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  • Découvrez le numéro de janvier de Politique magazine !...

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    Le numéro 114 de Politique magazine  (janvier) vient de paraître. A la Une, Menaces sur la langue française

    Au sommaire :

    * Edito :"Six mois... et après ?" par Jean-Baptiste d'Albaret

    "Que la démocratie d’opinion est cruelle ! Chaque jour, elle rappelle à notre président de la République que jamais un locataire de l’Élysée n’a été aussi bas, aussi tôt. La popularité de François Hollande – et de Jean-Marc Ayrault : on ne sait plus très bien qui entraîne l’autre dans cette chute vertigineuse – n’en finit pas de plonger. On l’a déjà oublié mais l’élection présidentielle de mai dernier se joua à peu de choses : rejet épidermique du candidat sortant, campagne de presse orientée en faveur du candidat socialiste, abstention et bulletins blancs ou nuls en nombre record. Porteur d’une candidature sans âme, élu par défaut, le chef de l’État est condamné à porter son déficit de légitimité comme un fardeau...."

     

    * Analyse politique : "In tenebris, lux" par Hilaire de Crémiers

    "Une sorte d'euphorie a régné en fin d'année dans le gouvernement et les milieux politiques dirigeants. Malgré tous les couacs intergouvernementaux, malgré le chômage galopant, la baisse et l'arrêt d'activités en tous domaines, la vie politique continue, elle prospère, à gauche et à droite, et François Hollande poursuit son programme imperturbablement. Il croit dans son étoile. En fait, les ténèbres s'épaississent. Où donc est la lumière ?..."

     

    * Le ver(t) est dans le fruit, par Jean de La Faverie

    Depuis plus d’un semestre, les écologistes font ouvertement part de leurs critiques à l’égard d’un gouvernement auquel ils participent et à l’encontre d’un président qu’ils avaient pourtant soutenu. Ils sont à la fois pour et contre, dedans et en dehors, amis et ennemis, solidaires mais pas trop. A quoi jouent vraiment les Verts ? Et quelle est leur stratégie ?

     

    * Interview de Nora Berra : "Les déserts médicaux ne sont pas une fatalité" par Grégoire Arnould 

    Député européen et ancienne secrétaire d’État à la Santé sous le gouvernement Fillon, Nora Berra est également conseillère municipale de Lyon. Elle revient notamment sur le pacte Territoire-Santé lancé mi décembre par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, censé, entre autres choses, lutter contre les déserts médicaux.

     

    * Un procès exemplaire, par Jacques Trémolet de Villers 

    La Cour d'assises du Palais de Justice de Paris a rendu son verdict le vendredi 7 décembre 2012 pour les quatre militaires qui avaient été inculpés pour la mort, en mai 2005, du coupeur de route ivoirien Firmin Mahé. L'affaire avait pour cadre la guerre civile de Côte-d'Ivoire et l'intervention de la France aux côtés de l'ONU, l'opération Licorne, sous le commandement du général Poncet.

     

    * Menaces sur la langue française 

    - La guerre des langues, par Ludovic Greiling : Chaque langue possède ses propres caractéristiques pour penser le monde. Support essentiel des représentations, elle peut devenir sujette à des luttes d’influence. Des tentatives d’acculturation par les empires à la créativité scientifique, les enjeux sont énormes. Lire l'article complet !

    - Entretien avec Claude Hagège : " Imposer une langue unique peut stériliser les imaginations créatrices ". Diplômé dans une dizaine de langues, grand voyageur, récompensé par le CNRS et l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Claude Hagège est professeur au Collège de France. Dans son dernier livre, le linguiste relève un risque d’anémie de la pensée, induite par le tout-anglais.

    - La francophonie, grande cause nationale, par Christian Tarente : Grande cause nationale par nature – l’histoire d’un peuple est inséparable de sa langue –, la francophonie constitue pour nous un enjeu vital : la France ne peut être la France sans la placer au coeur de sa politique. Dans l’enseignement comme dans la communication, dans l’administration comme dans les entreprises, la langue irrigue la dynamique sociale. Levain dans la pâte, c’est elle qui donne aux Français le « goût » de la France. Pour le transmettre au monde extérieur.

     

    * Monde - Paradoxes chinois, par Christian Wagner : A l’issue de son XVIIIème congrès national, évènement rituel le plus important de son pouvoir, le Parti communiste chinois a renouvelé sa direction, en place depuis dix ans. Xi Jinping, nouveau secrétaire
    général du Parti – et membre éminent de la nomenklatura des « princes rouges » – succèdera à Hu Jintao à la présidence de la République en mars 2013. L’opacité de l’état-parti et de son fonctionnement n’en demeure pas moins une constante du régime, et la Chine de Pékin reste plus que jamais l’empire du secret.

     

    * Economie - La désindustrialisation, une fatalité ? par François Reloujac : En un peu plus de trente ans, la France a perdu 40 % de ses emplois industriels, soit plus de 65 600 emplois par an pendant cette période. Ces « destructions » d’emplois n’ont pas donné lieu à autant de médiatisation que les affaires qui ont secoué PSA ou Arcelor-Mittal ces derniers temps, mais elles ont toutes donné lieu à des drames personnels que les médias se sont empressés d’oublier.

     

    * Marchés - Dilemme pour l’épargne, par L.G. : L’épargne bancaire ne rapporte pas beaucoup plus que l’inflation officielle. Mais la situation financière est potentiellement explosive.

     

    * Voyageur sans bagages, par Olivier d'Escombeau : Récemment, face à une promotion d’élèves de l’Institut National du Patrimoine, les futurs conservateurs ont été alertés sur quelques-uns des périls (baisse des crédits publics, marchandisation de la culture...) pesant sur le patrimoine dont ils auront la garde.

     

    * La vie Littéraire - Cocteau, à coeur ouvert, par Henry Bonnier : Lire le Passé défini, de Cocteau, c’est arpenter, les yeux fermés, l’indéfini du présent. Est-ce un hasard si le 13 février de cette année-là éclate, à 6 heures du matin, la bombe atomique française ?

     

    * Exposition - Lens laisse le Louvre sur le carreau  par Raphaël de Gislain : Implanté sur un ancien carreau de mine, le Louvre-Lens se déploie désormais sur plus de 28 000 m2 au coeur de l’ancien bassin minier. Un projet censé servir de levier économique et qui, après Abou Dabi, continue de vider un peu plus le Louvre de sa substantifique moelle.

     

    * Cinéma - Un lifting pour l'Homme qui rit, par RdG : Adapté du roman de Victor Hugo, l’Homme qui rit sort sur les écrans dans une version intelligemment revisitée. Au moment où Gérard Depardieu, à l’affiche du film, vient de rendre son passeport à la France. Hasard ou coïncidence…

     

    * Théâtre, par Madeleine Gautier, Bruno-Stéphane Chambon

    - Occupe toi d'Amélie, mise en scène de Pierre Laville, Théâtre de la Michodière

    - Regardez mais ne touchez pas, mise en scène de Jean-Claude Penchenat, Théâtre Le Lucernaire

     

    * Art de Vivre, par Philippe de Morgny 

    - La bonne table du mois : Les Grandes Marches", place de la Bastille à Paris.

    - Au plaisir du vin : "Breuvages pour l'épiphanie", sélection.

  • Algérie : le nœud gordien, par Louis-Joseph Delanglade

    Le voyage de M. François Hollande en Algérie aura eu au moins ce mérite qu’on aura à peu près tout lu et tout entendu sur le sujet. Certaines vérités historiques d’évidence, d’abord, sur lesquelles nous ne nous attarderons donc pas, notre objet n’étant nullement mémoriel. Existe par ailleurs désormais un double consensus, en France s’entend, pour évacuer la « repentance », - laquelle ressortit au domaine moral, voire religieux, et n’a donc rien à voir avec le politique - et pour affirmer que l’Histoire doit et finira par s’imposer - malgré qu’en aient certains de l’autre côté de la Méditerranée.

    algérie,hollande,mauroy,guetta

    Au départ, cette visite d’Etat s’annonce plutôt bien. M. Jean-Pierre Raffarin évoque « des ondes positives » (sic) ! M. Bernard Guetta parle, dans sa chronique quotidienne d’une « communauté de langue, de culture et d’intérêts » entre la France et l’Algérie. M. Jean-Pierre Mignard, avocat et ami du chef de l'Etat affirme qu’« il se passe quelque chose de l'ordre de la confiance entre les deux pays». C’est beaucoup.

    C’est même trop car il existe un précédent fâcheux. En août 1981, M. Claude Cheysson, ministre des Relations extérieures de M. Pierre Mauroy parle, à Alger, d’un « coup de passion » entre la France et l’Algérie – avec, comme conséquences, un accord gazier léonin au profit de l’Algérie et, déjà, l’idée du droit de vote aux immigrés algériens. Le même Claude Cheysson retournera à Alger le 1er novembre 1984 pour certaines festivités…

    En fait, M. François Hollande s’est montré tel qu’en lui-même, pétri de bonnes intentions. Venu, selon Le Monde en « démineur du passé franco-algérien », il propose aux Algériens et aux Français de contribuer ensemble à établir les circonstances dans lesquelles s'est déroulée la guerre d'Algérie, en ouvrant toutes les archives aux historiens, afin que « de part et d'autre, les ressentiments s'effacent [et] pour que la paix des mémoires repose sur la connaissance du passé et non sur l'occultation des mémoires ». Proposition intéressante mais à laquelle, que l’on sache, Alger continue de faire la sourde oreille.

    Dès lors, pourquoi encenser M. Abdelaziz Bouteflika et se faire des illusions sur la réalité d’un pouvoir algérien, sorte de nomenklatura où les anciens du F.L.N. côtoient les militaires pour mieux accaparer les richesses et paupériser tout un peuple (l’Algérie est riche mais les Algériens sont pauvres - cherchez l’erreur, M. Hollande !), donc le pousser à l’exil, c’est-à-dire à l’émigration en France, et faire ainsi payer la facture à l’ancienne puissance « coloniale » par le biais d’une pression migratoire insupportable ?

    Pourquoi, par ailleurs, déclarer à Tlemcen que la France agira au Mali non pas pour son intérêt, mais « pour des principes » - ceux-là mêmes qui auraient été « bafoués » à Sétif le 8 mai 1945 - c’est-à-dire renouer avec le pathos idéologique des immortels principes et des droits de l’homme, ce même pathos qui a servi de justification au colonialisme de la troisième République ?

    En un mot, M. François Hollande n’a pas été à la hauteur de la situation. D’ailleurs, au-delà des incantations, quels sont les résultats de cette visite ? Une usine de montage Renault à Oran (avec 51% du capital pour l’Etat algérien…), quelques mesures concernant les étudiants dont une sorte de programme Erasmus méditerranéen (on peut craindre que nous n’en supportions l’essentiel du financement), un alignement de fait sur la position algérienne concernant le Mali (belle preuve d’indépendance de notre politique étrangère), des efforts en matière de visas (sans commentaire). Tout ça pour ça ?

    Parlant du passé « commun » des deux pays, M. Bernard Guetta, dans une belle envolée lyrique, peut bien dire : « tout cela fut mais ce qui pourrait être l’avenir compte infiniment plus ». Que n’a-t-il ajouté que, si l’avenir se construit sur la (re)connaissance du passé, il nécessite d’abord une volonté politique claire et ne saurait souffrir aucune des ambiguïtés dans lesquelles semble se complaire M. François Hollande ! 

    algérie,hollande,mauroy,guettaUn chef de l’Etat digne de ce nom tiendrait aux Algériens un discours de vérité et de fermeté sur le passé, le présent et l’avenir. Sur le passé : la colonisation vous a rapporté autant, si ce n’est plus, qu’elle vous a coûté, et elle nous a coûté autant, si ce n’est plus, qu’elle nous a rapporté; nous sommes partis en 1962, n’en parlons plus ! Sur le présent et l’avenir : rien ne sera possible entre nous – alors que c’est souhaitable – tant que vous distillerez chez vous un sentiment d’hostilité à notre égard qui, joint à une exploitation de vos propres citoyens les poussant à l’exil, nous cause un problème démographique grave (700.000 des 900.000 Algériens exilés sont en France, sans compter les « bi-nationaux », les beurs, etc.), à savoir l’existence d’une sorte de « cinquième colonne » ; nous faisons de la solution de ce problème une condition sine qua non.

    Est-ce trop attendre de M. François Hollande ? Sans doute, hélas !

  • VERS UN FOLK-SONG TRADITIONALISTE ?

    Feu de CAMP.jpgLe texte que vous allez lire date de 1972. Une fois faites les actualisations nécessaires, il nous semble aussi pertinent qu’il y a quarante ans.

    Ce texte servait d’introduction au « carnet de chants » que plusieurs générations de militants d’Action française ont tenu dans leurs mains, lors de leurs repas ou de leurs veillées. Mais les jeunes d’Action française d’aujourd’hui chantent aussi, beaucoup et plutôt bien. Et le « créneau » que nous signalait l’auteur de ces lignes - qui était aussi l'auteur de ce carnet de chants éponyme - demeure ouvert et libre. Après tout, un véritable « printemps français » aura aussi besoin de chants puisés à notre tradition …

     Réfléchissons-y !   

    Sans titre-1.jpg « NARCISSISME » de la boue (Koestler) ou toxicomanie musicale, l'éthique pop ne prend pas en France. Le hululement électronique des orchestres livides et chevelus nous laisse froids : l'échec des festivals de l'été démontre le fossé culturel qui sépare l'underground américain du malaise français. Seuls se sentiront concernés par les valeurs de Woodstock les chrétiens-progressistes et les bourgeois d'âge mûr qui se bousculaient à Hair. De fait, le refus d'une certaine société de consommation s'exprime des deux côtés de l'océan selon des structures différentes. Nous sommes trop enracinés pour nous réfugier dans les « arrières-mondes consolateurs » et les paradis artificiels ; trop occidentaux pour sombrer avec les clochards hippies dans un dévergondage du bouddhisme. Contrairement aux jeunes « contestants » américains, nous ne combattons pas cette société mercantile comme l'aboutissement logique de nos valeurs héritées (nos « préjugés » en langage maelstrom mais comme leur despotique contraire. Là ou les radicaux d'outre-Atlantique, coupés de tout capital séculaire, sautent dans l'informe et l'indéfini, l’instinct national guide notre révolte vers un retour aux sources françaises.

    Ceci pour en arriver au succès des « folk-singers » à la française qui recèle, dans le cas d'Ogeret, Rocheman ou Kerval, un contenu politique implicite. Ceux-là sont gauchistes ou gauchisants, par mode ou conviction, et s'efforcent de raccorder leur sélection musicale au folklore de mai 68, clause sine qua non d'une honnête diffusion commerciale par les capitalistes du disque. Mais le phénomène est en lui-même ambigu, voire contradictoire : l'écho, la vibration profonde éveillée par les mélodies frustes ou raffinées de l'ancienne France, submergent les méticulosités doctrinaires de la rive gauche.

    C'est une adhésion de la sensibilité, un sentiment de « déjà vécu » traduisant l'inconsciente fidélité au passe national comme l'attachement quasi-biologique, à la particularité française. Ceci est infiniment plus fort que d'artificieux parallèles entre l'histoire et les comédies barbares de Nanterre. Les refrains des grenadiers de Montcalm, les complaintes acadiennes, les ritournelles en l'honneur du roi, les malédictions paysannes contre le « maître de la guerre » ou le prince-évêque de Montbéliard, ou les gracieux couplets parisiens de « la Bataille de Fontenoy », sont irréductibles aux vivisections marxistes. La chanson traditionnelle en France est par nature engagée dans le nationalisme, et résiste au nivellement cosmopolite.

    Le fait se vérifie autour des brasiers nocturnes de Carnac, dans les bistrots rochelais ou les campings méridionaux, quand les vacanciers se muent en auditeurs et bissent ces jeunes inattendus qui chantent sur des rythmes familiers la gloire et la douceur anciennes...

    La chanson populaire est, à l'échelon culturel, un appréciable véhicule de propagande « tous azimuts » : la communication entre classes d'âge différentes, entre parisiens et régionalistes, entre jeunes d'obédiences politiques antagonistes, devient possible et fructueuse le temps d'une rencontre, quand se recompose au hasard d'un refrain cette « joie Ancien Régime » dont parle La Varende (les Manants du roi) comme d'une rare étincelle dans l'orage moderne. Au-delà des démonstrations objectives de la science politique, le mode d'expression du « folk-song » repré­sente à la fois le cri d'un traditionalisme et la manifestation d'une large « amitié française ».

    Les jeunes d'A.F. sentent l'occasion payante d'intervenir sur un terrain à peu près inoccupé pour l'instant. Il s'agit de récupérer le courant qui se dessine et de lui rendre son contexte politique normal. Un train vient déjà d'être manqué avec la résurrection musicale bretonne, trop souvent contrôlée par des noyauteurs qui lui insufflent un contenu européo­séparatiste ; d'autres trains s'é­branlent vers de fausses directions, particulièrement en terre occitane où s'évertuent les gauchistes sur consignes parisiennes. Le moment est opportun d'entamer sur ce terrain nouveau l’action qui ajoutera au travail d'Ac­tion française, une antenne supplémentaire, et qui soustraira aux adversaires de l'unité nationale le monopole de fait dont ils jouissaient jusqu'a présent. L'affaire est sérieuse et intéressante.

  • Après la très grande Manif pour tous, pour aller ”au coeur de l'essentiel” : le rejet de cette laïcité du Système, super

    Il nous a paru intéressant de nous livrer à un petit exercice  de "littérature comparée"... Inutile d'ajouter de longs commentaires, ces deux textes - rapprochés - parlent d'eux-mêmes...

    1. Le 8 novembre 1906, Viviani (co-fondateur de "L'Humanité" et président du Conseil lors de la déclaration de la guerre de 1914) prononce ce discours brutal (extraits), à la tribune de l’Assemblée nationale : révélateur !...

    2. Le 25 mai 2013, Michel Rouche*, Chantal Delsol* et Monseigneur Marc Aillet dialoguent avec Samuel Pruvot, dans "Famille chrétienne", sur le thème "L'éveil à la politique des jeunes catholiques - Décomplexés, mystiques et engagés"... : tout aussi révélateur ! On est au "coeur" du problème, et ce problème est "politique" : qui a dit "Politique d'abord !" ?...

    1. Le 8 novembre 1906, Viviani (co-fondateur de "L'Humanité" et président du Conseil lors de la déclaration de la guerre de 1914) prononce ce discours brutal (extraits), à la tribune de l’Assemblée nationale : révélateur !... 


     
    "...Nous sommes chargés de préserver de toute atteinte le patrimoine de la Révolution... Nous nous présentons ici portant en nos mains, en outre des traditions républicaines, ces traditions françaises attestées par des siècles de combat où, peu à peu, l’esprit laïque s’est dérobé aux étreintes de la société religieuse...
    ...Nous sommes face à face avec l’Église catholique...
    ...Au-dessus de ce combat d’un jour, n’est-il pas vrai que se rencontre une fois de plus ce conflit formidable où le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel se disputent des prérogatives souveraines, essayant, en s’arrachant les consciences, de garder jusqu’au bout la direction de l’humanité ?...
    ...La vérité, c’est que se rencontrent ici... la société fondée sur la volonté de l’homme et la société fondée sur la volonté de Dieu...
    ...Les Congrégations et l’Église ne nous menacent pas seulement par leurs agissements, mais par la propagation de la foi...
    ...Nous avons arraché les consciences à la croyance. Lorsqu'un misérable, fatigué du poids du jour, ployait les genoux, nous lui avons dit que derrière les nuages, il n'y avait que des chimères.
    Ensemble, d'un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des étoiles qu'on ne rallumera plus...
    ...La neutralité fut toujours un mensonge.
    Nous n'avons jamais eu d'autre dessein que de faire une université antireligieuse... de façon active, militante, belliqueuse...
    ...Nous nous sommes attachés dans le passé à une œuvre d'irreligion; nous avons arraché la conscience humaine à la croyance...
    ...Ensemble, et d'un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu'on ne rallumera plus...
    ...Nous ne sommes pas seulement en présence des congrégations, nous sommes en face de l'Eglise Catholique, pour la combattre, pour lui livrer une guerre d'extermination...

     

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    2. Le 25 mai 2013, Michel Rouche*, Chantal Delsol* et Monseigneur Marc Aillet dialoguent avec Samuel Pruvot, dans "Famille chrétienne", sur le thème "L'éveil à la politique des jeunes catholiques - Décomplexés, mystiques et engagés" (extrait)...

    * Michel Rouche est historien et docteuir ès lettres. Professeur émérite à la Sorbonne, il anime l'Institiut de la famille; Chantal Delsol est philosophe, historienne des idées politiques et romancière. Elle est aussi membre de l'Académie des Sciences morales et politiques; Mgr Marc Aillet est évêque de Bayonne depuis 2008. Issu de la Communauté Saint-Martin, il a enseigné la théologie morale au séminaire de Fréjus-Toulon.

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    PS/NDLR : Chantal Delsol cite un court extrait de Vincent Peillon : on peut rajouter celui-ci , pris dans "La Révolution française n’est pas terminée" (Seuil, 2008) : 102 ans après, Peillon y dit exactement la même chose que Viviani...
     
    "...La révolution française est l’irruption dans le temps de quelque chose qui n’appartient pas au temps, c’est un commencement absolu, c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau. La révolution est un événement méta-historique, c’est-à-dire un événement religieux. La révolution implique l’oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi..." 

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    Il faut savoir ce que l'on veut : ou le Système, et alors on n'aura plus, à terme, la France "traditionnelle"; ou "la France traditionnelle", et alors il faut mener une action "étant réellement d'opposition, c'est-à-dire prônant ouvertement la subversion du Système" (Léon Daudet). 

  • « Mieux qu’une race, le peuple français est une nation » (Jacques Bainville)

     

    par François Marcilhac

    500021990.jpgLe déplacement de François Hollande au Parlement européen, le 7 octobre dernier, aux côtés de la chancelière allemande, a été l’occasion d’une passe d’armes avec Marine Le Pen, qui a qualifié le président de la République de « vice-chancelier administrateur de la province France ».

     

    Et, dans la foulée, d’accuser Hollande « de se soumettre aveuglément à une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington ».

    Hollande ne s’attendait pas à des attaques aussi virulentes, lui qui, sous le regard du pion Merkel, avait docilement prononcé, dans la veine de Mitterrand, un discours européiste d’un conformisme affligeant. N’était-il pas allé, pour complaire à la chancelière, jusqu’à ajouter un « codicille » à la célèbre sentence du sage de Jarnac — « le nationalisme, c’est la guerre » —, selon lequel « le souverainisme, c’est le déclinisme » ? Malheureusement pour lui, sa réponse constitua un aveu puisque, confirmant les accusations de Marine Le Pen lui reprochant, comme à Sarkozy, de brader la souveraineté de la France, il n’évoqua que la « souveraineté européenne », montrant combien il s’inscrivait, en violation du titre Ier de la Constitution et plus simplement des devoirs de sa charge, dans la négation même de l’indépendance nationale. « La souveraineté européenne, c’est d’être capable de décider pour nous-mêmes », ânonna-t-il, sans bien sûr développer comment nous pouvions « décider pour nous-mêmes » si nous abandonnions notre pouvoir de décision à des instances supranationales travaillant de concert avec Berlin... Il est vrai qu’il n’avait pas défini ce « nous-mêmes »...

    Et le pays légal de se scandaliser, à la radio ou dans la presse écrite, de la sortie « inqualifiable » de Marine Le Pen, qui serait « une honte pour le pays » (Fillon, 8 octobre). « En traitant comme Marine Le Pen l’a fait le président de la République française de vice-chancelier, on attaque la fonction présidentielle et donc on insulte la France » (Sarkozy, 10 octobre) : touchantes préoccupations de la part tant d’un ancien Premier ministre qui, trahissant la mémoire de son mentor Séguin, a accompagné les abandons de souveraineté du traité de Lisbonne, que d’un ancien chef d’Etat dont la vulgarité et la soumission aux Etats-Unis furent une attaque permanente à la fonction présidentielle et une insulte quotidienne à la France. Quant à Jean-Christophe Lagarde, patron de l’UDI, il a dénoncé le fait que Marine Le Pen ait cherché « à humilier notre chef de l’Etat devant des centaines de parlementaires étrangers » (8 octobre). Surprenants accents patriotiques de la part d’européistes patentés qui, lorsque cela les arrange, oublient que les Européens sont devenus leurs « concitoyens » et les requalifient d’étrangers ! Mais c’est Juppé, qui, dans la droite ligne de Hollande, vend la mèche sur son blog (10 octobre), en dénonçant les partis qui « dessinent le visage d’une France [...] barricadée dans d’illusoires frontières nationales ». La France, pour Juppé ... et Hollande ? Le passé d’une illusion...

    Oui, les propos de Marine Le Pen ont pu choquer. Ils étaient pourtant nécessaires. Nous l’avions critiquée lorsqu’elle avait reproché aux parents de Vincent Lambert de s’être adressés pour tenter de sauver leur fils à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) contre le Conseil d’Etat. C’est que, outre sa dureté, une telle attitude cautionnait, involontairement, un mensonge, celui selon lequel, le Conseil d’Etat, en l’occurrence, mais aussi le Conseil constitutionnel ou la Présidence de la république sont toujours des institutions françaises indépendantes, ce qui n’est plus vrai à partir du moment où elles ne jugent ou ne décident plus qu’en référence à des instances étrangères reconnues comme supérieures — Bruxelles, la CEDH ou la Cour de justice de l’Union européenne. Par ses propos, Marine Le Pen a franchi un Rubicon. En apostrophant, comme elle l’a fait, Hollande, mais aussi son prédécesseur, elle a délégitimé aux yeux des Français ce que sont devenues nos institutions, notamment depuis le traité de Lisbonne et le traité budgétaire, mais le sursaut national impose qu’on prenne la mesure de la radicalité de la situation. En termes d’indépendance, notamment par rapport à l’Europe allemande, comme en termes institutionnels, c’est-à-dire en termes de légitimité, en quoi l’actuel Etat français est-il moins fantoche que le gouvernement de Sigmaringen ? En révélant crûment, au sein même de son Temple, l’imposture de la démocratie européenne, de tels propos démolissent également plusieurs décennies de bouillie conceptuelle — sophisme : « la France est mon pays, l’Europe est mon avenir » ; contradiction dans les termes : « Fédération d’Etats-nations », « souveraineté partagée » —, par lesquels l’oligarchie a conduit les Français à la dépossession, de moins en moins indolore, de leur indépendance.

    Une bouillie conceptuelle que pratique allègrement Hollande : deux jours après sa prestation de Strasbourg, il a récidivé le 9 octobre devant l’Ecole des Chartes, pour critiquer la sortie de Morano sur la France « pays de race blanche », en renvoyant l’identité française, qui n’est pas « figée dans le marbre », au « souvenir de nos mœurs, nos rites, nos traditions mais également de toute notre culture. Connaître notre passé, c’est comprendre la diversité de la France, sa multiplicité ». Ou comment, sous prétexte de rendre hommage à notre civilisation et à sa « continuité », la renvoyer à la « nostalgie » au profit d’un « renouvellement permanent » et d’une « multiplicité » indéfinie qui sont la négation même de toute civilisation, par son éclatement dans le communautarisme et le consumérisme, ces deux mamelles du mondialisme. Aussi Natacha Polony a-t-elle raison d’avancer que si le gouvernement veut « tuer » le latin et le grec, c’est pour « pour enterrer la France », car « ils sont notre mémoire, et le plus profond de notre être. Ils sont à la France du XXIe siècle ce que les racines sont à la vigne. » (Le Figaro, 10 octobre) « Racines », mot honni car, si elles sont bien la condition d’un « renouvellement permanent », celui-ci n’est pas laissé aux flux d’un changement indéfini : il perpétue une identité. 

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    D’ailleurs, si Hollande avait vraiment voulu répondre à Morano, il se serait contenté de citer les premiers mots de l’Histoire de France de Bainville : « Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation ». Mais comment l’aurait-il pu, lui qui, précisément, a renoncé à la nation et à ses racines pour une république hors sol, mondialiste et individualiste ? 

    L’Action Française 2000

     

  • LITTERATURE & SOCIETE • Princesse de Clèves, Modiano : qui a peur des écrivains ?

     

    Sébastien Lapaque, dans sa dernière tribune du Figaro pointe l'inculture des hommes politiques qui ne prennent plus le temps de lire. Négligence condamnable autant pour les dirigeants de droite que de gauche.

    Les lecteurs de Lafautearousseau savent bien que nous sommes attentifs aux écrits de Sébastien Lapaque, tant pour des raisons déjà anciennes qui nous relient à sa réflexion et nous donnent le sentiment de lui être proches, que pour son souci de fond - et patriotique - touchant au statut dégradé de la culture, de la littérature, des livres eux-mêmes, et à leur marchandisation, dans notre France contemporaine, notre chère et vieille nation, jadis littéraire. Par là, Lapaque rejoint, pour ce qui est de notre aujourd'hui, l'une des obsessions d'Alain Finkielkraut, mais de quelques autres aussi, et, si nous remontons bien plus loin, aux environs de l'année 1900, l'une des thèses les plus prophétiques de Charles Maurras, développée avec minutie dans son Avenir de l'Intelligence. Au fond, le statut aujourd'hui dégradé, lui aussi, des politiques n'est-il pas, au moins pour partie, fonction de l'aggravation de leur inculture ? Et cette dialectique néfaste produit notre abaissement collectif, ce qui est plus grave. En quoi nous rejoignons parfaitement Sébastien Lapaque.  Lafautearousseau     

     

    Sébastien_Lapaque.jpgQuoi qu'on en dise, ce fut une affaire assez stupéfiante. Il est regrettable que certains l'aient si vite oubliée et pardonnée. Le 26 octobre 2014, après l'annonce, par les jurés suédois du prix Nobel de littérature, de leur choix d'honorer Patrick Modiano, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, s'est révélée incapable de citer le titre de l'un de ses romans. Quels titres pourtant ! La Place de l'Etoile, Rue des Boutiques obscures, Dans le café de la jeunesse perdue… A ceux qui l'interrogeaient, la ministre expliqua qu'elle n'avait plus le temps de lire depuis deux ans. Une façon de sous-entendre qu'une fonction sérieuse ne s'accordait pas à des futilités telles que la littérature. Elle avait visiblement oublié Charles de Gaulle lisant Lord Jim de Conrad lors d'un voyage en avion et François Mitterrand savourant Chasses subtiles de Jünger avant ses réunions à l'Elysée.  

    Ce qui est effrayant, c'est que dix-sept jours séparaient les aveux de la ministre de la Culture de l'annonce des jurés suédois. Deux semaines n'avaient donc pas suffi à l'exquise Fleur Pellerin pour envoyer l'un de ses collaborateurs à la librairie Delamain (155, rue Saint Honoré à Paris, en face de son ministère), acheter les éditions de poche de Dora Bruder (144 pages), de Voyage de noces (157 pages) ou de Vestiaire de l'enfance (150 pages) afin de les lire de toute urgence et de découvrir un écrivain dont la reconnaissance internationale honore la France — et surtout perpétue l'idée que le monde continue de se faire de la France : une nation littéraire. Cette technicienne, si prompte à parler d'« offres » et de « contenus », n'avait même pas songé à demander à son chauffeur de glisser un disque dans le lecteur de sa Citröen C6 blindée afin d'entrer dans l'univers soyeux de Patrick Modiano par l'intermédiaire d'un livre-audio tandis qu'elle se rendait à l'aéroport dans une ambiance paisible et climatisée. La preuve que la littérature n'a plus la moindre valeur aux yeux de cette femme bardée de diplômes. Ni d'usage, ni d'échange. 

    Dans La Haine de la littérature (Editions de Minuit, 220 p., 19 €), un livre remarquable de savoir, de précision et d'intelligence, William Marx montre à quelles hauteurs s'est élevée cette passion destructrice au cours de l'histoire. Il faut découvrir la réflexion vagabonde de cet ancien élève de l'Ecole normale supérieure, professeur de littératures comparées à Nanterre. Son livre est féroce et souvent très drôle. Sa lecture achevée, une question se pose cependant. Pourquoi l'érudit subtil, doué pour le commerce des classiques, a-t-il cherché une illustration à sa thèse dans « l'affaire de la Princesse de Clèves », longuement commentée, et non pas dans « l'affaire Modiano », si fraîche, si éloquente, mais évoquée de manière allusive et renvoyée en note ? Pourquoi reproche-t-il à la ministre qui ne lit pas Patrick Modiano sa « maladresse », quand il accuse le président qui s'est moqué de Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette, d'être « populiste » ? 

    Une asymétrie nous chagrine dans cette perspective. On peut bien penser que trop d'années furent arrachées du milieu de notre vie par un César inculte venu de la droite. On l'a partout répété ; on s'en est lamenté. Ce qui est étonnant, c'est d'observer, aujourd'hui, qu'aucun des champions de La Princesse de Clèves, gardiens de l'honneur des belles lettres et du statut littéraire de la chère et vieille nation, ne se scandalise de la voir présentement tombée sous le joug d'un César inculte venu de la gauche, qui confesse ne jamais lire de romans et affiche peu de goût pour le théâtre. Une inculture serait-elle à ce point préférable à une autre ? 

    Les écrivains ne font pas peur qu'aux seuls bourgeois des beaux quartiers. La haine de la littérature dont William Marx propose une typologie convaincante — c'est au nom que l'autorité, de la vérité, de la moralité et de la société qu'on a de tout temps pourchassé les doctes, les lettrés, les poètes — n'a pas établi ses campements sur la seule Rive droite. Il est un anti-littérature et un anti-intellectualisme de gauche au moins aussi détestables que l'anti-littérature et l'anti-intellectualisme de droite. 

    Quand ceux-ci consistent à dire : « Nous possédons probablement dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C'est pourquoi j'aimerais vous dire: assez pensé, assez tergiversé, retroussons tout simplement nos manches » (comme l'expliqua Christine Lagarde, Ministre de l'Economie et des Finances en 2007), ceux-là reviennent à écrire : «Ne dites plus : Monsieur le Professeur, dites : crève salope ! », (comme le firent quelques agités du Quartier latin en 1968). 

    Lorsqu'on aime les livres, l'encre, le papier, le savoir, la pensée, les poètes mélancoliques et les romanciers aventureux, il n'y a aucune raison d'être plus indulgent à l'égard des uns que des autres. Dans l'instant, la haine des livres est de toutes parts, l'inutilité de la littérature dénoncée sur les deux rives de la Seine, l'opulente et la bohème. D'accord avec William Marx pour penser que l'indifférence, l'ironie et la moquerie à l'égard des écrivains de grand style est une tache de sang intellectuelle que « toute l'eau de la mer ne suffirait pas à laver » (pour reprendre une image frappante de Lautréamont), nous nous permettons d'ajouter, afin que nulle méprise ne subsiste : sur la gauche comme sur la droite du visage. 

    Sébastien Lapaque            

  • BD & SOCIETE • Y’a bon Astérix ! Nos ancêtres les racistes

     

    Un commentaire de Jean-Paul Brighelli  en tous points remarquable par son humour et par sa pertinence

    Disons le tout net : nous avons un sujet de désaccord avec Jean-Paul Brighelli. Essentiellement, c'est sur son attachement en quelque sorte intégral aux Lumières que nous divergeons. Nous croyons plutôt comme Houellebecq que les Lumières sont aujourd'hui éteintes ou en voie de l'être et qu'il convient de sauver d'elles seulement ce qui peut l'être. C'est à dire, pour être très brefs, ce qui ressort encore dans les Lumières - souvent avec éclat - de l'ordre, du goût et de la tradition française à l'exclusion de ce qui y inaugure la déconstruction. de cet ordre et de cette tradition. A cette divergence près qu'il est sans doute honnête de signaler, nous partageons le plus souvent les analyses de Jean-Paul Brighelli. En l'occurrence, sa satire de l'antiracisme nous paraît en tous points justifiée et rondement menée ! Lafautearousseau    

     

    985859-1169345.jpgNous avons donc appris cette semaine, grâce à l’Express qui a relayé des critiques éparses dans le Camp du Bien, que le dernier Astérix était raciste.

    Et que d’ailleurs tous les Astérix étaient racistes. Le grand philosophe Liliam Thuram (né en 1972 après J.C.) explique dans une vidéo qu’enfant, il s’identifiait à Astérix, et ne parvenait pas à se voir en noir — c’est le principe du héros, hé, banane ! Surtout les Noirs d’Astérix : dans le dernier opus, qui est un pur « à la manière d’Uderzo », ils ont encore de grosses lèvres et un nez épaté. Et les « scribes numides », les auteurs précisent en Note qu’on les appelle aujourd’hui « nègres littéraires ».

    « Ghostwriters », en anglais. Rappelez-vous ce roman de Philip Roth, la Tache, où le héros, prof de fac, se fait virer de son université pour avoir traité de « spooks » — zombies, mais aussi « nègres » en argot — deux étudiants-fantômes, jamais vus en cours — mais qui se trouvent être noirs, ce qu’il ignorait. Insensibilité, protestations de la NAACP, il est viré, détruit — alors qu’il est lui-même d’origine noire ; c’est le final twist du roman. Finkielkraut en a fait une très belle analyse dans Un cœur intelligent (2009). Roth, qui sait un peu ce qu’est le racisme, a écrit là son plus beau livre.

    Retour à Astérix. Le Noi’ vigie du bateau pi’ate ne p’ononce pas les R, et de su’c’oît il avoue dans ce de’nier opus qu’il ne sait pas lir’e — pas grand monde savait lire au Ier siècle av. J.C.. Cela émeut les antiracistes proclamés, les mêmes qui exigent, comme Louis-Georges Tin, qui a fait de la revendication antiraciste son fonds de commerce, que Tintin au Congo comporte en Europe comme aux Etats-Unis un insert expliquant qu’il s’agit d’une (vilaine) vision coloniale.

    Il est vrai que Tintin au Congo envoyait la dose, surtout dans la première édition — ce qui amène les blogueurs de l’Obs à se demander s’il ne faudrait pas tout bonnement l’interdire. Et les corrections de l’édition couleur sont touchantes, mais tout aussi révélatrices de la pensée coloniale.

    Tout comme les corrections de Tintin au pays de l’or noir, où Hergé a transformé les stéréotypes du racisme anti-juif en stérétotypes du racisme anti-musulman (en vingt ans, entre la première et la seconde édition, les Arabes ont désappris à lire — un comble !). Et alors ? Tout cela, c’est l’histoire des idées. Bombarder les livres d’avertissements en tous genres ne pourrait que contribuer à l’invention d’un racisme à l’envers, dont on ne voit que trop les manifestations immondes — j’en ai parlé ici même il y a quelques mois.

    Quant à savoir ce que vaut ce Papyrus de César, vous trouverez une analyse modérée et compétente ici — et un refus d’affubler un album de BD d’étiquettes qui sont autant de poncifs elles-mêmes, voire les manifestations d’un racisme à rebours. Le Corse que je suis ne s’est jamais offusqué des clichés véhiculés par Astérix en Corse, d’autant qu’ils étaient soulignés comme clichés. Le Corse paresseux, ce n’est jamais qu’un rappel du fait que d’après les Romains, maîtres du langage et de l’idéologie à l’époque, les Corses refusaient d’être esclaves et préféraient mourir que de servir un maître qu’ils ne s’étaient pas choisis. Il en est d’autres, dans d’autres civilisations, qui acceptaient le fait d’autant plus aisément qu’ils avaient été mis en esclavage par leurs frères de couleur ou de religion — but that’s another story. 

    Jean-Paul Brighelli (Causeur)

  • Valeurs actuelles a peut-être raison mais ce serait quoi une Révolution en 2015 ?

     

    A noter que Valeurs actuelles dans sa livraison d'hier jeudi ne dit pas révolte mais Révolution. Son titre l'annonce pour demain. C'est à dire pour bientôt. Or les mécontentements catégoriels (salariés, paysans, profs, policiers, retraités, médecins, artisans ...), si puissants soient-ils, peuvent créer un mouvement de révolte; et, s'ils se conjuguent, cette révolte peut devenir générale. Mais cela ne fait pas une Révolution. Du moins, au sens profond. S'il s'agit de remplacer le roi fainéant tristement figuré sur la couverture de Valeurs actuelles, par un de ses clones, la dite révolte ne constituera pas une Révolution. Une révolte n'est pas une Révolution. A moins que ça n'en soit que le simulacre. Boutang aurait dit : une semble-Révolution, comme nous avons, aujourd'hui, un semble-Etat.

    Quel visage pourrait prendre une Révolution dans la France d'aujourd'hui ? Dans le monde d'aujourd'hui ? Donc, de quelle nature, cette Révolution ? La question se pose et ne se résout pas en un titre. Ni en quelques manifs. Ni en quelques lignes ...

    Il y a un peu plus de deux siècles, la Révolution consistait à abattre la monarchie, guillotiner le Roi et la Reine, tuer le Dauphin, éradiquer la Famille de France; combattre la Religion, détruire l'ordre ancien : l'aristocratie et le peuple, l'Eglise, les corporations et les provinces; instaurer tout à la fois l'individualisme en lieu et place de l'esprit communautaire ancien, et le jacobinisme féroce. Nous avons vécu sur cet héritage déconstructeur, y vivons encore, et subissons ses effets pervers. Cet héritage, aujourd'hui, pour le dire de façon très modérée, ne fait plus l'unanimité... 

    Au XXe siècle, le Révolution ce fut l'Internationale communiste, sous idéologie marxiste. Et le rêve planétaire qu'elle fit germer partout dans le monde. Ce devait être la société sans classes, ce fut le marxisme-léninisme, les soviets, le stalinisme, le maoïsme et ses terrifiants succédanés asiatiques, la nomenklatura, l'archipel du goulag, l'oppression de masse, les grands procès, la ruine économique et l'effondrement final. Il n'y a de cela que vingt-cinq ans ... 

    La Révolution d'aujourd'hui a pris des formes douces. Elle se nomme mondialisme, consumérisme, abaissement des frontières, effacement des nations et réduction des Etats à la quasi-impuissance, formatage et indifférenciation des peuples, dislocation de la famille et même négation des sexes, métissage universel et multiculturalisme. Cette Révolution établit par là, faute d'un autre, le règne exclusif de l'Argent, de l'argent hors sol, celui que condamnent les Papes, et, sous couvert de multiculturalisme, elle installe partout une terrible et quasi universelle inculture. Au peuple est laissé, autant qu'il se peut, peut-être plus pour très longtemps, assez de moyens pour consommer et vivre selon son caprice. Sans raison de vivre et de mourir. Telle est, nous semble-t-il, la modernité ou postmodernité.

    Les trois véritables Révolutions que nous venons à très grands traits de caractériser sont aujourd'hui mal vues et contestées par de nombreux esprits libres. Edgar Morin, lui-même, se refuse désormais à utiliser le mot et à souhaiter la chose. Le courant bien ou mal nommé des néo-réacs ou néo-conservateurs, pour hétéroclite qu'il soit en effet, comme Alain de Benoist le signale à juste titre, s'oppose à la plupart des caractéristiques des révolutions passées ou présente, que nous venons de rappeler. On voit bien que ce courant - qui ne contrôle ni les médias, ni l'Université, ni les pouvoirs établis - suffit à affoler médias et politiques. Le Système  ...

    Il n'y aura pas de Révolution future véritable qui se situe dans la lignée des trois autres. Qui ne soit qu'un changement de majorité ou de présidence. Qui ne soit qu'une alternance de plus avec son lot de déceptions et son inefficacité. Qui ne remette pas en cause l'ensemble des erreurs et des faux principes que nous n'avons fait ici qu'évoquer et qui ont ruiné la France et, par surcroît, l'Europe.

    Alors quoi ? Disons-le tout net : il n'y aura pas de Révolution véritable qui ne soit en quelque façon une contre-révolution, ou, si l'on veut, car on ne remonte jamais le temps, une alter-révolution. Henri Guaino, sous le quinquennat précédent avait soufflé à Sarkozy le mot Renaissance. Il avait raison. La grande ambition, l'entreprise ainsi nommée nous eût ramenés à notre culture, notre Histoire, nos racines, notre souveraineté, notre ordre, notre excellence. Il présupposait de la part du peuple français et de ses dirigeants une forme de retournement, de métanoïa. C'eût été, pour le coup, une Révolution de fond, une Révolution salvatrice. C'était évidemment peine perdue.

    Alors, va pour une Révolution ! Mais la vraie. Celle que nous venons de dire. Le reste ? C'est l'esprit politicien qui perpétue le mouvement du Système. L'inverse de la Révolution légitime que l'on doit souhaiter à la France. Lafautearousseau  

     

  • Ivan Rioufol : Le réveil des peuples bouscule la politique

     

    L'analyse d'Ivan Rioufol - Éditorialiste au Figaro 

    L'union gauche-droite qui se dessine en France contre le FN oblige les ligueurs à diaboliser un sentiment national qui partout se réveille. En France et en Europe. On vient de le voir en Suisse, puis en Pologne, au sein même de l'Union. Union devant laquelle s'accumulent les difficultés et les facteurs de dislocation. Il lui sera désormais bien difficile d'imposer à tous ses membres l'accueil invasif et en nombre indéterminé des migrants; et il lui deviendra presque impossible de maintenir sa cohésion s'il s'agit de construire une Europe postnationale et multiculturaliste. LFAR   

    rioufol (1).jpgQue cherchent-ils, ceux qui se mobilisent contre la montée du « populisme » en Europe ? Oh ! Très simple : ils veulent faire taire les peuples en colère. Or ces derniers semblent décidés à résister aux grands prêtres de la mondialisation qui, à commencer par les technocrates de Bruxelles, les ont conduits de force là où ils refusaient d'aller : vers des sociétés postnationales, déracinées, amnésiques, sans frontières, aux identités floues. Nombreux sont les citoyens européens qui craignent une subversion islamiste, si rien ne vient stopper la braderie de leur civilisation au profit d'une autre, dépourvue d'états d'âme. C'est ce que les Suisses, porte-parole du regain souverainiste, ont confirmé dimanche en votant majoritairement pour l'UDC, parti anti-immigration. L'union gauche-droite qui se dessine en France contre le FN oblige les ligueurs à diaboliser un sentiment national qui partout se réveille. L'angélisme merkelien, qui a enclenché en septembre l'énorme mouvement migratoire en ouvrant étourdiment les portes de l'Allemagne à l'exode du monde musulman, a semé partout les germes de conflits et d'affrontements. Le pays se fracture déjà : ceux qui veulent aller au bout de leur expiation du racisme hitlérien en imposant son exact contraire s'opposent à des compatriotes qui alertent devant la survenue d'une culture islamique, historiquement perméable au totalitarisme et à l'antisémitisme. Lundi, à Dresde, les 20.000 manifestants de Pegida (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident) ont été contestés par une contre-manifestation presque aussi massive. Un sympathisant Pegida y a été grièvement blessé. Deux jours auparavant, Henriette Reker, candidate pro-Merkel à la mairie de Cologne, avait été agressée au couteau par un illuminé d'extrême droite. Merci, « Mère Angela ».
     
    La chancelière paniquée se dit prête aujourd'hui à appuyer l'entrée de la Turquie en Europe, en échange de son aide pour maîtriser les flux moyen-orientaux ; ce qui revient à vouloir éteindre un feu avec de l'essence. C'est cette politique absurde qu'est venue confirmer Merkel à Recep Tayyip Erdogan, dimanche à Istanbul, en dépit des soupçons de complicité qui pèsent sur l'« islamiste modéré » après l'attentat antikurdes à Diyarbakir, dans le sud-est du pays. Non contente de déstabiliser le Vieux Continent et d'accuser ses opposants d'avoir « de la haine dans le cœur », Merkel, autoproclamée porte-voix de l'Union européenne (UE), s'est à nouveau inclinée devant le calife, qui réclame des visas pour ses 78 millions de sujets, et l'entrée de son pays dans une UE dont il méprise la culture. Ces courbettes ne peuvent que raidir davantage l'opinion. Les électrochocs à répétitions, que représentent les violences conquérantes du totalitarisme islamiste et les invasions soutenues de « réfugiés » revendicatifs, dévoilent la folle légèreté de ceux qui ont laissé venir ces désastres annoncés, au nom du respect de l'Autre et des droits de l'homme. Or l'agressivité que déploient ces belles âmes contre leurs contradicteurs les oblige à cautionner un type de société - celle du vivre ensemble obligatoire - qui porte en elle de multiples fractures et autant de ressentiments. Il est trop tôt pour mesurer l'ampleur de la vague « populiste » qui prend forme. Mais le sens de l'histoire a déjà tourné: il a quitté ceux qui croyaient pouvoir enterrer les nations et les peuples européens afin de permettre à l'islam d'y prendre plus facilement ses aises. L'UE, qui a voulu cette politique cautionnée par l'Allemagne et la France, va devoir rendre des comptes.

    Adversaires de la démocratie

    Tout devient absurde dans les comportements de ceux qui s'affolent des rébellions du peuple. Tandis qu'Angela Merkel s'ouvre aux Turcs pour avoir moins de Syriens, François Hollande sème ses discours d'appels à « l'apaisement », tout en désignant le FN comme l'ennemi à abattre, dans une rhétorique de guerre civile. Il fustige le « bloc réactionnaire », censé englober toutes les droites, mais suggère parallèlement un front commun rassemblant implicitement le PS et les Républicains pour faire échec au parti de Marine Le Pen aux régionales. Va comprendre ! Le plus désolant est de voir l'opposition, décidément la plus bête du monde, tomber à pieds joints dans le piège socialiste qui l'oblige à harceler le FN en lui offrant, avec le parti de Nicolas Dupont-Aignan, le monopole d'une défense souverainiste attendue de ceux qui réclament un retour aux frontières et aux socles des identités. Les adversaires du « populisme » se révèlent être des opposants à l'expression du peuple, c'est-à-dire à la démocratie. Ils n'ont plus de cartes en main, hormis le gourdin des sermons. Le gouvernement a promis, lundi, de préserver le « modèle social », ce panier percé, tout en se disant défavorable aux référendums d'entreprise qui pourraient pourtant débloquer les immobilismes syndicaux. Mais l'urgence est de reconstruire un modèle sociétal avant que le pays n'explose. Seules des consultations populaires pourront trancher des questions taboues liées à l'islam ou l'immigration. En visite à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), mardi, le chef de l'État a assuré : « Il n'y a pas de quartiers perdus de la République », et aussi: « Il n'y a pas de France périphérique » ; deux récusations non argumentées de livres importants (Les territoires perdus de la République, La France périphérique) fruits d'enquêtes de terrain. Ce déni officiel occulte la montée de l'islam radical dans les cités et la fuite des « petits Blancs » devant le multiculturalisme qui s'installe. C'est ce modèle multiculturel, jamais débattu, qui devrait être soumis au vote des citoyens. Son probable rejet lancerait la mobilisation contre le totalitarisme islamiste qui se profile.

    France ubuesque

    En attendant, c'est une France ubuesque que la gauche « humaniste » met en scène. Mardi, la Cour des comptes a confirmé que 96 % des déboutés du droit d'asile restaient en France. Mercredi, le chef de l'État lui-même a promis des « sanctions » - qui ne semblent donc plus aller de soi - contre des gens du voyage ayant mis à sac la gare de Moirans (Isère) pour protester contre une décision de justice. On apprenait également qu'un jet privé a été affrété par la république pour évacuer, cinq par cinq, quelques-uns des 6000 migrants de Calais vers la province (15.000 euros par individu), d'où ils sont relâchés pour revenir généralement à leur point de départ ! À Lille, mardi, la police a violemment chargé, mais contre des avocats en grève.  

    Le bloc-note d'van Rioufol            

  • Boualem Sansal : « Un scénario syrien est possible en Algérie »

    La nouvelle grande mosquée d'Alger, Djamaa El Djazaïr en construction 

     

    C'est un entretien d'un très grand intérêt avec Boualem Sansal qu'Alexandre Devecchio a publié dans Figarovox, le 23.02. Ce n'est pas que nous fassions totale confiance à Boualem Sansal. Publier les réflexions d'un auteur, d'un intellectuel, ce n'est ni faire son éloge, ni, nécessairement prendre son propos pour parole d'Evangile. Nous savons, en outre que Sansal est une personnalité ambiguë. Et qu'il ne cesse pas d'être une énigme, même pour de fins connaisseurs des pays d'Afrique du Nord. Mais il s'agit ici du devenir de l'Algérie, bombe à retardement, inquiétante à plus d'un titre. Et au premier chef pour la France qu'une explosion du système algérien menacerait de façon sans doute gravissime. Nous avons dit, ici, à plusieurs reprises, notre inquiétude face à cette menace à laquelle il paraît assez clair que la France ni l'Europe ne se préparent. C'est ce dont Sansal traite ici et nous conseillons de le lire, certes avec esprit critique, mais aussi avec une véritable attention.  Lafautearousseau   


    XVM570e4212-da34-11e5-94e2-a58df5601745.jpgDans son roman d'anticipation 2084, le grand écrivain algérien imaginait un monde dominé par l'islam radical. Il se montre tout aussi pessi­miste pour l'avenir de l'Algérie.

    LE FIGARO - Alors que le président Bouteflika reste très affaibli, l'Algérie est confrontée à un début de crise économique…

    Boualem SANSAL - Bouteflika, pendant ses seize années de règne, a acheté la paix sociale en faisant vivre les Algériens au-dessus de leurs moyens sans même avoir besoin de travailler. Cette gestion financière et psychologique catastrophique pourrait déboucher sur une crise multidimensionnelle à la fois économique, politique et religieuse. Les journaux n'en parlent pas, mais il faut savoir qu'il y a des émeutes quotidiennes en Algérie. La seule réponse du pouvoir est d'« arroser » la population. Pour l'instant, celle-ci en profite. Mais la manne n'est pas infinie. Que se passera-t-il lorsque celle-ci sera épuisée ?

    En cas d'aggravation de la crise, comment le pouvoir peut-il réagir ?

    Ma conviction est que le pouvoir est indestructible. Il résistera à tout parce qu'il n'hésitera pas à réprimer avec violence comme le fait Bachar el-Assad en Syrie. S'il se sent débordé, il fera tirer sur la population. Si cela ne suffit pas, il internationalisera l'affaire en y mêlant les islamistes. Le problème politique sera transformé en problème religieux et exporté hors des frontières algériennes jusqu'en Europe, et singulièrement en France. Le scénario d'une escalade de la terreur sur le modèle syrien me paraît tout à fait crédible.

    L'Algérie peut-elle être également menacée par Daech ?

    Les islamistes étrangers, ceux de Daech ou d'al-Qaida, sont en embuscade. Mais il faut aussi compter avec les islamistes algériens. Ces derniers ont fait un deal avec le pouvoir. Ils partagent avec l'État la rente pétrolière et sont introduits dans les rouages de l'administration: certains islamistes sont députés ou ministres. En parallèle, ils investissent le domaine culturel et social. Le terrain économique leur permet également de « faire beaucoup d'argent»  avec l'Arabie saoudite, Dubaï ou la Turquie. Cela participe à l'internationale islamiste comme à la reconstitution de leurs forces en Algérie. Bouteflika leur a cédé la « gestion » du peuple. Dans les petites villes et les villages, ils sont maîtres du jeu et font régner leurs règles théocratiques terrifiantes. Ces seize dernières années, il s'est construit plus de mosquées dans le pays que durant tout le siècle dernier.

    Justement, que pensez-vous de la construction de la nouvelle grande mosquée d'Alger, Djamaa El Djazaïr ?

    D'abord, cela traduit la stratégie d'équilibre des pouvoirs de Bouteflika. Pour ne pas être totalement dépendant des militaires, il a ouvert la porte aux islamistes. La future grande mosquée d'Alger est un gage donné à ces derniers. Le gigantisme du projet traduit également la mégalomanie de Bouteflika. C'est pour lui, une manière de marquer l'Histoire, quitte à livrer le pays aux fondamentalistes.

    La guerre civile algérienne peut-elle faire son retour ?

    Le chaos est presque inéluctable. Bouteflika a fait le vide politique autour de lui et beaucoup vont prétendre à sa succession. Les islamistes voudront gouverner au nom de l'islam. Les militaires, humiliés durant son règne, voudront prendre leur revanche. Il y a aussi une oligarchie économique et financière avide et insatiable qui gouverne par le truchement de Saïd Bouteflika, frère cadet du chef de l'État. Ce contexte d'éclatement général ouvre la porte à toutes les aventures. La Kabylie, qui est marginalisée et persécutée, pourrait être tentée par une proclamation d'indépendance. Le Sud est dans une situation explosive, avec des tensions séparatistes notamment chez les Touaregs. Et, en ce moment même, la région du Mzab est le théâtre de guerres tribales. Enfin, la question de la jeunesse est préoccupante. Les jeunes représentent 35 à 40 % de la population et ne sont la clientèle ni des uns, ni des autres. Quel sera le comportement de ces électrons libres dans une situation où tous les grands verrous vont sauter ? Si tous ces mouvements coagulent, il y aura un printemps algérien sur fond de vengeance et de ressentiment. Celui-ci sera suivi d'un hiver islamiste.

    Quelles peuvent être les conséquences d'une explosion sur l'Europe ?

    L'Occident a perdu son influence et n'a plus de politique à l'égard du monde arabe. Sur la défensive, il ne peut que subir. S'il y a une explosion de l'Algérie, le Maroc et la Tunisie seront déstabilisés. L'Europe sera confrontée à un mouvement migratoire de masse qu'elle ne pourra pas maîtriser. Le problème de Calais apparaîtra bien minuscule en comparaison.

    Dans 2084, vous allez jusqu'à décrire un empire islamiste mondial…

    Depuis les indépendances, la religion musulmane ne cesse de s'affirmer. La seule force profondément installée dans la société arabo-musulmane est la religion. Le mouvement islamiste au sens large occupe l'espace et empêche l'émergence de toute autre idéologie. Il y a, certes, une compétition entre islam salafiste et islam traditionnel, entre chiites et sunnites. Cependant, on constate aujourd'hui que les différences s'estompent à l'intérieur du monde sunnite tandis que la confrontation a lieu entre chiites et sunnites. Mais, là aussi, des alliances stratégiques se nouent. Peu à peu, le monde musulman se reconstruit et retrouve ses ambitions premières et sa volonté hégémonique. La frontière avec l'Occident commence à être abolie puisque maintenant l'islam politique s'ouvre des espaces à Londres, à Paris et à Bruxelles. On peut imaginer que dans trente ans l'islam gouvernera l'ensemble du monde musulman qu'il aura unifié. Dans soixante ans, il partira à la conquête de la civilisation occidentale.

     

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

  • Livres • Pourquoi les Français plébiscitent Michel Houellebecq

     

    Sébastien Lapaque pose cette question [Le Figaro, 18.02.2016] : « Pourquoi les Français plébiscitent Michel Houellebecq » et il y répond du point de vue de la littérature et des écrivains. Sous l'angle politique - et / ou civilisationnel - son anticipation, en forme de roman, d'une situation politique qui pourrait devenir celle de la France, peut aussi être considérée comme une sorte de satire, de mise en garde ou d'alarme. Ce roman nous paraît avoir aussi joué ce rôle. LFAR

    Soumission est le roman qui s'est le mieux vendu en France en 2015. L'écrivain ne laisse personne indifférent et ses œuvres sont traduites dans de nombreuses langues.

     

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    Enfin une bonne nouvelle. D'après les statistiques de quelques spécialistes du marché de l'édition, penchés sur les livres comme d'autres le sont sur les canassons, Soumission, de Michel Houellebecq, est le roman qui s'est le mieux vendu en France en 2015. 590.000 exemplaires, nous jure-t-on. Sans compter les ventes en Belgique et en Suisse… Qu'en dit-on à Bruxelles et Genève ? Michel Houellebecq devant Fred Vargas, Guillaume Musso et Marc Lévy. Un écrivain devant les écrivants.

    L'année 2015 avait pourtant mal commencé, avec une tuerie islamiste à Charlie Hebdo qui arracha à notre affection l'économiste dissident Bernard Maris et quelques dessinateurs insignes. Aucune origine n'est belle, jurait un écrivain provençal. Grâce à Dieu, la fin de l'an 2015 a été consolatrice, avec une statistique admirable : Houellebecq seul en tête. Cet honneur et cet avantage ne sont pas fortuits. Dans Soumission, bon livre qui n'est pas son meilleur roman selon notre cœur (notre faveur va à Extension du domaine de la lutte et à La Carte et le Territoire), l'auteur de Rester vivant ne raconte pas l'histoire de la marquise qui sortit à cinq heures mais celle de la prise du pouvoir en France d'un parti musulman au terme de l'élection présidentielle de 2022. Avec l'aide de François Bayrou, de surcroît : je ne critique pas le côté farce, mais pour le fair-play, il y aurait quand même à dire… Chacun est libre de recevoir à sa guise les prédictions de l'écrivain. Quelque chose nous laisse penser qu'il faut se méfier des dons divinatoires des imaginatifs. Attention aux yeux, ça brûle !… Il y a toujours quelque chose de révélateur dans l'improbable augure d'un romancier qui voit ce que l'homme a cru voir. C'est un prophète, du grec prophanai: celui qui rend visible la parole.

    « Un sismographe hyperémotif »

    À lire Demain est écrit, de Pierre Bayard (Minuit, 2005), personne ne jurerait que c'est un concours de circonstances qui a fait coïncider la parution de Soumission et l'attaque terroriste de Charlie Hebdo - avec la mort de Bernard Maris, qui venait de publier Houellebecq économiste (Flammarion, 2014). Cet événement est l'essence même de la littérature. Et c'est ainsi que Michel Houellebecq est grand. « On peut en effet supposer que les textes littéraires entretiennent une relation de proximité particulière avec le fantasme et qu'ils sont ainsi porteurs de ses lignes de faîte, avant même qu'il vienne s'incarner dans la réalité », écrit Pierre Bayard. Michel Houellebecq est l'exemple le plus frappant d'un écrivain ayant trouvé son inspiration la plus authentique dans un événement qui allait lui succéder. Aucune surprise pour ceux qui le lisent depuis toujours. Avec Marcel Proust, il donne tort à ceux qui pensent qu'un grand romancier ne doit pas être intelligent. Au contraire. Trop sensible, trop intelligent : de cette rencontre surgissent des merveilles. L'auteur de La Poursuite du bonheur (La Différence 1991) est un sismographe hyperémotif capable de voir venir les tremblements de terre avec deux siècles d'avance.

    Au-delà de nos frontières

    Clown blanc d'un genre très particulier, Houellebecq est un écrivain qu'il faut savoir bien lire pour bien l'entendre. Comme Georges Bernanos, il émeut d'amitié ou de colère, mais ne laisse personne indifférent. On l'aime ou on le hait. Avouons ici notre point de vue. Nous l'aimons. Parce que Houellebecq, c'est beaucoup plus que Houellebecq. Pour ceux qui voyagent un peu dans le monde, à Berlin, à Milan, à New York, à São Paulo, à Mexico, à Pékin ou à Sidney, il est celui qui a remis en marche le compteur arrêté à Sartre et Camus. Pardon pour Le Clezio et Modiano, mais, au-delà de nos frontières, l'écrivain français d'aujourd'hui, dans toutes les langues du monde, c'est Houellebecq ; pardon pour Manuel Valls, qui a cru pouvoir (un mot qu'il adore) dissuader les Français de lire Soumission en s'improvisant critique littéraire, prouvant qu'il n'avait aucun point commun avec son supposé maître Georges Clemenceau, ami de l'art et des artistes. « La France, ça n'est pas Michel Houellebecq, ça n'est pas l'intolérance, la haine, la peur. » Et ta sœur ?

    Promenez-vous dans le monde, entretenez-vous avec les écrivains, les artistes et les individus qui sont la grâce et l'âme de leur pays. La France, c'est Houellebecq. 

    Sébastien Lapaque           

  • Anniversaire : Le Ralliement, erreur mortelle

     

    Le 16 février 1892, il y a 124 ans aujourd'hui, le pape Léon XIII publiait l'encyclique Inter innumeras sollicitudines par laquelle il imposait aux catholiques français, avec tout le poids de son autorité et l'insistance qu'elle lui autorisait, le Ralliement à la République. Les conséquences de cette politique, car c'en était une, ont été immenses et se sont étendues non seulement à la situation française mais aussi européenne. On peut imaginer assez aisément que le cours de l'Histoire eût été différent si cette décision papale n'avait pas été prise. Le Ralliement a évidemment conforté une République dont la légitimité était encore incertaine, affaibli la réaction des catholiques - pourtant majoritaires - à toutes ses entreprises négatives, rendu plus difficiles et aléatoires les projets encore actuels de restauration monarchique, et introduit dans l'Eglise de France les courants dits modernistes qui allaient plus tard contribuer à son déclin. Pour la première fois, enfin, fût-ce par tactique, l'Eglise catholique et avec elle les forces de la Tradition qui lui ont obéi, s'inclinaient devant l'esprit et les œuvres de la Révolution. Peut-être est-ce là un des événements majeurs qui ont marqué le XXe siècle et dont le retentissement politique et social se prolonge jusqu'à nous. C'est pourquoi nous avons décidé de l'évoquer ici, reprenant ce qu'en dit notre éphéméride du jour.  LFAR

     

    Le souhait de Léon XIII n'était évidemment pas de se rallier lui-même - ni de pousser les catholiques français à se rallier aux idéaux révolutionnaires en tant que tels. Il s'agissait simplement, dans l'esprit du pape, après l'échec de la restauration monarchique en France, et alors que la jeune république se montrait très agressive envers le catholicisme, de renoncer à une opposition systématique au régime en place, et même d'accepter la Constitution pour combattre « par tous les moyens honnêtes et légaux » les lois anti-chrétiennes, en pesant de tout leur poids sur les nouvelles institutions.  

    Le pape - ingénument - pensait que, les catholiques étant majoritaires en France, cela suffirait à leur faire gagner les élections, et donc à diriger ou - si l'on peut dire - cornaquer les gouvernements : « Accepter la constitution, fait accompli, mais pas la législation, fait réformable, et pour cela, par les élections sous étiquette républicaine, s'insérer dans le régime républicain et y faire de bonnes lois. » disait le pape.

    Trois mois après l'encyclique, le Pape s'adressait aux cardinaux français : « Acceptez la République, c'est-à-dire le pouvoir constitué... respectez-le, soyez-lui soumis, comme représentant le pouvoir venu de Dieu... Inutile de rappeler que tous les individus sont tenus d'accepter ces gouvernements et de ne rien tenter pour les renverser ou pour en changer la forme.»

    S'adressant au Baron de Montagnac, qui refusait le Ralliement, Léon XIII s'exclama : « Faites-vous républicain d'une bonne république. Vous comprenez ? Je veux que tous les catholiques entrent, comme une cohue dans la République...Les traditions doivent céder pour un moment... vous les retrouverez après l'œuvre accomplie...  il faut abandonner les traditions pour le moment, un petit moment seulement.»

    Le pape avait simplement oublié les paroles de Saint Cyprien, au IIIème siècle : « Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité. » 

    Sa vision, purement théorique, était une grave erreur au plan des principes, comme au plan de la tactique : descendre sur le terrain de l'adversaire en utilisant sa doctrine et ses pratiques, cela relevait d'un angélisme profond, qui, pour être sincère, n'en témoignait pas moins d'une incompréhension fondamentale de ce qu'était la république idéologique française, fondée sur les dogmes de la Révolution : cette république, cette Révolution, ces dogmes étaient - et restent - une nouvelle religion, dont le but premier et essentiel est de remplacer l'autre, la chrétienne, la traditionnelle, et de la détruire, par tous les moyens; en détruisant également toutes les racines historiques et culturelles d'un pays millénaire, l'expression "l'an 1 de la République" étant - à cet égard - parfaitement révélatrice de cette nouvelle France, de cette nouvelle société que la république idéologique - comme l'a si justement dit Jules Ferry - voulait bâtir "sans roi et sans dieu".  

    Méconnaître cette haine destructrice et cette volonté farouche d'effacer tout ce qui a fait une Nation pendant mille ans - y compris et surtout ses racines catholiques - témoignait d'une incompréhension politique dramatique à ce niveau. La rupture avec un siècle d'opposition aux thèses révolutionnaires était brutale, et l'Eglise renonçait à combattre son ennemi mortel : le Ralliement fut à la fois un stupéfiant marché de dupes - comme les choses devaient très vite le montrer - et une non moins stupéfiante capitulation idéologique en rase campagne, pourrait-on dire... 

    Le cardinal français Pitra, qui s'opposait fermement à cette rupture dans la politique vaticane, se vit réprimander par Léon XIII lors d'une audience très pénible de trois quart d'heure, durant laquelle, debout et tête nue, il reçut les plus aigres reproches d'un Léon XIII en l'occurrence fort peu compréhensif. Le cardinal accepta, par obéissance, de ne plus s'opposer au pape, et se retira dans une abbaye, où il mourut en 1889, soit trois ans avant la publication de l'encyclique : il se contenta de déclarer « Hora est potestas tenebrarum », reprenant les paroles du Christ à ceux qui venaient l'arrêter (citées par Luc - 22) : « Haec est hora vestra et potestas tenebrarum » (C'est ici votre heure et la puissance des ténèbres). 

    Le Ralliement fut peu suivi par les catholiques français, à de rares exceptions près, notamment celle de ce grand royaliste social que fut le comte Albert de Mun - qui ne tarda pas à le regretter amèrement. Mais, comme le note Michel Mourre", « se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne.» 

    Et, surtout, 34 ans après, les sanctions vaticanes contre l'Action française orientèrent définitivement la structure et la mentalité même de l'Eglise-institution, en la vassalisant au pouvoir républicain, qu'elle reconnaissait, de fait, comme la norme suprême, le cadre obligé dans lequel toute organisation - y compris elle-même, l'Eglise - devait agir; mais à la condition de reconnaître les lois et règles de la république idéologique comme la loi et la norme supérieure, s'imposant à tous. Et bien sûr, a fortiori, en s'interdisant de les combattre en tant que tels.  

    C'est à ce marché de dupe, à cette capitulation en rase campagne qu'il faut sans cesse revenir; et à partir desquels on peut marquer, dater l'origine profonde et essentielle des destructions méthodiques et continues de tout ce qui faisait l'essence même de la société française.   

    • Sur les rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, voir notre éphéméride du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";

    • Sur les rapports entre l'Eglise et l'Action française, voir notre éphéméride du 29 décembre, sur les sanctions vaticanes contre l'Action française, et notre éphéméride du 10 juillet, sur la levée de ces sanctions par Pie XII.
  • La reform de Najatte

     

    par Yves Morel

    Il n'a pas dû être si commode d'écrire cette savoureuse et démonstrative chronique. Pas plus qu'il n'est aisé de la lire ! Et, tous comptes-faits, elle nous donne à penser qu'il sera bien plus difficile de réformer l'orthographe que de l'apprendre. Sauf orthographe purement anarchique et individuelle qui aura pour résultat qu'on ne pourra plus ni se lire ni se comprendre. L'incommunicabilité nous guette !   LFAR

     

    Saluon la courajeuze inissitiav de Mme Vallaudbelkassèm de relanser la réform de l’ortografe mise au poin en 1990 par le Comité supérieur de la langue française (CSLF) présidé par Michel Rocard, alor premiéministre. A vrè dir, il étè plus que temps de si mettre, tant notre lang est d’une difficulté aussi désespérante qu’inutil et ridicul. Pensé donc ! On écrit tradissionellemen « oignon » un mot qui, pourtan, se prononse « ognon », ou mieu encor, « onion ». Et « nénuphar » un mot qui se prononse pourtant « nénufar ». Sans parler de tous ces traits d’union qui n’ont été inventés que pour tendre des embuches à des générations de maleureux élèves et de braves et onètes adultes amenés à écrir à leur famille, à leur bienèmé (qui se mok gentiment de leurs fôtes quand elle è instruite) ou aux servisses publics ou sociô. Je vous demande un peu : à quoi cela rim-t-il d’écrire « porte-monnaie » alors kon pourrè toutaussibien écrir « portemonnaie » (ou, mieu encor, « portemonè ») ? Et pourquoi, dite-le-moi, som-nous obligé d’écrir « rendez-vous » avec un trèdunion, alors qu’il n’y en a pas à « compte rendu » ou « parti pris » ? Si ce n’è pas pour le plèsir sadic de mortifié, d’humilié les jans en leur tendan des pièges, alor keskecè ? Bienvenu donk aux « extraterrestres » avec lékel on poura fèr des « picnics » sans craindr kil zen profite pour nous dérobé notre « portemonnaie ».

    Et ces accents circonflexes qui ne servent à rien, sinon à fer comètre des fôtes qui ne devrè pas être considérés comtel puisk l’absens de ces accents ne change rien à la prononsiation du mot : pourquoi sobstiné à écrir « paraître » quand on peut écrir « paraitre » ? Et pui, ils sont mal plassés, ces accents, ils ne corresponde pas toujours à la prononsiation courante des mots. Prenon quelques exemples : on doi écrir « réglementaire », alors kon prononse souvent « règlementaire », ce qui ne devrè pa être considéré comme une erreur, puisqu’on écri et prononse « règlement », et non « réglement ». Demêm, ces foutus règles d’ortografe nous oblige à écrir « événement » alor que, biensouvan, on prononse « évènement ».

    On nou di que 2400 mots de la lang fransèse vont ètre affectés par sette réforme. Mais ce n’est la kune mesurette ; enfète, c’est toute la lang kil faut modifié, tout le vocabulère, la gramère, la conjuguèson, la sintaxe et le reste (sil y a un reste dailleur).

    En vérité, le seul reproche kon puisse légitimeman adressé cette réforme, c’est d’être timoré, trô timide. Ainsi, on nous anonse que l’accent circonflexe sera mintenu pour distingué deux mots qui ont la mêm prononsiation, mais des sens différents : « mur », « mûr » et  « mûre », ou encore « du » et « dû ». Mais, je vous demande un peu : èce vrèment indispensable ? Kan je dis ou j’écris qu’à la belle sèson, j’ème me promener à la campagne et i keuillir des murs, tout le monde compren keu je parle de fruis, et non des murs d’une clôture ou d’une ferme ; et, si je lisè, dans un manuel d’instrucsion sivic, que l’impôt est du par tous les sitoillins, je comprendrè que ce du est le partissip passé du verbe devoir, et non l’article du ; sa tomb soulsens.

    Réformon donc ardiment notre ortografe, avec courage et confianse dans l’avenir (qui, au regard du présent, ne poura être que radieux). Mais attention ne feusons pas nimportekoua. Il n’est pas question d’alinier l’ortografe sur la fonétik, pureman et simpleman. Non ! Cela signerait la fin de notre lang, et ce n’est pas le but recherché loin de là. Il sajit de savoir évoluer pour s’adapter, en un monde qui se modifie sans cesse, avec intelligence et pragmatism, et dans le respè de l’étimologie des mots. C’est Mme Mari-Elène Drivaud, lexicografe et directrisse éditoriale du dicsionère Robert, ki le di.

    Ainsi, on n’écrira plus nénuphar, mais nénufar, car, ce mot est d’origine arabe, et  « le ph est d’origine grecque, il n’avait donc rien à faire là » (dixit [oh ! pardon pour le latin] Mme Drivaud). En revanche, toujour selon Mme Drivaud, on devra continuer à écrire nymphéa(s) parce que ce mot est, lui, d’origine grecque. Respectons l’istoire, la sivilisation, et donc l’étimologie, diantre !

    Respectons donc l’étimologie, mais sans superstission paralisante pour l’istoire et les origines de notre lang. Ainsi, sil est bon de savoir que le mot sociologie a été formé au XIXè siècle (par Auguste Comte) à partir des mots socius (latin) et logos (grec), pourquoi sobstiné à s’initié au latin ou au grec ancien ? Nous ne sommes pas des Romains ou des Grecs, tout de même, ni des clercs du Moillen-Age ; dailleur, mêm les curés ne célèbrent plu la messe en latin depuis une cinquantaine d’années. Najatte a bien fè de vouloir fèr passé définitiveman les humanités à la trape. Avec la réactivation de cette réforme de l’ortografe, elle parachève le travail éducatif ki fera des jeunes Fransès, des homs et des fames libres, sains de cor et d’esprit dans un monde nouvau kil nou faut préparé pour le plu gran bonheur de nos enfans. 

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle

  • Vers l’élection présidentielle

     

    par François Marcilhac

     

    Le moindre des paradoxes de nos institutions n’est pas que l’élection qui devait permettre de neutraliser les défauts inhérents à la république est finalement devenue, au cours des décennies, celle qui les aggrave. Nous voulons évidemment parler de l’élection du président de la république au suffrage universel.  

    Le général De Gaulle, en l’inscrivant dans la Constitution en 1962, n’avait-il pas voulu en finir avec le régime tout puissant des partis en créant, entre un exécutif ayant recouvré à la fois toute son efficience et sa réalité symbolique, et le peuple français, un lien quasi-charnel que l’assassinat du Roi, en 1793, avait rompu et qu’une Restauration, certes bénéfique pour les Français, mais malheureusement éphémère, avait été impuissante, au XIXe siècle, à renouer en profondeur ? Le président, en étant directement élu par les Français, devenait, en quelque sorte, leur « souverain », et la Ve République une monarchie républicaine. Assurément, les partis continuaient de jouer leur rôle, mais dans l’esprit des réformateurs de 1962, leur jeu se trouvait raisonné, voire neutralisé par une élection qui inscrivait dans la politique nationale la prééminence de la continuité de l’Etat et du Bien commun, incarnés par un président « au-dessus des partis », sur le jeu des intérêts particuliers et des groupes de pression.

    Certes, dès 1965, c’est-à-dire dès la première élection du président au suffrage universel, les partis se rappelèrent au souvenir du général en le mettant en ballotage. La cuirasse institutionnelle avait un défaut... celui du déni de réalité : en république, il n’est pas facile de faire rentrer dans sa « besace », comme disait Boutang, des partis qui monopolisent le système électoral lui-même. La crise algérienne passée, le général était redevenu le simple porte-parole d’une majorité politique, voire politicienne. La médiocrité croissante de ses successeurs n’allait que rendre encore plus évidente l’impossibilité à faire de la république une monarchie comme une autre. Oui, le président de la république n’est que le chef d’un clan et, entre l’ambition personnelle du candidat et l’intérêt du ou des partis — et des lobbies, souvent étrangers — qui le soutiennent, s’instaure une dialectique savante, où chacun doit trouver son compte, le peuple français étant le grand perdant d’un régime qui non seulement demeure, mais réussit le tour de force d’être chaque jour davantage à la fois celui des partis et de l’étranger — la soumission à l’ordre européen allant aujourd’hui de pair avec une politique migratoire visant à la dissolution du peuple français.

    La réduction à cinq ans du mandat présidentiel n’aura fait qu’aggraver les défauts de ce qui n’est plus et n’a peut-être jamais vraiment été le dialogue d’un homme avec ses concitoyens. D’autant que le quinquennat aura réduit la durée utile du mandat à trois ans et demi. Le spectacle offert par la classe politique depuis le second tour des régionales, qui ont lancé la campagne pour 2017, est, de ce point de vue, aussi révélateur qu’affligeant. A droite comme à gauche, on ne parle plus que de primaires, et le fait que des voix toujours plus nombreuses, à gauche, veuillent y inclure le président en exercice indique combien la fonction présidentielle a perdu de son aura — mais Hollande, en se voulant « président normal », a participé de la désacralisation de sa fonction. La généralisation des primaires elles-mêmes montre combien le candidat est devenu l’homme d’un parti et ne cherche plus à se revendiquer l’homme de la nation. Que la gauche les ait la première instituées peut se comprendre : elle n’a jamais accepté le caractère à ses yeux bonapartiste de l’élection du président de la république, même si, avec Mitterrand, elle a su en jouer. Mais que la droite s’y soit résolue prouve que celle-ci a définitivement abandonné toute teinture gaullienne et finalement seul le FN — c’est peut-être sa force, qui ne préjuge d’aucune victoire — conserve l’esprit originel des institutions en ne laissant pas des primaires désigner son candidat : Marine Le Pen s’impose, dans ce qu’elle croit être le lien qu’elle a tissé avec les Français — la réalité de ce lien est une autre affaire : le jeu électoral repose sur des semblants, qui ne sont pas tous faux pour autant.

    Ce dialogue direct du candidat avec les Français n’avait pas seulement pour objectif — trop ambitieux — de court-circuiter les partis. Comment ne pouvait-il pas en finir, par la même occasion, avec une République comme règne de l’étranger, dont les partis ont été bien souvent et demeurent les courroies de transmission ? Ruse de la république : le tout récent voyage de Juppé en Algérie démontre que, là aussi, l’élection au suffrage universel n’a fait qu’aggraver ce vice inhérent à la république. Que la visite d’un présidentiable français en Algérie soit devenu un passage obligé suffit à lui seul à démontrer combien le peuple français est devenu autre depuis des décennies : seraient-ce donc les binationaux, c’est-à-dire des citoyens dont l’allégeance est double, qui désormais décident de notre destin ? Quel sens peut avoir un dialogue entre un homme et son peuple quand ce peuple ne se définit plus seulement comme français ? « Il y a une diaspora algérienne très importante en France, qui représente une clientèle électorale de plusieurs millions de voix. Aujourd’hui, ils s’abstiennent, mais en 2012 ils ont voté massivement en faveur de François Hollande », rappelle Benjamin Stora (Le Figaro du 1er février). On comprend pourquoi Juppé lors de son voyage a déclaré que « les binationaux sont une passerelle entre nos deux pays. La France est riche de sa diversité. » Dire que De Gaulle prétendait avoir bradé l’Algérie pour que Colombey-les-deux-Églises ne devienne pas Colombey-les-deux-Mosquées. Se doutait-il que, cinquante ans plus tard, les candidats à l’élection présidentielle française devraient, pour avoir une chance de l’emporter, se fait adouber par Alger ? Et les binationaux franco-algériens sont loin d’être les seuls. Oui, dans ce contexte, la querelle sur la déchéance de nationalité paraît bien dérisoire. La question est devenue : qu’est-ce qu’un citoyen — et subsidiairement un électeur — français ?

    Un sursaut est évidemment nécessaire pour empêcher la république de poursuivre jusqu’ à la dissolution de la France sa politique mortifère. Oui, en 2017 il faudra choisir. Choisir un candidat qui soit intraitable sur la question de la survie non seulement des fondements de notre société mais de la nation elle-même, puisque nous en sommes là. Non que nous nous illusionnions sur la capacité du régime à susciter un recours, puisque, précisément, c’est pour pallier les insuffisances criminelles du régime que des recours se sont révélés nécessaires dans l’histoire — et nous ont presque toujours déçus. Royalistes, nous connaissons le nom de celui qui rendrait vaine jusqu’à la nécessité même d’un recours. Tout en agissant pour son retour — et dans l’espoir qu’il le désire autant que nous —, il nous faudra bien en l’attendant semble-espérer dans un candidat suffisamment patriote à la fois pour ne pas ressentir le besoin d’aller chercher à l’étranger sa (contre-)légitimité et pour rassembler tous les Français désireux que notre pays continue, simplement, d’exister. Nous le désignerons, le moment venu, mais il fallait bien, à l’aube de ces quinze mois de démagogie politicienne, rappeler le combat essentiel. Afin d’y prendre toute notre part. 

    L’Action Française 2000

  • Théâtre & Exposition • Nous irons contempler Les Nymphéas • Par Bruno Stéphane-Chambon

    Piece_1752_340x0.jpgIls sont tous deux face à cette étendue d’eau, cette mer qui borde la côte vendéenne, elle est parfois agitée puis soudain, d’un immense calme, à l’image d’un étang de Cheverny. Au printemps 1923, Clemenceau, le Tigre, et Monet, le géant des arts, cohabitent au crépuscule de leurs vies.

    Chacun est un Janus. Le vieux père de la Victoire, socialiste forcené et ministre de l’Intérieur a été, à la fois, opposé aux syndicats, sans hésitation pour faire tirer sur les grévistes, un ennemi de la monarchie mais organisateur en 1918, d’une opération en mer Noire pour soutenir les armées blanches en lutte contre la Révolution bolchevique. Clemenceau fut, dans le même temps, soucieux de la paix sociale et duelliste forcené, courageux et proche des poilus qu’il visite de nombreuses fois dans les tranchées, seulement coiffé d’un simple chapeau et réprimant sans pitié les pacifistes, les défaitistes et les « embusqués ». Le « tigre » s’est montré, en terme de diplomatie, favorable à un rapprochement avec l’Autriche en 1908 et sourd aux appels de son empereur et du pape Benoît XV pour une paix séparée dès 1916. Enfin, cet homme réputé pour être un des grands séducteurs de son époque, (on lui attribue 800 conquêtes dont l’ancienne maîtresse du duc d’Aumale, l’actrice Suzanne Reichenberg, la comtesse d’Aunay, et, la cantatrice Rose Caron) n’hésita pas, une fois cocufié, à faire constater l’adultère de son épouse, la faire condamner à quinze jours dans la prison de Saint-Lazare avant de l’exiler aux États-Unis dans des conditions précaires avec la perte de la garde de ses enfants et de sa nationalité française.

    Cet homme bourru, connu pour ses interventions cruelles et brutales, avec ses éditoriaux dans les journaux progressistes de l’époque, est aussi un amateur d’art raffiné et collectionneur d’estampes japonaises, de statuettes bouddhistes, de laques, et de nombreux objets d’art asiatiques. Il avait rencontré, en 1864, le peintre Monet lorsqu’il était étudiant au Quartier latin. Leur amitié devint indéfectible surtout depuis la parution le 20 mai 1895 d’un article dans le journal La Justice, que Clemenceau rédigea sous le titre « Révolution de cathédrales » qui était un grand hommage au peintre.

    L’artiste, lui aussi, n’était pas sans contradictions. Républicain, il ne voulut pas s’engager dans la guerre de 1870, tour à tour pauvre mais dispendieux, puis riche et avare, avec parfois des élans de grande générosité. D’un caractère fort, parfois acariâtre, il était aussi doué pour l’horticulture et avait donné de nombreux conseils dans ce domaine à Clemenceau.

    Clemenceau et Monet

    Les voila donc réunis dans cette bâtisse et en conflit permanent au sujet de l’exposition des Nymphéas à l’Orangerie que Clemenceau s’était démené à récupérer et que, soudain, Monet avait décidé de ne pas occuper avec ses œuvres.

    Leur passe d’armes a pour témoin la fidèle cuisinière Clotilde, interprétée par Marie-Christine Danède, avec beaucoup de cocasserie et non sans charme. Elle joue le rôle du coryphée. Autre personnage central, Marguerite Baldensperger, éditrice du livre que prépare Clemenceau sur Démosthène. Mariée, ayant perdu récemment sa fille aînée, une relation sentimentale se créée avec cette personne raffinée qui restera le dernier grand amour, certainement platonique du vieux Tigre qui lui adressera plus de six cent lettres. Incarnée tout en finesse par Sophie Broustal, le personnage se révèle en alternance fragile, mais aussi très volontaire dans son acharnement à convaincre Clemenceau d’achever son œuvre. Sur un texte ciselé de Philippe Madral, bénéficiant d’une mise en scène élégante de Christophe Lidon, connu pour sa riche carrière et d’un décor toute en limpidité de Catherine Bluwal, avec des éclairages de Marie-Hélène Pinon, qui offre les tonalités de l’impressionnisme, les deux acteurs principaux sont en situation pour exprimer leur art.

    On se souviendra longtemps du monologue de Michel Aumont, dans le rôle de Monet, essayant de décomposer les différentes teintes et couleurs des reflets des flots de la mer. Atteint d’une cécité partielle, Clemenceau avait réussi à le convaincre de se faire opérer d’un œil. Cette intervention avait donné lieu à une vision jaunie des objets et de la nature. D’où la prépondérance de l’ocre dans ses dernières œuvres. Face à lui, Claude Brasseur surprenant de vérité, rejoignant dans son jeu et peut être le surpassant, son prestigieux père. A se demander s’il interprète Clemenceau, ou si c’est Clemenceau qui joue Claude Brasseur.

    Ces deux monstres incarnent l’osmose du théâtre avec l’Histoire.

    Nous ne pourrons plus aller contempler les Nymphéas sans se souvenir de leurs voix ! 

    Clemenceau La Colère Du Tigre
    Pièce de Philippe Madral – Mise en scène Christophe Lidon
    Avec Claude Brasseur, Michel Aumont, Sophie Broustal et Marie-Christine Danède.

    Théâtre Montparnasse
    31, rue de la Gaîté, Paris 14ème
    Courriel : resa@theatremontparnasse.com
    Téléphone : 01 43 22 77 74
    Du mardi au samedi à 20h30, matinée, samedi à 17h30
    Horaire modifié le : Jeudi 25 décembre à 17h30
    Séances supplémentaires : Dimanche 28 décembre à 15h30, Mercredi 31 décembre à 17h30 et Dimanche 4 janvier à 15h30.
    Relâches exceptionnelles : Mercredi 24 décembre et Jeudi 1er janvier 2015
    Places : 18 €/ 34 € / 50 et 54 €.
    Tarifs Réveillon : 20 € /42 € / 65 € et carré or : 70€

    Les Nymphéas
    Musée de l’Orangerie • Jardin des Tuileries, Paris 1er
    Tél : 01 44 77 80 07
    information@musee-orangerie.fr
    Horaires : 9h à 18h
    Tous les jours sauf le mardi, le 1er mai, le matin du 14 juillet et le 25 décembre

     

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