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  • Humeur : Un professeur s'est suicidé...

               Un professeur, âgé de 38 ans, a été retrouvé pendu à son domicile, le vendredi 19 septembre. La veille, il avait été placé en garde à vue quelques heures à la gendarmerie à la suite d'une plainte déposée par un élève de 15 ans. Lequel l'accusait de lui avoir donné un coup de poing, le mardi précédent, dans une salle de classe, ce que l'enseignant niait.

               Le syndicat Snes-FSU de l'Aisne a réagi après le suicide d'un enseignant :

            
              "Une fois de plus, on peut s'interroger sur la disproportion des moyens policiers mis en oeuvre avec la nature des faits reprochés à ce professeur" d'un collège près d'Hirson (Aisne), s'interroge le syndicat enseignant dans un communiqué. Jusque là, on est d'accord. Mais le Snes voit dans ce drame "l'illustration de la dégradation de la situation de tous les enseignants, qui doivent faire face dans leur quotidien à des jeunes qui sont de moins en moins encadrés par des personnels qualifiés en nombre suffisants". 

              C'est à pleurer ! Toujours cette unique rengaine - stupide au demeurant...- pour expliquer la situation : faute de moyens ! Mais ce n'est pas une question de moyens, c'est une question d'éducation des enfants, et d'orientation de ces mêmes enfants ! Comment le Snes, peuplé malgré tout de gens qui, même si nous ne partageons bien sûr pas leurs idées, ne sont quand même pas des gens privés de raison..., comment donc le Snes peut-il tenir des raisonnements (!) pareils ?

              Comment ne voit-il pas que sa réaction est foireuse, et qu'elle ne tient pas ? Tous les  enseignants sont en danger depuis que la politique folle du Ministère, voulue et imposée par le Snes lui-même, a rempli les collèges (et les lycées…) de dizaines de milliers d’enfants qui n’y ont pas leur place. Ces enfants qui s'ennuient et qui ne peuvent pas suivre, finissent par s'aigrir de ce qu'ils sentent confusément au fond d'eux-mêmes : je ne suis pas au niveau. Alors que ce n'est pas une question d'être au niveau, c'est une question d'être à sa place. Ces enfants ne sont pas stupides, ils ont tous leur richesse, leur qualité, leur valeur unique.

              Tout simplement la démagogie du Ministère et de la gauche enseignante (c'est-à dire du Snes !) à prétendu les maintenir à l'école, dans des études théoriques, pendant de longues années, qui leur paraissent interminables, alors qu'ils ont le goût du concret, et qu'ils voudraient spontanément goûter vite à la vraie vie. D'où forcément des tensions qui ne peuvent qu'apparaitre à la longue entre des enseignants tenus de maintenir certaines exigences et des élèves incapables de satisfaire à ces exigences; à tout moment la situation peut dégénerer, les enfants ayant très bien compris le fonctionnement du système : il suffit à n'importe qui de dire "le prof est raciste" ou "le prof m'a tapé" pour être au moins écouté, compris, appuyé par tout un tas d'adultes : pourquoi les enfants se gêneraient-ils ?...

              Certes, là comme ailleurs, il faut se garder de généraliser, et de simplifier à outrance la situation. Pourtant ce que nous venons de décrire rapidement est bien le quotidien de très nombreux enseignants.

              Qoui qu'il en soit, dans le cas qui nous préoccupe ici, on ne saura jamais la vérité. Un homme est mort, pourtant. Et à la télévision, apparaissant très peu de temps après les faits, l'élève affirmant avoir reçu un coup de poing (et avoir eu une dent cassé...) a manifestement fait preuve d'une capacité de récupération physique extrêmement importante ! On se serait attendu à voir un visage au moins tuméfié, mais non ! Il a accusé son professeur, et la gendarmerie (moins prompte à sévir dans les banlieues semble-t-il...) a mis ce professeur en garde à vue, illico. Et maintenant il s'est pendu.

              On ne joue pas impunément avec la vie, par idéologie; les idéologies, ça tue aussi : ça peut tuer les corps, aussi bien que les esprits et les âmes..... Il serait temps que le grand pourvoyeur d'idéologie pernicieuse qu'est le Snes s'en rende compte.....  

  • Humeur et libres propos: Doit-on -mais le peut-on ?...- ”se battre” pour le Tibet (mais aussi pour le Darfour et ...pour

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              Mais il y a autre chose: lorsqu'on prétend donner des leçons aux autres, c'est sinon parce qu'on est parfait soi-même, du moins que l'on est au moins, un peu meilleur, un peu plus en avance que ces autres à qui l'on fait la leçon. La république française est-elle si assurée de son "avance" pour parler comme elle le fait ?

              N'en prenons qu'un seul exemple, polémique certes, mais pourtant bien vrai: qu'est-ce que c'est que ce système, cette république qui laisse un grand nombre de ses personnes âgées côtoyer la précarité -passant même souvent en dessous du seuil de pauvreté...- avec des retraites indécentes (alors qu'elles ont travaillé et cotisé honnêtement toute leur vie...), et qui prétend dire ce qu'il faut faire ailleurs aux autres ? qui prétend sauver le Darfour, le Tibet, alors qu'elle n'est même pas capable, chez elle, de faire vivre décemment celles et ceux qui auraient droit à des conditions de vie décentes et à qui ces conditions de vie ne sont pas assurées ? Et si la république commençait par balayer devant sa porte ?.....

              Et si avant de dire aux autres ce qu'ils doivent faire chez eux, elle s'interrogeait elle-même sur ce qu'elle doit faire chez elle, ici, et qu'elle ne fait pas, ou si mal ? De quel droit parle-t-elle avec supériorité aux autres ? Quels sont les succés qui lui donnent autorité pour parler, et pour décréter souverainement où est le bien et ce qu'il faut faire....ailleurs dans le vaste monde ? La république française ferait mieux de s'occuper de la France qui, à cause d'elle, va très mal. A la différence de l'époque des Rois, où l'on regardait la France avec envie, quand les autres parlent de nous c'est le plus souvent avec commisération, pour nos retards, nos scléroses, nos blocages, nos échecs...dont est responsable la république. Quand les allemands, du haut de leurs 350 milliards d'euros d'excédents de leur balance commerciale, parlent de notre économie et de nos 50 milliard de déficit de la même balance commerciale, croit-on qu'ils aient la moindre idée, la moindre envie, la moindre tentation -ne fut-ce qu'un instant- de nous prendre pour des modèles ? N'auraient-ils pas plutôt furieusement tendance, hélas, à se moquer de nous ?

              ....Alors arrêtons de pérorer, de jacasser, et de faire comme le coq Chantecler d'Edmond Rostand: sur son tas de fumier, il lance ses cocoricos, persuadé que c'est cela qui fait se lever le soleil ! Pauvre Chantecler, pauvre république ! S'imagine-t-on sérieusement que la Chine, avec son milliard et demi d'habitants, va trembler parce qu'Ariane Mnouchkine -fervente révolutionnaire- a froncé les sourcils et à dit, telle la maîtresse de maternelle qui gronde le bout de chou de quatre ans: "c'est pas bien !" ? Ou croit-on que les marchands d'esclaves arabo-musulmans du Soudan vont arrêter leur commerce millénaire de chair humaine parce que, dans un salon parisien, Bernard-Henry Lévy -entre une louche de caviar et une assiette de truffes- a dit lui aussi "c'est très laid !" ?

              On ferait mieux, au vu de ce que la république a fait de la France, d'en revenir aux fondamentaux. La France est dans un si triste état qu'elle ne peut plus sérieusement songer à s'occuper....que d'elle même ! Ce sera déjà bien suffisant si on y arrive ! Arrêtons de nous occuper du Tibet, du Darfour ! Encore une fois, bien sûr que nous sommes des citoyens du monde, et que nous ne pouvons qu'être navrés et désolés de voir ce qui se passe là-bas. Et bien sûr que, comme tout le monde, si nous possédions la baguette magique qui permet d'accomplir tous les rêves, nous ferions nous aussi un monde sans génocide, Mais bon, quand on a dit ça, on n'a rien dit.....

              Sans compter qu'elle est mal placée, la république, pour parler de génocide: elle qui a décrété le premier génocide des temps modernes, celui de la Vendée.....Les chinois marxistes ne font que refaire -comme Hitler et comme Staline et comme Pol Pot...- ce que leur a appris la Convention. C'est la république qui, la même année 1793, a proclamé a la face du monde le Totalitarisme moderne, à planifié le premier génocide des temps modernes, s'est trouvé à la base de l'une des sources du racisme moderne par les torrents de haine qu'elle a déversé sur Marie Antoinette et la famille royale, et qui a entamé le long massacre d'un petit enfant sans défense, inaugurant par là-même l'époque où plus aucun sentiment sacré ne tient devant le pouvoir, qui représente tout...          (à suivre...)

  • Question/sondage du Figaro: Êtes-vous pour l’édification d’une grande mosquée à Marseille ?

                Le 5 novembre, Le Figaro posait en effet cette question/sondage à ses lecteurs.

                Comme nous répondons deux fois Non à cette question, il nous a paru utile d'expliquer pourquoi.

    marseille mosquee.jpg
    Minaret de 25 mètres et "financements extérieurs": si certains s'imaginent
    qu'une fois dans la place les "financements extérieurs" resteront muets.....

               Premier Non : Non, car le peuple français n’a pas été consulté sur la présence d’une communauté musulmane sur son sol. Légale, peut-être, celle-ci, n’est donc certainement pas légitime. « On » -c'est-à-dire le Système, la république idéologique qui nous gouverne- "on" nous change nos paysages, nos villes, notre population sans nous demander notre avis, alors que nous payons de plus en plus d’impôts de plus en plus lourds. Qui paye, commande. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, et commençons par le commencement. Qu’on demande d’abord son avis au peuple, et –pour la construction de mosquée destinée à une population qui n’est pas souhaitée- on verra après….

                Deuxième Non : Non, car dans cette mosquée, on va faire quoi ? Les idiots utiles dont parle Lénine, et les escrocs manipulateurs qui tirent les ficelles diront –nous prenant pour des niais- : on va prier.  Oui, certes. Mais, à côté, on va faire cette monstruosité qu'est l' école coranique, qui ne porte son nom d’école que par anti-phrase, car elle est tout le contraire d‘une école, qui éduque, qui forme et ouvre à la vie de l’esprit ; elle est la destruction irrémédiable du cerveau d’un enfant sans défense. La pseudo "école" coranique va broyer, démolir, détruire irrémédiablement cette promesse d’intelligence, en lui faisant répéter interminablement, jusqu'à la nausée, des phrases apprises par coeur et mécaniquement, sans la moindre réflexion, sans la moindre compréhension: tout le contraire de l'ouverture et de la formation de et à l'esprit critique. 

                Entendons-nous bien: ce n'est évidemment pas d'apprendre par coeur qui est critiquable, et -en soi- révoltant: cela développe plutôt la mémoire, ce qui est une excellente chose. Mais peut-on comparer un ado qui apprend par coeur des dizaines de vers de Racine ou de Verlaine, à l'âge où il peut goûter le sens de ce qu'il découvre (et apprend par plaisir) avec un enfant en bas âge, à qui l'on impose un texte d'adulte (doux euphémisme pour le Coran...), mélange de réflexions théologiques, de préceptes moraux et de règles de vie auxquelles il est bien évident qu'il ne peut pas comprendre grand'chose, en plus à l'âge qu'il a. On ne lui demande d'ailleurs pas de comprendre, mais d'ingurgiter....

                Oui, l'école coranique, c'est "ça": tout le contraire de la formation : déformation irréversible d’un petit cerveau sans défense, elle est l’horreur absolue, la monstruosité totale, le contraire de l’éducation, de la formation; elle est la des-éducation totale et irréversible, la dé-formation sans retour : un crime impardonnable. Que cela existe dans le monde musulman, c'est bien triste pour tous ces pauvres enfants éteints à jamais. Et cela explique d'ailleurs beaucoup de choses sur l'état de sociétés de ces pays.... Mais nous n'y pouvons rien, car nous n'avons évidemment pas juridiction pour agir dans ces pays. Par contre, ici c'est chez nous, et "ça", la prétendue "école" coranique, c'est une horreur à ne jamais tolérer chez nous.

                Dernière chose: tout ce qui se fera dans cette mosquée se fera, évidemment, en langue arabe, et non en français. Bonjour l'intégration et l'assimilation ! Désolés, mais nous, on n’est décidemment pas d’accords…

     

    PS 1: résultat de la question/sondage du 5 novembre, publié le 6: 

    Êtes-vous pour l’édification d’une grande mosquée à Marseille ?

    Le vote est clos. Vous êtes 34252 à y avoir participé.

    oui
    .
    29.84%
    .
    non
    .
    70.16%
    PS 2 : Nous remettons ici l'un de nos sourires du dimanche : il nous semble vraiment, qu'il s'impose, là.....  Enquête_à_Marseille.jpg
  • Marion Maréchal-Le Pen à Politique magazine : « Le plafond de verre est une légende médiatique »

     

    Député du Vaucluse, benjamine de l’Assemblée nationale, candidate malheureuse aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marion Maréchal-Le Pen tire, pour Politique magazine [février 2016], les enseignements de la défaite du FN et entend rebondir pour une prochaine victoire. Intéressant entretien, qui ne nous fait pas croire davantage aujourd'hui qu'hier à la possibilité d'un bonne république en France. Mais qui confirme l'image positive qui est celle de Marion Maréchal-Le Pen. Une exception rare dans le monde politique français ... LFAR

     

    Quelles leçons tirez-vous des élections régionales ?

    Malgré la déception des résultats, je retiens quelques faits extrêmement positifs. Des faits inédits. En Paca, je pense en particulier aux invitations que nous ont adressées un certain nombre d’institutions comme l’évêché de Toulon, la chambre de commerce et d’industrie, les syndicats patronaux comme le Medef ou la CGPME. Cela aurait été inimaginable il y quelques années ! Cette campagne des régionales, où nos candidats ont été traités à l’égal des autres, a en quelque sorte institutionnalisé le Front national en tant que force politique. Par ailleurs, seul contre tous, le FN a enregistré des scores historiquement hauts. Partout, il a progressé en nombre de voix. Dans le Vaucluse, où j’ai été élue, il a même obtenu la majorité absolue. C’est pourquoi je répète que le fameux « plafond de verre » est une légende médiatique qui ne résiste pas à l’analyse.

    Le « plafond de verre », n’est-il pas tout simplement cette capacité des institutions étatiques, politiques, médiatiques, à se coaliser contre vous ?

    On peut le dire comme cela… C’est ce front soi-disant républicain qui est une invention des élites. J’en veux pour preuve que nous sommes majoritaires dans toutes les tranches d’actifs, même chez les chefs d’entreprise. Et pourtant, quelqu’un comme Pierre Gattaz, président du Medef, se permet de faire campagne contre nous. Le but de ce front soi-disant républicain est de créer un climat anxiogène autour d’une possible victoire du Front national. Sont ainsi téléguidés jusqu’aux urnes des électeurs dont l’unique motivation est de l’empêcher de gagner. Cela dit, je suis convaincue que le FN a aujourd’hui remporté la bataille des idées. A nous maintenant de faire la démonstration de nos compétences de gestionnaires. Mais cela prend du temps.

    Le FN ne doit-il pas se poser la question des alliances pour espérer l’emporter ?

    Je n’ai pas d’opposition de principe à des alliances électorales, surtout à l’échelon local. Aux départementales, le FN s’est désisté au profit de la Ligue du Sud de Jacques Bompard qui a, d’ailleurs, oublié de lui rendre la pareille aux régionales. Mais passons ! En revanche, il paraît difficilement envisageable de nouer une alliance au niveau national avec Les Républicains dont les positions officielles sont trop éloignées des nôtres sur la plupart des sujets. Il ne s’agit quand même pas de vendre son âme. De toute façon, l’état-major des Républicains n’est pas du tout dans cette optique. Le problème de ce parti, c’est la déconnexion entre ses cadres, d’une sensibilité centriste farouchement hostile à nos idées, et sa base électorale, plutôt RPR de tradition, dont une large part est favorable à des alliances avec le FN pour battre la gauche.

    Au-delà des questions électorales, qu’attendez-vous du séminaire qui va réunir le parti début février ?

    Nous devons être capables de dresser le bilan et de faire notre autocritique. En particulier sur la question de la sortie de l’euro car la position du FN est inaudible et caricaturée au point d’effrayer certains de ses propres électeurs. A mon avis, il faut la remettre à la place qui est la sienne et ne pas en faire l’étendard de notre programme. Compte tenu des réalités, une sortie de l’euro ne pourrait intervenir qu’après des réformes structurelles, dans un cadre référendaire et en concertation avec nos partenaires européens. Le FN doit globalement être plus audible sur les sujets économiques : code du travail, emploi, fiscalité… Cela dit, la question identitaire est aujourd’hui au centre de toutes les préoccupations, devant l’insécurité et le chômage. Cela se vérifie dans tous les sondages. Les Français ne veulent pas perdre leur mode de vie.

    Il y a visiblement deux discours au sein du FN. L’un au Nord de la France, qui enfourche plutôt des thématiques de gauche. L’autre au Sud, nettement marqué à droite. Comment réaliser la synthèse ?

    En réalité, cette dichotomie est très relative. La structure du vote FN est sensiblement la même dans le Nord et dans le Sud : zones de déclassement, classes populaires et moyennes, préoccupations sécuritaires et identitaires, volonté de soutien aux TPE-PME… Les différences tiennent à des particularités locales d’ordre historique. Il est vrai que dans le Nord-Pas-de-Calais, de tradition socialiste, une partie de l’électorat de gauche a basculé vers le FN. Il est de ce fait sans doute plus sensible à certaines thématiques sociales. Mais ce phénomène n’est pas récent : d’une ampleur moindre, il existait déjà du temps de Jean-Marie Le Pen. De manière générale, le vote FN réunit déçus de la gauche et électeurs résolument de droite.

    Pourtant, certains semblent vouloir situer le parti au-delà du clivage gauche-droite traditionnel. N’est-ce pas utopique ?

    Je suis une femme de droite. D’ailleurs la ligne ni droite-ni gauche dont vous parlez est, au fond, une position de droite. C’était celle de De Gaulle. Ne nous cachons pas : il y a aussi une question de stratégie, tout à fait légitime cependant, qui consiste à renvoyer dos-à-dos les propositions de nos adversaires, convergentes sur bien des sujets. C’est bien pourquoi la marge de manœuvre du FN réside aujourd’hui dans l’électorat de droite.

    A l’heure où l’on ne cesse de parler de faire de la politique « autrement ». Neuf Français sur dix ne font pas confiance aux partis politiques. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    C’est le drame français : notre peuple est passionné par la politique et désespéré par sa classe dirigeante qui l’a trahi de trop nombreuses fois. L’une des plus ignominieuses de ces trahisons fut l’adoption en douce du traité de Lisbonne que les Français avaient rejeté démocratiquement. Pour moi, faire de la politique autrement, c’est justement savoir dire « non », défendre les intérêts français, tenir ses promesses. Au FN, on demande à être jugé sur pièce. Pour ma part, je n’ai pas de plan de carrière, ni d’ambition à très long terme en politique. Si je pouvais éviter de finir par ressembler à ces vieux crocodiles attachés désespérément à leur fauteuil…

    Dans Une élection ordinaire, Geoffroy Lejeune vous fait quitter le FN pour rejoindre une grande coalition conservatrice issue de la société civile. Crédible ?

    C’est un roman selon ses vœux ! Dans la réalité de notre système institutionnel, un tel scénario est voué à l’échec. ll est bien évident que personne ne peut partager 100% des positions d’un parti. Mais sachons faire preuve de pragmatisme. Aujourd’hui, je ne vois aucun outil autre que le FN qui permette de changer les choses. En revanche, j’ai du mal à voir ce qui me sépare vraiment d’un Guaino, d’un Myard ou d’un Mariani… Si le monde était bien fait, nous devrions être unis autour d’un véritable programme de redressement pour notre pays. Mais qui sait ? Si Juppé gagne la primaire des Républicains et emporte la présidentielle dans la foulée, cela provoquera peut-être un déclic salutaire chez certains. 

  • Vers l’élection présidentielle

     

    par François Marcilhac

     

    Le moindre des paradoxes de nos institutions n’est pas que l’élection qui devait permettre de neutraliser les défauts inhérents à la république est finalement devenue, au cours des décennies, celle qui les aggrave. Nous voulons évidemment parler de l’élection du président de la république au suffrage universel.  

    Le général De Gaulle, en l’inscrivant dans la Constitution en 1962, n’avait-il pas voulu en finir avec le régime tout puissant des partis en créant, entre un exécutif ayant recouvré à la fois toute son efficience et sa réalité symbolique, et le peuple français, un lien quasi-charnel que l’assassinat du Roi, en 1793, avait rompu et qu’une Restauration, certes bénéfique pour les Français, mais malheureusement éphémère, avait été impuissante, au XIXe siècle, à renouer en profondeur ? Le président, en étant directement élu par les Français, devenait, en quelque sorte, leur « souverain », et la Ve République une monarchie républicaine. Assurément, les partis continuaient de jouer leur rôle, mais dans l’esprit des réformateurs de 1962, leur jeu se trouvait raisonné, voire neutralisé par une élection qui inscrivait dans la politique nationale la prééminence de la continuité de l’Etat et du Bien commun, incarnés par un président « au-dessus des partis », sur le jeu des intérêts particuliers et des groupes de pression.

    Certes, dès 1965, c’est-à-dire dès la première élection du président au suffrage universel, les partis se rappelèrent au souvenir du général en le mettant en ballotage. La cuirasse institutionnelle avait un défaut... celui du déni de réalité : en république, il n’est pas facile de faire rentrer dans sa « besace », comme disait Boutang, des partis qui monopolisent le système électoral lui-même. La crise algérienne passée, le général était redevenu le simple porte-parole d’une majorité politique, voire politicienne. La médiocrité croissante de ses successeurs n’allait que rendre encore plus évidente l’impossibilité à faire de la république une monarchie comme une autre. Oui, le président de la république n’est que le chef d’un clan et, entre l’ambition personnelle du candidat et l’intérêt du ou des partis — et des lobbies, souvent étrangers — qui le soutiennent, s’instaure une dialectique savante, où chacun doit trouver son compte, le peuple français étant le grand perdant d’un régime qui non seulement demeure, mais réussit le tour de force d’être chaque jour davantage à la fois celui des partis et de l’étranger — la soumission à l’ordre européen allant aujourd’hui de pair avec une politique migratoire visant à la dissolution du peuple français.

    La réduction à cinq ans du mandat présidentiel n’aura fait qu’aggraver les défauts de ce qui n’est plus et n’a peut-être jamais vraiment été le dialogue d’un homme avec ses concitoyens. D’autant que le quinquennat aura réduit la durée utile du mandat à trois ans et demi. Le spectacle offert par la classe politique depuis le second tour des régionales, qui ont lancé la campagne pour 2017, est, de ce point de vue, aussi révélateur qu’affligeant. A droite comme à gauche, on ne parle plus que de primaires, et le fait que des voix toujours plus nombreuses, à gauche, veuillent y inclure le président en exercice indique combien la fonction présidentielle a perdu de son aura — mais Hollande, en se voulant « président normal », a participé de la désacralisation de sa fonction. La généralisation des primaires elles-mêmes montre combien le candidat est devenu l’homme d’un parti et ne cherche plus à se revendiquer l’homme de la nation. Que la gauche les ait la première instituées peut se comprendre : elle n’a jamais accepté le caractère à ses yeux bonapartiste de l’élection du président de la république, même si, avec Mitterrand, elle a su en jouer. Mais que la droite s’y soit résolue prouve que celle-ci a définitivement abandonné toute teinture gaullienne et finalement seul le FN — c’est peut-être sa force, qui ne préjuge d’aucune victoire — conserve l’esprit originel des institutions en ne laissant pas des primaires désigner son candidat : Marine Le Pen s’impose, dans ce qu’elle croit être le lien qu’elle a tissé avec les Français — la réalité de ce lien est une autre affaire : le jeu électoral repose sur des semblants, qui ne sont pas tous faux pour autant.

    Ce dialogue direct du candidat avec les Français n’avait pas seulement pour objectif — trop ambitieux — de court-circuiter les partis. Comment ne pouvait-il pas en finir, par la même occasion, avec une République comme règne de l’étranger, dont les partis ont été bien souvent et demeurent les courroies de transmission ? Ruse de la république : le tout récent voyage de Juppé en Algérie démontre que, là aussi, l’élection au suffrage universel n’a fait qu’aggraver ce vice inhérent à la république. Que la visite d’un présidentiable français en Algérie soit devenu un passage obligé suffit à lui seul à démontrer combien le peuple français est devenu autre depuis des décennies : seraient-ce donc les binationaux, c’est-à-dire des citoyens dont l’allégeance est double, qui désormais décident de notre destin ? Quel sens peut avoir un dialogue entre un homme et son peuple quand ce peuple ne se définit plus seulement comme français ? « Il y a une diaspora algérienne très importante en France, qui représente une clientèle électorale de plusieurs millions de voix. Aujourd’hui, ils s’abstiennent, mais en 2012 ils ont voté massivement en faveur de François Hollande », rappelle Benjamin Stora (Le Figaro du 1er février). On comprend pourquoi Juppé lors de son voyage a déclaré que « les binationaux sont une passerelle entre nos deux pays. La France est riche de sa diversité. » Dire que De Gaulle prétendait avoir bradé l’Algérie pour que Colombey-les-deux-Églises ne devienne pas Colombey-les-deux-Mosquées. Se doutait-il que, cinquante ans plus tard, les candidats à l’élection présidentielle française devraient, pour avoir une chance de l’emporter, se fait adouber par Alger ? Et les binationaux franco-algériens sont loin d’être les seuls. Oui, dans ce contexte, la querelle sur la déchéance de nationalité paraît bien dérisoire. La question est devenue : qu’est-ce qu’un citoyen — et subsidiairement un électeur — français ?

    Un sursaut est évidemment nécessaire pour empêcher la république de poursuivre jusqu’ à la dissolution de la France sa politique mortifère. Oui, en 2017 il faudra choisir. Choisir un candidat qui soit intraitable sur la question de la survie non seulement des fondements de notre société mais de la nation elle-même, puisque nous en sommes là. Non que nous nous illusionnions sur la capacité du régime à susciter un recours, puisque, précisément, c’est pour pallier les insuffisances criminelles du régime que des recours se sont révélés nécessaires dans l’histoire — et nous ont presque toujours déçus. Royalistes, nous connaissons le nom de celui qui rendrait vaine jusqu’à la nécessité même d’un recours. Tout en agissant pour son retour — et dans l’espoir qu’il le désire autant que nous —, il nous faudra bien en l’attendant semble-espérer dans un candidat suffisamment patriote à la fois pour ne pas ressentir le besoin d’aller chercher à l’étranger sa (contre-)légitimité et pour rassembler tous les Français désireux que notre pays continue, simplement, d’exister. Nous le désignerons, le moment venu, mais il fallait bien, à l’aube de ces quinze mois de démagogie politicienne, rappeler le combat essentiel. Afin d’y prendre toute notre part. 

    L’Action Française 2000

  • SOCIETE • Kermesse en Corse : ces parents qui refusent de faire chanter leurs enfants en arabe, par Fabrice Robert*

     

    Fabrice Robert est président du bloc identitaire et n'appartient pas à notre école de pensée, dont chacun sait qu'elle est, à Lafautearousseau, dans la suite et l'esprit de l'Action française. Cela implique un corps de doctrines défini auquel n'adhèrent ni le bloc identitaire ni Fabrice Robert. Mais nous n'avons pas la religion de l'ostracisme qui est la méthode du Système pour exclure du débat public qui n'entre pas dans ses catégories. Quand l'un quelconque de nos compatriotes s'élève contre le fait que sous couvert d'intégration, on nous demande plutôt, chaque jour, de nous intégrer aux autres et se demande si le vivre ensemble est synonyme de reniement de soi, si l’intégration est un concept destiné à favoriser la désintégration de l’identité française, alors, dans le contexte actuel, nous partageons son souci, nous sommes solidaires. LFAR   

     

    4073fe4d4d950765a22034c7136ec4ff.jpegÀ Prunelli-di-Fiumorbu, en Corse, deux enseignantes ont eu une bien curieuse idée pour la fête de l’école : les élèves devaient chanter « Imagine » de John Lennon en cinq langues, dont l’arabe. C’était sans compter sur la réaction salutaire de certains parents qui ont manifesté, de manière virile, leur désaccord. Pour eux, hors de question que leurs enfants puissent chanter ne serait-ce qu’un couplet d’une chanson en arabe. Le recteur d’académie, Michel Barat, a alors dénoncé une « attitude inqualifiable contre les valeurs que représente l’école ». Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, a, pour sa part, dénoncé « le racisme au quotidien dans toute la splendeur de sa bêtise et de sa violence ».

    Considérant qu’ils ne peuvent plus exercer leur métier sereinement, les enseignants de l’école primaire ont déploré – dans un communiqué – « l’amalgame entre langue et religion » (sic). Sauf que ce type d’initiatives démontre, avant tout, que le Grand Remplacement est tout sauf une théorie. Il s’agit d’une réalité insupportable pour de très nombreux Français de souche qui vivent et constatent le Grand Remplacement dans leur immeuble, dans leur quartier, dans l’école de leurs enfants… Surtout lorsqu’on découvre la déclaration de cette enseignante : « Des parents ont précisé qu’ils ne voulaient pas que leur enfant parle arabe. Nous étions prêts à l’entendre. Sauf que certains ne voulaient même plus qu’ils viennent à l’école lors de cette demi-heure dédiée à la prononciation en arabe. Et ça, ce n’est pas possible. » La vocation de l’école républicaine est-elle donc d’enseigner à nos enfants comment prononcer des phrases en arabe ? Quoique dans certains quartiers, cela pourrait malheureusement s’avérer bien utile…

    Il faut surtout avoir conscience que tout ceci rentre dans une stratégie plus globale. Ainsi, nombreuses sont aujourd’hui les écoles élémentaires qui proposent à nos enfants de suivre des cours d’arabe gratuits. Dans une circulaire diffusée par la Direction générale de l’enseignement scolaire, on apprend que l’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises fait partie d’un programme national du ministère de l’Éducation nationale.

    Mais ce n’est pas tout. Au nom du vivre ensemble, certaines écoles décident aussi de faire découvrir les joies de l’islam aux enfants. Récemment, à Chalon-sur-Saône, les élèves de CM2 de l’école du Devoir se sont rendus en visite à la mosquée du centre-ville, où ils ont été reçus par l’imam Ahmed Belghazi. Pour la presse locale, « cette rencontre a été riche d’échanges, d’écoute et de partage. Pour ces jeunes, les mots connaissance, respect et tolérance ont pris un sens encore plus fort. » On appréciera, au passage, cette logorrhée en mode Bisounours qui tend à nous faire croire que l’islam est compatible avec les valeurs de la société française. D’ailleurs, lors de la première réunion de l’instance de dialogue avec l’islam en France, qui s’est tenue le 15 juin, Manuel Valls a été très clair : « L’islam est en France pour y rester. Il faut donc mener le combat des consciences, et faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Message reçu par Amar Lasfar, le président de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), qui a demandé, dès le lendemain, que l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Adha soient fériés en France.

    Ils nous parlent d’intégration mais on nous demande plutôt, chaque jour, de nous intégrer aux autres. Le vivre ensemble est-il donc synonyme de reniement de soi ? L’intégration est-elle un concept destiné à favoriser la désintégration de l’identité française ?

    En Corse, des enseignants avaient prévu de faire chanter un couplet d’une chanson de John Lennon en arabe. Et demain, va-t-on leur demander d’interpréter un appel du muezzin ? 

     

    - Boulevard Voltaire
     
     
  • Éducation nationale, la chute finale

     

    par Jean Aymard

    Le système d’enseignement français a touché le fond avec le règne ubuesque de Mme Vallaud-Belkacem à la tête de ce qui fut l’honorable Instruction Publique devenue Éducation Nationale. Comment cette personne a-t-elle pu être supportée par les corps constitués de cette institution qui suscita naguère l’admiration du monde entier ?

     

    En 1980, un directeur de l’ENS Ulm fut nommé par Raymond Barre, alors Premier Ministre de la France. Ce nouveau directeur (appelons le X) était un archicube scientifique, mais dont la renommée dans sa partie n’était notoirement pas à la hauteur du prestige de la grande ENS Ulm, à l’autorité unanimement reconnue bien au-delà de l’Hexagone. Une sourde protestation feutrée courut dans la sphère maths-physique. Des pétitions circulèrent, la presse à scandales fut discrètement sollicitée.

    L’écho de ce désordre parvint à Raymond Barre qui prit conscience, que sa propre fonction pouvait en sortir ternie, et que le président Giscard d’Estaing lui-même risquait d’en être éclaboussé à 18 mois des élections présidentielles !

    Alors Raymond Barre fit le nécessaire pour éteindre l’incendie près de s’emballer. Il obtint que s’effaçât X, qui accepta un poste de compensation convenable, loin des projecteurs médiatiques.

    Pourtant, étant aussi diplômé que ceux qui exigeaient son départ, sa position était juridiquement forte et il aurait pu résister. Il était trop intelligent pour s’abaisser à cela. A sa place fut nommé un directeur à l’autorité scientifique incontestée, et personne ne parla plus jamais de l’affaire.

    Avec Mme Vallaud-Belkacem, nous tombons dans un tout autre univers. Pour le cas précédent, nous étions dans Le Misanthrope de Molière, dans le grand monde de la haute noblesse d’épée, Oronte n’est ni Vadius ni Trissotin.

    Depuis Mme Vallaud-Belkacem, à la place d’Oronte, nous avons eu droit à Diafoirus et aux Fourberies de Scapin et ses peu glorieux coups de bâton, mâtinées des plus piètres, Précieuses Ridicules !

    Et malgré cette dégringolade où la dignité en prend un vieux coup, point de rébellion ! Point d’incendie qui menace à l’horizon ! Avec l’affaire X, l’orage en gestation ne venait que d’un conflit dans le champ clos de la Haute Science, un affrontement dans l’honneur entre une nouvelle noblesse de robe et une ancienne noblesse d’épée jalouse de ses prérogatives gagnées de haute lutte au fil de belles avancées scientifiques.

    Tandis qu’avec Mme Vallaud-Belkacem devenue ministre donc « grand maître (ou maîtresse ?) de l’université », on se retrouve brutalement dans la fosse aux farces de bas étage ! Le ridicule de cette nomination aurait dû tuer l’intéressée et rejaillir vilainement sur l’ensemble de l’auguste institution….

    Quand on pense que cette Mme Vallaud-Belkacem était la supérieure hiérarchique des membres de l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques, elle qui se distingua, devant un parterre peu choisi de spectateurs de petit niveau intellectuel, en avouant ne pas savoir ce qu’est une hypoténuse ! (et encore, le journaliste eut la délicatesse et le savoir-vivre de ne pas lui demander d’épeler le mot….). La plus cruelle des Maximes de notre grand moraliste venait toute seule à l’esprit :

    « Le ridicule déshonore plus que le déshonneur  »

    Et l’institution, ridiculisée, traînée dans la fange intellectuelle, qui ne réagit même pas ! Aucune voix ne s’éleva, ni dans la presse ni au sein de l’Académie des Sciences, pour dénoncer cette pantalonnade, la mascarade de cette pécore ignorante et inculte commandant à tous ces vénérables savants ! On ne pouvait pas ne pas penser à Mme Ceausescu qui, quelle que soit la discipline, se faisait systématiquement nommer docteur honoris causa de toutes les universités roumaines qu’elle visitait !

    Cette Institution qui avait déjà, toute honte bue, enduré en silence les dérisoires et débiles « Journées de la Jupe » et la bouffonnerie de la « théorie du genre » X aurait eu beau jeu d’opposer l’honorabilité de sa mésaventure au déshonneur de cette absence de réaction devant l’inacceptable, que dis-je, devant l’arrogance de l’ignorance revendiquée !

    Cette comparaison nous dispensera d’en dire davantage, et elle éclaire de la plus implacable logique la déconfiture de notre soi-disant éducation dite nationale dans les instances d‘évaluation à l’échelle internationale. On ne peut pas tomber plus bas. 

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  • Ce qui bloque la France

     

    Par Bernard PASCAUD


    2920517656.jpgQuel que soit celui ou celle des (deux) candidats en lice à l'élection présidentielle qui parviendra au sommet de ses ambitions, la Ve République restera ce qu'elle est devenue, l'ombre d'elle-même.

    En cela elle s'apparente à toutes les Constitutions précédentes dont aucune depuis deux siècles n'a fonctionné comme il était prévu. Celle de 1958 visait à faire du chef de l'État la « clé de voûte » des institutions : un président qui arbitre mais qui ne gouverne pas. On est loin aujourd'hui de ce cas de figure. Le renforcement de l'exécutif, prétendue réponse aux errements et aux blocages des très parlementaires Ille et IVe Républiques, s'est régulièrement délabré. De l'élection du président au suffrage universel direct à l'adoption du quinquennat, en passant par les périodes de cohabitation, la dénaturation du régime voulu par De Gaulle est complète, ou presque. Le système désastreux des partis que critiquait le fondateur polarise à nouveau la vie politique, comme le démontreront à l'évidence les législatives à venir et l'Assemblée qui en résultera. (...) A cet affaiblissement des institutions nationales s'ajoute la perte de souveraineté consécutive à la construction européenne : juste soixante ans après le Traité de Rome, on mesure l'ampleur des atteintes faites à notre indépendance nationale et à nos libertés.

    Le désenchantement actuel s'explique aussi par le niveau calamiteusement bas du débat politicien. Aujourd'hui dans le contexte du dixième épisode de la série « Marianne V» la chansonnette ne prend plus. Elle susurre : De Giscard à Hollande, vous avez aimé le thème du changement, vous adorerez celui de la rupture. Mais rien n'y fait vraiment. La campagne a des allures de pavane pour espérances défuntes.

    Pour ranimer les ardeurs électorales en même temps que révolutionnaires, Mélenchon en appelle à une Vie République. Mais le plus malin dans la tentative de réenchantement politique, c'est Macron. C'est aussi (...) le plus dangereux. Certains le prennent pour un Hollande rajeuni et enfin élégant ; d'autres pour une sorte de Giscard bobotisé.

    Dans les deux cas, ce n'est pas flatteur. Ce qui est certain c'est que les divers affluents qui ont fait le fleuve Macron charrient finalement une eau des plus troubles. Progressiste de coeur, libéral-mondialiste de raison et sectaire de tempérament, il essaie de ratisser large pour remplir sa « mission ». Car, bien sûr, il est de ces esprits brillants qui sont des faiseurs de solutions, quand tous les autres ne sont que des faiseurs de problèmes. « J'ai vu ce qui bloquait notre pays », a-t-il déclaré le soir du premier débat de campagne. Sous-entendu : « je sais ce qu'il faut faire et je sais le faire ». Veni, vidi, vici. Est-il de gauche, est-il de droite ? Ni l'un ni l'autre, prétend l'homme chauve-souris. « Moi souris...Je suis oiseau, voyez mes ailes ». De quoi ratisser large. On peut venir à lui de partout pour peu qu'on récuse comme lui et la droite intrinsèquement perverse et la gauche intrinsèquement inefficace. De gauche en lui il n'y a que le goût pour un socialisme à hauteur d'homme, et de droite le parti pour la liberté... prît-elle la forme d'un libéralisme déshumanisant. Rien de clair donc, encore moins de rassurant. Il promet de « nouveaux visages » et de « nouveaux usages ». En frétillent d'impatience les jeunes loups formatés sciences-po ou ENA, tous ceux qui comme lui se disent religieusement démocrates et pratiquement oligarques. Après tout ce goût de l'élitisme n'est-il pas aussi hérité des Lumières ? Il y a ceux qui savent et il y a ceux qui suivent. Ceux qui savent, les technocrato-mondialistes, toisent les peuples. C'est vrai au niveau national, comme au niveau européen. Les peuples n'ont qu'à suivre. Le contraire est du populisme ! Un peuple aujourd'hui ne saurait être qu'un marché. Écrasons le Peuple, le nouvel Infâme !

    Ce portrait du personnage n'est ici développé que parce qu'il est archétypal de ce que le conditionnement idéologique, les fiches à concours et l'état d'esprit mental et culturel actuels produisent de plus monstrueusement éloigné de ce qu'est la vraie politique. Ç'en est l'exact contraire et c'est pourquoi le réenchantement républicain escompté risque de finir au grenier des illusions.

    Pour réenchanter la politique il faudrait a minima s'attaquer aux problèmes qui inquiètent les Français encore lucides. A commencer par notre identité confrontée au risque de l'immigration et de l'islamisation ; nos emplois malmenés par la mondialisation ; nos libertés étouffées à Bruxelles. Sans cela le rêve d'une France soi-disant remise « en marche » se brisera sur les miasmes du quotidien et le manque de vue à long terme. Il est peu probable qu'avec une majorité introuvable ou incertaine, une durée limitée et une absence de direction dans l'action inspirée du Bien commun, un redressement significatif puisse devenir réalité. Pire, il est à craindre que l'oeuvre de déconstruction ne connaisse aucune rupture.

    Laissons la République enterrer la République. Ayant vu, nous aussi, mais plus clairement, ce qui bloque la France, cherchons à réenchanter le royalisme. Il y faut du labeur et de l'intelligence. Ne mêlons pas notre cri d'amour pour la France à celui du regret de ne pas avoir tout fait pour le redressement français.

    Repris du n°48 de Restauration Nationale

  • « En même temps » … 

     

    823330531.jpgLes résultats du 1er tour des législatives - en mode plébiscitaire - sont ce que l’on attendait, comme le seront ceux du second tour.  La lassitude des Français pour les jeux démocratiques, qui ont beaucoup trop duré,  s'est manifestée soit par une abstention record, soit en se contentant de voler au secours de la victoire. Ainsi est en train de se parachever au Parlement cette sorte de coup d’Etat mené tambour battant par Emmanuel Macron pour s’emparer du Pouvoir. A la française, bien-sûr, c’est-à-dire par les voies semi-légales, comme Bonaparte, le 18 Brumaire, comme son neveu Louis-Napoléon le 2 décembre 1851, comme Charles De Gaulle, en mai-juin 1958. Et, en quelque sorte, à marches forcées, par élection anticipée des médias et des élites, par une pression sans précédent sur l’électorat. Après tout, ce n’est pas, en soi-même, ledit coup d’Etat qu’il convient de critiquer mais la politique qu’il sous-tend, au moins selon ce que l’on peut en savoir. 

    Emmanuel Macron est un personnage complexe, subtil, et cultivé, narcissique et autoritaire. On ne peut le traiter comme un vulgaire Hollande ou Sarkozy, simplement par la polémique ou la moquerie. L'une et l'autres inappropriées. Pour être crédibles et efficaces, les royalistes, l’Action française, se doivent de donner une explication acceptable des événements politiques. *    

    « En même temps » … 

    L’esprit de la politique selon Macron peut se résumer dans sa formule, mille fois reprise : « En même temps ». Comme Napoléon qui voulut en même temps, continuer la Révolution et rétablir l’ordre, instituer l’Empire, créer une nouvelle noblesse et rappeler l’ancienne, épouser, enfin, l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, petite-nièce de Marie-Antoinette.  Comme Louis-Philippe qui tenta la réconciliation de la Révolution avec la Royauté. Ou comme Charles De Gaulle qui pensa raccorder la République sur la tradition royale et rêva, peut-être, d’un certain rétablissement de la monarchie.  

    Ainsi Emmanuel Macron entend-il tout à la fois que la France reste grande ouverte à l’Europe, à la mondialisation, à l’immigration, au multiculturalisme, à la diversité et qu’elle affirme sa grandeur. Ainsi l’a-t-on vu tenir physiquement tête à Donald Trump à Taormine. Mais qu’en sera-t-il quant au fond ? Que fera-t-il du TAFTA ? Ainsi l’a-t-on vu recevoir Poutine en très grande pompe à Versailles et y manifester la grandeur française. Mais quid de notre future politique russe ? Ainsi l’observe-t-on rabrouant les journalistes – qui l’ont fait élire ! – et le voit-on tenter de rendre à la fonction présidentielle sa dignité et même sa verticalité. Ainsi choisit-il un bon ministre de l’Education nationale qui devrait, semble-t-il y imprimer une salutaire inflexion. Propice à l’instruction des enfants et à la culture. Même si Macron, sans autre explication, a imprudemment affirmé au cours de sa campagne qu’il n’y a pas de culture française.         

    Tout se déroule, avec Macron, toujours dans l’esprit de son permanent en même temps.

    Quelle prévalence ? 

    Patrick Buisson vient de donner au Figaro magazine un remarquable entretien – tout fondé sur un soubassement d’esprit monarchique et de droite légitimiste – où il synthétise en une formule lapidaire ce que Maurras eût peut-être appelé le dilemme d’Emmanuel Macron : « On ne peut pas être à la fois Jeanne d’Arc et Steve Jobs ». Tout est dit ! Nous aurons d’ailleurs à revenir sur le propos de Buisson à propos du phénomène Macron.   

    Jean Guitton – un bon maître de jadis – nous a enseigné qu’il y a, en réalité, dans tout centrisme, toute prétention au juste milieu |Ni de droite, ni de gauche ou bien et de droite et de gauche] ce qu’il appelait une prévalence, un des éléments qui prévaut, domine, surplombe … En la matière, l'équilibre est illusion. Qu’est-ce donc qui est prévalent chez Macron du patriotisme ou du mondialisme, de Jeanne d’Arc ou de Steve Jobs, pris comme mythes ou personnifications des deux grands termes du dilemme ? 

    L’avenir confirmera ou infirmera ce que nous en pensons à ce jour : ce qui devrait l’emporter chez Macron ressort de sa formation politique, des milieux d’où il est issu, qui l’ont soutenu, de la pente même du Système qu’il a bien plus sauvé, d’une échéance qui aurait pu lui être contraire, que renversé. Ce qui devrait l’emporter chez Macron, c’est la fuite en avant dans l’européisme fédéraliste, l’intégration dans le mondialisme financiarisé, la soumission aux lobbies et aux injonctions supranationales immigrationnistes, l’idéologie diversitaire, le libéralisme sociétal. 

    Ce que nous pensons et redoutons pour la France, qui porte sur le plus grave, sur l'essentiel, c’est que Macron finisse toujours par être bien plus Steve Jobs que Jeanne d’Arc. 

    * Expression de Pierre de Meuse

  • François Lenglet : Avec Trump et le Brexit, c'est la mondialisation du protectionnisme !

     

    Par Alexandre Devecchio

    Le libre-échange tous azimuts est le vestige d'un ancien monde, explique ici François Lenglet [Figarovox, 29.07]. Dans les économies d'après la crise de 2008, le protectionnisme soutenu par les « populistes » l'emporte, selon lui, partout, notamment dans le monde anglo-saxon. Nous étions très critiqués jusqu'à récemment - sans-doute le serons-nous encore - lorsque nous disions que le libre-échange, favorable à certains pays, à certaines époques, défavorable à d'autres ou aux mêmes en d'autres époques, ne pouvait être ni considéré ni imposé comme idéologie ou religion ayant valeur universelle. C'est ce que François Lenglet déclare et démontre dans ce très remarquable entretien. Comme il nous est déjà arrivé, nous le dédions à ceux qui croient que les choses vont toujours dans le même sens.  Nous en aurons d'ailleurs de nouveau l'occasion dès demain à propos d'un semblable entretien sur la nouvelle politique de réindustrialisation du Royaume-Uni que Theresa May vient d'annoncer ... On nous excusera d'y insister mais ce qui est souligné dans ces entretiens, ce sont des évolutions ou révolutions d'une grande importance que notre Ecole de pensée active ne peut ni ne doit ignorer. Elles comportent leur dose d'incertitudes mais surtout d'espoir. Ce n'est pas si courant.   Lafautearousseau

     

    Donald Trump multiplie les prises de position protectionnistes, que cela vous inspire t-il ?

    Il témoigne bien de l'esprit des temps qui est à l'oeuvre. Derrière l'outrance et la caricature, c'est une puissante montée du protectionnisme qui est à l'oeuvre. Je note qu'Hillary Clinton elle-même a pris ses distances avec le libre-échange et la négociation de grands accords commerciaux. Quant à Theresa May, le nouveau Premier ministre britannique, elle pointe elle aussi la nécessité de protéger l'industrie nationale, alors que c'est une conservatrice en principe héritière de Thatcher! C'est une révolution idéologique considérable qui se produit dans le monde anglo-saxon, un changement de logiciel qui rompt avec le libéralisme et le libre-échange. Trump, c'est l'anti-Reagan, et May semble devoir être l'anti-Thatcher. Le besoin de protection s'est substitué au désir de liberté, et encore une fois, le monde anglo-saxon est à la pointe de la mode idéologique. Exactement comme le libéralisme dans les années 1980, le protectionnisme est en train de se mondialiser.

    Qu'est-ce qui explique ce retournement ?

    La crise financière, qui a donné le sentiment que les règles de l'économie mondialisée n'étaient pas les mêmes pour les petits et les gros. Le besoin de frontières, après une longue période de forte mondialisation, qui a exacerbé les particularismes, qui a accru les inégalités entre ceux qui profitent de l'ouverture, les plus qualifiés et les plus mobiles, et les autres, qui en ont subi les conséquences en terme de revenu et d'emploi; la critique des élites et de tout ce à quoi ils croient. Et enfin un tout bête effet de balancier, qui fait qu'on brûle les valeurs de l'ancien monde, celle de l'ancienne génération, les baby-boomers, au profit de nouvelle valeurs, celle de la génération montante.

    Ce sont alors les populistes qui vont profiter de cette révolution idéologique ?

    Ce sont toujours les populistes qui repèrent les premiers ces changements dans la demande politique, avant les partis traditionnels. C'était le cas dans les années 1930, et dans les années qui ont suivi le krach de 1873, dans la période dite de «Grande stagnation», consécutive elle aussi à un long cycle libéral, et elle aussi marquée par la réapparition des frontières. Mais en général, les partis traditionnels finissent par comprendre le messages des électeurs, et ils se réapproprient le thème de la protection, avec leurs valeurs humanistes. C'est exactement ce qui se passe au Royaume-Uni, avec la nouvelle orientation des Conservateurs, depuis le Brexit. Ce n'est pas encore le cas en Europe continentale, où la droite et les sociaux-démocrates restent sur leurs options libérales et hostiles aux frontières. C'est pour cela que le populisme continue à marquer des points dans nos pays. Et ce n'est pas fini, en Allemagne particulièrement, où il a une forte marge de progression après les attentats récents.

    Les différents traités de libre-échange comme le TAFTA, qui sont en cours de négociation, ont-ils une chance d'aboutir ?

    Absolument aucune. Tout cela est mort, ce sont les vestiges de l'ancien monde, comme une ville engloutie. A supposer même que le traité soit signé, il faudrait le faire ratifier dans tous les pays concernés, c'est impensable. L'OMC ne parvient plus à conclure ses grands cycles, et même les accords régionaux sont devenus problématiques: l'âge d'or du commerce mondial est derrière nous. J'observe que la part des échanges dans le PIB mondial n'augmente plus, elle diminue même légèrement. Et la Chine, qui était une machine à mondialiser, va être contrainte de recentrer son économie. Cet âge d'or reviendra sans aucun doute un jour, dans 20 ou 30 ans. Il réapparaît à intervalles réguliers depuis la première mondialisation, lors des Grandes Découvertes du 15ème siècle. Et à chaque fois il est éclipsé, à cause des inégalités et des désordres qu'il provoque.

    Sur le fond, le libre-échange est-il meilleur pour l'économie que le protectionnisme ?

    C'est très difficile à dire, chaque situation est particulière, tout comme chaque époque l'est. Lorsque les Britanniques abolissent les Corn Laws, en 1846, qui protégeaient le secteur agricole ce n'est ni par philanthropie ni par amour du libéralisme, c'est par pur intérêt: ils choisissent le libre-échange parce qu'il maximise leurs profits, et ils ont raison. A l'inverse, la Chine moderne s'est développée dans un cadre protectionniste à l'extrême, protégeant son marché intérieur. Elle aussi a choisi le système qui maximisait son avantage, qui était très différent de celui des Britanniques au même stade de développement, parce que le monde n'était pas le même qu'au 19ème. En économie, pour parodier une formule britannique célèbre, il n'y a pas de loi éternelle, mais rien que des intérêts éternels. Et des rapports de forces entre les groupes sociaux et lobbys, plus ou moins bien arbitrés par le politique. Chaque option, protectionnisme ou libre échange, a ses victimes et ses rentiers, aucun n'obtient de victoire définitive.   

    François Lenglet est éditorialiste économique. Le 1er septembre 2016, il publiera Tant pis, nos enfants paieront ! chez Albin Michel.

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

          

  • Histoire & Actualité • Gueniffey : « Robespierre incarne de façon chimiquement pure l'idée de la table rase »

     

    Par Guillaume Perrault

    Nous l'avons déjà évoqué, dans Lafautearousseau :  Danielle Simonnet, coordinatrice du Parti de gauche, a récemment formulé le vœu qu'une rue de Paris porte le nom de Maximilien de Robespierre. Mais qui était-il ? Dans un intéressant entretien donné à Figarovox [20.06], l'historien Patrice Gueniffey souligne, notamment, la responsabilité que le révolutionnaire porte dans la Terreur.  LFAR

     

    x510_img_3500.jpg.jpeg.pagespeed.ic.dn5Ku1hhqr.jpgQuelle place Robespierre occupe-t-il dans la mémoire républicaine ?

    Le consensus républicain sur la Révolution française, au début de la IIIe République, s'est fondé sur l'exclusion de Robespierre du Panthéon des grands hommes de la décennie 1789-1799. Cette interprétation, forgée par les Thermidoriens dès le lendemain de la chute de Robespierre, a été popularisée par les manuels scolaires canoniques (Lavisse, Malet et Isaac) de la Belle Epoque. La IIIe République acceptait tout de 1789 à la chute des Girondins (juin 1793), et triait dans la période qui commence en juin 1793. Elle acceptait Danton et Carnot, qui représentaient la défense nationale, et refusait Robespierre, qui incarnait la guerre civile et la Terreur. Par ailleurs, le culte de l'Etre suprême cher à l'Incorruptible était suspect aux yeux de ces anticléricaux. C'est à l'occasion du centenaire de la Révolution, en 1889, qu'est érigée la statue de Danton place de l'Odéon à Paris. Le représentant de cette sensibilité parmi les historiens de l'époque, c'est Alphonse Aulard.

    Pourtant, Clemenceau et Jaurès revendiquaient « l'Incorruptible » ?

    Oui, mais l'un était radical et l'autre socialiste, donc beaucoup plus à gauche que les « pères fondateurs » de la IIIe République (Jules Ferry, Jules Grévy, Jules Simon, etc.). Après eux, le PCF va batailler pour réintégrer Robespierre dans la mémoire glorieuse de la Révolution. L'historien Albert Mathiez est l'interprète de cette thèse à l'université. Il célèbre l'Incorruptible en raison même de la Terreur, instrument, à ses yeux, de l'égalité sociale projetée par Robespierre. Et il est vrai que celui-ci préconisait un impôt progressif sur le revenu, idée qui révulsait jusqu'aux Montagnards respectueux de la propriété privée.

    Les pétitionnaires qui demandent une rue Robespierre à Paris reprennent donc une revendication classique des communistes ?

    En effet, mais sans l'assumer. Le PCF, du temps de sa puissance, réclamait une rue Robespierre à Paris (il y en a, et même une station de métro, dans les anciens bastions communistes) en se fondant sur son action, laquelle incluait la Terreur. Aujourd'hui, leurs épigones demandent une rue Robespierre en alléguant qu'il n'était pour rien dans la Terreur. C'est le paradoxe: ces pétitionnaires rabaissent le rôle historique de l'Incorruptible afin de le défendre. Ils le rapetissent pour le rendre plus présentable. En somme, c'est une réhabilitation de la Terreur qui n'ose pas se revendiquer comme telle, avec des arguments sommaires. Une sorte de Nuit Debout appliquée à l'interprétation de la Révolution.

    Sur le fond, Robespierre était-il responsable de la Terreur ?

    Robespierre est l'un des responsables, parmi d'autres, de la Terreur qui a débuté en 1793. A l'époque, d'autres (Fouché, Tallien, Barras), envoyés en mission en province, sont beaucoup plus directement responsables de massacres. En revanche, Robespierre est le principal responsable de la Terreur pendant la période qui va de l'exécution de Danton en avril 1794 à sa propre chute en juillet. La loi du 22 Prairial (10 juin 1794), la plus terroriste de la Révolution, est son œuvre et inaugure la Grande Terreur. Elle supprime les rares garanties procédurales encore accordées aux accusés. Et le tribunal révolutionnaire n'a qu'une alternative: l'acquittement ou la mort. Dès lors, la guillotine fonctionne à une cadence exponentielle. Jusqu'alors, les partisans de la Terreur l'avaient justifiée par les circonstances exceptionnelles (la nécessité de punir les ennemis intérieurs et extérieurs). A partir de Prairial, et par la volonté directe de Robespierre, la Terreur devient consubstantielle à la Révolution. La Terreur n'a plus d'objectif précis ni de fin assignée. Son objectif est de paralyser toute opposition, mais elle multiplie aussi les adversaires de Robespierre, qui ont peur pour leur tête. C'est une période où il n'y a plus ni lois ni règles. Le seul enjeu, pour les conventionnels, c'était de rester en vie.

    Diriez-vous que la Grande Terreur a été une expérience proto-totalitaire ?

    Oui, cette période a vu l'invention du phénomène idéologique tel qu'on le verra ensuite dans d'autres révolutions. Du reste, Lénine s'en est inspiré pour élaborer sa théorie de la conquête du pouvoir et de la terreur comme instrument au service de la révolution. Pour que l'hécatombe se transforme en un massacre sans exemple dans l'histoire, il ne manquait rien: il y avait une idéologie, une rhétorique du bouc émissaire, la paranoïa révolutionnaire, le culte du chef (l'Incorruptible), des comités, des tribunaux d'exception, un système de surveillance et de délation généralisé. Il ne manquait qu'une chose: le parti. Les jacobins, malgré leurs efforts, n'ont jamais réussi à former un parti homogène et centralisé. Heureusement. Ce qui fait le grand intérêt de Robespierre, c'est précisément la responsabilité, en grande partie, de la Terreur. Il incarne, d'une façon presque «chimiquement» pure, l'idée moderne de la révolution et de la table rase. 

    Grand historien de la Révolution française et de l'Empire, Patrice Gueniffey, ancien élève de François Furet, est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Parmi ses ouvrages qui ont le plus marqué figure « La Politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire, 1789-1794 » (Fayard, 2000) . Son dernier livre, « Bonaparte » (Gallimard, 862 p., 30€), a reçu le grand prix de la biographie historique 2013.

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    Guillaume Perrault

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  • Examen de conscience au Levant ?

    Lattaquié au coeur du pays alaouite en Syrie

    Par Peroncel-Hugoz 

    Peroncel-Hugoz ne craint pas d'employer un ton particulièrement mordant pour dire aux sunnites syriens ce qu'il estime être leurs quatre vérités …

     

    peroncel-hugoz 2.jpgA en croire l'ancien ministre gaulliste et académicien (de France et du Maroc), Maurice Druon, proche du roi Hassan II (1961-1999), ce monarque regrettait que les musulmans ne pratiquent guère l' « examen de conscience », c'est-à-dire un bilan régulier de leurs actions, en regardant en face, sans biaiser, leurs réussites et, surtout leurs échecs, voire leurs fautes.

    A l'heure où vont sans doute enfin débuter au Machrek (Levant ou Proche-Orient, si vous préférez) de nouvelles négociations en vue de rétablir la paix en Syrie, ce n'est certainement pas en se contentant de répéter, comme des perroquets, « TSB ! », « TSB ! » (« Tout sauf Bachar ! ») que l'on arrivera à amorcer une solution. Revenez de vos illusions M. Fabius ! Sinon vous allez encore manger un de vos chapeaux ! 

    S'est-on seulement demandé sérieusement pourquoi les noçaïris ou ansariehs de lointaine obédience chiite  (appelés aussi alaouites depuis le Mandat français sur Damas [1920-1943] mais sans aucun rapport direct avec la dynastie alaouite du Maroc), s'accrochaient tant à la direction de l’État syrien, en la personne de Bachar El Assad ? En un mot, comme en cent parce que cette minorité (environ 10 % des 20 millions de Syriens) redoute d'être marginalisée, persécutée ou éliminée si les sunnites majoritaires (environ 70% de la population) reviennent au pouvoir suprême, comme ce fut le cas jusqu'en 1970, avant le coup d’État d'Hafez El Assad, père de Bachar. 

    Et cette crainte des noçairis ou alaouites n'est pas un vain fantasme : durant des siècles et des siècles, cette minorité fut maltraitée, rançonnée, traquée, à l'occasion massacrée, parfois même réduite en esclavage par les maîtres sunnites, au nom de l'orthodoxie religieuse. Les mandataires français soufflèrent à ces minoritaires de s'engager en masse dans la nouvelle armée syrienne pour échapper à la mainmise sunnite. Un orientaliste européen avisé, Raymond O'Zoux, prédit même, en 1931, que « ce petit peuple, souple et intelligent, sera bientôt un des premiers au Levant ». En attendant, ledit « petit peuple » investit à tel point l'armée qu'en 1970, elle prit par la force la tête de l’État, en la personne du général Hafez El Assad. 

    Une fois au pouvoir, les alaouites appelèrent en renfort auprès d'eux d'autres minoritaires ayant eu, eux aussi, à pâtir de la majorité sunnite : chrétiens d'Orient, ismaëliens (chiites septimains fidèles de l’agha-khan), druzes (issus lointainement de l'Islam chiite égyptien) auxquels s'agrégèrent ceux des sunnites qui renoncèrent à leur suprématie exclusive et acceptèrent de coopérer avec le nouveau régime. Cet ensemble humain représentant grosso modo un bon tiers des Syriens explique la résistance acharnée depuis 2011 autour d'Assad II, contre des insurgés sunnites armés : à en croire les services secrets occidentaux ces insurgés se répartiraient début 2016 en pas moins de … 163 groupes ou bandes distincts, le principal étant bien sûr Daech !… 

    Un examen de conscience survenant enfin, si Dieu veut, chez les sunnites les plus raisonnables*, permettrait peut-être à la communauté syrienne majoritaire de reconnaître enfin les fautes de ses aïeux et de souscrire à un nouveau système politique qui éliminerait, chez les minorités, autant que faire se peut, la peur de la vengeance ; cette peur qui explique le refus des alaouites (et des chrétiens, et des ismaëliens, etc.) de voir partir Assad fils, dictateur certes, comme son père, mais garantissant la survie des ses soutiens (et longtemps une relative prospérité dans ce magnifique pays qu'est Cham, la Syrie). 

    Quelle solution alors ? Eh bien, peut-être, tout simplement celle qui permet au voisin, le Liban aux dix-sept croyances, de subsister vaille que vaille malgré la guerre de 1975-1990. La peur des chrétiens (qui représentent 30 % environ de la population libanaise)  a été sinon complètement abolie, du moins maintenue à un niveau supportable pour la société : la Constitution du pays garantit donc que le chef de l’État soit toujours un chrétien (de la variété maronite, c'est-à-dire catholique orientale, majoritaire dans la Chrétienté libanaise). Un chrétien qui néanmoins n'a pas le vrai pouvoir, lequel appartient aux sunnites (gouvernement) et aux chiites (assemblée). Un minoritaire alaouite pourrait sans doute jouer ce rôle en Syrie.  •

     

    * Et il s'en trouve parmi cette élite islamo-syrienne, presque unique dans le monde arabophone, par ses qualités intellectuelles. A côté, la minorité alaouite n'est pas en reste : qu'on se souvienne seulement que le patriarche de la poésie arabe, Adonis (né en 1930, de son vrai nom Ali-Ahmed Saïd-Esber), appartient à cette communauté hétérodoxe dont il ne s'est jamais séparé, même s'il vit maintenant en France après avoir vécu au Liban. Ancien élève du Lycée français de Tartous, Adonis est aussi un des phares de la Francophonie littéraire universelle. 

    Lire :

    « Les Arabes ou le baptême des larmes » par M. Hayek, Gallimard, Paris.

    « Guerres secrètes au Liban » par A. Laurent et A. Basbous, Gallimard.

    « Les États du Levant sous Mandat français » (1931), par R. O'Zoux, Larose, Paris. Réédité à notre époque au Liban avec des présentations inédites de Fouad-Ephrem Boustany et de Moussa Prince. 

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 08.01.2016

  • Remaniement : au pays de l’absurde, tout est possible

     

    Nous publions ces lignes de Dominique Jamet en tête de nos parutions de ce jour, non pas parce qu'elles sont écrites avec style et esprit - c'est pourtant le cas - mais parce qu'elles dépeignent avec toutes les fortes apparences de la vraisemblance, ce royaume d'Absurdie qu'est notre République. Il le fait à propos des rumeurs insistantes d'un tout prochain remaniement, risque des pronostics, s'amuse de leur absurdité, dussent-ils se réaliser...  On en rirait si ce n'était pas la France qui se trouve au centre de ces jeux misérables et, encore une fois, absurdes. Une France en guerre, une France affaiblie, une France envahie, à l'identité menacée, une France dont la société se décompose et la souveraineté se trouve largement confisquée. Par Bruxelles, par Berlin, par Frankfort ou par Washington. En vérité, par l'ensemble de ces capitales et des puissances dont elles sont le centre. C'est un socialiste pacifiste, Marcel Sembat, député et ministre, qui, face à la menace de guerre franco-allemande qui montait, rejoignant les analyses de Maurras et de l'Action française, avait publié en 1911, il y a un peu plus d'un siècle, un petit livre resté célèbre : « Faites un roi, sinon faites la paix ». Il ne voulait pas d'un roi dont il savait qu'il nous eût permis d'être à jeu égal avec l'Allemagne - et peut-être ainsi d'éviter l'horrible guerre. Ce qu'il voulait c'était que la République fît la paix avec l'Allemagne. En réalité qu'elle s'y soumît. C'était toute l'illusion du pacifisme. Nous ne sommes pas loin d'une telle situation. Peut-être en pire.  Le dilemme est le même : « Sortir de ce Système, ou être contraints à la soumission. » Celle que Houellebecq a décrite, qui est soumission à l'Islam. Et celles - autres - que nous avons dites plus haut et consistent toutes à dépendre de l'étranger. A l'inverse de Marcel Sembat qui préférait se soumettre à l'Allemagne que de faire un roi, la solution que nous appelons de nos vœux ici est une sortie de ce régime d'absurdité que Dominique Jamet décrit fort bien ici. D'ailleurs, y a-t-il vraiment une autre solution ? Nous ne le croyons pas.  Lafautearousseau  • 

     

    3312863504.jpgIl aurait été assez compréhensible et d’ailleurs conforme à la plus vieille et à la meilleure tradition républicaine qu’un remaniement ministériel, annonciateur d’une inflexion politique, intervînt au lendemain des élections régionales de décembre qui n’étaient guère que la quatrième défaite consécutive de la majorité en place. Il n’y a donc pas eu de remaniement et le sujet, officiellement, n’est pas d’actualité, ce qui donne à penser aux experts en hollandologique qu’un remaniement est imminent, et certaines informations, données pour sûres, circulent déjà dans les milieux intéressés. Osons donc le petit jeu des pronostics, avec tous les risques d’erreur que celui-ci comporte.

    À tout seigneur tout honneur. Le Premier ministre a clairement décidé de passer son tour en 2017, de coller d’ici là aux décisions, aux orientations et, selon toute probabilité, aux fautes, aux erreurs et aux échecs du président de la République, et d’être confondu dans l’impopularité de son supérieur hiérarchique. M. Manuel Valls est donc assuré de rester à Matignon jusqu’au bout de la nuit du quinquennat.

    Lointain successeur de Talleyrand, M. Laurent Fabius a été un ministre des Affaires étrangères tout simplement désastreux. Persévérant dans l’erreur avec une obstination diabolique, le locataire du Quai d’Orsay a fait de son mieux pour nous brouiller avec la Russie, s’est opposé de toutes ses forces à la réintégration de l’Iran dans le concert des nations et a choisi son camp dans le conflit syrien, où la France a pesé de tout son poids, en l’occurrence heureusement réduit, pour favoriser le Front Al-Nosra, succursale locale d’Al-Qaïda, rebaptisé par nos soins « opposition syrienne modérée ». Il peut donc se maintenir jusqu’en 2017 derrière le bureau de Vergennes ou chausser les prestigieuses pantoufles de président du Conseil constitutionnel.

    Mme Ségolène Royal a étendu au-delà des limites du raisonnable les attributions et les prérogatives de son ministère de l’Écologie sans que sa soif de pouvoir en soit étanchée. On a pu le vérifier lors de la phase de préparation de l’historique COP21. Si M. Fabius quitte le gouvernement, elle se verrait bien dans le poste qu’il occupait. Elle en a même tellement envie qu’elle ne voit pas pourquoi on ne lui ferait pas ce plaisir. Impulsive, indisciplinée, désordonnée, et ignorant tout de la complexité des relations internationales, elle a donc les plus fortes chances de coiffer au poteau Hubert Védrine ou Élisabeth Guigou, qui n’ont d’autre légitimité que leur connaissance des dossiers et des problèmes en jeu.

    Mme Christiane Taubira a réussi la prouesse de faire contre elle la quasi-unanimité des professionnels de la justice, ses administrés, magistrats, avocats ou gardiens de prison. Elle n’a rien à faire Place Vendôme, ni d’une manière générale dans un gouvernement. Mais elle détient l’arme absolue : une candidature éventuelle en 2017, à la gauche de la gauche. Quand on a fait échouer Lionel Jospin, pourquoi se priver du plaisir de faire capoter François Hollande ? Elle fait donc figure de favorite pour le ministère de la Culture sur la base d’un argument fort : si elle n’est pas plus qualifiée pour ce portefeuille que Mme Fleur Pellerin, elle ne peut pas l’être moins.

    Mme Najat Vallaud-Belkacem devrait conserver le portefeuille capital de l’Éducation nationale où elle a, certes, fait la preuve d’une incompétence et d’une capacité de nuisance exceptionnelles, mais elle ne laisserait ignorer à personne, au cas où on tenterait de la mettre hors d’état de nuire, qu’on la met à l’écart parce que femme, parce que jeune et parce que d’origine et de nationalité marocaines. Elle restera donc rue de Grenelle.

    Le cas de M. Emmanuel Macron est bien différent : nommé à la surprise générale ministre de l’Économie, le jeune ministre est devenu en quelques mois la vedette du gouvernement auquel il appartient, au point de susciter la jalousie secrète de ceux-là mêmes qui l’avaient nommé et la jalousie active des collègues qui l’ont vu débarquer parmi eux. Ce n’est pas un hasard s’il a été dépossédé de la suite de son projet de réforme du travail, finalement confié à Mme Myriam El Khomri, ni si les derniers arbitrages rendus en matière de lutte contre le chômage l’ont été contre lui. M. Macron cumule les défauts : il est jeune, il est audacieux, il est compétent et il est populaire. S’il décide de prendre la porte, comme on lui en prête l’intention, on ne le retiendra donc pas.

    Tout cela est absurde, direz-vous. C’est bien pourquoi il y a des chances que cela se produise.  

     
    Journaliste et écrivain - Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
     
  • Civilisation • Robert Redeker : « La langue française malmenée par François Hollande, ou l'héritage disloqué »

     

    Par Robert Redeker           

    TRIBUNE - Les tweets de l'Élysée rendant compte des vœux du président, le 31 décembre, ont été émaillés de fautes de français grossières. Robert Redeker pointe ici [Figarovox - 4.01] cette stupéfiante désinvolture. C'est celle d'un Système déliquescent auquel aucune indulgence n'est due.  LFAR  

     

    17178152.2.jpgAnecdotique en apparence, la multitude de fautes d'orthographe constatées dans les tweets présidentiels à l'occasion du passage à l'an 2017 ne sont pas des accidents. Ils s'inscrivent au contraire dans une lignée d'innombrables petites attaques contre la langue française dont François Hollande, à la suite de son prédécesseur à l'Élysée, et à l'image d'une foule de politiciens, de journalistes et d'artistes de variétés, s'est rendu coupable.

    François Hollande s'adresse au peuple de la plus détestable des manières : en usant et abusant redoublement du sujet. Exemple : «la police, elle a ma confiance ». Cette mauvaise manie puérilise (Malraux emploie le verbe puériliser dans L'Espoir) aussi bien son propos que ceux à qui il s'adresse. À travers cette horreur syntaxique, le chef de l'État parle aux Français comme à des enfants de grande section de maternelle, voire à des demeurés.

    De leur côté, les journalistes audiovisuels, à commencer par ceux des chaînes tout-infos, ignorent la concordance des temps, ne savent pas que le subjonctif présent existe, accordent le verbe avoir avec le sujet (« l’erreur que le candidat à la primaire de la droite a fait »). Ils emploient supporter comme en anglais, ne sachant pas qu'en français il signifie souffrir : « souffrez ma présence… », « supportez ma présence… ». Les journalistes du matin sur France Info, pourtant chaîne publique, emploient un français si fautif qu'un professeur de lettres digne de ce nom ne l'accepterait d'aucun de ses élèves de seconde.

    La quasi-totalité de ceux qui font profession de parler, «la caste palabrante » stigmatisée par Donoso Cortes, a sombré, paradoxalement, dans l'oubli de ce qu'est la langue. De l'essence de la langue. Cet oubli témoigne de la généralisation d'un état d'esprit utilitariste. Les mots, supposent ces gens, sont des instruments à mettre au service de la pensée ou de l'ambition. Voici la langue confondue avec un outil à double face : exprimer sa pensée (quand on en a une, richesse devenue rarissime dans les milieux politiques et médiatiques), et influencer l'opinion (opération confiée à la «com », entraînant la soumission servile de la langue aux impératifs de la communication). Or, la langue n'est pas qu'un outil. Elle est la chair de la nation. Maltraiter la langue est blesser cette chair - la déchirer toujours plus.

    Chacun sent battre en lui la nation et son histoire lorsqu'il parle sa langue avec attention et fidélité. L'idée d'attention - parler et écrire avec attention - met en lumière le soin que la langue exige de chaque Français. L'objet de ce soin n'est pas seulement de maintenir notre langue en vie ; il est aussi de maintenir dans l'existence un ensemble de significations qui lui sont liées : l'histoire, la nation, le regard. La grammaire est le liant des idées. Elle lie aussi les hommes entre eux, les unissant en une nation et à leur histoire. La grammaire est politique. L'histoire de la France et de son peuple se condense dans sa langue, qui en est le précipité. Les liant à leur histoire, cette langue lie les Français entre eux : elle est une certaine façon d'être ensemble. Et enfin, elle est, à travers son vocabulaire et sa syntaxe, un certain regard sur le monde. L'ensemble de ces significations forme ce qu'on appelle la civilisation française.

    Comme la France n'est pas une nation ethnique, ce n'est pas la naissance qui fait l'unité, mais l'histoire et la langue. L'inconscient tapi derrière la dislocation de la langue mise en œuvre par les « élites » de notre pays est celui de la dislocation nationale. Faute morale et politique : disloquer la langue, comme s'y est accoutumé François Hollande, c'est disloquer aussi l'histoire et la nation, rendant vide le regard. Mépriser la langue c'est mépriser l'histoire. C'est mépriser le peuple. C'est mépriser la nation.

    L'orthographe est le rapport d'un peuple à son passé. Les mots sont des monuments. Ils sont l'existence dans le présent d'états passés de la langue. À travers eux continuent de subsister des façons de voir le monde qui se sont effacées. Leur écriture et leur lecture est toujours un voyage dans le temps. Les mots sont des fenêtres ouvertes sur le passé. Maintenir l'orthographe est aérer le présent en ouvrant ces fenêtres. L'intransigeance dans la juste graphie des mots est la signature des intelligences ouvertes qui refusent le cloisonnement de la langue dans la prison du présent.

    Ni François Hollande ni de nombreux journalistes ne parlent plus français. Ils parlent un ersatz de français, misérable en vocabulaire et rachitique en syntaxe. Aucune idée ni pensée de peut naître en pareil désert. Remplacement il y a : une néolangue prend peu à peu la place du français. Dans les écoles elles-mêmes, le prétendu enseignement du français vise à la destruction de la langue française puisque, comme la presse vient de le révéler, selon la parole officielle la grammaire « est négociable » !

    Cette dislocation de la langue - qui, à la suite des élites, verse chaque Français dans la catégorie des syntaxiquement pauvres - est l'expression dans le domaine verbal d'une dislocation plus généralisée : celle de la pensée et celle de la politique. Cette décomposition traduit un projet politique et anthropologique : couper les Français de leur histoire, les muter en zombies. N'étant plus héritiers de leur langue, ils ne le seront plus de leur histoire ni de leur nation. Dans ce gel d'héritage tient - les tweets fautifs le manifestent piteusement - la seule « réussite » du quinquennat de François Hollande. 

    « Mépriser la langue c'est mépriser l'histoire. C'est mépriser le peuple. C'est mépriser la nation. »

    Robert Redeker

    Dernier ouvrage paru de Robert Redeker : « L’École fantôme » (Éditions du Rocher, septembre 2016). 

    Robert Redeker