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Bernanos........La Société des machines contre les hommes, par Frédéric Poretti-Winkler.

Nous savons et nous voyons les dangers d’une robotisation poussée autour de nous. Le monde professionnel subit la loi des techniques qui, au service du profit, soumettent les êtres humains à leur rythme mécanique : « les régimes jadis opposés par l’idéologie sont maintenant étroitement unis par la technique ». Nous le constatons chaque jour et de futurs drames humains arriveront. C’est face à ces périls que Bernanos est un révolutionnaire « intégral » …

frédéric winkler.jpg« La chose est à la fois plus simple et plus compliquée. Quand la société impose à l'homme des sacrifices supérieurs aux services qu'elle lui rend, on a le droit de dire qu'elle cesse d'être humaine, qu'elle n`est plus faite pour l'homme, mais contre l`homme. Dans ces conditions, s'il arrive qu'elle se maintienne, ce ne peut être qu`aux dépens des citoyens ou de leur liberté ! Imbéciles, ne voyez-vous pas que la civilisation des machines exige en effet de vous une discipline chaque jour plus stricte ? Elle l'exige au nom du Progrès, c'est-à-dire au nom d'une conception nouvelle de la vie, imposée aux esprits par son énorme machinerie de propagande et de publicité. Imbéciles ! comprenez donc que la civilisation des machines est elle-même une machine, dont tous les mouvements doivent être de plus en plus parfaitement synchronisés ! Une récolte exceptionnelle de café au Brésil influe aussitôt sur le cours d'une autre marchandise en Chine ou en Australie ; le temps n'est certainement pas loin où la plus légère augmentation de salaires au Japon déchaînera des grèves à Détroit ou à Chicago, et finalement mettra une fois encore le feu au monde. Imbéciles ! avez-vous jamais imaginé que dans une société où les dépendances naturelles ont pris le caractère rigoureux, implacable, des rapports mathématiques, vous pourrez aller et venir, acheter ou vendre, travailler ou ne pas travailler, avec la même tranquille bonhomie que vos ancêtres ? Politique d'abord ! disait Maurras. La Civilisation des Machines a aussi sa devise : « Technique d’abord ! technique partout ! » Imbéciles ! vous vous dites que la technique ne contrôlera, au pis-aller, que votre activité matérielle, et comme vous attendez pour demain la « semaine de cinq heures » et la foire aux attractions ouverte jour et nuit, cette hypothèse n'a pas de quoi troubler beaucoup votre quiétude. Prenez garde, imbéciles ! Parmi toutes les Techniques, il y a une technique de la discipline, et elle ne saurait se satisfaire de l'ancienne obéissance obtenue vaille que vaille par des procédés empiriques, et dont on aurait dû dire qu'elle était moins la discipline qu'une indiscipline modérée. La Technique prétendra tôt ou tard former des collaborateurs acquis corps et âme à son Principe, c'est-à-dire qui accepteront sans discussion inutile sa conception de l'ordre, de la vie, ses Raisons de Vivre. Dans un monde tout entier voué à l`Efficience, au Rendement, n'importe-t-il pas que chaque citoyen, dès sa naissance, soit consacré aux mêmes dieux ? La Technique ne peut être discutée, les solutions qu'elle impose étant par définition les plus pratiques. Une solution pratique n’est pas esthétique ou morale. Imbéciles ! La Technique ne se reconnaît-elle pas déjà le droit, par exemple, d'orienter les jeunes enfants vers telle ou telle profession ? N'attendez pas qu`elle se contente toujours de les orienter, elle les désignera. Ainsi, à l`idée morale, et même surnaturelle, de la vocation s’oppose peu à peu celle d'une simple disposition physique et mentale, facilement contrôlable par les Techniciens. Croyez-vous, imbéciles, qu'un tel système, et si rigoureux, puisse subsister par le simple consentement ? Pour l`accepter comme il veut qu'on l'accepte, il faut y croire, il faut y conformer entièrement non seulement ses actes mais sa conscience. Le système n'admet pas de mécontents… Il n'y a rien de plus mélancolique que d'entendre les imbéciles donner encore au mot de Démocratie son ancien sens. Imbéciles ! Comment diable pouvez-vous espérer que la Technique tolère un régime où le technicien serait désigné par le moyen du vote, c'est-à-dire non pas selon son expérience technique garantie par des diplômes, mais selon le degré de sympathie qu'il est capable d'inspirer à l`électeur ? La Société moderne est désormais un ensemble de problèmes techniques à résoudre……chaque progrès de la Technique vous éloigne un peu plus de la démocratie rêvée jadis par les ouvriers idéalistes du faubourg Saint-Antoine. Il ne faut vraiment pas comprendre grand-chose aux faits politiques de ces dernières années pour refuser encore d'admettre que le Monde moderne a déjà résolu, au seul avantage de la Technique, le problème de la Démocratie. Les Etats totalitaires, enfants terribles et trop précoces de la Civilisation des Machines, ont tenté de résoudre ce problème brutalement, d'un seul coup…On peut être sûr que c'est parmi leurs anciens adversaires, dont elles apprécient l'esprit de discipline, qu'elles recruteront bientôt leurs principaux collaborateurs; elles n'ont que faire des idéalistes, car l'Etat technique n'aura demain qu'un seul ennemi : « l'homme qui ne fait pas comme tout le monde » - ou encore : « l’homme qui a du temps à perdre » - ou plus simplement si vous voulez : « l'homme qui croit à autre chose qu'à la Technique » » (La France contre les robots). Librement consenti au départ, voir même encouragé, l’homme par négligence, par confort, va mettre en place les outils de son malheur, de son esclavage. Il va par ingéniosité, promouvoir des techniques qui, non seulement le remplaceront à terme, mais feront de lui, un être dégénéré, que l’inutilité de son savoir, perdu avec le temps, feront disparaître. C’est déjà ce que l’on constate au travers des supermarchés, des banques, des industries, l’intelligence artificielle, les robots ménagers, les drones et futures chiens-robots de combat ! Que deviendront les hommes devenus inutiles ? Quelle sera la part charitable, sociale pour une ménagère, aux fins de mois difficiles, face à un ordinateur chargé de lui réclamer un découvert ?
« La Civilisation des Machines a-t-elle amélioré l’homme ? Ont-elles rendu l’homme plus humain ? Je pourrais me dispenser de répondre, mais il me semble cependant plus convenable de préciser ma pensée. Les machines n’ont, jusqu’ici du moins, probablement rien changé à la méchanceté foncière des hommes, mais elles ont exercé cette méchanceté, elles leur en ont révélé la puissance n’avait pour ainsi dire pas de bornes. Car les limites qu'on a pu lui donner au cours des siècles sont principalement imaginaires, elles sont moins dans la conscience que dans l’imagination de l'homme. C ‘est le dégout qui nous préserve souvent d'aller au-delà d'une certaine cruauté - la lassitude, le dégoût, la honte, le fléchissement du système nerveux – et il nous arrive plus souvent que nous le pensons de donner à ce dégoût le nom de pitié. L'entrainement permet de surmonter ce dégoût. Méfions-nous d'une pitié que dieu n'a pas bénie, et qui n‘est qu'un mouvement d'entrailles. Les nerfs de !'homme ont leur contradiction, leurs faiblesses, mais la logique du mal est stricte comme l’Enfer; le diable est le plus grand des Logiciens - ou peut-être, qui sait ? – la Logique même ? » (Georges Bernanos, La France contre les robots)
F. PORETTI-Winkler (http://boutique-royaliste.fr/index.php…) à suivre..

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