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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Aux Mercredis de la NAR : #4 - Frédéric De Natal sur les Perspectives de restauration monarchique en Europe.

    Mercredi 18 octobre, aux “Mercredis de la NAR” nous recevions Frédéric de Natal sur le thème “Perspectives de restauration monarchique en Europe ?”. Journaliste, ancien collaborateur au magazine “Point de Vue–Histoire”, chroniqueur à “Royaliste”, Frédéric de NATAL observe depuis de nombreuses années les mouvements monarchistes dans le monde entier et plus particulièrement en Europe. Nous lui avons demandé d’évoquer la question monarchique et royale dans trois pays : la Serbie, la Roumanie et le Portugal. Après avoir retracé l’histoire de ces trois pays, Frédéric de Natal présentera les mouvements royalistes serbes, roumains et portugais et les perspectives de restauration monarchique dans ces trois nations durement touchées par les tragédies du XXème siècle.


  • A la télé : Turquie, nation impossible, par Charles-Henri d'Andigné

    Alors que la Turquie est au coeur du conflit proche-oriental, ce documentaire, signé Jean-François Colosimo, tombe à pic.

    Il relate l'histoire de la Turquie moderne, dont les deux grandes figures sont Mustapha Kemal (l'Ataturk) et Recep Tayyip Erdogan.

    Une histoire marquée par un nationalisme farouche, ethnique et jacobin dans les années 1920/1930, islamiste depuis vingt ans, très antichrétien - voir le génocide arménien de 1915, jamais reconnu par l'Etat turc - et hostile aux kurdes, massacrés et persécutés depuis des lustres, malgré leur religion musulmane.

    Passionnant, mais pas très rassurant.

    (source : Famille chrétienne, pagés Télévision, n° 2180, du 26/10 au 01/11)

  • Aux Mercredis de la NAR : #4 - Frédéric De Natal sur les Perspectives de restauration monarchique en Europe.


    Mercredi 18 octobre, aux “Mercredis de la NAR” nous recevions Frédéric de Natal sur le thème “Perspectives de restauration monarchique en Europe ?”.

    Journaliste, ancien collaborateur au magazine “Point de Vue–Histoire”, chroniqueur à “Royaliste”, Frédéric de NATAL observe depuis de nombreuses années les mouvements monarchistes dans le monde entier et plus particulièrement en Europe.

    Nous lui avons demandé d’évoquer la question monarchique et royale dans trois pays : la Serbie, la Roumanie et le Portugal. Après avoir retracé l’histoire de ces trois pays, Frédéric de Natal présentera les mouvements royalistes serbes, roumains et portugais et les perspectives de restauration monarchique dans ces trois nations durement touchées par les tragédies du XXème siècle.

  • Au Cinéma : Tom, par Guilhem de Tarlé

    1A.jpgArts & Ciné : Tom,  un film français de Fabienne Berthaud, avec Tanguy Mercier (Tom), Nadia Tereszkiewicz (sa mère, Joss), Félix Maritaud (Samy, son père), Claudine Acs (Madeleine) ;

    Adaptation d’un roman de Barbara Constantine, publié en 2010, Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom.

     

    Tom… une bonne mise en scène qui captive dès les premières images, pour une histoire, somme toute banale.

    Fabienne Berthaud nous raconte, sans « bisounourserie », une histoire saine de marginaux, en dehors des codes obligatoires de sexe, de genre et de diversité.

    Ce n’est certainement pas le film de l’année mais cela mérite d’être encouragé.

    guilhem de tarlé.jpg

  • Idées • Eric Zemmour : « L'homme qui n'aimait pas notre Révolution »

     

    Par Eric Zemmour

    Une réédition remarquable du classique de Burke. Depuis deux siècles, les droits de l'homme sont devenus  notre religion. Pour le meilleur et pour le pire. Surtout pour le pire, d'ailleurs, comme on le voit aujourd'hui. Deux remarques à propos de cette brillante recension d'Eric Zemmour [Figarovox - 2.11]. La première est que le terme conservateur - que revendiquent très couramment les intellectuels appelés souvent néo-réacs - n'a plus le sens péjoratif qu'il avait jadis dans les milieux royalistes ou patriotes (« c'est un mot qui commence mal ...»), il ne se rattache plus à l'idéologie libérale ou bourgeoise de la droite parlementaire, il signifie plutôt attachement à ce que nous aurions appelé en un temps, au sens profond, la Tradition.  A conserver ou à retrouver. Notre seconde remarque est une réserve lorsque Zemmour écrit que « les libertés anciennes ont été détruites en France par la monarchie elle-même ». Ce qu'il peut y avoir de vrai dans cette affirmation doit, selon nous, être fortement relativisé : rien de comparable entre les libertés anciennes que la monarchie a pu détruire et l'œuvre du rouleau compresseur idéologique du jacobinisme révolutionnaire encore à l'œuvre aujourd'hui. Les plus ultras partisans de la décentralisation et des libertés se satisferaient volontiers aujourd'hui des libertés de toutes sortes dont était toujours hérissée la France à la veille de la Révolution.  Lafautearousseau    

     

    522209694.4.jpgC'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes ; dans les grands textes du passé qu'on comprend le mieux la situation politique contemporaine. La dernière réédition du classique Réflexions sur la Révolution en France d'Edmund Burke l'atteste une nouvelle fois avec éclat. Il faut dire que le travail éditorial est admirable : préface brillante de Philippe Raynaud ; appareil critique exhaustif et passionnant ; sans oublier divers discours ou lettres de Burke qui attestent que, jusqu'à sa mort en 1797, celui-ci n'a jamais cessé de ferrailler contre notre Révolution.

    On se souvient de la thèse de Burke : les « droits de l'homme » n'existent pas ; il ne connaît que les « droits des Anglais ». On songe aussitôt à Joseph de Maistre, qui, lui non plus, n'avait jamais rencontré d'« hommes », mais des Italiens, des Russes et même, grâce à Montesquieu, des Persans. Ce ne sera pas la seule fois que le libéral conservateur anglais se retrouve sur la même ligne que le réactionnaire savoyard. Pas la seule fois qu'il inspirera tous les conservateurs avec son éloge chaleureux des « préjugés ».

    Pour Burke, les libertés sont un héritage, un patrimoine hérité de ses ancêtres. De sa tradition et de son Histoire. Burke est le premier à prendre « la défense de l'Histoire contre le projet révolutionnaire de reconstruction consciente de l'ordre social », nous explique notre préfacier didactique. Cette querelle dure jusqu'à nous. Nous vivons encore sous l'emprise de ces révolutionnaires qui ne se lassent jamais de « faire table rase du passé », pour qui tout est artificiel, tout peut être construit par volonté et par contrat, même la nation, même la famille, jusqu'au choix de son sexe désormais.

    Burke comprend tout de suite les potentialités tyranniques du nouveau quadrilatère sacré des concepts à majuscule : « Philosophie, Lumières, Liberté, Droits de l'Homme » ; et les violences de la Terreur qui s'annoncent, « conséquences nécessaires de ces triomphes des Droits de l'Homme, où se perd tout sentiment naturel du bien et du mal ». Burke tire le portrait, deux siècles avant, de nos élites bien-pensantes contemporaines qui n'ont que le mot « République » à la bouche, pour mieux effacer la France : « Chez eux, le patriotisme commence et finit avec le système politique qui s'accorde avec leur opinion du moment » ; et de ces laïcards qui réservent toute leur fureur iconoclaste au catholicisme, quel qu'en soit le prix à payer : « Le service de l'État n'était qu'un prétexte pour détruire l'Église. Et si, pour arriver à détruire l'Église, il fallait passer par la destruction du pays, on n'allait pas s'en faire un scrupule. Aussi l'a-t-on bel et bien détruit. »

    Burke est le père spirituel de tous les penseurs antitotalitaires du XXe siècle, en ayant pressenti que les hommes abstraits des « droits de l'homme » désaffiliés, déracinés, arrachés à leur foi et à leur terre, hommes sans qualités chers à Musil, seraient une proie facile des machines totalitaires du XXe siècle.

    Mais Burke, avec son œil d'aigle et sa prose élégante, est aussi passionnant par ses contradictions et ses limites. Burke parle d'abord aux Anglais de son temps. Il n'est pas un conservateur comme les autres. Il a pris le parti des « Insurgents » américains contre l'Empire britannique. C'est un libéral qui croit en une société des talents et des mérites. Mais il combat ses propres amis qui soutiennent les révolutionnaires français au nom d'une démocratisation des institutions anglaises. Burke se fait le chantre des inégalités sociales et rejette la conception rousseauiste de la participation des citoyens au pouvoir. Il n'est pas républicain ; il n'admet pas que la souveraineté nationale assure la liberté des citoyens. Il donne raison à Napoléon, qui écrira dans quelques années à Talleyrand : « La Constitution anglaise n'est qu'une charte de privilèges. C'est un plafond tout en noir, mais brodé d'or. »

    Il décèle avec une rare finesse l'alliance subversive entre gens d'argent et gens de lettres, qui renversera en France l'aristocratie d'épée et l'Église. Burke a déjà deviné ce que Balzac décrira. Mais il faut, à la manière des marxistes d'antan, lui rendre la pareille : Burke est l'homme de l'aristocratie terrienne anglaise qui s'est lancée dans l'industrie au XVIIIe siècle et entend bien soumettre politiquement les classes populaires pour permettre les conditions de « l'accumulation capitaliste ». Il défend une authentique position de classe. Mais sa position de classe donnera la victoire à l'Angleterre dans la lutte pour la domination mondiale.

    Burke est un conservateur libéral ; il accepte l'arbitrage suprême du marché ; il est proche d'Adam Smith et est le maître de Hayek. Mais comme tous les conservateurs, son éloge nostalgique de « l'âge de la chevalerie », de « l'esprit de noblesse et de religion », son émotion devant les charmes de Marie-Antoinette seront emportés comme fétu de paille par la férocité du marché, ce que Marx appelait « les eaux glacées du calcul égoïste ». Il ne veut pas voir ce que Schumpeter reconnaîtra : le capitalisme détruit « non seulement les arrières qui gênaient ses progrès, mais encore les arcs-boutants qui l'empêchaient de s'effondrer ».

    Burke est anglais et sa réponse est anglaise. Mais la Révolution de 1789 est française. La monarchie anglaise n'a pas eu la même histoire que la monarchie française. Les libertés anciennes ont été détruites en France par la monarchie elle-même. D'abord pour émanciper le roi de l'Église et des féodaux, puis, pour arracher le pays aux guerres de Religion. La Glorious Revolution de 1688 s'est faite au nom de la religion protestante et de la défense des libertés aristocratiques.

    Deux histoires, deux conceptions de la liberté. Mais Burke préfigure et annonce le sempiternel regret des libéraux français et de toutes nos élites depuis deux siècles : que la France ne soit pas l'Angleterre. Ce regret n'a jamais été consolé ni pardonné: après avoir tenté pendant deux siècles de corriger le peuple de ses défauts ; après s'être efforcées de l'angliciser, de l'américaniser, de le « protestantiser », les élites hexagonales ont fini par abandonner le peuple français à son indécrottable sort « franchouillard » et le jeter par-dessus bord de l'Histoire. Au nom de l'universalisme et des droits de l'homme. Burke avait eu raison de se méfier. 

    Réflexions sur la révolution en France. Edmund Burke, Les Belles Lettres, 777 p., 17 €.

    Eric Zemmour           

  • Pierre-André Taguieff : « La France n'est pas en marche, elle se soumet à la marche du monde »

     

    Par Pierre-André Taguieff

    C'est un tableau d'une extrême lucidité et sans aucune complaisance pour notre système politico-intellectuel au grand complet, que brosse ici Pierre-André Taguieff [Figarovox, 12.05]. Une analyse qui intéresse les royalistes, partie prenante au débat d'idées et au souci politique. Et notamment les maurrassiens qui gardent à l'esprit les analyses et la visée éminemment stratégique de L'avenir de l'intelligence, publié par Maurras il y a plus d'un siècle [1905]. Un long article qui suscite la réflexion et le débat.  LFAR 

     

    On affirme hâtivement, depuis quelques années, que « la droite a gagné la bataille des idées », ce qui, bien entendu, satisfait ceux qui se disent de droite, même s'ils sont convaincus, n'étant pas des gramsciens orthodoxes, qu'il ne suffit pas de prendre le pouvoir culturel pour parvenir au pouvoir politique. Les résultats de la dernière élection présidentielle en témoignent avec éloquence. Mais le cliché circule aussi à gauche, du moins dans certains milieux de la gauche intellectuelle résiduelle qui ont professionnalisé l'observation des droites, dites extrêmes, réactionnaires ou conservatrices. Cette gauche intellectuelle et culturelle, habituée depuis l'ère mitterrandienne à fréquenter les lieux du pouvoir, s'est sentie menacée durant les pitoyables dernières années du hollandisme. Poursuivant sa lente et inexorable sortie de l'Histoire, cette gauche a été saisie par la conscience malheureuse. Elle s'est découverte sans doctrine ni chef. Elle qui se célébrait en tant que gardienne de l'intelligence et de la pensée critique, porte-parole des vertus morales et civiques, porteuse d'un avenir radieux, elle qui se glorifiait d'attirer tant de scientifiques, de philosophes, d'artistes et d'écrivains, a dû reconnaître qu'elle ne rayonnait plus.

    La grande inquiétude de la gauche intellectuelle

    Depuis quelques années, ne croyant plus en elle-même, la gauche voit son adversaire officiel en vainqueur du « combat culturel », ce qui signifie pour elle une descente aux enfers. Littéralement elle n'en revient pas, et craint pour sa survie. Au moins croit-elle avoir identifié la cause de son malheur. Le vieil antifascisme, qui fédérait les gauches, s'est ossifié, perdant toute efficacité symbolique, et l'antiracisme, qui jouait un rôle d'adjuvant ou de substitut, a éclaté en sectes idéologiques mutuellement hostiles. Pour ceux qui se veulent « de gauche », le « bon vieux temps » du confort intellectuel et moral n'est plus.

    Ralliée plus ou moins honteusement au libéralisme économique, la gauche de gouvernement, suivie par ses chantres médiatiquement visibles, a abandonné de fait aux nationalistes antimondialistes et aux multiples héritiers du communisme la critique du capitalisme, poursuivie sous d'autres drapeaux (lutte contre le « néolibéralisme », la « mondialisation sauvage », etc.). Avec sa substance, elle a perdu son identité. Cette gauche sans visage tente cependant de s'en donner un en se reconnaissant bruyamment dans celui du nouveau président de la République, incarnation affichée de la compétence économique et de l'« ouverture » au monde : Emmanuel Macron. Un visage sympathique de dynamique « réconciliateur » de bonne volonté, qui appelle comme tous ses prédécesseurs au « changement », au « rassemblement » et à la « modernisation ». Avec ce supplément d'horizon : l'annonce d'une marche triomphale vers le postnational, l'ultime utopie mobilisatrice des élites déterritorialisées. Mais ce dernier rejeton du progressisme, qui joue du « ni droite ni gauche » tout en se disant « et de droite et de gauche », pourrait bien n'être que l'image floue enveloppant et recouvrant la disparition en cours d'une gauche à la dérive.

    Macron ? Le pouvoir des jeunes, par les jeunes, pour les jeunes

    La diabolisation du nationalisme ne permet pas non plus de constituer un front idéologique dont la gauche politico-intellectuelle serait l'avant-garde : tout le monde, sauf l'extrême gauche marginale, s'affirme désormais « patriote » et attaché à la nation, ce qui revient à dire que le nationalisme, au moins à l'état dilué ou sous une forme euphémisée, est partagé par « la droite » et « la gauche », ainsi que par les partisans de la synthèse vague (« et droite et gauche »), nouvelle formule du centrisme et/ou de l'opportunisme promondialisation, repeint aux couleurs du jeunisme. On a en effet le sentiment que la démocratie, incarnée par « le plus jeune président » d'un pays européen, « optimiste » comme il convient à tout jeune de l'être, tend à se redéfinir en France comme « le pouvoir des jeunes, par les jeunes et pour les jeunes ». Et le surgissement de jeunes prédicateurs médiatiques au langage fleuri et vertueux, s'indignant à tout propos et le regard fixé sur l'avenir meilleur (une bonne Europe, une bonne mondialisation, une bonne immigration, etc.), semble confirmer l'hypothèse.

    L'anti-nationalisme diabolisant, rejeton de l'antifascisme et de l'antiracisme, a largement perdu en force de mobilisation. Si Marine Le Pen a pu faire peur, et être rejetée même par une partie de ceux qui la suivaient dans ses propositions programmatiques sur la restriction de l'immigration et la lutte contre l'islamisme, c'est avant tout en raison de son incompétence en matière économique, promesse de chaos - dont la sortie de l'euro reste le symbole -, et de ses positions démagogiques sur les questions régaliennes.

    Il reste à la gauche, dans toutes ses figures, de recycler pitoyablement, sans être crédible, les vieux slogans communistes centrés sur la dénonciation du « grand capital » ou de la « finance internationale », et de diaboliser le « néolibéralisme », au risque de rejoindre la nouvelle rhétorique du Front national. L'adhésion de la gauche dite « socialiste » aux principes de l'économie de marché lui interdit en principe de donner dans la démagogie néogauchiste. Mais sans la religion populaire de l'anticapitalisme, la gauche s'effacerait totalement du paysage. Elle est donc condamnée à s'accrocher à cette superstition, qui reste l'opium du « peuple de gauche ». La raison en est éclairée par cette analyse de Joseph de Maistre, défenseur avisé de la religion chrétienne, dans Les Soirées de Saint-Pétersbourg (1821) : « La superstition est le bastion avancé de la religion. On n'a pas le droit d'oser le raser. Sans lui, l'ennemi pourrait s'approcher trop près de la véritable fortification.» Le cœur de l'édifice, pour la gauche, n'est autre que son identité de gauche, condition de son existence. Sa survie tient au talent de ses démagogues attitrés, gardiens de ses masques.

    Le triomphe du manichéisme

    De son côté, l'extrême centre, disons l'axe libéral-social-opportuniste, tente de réinventer une « extrême droite », une « droite extrême » ou une « droite dure » incarnant ses cauchemars, en la dénonçant comme « populiste », terme attrape-tout qui fonctionne aujourd'hui, polémique oblige, comme synonyme de « fascisme ». D'où les récentes tentatives de refasciser le nouveau Front national, ce qui est la manière la plus paresseuse de le combattre. Heureusement pour ses ennemis, le parti néo-lepéniste s'est enchaîné à un programme qui l'entraîne vers le fond, largement emprunté, la crédibilité en moins, aux utopies anticapitalistes d'extrême gauche. La tendance, partagée par les naufragés « socialistes », est également à une extrémisation polémique de la droite libérale, à travers l'argument de la « casse sociale ». Le manichéisme le plus sommaire est de retour, sous diverses formes. Il structure notamment les visions du monde respectives des mouvements qui ont survécu à la déroute des deux grands partis de droite et de gauche : le Front national « mariniste » et En marche !, dont le point commun est de se définir par le « ni droite ni gauche ». À l'opposition lepéniste entre les « mondialistes » et les « patriotes » répond la vision manichéenne des macronistes, résumée par leur guide spirituel évoquant le 5 mai 2017 « cette polarité réelle entre un parti d'extrême droite, réactionnaire, nationaliste, anti-européen, antirépublicain, et un parti progressiste, patriote, pro-européen, qui réconcilie la gauche de gouvernement, une partie de la droite sociale, pro-européenne, une partie d'ailleurs du gaullisme, et le centre ». Rappel du principe qu'on ne peut réconcilier qu'en excluant ceux qu'on juge irréconciliables par nature, à jamais perdus pour l'union nationale promise. La nouvelle fête de la Fédération, en version communicationnelle, n'est pas pour tout le monde. Dans le camp du Bien, les rediabolisateurs à pas feutrés ou à front de taureau sont au travail, s'efforçant de mobiliser les indignations morales et de monopoliser la posture morale. Le propre du néo-antifascisme, c'est qu'il est un aliment de propagande susceptible d'être indéfiniment réchauffé pour accommoder les plats les plus divers.

    Cette gauche intellectuelle qui ne comprend pas l'indépendance

    La défaite intellectuelle de la gauche de gouvernement est un fait. La victoire déplorée de « la droite » un fantasme. Les idées ne la préoccupent guère. Elle les abandonne volontiers à ses adversaires ainsi qu'à quelques essayistes ou polémistes talentueux situés hors de ses murs. Il est abusif de présenter ces écrivains ou ces journalistes, pour les louanger ou les blâmer, comme des intellectuels organiques de la droite pour la seule raison qu'ils s'attaquent de préférence à la pensée-slogan dite de gauche. Ils poursuivent leurs chemins respectifs sans savoir où ces derniers les mèneront. Certains d'entre eux continuent bizarrement de se dire « de gauche », d'autres affirment leur hostilité envers le « progressisme » revendiqué par les gauches, quelques-uns s'avouent « conservateurs ». Rares sont ceux qui se reconnaissent dans un parti de droite. C'est pourquoi la défaite reconnue de la gauche n'est nullement le résultat d'une quelconque stratégie culturelle conduite par ses adversaires politiques désignés ou déclarés. Elle n'est que la conséquence d'un vaste processus de dissipation, de sclérose et de décomposition conflictuelle qui ne saurait être attribué à cet acteur étranger et inquiétant : « la droite ». Celle-ci, installée depuis longtemps dans l'opportunisme, le clientélisme et les combinaisons électorales, ne saurait être tenue pour responsable de sa victoire supposée dans les esprits.

    À l'instar de la gauche, la droite n'a rien d'un sujet pensant et agissant dans l'espace des débats et des controverses où il est question des choses sérieuses - science, philosophie, littérature et arts. Cet espace immatériel où s'est réfugiée la pensée n'a rien à voir avec les insignifiantes tables rondes où s'affrontent de pâles et fades créatures du monde médiatique, de frétillants conseillers en communication, des « experts » péremptoires (sondologues lénifiants ou démographes en folie), des courtisans métastables et des militants politiques à l'esprit rigide, baptisés « intellectuels », parlant le jargon de bois de leur parti, de leur mouvement ou de leur « assoss ». Ceux qui pensent sont désormais des non encartés, des esprits libres, sans appartenances partisanes, des engagés désengagés. Ils ne sont pas partie prenante du spectacle politique. Ils ont cessé d'adhérer. Une pensée militante est une piètre pensée.

    La surprise d'avoir désormais des contradicteurs

    Si l'on transforme la proposition en question, « La droite a-t-elle gagné la bataille des idées ? », il reste encore à préciser quelle est la droite susceptible d'être victorieuse dans cette bataille. Car il y a plusieurs droites, si du moins l'on peut s'entendre sur le sens à donner à cette catégorisation confuse, « la droite ». On ne sait pas de quoi l'on parle lorsqu'on fait simplement référence à « la droite »..

    Parle-t-on d'une droite libérale et réformiste, voire progressiste, d'une droite conservatrice, d'une droite nationaliste, d'une droite autoritaire, d'une droite traditionaliste ou réactionnaire ? Sans oublier la figure oxymorique qu'est la droite « ni droite ni gauche » : le néogaullisme. Supposons cependant qu'on ait réglé le problème de la catégorisation, ce qui est fort peu probable. On découvre alors le pot aux roses : il n'y a pas de batailles d'idées, à défaut de combattants, parce que les médias restent largement acquis à la gauche culturelle et intellectuelle, et sont enclins à inviter ou à privilégier les intervenants qui leur ressemblent. Précisons : à n'importe quelle gauche, « modérée » ou « extrême », à la gauche tamisée ou à la gauche frénétique. Les installés de gauche sont les dominants, qui se sentent néanmoins assiégés. Ce seul sentiment leur donne de l'énergie, celle de rester en place malgré tout et à tout prix. La relative macronisation des esprits leur permet de reprendre espoir.

    La puissance de séduction d'un acteur politique a notamment pour effet de paralyser la faculté de distinguer l'important du secondaire et l'essentiel de l'accidentel. On doit à la lucidité de l'écrivain algérien Boualem Sansal, par un article paru le 8 mai 2017 dans le New York Times, de nous avoir rappelé à la dure réalité au milieu des effusions lyriques, de l'indifférence cynique et des soupirs de soulagement : « La France ne se gouverne plus elle-même ; l'Europe a toujours son mot à dire. La mondialisation fait que la terre ne tourne plus que dans un sens (…). Voilà pourquoi il importait que soient débattus durant la campagne présidentielle tous ces thèmes mondialisés : l'islamisation, le terrorisme, le réchauffement climatique, la migration, l'affaiblissement des institutions multilatérales. Mais ceux-ci ont à peine été évoqués. Peut-être était-ce à cause d'un sentiment d'impuissance face à ces problèmes. Mais le fait de ne pouvoir rien y changer n'est pas une raison de ne pas y regarder.»

    En Marche vers le moralisme

    Face à ceux qu'elle perçoit ou désigne comme ses ennemis, la gauche aux idées mortes mais au pouvoir culturel inentamé recourt à deux stratégies. Si la stratégie du silence assassin ne fonctionne pas, elle s'engage dans une guerre verbale qui, menée à sens unique, consiste à lancer des rumeurs malveillantes, des campagnes de diffamation, des anathèmes, à procéder à des dénonciations publiques, à des excommunications visant « la droite » (« dure », « extrême », « éternelle », etc.) et ses représentants supposés. On s'indigne, on dénonce et on condamne sur la place publique. La mise à mort symbolique de François Fillon, dont le programme n'a jamais été discuté, en fournit un terrible exemple. Le moralisme triomphe, le discours édifiant s'étend et se banalise. Rien là qui ressemble, de près ou de loin, à une « bataille d'idées ». L'impératif du « faire barrage » relève d'une déontologie de douanier, et la métaphore de la « ligne jaune » (ou « rouge ») de la vision policière du monde.

    Une fois de plus, le terrorisme émotionnel s'exerce, et ses champs d'exercice sont multiples. La prestation ratée de Marine Le Pen, le 4 mai 2017, en a fourni une illustration plutôt grossière. En s'enfermant dans la langue de bois europhobe et antimondialiste de son parti tout en s'abandonnant à sa violence verbale, elle a été contre-productive, se désignant elle-même comme une démagogue d'extrême droite. Mais ce terrorisme peut aussi s'exercer d'une manière subtile, en se masquant derrière les appels à la « raison » et au « progrès ». Le contradicteur ne peut être qu'un ennemi, et l'ennemi ne peut qu'être l'incarnation de l'irrationnel, de l'archaïsme ou du passéisme, du mensonge, de la « postvérité ». Le propre des démagogues de gauche, c'est qu'ils dénoncent avec véhémence, sans vergogne, la démagogie du camp d'en face, quitte à l'inventer quand elle est inexistante. Le paradoxe est triste, hélas : la gauche a perdu la bataille des idées, mais la droite ne l'a pas gagnée. Les nationalistes identitaires et souverainistes non plus.

    Le 9 mai 2017, le site « Sauvons l'Europe  », affichant son « engagement pro-européen et

  • CIVILISATION • Philippe de Villiers : « La barbarie va nous faire redécouvrir notre civilisation »

     

    Par Philippe De Villiers

    Dans une tribune donnée au Figaro, Philippe de Villiers réagit aux attentats du vendredi 13 novembre. Selon lui, de cette tragédie pourrait naître un sursaut salutaire. Nous n'avons rien à y ajouter. LFAR 

    Dans mon dernier livre [1], je l'avais écrit en toutes lettres: « Nous allons devoir affronter la guerre que nous ne voulons pas nommer. Et la classe politique va connaître le chaos. »

    Nous y sommes : la guerre est là. Et le chaos va suivre. Les fautes sont trop lourdes. L'imputation sera terrible. Comment les élites mondialisées pourraient-elles en effet s'exonérer de leur responsabilité devant l'histoire, d'avoir installé chez nous, depuis les années soixante-dix, une colonisation à rebours, préparant ainsi les prodromes d'une nouvelle guerre de religion inouïe depuis le XVIème siècle.

    Les gens qui se sont succédé au pouvoir depuis l'ère giscardienne et maastrichtienne ont failli. La France officielle qui a importé au cœur de notre pays, une autre nation, a vécu sur deux principes : un «espace sans frontière», au nom de l'hubris européen ; et une « société multiculturelle », au nom de l'idéologie mondialiste.

    On nous a expliqué, pendant vingt ans, que « les frontières étaient inutiles ». Aujourd'hui, il y a 5000 kalachnikovs qui, après un long voyage, dorment sagement dans les caves des « territoires perdus de la République ». Personne n'en a contrôlé l'entrée. On y trouvera bientôt des stocks de gaz sarin. Il y a aussi 3000 kamikazes - selon nos services de renseignement - qui vont et viennent sans souci pour aller chercher en Belgique ou en Syrie leurs ceintures explosives.

    Et voilà que soudain, on nous dit « On va fermer les frontières ». Il faut se pincer pour être sûr d'avoir bien entendu. Le salto arrière est impressionnant. Aucun mea culpa. La médiacaste éberluée s'extasie : « va pour les frontières ! Chapeau l'artiste ! ». Il faudra des années pour reconstituer une infrastructure douanière. Que de temps perdu !

    De la même manière, depuis vingt ans, au nom du multiculturalisme, on a voulu en finir avec la fameuse « assimilation » des étrangers. C'était un «concept désuet ». Il fallait « insérer », « intégrer ». Et on a désintégré et assimilé à  l'envers les petits Français de souche au mode de vie hallal.

    Ainsi a-t-on changé le visage de la France ! Dans certains quartiers, dans certaines villes, il suffit de descendre dans la rue : il y a des voiles partout. On a inscrit dans nos paysages, avec la « mixité sociale », la « politique de la ville », un damier communautaire.

    Les hommes politiques savent que, selon la loi de l'islam, l'humanité entière est destinée à se reconnaître musulmane, à se soumettre au Dieu du Coran. La bipartition du monde impose le Djihad: il y a le monde islamisé - le Dar El Islam - « la maison de la paix ». Et il y a le monde à islamiser - le Dar El Harb - « la maison de la guerre ». Pour les « jeunes Croyants », imprégnés de sourates, et ceinturés d'explosifs, qui ont frappé à Paris, depuis Molenbeek et la Syrie, la France doit être islamisée puisqu'elle fait partie du Dar El Harb.

    Il y a un autre mensonge qui vient d'expirer sous nos yeux dans le Paris ensanglanté : nos élites ont voulu nous faire croire que la « laïcité droit de l'hommiste » était une réponse suffisante - et même la seule réponse convenable - à la gangrène djihadiste. Or on voit bien ce qui se passe aujourd'hui : les laïcards font le vide et les islamistes le remplissent. Ils nous frappent parce qu'ils nous méprisent. Le nihilisme occidental, prenant congé d'une chrétienté flageolante, s'exprime comme une neutralisation religieuse de l'espace public.

    Il faut rendre le pays à ses fiertés. Et sortir aussi la France du protectorat américain où elle s'abîme. Nos élites sont veules. Elles obéissent à Washington où elles vont chercher consignes et argent de poche. A cause de l'Amérique, nous avons lâchement abandonné les Chrétiens d'Orient. Il faut un renversement d'alliance : sortir de l'OTAN et ouvrir un partenariat avec les Russes, faire la grande Europe de l'Atlantique à l'Oural, l'Europe des chrétientés charnelles.

    Quelle tristesse ! Le bain de sang, le grand deuil… Tant de larmes… Et puis la torpeur… l'incompréhension, parfois la prostration. Tant de gens qui ont cru à la fable du « vivre ensemble » et au slogan « L'islam, religion de paix », ainsi qu'à l'impératif catégorique à l'intention des islamo-sceptiques : « Pas de stigmatisation! Pas d'amalgame ! ».

    La France pleure. Nos cœurs saignent. Nous pleurons sur les Français et sur la France. Sur ce pauvre pays si cher, qui enterre les victimes d'une religion de conquête et que nos politiciens n'ont pas su protéger, par lâcheté, par inconséquence et par une détestation hystérique de la France chrétienne. Au surlendemain des attentats [2], le président des maires de France, M. Baroin, a demandé qu'on expulse de l'espace public les crèches de Noël. Et pourtant, dans les noirceurs de cette tragédie, s'est allumée une petite lumière. Bientôt émergera le carré de la dissidence. Un jour viendra - peut-être un jour prochain - où des milliers de mains vont se tendre les unes vers les autres. Des mains qui ne se connaissent pas. Fragiles, hésitantes. Celles des jeunes branchés du vendredi soir, agressés les premiers et dont la colère les portera vers la vérité. Leurs parents soixante-huitards leur avaient dit : « il n'y aura plus jamais de guerre ». Maintenant, ils savent. Un peu plus loin, il y a d'autres jeunes, qui vivent tapis dans les banlieues et qu'on appelle les « petits blancs ». Ceux-là n'en peuvent plus de baisser la tête et de longer les murs. Ils regardent aujourd'hui les terrasses ensanglantées, ils se sentent frères de détresse sinon de mode de vie avec les morts du Bataclan. Eux aussi vont se redresser en criant: « On est chez nous ! ».

    Et puis il y a tous ces jeunes veilleurs de la Manif Pour Tous qui ont passé quelques nuits au poste et ont compris que la gent politicienne les avait manipulés. Ils savent que notre civilisation est mortelle. Ils sont entrés en dissidence, dans la grande catacombe. Enfin, il a les jeunes ruraux, qui se sentent abandonnés par la fameuse « politique de la Ville » et qui voient arriver dans les campagnes le flot des migrants où se glissent quelques terroristes syriens.

    Toutes ces jeunesses vont se lever et opérer leur jonction. Ils porteront des lucioles, comme celles qu'ils ont déposées dans les rues de Paris. Ils les brandiront au nom de l'Âme Française. Toutes ces petites Marseillaises qui viennent de partout signalent déjà ces fiertés bourgeonnantes. Les événements en auront fait - eux, les fils de consommateurs compulsifs - des combattants instinctifs de notre identité patrimoniale.

    Alors, peut-être qu'avec le recul, dans quelques années, on pensera : ce premier acte de guerre des islamistes à Paris, qui a semé la terreur et la panique, ce fut en fait la première faute stratégique du Califat. Car il a réveillé les Français - les jeunesses françaises -. et les a arrachés à leurs somnolences et crédulités.

    Avec les prochains attentats, hélas prévisibles, nous allons connaître le point de retournement. La France est en dormition mais elle n'est pas morte. La barbarie va nous faire redécouvrir notre civilisation. Les yeux vont s'ouvrir. Et peut-être aussi les âmes. 

    Philippe De Villiers            

  • Exposition • Jean Genet ne fut pas un saint ...

    Genet militaire au Maroc dans les années 30 
     
     
    Par Peroncel-Hugoz

    Poursuivant ses reportages à Marseille Péroncel-Hugoz est allé voir l'exposition « Genet, l'échappée belle », où le Maroc est présent, et il en est sorti mi-figue mi-raisin…

     

    peroncel-hugoz 2.jpgAucun doute à ce sujet : avec son style clair, pur, à la fois classique et moderne, Jean Genet (1910-1986) est une des très grandes plumes françaises du XXe siècle, comparable seulement à quelques rares autres géants du style tels Paul Morand, Henri de Montherlant, André Gide ou François Mauriac. Son « Journal du voleur » (1946 et 1949) est un des joyaux de la littérature française paraissant tombé du ciel tout armé ou bien né d'un coup de baguette magique… Le dur labeur d'écriture qu'implique un tel livre ne se sent à aucun moment, contrairement à tant de « chefs-d’œuvre » laborieux, croulant sous prix et gros tirages. 

    L'exposition de Marseille se justifie donc pleinement même si nombre de Provençaux de souche, d'adoption ou de fréquentation, s'étonnent des regards du Mucem toujours tournés vers Paris (et le parisianisme) ; ceux qui attendent dans la cité phocéenne de grandes manifestations autour d'enfants du Midi de l'envergure de Frédéric Mistral, Marcel Pagnol, Jean Giono ou les Daudet, resteront insatisfaits pour le moment 

    MASOCHISTES MONDAINS A LA COCTEAU

    En réalité ce qui est insupportable, c'est le côté fortement « idéologique » de l'expo Genet. Certes, avec toutes ses histoires (pas toutes exactes, loin de là) de vols chez les bourgeois, Genet sut drainer très tôt vers sa personne, plus encore que vers ses écrits, si originaux soient-ils, toute une clientèle de masochistes mondains type Jean Cocteau, qui contribuèrent d'une manière décisive au lancement quasi universel de Genet ; l'essayiste nord-américain – non complaisant – de Genet, Edmond White a pu affirmer dans sa monumentale biographie de l'écrivain, en 1993, « que la rhétorique de la fin des années 60 et 70 méprisait les bons sentiments bourgeois : Genet se devait d'affirmer sa légitimité de paria » ; il transforma en bourreaux d'enfants le brave couple rural qui le recueillit, orphelin sans père, abandonné par sa pauvre mère ; il exagéra à qui mieux-mieux ses premiers vagabondages, ses premiers larcins, etc. Les bobos avant la lettre de l'époque n'en avaient jamais assez, et ils purent compter sur Genet pour en rajouter… 

    SAINT, SAINT, SAINT…

    Certes, je le redis, on ne doit juger in fine un romancier que sur ses livres, comme le répétait Marcel Proust, mais quand vie et œuvre sont absolument indissociables, il est parfois difficile de faire la part des choses. L'expo du Mucem a embaumé Genet dans une dévotion absolue, laissant volontairement dans l'obscurité des aspects de l'itinéraire genetien, pourtant intolérables, selon la doxa de notre époque : la complaisance voire la sympathie de Genet pour le national-socialisme : « l'Allemagne hitlérienne provoque la haine des braves gens mais en moi admiration profonde et sympathie ». La virilité exacerbée des soldats nazis balayait toute retenue chez le « garçonnard » Genet. Un autre biographe froid de l'écrivain, Ivan Jablonka, dans « Les vérités inavouables de Jean Genet », décrit ce dernier comme un « déclassé aigri et antisémite fasciné par les crimes de la Milice [vichyste] et les camps de la mort nazis ». White encore, réduit finalement l'homme Genet à peu de choses : « Il aimait par-dessus tout la pornographie homosexuelle et le roman policier ». 

    Jean-Paul Sartre, emporté par sa haine frénétique de la bourgeoisie, dont il venait pourtant lui-même, sacra Genet « saint, comédien et martyr » ; d'autres n'ont voulu voir en lui que « le poète travesti » ; le « maître-rêveur ». Une revue tangeroise est allée jusqu'à publier un numéro spécial sur Genet, intitulé « Un saint marocain » !… Pourquoi pas « Dieu » tant qu'à faire ? … Quant au sculpteur et peintre suisse Alberto Giacometti, lui, il nous a laissé un impayable portrait de Genet (montré au Mucem) où le vagabond détrousseur fait penser… au général de Gaulle ! Hilarant. 

    CAPORAL CHEZ DES TIRAILLEURS MAROCAINS

    « Le Monde », enfin sorti de son admiration inconditionnelle pour Genet, a titré en mai 2016 son compte-rendu de l'expo marseillaise avec un ironique « Genet sanctifié », soulignant en sous-titre que la manifestation « passe sous silence ses zones d'ombre ». Le journal catholique « Présent » à stigmatisé les accointances de l'écrivain avec « terroristes » ou « égorgeurs », ennemis de la France. 

    En ce qui me concerne, puisque exposition il y avait et avec des moyens, je regrette que n'ait pas été plus travaillée la part arabe de Genet, essentiellement dessinée en Syrie mandataire et au Maroc protectoral (je ne parle pas des dernières années de Genet à Rabat et à Larache, connues, archiconnues). Le caporal du génie Genet fut soldat français à Damas en 1930 (il y eut une liaison « interdite » avec « un petit coiffeur damascène de 16 ans »), ensuite, de 1931 à 1933 à Midelt puis Meknès, servant notamment de secrétaire à un général des tirailleurs marocains. L'une des rares choses inédites du Mucem est une photo du caporal-chef Genet, en uniforme de travail, près de Midelt dans l'Atlas. 

     

    Documentation : Souad Guennoun, « L'ultime parcours de Jean Genet. Tanger. Rabat. Casablanca. Larache », ouvrage illustré, co-éd. Tarik / Paris-Méditerranée ; « Nejma », revue littéraire de Tanger, numéro spécial 2010-2011, « Jean Genet, un saint marocain » ; catalogue de l'exposition « Jean Genet et le monde arabe », Maroc, 2002-2003 ; « Le Monde », hors-série, « Jean Genet, un écrivain sous haute surveillance », avril-mai 2016 ; A. Sanders, « Au Mucem, après les fellouzes, un de leurs potes », « Présent », 13 avril 2016 ; Philippe Dagen, « Jean Genet, sanctifié à Marseille », « Le Monde » du 15-16-17 mai 2016 ; Péroncel-Hugoz, « Jean Genet, sous le regard des prisonniers » [au Maroc], « Le Monde », 25 août 1987.

    Expo « Jean Genet, l'échappée belle », Fort Saint-Jean, bâtiment Rivière, MUCEM, 13002-Marseille, jusqu'au 18 juillet 2016.

     

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 8.07.2016

  • L’impasse libanaise, par Christian Vanneste.

    1A.jpgSource : https://www.christianvanneste.fr/

    Amin Maalouf est un écrivain franco-libanais, prix Goncourt 1993 pour le Rocher de Tanios et membre de l’Académie française depuis 2011. Son regard sur le Liban est utile pour comprendre la situation dramatique que connaît son pays d’origine. La comparaison entre ses deux essais, « Les Identités meurtrières » de 1998 et « Le Dérèglement du monde » jette une lumière sur l’évolution du Liban.

    christian vanneste.jpgDans le premier essai, il écrit notamment : « Je continue et continuerai à dire que l’expérience libanaise, en dépit de ses échecs, demeure à mes yeux bien plus honorable que d’autres expériences du Proche-Orient, et d’ailleurs, qui n’ont pas débouché sur une guerre civile, ou pis encore, mais qui ont bâti leur relative stabilité sur la répression, l’oppression, la « purification » sournoise et la discrimination de fait. Dans le second, son jugement est devenu plus pessimiste : « Pour l’avoir observé au Liban … , je puis témoigner que le communautarisme ne favorise nullement l’épanouissement de la démocratie… Le communautarisme est une négation de l’idée de citoyenneté…. Il est pernicieux, et même destructeur, d’instaurer un système de quotas qui partage durablement la nation en tribus rivales ». Et plus loin, « Mon Liban est probablement l’exemple emblématique d’un pays disloqué par le « confessionnalisme » et je n’éprouve de ce fait aucune sympathie pour ce système pernicieux ». Ce qui était un moindre mal, malgré des échecs, est devenu un système qui va s’auto-détruire. Amin Maalouf, profondément marqué par sa culture d’origine, arabe, mais chrétienne, puis française, est devenu un intellectuel cosmopolite qui avoue avoir « bien plus de choses en commun avec un passant choisi au hasard dans une rue de Prague, de Séoul ou de San Francisco qu’avec mon propre arrière-grand-père. » On pourrait lui faire remarquer que l’intérêt qu’on trouve à lire ses romans vient justement de ce qui le différencie des passants anonymes des grandes villes du monde. Il n’est pas une « particule élémentaire ». Mais surtout, à le voir opposer la langue qui peut être un pont entre les hommes à condition d’en parler plusieurs et la religion qui est un mur qui enferme chacun dans sa foi et son héritage, on perçoit les limites de son analyse.

    Le Liban a été créé entre les années 1920 et les années 1950, sous le mandat français. Les liens profonds et anciens entre la France et les maronites, ces catholiques d’Orient qui ont toujours été fidèles à Rome, datent des croisades et se sont renforcés quand notre pays, malgré ses changements de régime, a protégé particulièrement cette communauté religieuse, alors sous domination ottomane. Dès le début du mandat, le Liban a été séparé de la Syrie en tant qu’Etat distinct et lors de l’indépendance effective entre 1943 et 1946, il est devenu une entité politique originale puisque le système reposait sur les 18 communautés religieuses reconnues. Les chrétiens y étaient alors majoritaires, et les maronites représentaient 30% de la population. Ils constituaient la clef de voûte du pays et détenaient de droit la Présidence de la République, tandis que les Sunnites avaient le poste de Premier ministre, et les chiites la présidence de l’Assemblée. Cette étrange et complexe construction résultait de l’histoire : le mont Liban avait accueilli au cours du temps toutes les minorités chrétiennes et musulmanes, maronite, melkite, grecque-orthodoxe, arménienne, syriaque pour les premières, chiite, alaouïte, druze pour les secondes. Les sunnites sont les seuls à ne pas être issus de groupes persécutés. Ils forment aujourd’hui le groupe le plus important de la majorité musulmane. Le rapport démographique s’est inversé à leur profit dans un pays surchargé de réfugiés palestiniens puis syriens, majoritairement sunnites. La guerre civile a également renversé le rapport de forces au détriment des maronites qui ont du affronter la coalition de gauche des musulmans libanais et palestiniens. En 1989-1990, l’accord de Taëf entérina en grande partie cette évolution : certes les maronites gardaient la Présidence, mais ses pouvoirs étaient diminués. La Syrie qui occupe une part importante du territoire a un rôle déterminant. L’Arabie saoudite, le Maroc et l’Algérie sont les parrains de l’accord avec la bénédiction des Etats-Unis en plein tropisme islamique.

    Le recul des maronites et l’éloignement des Occidentaux sont parallèles. En 1983, une dernière intervention s’était terminée par deux attentats ravageurs qui tuaient 58 parachutistes français et 241 marines américains. Mais les interventions étrangères des « voisins » vont se multiplier : Israël occupera le Sud-Liban jusqu’en 2000, et les Syriens ne repasseront la frontière qu’en 2005. Bientôt le pays sera l’un des enjeux de la rivalité entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite. Le Hezbollah chiite jouera un rôle de plus en plus grand jusqu’à posséder une force militaire supérieure à l’armée libanaise. A l’origine du Liban, il y avait certes les communautés confessionnelles, mais aussi un nationalisme fédérateur jaloux de l’identité du pays, fort de sa différence et de sa prospérité. Nationalisme ambigu, arabe pour l’indépendance, puis contre Israël, pour les uns, nationalisme « phénicien » pour les chrétiens phalangistes, cet élément politique hérité des années 1930 joue un rôle dans la création des partis. Au lendemain de la guerre civile, ceux-ci ne forment plus qu’une mosaïque qui morcelle encore davantage le paysage confessionnel en de multiples clans dominés par un chef, issu d’une famille la plupart du temps, et adossé à un fief géographique. Le jeu compliqué des alliances et des séparations, l’appui des puissances étrangères aux différentes factions semble un moment laisser place à une sorte de bipartisme, lorsque la Révolution du Cèdre au lendemain de l’assassinat de Rafiq Hariri oppose l’Alliance du 14 Mars pro-occidentale et hostile à la Syrie et celle du 8 Mars dont le fer de lance est le Hezbollah. Le Général Aoun qui se voulait le « de Gaulle » libanais à travers sa résistance désespérée contre les Syriens est à la tête du Courant patriotique. Séparé des Forces libanaises, il renverse sa position et s’allie au 8 Mars. Grâce à ce retournement, il atteint ensuite son but : maronite nationaliste compatible avec le hezbollah, il devient Président. Malheureusement, il incarne aujourd’hui, contre son voeu le plus cher, l’impuissance politique de la caste au pouvoir et doit faire face à la pire crise économique et financière que subit le Liban : effondrement de la monnaie, inflation, grande pauvreté, chômage. Celui qui était, il y a bien longtemps, la Suisse du Moyen-Orient n’en est plus que le squelette, obligé de tout importer sans en avoir les moyens, affaibli par la longue guerre en Syrie, le million et demi de réfugiés sur son sol qui s’ajoute aux Palestiniens, la diminution des aides iranienne et saoudienne à cause des sanctions américaines et de la baisse des ressources pétrolières. On peut certes accuser l’incurie du personnel politique, mais les « généreux donateurs » qui se pressent au chevet du malade ont créé le contexte géopolitique qui explique en grande partie la crise libanaise.

    Le « peuple » descend dans la rue mais y a-t-il un peuple libanais qui transcende des communautés qui se sont déchirées durant des siècles ? Le communautarisme était évidemment un moindre mal, mais il condamne aujourd’hui le pays à l’impuissance du consensus impossible. Ce ne sont pas les rodomontades du président français qui tireront le Liban d’une impasse structurelle : une nation ne peut être constituée de tribus rivales. C’est une évidence que les Français devraient méditer…

  • Les dix minutes d'Edgar Morin sur France inter....

            Outre l'intérêt, en soi, de la pensée d'Edgar Morin, malgré ce qui le sépare de nous , et compte tenu de ce qui nous le rend finalement assez proche, on notera que, sur France inter, c'est la deuxième fois en cinq jours qu'une personnalité marquante cite Maurras : Edgar Morin, aujourd'hui, après Ivan Levaï samedi dernier.....  

            Ici, Edgar Morin déplore qu'il n'y ait plus, dans nos sociétés, de pensée politique d'envergure, comme il y en eut aux XIXème et XXème siècles. Et il cite celles qui comptent : la pensée de Marx, pour la Révolution, celle de Tocqueville pour le courant libéral, celle de Maurras, pour la pensée réactionnaire. Ce dernier terme n'a, d'ailleurs, dans ce cadre, aucune connotation péjorative. Simplement, pour Edgar Morin, l'absence de toute pensée politique contribue à cette "réduction du Politique à l'Economique" qui est, pour lui, comme pour nous, l'un des vices profonds de la modernité. En somme, Edgar Morin appelle de ses vœux, tout simplement, la renaissance de la pensée politique. C'était aussi, on le sait, l'objectif de Pierre Boutang lorsqu'ii écrivait, il y a quelques trente ans, son "Reprendre le Pouvoir". 

  • La vidéo du cinquième Café actualité (samedi 8 janvier) : Pot de rentrée et Fête des Rois...

            Il faut savoir, aussi, se détendre et faire la fête, même si l'on ne perd jamais de vue les objectifs de renaissance de la France, de l'Europe, de la Civilisation qui sont les nôtres...

            Notre cinquième Café actualité - nous l'avions annoncé comme tel... - se voulait donc un peu particulier, par rapport aux précédents et à ceux qui le suivront. A la fois Pot de rentrée, Fête des rois (une tradition que nous avons agréablement et positivement relevée ce samedi) et préparation de la journée du 21 janvier, ce Café a été consacré à resserrer encore les liens qui nous unissent, et qui sont à la fois des liens d'amitié et des liens d'esprit.

            A deux pas des maisons natales de Mistral, de Maurras, de Daudet (Alphonse), il était normal que l'on célébrât aussi ces Racines régionales et locales, celles de la petite Patrie, dont se nourrit la grande, la France. Parce que tout ce qui est Racines est bon, il était logique et naturel que l'on prononçât l'un des Grands textes des Racines provençales, en l'occurrence L'Ode à la Race latine, de Frédéric Mistral, que Maurras appréciait tant. Vous l'entendrez à la fin de la vidéo. Il s'agit d'un véritable appel à une insurrection de tout ce qui reste vivant et réactif, non seulement en France et chez les peuples latins, mais aussi, bien sûr et évidemment, dans toute l'Europe, et en faisant appel à toutes les forces intellectuelles et spirituelles du vieux continent, toutes solidaires de fait face à la barbarie et au "rien" qui menace...

            Nous avons d'ailleurs un projet, concernant ces Grands textes de nos Racines provençales (notamment en ce qui concerne les textes de Mistral...) : nous en reparlerons bientôt....  

  • Une démarche d’aggiornamento, c’est-à-dire de « mise au jour », par Christian Franchet D’espèrey

    Voici la quatrième et dernière rubrique extraite de l’éditorial de CHRISTIAN FRANCHET D’ESPÈREY, du n° 58 de la Nouvelle Revue Universelle, fondée par Jacques Bainville en 1920. Le thème vaut le détour  : «   Le nouvel âge du maurrassisme  »…

    Le dernier aspect du nouvel âge du maurrassisme, le plus vital sans doute, le plus nécessaire à son expansion, est l’effort qu’il fait sur lui-même pour exprimer l’essentiel de ce qui le constitue. Il s’agit, pour le maurrassisme, de circonscrire, dans l’accessoire, ce qui n’a plus lieu d’être ou peut nuire à son unique combat « pour une patrie, pour un roi, les plus beaux qu’on ait vu sous le ciel ».

    Pour désigner ce travail, nous avons retenu le beau mot italien d’aggiornamento, en associant au sens de « mise à jour » non pas l’idée naïve et rétrécie de « mise au goût du jour », mais celle de « mise au jour » de l’essentiel : une redécouverte par les maurrassiens de leur propre patrimoine, en même temps qu’un effort pour nettoyer le maurrassisme de toutes les interprétations abusives qui en ont été faites.

    Parmi elles, le racisme, question sur laquelle nous sommes parfaitement au clair comme l’était Maurras lui-même. De même que pour l’antisémitisme, glissements de sens et amalgames abusifs n’ont cependant pas manqué. Après Victor Nguyen qui avait commencé à traiter, et après Pierre Debray, Axel Tisserand s’y est attaqué dans son Actualité de Charles Maurras. Ce qui a provoqué une réaction significative de Pierre de Meuse que nous publions en page 105, et une mise au point à nos yeux définitive d’Axel Tisserand. Cependant, dans notre perspective d’aggiornamento actif, cette recherche sera approfondie en nous appuyant notamment sur les travaux de Pierre-André Taguieff. Il s’agit de montrer en quel sens le maurrassisme est fondamentalement un antiracisme. Un sens tout à fait opposé au pseudo-antiracisme idéologique actuel qui, par le biais de la discrimination dite « positive », débouche sur un racialisme forcené…

    Il faut également revenir sur la notion maurrassienne d’États confédérés, ce que l’on fera en trois temps. Il convient d’abord de resituer la formule dans son époque d’origine, celle des grandes polémiques antireligieuses et antimilitaristes de la fin du XIXe siècle et du début du Xxe. Il faut ensuite en expliciter le sens exact. Maurras estimait que des représentants des communautés protestante et juive, ainsi que des francs-maçons et des « métèques » influents avaient pris un poids considérable dans l’État – et que la « confédération » de ces influences amenait l’État à prendre des décisions qui n’allaient pas dans le sens de l’intérêt de la majorité des Français (les « métèques », précisons-le, n’avaient rien à voir avec les immigrés réguliers, régularisés ou clandestins d’aujourd’hui ; Maurras entendait ce mot dans son sens grec, dépourvu de connotation péjorative : des étrangers qui, pour être admis à s’installer sur le territoire, s’étaient vu reconnaître de nombreux droits, mais pas celui de participer aux affaires publiques.) Il reste – c’est le troisième point – que ce concept d’États confédérés ne peut plus, dans la France d’aujourd’hui, être appliqué tel quel. Non qu’il n’y ait plus d’États dans l’État, mais leur statut, leur composition et leur rôle se sont radicalement transformés. C’est l’un des sujets de réflexion du sociologue Michel Michel, dans son article de la page 79. Questionnant le devenir des notions de pays légal et de pays réel, il montre que celle d’États confédérés est entièrement à revisiter.

    Le plus raisonnable, parce que le mieux raisonné, des modes d’emploi Un « autre Maurras », pour reprendre le titre du livre de Gérard Leclerc, cela signifie-t-il un Maurras tout autre ? On l’aura peut-être remarqué : Maurras est mort. Cela fera même bientôt soixante-dix ans. S’il revenait aujourd’hui, utiliserait-il à la lettre ses mots de 1900, de 1930, de 1950 ? Oui, sans aucun doute pour ses découvertes fondamentales : comment dire autrement l’« empirisme organisateur », le « politique d’abord », le « pays réel » ? Comment, à l’heure d’Internet, ne pas s’interroger sur « l’avenir de l’intelligence » ? Et sur la « politique naturelle » quand surgit le transhumanisme ? Mais il est non moins certain que, pour parler des réalités nouvelles, il utiliserait un vocabulaire adapté, et surtout renouvellerait ses analyses, créant sans doute de nouvelles formules, voire de nouveaux concepts. Comment croire qu’il ne se serait pas passionné pour les réflexions constitutionnelles sur la tradition des légistes chère à Bertrand Renouvin, dont Pierre Debray se faisait l’écho dès 1962 ? Qu’il ne se serait pas interrogé avec Boutang sur le consentement populaire comme fondement de la légitimité ?

    Qu’il n’aurait pas questionné avec Debray le devenir de notre société industrielle ? Qu’il n’aurait pas tiré des conclusions de la déroute du militarisme allemand en 1945 ? Qu’il n’aurait pas observé attentivement l’apparition d’un nationalisme juif ? D’ailleurs, sur ces deux derniers points, du fond de sa prison de Clairvaux, c’est précisément ce qu’il a fait. De même qu’il affirmera la nécessité pour la France de disposer d’une force de frappe nucléaire, le monde étant devenu trop dangereux pour que nous puissions nous passer à la fois de la protection qu’elle assure et du poids diplomatique qu’elle confère.

    C’est là tout le sens que peut prendre le maurrassisme en ce XXIe siècle qui atteint ses 20 ans, âge de l’adolescence, âge de tous les dangers et de toutes les espérances. L’avenir radieux que nous ont promis les générations précédentes est peu à peu en train de virer au cauchemar.

    Les illusions ont la vie dure, mais le doute, l’inquiétude, l’angoisse étendent de plus en plus leur empire. La chrétienté sait en quoi elle met son espérance, mais le Dieu des juifs et des chrétiens attend de l’homme qu’il prenne en charge son destin. Et en ce Dieu là, le non-croyant

    Maurras n’a jamais cessé de croire. Et pour savoir ce qu’il faut faire pour pouvoir « vivre ensemble », il propose le plus raisonnable, parce que le mieux raisonné, des modes d’emploi. Cette revue a entrepris de le redécouvrir, et de le faire découvrir à ceux qui l’ignorent. Elle en est convaincue : en ces temps de détresse, il y a là une planche de salut pour prévenir le « triomphe du Pire et des pires ».

    CHRISTIAN FRANCHET D’ESPÈREY, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Universelle

  • Les voeux du prince Jean, de la princesse Philomena et du prince Gaston de France

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          Au moment d'entrer dans l'année 2011, ma pensée va vers tous les Français qui savent que cette nouvelle année sera difficile. L'instabilité économique et financière mondiale et la charge de la dette de l'Etat font peser sur chacun de nous des menaces de plus en plus précises. Les tensions communautaires se font vives sans qu'un engagement politique fort en faveur de l'unité de la France soit clairement perceptible. En même temps, les jeux pré-électoraux continuent de plus belle mais aucun espoir d'une véritable rupture politique n'apparaît.
          Pourtant, les raisons de voir les choses autrement ne manquent pas.
          Parmi elles, je n'hésiterai pas à évoquer le nouveau rythme adopté par Gens de France, dont vous ne tarderez pas à sentir les effets.
          Surtout, je tiens à affirmer ma propre détermination à accentuer ma présence dans la vie publique. Elle prendra diverses formes, mais je ne me contenterai plus de prendre la parole. Mes moyens sont encore modestes, mais je veux les utiliser à agir. Et à agir concrètement dans un sens qui contribue à faire régner plus de justice.
          Aussi mes vœux pour cette nouvelle année vont-ils d'abord au succès de cette action, car elle servira de modèle et d'appui à d'autres actions futures, au service de la France et des Français.
          La princesse Philomena et le prince Gaston se joignent à moi pour vous assurer que nos vœux vont aussi à chacune et chacun d'entre vous : que 2011 réponde à vos espoirs et nourrisse votre espérance, qu'elle apporte à vous-mêmes, à vos familles et à vos proches la santé du corps et la paix du cœur.
    Bonne et heureuse année !

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  • QU’EST-CE QUE LE « SYSTEME » ?

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    La question – évidemment importante - nous est posée dans les commentaires : " Le Système " et sa contestation sont à l'ordre du jour. S'agit-il là d'une tendance lourde ? (…) Il est temps d'éclairer les uns et les autres sur ce que nous nommons " le système ". (…) Pour lutter contre le Système, (…) encore faut-il le définir avec plus de précisions et en dessiner finement le contour. Mais la réponse ne va pas de soi. Même si, aujourd'hui, la contestation du système se généralise massivement et si on ne peut donc pas nier que le terme soit "ressenti".

     

    Par définition, un « système », bien qu’il constitue une unité active, est chose complexe, composite. Il n’est donc pas si simple de le définir. Hasardons néanmoins quelques réflexions qui, si elles n’épuisent pas le sujet, contribueront à y mettre un début d’ordre et de clarté.

     

    Qu’est-ce qu’un système ? Classiquement, les dictionnaires en donnent une définition de ce type : « Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux et se définit par : ses éléments constitutifs ; les interactions entre ces derniers ; sa limite ». Voilà qui correspond bien à notre sujet.

    Notons que (sans-doute dans les années 1920) Léon Daudet – que nous citons souvent – dit son opposition au Régime, celle de l’Action française, alors qu’aujourd’hui nous avons plutôt tendance - par delà Droite et Gauche - à pointer le Système, le second incluant et subordonnant de plus en plus le premier. Tendance lourde ? Sans doute.

     

    Lorsque Daudet dit son opposition au Régime, il s’agit évidemment de la République, en l’occurrence de la IIIème. Aujourd’hui comme hier, la Constitution définit les Institutions de la République : la Présidence de la République ; le Gouvernement ; le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat ; les Partis politiques qui, de fait, les composent et dont la Constitution consacre le rôle ; le Conseil Constitutionnel … Etc. Tel est notre Régime politique. Mais l’on « ressent » bien que le Système avec lequel, selon la définition des dictionnaires, le Régime interagit - dont il est l’un des éléments, théoriquement le premier - est un ensemble qui s’étend bien au-delà des Institutions politiques proprement dites et se compose d’autres éléments, devenus, somme toute, souvent tout aussi déterminants. Dans l’écart entre ces deux termes (Régime et Système) se trouve sans doute la réponse à la question que nous nous posons.       

     

    Par delà les Institutions de la République proprement dites et leurs différents moyens d’action, les autres éléments constitutifs du Système – en interaction permanente avec les Institutions aussi bien qu’entre eux - sont assez aisément discernables. Pour être brefs, nous nous bornerons, sans les analyser en détails, à les désigner :

     

    = Une pensée dominante (le Politiquement correct, la Bien-pensance) qui, malgré un certain nombre d’oppositions et de réactions, est très généralement partagée par l’ensemble des composantes du Système ; elle a valeur politique, sociétale, morale, voire religieuse. Rien à voir avec l’une de ces grandes pensées politiques, dont Edgar Morin déplore la disparition. Il s’agit d’un ensemble d’opinions.

     

    = Les moyens de communication et d’information, notamment audiovisuels, et la grande presse, largement peuplés de journalistes et de managers en grande majorité pénétrés de la doxa que nous avons évoquée précédemment et spontanément appliqués à la diffuser, l’imposer à tous, la ressasser incessamment comme croyances et morale obligées. A noter que cette profession n’est pas loin de constituer, ne serait-ce que du simple point de vue des rémunérations, une communauté de privilégiés. A noter, aussi, les nombreux couplages existant entre le monde politique et celui des médias.

     

    = Le monde clos des financiers, propriétaires, soutiens et utilisateurs des moyens de communication en question (chaînes de télévision, grands titres de la presse écrite, etc.). Ils les achètent ou ils les vendent. Ils payent leurs factures et assurent leurs fins de mois.       

     

    = Ce que l’on nomme de plus en plus, comme s’agissant d’un tout homogène et mono-orienté, les Associations, à peu près comme l’on dit les Institutions (!). N’ont d’influence et d’interaction avec les autres éléments du Système que les associations conformes à la doxa commune, quelle que soit leur importance réelle. (Aucune chance pour la Manif pour tous d’exercer une influence sur le Régime ou sur le Système).  

     

    = L’Etat, en France, s’en étant attribué la responsabilité et le contrôle, l’Education Nationale  est, à l’évidence, une autre composante essentielle du Système. Monopolisée par une caste de faiseurs de programmes et de pédagogistes - qui se renouvellent, d’ailleurs par cooptation - elle a de moins en moins pour mission la transmission des savoirs, comme l’atteste la dégringolade des niveaux scolaires. Il s’agit bien davantage de former la jeunesse de notre pays aux dogmes et comportements qu’implique la doxa commune, cette Religion républicaine qui, selon Vincent Peillon, doit remplacer les anciennes religions et façonner le citoyen nouveau. L’introduction de la théorie du Genre à l’école, qui implique la négation des sexes, montre que cette Religion nouvelle admet les lubies les plus extrêmes.     

     

    Si l’on ajoute aux composantes du système, les appareils syndicaux et, malgré leur faible représentativité, leurs cohortes d’apparatchiks, largement intégrés à la classe des bureaucrates de l’Administration ou, même, des grandes entreprises, un certain monde de la culture et des arts ou prétendus tels, l’on comprend que cette imposante conjonction de moyens, d’hommes, de structures et d’argent, puisse exercer sur l’ensemble du peuple français une sorte de totalitarisme mou et qu'il soit, bel et bien, largement ressenti comme tel.

     

    Chacune des composantes du Système énumérées ci-dessus mériterait une étude spécifique qui, ici, nous mènerait trop loin. Toutes nous semblent concourir à un même résultat : celui de la déconstruction.

     

    Il n’est pas forcément mauvais qu’un peuple, une nation, un Etat soient régis par un Système quasi unanimement reconnu et respecté, sous réserve qu’il n’étouffe ni les libertés, ni les différences légitimes. L’erreur du nôtre, sa spécificité, est qu’il vise la déconstruction : déconstruction nationale, déconstruction sociétale, déconstruction culturelle, déconstruction anthropologique.

     

    Nous n’avons pas épuisé ce (trop) vaste sujet. Les réalités multiformes du quotidien nous y ramèneront immanquablement. 

     

    Lafautearousseau

     

     

  • La manipulation de l'Immigration : Une bonne génèse des faits, par Eric Zemmour.....

                Le retour de manivelle est dur pour Julien Dray (1). Le grand manipulateur d'hier se dit victime de manipulation, aujourd'hui (le pauvre...); le grand lyncheur d'hier se dit victime de lynchage, aujourd'hui (le pauvre...)…. Mais n'est-ce pas, au fond, un juste retour des choses ? Nous avons tous été lynchés par lui et son arme diabolique et scélérate de SOS Racisme lorsque, à chaque fois que nous mettions en garde contre les méfaits de « leur » immigration, "on" nous traitait, entre autres, de nazis.

                Aujourd’hui le grand prêtre du lynchage permanent se retrouve lynché (dit-il, le pauvre...). N'est-ce pas savoureux ? Les enfants, dans les cours de récré, diraient Bien fait ! Il nous a tous manipulé, et il se retrouve lui-même victime (dit-il, le pauvre...) ? Oui, vraiment, c'est Bien fait !

                Il ne saurait être question, cependant, de se contenter de boire du petit lait, en savourant.... Il faut, sans cesse et toujours, même si c'est lassant, revenir pour celles et ceux qui l'ignoreraient encore aux racines et aux données politiques, si l'on peut dire du problème, du personnage et de son action.
      
                Une fois de plus Eric Zemmour va nous y aider.....
     
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                Lorsqu'on trouve, en effet, une idée ou -comme ici- un fait, expliqué et ramassé avec talent en un résumé succinct et fort clair, donc percutant, il ne faut pas bouder son plaisir. Et garder ce papier dans ses notes, pour composer peu à peu comme une sorte de dictionnaire idéal où l'on n'aurait qu'à chercher un article pour en avoir, sur le champ, un résumé presque parfait...

                Voici donc un passage d'un excellent article dans lequel le toujours excellent Zemmour passe du particulier au général, de Dray à l'extraordinaire machine qu'il a monté avec ses potes, et où il brosse avec clarté une génèse parfaitement éloquente du mal qui nous assaille: la tartufferie mortelle de l'Immigration et du soi disant anti racisme. On y voit bien le rôle central qu'a joué Julien Dray dans ce sale coup, ce coup tordu porté à la France.

                Ce passage est extrait de l'article intitulé Julien Dray, l'heure des comptes, paru dans Le Spectacle du Monde de février 2008 (n°553).

                A mettre entre toutes les mains, à temps et à contre temps.....

               ".....Depuis mai 68,ces hérauts de la révolution étaient désabusés. Ils se plaignaient amèrement de ce peuple français qui ne les avait pas suivis. La CGT leur avait fermé les portes de Billancourt. Les ouvriers français étaient devenus, disaient-ils, des petits-bourgeois qui ne rêvaient que de voitures et de vacances. Ces dirigeants du trotskisme se mirent alors à fantasmer sur un  nouveau peuple révolutionnaire composé de déshérités de nos anciennes colonies: Arabes et Africains. Une alliance objective -et non dite- se noua dans les années 1970 entre les patrons  qui cherchaient une main d'oeuvre bon marché pour faire pression à la baisse sur des salariés français alors fort revendicatifs, et une extrême-gauche qui voulait recruter des bras pour la révolution. Cette alliance objective fera échouer les efforts des politiques -Giscard, Barre, mais aussi les communistes, on se souvient du bulldozer de Vitry en 1980- qui s'efforçaient depuis la crise de 1973 de renvoyer les immigrés chômeurs.

                SOS Racisme prendra une part décisive dans cette bataille et obligera, par son action médiatique, avec le soutien d'acteurs, de chanteurs, d'intellectuels, et celui de la plupart des journalistes, à bloquer toute la politique gouvernementale.

                L'Etat capitula définitivement lorsque Jacques Chirac, Premier ministre, renonça à sa loi sur l'immigration après la mort de Malik Oussekine, lors des manifestations de décembre 1986; loi qui prévoyait la suppression du droit du sol et le renvoi des chômeurs immigrés.

              La deuxième bataille essentielle de SOS Racisme concerna la question de l'assimilation. "Droit à la différence" ou "intégration républicaine", le discours de SOS Racismea beaucoup varié. Une seule constante: l'assimilation fut dénoncée comme un corset néocolonial. Or, l'assimilation des étrangers -c'est-à-dire l'abandon d'une partie de son identité d'origine pour se fondre dans le creuset français- est un des principes constitutifs de la République. Peu à peu, sous la pression médiatique, tous les responsables politiques, économiques, intellectuels préfèreront parler d'intégration -concept économique et non culturel- qui préserve mieux le respect des origines. La conjonction de l'immigration de peuplement par le regroupement familial et la fin de l'assimilation bouleversa la société française: le retour aux racines culturellles, religieuses, de son groupe, d'origine, favorisa l'émergence de communautés qui, peu à peu, se séparèrent géographiquement et mentalement les unes des autres....."

                 L'un des principaux responsables de tout ceci, c'est Julien Dray, qui est d'ailleurs le sujet de l'article tout entier, sur une double page (pages 16/17) Julien Dray, l'heure des comptes. Sous titré: Fondateur de SOS Racisme, Julien Dray a moralisé la politique pour mieux diaboliser ses adversaires. Pourfendant le racisme, il a contribué à attiser les tensions raciales...Le voici soupçonné d'enrichissement illicite.

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             (1) : Julien Dray est visé, avec plusieurs de ses proches, par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour "abus de confiance" concernant des mouvements de fonds suspects à partir de comptes des Parrains de SOS-Racisme et de l'organisation lycéenne Fidl, relevés en septembre 2008 par Tracfin, la cellule anti-blanchiment d'argent de Bercy.