien sur le plan mondial et qui continuent de s’accrocher à ce mythe du multilatéralisme– et puis les grandes puissances qui n’ont pas besoin de ça.»

     

    Les dirigeants de membres clés du G20 (États-Unis, Russie, Chine, Japon, Inde et Brésil) ne figurent d’ailleurs pas parmi les signataires de la tribune.

    En revanche, pour l’ancien diplomate, il est clair que l’ensemble des grandes problématiques planétaires, comme les pandémies, «nécessitent du multilatéralisme, c’est-à-dire un minimum de règles communes, de pratiques communes». Le mécanisme Covax de l’OMS, destiné à fournir des vaccins aux pays les plus démunis, en fait ainsi partie.

    Et celui-ci d’ajouter que «les pandémies étaient une non-actualité à l’époque pour l’OMS». Le traité initial de l’institution créée en 1948 prévoyait une «coopération interétatique mais très peu de mécanismes supranationaux» afin de permettre aux «médecins et experts de travailler ensemble».

    Source : https://fr.sputniknews.com/

  • Basque, alsacien, breton... La France est riche de ses langues régionales, par Natacha Polony.

    Le sujet des langues régionales hérisse tellement qu’à Marianne, parmi les nombreux débats qui nous agitent, celui-ci est un des plus animés.
    © Hannah Assouline

    Ce qui fragilise la langue française, ce ne sont pas les langues qui portent l’histoire de ce pays mais la déferlante effroyable de l’uniformisation culturelle induite par la globalisation.

    « La langue basque est une patrie que l’on emporte à la semelle de ses souliers. » La phrase est de Victor Hugo. Parce qu’il fallait un écrivain, quelqu’un qui habite sa langue et qui sait ce que chaque mot charrie de mémoire et d’imaginaire pour comprendre le rapport des Basques à cette langue étrange, unique au monde, lointaine trace de celle que parlaient les hommes qui peuplaient l’Europe avant les invasions indo-européennes.

    Il est des sujets qui ont le don de crisper, d’attiser les tensions sans que l’on comprenne bien pourquoi. L’Assemblée nationale vient de voter une proposition de loi sur la préservation du patrimoine linguistique français. Les documents, les panneaux de signalisation, les graphies spécifiques (on se souvient du tilde du prénom Fañch, que l’état civil refusait d’inscrire), mais surtout l’apprentissage immersif à l’école, c’est-à-dire les cours de mathématiques ou d’histoire en langue corse, alsacienne ou bretonne.

    Sujet passionnel

    Encore faut-il que le Conseil constitutionnel ne juge pas tout cela contraire à l’article 2 de la Constitution et à son ajout de 2002 stipulant que « la langue de la République est le français ». Le sujet hérisse tellement qu’à Marianne, parmi les nombreux débats qui nous agitent, celui-ci est un des plus animés. C’est la raison pour laquelle on peut trouver dans un même numéro la chronique de Guy Konopnicki, opposée à ce vote, et les lignes que voici. Au lecteur, au citoyen de juger.

    Parfaitement légitimes sont les arguments de ceux qui voient dans cette décision le risque de fracturation d’une communauté nationale déjà fragilisée, de ceux qui envisagent la perspective d’un repli identitaire et d’un rejet de « l’étranger » français (aussi absurde, pourtant, que l’idée selon laquelle défendre la culture et l’histoire françaises constituerait une « fermeture à l’autre »), ou de ceux qui rappellent que nombre de promoteurs des identités régionales rêvent la disparition des États-nations au profit d’une Europe des régions et des ethnies dont les fondements idéologiques sont tous sauf émancipateurs et modernes. Quiconque croit que l’invention par la Révolution française du « peuple souverain », entité politique constituée par une communauté de citoyens libres, est un progrès ne peut que se poser ces questions.

    L'uniformisation, bien plus menaçante

    Ce n’est pas un hasard si c’est la Révolution qui part en guerre contre la diversité des langues au sein de la nation française. « Le fédéralisme et la superstition parlent bas breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle italien et le fanatisme parle basque », écrit Barère de Vieuzac au Comité de salut public, reprenant les mots de l’abbé Sieyès… sur l’obscurantisme et l’ignorance qui parlent breton ou provençal. À l’idée que les citoyens, pour s’approprier la chose publique, doivent parler la même langue s’ajoute la conviction plus dangereuse que l’éradication des langues permettrait de nettoyer la mémoire et les traditions jugées réactionnaires. Ou comment passer du rêve d’émancipation de l’humanisme et des Lumières au fantasme de l’homme nouveau…

     

    « L’apprentissage des langues minoritaires ne menace pas le français. Les élèves ont d’excellents résultats, la maîtrise d’une langue renforce celle de l’autre. »

     

    Deux siècles plus tard, la situation est-elle comparable ? Ce qui fragilise la République, la communauté nationale et la langue française, ce ne sont pas les langues qui portent l’histoire de ce morceau de planète devenu la France et que caractérise la diversité de ses climats, de ses paysages, dont les langues, les modes de vie et l’architecture sont le visage, mais la déferlante effroyable de l’uniformisation culturelle induite par la globalisation. Faut-il interdire les panneaux indicateurs en breton quand chaque enseigne, chaque publicité, affiche des mots anglais comme gage supposé de modernité ?

    Chacun est composé de strates identitaires

    « L’humanité, déplore Claude Lévi-Strauss dans les dernières pages de Tristes Tropiques, s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. » Encore faut-il s’entendre sur ce qu’on entend par « civilisation ». L’apprentissage des langues minoritaires dans les écoles ne menace pas le français, au contraire. Les élèves des écoles Diwan ont d’excellents résultats, car la maîtrise d’une langue renforce celle de l’autre en portant l’attention de l’enfant sur la grammaire et les subtilités du vocabulaire. Ce qui tue plus sûrement la France est de laisser des générations d’enfants sans aucune maîtrise du français, incapables de formuler précisément leur pensée. Œuvre conjointe des réformes scolaires et du divertissement télévisuel comme arme de destruction massive de la complexité.

    Tout être humain est un composé de strates identitaires. Croire que détruire le plus charnel, le plus proche, renforcera l’État-nation, c’est ne pas comprendre que l’amour de la France est également charnel et qu’il passe par l’amour de ces « petites patries » dont parlait Jules Ferry. C’est d’empêcher des gens de pratiquer et de transmettre leur langue qui leur donne l’impression que l’effacement de l’État-nation au profit d’« eurorégions » ou de « communautés » aux contours démocratiques flous leur offrirait plus de liberté.

    La France, au contraire, est née de cette dialectique entre l’un et le divers qui fait sa richesse. Ses langues, comme ses vins et ses fromages, l’ont forgée comme nation littéraire, sensible à la façon dont on dit le monde à travers les mots et les gestes. Il s’agit désormais de savoir si nous voulons que subsiste la culture française.

    Source : https://www.marianne.net/

  • C'est aussi tout cela (tous ”ceux-là”...), la France : dans les Ephémérides cette semaine...

    Voici ce que vous trouverez cette semaine dans les Ephémérides (et, en permanence : Du passé faisons table rase.pdf )  : 

    fleur de lys campagne NM.jpg

     

     Dimanche : 1786 : Fin du voyage triomphal de Louis XVI à Cherbourg. 1793 : Les Vendéens échouent devant Nantes.  1902 : Marcel Renault remporte la course Paris-Vienne à bord d'une nouvelle Renault 4 cylindres. 1949 : Premier Journal télévisé.

     Lundi : 1470 : Naissance du futur Charles VIII. 1673 : Prise de Maastricht. 1836 : Mort de Rouget de l'Isle. 1847 : Inauguration de l'Aqueduc de Roquefavour. 1998 : Fondation des American friends of Versailles.

    Mardi : 1942 : Mort de Léon Daudet.

     Mercredi :  1270 : Saint Louis s'embarque à Aigues Mortes pour la IXème Croisade. 1619 : Mort d'Olivier de Serres. 1778 : Mort de Rousseau. 1816 : Naufrage de La Méduse. 1934 : Création de l'Armée de l'Air. 1959 : Mise en service du Pont de Tancarville. 1966 : Premier essai nucléaire à Mururoa. 1986 : Gilles Vigneault reçoit la Légion d'Honneur.

    Jeudi :  987 : Couronnement d'Hugues Capet. 1194 : Philippe Auguste, aux origines de la fonction de Garde des Sceaux. 1315 : Louis X abolit l'esclavage. 1608 : Fondation de Québec. 1642 : Mort de Marie de Médicis. 1778 : Mort à Paris de la mère de Mozart, inhumée à Saint Eustache. 1866 : Sadowa. 1940 : Début du drame de Mers-el-Kébir.

  • Un malaise identitaire qui grandit ? Certes, mais c'est le contraire qui serait étonant...

            Deux jugements de deux spécialistes, non idéologues :

            Le premier est de Magali Balent, de la Fondation Robert Schumann : "Nos démocraties font face à un malaise identitaire qui ne s'explique pas seulement par la crise économique" pointant cette réalite qui grandit, alors que tant et tant feignent de l'ignorer ou - pire... - s'en réjouissent : "Cette réalitié récente fait craindre une remise en cause de nos habitudes de vie, voire la fin de l'Europe chrétienne millénaire. L'extrême-droite prospère sur cette peur..." enchaîne-t-elle, soulignant que cette peur est exacerbée par la radicalisation d'une part des immigrés, soit dans leurs revendications, soit dans leurs attitudes (habillement etc...)

            Le second est de Hugues Lagrange, qui étudie l'impact d el'immigration sur nos sociétés. Il écrit (dans Le Déni des Cultures, Le Seuil, 2010) : "Les villes européennes sont devenues des lieux d'affrontement moral... Les étrangers qui venaient autrefois s'appliquaient à nous ressembler, ils semblent se poser aujourd'hui dans leur altérité..."

            Si les opinions publiques européennes entendaient plus souvent de leurs responsables politiques directs, ou de leurs élites, mais aussi dans les médias, un tel langage de vérité et de bon sens, aurait-on, dans toute l'Europe, et à ce point, et toujours croissant, le même "malaise identitaire" ?.....

  • Les frontières contre le virus ?, par Jean- Philippe Chauvin.

    La période du confinement forcé est propice à la lecture et à la réflexion, et ce sont des moyens utiles pour éviter de sombrer dans une forme d’hibernation intellectuelle facile mais, à plus ou moins long terme, fatale à l’intelligence et à la mesure.

    De nombreux éditorialistes poursuivent d’ailleurs leur activité, nourrissant le débat de plus ou moins bon grain, mais la lecture du Marianne de cette semaine apporte quelque réconfort au vieux royaliste que je suis, inquiet de voir certaines de ses prédictions anciennes se réaliser en direct mais soucieux de dépasser cet état pour avancer et lutter contre le fatalisme et la récidive.

    jean philippe chauvin.jpgIl est d’ailleurs toujours surprenant de constater que derrière ce titre, qui pourrait nous déplaire au regard de ce qu’il symbolise, il se trouve parfois d’excellentes choses, pas si républicaines ou, du moins, pas si « républicanistes » que cela…

    Dans cette affaire de coronavirus, les responsabilités de sa diffusion ne reposent pas, évidemment, sur les seules épaules des politiques ou de l’Etat, mais ils en ont tout de même leur part, ne serait-ce que par leur attachement à des principes qui ne résistent pas bien à la réalité des faits concrets : en disant que « le virus ne connaît pas les frontières », le gouvernement s’est fourvoyé, en oubliant des choses simples que Régis Debray avait déjà évoquées il y a quelques années dans son opuscule « éloge des frontières » qu’il faut, en ces heures particulières, relire. Natacha Polony le rappelle à son tour : « ce virus est porté par des êtres humains qui, eux, s’arrêtent aux frontières, si tant est qu’on leur demande. » Ce que disent depuis toujours les « nationistes » conséquents (j’écris ce terme que Pierre Boutang évoque dans son « Maurras » et pour le distinguer du terme de « nationalistes » qui, s’il me semble toujours valable, est parfois compliqué à expliquer, ou à défendre), c’est que la frontière n’est pas un mur toujours fermé et hostile, mais bien plutôt une muraille (Debray emploie le terme de « membrane ») qui protège et peut s’ouvrir à qui vient en paix et avec humilité. C’est un peu aussi le sens du propos de Mme Polony quand elle poursuit son raisonnement : « Il n’est pas nécessaire de fermer les frontières quand on choisit de contrôler efficacement ceux qui rentrent. C’est ce qu’ont fait la Corée ou Taïwan, avec des résultats plutôt convaincants. Contrôle de température systématique, détection à grande échelle et quarantaine. » Or, hier encore, les contrôles à l’aéroport d’Orly étaient inexistants alors que se posaient des aéronefs de pays qui ne sont pas forcément épargnés par l’épidémie… Le virus peut tranquillement se promener en suivant les grandes routes de la mondialisation : à quoi sert-il de confiner sa propre population si celles venues d’ailleurs (ou revenant au bercail tout simplement, pour certaines d’entre elles) peuvent passer en France sans qu’il soit bien vérifié qu’elles sont épidémiologiquement inoffensives ? Oublier les frontières, c’est condamner la France aux courants d’air, et peut-être accueillir, sans le savoir, le virus

     

    Pour que les frontières jouent leur rôle protecteur, encore faut-il un Etat sûr de lui et capable de se faire entendre et comprendre, de ses citoyens comme des étrangers, Etats ou personnes, et de faire respecter, concrètement et pas seulement en paroles fortes et coups de menton, la souveraineté du pays, c’est-à-dire sa liberté à être et à faire, tout simplement. Il ne s’agit pas de claironner, comme Paul Reynaud en 1940, « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », mais, pour l’Etat, d’être effectivement doté de cette autorité qui fait que l’on vous obéit, sans contrainte, presque naturellement, et que cette obéissance n’est pas soumission mais libre acceptation d’un ordre qui se doit, par essence, de protéger ceux qui se placent sous sa protection ou qui le sont, par naissance plus souvent que par choix… Les frontières marquent une séparation entre nous et les autres, et cela ne signifie pas qu’il faille détester ceux qui sont au-delà de celles-ci, bien au contraire : mais on accepte bien l’autre que si l’on aime d’abord ses prochains, ses « plus proches » donc, ceux-là qui sont nés sous la même ombre protectrice. Et aimer les siens, c’est d’abord les protéger, tout simplement !

    Il ne sera pas sans doute possible, en France, de faire l’économie d’une « révolution par le haut » pour redonner de l’autorité à l’Etat et cette capacité à incarner, durablement et de façon crédible, la puissance de la nation et son pouvoir à réagir en temps et en heure aux événements, non seulement pour éviter les pires d’entre eux, mais pour les prévenir. « Gouverner c’est prévoir, et prévenir c’est guérir », dit-on : c’est parce que la République a oublié cette leçon simple qu’elle affronte en si mauvais posture une maladie encore hier exotique et devenue aujourd’hui nôtre…

     

    Redonnez de l’autorité à l’Etat, et vous renforcerez les frontières sans avoir besoin d’agresser ni de vexer personne… Mais cela passe par une redéfinition des institutions de la France, et par la royalisation effective de la magistrature suprême de l’Etat : il n’est pas dit que la chose soit facile, mais elle s’avère sans doute nécessaire pour redonner force et crédibilité à un Etat aujourd’hui bafoué et incapable de contrôler ses propres portes d’entrée sur le territoire…

  • Bernanos........La Société des machines contre les hommes, par Frédéric Poretti-Winkler.

    Nous savons et nous voyons les dangers d’une robotisation poussée autour de nous. Le monde professionnel subit la loi des techniques qui, au service du profit, soumettent les êtres humains à leur rythme mécanique : « les régimes jadis opposés par l’idéologie sont maintenant étroitement unis par la technique ». Nous le constatons chaque jour et de futurs drames humains arriveront. C’est face à ces périls que Bernanos est un révolutionnaire « intégral » …

    frédéric winkler.jpg« La chose est à la fois plus simple et plus compliquée. Quand la société impose à l'homme des sacrifices supérieurs aux services qu'elle lui rend, on a le droit de dire qu'elle cesse d'être humaine, qu'elle n`est plus faite pour l'homme, mais contre l`homme. Dans ces conditions, s'il arrive qu'elle se maintienne, ce ne peut être qu`aux dépens des citoyens ou de leur liberté ! Imbéciles, ne voyez-vous pas que la civilisation des machines exige en effet de vous une discipline chaque jour plus stricte ? Elle l'exige au nom du Progrès, c'est-à-dire au nom d'une conception nouvelle de la vie, imposée aux esprits par son énorme machinerie de propagande et de publicité. Imbéciles ! comprenez donc que la civilisation des machines est elle-même une machine, dont tous les mouvements doivent être de plus en plus parfaitement synchronisés ! Une récolte exceptionnelle de café au Brésil influe aussitôt sur le cours d'une autre marchandise en Chine ou en Australie ; le temps n'est certainement pas loin où la plus légère augmentation de salaires au Japon déchaînera des grèves à Détroit ou à Chicago, et finalement mettra une fois encore le feu au monde. Imbéciles ! avez-vous jamais imaginé que dans une société où les dépendances naturelles ont pris le caractère rigoureux, implacable, des rapports mathématiques, vous pourrez aller et venir, acheter ou vendre, travailler ou ne pas travailler, avec la même tranquille bonhomie que vos ancêtres ? Politique d'abord ! disait Maurras. La Civilisation des Machines a aussi sa devise : « Technique d’abord ! technique partout ! » Imbéciles ! vous vous dites que la technique ne contrôlera, au pis-aller, que votre activité matérielle, et comme vous attendez pour demain la « semaine de cinq heures » et la foire aux attractions ouverte jour et nuit, cette hypothèse n'a pas de quoi troubler beaucoup votre quiétude. Prenez garde, imbéciles ! Parmi toutes les Techniques, il y a une technique de la discipline, et elle ne saurait se satisfaire de l'ancienne obéissance obtenue vaille que vaille par des procédés empiriques, et dont on aurait dû dire qu'elle était moins la discipline qu'une indiscipline modérée. La Technique prétendra tôt ou tard former des collaborateurs acquis corps et âme à son Principe, c'est-à-dire qui accepteront sans discussion inutile sa conception de l'ordre, de la vie, ses Raisons de Vivre. Dans un monde tout entier voué à l`Efficience, au Rendement, n'importe-t-il pas que chaque citoyen, dès sa naissance, soit consacré aux mêmes dieux ? La Technique ne peut être discutée, les solutions qu'elle impose étant par définition les plus pratiques. Une solution pratique n’est pas esthétique ou morale. Imbéciles ! La Technique ne se reconnaît-elle pas déjà le droit, par exemple, d'orienter les jeunes enfants vers telle ou telle profession ? N'attendez pas qu`elle se contente toujours de les orienter, elle les désignera. Ainsi, à l`idée morale, et même surnaturelle, de la vocation s’oppose peu à peu celle d'une simple disposition physique et mentale, facilement contrôlable par les Techniciens. Croyez-vous, imbéciles, qu'un tel système, et si rigoureux, puisse subsister par le simple consentement ? Pour l`accepter comme il veut qu'on l'accepte, il faut y croire, il faut y conformer entièrement non seulement ses actes mais sa conscience. Le système n'admet pas de mécontents… Il n'y a rien de plus mélancolique que d'entendre les imbéciles donner encore au mot de Démocratie son ancien sens. Imbéciles ! Comment diable pouvez-vous espérer que la Technique tolère un régime où le technicien serait désigné par le moyen du vote, c'est-à-dire non pas selon son expérience technique garantie par des diplômes, mais selon le degré de sympathie qu'il est capable d'inspirer à l`électeur ? La Société moderne est désormais un ensemble de problèmes techniques à résoudre……chaque progrès de la Technique vous éloigne un peu plus de la démocratie rêvée jadis par les ouvriers idéalistes du faubourg Saint-Antoine. Il ne faut vraiment pas comprendre grand-chose aux faits politiques de ces dernières années pour refuser encore d'admettre que le Monde moderne a déjà résolu, au seul avantage de la Technique, le problème de la Démocratie. Les Etats totalitaires, enfants terribles et trop précoces de la Civilisation des Machines, ont tenté de résoudre ce problème brutalement, d'un seul coup…On peut être sûr que c'est parmi leurs anciens adversaires, dont elles apprécient l'esprit de discipline, qu'elles recruteront bientôt leurs principaux collaborateurs; elles n'ont que faire des idéalistes, car l'Etat technique n'aura demain qu'un seul ennemi : « l'homme qui ne fait pas comme tout le monde » - ou encore : « l’homme qui a du temps à perdre » - ou plus simplement si vous voulez : « l'homme qui croit à autre chose qu'à la Technique » » (La France contre les robots). Librement consenti au départ, voir même encouragé, l’homme par négligence, par confort, va mettre en place les outils de son malheur, de son esclavage. Il va par ingéniosité, promouvoir des techniques qui, non seulement le remplaceront à terme, mais feront de lui, un être dégénéré, que l’inutilité de son savoir, perdu avec le temps, feront disparaître. C’est déjà ce que l’on constate au travers des supermarchés, des banques, des industries, l’intelligence artificielle, les robots ménagers, les drones et futures chiens-robots de combat ! Que deviendront les hommes devenus inutiles ? Quelle sera la part charitable, sociale pour une ménagère, aux fins de mois difficiles, face à un ordinateur chargé de lui réclamer un découvert ?
    « La Civilisation des Machines a-t-elle amélioré l’homme ? Ont-elles rendu l’homme plus humain ? Je pourrais me dispenser de répondre, mais il me semble cependant plus convenable de préciser ma pensée. Les machines n’ont, jusqu’ici du moins, probablement rien changé à la méchanceté foncière des hommes, mais elles ont exercé cette méchanceté, elles leur en ont révélé la puissance n’avait pour ainsi dire pas de bornes. Car les limites qu'on a pu lui donner au cours des siècles sont principalement imaginaires, elles sont moins dans la conscience que dans l’imagination de l'homme. C ‘est le dégout qui nous préserve souvent d'aller au-delà d'une certaine cruauté - la lassitude, le dégoût, la honte, le fléchissement du système nerveux – et il nous arrive plus souvent que nous le pensons de donner à ce dégoût le nom de pitié. L'entrainement permet de surmonter ce dégoût. Méfions-nous d'une pitié que dieu n'a pas bénie, et qui n‘est qu'un mouvement d'entrailles. Les nerfs de !'homme ont leur contradiction, leurs faiblesses, mais la logique du mal est stricte comme l’Enfer; le diable est le plus grand des Logiciens - ou peut-être, qui sait ? – la Logique même ? » (Georges Bernanos, La France contre les robots)
    F. PORETTI-Winkler (http://boutique-royaliste.fr/index.php…) à suivre..

  • Dans le monde, et dans notre Pays légal en folie : la revue de presse de lafautearousseau...

    Le nouveau jeu de la "racaille" : attraper des piétons en voiture et les faire courir. Regardez jusqu'au bout...

    34 secondes d'horreur, inimaginable, impensable chez nous il y a encore quelques années. Et, pour une fois, lafautearousseau pas d'accord du tout avec Gilbert Collard :

    Gilbert Collard
    "Regardez le nouveau jeu cruel de la racaille ricanante : il est temps qu'elle aille faire mumuse en prison ! Y en a marre !"
     
    1A7.jpg
    Non, Gilbert Collard : ce n'est pas en prison qu'il faut mettre cette racaille-là ! Il faut en expurger la France, soit par expulsion immédiate, s'il s'agit d'étrangers; soit par déchéance de nationalité et expulsion immédiate s'il s'agit de "français de plastique". Certes, il faut pour cela changer radicalement nos lois... et en profiter pour changer de Système, et nous débarrasser de notre actuel, qui a précisément créé les conditions de l'horreur que nous voyons là, par sa politique voulue et assumée d'invasion démographique de la France...
     
    Une politique de libération nationale, vite ! 

    1. Dans Le courrier des stratèges, cet intéressant article d'Édouard Husson, qui se termine par ces mots :

    "...Éduquer les français à la liberté, refaire les forces de la nation, redevenir un exemple pour le monde, cela  demande un sursaut collectif, auquel  devront coopérer toutes les classes de la société. C’est un redressement d’une génération. Autant le commencer tout de suite."

    C'est bien analysé, bien vu, bien dit. On ne peut que conseiller à Édouard Husson et à tous ceux qui veulent "sauver et reconstruire" la lecture de L'Avenir de l'Intelligence, d'un certain... Charles Maurras...

    https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/01/05/malheur-au-pays-dont-le-roi-est-un-enfant-comment-sortir-de-la-malediction-macron/

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    1 BIS. À propos de la déclaration scandaleuse de Macron : Nils Passedat, maire de Lavaurette (dans le Tarn-et-Garonne) a fait retirer le portrait de Macron de sa Mairie et s'en explique : "de tels propos dans la bouche du chef de l’État insultent à la fois une partie des Français et d’autre part la fonction présidentielle"... :

    https://www.huffingtonpost.fr/entry/maire-lavaurette-retire-le-portrait-de-macron-apres-sa-sortie-polemique_fr_61d98569e4b061afe3b32541?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1641650286

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    3. Une fine analyse de Nathan Devers sur CNews : le genre de société (terrifiante...) vers laquelle nous mène le Système, le Passe sanitaire n'étant qu'un prétexte à enfumage...

    (extrait vidéo 0'59)

    https://twitter.com/CNEWS/status/1480304008912945156?s=20

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    4. (source Freelanceinfos) Emmanuel Macron et Valérie Pécresse, liés par "l’affaire Alstom" ? 

    https://freelanceinfos.fr/emmanuel-macron-et-valerie-pecresse-lies-par-laffaire-alstom/

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    Cliquez sur l'image pour l'agrandir

     

    5. Quand Ruquier lui-même le dit... Il en deviendrait presque sympathique...

    https://twitter.com/CeliaBondoufle/status/1480799296823906307?s=20

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    6. Et Dupond Moretti qui nous disait qu'il n'y avait pas d'insécurité en France, mais "un sentiment d'insécurité". Au sujet du déplacement électoral du candidat Macron à Nice et la vammée de la Roya, lfar d'accord avec Laurent Merengone (sur tweeter) :

    "Quand Macron vient à Nice et en plus dans mon quartier, j’ai l’impression d’être dans une ville en guerre ! Quartier bouclé sur 800 m, policier en masse, snipers sur les toits, CRS en mode robocop, rues fermées devant les écoles ! Macron victime du « sentiment d’insécurité » ?"

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    À noter : lors de ce déplacement où un candidat profite sans vergogne de ce que procure un poste officiel (président de la république), une femme - qui n'a pas froid aux yeux - a montré ses mains à Macron, sans dire un mot ne faire aucun autre geste; sur ses deux mains était écrit "je t'emmerde". Si Macron ne connaissait pas l'effet boomerang, ou s'il ne savait pas que, si l'on crache en l'air, cela vous retombe dessus, maintenant il le sait !

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    https://www.bfmtv.com/cote-d-azur/face-a-emmanuel-macron-a-tende-une-femme-brandit-le-message-je-t-emmerde-sur-ses-mains_AV-202201100516.html?fbclid=IwAR3t6wZBB9scOsyF7IIp3QcewHeuG-DlIMdk9kUIwFOr8VN-v1UmjsinMLo

     

    7. Et l'on terminera cette série d'aujourd'hui par une question impertinente à ces soutiens de Macron qui disent l'approuver lorsqu'il déclare vouloir "emm..." les non-vaccinés : ces "Macronistes durs", approuveraient-ils la même déclaration, si un seul mot changeait ? Par exemple, si notre pauvre semble-président avait dit :

    "Les migrants, j'ai très envie de les emm..."

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    À DEMAIN !

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