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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Michel Michel au Camp Maxime Real Del SARTE : L'HOMME EST UN HERITIER

          Michel MICHEL traite, ici, d'un sujet d'une extrême actualité : de l'identité française, prise comme un héritage, du jacobinisme et de l'évolution des communautés qui, de fait, cohabitent aujourd'hui sur le sol français.

          Ce sont trois vidéos d'un grand intérêt constituant l'intégralité d'une conférence faite au Camp Maxime Real Del Sarte, 2010.

          Le Camp Maxime Real Del Sarte a pour objectif de former une nouvelle jeunesse dans l'esprit de l'Ecole d'Action Française. Avec des exposés de cette qualité, cette nouvelle jeunesse sera bien formée et apte à servir son pays.  

          Nous publierons, aussi, vendredi, une autre conférence prononcée au Camp Maxime Real Del Sarte : celle d'Henri LETIGRE sur les les questions économiques.

          A noter, simplement, que ces conférences du Camp Maxime Real Del Sarte avaient pour fil directeur les sujets traités dans le livre du prince Jean : "Un Prince Français". 

    1ère partie :

     2ème partie :

     

     3ème partie :

     

    Origine : C.R.A.F.

  • 21 août 1914 ... Tout le monde veut bien le croire, même si c'est une pieuse fable...

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    Service à Notre-Dame-des-Victoires à la mémoire de Jules Lemaître : une simple messe basse, sans musique ni tentures. Du recueillement de l'émotion dans l'assistance la plus composite du monde. Le public d'un enterrement, c'est un peu toute la vie d'un homme, c'est l'image des berges entre lesquelles a coulé le fleuve de sa vie. La Sorbonne, le théâtre, le boulevard, le journalisme, l'Institut, la Patrie française et l'Action française, voilà ce qui est venu rendre un dernier hommage au pauvre "parrain". Le duc et la duchesse  de Vendôme s'étaient fait représenter et la marquise de Mac-Mahon avait fait célébrer la messe. Et Lemaître, qui avait si longtemps vécu dans les sentiments d'un pur "libertin", d'un disciple de Renan et même beaucoup plus sincèrement - ou naïvement, il en convenait volontiers, - que Renan, dans le sentiments d'un républicain libéral. 

    La messe célébrée, tout le monde parle de la guerre, de l'entrée des Allemands à Bruxelles. Grosclaude sort du ministère des Affaires étrangères. On continue, au Quai d'Orsay, à se réjouir de la situation pour les raisons suivantes. On estime que les Allemands sont allés à Bruxelles parce qu'ils avaient besoin de quelque chose qui fît impression sur les masses allemandes et qu'on pût présenter comme un succès. Mais, à ce besoin-là, ils ont sacrifié leur sécurité, ils se sont exposés dangereusement, en sorte que l'on ne doute pas du succès des armées alliées. Tout le monde veut bien le croire, même si c'est une pieuse fable...     

     

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

     

  • C'est une semaine remplie d'activités qui s'ouvre ...

     

    Demain mardi, ce sera, animé par Antoine de Crémiers, le Café Actualités d'Aix en Provence « L'islam, qu'en savez-vous ? » et, événement du jour, Eric Zemmour à Bordeaux.

    Samedi 9 mai se tiendra à Paris le colloque « Dessine-moi un Roi » dont le programme est particulièrement attractif. Les lecteurs de Lafautearousseau, les participants à nos cafés politiques, aux rassemblements royalistes de Provence (Montmajour, Les Baux) ou aux activités d'Action française des dernières décennies, retrouveront avec plaisir parmi les intervenants à ce colloque, des personnalités qu'ils connaissent bien (Hilaire de Crémiers, Pierre de Meuse, Gérard Leclerc, Jean-Philippe Chauvin, François Marcilhac ...) et d'autres qu'ils découvriront. A Gand, où bat le coeur de la Flandre, une rencontre historique originale est organisée le même jour : « Gand, capitale du royaume de France, mars-juillet 1815 ». Il ne sera malheureusement pas possible d'assister aux deux colloques ...

    Enfin, dimanche 10 mai, jour de fête nationale, le Cortège traditionnel ira de l'Opéra à la place des Pyramides fleurir la statue de Jeanne d'Arc.

    Rencontres, échanges, réflexion et présence d'une volonté politique qui vise à cette réaction des intelligences et même au grand retour de l’Intelligence française qu'évoque la note précédente (Retour de l’Intelligence ? par Louis-Joseph Delanglade).  

     

    Détails : voir plus loin.

     

  • En vente à la Librairie de Flore.

    "Bonaparte en Egypte" pour 15,00€
    (Editions Godefroy de Bouillon, 128 pages, juin 2008.)

    Plus que 2 en stock


    Description
    Après des études au lycée Henri IV, à la faculté de Droit de Paris et un passage à La Gazette de France, Jacques Bainville (1879-1936) devient, en 1908, le responsable de la rubrique de politique étrangère au quotidien l’Action française, qu’il détiendra jusqu’à sa mort.

    En 1935, il est élu à l’Académie française. Journaliste et historien politique français, il était un grand spécialiste des affaires allemandes au début de ce siècle.
    La justesse de ses analyses fit de sa chronique une des plus appréciées. Elle était lue avec attention même par les milieux républicains.
    Auteur d’une biographie complète de Napoléon, Jacques Bainville relate dans cet ouvrage l’aventure égyptienne du général Bonaparte. Malgré ses réserves sur les aventures de l’empereur, Bainville juge que l’expédition d’Egypte valait la peine d’être tentée et la qualifie de « l’œuvre la plus féconde et la plus durable de Napoléon ».
    Pour Bainville, ce qui importe le plus à la clarté des événements « c’est d’exposer les motifs et les intentions des hommes qui conduisent les grandes affaires ». C’est un peu le « politique d’abord ».
    #librairiedeflore

  • Dans notre Ephéméride de ce jour : Le Ralliement...

    1892 : Léon XIII prône le Ralliement dans son encyclique Inter innumeras sollicitudines...
     
     16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieLe souhait de Léon XIII n'était évidemment pas de se rallier lui-même à "la République", ni de pousser les catholiques français à se rallier aux idéaux révolutionnaires en tant que tels. Il s'agissait simplement, dans l'esprit du pape, après l'échec de la restauration monarchique en France, et alors que la jeune république se montrait très agressive envers le catholicisme, de renoncer à une opposition systématique au régime en place, et même d'accepter la Constitution pour combattre "par tous les moyens honnêtes et légaux" les lois anti-chrétiennes, en permettant aux catholiques de peser de tout leur poids sur les nouvelles institutions...
    Le pape - ingénument - pensait que, les catholiques étant majoritaires en France, cela suffirait à leur faire gagner les élections, et donc à diriger ou - si l'on peut dire... - cornaquer les gouvernements :
     
    "Accepter la constitution, fait accompli, mais pas la législation, fait réformable, et pour cela, par les élections sous étiquette républicaine, s'insérer dans le régime républicain et y faire de bonnes lois." disait le pape...

    Trois mois après l'encyclique, le Pape s'adressait aux cardinaux français : "Acceptez la République, c'est-à-dire le pouvoir constitué... respectez-le, soyez-lui soumis, comme représentant le pouvoir venu de Dieu... Inutile de rappeler que tous les individus sont tenus d'accepter ces gouvernements et de ne rien tenter pour les renverser ou pour en changer la forme."

    S'adressant au Baron de Montagnac, qui refusait le Ralliement, Léon XIII s'exclama : "Faites-vous républicain d'une bonne république. Vous comprenez ? Je veux que tous les catholiques entrent, comme une cohue dans la République... Les traditions doivent céder pour un moment... vous les retrouverez après l'œuvre accomplie...  il faut abandonner les traditions pour le moment, un petit moment seulement."


    Le pape avait "simplement" oublié les paroles de Saint Cyprien, au IIIème siècle : "Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité."
     
    Sa vision, purement théorique, était une grave erreur au plan des principes, comme au plan de la tactique : descendre sur le terrain de l'adversaire en utilisant sa doctrine et ses pratiques, cela relevait d'un angélisme profond, qui, pour être sincère, n'en témoignait pas moins d'une incompré16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologiehension fondamentale de ce qu'était la république idéologique française, fondée sur les dogmes de la Révolution : cette république, cette Révolution, ces dogmes étaient - et restent - une nouvelle religion, dont le but premier et essentiel est de remplacer l'autre, la chrétienne, la traditionnelle, et de la détruire, par tous les moyens; en détruisant également toutes les racines historiques et culturelles d'un pays millénaire, l'expression "l'an 1 de la République" étant - à cet égard - parfaitement révélatrice de cette nouvelle France, de cette nouvelle société que la république idéologique - comme l'a si justement dit Jules Ferry - voulait bâtir "sans roi et sans dieu".
     
     
    Méconnaître cette haine destructrice et cette volonté farouche d'effacer tout ce qui a fait une Nation pendant mille ans - y compris et surtout ses racines chrétiennes - témoignait d'une incompréhension politique dramatique à ce niveau. La rupture avec un siècle d'opposition aux thèses révolutionnaires était brutale, et l'Eglise renonçait à combattre son ennemi mortel : le Ralliement fut à la fois un stupéfiant marché de dupes - comme les choses devaient très vite le montrer - et une non moins stupéfiante capitulation idéologique en rase campagne, pourrait-on dire...
     
    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieLe cardinal français Pitra, qui s'opposait fermement à cette rupture dans la politique vaticane, se vit réprimander par Léon XIII lors d'une audience très pénible de trois quart d'heure, durant laquelle, debout et tête nue, il reçut les plus aigres reproches d'un Léon XIII en l'occurrence fort peu compréhensif. Le cardinal accepta, par obéissance, de ne plus s'opposer au pape, et se retira dans une abbaye, où il mourut en 1889, soit trois ans avant la publication de l'encyclique : il se contenta de déclarer "Hora est potestas tenebrarum", reprenant les paroles du Christ à ceux qui venaient l'arrêter (citées par Luc - 22) : "Haec est hora vestra et potestas tenebrarum" ("C'est ici votre heure et la puissance des ténèbres")...
     
    Le Ralliement fut peu suivi par les catholiques français, à de rares exceptions près, notamment celle de ce grand royaliste social que fut le comte Albert de Mun - qui ne tarda pas à le regretter amèrement. Mais, comme le note Michel Mourre", "se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne."
     
    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieEt, surtout, 34 ans après, les sanctions vaticanes contre l'Action française orientèrent définitivement la structure et la mentalité même de l'Eglise-institution, en la vassalisant au pouvoir républicain, qu'elle reconnaissait, de fait, comme la norme suprême, le cadre obligé dans lequel toute organisation - y compris elle-même, l'Eglise - devait agir; mais à la condition de reconnaître les lois et règles de la république idéologique comme la loi et la norme supérieure, s'imposant à tous. Et bien sûr, a fortiori, en s'interdisant de les combattre en tant que tels.
     
    C'est à ce marché de dupe, à cette capitulation en rase campagne qu'il faut sans cesse revenir; et à partir desquels on peut marquer, dater l'origine profonde et essentielle des destructions méthodiques et continues de tout ce qui faisait l'essence même de la société française...

    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologie

    Quatre de nos Ephémérides traitent des rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, en général, et des rapports entre l'Eglise et l'Action française en particulier :

    pour les rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, en plus de celle-ci sur le "Ralliement", voir notre Éphéméride du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";

    pour les rapports entre l'Eglise et l'Action française, voir notre Éphéméride du 29 décembre, sur les sanctions vaticanes contre l'Action française, et notre Éphéméride du 10 juillet, sur la levée de ces sanctions par Pie XII...
  • Triste anniversaire, ce 16 février : celui de l'acte I de la reddition en rase campagne de l'Eglise catholique, face à l

    1892 : Léon XIII prône le Ralliement dans son encyclique Inter innumeras sollicitudines...
     
     
    leon XIII.jpgLe souhait de Léon XIII n'était évidemment pas de se rallier lui-même à "la République", ni de pousser les catholiques français à se rallier aux idéaux révolutionnaires en tant que tels.
    Il s'agissait simplement, dans l'esprit du pape, après l'échec de la restauration monarchique en France, et alors que la jeune république se montrait très agressive envers le catholicisme, de renoncer à une opposition systématique au régime en place, et même d'accepter la Constitution pour combattre "par tous les moyens honnêtes et légaux" les lois anti-chrétiennes, en permettant aux catholiques de peser de tout leur poids sur les nouvelles institutions...
    Le pape - ingénument - pensait que, les catholiques étant majoritaires en France, cela suffirait à leur faire gagner les élections, et donc à diriger ou - si l'on peut dire... - cornaquer le16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologies gouvernements :
     
    "Accepter la constitution, fait accompli, mais pas la législation, fait réformable, et pour cela, par les élections sous étiquette républicaine, s'insérer dans le régime républicain et y faire de bonnes lois." disait le pape...

    Trois mois après l'encyclique, le Pape s'adressait aux cardinaux français : "Acceptez la République, c'est-à-dire le pouvoir constitué... respectez-le, soyez-lui soumis, comme représentant le pouvoir venu de Dieu... Inutile de rappeler que tous les individus sont tenus d'accepter ces gouvernements et de ne rien tenter pour les renverser ou pour en changer la forme."

    S'adressant au Baron de Montagnac, qui refusait le Ralliement, Léon XIII s'exclama : "Faites-vous républicain d'une bonne république. Vous comprenez ? Je veux que tous les catholiques entrent, comme une cohue dans la République... Les traditions doivent céder pour un moment... vous les retrouverez après l'œuvre accomplie...  il faut abandonner les traditions pour le moment, un petit moment seulement."


    Le pape avait "simplement" oublié les paroles de Saint Cyprien, au IIIème siècle : "Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité."
     
    Sa vision, purement théorique, était une grave erreur au plan des principes, comme au plan de la tactique : descendre sur le terrain de l'adversaire en utilisant sa doctrine et ses pratiques, cela relevait d'un angélisme profond, qui, pour être sincère, n'en témoignait pas moins d'une incompré16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologiehension fondamentale de ce qu'était la république idéologique française, fondée sur les dogmes de la Révolution : cette république, cette Révolution, ces dogmes étaient - et restent - une nouvelle religion, dont le but premier et essentiel est de remplacer l'autre, la chrétienne, la traditionnelle, et de la détruire, par tous les moyens; en détruisant également toutes les racines historiques et culturelles d'un pays millénaire, l'expression "l'an 1 de la République" étant - à cet égard - parfaitement révélatrice de cette nouvelle France, de cette nouvelle société que la république idéologique - comme l'a si justement dit Jules Ferry - voulait bâtir "sans roi et sans dieu".
     
     
    Méconnaître cette haine destructrice et cette volonté farouche d'effacer tout ce qui a fait une Nation pendant mille ans - y compris et surtout ses racines chrétiennes - témoignait d'une incompréhension politique dramatique à ce niveau. La rupture avec un siècle d'opposition aux thèses révolutionnaires était brutale, et l'Eglise renonçait à combattre son ennemi mortel : le Ralliement fut à la fois un stupéfiant marché de dupes - comme les choses devaient très vite le montrer - et une non moins stupéfiante capitulation idéologique en rase campagne, pourrait-on dire...
     
    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieLe cardinal français Pitra, qui s'opposait fermement à cette rupture dans la politique vaticane, se vit réprimander par Léon XIII lors d'une audience très pénible de trois quart d'heure, durant laquelle, debout et tête nue, il reçut les plus aigres reproches d'un Léon XIII en l'occurrence fort peu compréhensif. Le cardinal accepta, par obéissance, de ne plus s'opposer au pape, et se retira dans une abbaye, où il mourut en 1889, soit trois ans avant la publication de l'encyclique : il se contenta de déclarer "Hora est potestas tenebrarum", reprenant les paroles du Christ à ceux qui venaient l'arrêter (citées par Luc - 22) : "Haec est hora vestra et potestas tenebrarum" ("C'est ici votre heure et la puissance des ténèbres")...
     
    Le Ralliement fut peu suivi par les catholiques français, à de rares exceptions près, notamment celle de ce grand royaliste social que fut le comte Albert de Mun - qui ne tarda pas à le regretter amèrement. Mais, comme le note Michel Mourre", "se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne."
     
    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieEt, surtout, 34 ans après, les sanctions vaticanes contre l'Action française orientèrent définitivement la structure et la mentalité même de l'Eglise-institution, en la vassalisant au pouvoir républicain, qu'elle reconnaissait, de fait, comme la norme suprême, le cadre obligé dans lequel toute organisation - y compris elle-même, l'Eglise - devait agir; mais à la condition de reconnaître les lois et règles de la république idéologique comme la loi et la norme supérieure, s'imposant à tous. Et bien sûr, a fortiori, en s'interdisant de les combattre en tant que tels.
     
    C'est à ce marché de dupe, à cette capitulation en rase campagne qu'il faut sans cesse revenir; et à partir desquels on peut marquer, dater l'origine profonde et essentielle des destructions méthodiques et continues de tout ce qui faisait l'essence même de la société française...
     
     

    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologie

     

    Quatre de nos Ephémérides traitent des rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, en général, et des rapports entre l'Eglise et l'Action française en particulier :

     pour les rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, en plus de celle-ci sur le "Ralliement", voir notre Ephéméride du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";

     pour les rapports entre l'Eglise et l'Action française, voir notre Ephéméride du 29 décembre, sur les sanctions vaticanes contre l'Action française, et notre Ephéméride du 10 juillet, sur la levée de ces sanctions par Pie XII...
     
     
     
  • Academos : « Une seul attitude pour les royalistes : militer, à temps et à contretemps, et soutenir le Prince »

     

    Un commentaire reçu hier d'Academos à propos de

    Le prince Jean explique le sens de son récent voyage en Syrie : « Témoigner de l'amitié de la France »  [Lafautearousseau 4.05]

     

    JBD Résolution 150.jpg« Voilà un point de vue qui me confirme dans mon avis sur le Prince : il est là, il envoie des signes forts (comme on dit dans le jargon) mais certains ne savent pas les voir ni les entendre. Le Prince et sa famille modèle sont la présence sereine, calme, le recours, le remède à côté du mal lorsque la France en aura besoin, quand le Système (comme en 39 ou en 58) s'effondrera. Une seule attitude pour les royalistes : militer, à temps et à contretemps, et soutenir le Prince, « l'Héritier des siècles », là aussi à temps et à contretemps. Pas de sinistrose, de grincheries, de passéismes; le temps est à se préparer pour les évènements graves qui arrivent, et ce sera pour la France, avec le Prince. » •

    Nous ajouterons deux points :

    1. Telle est bien la ligne que maintient notre quotidien. Laquelle est d'ailleurs l'un des fondamentaux de l'Action française : le soutien aux princes d'Orléans, devenus les héritiers de la tradition royale française à la suite du comte de Chambord, Henri V de France.

    2. Ce n'est pas trahir un grand secret que de dire qu'Academos est le pseudonyme qu'utilise François Davin dans nos commentaires. Et ce nous est l'occasion de rendre hommage à celui sans qui ce blog n'aurait pas été créé en 2007 et n'aurait pas eu l'expansion qu'il a connue. François Davin continue d'ailleurs d'y participer au quotidien.

     

    L'équipe de Lafautearousseau

     

  • Triste anniversaire, ce 16 février : premier acte de la capitulation en rase campagne de l'Eglise catholique face à la N

    1892 : Léon XIII prône le Ralliement dans son encyclique Inter innumeras sollicitudines...
     
     
    Le souhait de Léon XIII n'était évidemment pas de se rallier lui-même à "la République", ni de pousser les catholiques français à se rallier aux idéaux révolutionnaires en tant que tels. Il s'agissait simplement, dans l'esprit du pape, après l'échec de la restauration monarchique en France, et alors que la jeune république se montrait très agressive envers le catholicisme, de renoncer à une opposition systématique au régime en place, et même d'accepter la Constitution pour combattre "par tous les moyens honnêtes et légaux" les lois anti-chrétiennes, en permettant aux catholiques de peser de tout leur poids sur les nouvelles institutions...
     
    Le pape - ingénument - pensait que, les catholiques étant majoritaires en France, cela suffirait à leur faire gagner les élections, et donc à diriger ou - si l'on peut dire... - cornaquer le16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologies gouvernements :
     
    "Accepter la constitution, fait accompli, mais pas la législation, fait réformable, et pour cela, par les élections sous étiquette républicaine, s'insérer dans le régime républicain et y faire de bonnes lois." disait le pape...

    Trois mois après l'encyclique, le Pape s'adressait aux cardinaux français : "Acceptez la République, c'est-à-dire le pouvoir constitué... respectez-le, soyez-lui soumis, comme représentant le pouvoir venu de Dieu... Inutile de rappeler que tous les individus sont tenus d'accepter ces gouvernements et de ne rien tenter pour les renverser ou pour en changer la forme."

    S'adressant au Baron de Montagnac, qui refusait le Ralliement, Léon XIII s'exclama : "Faites-vous républicain d'une bonne république. Vous comprenez ? Je veux que tous les catholiques entrent, comme une cohue dans la République... Les traditions doivent céder pour un moment... vous les retrouverez après l'œuvre accomplie...  il faut abandonner les traditions pour le moment, un petit moment seulement."


    Le pape avait "simplement" oublié les paroles de Saint Cyprien, au IIIème siècle : "Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité."
     
    Sa vision, purement théorique, était une grave erreur au plan des principes, comme au plan de la tactique : descendre sur le terrain de l'adversaire en utilisant sa doctrine et ses pratiques, cela relevait d'un angélisme profond, qui, pour être sincère, n'en témoignait pas moins d'une incompré16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologiehension fondamentale de ce qu'était la république idéologique française, fondée sur les dogmes de la Révolution : cette république, cette Révolution, ces dogmes étaient - et restent - une nouvelle religion, dont le but premier et essentiel est de remplacer l'autre, la chrétienne, la traditionnelle, et de la détruire, par tous les moyens; en détruisant également toutes les racines historiques et culturelles d'un pays millénaire, l'expression "l'an 1 de la République" étant - à cet égard - parfaitement révélatrice de cette nouvelle France, de cette nouvelle société que la république idéologique - comme l'a si justement dit Jules Ferry - voulait bâtir "sans roi et sans dieu".
     
     
    Méconnaître cette haine destructrice et cette volonté farouche d'effacer tout ce qui a fait une Nation pendant mille ans - y compris et surtout ses racines chrétiennes - témoignait d'une incompréhension politique dramatique à ce niveau. La rupture avec un siècle d'opposition aux thèses révolutionnaires était brutale, et l'Eglise renonçait à combattre son ennemi mortel : le Ralliement fut à la fois un stupéfiant marché de dupes - comme les choses devaient très vite le montrer - et une non moins stupéfiante capitulation idéologique en rase campagne, pourrait-on dire...
     
    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieLe cardinal français Pitra, qui s'opposait fermement à cette rupture dans la politique vaticane, se vit réprimander par Léon XIII lors d'une audience très pénible de trois quart d'heure, durant laquelle, debout et tête nue, il reçut les plus aigres reproches d'un Léon XIII en l'occurrence fort peu compréhensif. Le cardinal accepta, par obéissance, de ne plus s'opposer au pape, et se retira dans une abbaye, où il mourut en 1889, soit trois ans avant la publication de l'encyclique : il se contenta de déclarer "Hora est potestas tenebrarum", reprenant les paroles du Christ à ceux qui venaient l'arrêter (citées par Luc - 22) : "Haec est hora vestra et potestas tenebrarum" ("C'est ici votre heure et la puissance des ténèbres")...
     
    Le Ralliement fut peu suivi par les catholiques français, à de rares exceptions près, notamment celle de ce grand royaliste social que fut le comte Albert de Mun - qui ne tarda pas à le regretter amèrement. Mais, comme le note Michel Mourre", "se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne."
     
    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieEt, surtout, 34 ans après, les sanctions vaticanes contre l'Action française orientèrent définitivement la structure et la mentalité même de l'Eglise-institution, en la vassalisant au pouvoir républicain, qu'elle reconnaissait, de fait, comme la norme suprême, le cadre obligé dans lequel toute organisation - y compris elle-même, l'Eglise - devait agir; mais à la condition de reconnaître les lois et règles de la république idéologique comme la loi et la norme supérieure, s'imposant à tous. Et bien sûr, a fortiori, en s'interdisant de les combattre en tant que tels.
     
    C'est à ce marché de dupe, à cette capitulation en rase campagne qu'il faut sans cesse revenir; et à partir desquels on peut marquer, dater l'origine profonde et essentielle des destructions méthodiques et continues de tout ce qui faisait l'essence même de la société française...
     
     

    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologie

     

    Quatre de nos Ephémérides traitent des rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, en général, et des rapports entre l'Eglise et l'Action française en particulier :

     pour les rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, en plus de celle-ci sur le "Ralliement", voir notre Ephéméride du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";

     pour les rapports entre l'Eglise et l'Action française, voir notre Ephéméride du 29 décembre, sur les sanctions vaticanes contre l'Action française, et notre Ephéméride du 10 juillet, sur la levée de ces sanctions par Pie XII...
     
     
     
  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

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    29 décembre 1926 : premières sanctions vaticanes contre l'Action française...

    Il n'est pas exagéré de dire que c'est dans cette période - qui commence avec Léon XIII et son "Ralliement"... - que l'on trouve l'origine principale de l'immense crise que connaîtra l'Église à partir de la deuxième moitié du XXème siècle, avant, pendant et après le Concile Vatican II...

    En rendant les armes face à un Système qui, en fait, est une nouvelle religion, vouant une haine mortelle au christianisme et constitué dans le but premier de le faire disparaître;

    en renonçant à combattre ce Système;

    et, pire, en collaborant avec lui, dans le vain espoir qu'on arrivera à le diriger, l'Église n'a fait que conforter son pire ennemi, en affaiblissant ceux qui le combattaient et le contestaient radicalement, c'est-à-dire remettaient en causes ses fondements mêmes, avant tout anti chrétiens et contraires à toutes les traditions millénaires constitutives de la Nation française ("Du passé faisons table rase !...).

    C'est de l'Église, de sa force et de sa place dans la Société que le Système a réussi à faire table rase, obtenant dans ce combat à mort l'appui inespéré de ceux-là même qu'il s'était juré d'abattre !...

    lafautearousseau

  • Dans notre Éphéméride de ce jour... : le ”Ralliement” ordonné par Léon XIII, c'est l'Église qui capitule devant la Nouv

    1892 : Léon XIII prône le Ralliement dans son encyclique Inter innumeras sollicitudines...

     
     
    Le souhait de Léon XIII n'était évidemment pas de se rallier lui-même à "la République", ni de pousser les catholiques français à se rallier aux idéaux révolutionnaires en tant que tels. Il s'agissait simplement, dans l'esprit du pape, après l'échec de la restauration monarchique en France, et alors que la jeune république se montrait très agressive envers le catholicisme, de renoncer à une opposition systématique au régime en place, et même d'accepter la Constitution pour combattre "par tous les moyens honnêtes et légaux" les lois anti-chrétiennes, en permettant aux catholiques de peser de tout leur poids sur les nouvelles institutions...
     
    Le pape - ingénument - pensait que, les catholiques étant majoritaires en France, cela suffirait à leur faire gagner les élections, et donc à diriger ou - si l'on peut dire... - cornaquer le16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologies gouvernements :
     
    "Accepter la constitution, fait accompli, mais pas la législation, fait réformable, et pour cela, par les élections sous étiquette républicaine, s'insérer dans le régime républicain et y faire de bonnes lois." disait le pape...

    Trois mois après l'encyclique, le Pape s'adressait aux cardinaux français : "Acceptez la République, c'est-à-dire le pouvoir constitué... respectez-le, soyez-lui soumis, comme représentant le pouvoir venu de Dieu... Inutile de rappeler que tous les individus sont tenus d'accepter ces gouvernements et de ne rien tenter pour les renverser ou pour en changer la forme."

    S'adressant au Baron de Montagnac, qui refusait le Ralliement, Léon XIII s'exclama : "Faites-vous républicain d'une bonne république. Vous comprenez ? Je veux que tous les catholiques entrent, comme une cohue dans la République... Les traditions doivent céder pour un moment... vous les retrouverez après l'œuvre accomplie...  il faut abandonner les traditions pour le moment, un petit moment seulement."


    Le pape avait "simplement" oublié les paroles de Saint Cyprien, au IIIème siècle : "Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité."
     
    Sa vision, purement théorique, était une grave erreur au plan des principes, comme au plan de la tactique : descendre sur le terrain de l'adversaire en utilisant sa doctrine et ses pratiques, cela relevait d'un angélisme profond, qui, pour être sincère, n'en témoignait pas moins d'une incompré16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologiehension fondamentale de ce qu'était la république idéologique française, fondée sur les dogmes de la Révolution : cette république, cette Révolution, ces dogmes étaient - et restent - une nouvelle religion, dont le but premier et essentiel est de remplacer l'autre, la chrétienne, la traditionnelle, et de la détruire, par tous les moyens; en détruisant également toutes les racines historiques et culturelles d'un pays millénaire, l'expression "l'an 1 de la République" étant - à cet égard - parfaitement révélatrice de cette nouvelle France, de cette nouvelle société que la république idéologique - comme l'a si justement dit Jules Ferry - voulait bâtir "sans roi et sans dieu".
     
    Méconnaître cette haine destructrice et cette volonté farouche d'effacer tout ce qui a fait une Nation pendant mille ans - y compris et surtout ses racines chrétiennes - témoignait d'une incompréhension politique dramatique à ce niveau. La rupture avec un siècle d'opposition aux thèses révolutionnaires était brutale, et l'Église renonçait à combattre son ennemi mortel : le Ralliement fut à la fois un stupéfiant marché de dupes - comme les choses devaient très vite le montrer - et une non moins stupéfiante capitulation idéologique en rase campagne, pourrait-on dire...
     
    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieLe cardinal français Pitra, qui s'opposait fermement à cette rupture dans la politique vaticane, se vit réprimander par Léon XIII lors d'une audience très pénible de trois quart d'heure, durant laquelle, debout et tête nue, il reçut les plus aigres reproches d'un Léon XIII en l'occurrence fort peu compréhensif. Le cardinal accepta, par obéissance, de ne plus s'opposer au pape, et se retira dans une abbaye, où il mourut en 1889, soit trois ans avant la publication de l'encyclique : il se contenta de déclarer "Hora est potestas tenebrarum", reprenant les paroles du Christ à ceux qui venaient l'arrêter (citées par Luc - 22) : "Haec est hora vostra et potestas tenebrarum" ("C'est ici votre heure et la puissance des ténèbres")...
     
    Le Ralliement fut peu suivi par les catholiques français, à de rares exceptions près, notamment celle de ce grand royaliste social que fut le comte Albert de Mun - qui ne tarda pas à le regretter amèrement. Mais, comme le note Michel Mourre", "se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne."
     
    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieEt, surtout, 34 ans après, les sanctions vaticanes contre l'Action française orientèrent définitivement la structure et la mentalité même de l'Église-institution, en la vassalisant au pouvoir républicain, qu'elle reconnaissait, de fait, comme la norme suprême, le cadre obligé dans lequel toute organisation - y compris elle-même, l'Église - devait agir; mais à la condition de reconnaître les lois et règles de la république idéologique comme la loi et la norme supérieure, s'imposant à tous. Et bien sûr, a fortiori, en s'interdisant de les combattre en tant que tels.
     
    C'est à ce marché de dupe, à cette capitulation en rase campagne qu'il faut sans cesse revenir; et à partir desquels on peut marquer, dater l'origine profonde et essentielle des destructions méthodiques et continues de tout ce qui faisait l'essence même de la société française...

    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologie

    Quatre de nos Éphémérides traitent des rapports entre l'Église et la République idéologique française, en général, et des rapports entre l'Église et l'Action française en particulier :

    pour les rapports entre l'Église et la République idéologique française, en plus de celle-ci sur le "Ralliement", voir notre Éphéméride du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";

    pour les rapports entre l'Église et l'Action française, voir notre Éphéméride du 29 décembre, sur les sanctions vaticanes contre l'Action française, et notre Éphéméride du 10 juillet, sur la levée de ces sanctions par Pie XII...
     
  • Natacha Polony : Qu'est-ce que Paris a fait de la France ? Nous disons, ici : ce n'est pas ”Paris”, mais le Système qui

    Personnalité médiatique, mais aussi - sans-doute surtout - intellectuelle et, au sens positif, politique, Natacha Polony pose de façon pertinente, dans cette tribune du Figaro, la question de nos diversités ancestrales menacées. Bien-sûr, son souci a notre sympathie et même, depuis toujours, il est nôtre. Mais nous faisons deux objections : lorsque l'on dit Paris, l'on ne nomme pas la source non pas géographique mais systémique des destructions que l'on constate et déplore. Nommons cette source : il s'agit, de fait, du Système politique, idéologique, médiatique, partisan, qui gouverne ou tente de gouverner la France. Notre deuxième objection est simple : il n'y a pas de fédération qui tienne sans fédérateur. Natacha Polony suggère ce manque lorsqu'elle incrimine, en forme de conclusion, "la disparition du ciment qui faisait de (nos) identités l'édifice admirable qu'est une grande Nation". Ce ciment, fut, dans l'Histoire, la monarchie française. Là encore, pourquoi ne pas le nommer ♦ Lafautearousseau

     

    o-NATACHA-POLONY-facebook.jpgQui se promène sur les routes de France et rencontre ses habitants sera frappé par un phénomène incontournable et récurrent. De cette Provence à la culture millénaire au Lauragais enraciné dans sa mémoire, des Corbières sauvages à la Touraine paisible, on cultive une même détestation de « Paris ». Pas forcément le rejet colérique des Marseillais fiers de leur cité grecque et jaloux de leur rayonnement mais un agacement bougon face à une entité indéfinie et omniprésente. Manifestation poujado-populiste? Éruption identitaire? Non, il y a là un sentiment qui marie des souvenirs ancestraux et le constat sociologique le plus contemporain.

    Paris, c'est cette puissance qui arase tout, qui rabote les droits et les identités. Paris, c'est un mélange d'arrogance, de certitude et de bonne conscience. Derrière ce sentiment, il y a la colère de n'être pas entendu, pas même considéré. Il y a l'impuissance et la révolte d'un peuple qui croit encore à l'Histoire et qui sait que la démocratie devrait consister à traduire dans les décisions prises au nom de la Nation, par l'Assemblée de ses représentants et du gouvernement qui en émane comme par le Président qu'il a élu, ce moment où la diversité des intérêts et des conceptions se recompose pour forger le Bien commun. On en est bien loin…

    Et si au moins, ils les voyaient faire amende honorable, ces brillants esprits qui veulent penser pour eux. Mais l'été fut rythmé par les effroyables nouvelles de Mossoul et des Chrétiens d'Orient, et qu'ont vu les Français dans leurs journaux et leur poste de télévision ? Les apprentis sorciers qui avaient soutenu l'intervention américaine en 2003 reconnaître leur tragique erreur et dénoncer la folie d'une idéologie qui consistait à imposer la démocratie et le marché - surtout le marché - par les armes? Pas du tout. Ils ont pu entendre Bernard Kouchner livrer ses oracles sans que personne n'ose lui demander un mea culpa.

    L'été vit aussi se poursuivre le désastre économique, hausse du chômage, emplois menacés dans les abattoirs, feuilles d'impôts délirantes, spirale de la déflation… Ont-ils entendu Jacques Attali, Alain Minc et tous les chantres de la «mondialisation heureuse» admettre une erreur de jugement? Rien de rien.

    Alors, Paris incarne tout cela. Les chevaliers francs et les seigneurs du Nord qui vinrent écraser la civilisation occitane sous prétexte d'hérésie cathare, et le légat du Pape, Arnaud Amaury, lâchant devant les remparts de Bézier: «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens». Plus tard la réduction progressive de toute identité spécifique à une forme d'archaïsme forcément hermétique aux Lumières, aux Droits de l'Homme et au Progrès.

    Pourtant, la France est riche de cette diversité qui fait que l'Anjou n'est pas le Dauphiné et que l'Artois n'est pas le Périgord. Elle vit de ces terroirs humains aussi bien que géographiques. Et il ne s'agit là ni d'identitarisme ethnocentré ni de régionalisme folklorique. On ne joue pas à parler catalan ou à perpétuer le souvenir des traditions ch'tis. On le fait parce qu'on y trouve une dignité qui est celle d'un humain conscient de toutes les dimensions de son identité. Mais Paris, ce «Paris» qui symbolise à la fois la puissance publique et les élites, au lieu de cultiver cette diversité nationale qui a fait la grandeur de la France dans la richesse de ses différences, tel que le célébrait la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, a systématiquement gommé ou éradiqué cette plus value française que constituait la possibilité de crier «Vive la République» en breton, en corse, en alsacien, en basque ou en occitan, cette possibilité de vivre dans un paysage identifié, dans un environnement culturel foisonnant.

    Certes, si cela avait au moins permis de sauver la patrie en danger! Même pas! Car l'idéal de cette société de liberté, d'égalité et de fraternité censée justifier la virtualisation des identités françaises est aujourd'hui foulé aux pieds par la crise du politique, le renoncement à toute émancipation véritable et les certitudes d'experts occupés à développer un village mondial indifférencié où circuleront des produits standardisés. La télévision et la société de consommation sont en train de détruire cette diversité française bien plus sûrement que ne le firent les injonctions à parler Français des instituteurs de la IIIème République. «Défense de parler flamand et de cracher par terre» pouvait-on lire dans les cours de récré du Nord. Du coup on ne parle plus flamand mais on crache sur la France. Avant que You tube et le selfie généralisé n'achèvent le travail.

    Et cependant, dans cette France aux paysages sublimes, cette France dont on nous dit, cette année encore, que 84 millions d'étrangers sont venus la visiter, on sent, bien sûr, de l'inquiétude, mais on sent surtout une force de volonté inaltérable à mille lieues de la résignation de ces élites nationales qui ont décrété que la France est un pays mineur. Dans chaque département, dans chaque contrée, on trouve des paysans qui s'organisent pour proposer des produits authentiques loin des circuits de la grande distribution, des entrepreneurs qui perpétuent malgré les délocalisations et la concurrence déloyale un savoir professionnel de qualité, des énergies prêtes à s'exprimer car elles s'appuient sur une mémoire transmise et la conscience de ce que l'on est. Ce ne sont pas les identités françaises qui menacent l'unité de la France, c'est la disparition du ciment qui faisait de ces identités l'édifice admirable qu'est une grande Nation.

    Le Figaro - 16-17 août 2014

  • Quem vult Jupiter perdere, dementat…

    Par Hilaire de Crémiers 

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    Macron se croit au centre du jeu. Son univers s’effondre sur le plan national comme sur le plan international. Il maintient le cap… Vers les élections européennes. 

    Tout est fait pour rassurer les Français.

    Les statistiques officielles, comme il se doit, se plient ingénieusement aux souhaits du gouvernement. Par exemple, il a été annoncé, fin janvier, qu’il y avait moins de demandeurs d’emplois. C’était la formule utilisée : ah, que ces choses-là sont bien dites ! Ce qui signifierait par équivalence de termes que le chômage décroît, au-dessous de 10 %, vers 9 %, les 10 % étant considérés comme la barre décisive, au-dessous de laquelle la bataille de l’emploi peut commencer à être gagnée. Macron aurait réussi là où Hollande a échoué ; ce serait le premier fruit de sa politique de réforme. Croira qui voudra.

    Des chiffres non signifiants

    Les réalités prétendument appréhendées sont tellement disparates que ces chiffres perdent toute signification. Il est des territoires – et ils sont nombreux – où une partie de la population, peut-être la moitié, voire davantage, surtout jeune, ne travaille pas selon les critères habituels ; elle est tellement sortie des champs d’investigation qu’elle ne peut être intégrée dans les calculs. Le savent bien les détenteurs de l’autorité publique qui doivent et osent affronter le problème : allez demander à un maire de banlieue dans des zones défavorisées !

    La fausseté consiste encore à éliminer du comptage non seulement ce qu’il est convenu d’appeler les faux chômeurs – ce qui se conçoit et se pratique de plus en plus drastiquement – mais aussi bien tout ce qui ne répond pas aux normes du système de triage ! Il serait à la fois scientifique et moral de ne pas tenir compte de ce qui ne mérite pas d’être compté. Concrètement, le chômage structurel est durablement installé dans les zones où les pouvoirs publics n’ont en fait plus accès et donc n’ont plus de possibilité d’action. Mais ça, qui le dira ?

    1015010337.jpgIl en est de même des chiffres de l’immigration, présentés fallacieusement, comme l’a montré encore récemment Michèle Tribalat dans le numéro du mois de février de Politique magazine.

    Cette immigration ne fait qu’aggraver le phénomène du chômage et, pire, pour les mêmes raisons signalées plus haut, du chômage non véritablement comptabilisé. Qui peut compter ? Personne, bien sûr ! Et surtout pas les commentateurs officiels qui racontent n’importe quoi.

    Ces séries d’enchaînements de fausses politiques et d’analyses mensongères se constatent en tous domaines et à tous niveaux avec les effets désastreux que les Français endurent mais qui sont dissimulés par tout l’appareil officiel pour leurrer l’opinion. C’est systématique.

    Un peuple abandonné

    Le gouvernement a beau proclamer que la situation s’améliore, le Français moyen qui essaye de vivre de son travail, éprouve le sentiment contraire. Pas seulement pour les questions de sécurité ! La vie tout simplement. Il est affirmé que le pouvoir d’achat augmente et que la prime d’activité ou de complément de salaire, décidée par Macron en décembre, devrait satisfaire le bon peuple qui n’aurait plus de raison de pester contre la vie chère. Un cadeau ? Octroyé par le chef de l’État plein de commisération ? Soit, et alors ? Quel est le statut de ceux qui y ont droit ? Celui d’obligés ? Quelle amertume !

    gilets-jaunes_4097890.jpegLa partie la plus modeste de la population française et tout aussi bien ce qu’il est convenu d’appeler la classe moyenne, celle des gens qui vivent normalement et supportent le plus de prélèvements obligatoires, vivent dans un profond désarroi. Cela fait beaucoup de monde. Ce peuple, qui est fondamentalement le nôtre – encore –, se sent dépossédé de son héritage, privé de son unité, arraché à son histoire, dépouillé de sa liberté et abandonné dans une insécurité quotidienne, politique, sociale, économique. Pour nombre de nos compatriotes, rien ne sert plus à rien. C’est un « jour le jour », sans perspective et sans charme ; le phénomène n’est pas seulement périphérique ; il touche le fond des campagnes où les suicides se multiplient, et le cœur des villes où la tristesse se lit sur les visages.

    Avez-vous jamais pris les transports en commun aux heures de pointe et dans les cohues babéliques des matins et des soirs ? Qui se sent chez soi ? Lequel des dirigeants accepterait un sort pareil ? Imaginez seulement les plus beaux représentants de la caste dominante, imaginez-les lâchés au plus profond du 9-3 vers les 10 heures du soir et obligés de rentrer chez eux sans autre moyen que leurs jambes. L’expérience ne serait-elle pas divertissante et fructueuse ?

    I00017021.jpgLe peuple français ne bénéficie plus de cette amitié nationale qui est le plus précieux des biens. Cette amitié est infiniment plus que la plate solidarité d’une technocratie sans âme. Elle se vit dans la liberté du cœur et de l’esprit. Un Pompidou, encore, avec son sens de la France, en exprimait la force et la nécessité, lui qui refusait d’aviver les querelles du passé parce qu’il fallait que les Français s’aimassent entre eux et, d’abord, commençassent par s’aimer eux-mêmes dans leur histoire et leur génie.

    Notre régime n’est plus qu’un régime de haine. Le pouvoir devient une faction. Macron s’en rend-il compte ? Le voilà lancé à corps perdu dans la reconquête de son pouvoir , alors que ses conseillers les plus proches, ceux qui l’ont accompagné dans sa prise du pouvoir, le quittent les uns près les autres et que l’étrange Benalla dont nul ne sait au juste quel était le statut, sinon qu’il était un proche des plus proches, se trouve aujourd’hui en prison, son impunité ne pouvant résister à tant de mensonges et de passe-droits éhontés. Il avait des connivences dans tout l’entourage de Macron, jusqu’au sommet des institutions ! Qu’est-ce donc que la macronie ? Qu’est-ce que l’Élysée sous Macron ? Les sénateurs ont osé poser la question. Le gouvernement, du coup, les poursuit de sa vindicte. La macronie a cassé la société française, elle a procédé par effraction. Toute l’astuce de cette bande, de ses sbires et de ses sicaires, fut de se servir du dégoût des Français pour se hisser eux-mêmes au pouvoir et mieux les rejeter ensuite, et toujours en les culpabilisant.

    edouard_philippe_en_direct_du_finist_re_le_retour_032-00_10_13_21-4093405.jpgPauvres Gilets jaunes ! Que peuvent-ils espérer sinon d’être dénigrés, associés à tous les vices et les crimes ?

    À quoi sert leur révolte ? À diviser encore plus les Français et sur ces divisions à favoriser une stratégie électorale gagnante où Macron espère rejouer au plan européen la même partie qui l’a porté au pouvoir en France. Voilà des mois que ce stratagème prétendument démocratique est décrit dans ces colonnes ! Il se réalise sous nos yeux. Et peu importe que ce ne soit qu’à 25 % des voix ! L’important est de créer des clivages : progressistes européens et nationalistes rétrogrades !

    Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut est-il agressé dans la rue par un islamiste et lui-même précise-t-il qu’il sait fort bien le sens de cette agression et qu’il ne convient donc pas de tomber dans le piège de pareille provocation, rien n’y fait. Des partis politiques à bout de souffle, des politiciens cyniques, des journalistes sans foi ni loi qui ont laissé la gangrène de l’islamo-gauchisme dévorer la société française, en profitent pour se refaire une virginité de bon aloi et reprendre leur rôle de professeurs de morale. Avec l’idée maintenant de criminaliser l’antisionisme ! Le sionisme n’est-il pas un nationalisme ? Comme l’islam, un vecteur du nationalisme arabe ? Alors, ces nationalismes devraient donc être sacralisés ? Et seul sera voué à l’exécration par la République le nationalisme français ? Qui ne comprendrait que le problème est mal posé ? Ah, oui, pauvres Gilets jaunes !

    55996883.jpgMaintenant leur sort sera de servir de repoussoir. Le mécanisme électoral est tel qu’aucune réaction du corps national ne peut aboutir. Seulement, la société se délite. Quant à l’Europe, elle éclate. Les intérêts divergent comme partout dans le monde. Les dernières rencontres internationales ne l’ont que trop montré, que ce soit à la conférence sur la sécurité du 16 février dernier à Munich ou encore à Varsovie. Les États-Unis suivent leur ligne implacablement et l’annoncent imperturbablement. La Chine pareillement. L’Europe n’est qu’une superstructure qui ne vit que pour elle-même et pour ses stipendiés ; elle n’a pas de politique commune ; elle en aura de moins en moins. On en est aujourd’hui à se lancer des insultes par dessus les frontières entre nations-sœurs comme l’Italie et la France. Nul ne sait ce que va faire l’Angleterre ni demain l’Allemagne. Et Macron prétend jouer le dresseur de fauves dans ce cirque ? Il a tout simplement perdu le sens : « Quem vult Jupiter perdere, dementat prius ». Macron, en dépit qu’il en ait, n’est pas Jupiter. Il ferait bien de se méfier.  

    Hilaire de Crémiers

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (25)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener.

    Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    Travailleur immigré au travail chez Renault Cléon

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LA DÉMOCRATIE OU LA VIE

    Il conviendra d'analyser les causes de cet effondrement. Les attribuer purement et simplement aux « réformes » qui furent mises en œuvre à cette époque (développement de la contraception, libéralisation de l'avortement, divorce par consentement mutuel) serait aller trop vite en besogne. Elles remplirent leur rôle. Cependant tous les pays occidentaux, quelle que fût la politique suivie, subirent la même évolution. La crise morale qui commence à affecter, vers 1964, un Occident, en proie au doute, a certainement joué. La « société de consommation », qui corrode les valeurs familiales tout en provoquant un sentiment généralisé d'insatisfaction, engendre un mouvement de contestation qui commence sur les « campus » californiens et gagne l'Europe. Dans le même temps, la publicité fait du désir, moteur d'une société de consommation, l'unique ressort d'une existence humaine réduite à la satisfaction de l'instant.

    Même entre 1946 et 1964, constate Sauvy, les enquêtes d'opinion montrent que les Français étaient demeurés malthusiens. Curieusement, ils faisaient des enfants, mais s'en effrayaient. La crainte que l'augmentation du taux de fécondité des couples n'engendre le chômage demeurait sous-jacente. Quand l'expansion commence à donner des signes d'essoufflement, le vieux réflexe se met à jouer. Avec la crise économique, en 1974, il retrouve toute sa vigueur d'autant que « le club de Rome » relayé par les grands médias agite les menaces d'une surpopulation mondiale. L'on est bien obligé de se demander s'il n'existe pas un vieillissement psychologique des peuples, qui se manifeste par une perte de confiance dans l'avenir. L'écologie, le pacifisme, constitueraient des signes pathologiques d'une angoisse collective. Ils relèveraient d'une idéologie sécuritaire que la gauche vertueuse condamne quand elle se manifeste par le désir d'un renforcement de la protection policière contre une délinquance qui était, incontestablement, plus grave au début du siècle. Les peuples vieillissants aspirent à une assurance tous risques.

    Selon M. Sauvy, il existe une constante historique, dont il trouve des exemples dans la Grèce Antique, le Bas-Empire romain, la Venise décadente du XVIIIème siècle. La sénilité du corps social crée «un curieux phénomène non d'auto-défense, mais d'auto-analgésie ». L'opinion se bourre de tranquillisants. Tout lui est bon pour s'étourdir et éloigner du champ de la conscience un processus inéluctable qui débouche sur un suicide collectif. Les Français, comme jadis les Grecs, les Romains ou les Vénitiens, s'enivrent de l'illusion de la France éternelle, fille aînée de l'Eglise pour les uns, Patrie des droits de l'homme pour les autres. Il leur faut oublier que le mot de Pascal vaut aussi pour les peuples. « Le dernier acte est toujours sanglant ».

    Sans sombrer, comme lui, dans le pessimisme, il faut bien reconnaître que la proportion des Français de plus de soixante-cinq ans est passée de 4,4 % à 14 % entre 1780 et 1979. Le progrès de la médecine n'y est pour rien. Si l'on prend la période où il se développa le plus rapidement — 1854 à 1964 — le nombre des Français de plus de soixante-cinq ans a augmenté de trois millions et celui des moins de quinze ans d'un demi-million. Pourtant la baisse de la mortalité infantile fut spectaculaire. Sans le déclin du taux de fécondité, l'allongement de la vie humaine demeurant ce qu'il fut, le pourcentage des Français de plus de soixante-cinq ans, bien loin d'augmenter, aurait dû tomber de 4,4 % à 3,8 %. La France serait plus jeune aujourd'hui qu'elle l'était à la veille de la Révolution. Il y aurait autant de vieillards et beaucoup plus d'enfants. Une telle évolution, prolongée pendant deux siècles, en dépit d'une rémission d'une vingtaine d'années ne peut que scléroser, à la longue, le corps social, l'atteindre dans son élan vital.

    Il est certain que l'opinion se nourrit de fables. On lui raconte, sans que personne n'ose démentir, que l'immigration est nécessaire au progrès économique. Ce sophisme repose sur une apparence de vérité. Les Français ont toujours répugné à certaines tâches, pénibles et mal payées. Ils les ont volontiers abandonnées à des immigrés. Ces tâches se révélaient indispensables, il y a encore quelques décennies. Des manœuvres et des manutentionnaires étaient nécessaires. On les a fait venir de l'étranger. Il se trouve que le pays le plus avancé industriellement, le Japon, est celui qui compte le moins d'immigrés, des Coréens traditionnellement voués à des tâches jugées indignes d'un véritable Japonais. Là où nous avons utilisé des Africains ou des Maghrébins, attirés par des promesses fallacieuses et parfois, amenés de force par des négriers, le patronat nippon a robotisé, automatisé, rationalisé. L'immigration fut certainement une source de profits pour quelques capitalistes français. Elle fut une cause de sous-développement industriel, non de progrès économique. Elle le sera de plus en plus, puisqu'elle contribue, pour des raisons que l'on peut comprendre, à ralentir les nécessaires restructurations. Quel avenir proposer à des dizaines de milliers de travailleurs africains ou maghrébins, qui n'ont plus de place sur le marché du travail ? Il convient d'avoir le courage de reconnaître que le recours séculaire à l'immigration nous a conduits à adopter la solution de facilité, comme c'en fut une autre que de ne pas transférer progressivement nos chantiers navals à Casablanca, à Dakar ou à Abidjan, en procédant chez nous aux indispensables reconversions qu'aujourd'hui nous devons improviser.     

    A suivre  (A venir : La démocratie ou la vie 2 et fin).

     

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

    (1)  (2)  (3)  (4)  (5)  (6)  (7)  (8)  (9)  (10)  (11)  (12)  (13)  (14)  (15)  (16)  (17)    (18)  (19)  (20)  (21)  (22)  (23)  (24)

    lafautearousseau

  • L'imagination au pouvoir ? Partie 2 : Créer des produits du travail durables et transmissibles ? par Jean-Philippe Chauv

    Les dernières semaines et les événements qui ont émaillé l’actualité sociale mettent notre société française à rude épreuve, et la discussion est parfois fort difficile dès que l’on aborde ce qui, aujourd’hui, divise les Français en camps qui paraissent parfois (peut-être de façon exagérée, ce qu’il faudrait souhaiter, en fait) inconciliables, voire irréconciliables.

    396556_jean-philippe-chauvincorr.jpgPourtant, n’y aurait-il pas quelques points d’accord entre les uns et les autres sur les propositions de Stéphane Madaule sur la grande question du travail ? Autant sa première proposition d’une forme de « retraite à 50 ans », évoquée dans une précédente note de ce site, pouvait ouvrir un débat qui ne risque pas vraiment de se clore entre les partisans d’un travail partagé et d’une retraite honorable et active, et ceux qui raisonnent d’abord en termes purement comptables et « réalistes », tant le fossé est immense et sans doute pas prêt de se combler, autant sa deuxième proposition pourrait rapprocher les uns et les autres : « Deuxièmement, il faudrait que le travail s’oriente vers la création de biens durables, de biens recyclables, de biens renouvelables, de biens que l’on peut se transmettre de génération en génération. » Et l’auteur de donner quelques exemples concrets : « Pourquoi ne pas privilégier par exemple la production de bois pour se chauffer, pour fabriquer du papier, pour construire nos maisons, pour se vêtir ? Pourquoi ne pas planter des arbres un peu partout sur nos territoires, en ville comme à la campagne, afin de pouvoir se nourrir de leurs fruits à certaines périodes de l’année, afin de faire de l’ombrage, afin de recueillir le bois dans ses usages multiples (construction, combustion, production de papier) ? ». Il me semble que l’exemple de l’arbre et du bois est particulièrement bien choisi et pertinent, surtout en ces heures de dérèglement climatique et de questionnement sur la place de l’arbre dans nos sociétés urbaines et artificialisées, et ce n’est pas un hasard si les royalistes se sont beaucoup investis ces dernières années dans la « cause des arbres », sans être toujours bien compris…

     

     

    La forêt, l’arbre, le bois… En quelques mots, voici défini tout un domaine qui peut trouver sa place dans la grande problématique des raisons justes du travail, du labeur comme de l’ouvrage, et des bienfaits qu’il peut porter en lui : encore faudrait-il que l’Etat prête attention à cette cause sous toutes ses formes et avec toutes ses potentialités mais aussi ses difficultés et contraintes. Or, la filière bois est aujourd’hui totalement négligée par les autorités et les forêts sont, de plus en plus, gérées selon les seules perspectives économiques de rentabilité à court terme, au risque de transformer l’espace forestier français en un simple « champ de sapins ». En somme, là aussi, une stratégie et une véritable politique sur le long terme s’imposent ! Mais, gardons-nous de l’erreur qui consisterait à laisser l’Etat tout faire, ou tout décider : les initiatives privées doivent être suscitées, parfois aidées et, s’il le faut, contrôlées, au regard du bien commun et des intérêts environnementaux.

     

    Une bonne gestion des espaces forestiers permettrait une amélioration de la qualité des forêts et une meilleure prévention des incendies ou des accidents tout en permettant la production des bois nécessaires à l’ameublement et aux charpentes, entre autres (1) ; mais cela doit s’accompagner d’une politique de soutien aux scieries et aux usines de fabrication locales, ne serait-ce que pour éviter à ces produits de l’arbre de partir pour des destinations lointaines et de nous revenir en produits finis, la plus-value dégagée entre les deux actions étant aujourd’hui monopolisée par des sociétés étrangères, souvent peu regardantes sur les conditions sociales du travail dans leurs entreprises, ni sur le coût environnemental… Produire, transformer, commercialiser dans un rayon « national » semble bien plus profitable pour l’économie générale de notre pays, que cela soit en termes d’emplois ou de revenus, autant de l’entreprise que du fisc, et permet aussi de limiter les pollutions liés au transport des troncs comme des planches et des meubles fabriqués à partir de ces troncs. C’est aussi soutenir l’idée d’un travail plus en phase avec les cycles naturels et, d’une certaine manière, pérenne et éternellement renouvelable tant que les arbres continueront à pousser à leur rythme dans des forêts que les hommes contrôleront sans les asservir : « on ne commande à la nature qu’en lui obéissant », doit rester une ligne directrice de l’action humaine en matière agricole et sylvicole, entre autres.

     

    Stéphane Madaule évoque ainsi fort heureusement à notre sens cette orientation vers la production de biens renouvelables, durables et transmissibles, et il est évident que cela doit inspirer toute politique économique soucieuse de l’écologie, non dans une démarche punitive ou restrictive, mais bien plutôt inventive et crédible. Bien sûr, là encore, le monde de la Finance et de l’Actionnariat risque de ne pas y trouver son compte (sans mauvais jeu de mots), mais cela permet de remettre un peu de crédit social dans l’économie et de la mesure dans une société de consommation qui semble avoir perdu l’un et l’autre. Il n’est pas insignifiant que « la terre, la pierre, le bois » puissent fournir la plupart des biens dont l’impact sur l’environnement sont les plus limités (2), quand, dans le même temps, leur durée de vie peut être largement plus longue que celle des biens fossiles et non-renouvelables…

     

     

    Cela nous rappelle aussi que, si le travail doit être partagé, il peut l’être, non seulement dans l’immédiateté, mais aussi sur le long terme, en termes de génération et d’héritages, et en termes de produits qui, au lieu d’être irrémédiablement détruits ou consumés sans espoir d’être renouvelés à échelle du temps humain, s’inscrivent dans un paysage, dans une communauté ou une famille : c’est aussi ce que l’on nomme un patrimoine, attaché à une terre historique donnée mais aussi à une économie qui ne fonde pas tout sur la croissance dévoreuse des ressources de la Terre quand il faut, et c’est notre pensée et notre pratique, la sobriété pour assurer la pérennité et, d’une certaine manière, l’éternité

     

     

     

    (à suivre)

     

     

     

     

    Notes : (1) : A l’heure actuelle, la seule exploitation des espaces forestiers français ne suffirait pas à répondre à tous les besoins de la consommation de bois et de papier en France : mais, commencer à reprendre la main sur la production de bois peut, à plus ou moins long terme, permettre de mieux valoriser ce qui est déjà disponible et créer de nouvelles ressources dans de bonnes conditions, pour une production qualitative mais aussi quantitative, l’une n’excluant pas forcément l’autre, du moins dans une certaine mesure (au double sens du terme, d’ailleurs).

     

    (2) : Bien sûr, ces éléments ne sont pas forcément « neutres » sur le plan environnemental, comme le prouve la combustion du bois (pour le chauffage ou la production d’énergie) qui renvoie du gaz carbonique dans l’atmosphère et des particules fines, ou l’extraction et la taille des pierres nécessaires à la construction, mais ces pollutions restent moindres en comparaison de celles des produits pétroliers ou fossiles en général.

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (25)

    Travailleur immigré au travail chez Renault Cléon 

     

    2293089609.14.jpgNous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000.

    Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LA DÉMOCRATIE OU LA VIE

    Il conviendra d'analyser les causes de cet effondrement. Les attribuer purement et simplement aux « réformes » qui furent mises en œuvre à cette époque (développement de la contraception, libéralisation de l'avortement, divorce par consentement mutuel) serait aller trop vite en besogne. Elles remplirent leur rôle. Cependant tous les pays occidentaux, quelle que fût la politique suivie, subirent la même évolution. La crise morale qui commence à affecter, vers 1964, un Occident, en proie au doute, a certainement joué. La « société de consommation », qui corrode les valeurs familiales tout en provoquant un sentiment généralisé d'insatisfaction, engendre un mouvement de contestation qui commence sur les « campus » californiens et gagne l'Europe. Dans le même temps, la publicité fait du désir, moteur d'une société de consommation, l'unique ressort d'une existence humaine réduite à la satisfaction de l'instant.

    Même entre 1946 et 1964, constate Sauvy, les enquêtes d'opinion montrent que les Français étaient demeurés malthusiens. Curieusement, ils faisaient des enfants, mais s'en effrayaient. La crainte que l'augmentation du taux de fécondité des couples n'engendre le chômage demeurait sous-jacente. Quand l'expansion commence à donner des signes d'essoufflement, le vieux réflexe se met à jouer. Avec la crise économique, en 1974, il retrouve toute sa vigueur d'autant que « le club de Rome » relayé par les grands médias agite les menaces d'une surpopulation mondiale. L'on est bien obligé de se demander s'il n'existe pas un vieillissement psychologique des peuples, qui se manifeste par une perte de confiance dans l'avenir. L'écologie, le pacifisme, constitueraient des signes pathologiques d'une angoisse collective. Ils relèveraient d'une idéologie sécuritaire que la gauche vertueuse condamne quand elle se manifeste par le désir d'un renforcement de la protection policière contre une délinquance qui était, incontestablement, plus grave au début du siècle. Les peuples vieillissants aspirent à une assurance tous risques.

    Selon M. Sauvy, il existe une constante historique, dont il trouve des exemples dans la Grèce Antique, le Bas-Empire romain, la Venise décadente du XVIIIème siècle. La sénilité du corps social crée «un curieux phénomène non d'auto-défense, mais d'auto-analgésie ». L'opinion se bourre de tranquillisants. Tout lui est bon pour s'étourdir et éloigner du champ de la conscience un processus inéluctable qui débouche sur un suicide collectif. Les Français, comme jadis les Grecs, les Romains ou les Vénitiens, s'enivrent de l'illusion de la France éternelle, fille aînée de l'Eglise pour les uns, Patrie des droits de l'homme pour les autres. Il leur faut oublier que le mot de Pascal vaut aussi pour les peuples. « Le dernier acte est toujours sanglant ».

    Sans sombrer, comme lui, dans le pessimisme, il faut bien reconnaître que la proportion des Français de plus de soixante-cinq ans est passée de 4,4 % à 14 % entre 1780 et 1979. Le progrès de la médecine n'y est pour rien. Si l'on prend la période où il se développa le plus rapidement — 1854 à 1964 — le nombre des Français de plus de soixante-cinq ans a augmenté de trois millions et celui des moins de quinze ans d'un demi-million. Pourtant la baisse de la mortalité infantile fut spectaculaire. Sans le déclin du taux de fécondité, l'allongement de la vie humaine demeurant ce qu'il fut, le pourcentage des Français de plus de soixante-cinq ans, bien loin d'augmenter, aurait dû tomber de 4,4 % à 3,8 %. La France serait plus jeune aujourd'hui qu'elle l'était à la veille de la Révolution. Il y aurait autant de vieillards et beaucoup plus d'enfants. Une telle évolution, prolongée pendant deux siècles, en dépit d'une rémission d'une vingtaine d'années ne peut que scléroser, à la longue, le corps social, l'atteindre dans son élan vital.

    Il est certain que l'opinion se nourrit de fables. On lui raconte, sans que personne n'ose démentir, que l'immigration est nécessaire au progrès économique. Ce sophisme repose sur une apparence de vérité. Les Français ont toujours répugné à certaines tâches, pénibles et mal payées. Ils les ont volontiers abandonnées à des immigrés. Ces tâches se révélaient indispensables, il y a encore quelques décennies. Des manœuvres et des manutentionnaires étaient nécessaires. On les a fait venir de l'étranger. Il se trouve que le pays le plus avancé industriellement, le Japon, est celui qui compte le moins d'immigrés, des Coréens traditionnellement voués à des tâches jugées indignes d'un véritable Japonais. Là où nous avons utilisé des Africains ou des Maghrébins, attirés par des promesses fallacieuses et parfois, amenés de force par des négriers, le patronat nippon a robotisé, automatisé, rationalisé. L'immigration fut certainement une source de profits pour quelques capitalistes français. Elle fut une cause de sous-développement industriel, non de progrès économique. Elle le sera de plus en plus, puisqu'elle contribue, pour des raisons que l'on peut comprendre, à ralentir les nécessaires restructurations. Quel avenir proposer à des dizaines de milliers de travailleurs africains ou maghrébins, qui n'ont plus de place sur le marché du travail ? Il convient d'avoir le courage de reconnaître que le recours séculaire à l'immigration nous a conduits à adopter la solution de facilité, comme c'en fut une autre que de ne pas transférer progressivement nos chantiers navals à Casablanca, à Dakar ou à Abidjan, en procédant chez nous aux indispensables reconversions qu'aujourd'hui nous devons improviser.     

    A suivre  (A venir : La démocratie ou la vie 2 et fin).

     

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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