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  • Sur Figaro Vox, Céline Pina: «Castaner préfère excuser les émeutiers plutôt que défendre les policiers».

    LUDOVIC MARIN/AFP

    Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle est la fondatrice de «Viv(r)e la République», elle a également publié Silence coupable (Kero, 2016).

    Invité ce jeudi matin sur BFMTV, le ministre de l’Intérieur a minimisé les émeutes survenues dans plusieurs quartiers sensibles depuis samedi, y voyant «l’effet de la dureté du confinement». Des propos qui indignent l’essayiste Céline Pina.

    Ceux qui ne supportent pas le confinement et décident d’aller faire du jogging à Paris en dehors des horaires réglementés, l’exécutif n’a pas de mots assez durs pour les réprimander. Ceux qui passent le confinement ailleurs que dans leur appartement en s’installant pour un temps à la campagne sont régulièrement traités d’égoïstes irresponsables, voire de criminels en puissance sur les réseaux sociaux. En revanche, ceux pour qui le confinement serait «trop dur» peuvent attaquer un commissariat, caillasser les forces de l’ordre ou brûler la voiture de leurs voisins, ils trouveront alors chez le ministre de l’Intérieur de la bienveillance et de la compréhension...

     

    C'est le ballet de l'excuse sociologique qui a débuté.

     

    Depuis samedi soir, suite à un accident entre une voiture de police et un délinquant d’une trentaine d’années, condamné à 14 reprises, sous contrôle judiciaire pour avoir menacé de mort une personne hachoir à la main, on assiste depuis à un embrasement des banlieues, de Villeneuve-la-Garenne à Gennevilliers, d’Aulnay-sous-Bois à Suresnes, de la Courneuve à Nanterre, d’Évry à Fontenay-sous-Bois. Face à ces émeutes d’autant plus inacceptables qu’elles ne reposent dans les faits sur rien de tangible (une enquête est en cours et l’homme accidenté était manifestement en infraction), c’est le ballet de l’excuse sociologique qui a débuté dans la presse. Et le sociologue en chef, c’est d’abord Christophe Castaner: pour lui, tout cela est «l’effet du confinement, de la dureté du confinement pour ces jeunes gens»... et le ministre chargé du respect de la loi d’ajouter: «ce sont des petits groupes qui pensent que ce serait ludique d’attaquer les forces de police, de brûler des poubelles. Ce n’est pas ludique, c’est dangereux à commencer pour eux-mêmes». Les policiers qu’il est censé représenter apprécieront.

    On atteint là en même temps le fond de l’irresponsabilité et le comble de la bêtise. Contrairement à ce que pense peut-être Monsieur Castaner, le caïd de banlieue n’est pas stupide à ce point. Attaquer la police, faire régner la terreur dans les rues et incendier des voitures n’a rien d’un jeu. Le terme «ludique» est donc parfaitement déplacé et tend à faire passer pour normal ce qui ne l’est pas. Face à des voyous qui veulent blesser des policiers et n’hésitent pas à assiéger des commissariats, un tel euphémisme est délétère. Le but de ces émeutes est pourtant toujours le même: démontrer sa puissance en s’en prenant à ceux chargés de faire respecter l’ordre républicain, et exhiber sa domination sur un territoire. Les caïds affichent leur pouvoir au détriment de celui de l’État et entendent prouver qu’ils sont les véritables maîtres. Ils veulent faire peur et voir les autorités baisser les yeux. Quand cela marche, ils ajoutent ainsi l’impunité à la dangerosité.

     

    L'état a renoncé à appliquer la loi sur certaines parties du territoire.

     

    L’État aurait-il tellement peur de ne plus contrôler les banlieues, qu’il a même renoncé à se faire respecter... et l’avoue sans ambages? La fin de l’intervention du ministre jeudi matin sur BFMTV est à ce titre sans équivoque: des délinquants tirent aux mortiers d’artifice sur un commissariat et essaient de blesser ou de tuer des policiers, et le ministre de l’Intérieur s’inquiète avant tout pour leur santé? Il paraît oublier que ceux qui se prennent cailloux et armes de jet, voire parfois cocktails molotov, ne sont pas les émeutiers, mais bel et bien ceux qui les affrontent. Cette soumission en parole comme en acte de Christophe Castaner ne parle pas que de son absence de crédibilité et de compétence, elle dit surtout que l’État a renoncé à appliquer la loi sur certaines parties du territoire et pense, en s’humiliant, arrêter le feu.

    Pourtant si à la faveur de l’instrumentalisation d’une fausse rumeur, c’est toute une partie de la banlieue qui s’embrase, cela n’est pas un hasard. C’est le résultat d’un long travail idéologique, qui aboutit à faire de la police un ennemi et de la France un pays raciste. Les fruits, les voici: ce hashtag «#MortAuxPorcs» qui sévit sur les réseaux sociaux d’extrême-gauche. Ce véritable appel au meurtre des policiers est pourtant traité comme un épiphénomène.

     

    Poursuivant cette grotesque comédie, voilà que nous avons maintenant droit à l’appel au calme du caïd accidenté. Lequel, la main sur le cœur, espère que «justice lui sera rendue». Il faut reconnaître à son avocat un véritable talent, celui d’exploiter l’hypocrisie politique actuelle. Quelqu’un croit-il vraiment à la sincérité de celui qui instrumentalise un accident, alors qu’il était dans l’illégalité et se fait passer pour une victime expiatoire? Lancer un appel au calme, après avoir hurlé à la bavure, est comique pour qui connait la banlieue. C’est pourtant toujours le même scénario auquel on assiste depuis des années. Quant à ces appels, souvent surjoués, ils visent d’abord à assurer la défense de celui qui les lance. Le double langage coutumier aux voyous est parfaitement intelligible pour leurs petits camarades et ne s’adresse qu’aux politiques, vus comme lâches, manipulables et particulièrement sensibles à un discours de victimisation quand il les exonère d’agir tout en préservant leur réputation d’humaniste et parfois leur clientèle. D’ailleurs, généralement le subterfuge fonctionne et on voit nombre de maires de ces villes plus souvent soutenir les voyous en mettant en avant l’injustice sociale, qu’assumer leur rôle de représentants de la loi.

     

    Christophe Castaner apporte sa caution à ces attitudes inacceptables.

     

    Lorsque je travaillais aux Mureaux en tant que directrice de cabinet, nous eûmes droit en 2001 à une flambée de violence urbaine suite à la mort d’un jeune après qu’au volant d’une voiture volée, lui et deux de ses amis aient tenté de forcer un barrage et d’écraser un policier. S’en sont suivies quelques nuits d’émeutes. Le conseil municipal venait alors juste d’être élu et faisait état d’un angélisme extrêmement peu réaliste. Le discours larmoyant et victimaire sur les jeunes des cités était alors à son apogée. Alors que deux compagnies de CRS essayaient de maintenir l’ordre, les grands frères venaient régulièrement se proposer comme médiateurs. Sauf qu’à la faveur d’une caméra nouvellement installée à l’arrière d’un bâtiment, élus et policiers ont pu découvrir un étrange ballet: ceux qui se proposaient d’éteindre le feu si on leur laissait les mains libres étaient les mêmes qui poussaient les autres jeunes à l’affrontement. Ils changeaient juste de sweat derrière les bâtiments, espérant monnayer auprès des élus leur supposée influence bénéfique sur les jeunes. À l’époque, quand on était de gauche, refuser de regarder en face la violence pour la violence qui caractérise ceux qui font régner la terreur dans les quartiers, permettait d’obtenir un brevet de bonne conscience, alors que dans les faits on abandonnait les habitants des quartiers aux plus dangereux des leurs. Depuis, hélas, la posture s’est beaucoup généralisée.

    Alors que nous affrontons une pandémie sans précédent et que nous mobilisons toutes les ressources de la solidarité nationale pour éviter un crash économique qui se traduirait par une véritable plongée dans la misère d’un grand nombre des nôtres, ces émeutes sont lamentables. Mais faire l’amer constat que Christophe Castaner, en qualité de ministre de l’Intérieur, apporte sa caution à ces attitudes inacceptables, est pire encore.

  • Bien heureux Coronavirus ! ! ! (partie II), par Antoine de Crémiers, Pierre de Meuse et Henri Augier.

    A l’approche d’un déconfinement hésitant et étrangement sélectif, sur fond de crise économique justifiant l’opportunité d’unautoritarisme sournois et ciblé, l’Action Française doit prendre la mesure des enjeux en lançant toutes ses forces dans la bataille pour conjurer les dangers graves qui menacent notre pays. On ne saura se contenter de constater l’incurie de l’État «  en marche,  »mais aussi de proposer des alternatives radicales pour le salut de la France. C’est le sens de l’appel de nos camarades.

    Olivier Perceval

    1.jpgCe texte s’inscrit dans le prolongement de l’intervention réalisée lors de la conférence des cadres du mouvement qui s’est tenue le 7 mars. C’est à la suite de nombreuses discussions que les trois signataires pensent à l’urgente nécessité de réaliser ces travaux.

    UN PROGRAMME DE TRAVAIL…

    Le temps presse… La vitesse de dégradation est impressionnante et nous sommes proche du chaos, le système se fracture et semble de plus en plus fragile Mais, nous savons bien que son effondrement sera aussi celui du pays. Que faire alors ? Sachant que le rejet de la politique du pire finit souvent par nourrir le pire… Bien conscient de l’ampleur de la tâche et de l’incroyable complexité à laquelle nous devons faire face, nous voulons lancer un appel à la réflexion de tous les royalistes qui ont en commun d’être dans la même galère. Le temps présent se caractérise par une rupture historique radicale. En conséquence, imaginer un seul instant une transition douce, c’est-à-dire le passage sans douleur de l’état actuel de la France (institutions et société) à une instauration de la monarchie semble absurde. Pour quelques-uns d’entre nous, les analyses du réel sont trop souvent déterminées par une vision de l’histoire rétrécie à la simplicité du toujours le même. Les nouveautés apparentes ne seraient en réalité que des métamorphoses d’une substance historique invariable. En privilégiant les continuités et en négligeant ou en niant les ruptures nous pouvons ainsi réciter le même catéchisme et avancer nos solutions sans nous préoccuper davantage de leur adéquation avec le réel. Trop souvent nous avons continué à faire comme si… Et à marteler indéfiniment : le politique d’abord, trop souvent cantonné, limité à l’institutionnel, ignorant que l’écart croissant entre le souhaitable c’est-à-dire le retour de la monarchie et l’état réel de la société accentue l’aspect utopique de nos propositions. La priorité accordée de manière trop exclusive au changement institutionnel laissant penser que le retour éventuel de la monarchie constituerait en quelque sorte une solution magique, susceptible à elle seule de réparer les dégâts n’est plus tenable. Autrement dit, l’ordre des priorités doit sans doute s’inverser. Dans la royale, nous chantons mais à la France il faut en roi. Oui, mais au roi il faut une France, autrement dit encore il faut d’abord reconstituer la société France sans se cacher qu’elle est, hélas en voie de disparition. Lorsque l’effondrement se produira et si nous voulons apparaître comme un véritable mouvement politique, nous devons préparer le terrain en exerçant un véritable magistère destiné à faire valoir nos idées.

    Lorsque nous voulons parler politique au sens du bien commun à nos interlocuteurs, nous nous heurtons presque systématiquement à une forme d’indifférence et dans certains cas d’hostilité, car, la désaffection générale à l’égard de la politique et de ses pratiques, sans parler de son personnel, est venue polluer toute réflexion politique en la matière, venant voiler l’opposition frontale entre la politique anti-politique et le politique défini comme souci du bien commun. Cette désaffection vient contaminer toute réflexion en la matière et entraîne de facto un éloignement croissant à l’égard de la question politique. Ce qui domine aujourd’hui c’est en fait la résignation causée par un constat d’impuissance qui détermine un retour de la fatalité en l’absence de toute autre hypothèse acceptable. C’est tellement vrai que le système n’est plus contesté fondamentalement, même si personne n’y croit, et nous voilà contraints de résoudre le problème suivant : comment agir politiquement dans un univers où le politique n’est plus pensé et pour beaucoup n’est plus pensable ?

    2.jpgLES GILETS JAUNES : DIVINE SURPRISE ? ? ?

    L’insurrection des gilets jaunes, c’est une révolte dont les causes multiples provoquent colères et souffrances et tiennent pour l’essentiel à des conditions de vie devenues insupportables. C’est celle des oubliés de l’histoire, « du peuple des périphéries » dont chaque membre vient crier « j’existe ! » Ce sont les victimes de la « grande société » mondiale et globale à laquelle ils doivent impérativement s’adapter, dont les composants destructeurs et corrosifs ont transformé toutes les sociétés en champs de ruines : Mondialisation, islamisation, fin des paysans, désindustrialisation, disparition des services publics et privés dans une très large partie du territoire, métropolisation, marchés immobiliers qui fonctionnent comme des centrifugeuses, déserts médicaux, dictature de l’oligarchie financière, chômage massif, précarisation du travail et de la vie… La liste est sans fin et le fossé ne cesse de s’élargir entre les gens « de partout », c’est-à-dire de nulle part et les gens qui se sentent de « quelque part ».

    ALORS ?

    Nous sommes attendus par le peuple français sans plus nous préoccuper de satisfaire la bourgeoisie détachée du destin national, même et souvent quand elle est chrétienne, c’est à lui que nous devons répondre. Ce qu’il veut ce peuple, c’est vivre décemment de son travail, se soigner, se loger, mettre ses enfants dans des écoles de proximité, disposer de libertés locales… Nous devons réapprendre à raisonner à partir du réel et nous en sommes capables.

    Nous devons pour être « crédibles » nous emparer de toutes ces questions afin d’y répondre de manière pratique.

    L’idée serait la suivante, encadrée par quelques principes simples :

    ➢ Dans la mesure du possible, c’est tout le mouvement qui doit se mettre au travail.

    ➢ Les groupes de réflexions devront réunir toutes les générations.

    ➢ Chaque groupe devra, bien entendu, être composé d’un noyau dur de quelques personnes disposant de compétences sur les sujets traités.

    N’étant pas omniscients, il faudra, dans la mesure du possible, faire travailler avec nous, ou à défaut consulter des personnes extérieures à l’AF ayant des compétences reconnues dans telle ou telle matière, ce qui permettra et de nous faire connaître et de faire valoir nos capacités de réflexion sur des thèmes précis.

    Dans un certain nombre de cas, il est possible que des oppositions apparaissent sans possibilité de synthèse. Il n’est pas question de rechercher un accord bancal qui laisserait les participants insatisfaits. Dans cette hypothèse, il y aura lieu d’exposer clairement les positions respectives dans le cadre d’une« disputatio » exposant clairement les arguments avancés.

    Les résultats sont destinés à être publiés le plus largement possible, bref nous devons devenir un Think tank (groupe de réflexion) réservoir d’idées… et prendre les moyens de les faire connaître.

    3.jpgQUELS SUJETS ?

    Ils sont nombreux, et tous les adhérents du mouvement peuvent contribuer à les définir.

    Une idée émise par les grenoblois permettrait d’en grouper un certain nombre sous le « chapeau » de la démographie dont :• L’immigration.• La politique familiale.• Métropolisation et désertification des zones rurales.• La question du grand âge et des maisons de retraite.• Les marchés immobiliers.• L’aménagement du territoire et la nécessaire revitalisation des zones rurales.• Les déserts médicaux.• L’hôpital.• La revitalisation commerciale des petites villes.

    Il serait intéressant, à cette occasion, de recenser les élus locaux susceptibles de nous apporter leur concours.

    Et puis, les grandes questions comme :• La fiscalité.• La financiarisation de l’économie et ses conséquences.• Le budget de la France, (identifier les dépenses inutiles.)• La justice.• La disparition des fonctions régaliennes sous traitées à des instances transnationales.• Comment sortir du libéralisme philosophie et anthropologie de la « sortie du politique »

    Cette liste ne peut être exhaustive, il nous appartient de la compléter.

    AU TRAVAIL !

  • SOUTENEZ, PARTICIPEZ ! ACTIVITES DES ROYALISTES ET/OU DU PAYS REEL DANS TOUTE LA FRANCE...

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    Cette page est ouverte à tous, lafautearousseau se voulant "la maison commune" de tous les royalistes, de toute obédience (RN/CRAF, NAR, GAR, DEXTRA, indépendants/"électrons libres"...)

    Aux deux seules conditions que l'on soit dans la double fidélité à l'école de pensée de l'Action française et à notre Famille de France, à laquelle nous sommes particulièrement attachés...

    Envoyez-nous les annonces et/ou les visuels de réunions de rentrée, Cercles d'études et de formation, Cafés politique/actualité/histoire, manifestations diverses etc...

    Après avoir appuyé la grande manif du 6 octobre, lafautearousseau appuie les suivantes : Manifestations contre la PMA les 1er décembre 2019, 19 janvier, 8 mars, 17 mai et 14 juin 2020...

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    Colloque de l'Action Française : Au service de l’Ecologie intégrale.

    Samedi 9 Mai 2020, de 14h à 22h 

    Colloque organisé par Le bien commun, L’Incorrect et Politique magazine.

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    https://www.actionfrancaise.net/evenement/colloque-au-service-de-lecologie-integrale/

     

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    Y aurait-il, même venant de loin, pour l'occasion, des personnes désireuses de venir se faire "expliquer", même de dehors, dans la rue et devant le portail fermé, l'ensemble "maison/jardin/l'homme Maurras" : lafautearousseau peut vous recevoir et vous fournir toutes les explications nécessaires...

    Ces rencontres calmes, pacifiques, seraient l'occasion de manifester, sereinement mais publiquement, devant le portail de la maison de Maurras :

    1. Pour demander la ré-ouverture de la maison et la possibilité de la visiter, ou alors que la Mairie donne publiquement la raison de la fermeture du site, et un calendrier pour les travaux et sa réouverture à la visite...

    2. Pour demander le libre accès au jardin, en permanence...

    3. Et pour demander l'inscription de la très belle "maison de Maurras" au réseau des Maisons des Illustres, afin qu'elle devienne un grand centre intellectuel - national et international - de recherches sur Maurras, sa vie, sa personnalité, son oeuvre...

    Il vous suffit de nous contacter, et nous organiserons la chose ensemble, aussi souvent que des groupes se manifesteront...

     

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    • Conférences, Réunions, Cercles de formation, Manifestations diverses... dans la France entière...

     

    Vendredi 14 Février à 19h00, l'Action française Le Mans aura le plaisir d’accueillir Viktor Ober (du mouvement de jeunesse Academia Christiana) dans le centre-ville du Mans pour une conférence intitulée « Rebâtir nos communautés ou se dissoudre ».

    Pour l’occasion nous tiendrons une buvette et un stand où vous pourrez acquérir notre mensuel « le Bien Commun » ainsi que notre matériel militant.

    PAF : 3 €

    Le nombre de places étant limité nous vous invitons à vous inscrire sur notre événement :

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    L'Action française Toulouse vous invite à son Cercle pour une conférence dont le thème sera "Le conflit russo-ukrainien" animée par Arthur Valois le Vendredi 14 Février à 19h00.

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    L'Action française Vichy vous invite à son Cercle Gustave Thibon pour une conférence dont le thème sera "L'écologie aujourd'hui" animée par Stéphanie Bignon, Présidente de Terre et Famille, le Vendredi 14 Février à 19h30.

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    L'Action française Limoges vous invite pour une conférence dont le thème sera "La Monarchie et la classe ouvrière" le Samedi 15 Février à 16h00. 

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    Le Samedi 15 février à Rouen, à 16h00, se tiendra une réunion d'information destinée à l'ensemble de nos sympathisants Normands, Picards et Oisiens. Enzo Sandré sera présent pour prendre des contacts en vue d'ouvrir des sections. Renseignement : rouen.etudiants@actionfrancaise.net

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    Cette réunion sera suivie d'une conférence dont le thème sera "Etre un militant efficace" animée par Enzo Sandré, à 17h00.

    Ce sera l'occasion pour les militants des jeunes sections de partir sur de bonnes bases !

    PAF : 2€ adhérents / 4€

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    La conférence sera précédée de l'assemblée générale du centre Lesdiguières à 18h30. Vous pouvez y assister.

     

    L'Action française Bourg en Bresse vous invite à son 1er cercle de formation dont le thème sera "Bases de la doctrine maurrassienne" animé par Stéphane Blanchonnet le Jeudi 27 Février à 19h30.

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    • PARIS CERCLE DE FLORE (10, rue Croix-de-Petits-Champs, 75001) :

    à 20h,

    10 rue Croix des Petits Champs, 75001 Paris, Metro 1 et 7 : Palais Royal - Musée du Louvre.

    PAF : 5€ (conférence) 10 â‚¬ (conférence + buffet)

     

    Le Cercle de Flore recevra Gérard Leclerc Vendredi 28 Février Ã  20h00 pour une conférence hommage à Pierre Debray dont le thème sera "Une politique pour le XXIe siècle".

    Une séance de dédicace ainsi qu'un buffet suivront la conférence.

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    • Les Mardis de Politique magazine :

     

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    GROUPE D'ACTION ROYALISTE (GAR)

     

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    DEXTRA

    Page  FB : https://www.facebook.com/dextra.franceenracinnee/

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    https://www.facebook.com/events/1631435983663667/

     

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    • Le Café Actualité d'Aix-en-Provence

     

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    • Le Café Histoire de Toulon

     

    1) Le Café Histoire de Toulon  vous informe de la causerie de Yohan Picot : " De la Loge au confessionnal ".  Cette causerie aura lieu le dernier mercredi du mois, le 26 février 2020 au pub des Missionnaires de la Miséricorde Divine, Le Graal (377 avenue de la RÃ
  • Et si son intervention militaire en Libye était d’abord pour la Turquie un moyen de pression pour obtenir la révision du

    Trois événements de grande importance rebattent le jeu géopolitique méditerranéen :

     

    1) Le 7 novembre 2019, afin de contrôler le tracé du gazoduc EastMed par lequel se feront les futures exportations de gaz du gigantesque gisement de la Méditerranée orientale vers l’Italie et l’UE, la Turquie a signé avec le GUN (Gouvernement d’Union nationale libyen), l’un des deux gouvernements libyens, un accord redéfinissant les zones économiques exclusives (ZEE) des deux pays. Conclu en violation du droit maritime international et aux dépens de la Grèce et de Chypre, cet accord trace aussi artificiellement qu’illégalement, une frontière maritime turco-libyenne au milieu de la Méditerranée.

     

    2) La sauvegarde de cet accord passant par la survie militaire du GUN, le 2 janvier 2020, le Parlement turc a voté l’envoi de forces combattantes en Libye afin d’empêcher le général Haftar, chef de l’autre gouvernement libyen, de prendre Tripoli.

     

    3) En réaction, toujours le 2 janvier, la Grèce, Chypre et Israël ont signé un accord concernant le tracé du futur gazoduc EastMed dont une partie du tracé a été placée unilatéralement en zone maritime turque par l’accord Turquie-GUN du 7 novembre 2019.

    Ces évènements méritent des explications:

    AVT_Bernard-Lugan_2614.jpgPourquoi la Turquie a-t-elle décidé d’intervenir en Libye ?

     

    La Libye fut une possession ottomane de 1551 à 1912, date à laquelle, acculée militairement, la Turquie signa le Traité de Lausanne-Ouchy par lequel elle cédait la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Dodécanèse à l’Italie (voir à ce sujet mes deux livres Histoire de la Libye et Histoire de l'Afrique du Nord des origines à nos jours).

    Depuis la fin du régime Kadhafi, la Turquie mène un très active politique dans son ancienne possession en s’appuyant sur la ville de Misrata. A partir de cette dernière, elle alimente les groupes armés terroristes sahéliens afin d’exercer un chantage sur la France : « Vous aidez les Kurdes, alors nous soutenons les jihadistes que vous combattez  »…

    A Tripoli, acculé militairement par les forces du général Haftar, le GUN a demandé à la Turquie d’intervenir pour le sauver. Le président Erdogan a accepté en échange de la signature de l’accord maritime du 7 novembre 2019 qui lui permet, en augmentant la superficie de sa zone de souveraineté, de couper la zone maritime économique exclusive (ZEE) de la Grèce entre la Crête et Chypre, là où doit passer le futur gazoduc EastMed.

     

    En quoi la question du gaz de la Méditerranée orientale et celle de l’intervention militaire turque en Libye sont-elles liées ?

     

    En Méditerranée orientale, dans les eaux territoriales de l’Egypte, de Gaza, d’Israël, du Liban, de la Syrie et de Chypre, dort un colossal gisement gazier de 50 billions de m3 pour des réserves mondiales de 200 billions de m3 estimées. Plus des réserves pétrolières estimées à 1,7 milliards de barils de pétrole.

    En dehors du fait qu’elle occupe illégalement une partie de l’île de Chypre, la Turquie n’a aucun droit territorial sur ce gaz, mais l’accord qu’elle a signé avec le GUN lui permet de couper l’axe du gazoduc EastMed venu de Chypre à destination de l’Italie puisqu’il passera par des eaux devenues unilatéralement turques… Le président Erdogan a été clair à ce sujet en déclarant que tout futur pipeline ou gazoduc nécessitera un accord turc !!! Se comportant en « Etat pirate », la Turquie est désormais condamnée à s’engager militairement aux côtés du GUN car, si les forces du maréchal Haftar prenaient Tripoli, cet accord serait de fait caduc.

     

    Comment réagissent les Etats spoliés par la décision turque ?

     

    Face à cette agression, laquelle, en d’autres temps, aurait immanquablement débouché sur un conflit armé, le 2 janvier, la Grèce, Chypre et Israël ont signé à Athènes un accord sur le futur gazoduc EastMed, maillon important de l’approvisionnement énergétique de l’Europe. L’Italie, point d’aboutissement du gazoduc devrait se joindre à cet accord.

    De son côté, le maréchal Sissi a déclaré le 17 décembre 2019 que la crise libyenne relevait de « la sécurité nationale de l’Egypte » et, le 2 janvier, il a réuni le Conseil de sécurité nationale. Pour l’Egypte, une intervention militaire turque qui donnerait la victoire au GUN sur le général Haftar représenterait en effet un danger politique mortel car les « Frères musulmans », ses implacables ennemis, seraient alors sur ses frontières. De plus, étant économiquement dans une situation désastreuse, l’Egypte, qui compte sur la mise en chantier du gazoduc à destination de l’Europe ne peut tolérer que ce projet, vital pour elle, soit remis en question par l’annexion maritime turque.

     

    Quelle est l’attitude de la Russie ?

     

    La Russie soutient certes le général Haftar, mais jusqu’à quel point ? Quatre grandes questions se posent en effet quant aux priorités géopolitiques russes :

     

    1) La Russie a-t-elle intérêt à se brouiller avec la Turquie en s’opposant à son intervention en Libye au moment où Ankara s’éloigne encore un peu plus de l’OTAN ?

    2) A-t-elle intérêt à voir la mise en service du gazoduc EastMed qui va fortement concurrencer ses propres ventes de gaz à l’Europe ?

    3) Son intérêt n’est-il pas que la revendication turque gèle la réalisation de ce gazoduc, et cela, pour des années, voire des décennies, compte tenu des délais impartis aux cours internationales de justice ?

    4) A-t-elle intérêt à affaiblir le partenariat qu’elle a établi avec la Turquie à travers le gazoduc Turkstream qui, via la mer Noire, contourne l’Ukraine et qui va prochainement être mis en service. ? D’autant plus que 60% des besoins en gaz de la Turquie étant fournis par le gaz russe, si Ankara pouvait, d’une manière ou d’une autre profiter de celui de la Méditerranée orientale, cela lui permettrait d’être moins dépendante de la Russie…ce qui ne ferait guère les affaires de cette dernière…

     

    Et si, finalement, tout n’était que gesticulation  de la part du président Erdogan afin d’imposer une renégociation du Traité de Lausanne de 1923 ?

     

    La Turquie sait très bien que l’accord maritime passé avec le GUN est illégal au point de vue du droit maritime international car il viole la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) que la Turquie n’a pas signée. Cet accord est également illégal au regard des Accords de Skrirat du mois de décembre 2015 signés sous les auspices des Nations Unies et qui constituèrent le GUN car ils ne donnent pas mandat à son chef, Fayez el-Sarraj, de conclure un tel arrangement frontalier. De plus, n’ayant que le Qatar pour allié, la Turquie se trouve totalement isolée diplomatiquement.

    Conscient de ces réalités, et misant à la fois sur l’habituelle lâcheté des Européens et sur l’inconsistance de l’OTAN effectivement en état de « mort cérébrale », le président Erdogan est soit un inconscient jouant avec des bâtons de dynamite soit, tout au contraire, un calculateur habile avançant ses pions sur le fil du rasoir.

    Si la seconde hypothèse était la bonne, le but de la Turquie serait donc de faire monter la pression afin de faire comprendre aux pays qui attendent avec impatience les retombées économiques de la mise en service du futur gazoduc EastMed, qu’elle peut bloquer le projet. A moins que l’espace maritime turc soit étendu afin de lui permettre d’être partie prenante à l’exploitation des richesses du sous-sol maritime de la Méditerranée orientale. Or, pour cela, il conviendrait de réviser certains articles du Traité de Lausanne de 1923, politique qui a déjà connu un début de réalisation en 1974 avec l’occupation militaire, elle aussi illégale, mais effective, de la partie nord de l’île de Chypre.

    Le pari est risqué car la Grèce, membre de l’OTAN et de l’UE et Chypre, membre de l’UE, ne semblent pas disposées à céder au chantage turc. Quant à l’UE, en dépit de sa congénitale indécision, il est douteux qu’elle acceptera de laisser à la Turquie le contrôle de deux des principaux robinets de son approvisionnement en gaz, à savoir l’EastMed et le Turkstream.

  • Le Covid-19 : les droits nationaux et la Cour de Karlsruhe, par François Schwerer.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Une institution nationale vient de rappeler aux technocrates de l’Union européenne qu’il n’existe pas de super-État fédéral, et que la BCE ne doit pas être un instrument politique.

    Le 5 mai 2020, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe a estimé que la Bundesbank devrait, dans les trois mois, cesser d’acheter des emprunts d’États de la zone euro pour le compte de la BCE si cette dernière ne prouvait pas que ces achats étaient justifiés. C’est la première fois de l’Histoire qu’une cour constitutionnelle d’un pays membre de l’UE a jugé que les actions et les décisions d’une institution européenne ont outrepassé les compétences qui lui ont été attribuées en vertu des traités.

    françois schwerer.jpgLa Constitution, garante de l’ordre juridique des pays membres

    La cour de Karlsruhe, contrairement à toutes les juridictions françaises qui ont fini par accepter la soumission du droit français au droit européen, estime que c’est la loi fondamentale allemande qui fondamentalement reste la norme juridique souveraine. En France, lorsqu’une décision d’une institution européenne vient heurter le droit fondamental, le Gouvernement s’empresse de plier ce dernier aux « avancées européennes », sans consulter le peuple, mais en réunissant le Parlement en Congrès. En privant ainsi le peuple de sa faculté de s’exprimer, il contribue à discréditer un peu plus chaque fois la vie politique aux yeux des citoyens.

    En se prononçant ainsi dans une affaire monétaire, budgétaire et financière, la Cour de Karlsruhe remet à l’endroit la hiérarchie des textes et des normes. La politique ne se limite pas à la mise en œuvre de mesures économiques de court terme ; la politique « ne se fait pas à la corbeille » ! Pas plus qu’elle ne dicte la politique, l’économie ne doit pas fonder le droit ; elle doit le respecter. Elle doit le respecter d’autant plus qu’il est l’expression de la souveraineté populaire. Le pouvoir politique allemand n’a accepté l’indépendance de la Banque centrale européenne que parce que l’euro sert les intérêts économiques allemands. Si l’euro devait conduire à adopter des mesures qui ne serviraient pas les intérêts allemands, alors le pouvoir politique aurait l’obligation de les combattre. La Cour met donc les intérêts nationaux au-dessus des intérêts européens, ce qui est normal puisqu’il n’existe pas de peuple européen.

    Ce faisant, la Cour de Karlsruhe révèle au grand jour que, dans les autres pays de l’Union, le pouvoir judiciaire a abdiqué toute indépendance vis-à-vis des partis qui se partagent les pouvoirs législatif et règlementaire avec le soutien actif des médias. À une époque où tout le monde s’abrite derrière le concept de démocratie pour justifier n’importe quelle position, la Cour vient rappeler que dans une démocratie le moins que l’on puisse faire est d’écouter et respecter la volonté du peuple.

    Les hauts magistrats allemands ont rappelé que nul ne peut permettre à son Gouvernement, à son Administration et à son Parlement de violer sa propre Constitution au motif que les institutions de l’Union européenne ont adopté certaines décisions et soutiennent avoir agi dans les limites de leurs compétences. Ces magistrats ne font que rappeler l’ordre des choses.

    Objet particulier de la décision allemande

    La décision de la Cour de Karlsruhe ne concerne pas une action de la BCE pour faire face à la crise économique et financière déclenchée par les mesures de confinement actuelles mais une décision de son ancien président, Mario Draghi, datant de 2015. Force est de constater que Christine Lagarde est allée encore plus loin que son prédécesseur dans la façon de s’affranchir des contraintes imposées par les traités.

    Ce que la Cour de Karlsruhe a visé, c’est le fait que la BCE, dans ses rachats de dettes, s’est affranchie de la règle de proportionnalité qui lui est imposée. En effet elle ne devait, en principe, racheter des dettes qu’à proportion de la participation de chaque pays dans son capital. Or les besoins de l’Italie (et de la France) étaient, déjà en 2015, nettement plus importants que ceux de l’Allemagne, alors que sa (leur) participation au capital de la BCE est très largement inférieure. Et le fossé ne fait que s’élargir, ne serait-ce que dans la mesure où le secteur économique le plus touché aujourd’hui est celui du tourisme, plus important en Grèce, en Espagne ou en Italie qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas.

    La BCE a donc trois mois pour justifier ses achats et son respect des règles de proportionnalité faute de quoi la Bundesbank sera contrainte de s’en retirer et de revendre les 534 milliards d’euros d’obligations publiques qu’elle détenait en son nom fin avril.

    Le 10 mai, la présidente de la Commission européenne a menacé l’Allemagne d’une possible procédure en justice. « Je prends la chose très au sérieux », a déclaré Ursula von der Leyen dans une réponse écrite à une question de l’élu écologiste allemand du Parlement européen Sven Giegold, qui a publié cette lettre sur son compte twitter.

    Le jugement allemand n’est pas passé inaperçu notamment dans des pays comme la Hongrie ou la Pologne, qui ont maille à partir avec la Commission et la justice européenne en raison de restrictions de « l’état de droit » dont ils sont accusés chez eux.

    L’Allemagne est-elle mieux gérée ?

    Si l’on replace la décision de la Cour de Karlsruhe dans son contexte politique, il convient de rappeler que l’Allemagne était entrée dans l’euro avec un mark fortement dévalué. Cela résultait autant de la réunification de l’Allemagne où Helmut Kohl avait réussi le plus invraisemblable tour de passe-passe monétaire (en décidant que pour les entreprises un Deutschemark  vaudrait deux Ostmarks alors que pour les particuliers, un Deutschemark vaudrait un seul Ostmark) que de l’ineptie du « Franc fort » colportée par Jean-Claude Trichet. À l’époque, François Mitterand voulait l’arrimage de l’Allemagne à l’Europe coûte que coûte. Il en est résulté que l’économie allemande a peu à peu entièrement phagocyté la totalité des économies industrielles européennes (Italie, France…), ne laissant survivre que les économies marchandes (Pays-Bas…) qui n’avaient pas à subir sa concurrence déloyale. Il ne faut pas penser que la différence de politique sociale et fiscale a suffi pour en arriver à ce résultat – même si elle y a contribué.

    La contrepartie de cette politique est qu’aujourd’hui, l’Allemagne est tributaire de l’ensemble de ses partenaires puisqu’elle n’a pas réussi à conquérir le monde à partir du seul marché européen. Que les partenaires européens s’écroulent et elle s’effondrera à son tour… un peu plus tard !

    Il y a bien longtemps que l’Union européenne viole allègrement la lettre des traités qui l’ont fondée, sous prétexte d’un mécanisme de construction téléologique… et que les Gouvernements et les Cours de Justice nationales s’en lavent les mains. Électoralement parlant, il est plus facile de surfer sur une crête que d’affronter un obstacle de plein fouet.

    La Cour de Karlsruhe se réveille au moment de la crise sanitaire de 2020 et décide d’appliquer le droit positif, tel qu’il existe non seulement en Allemagne mais encore dans la plupart des pays européens. À plusieurs reprises, auparavant, l’opportunité lui en avait été donnée mais elle ne l’a pas fait. Dès lors, la seule vraie question est de savoir : pourquoi ?

    Est-ce parce que la Cour de Karlsruhe a constaté que la situation économique de l’Union européenne est telle que les clients captifs de l’Allemagne ne sont plus au rendez-vous et que l’on va s’apercevoir que la santé économique du pays est tributaire de celle de ses partenaires comme le développement d’un parasite dépend de la santé de l’hôte qui l’abrite ? La Cour de Karlsruhe craint-elle, qu’en maintenant le pouvoir d’achat de ses citoyens (mesures de chômage partiel, subventions à diverses catégories sociales jugées défavorisées…) alors que la production n’aura pas repris assez vite, le Gouvernement français ne relance une inflation qui pourrait se révéler contagieuse dans toute la zone euro ? A-t-elle peur d’une réaction populaire mal maîtrisable comme celle qui commence à poindre dans certaines grandes villes du pays ? Redoute-t-elle simplement que l’Allemagne perde son statut de « moteur » de la construction européenne au moment où la Grande-Bretagne n’est plus là pour le lui disputer ? Quoi qu’il en soit, elle fait preuve aujourd’hui d’une orthodoxie juridique nationale à laquelle plus personne n’était habitué en Europe.

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  • Quem vult Jupiter perdere, dementat…

    Par Hilaire de Crémiers 

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    Macron se croit au centre du jeu. Son univers s’effondre sur le plan national comme sur le plan international. Il maintient le cap… Vers les élections européennes. 

    Tout est fait pour rassurer les Français.

    Les statistiques officielles, comme il se doit, se plient ingénieusement aux souhaits du gouvernement. Par exemple, il a été annoncé, fin janvier, qu’il y avait moins de demandeurs d’emplois. C’était la formule utilisée : ah, que ces choses-là sont bien dites ! Ce qui signifierait par équivalence de termes que le chômage décroît, au-dessous de 10 %, vers 9 %, les 10 % étant considérés comme la barre décisive, au-dessous de laquelle la bataille de l’emploi peut commencer à être gagnée. Macron aurait réussi là où Hollande a échoué ; ce serait le premier fruit de sa politique de réforme. Croira qui voudra.

    Des chiffres non signifiants

    Les réalités prétendument appréhendées sont tellement disparates que ces chiffres perdent toute signification. Il est des territoires – et ils sont nombreux – où une partie de la population, peut-être la moitié, voire davantage, surtout jeune, ne travaille pas selon les critères habituels ; elle est tellement sortie des champs d’investigation qu’elle ne peut être intégrée dans les calculs. Le savent bien les détenteurs de l’autorité publique qui doivent et osent affronter le problème : allez demander à un maire de banlieue dans des zones défavorisées !

    La fausseté consiste encore à éliminer du comptage non seulement ce qu’il est convenu d’appeler les faux chômeurs – ce qui se conçoit et se pratique de plus en plus drastiquement – mais aussi bien tout ce qui ne répond pas aux normes du système de triage ! Il serait à la fois scientifique et moral de ne pas tenir compte de ce qui ne mérite pas d’être compté. Concrètement, le chômage structurel est durablement installé dans les zones où les pouvoirs publics n’ont en fait plus accès et donc n’ont plus de possibilité d’action. Mais ça, qui le dira ?

    1015010337.jpgIl en est de même des chiffres de l’immigration, présentés fallacieusement, comme l’a montré encore récemment Michèle Tribalat dans le numéro du mois de février de Politique magazine.

    Cette immigration ne fait qu’aggraver le phénomène du chômage et, pire, pour les mêmes raisons signalées plus haut, du chômage non véritablement comptabilisé. Qui peut compter ? Personne, bien sûr ! Et surtout pas les commentateurs officiels qui racontent n’importe quoi.

    Ces séries d’enchaînements de fausses politiques et d’analyses mensongères se constatent en tous domaines et à tous niveaux avec les effets désastreux que les Français endurent mais qui sont dissimulés par tout l’appareil officiel pour leurrer l’opinion. C’est systématique.

    Un peuple abandonné

    Le gouvernement a beau proclamer que la situation s’améliore, le Français moyen qui essaye de vivre de son travail, éprouve le sentiment contraire. Pas seulement pour les questions de sécurité ! La vie tout simplement. Il est affirmé que le pouvoir d’achat augmente et que la prime d’activité ou de complément de salaire, décidée par Macron en décembre, devrait satisfaire le bon peuple qui n’aurait plus de raison de pester contre la vie chère. Un cadeau ? Octroyé par le chef de l’État plein de commisération ? Soit, et alors ? Quel est le statut de ceux qui y ont droit ? Celui d’obligés ? Quelle amertume !

    gilets-jaunes_4097890.jpegLa partie la plus modeste de la population française et tout aussi bien ce qu’il est convenu d’appeler la classe moyenne, celle des gens qui vivent normalement et supportent le plus de prélèvements obligatoires, vivent dans un profond désarroi. Cela fait beaucoup de monde. Ce peuple, qui est fondamentalement le nôtre – encore –, se sent dépossédé de son héritage, privé de son unité, arraché à son histoire, dépouillé de sa liberté et abandonné dans une insécurité quotidienne, politique, sociale, économique. Pour nombre de nos compatriotes, rien ne sert plus à rien. C’est un « jour le jour », sans perspective et sans charme ; le phénomène n’est pas seulement périphérique ; il touche le fond des campagnes où les suicides se multiplient, et le cœur des villes où la tristesse se lit sur les visages.

    Avez-vous jamais pris les transports en commun aux heures de pointe et dans les cohues babéliques des matins et des soirs ? Qui se sent chez soi ? Lequel des dirigeants accepterait un sort pareil ? Imaginez seulement les plus beaux représentants de la caste dominante, imaginez-les lâchés au plus profond du 9-3 vers les 10 heures du soir et obligés de rentrer chez eux sans autre moyen que leurs jambes. L’expérience ne serait-elle pas divertissante et fructueuse ?

    I00017021.jpgLe peuple français ne bénéficie plus de cette amitié nationale qui est le plus précieux des biens. Cette amitié est infiniment plus que la plate solidarité d’une technocratie sans âme. Elle se vit dans la liberté du cœur et de l’esprit. Un Pompidou, encore, avec son sens de la France, en exprimait la force et la nécessité, lui qui refusait d’aviver les querelles du passé parce qu’il fallait que les Français s’aimassent entre eux et, d’abord, commençassent par s’aimer eux-mêmes dans leur histoire et leur génie.

    Notre régime n’est plus qu’un régime de haine. Le pouvoir devient une faction. Macron s’en rend-il compte ? Le voilà lancé à corps perdu dans la reconquête de son pouvoir , alors que ses conseillers les plus proches, ceux qui l’ont accompagné dans sa prise du pouvoir, le quittent les uns près les autres et que l’étrange Benalla dont nul ne sait au juste quel était le statut, sinon qu’il était un proche des plus proches, se trouve aujourd’hui en prison, son impunité ne pouvant résister à tant de mensonges et de passe-droits éhontés. Il avait des connivences dans tout l’entourage de Macron, jusqu’au sommet des institutions ! Qu’est-ce donc que la macronie ? Qu’est-ce que l’Élysée sous Macron ? Les sénateurs ont osé poser la question. Le gouvernement, du coup, les poursuit de sa vindicte. La macronie a cassé la société française, elle a procédé par effraction. Toute l’astuce de cette bande, de ses sbires et de ses sicaires, fut de se servir du dégoût des Français pour se hisser eux-mêmes au pouvoir et mieux les rejeter ensuite, et toujours en les culpabilisant.

    edouard_philippe_en_direct_du_finist_re_le_retour_032-00_10_13_21-4093405.jpgPauvres Gilets jaunes ! Que peuvent-ils espérer sinon d’être dénigrés, associés à tous les vices et les crimes ?

    À quoi sert leur révolte ? À diviser encore plus les Français et sur ces divisions à favoriser une stratégie électorale gagnante où Macron espère rejouer au plan européen la même partie qui l’a porté au pouvoir en France. Voilà des mois que ce stratagème prétendument démocratique est décrit dans ces colonnes ! Il se réalise sous nos yeux. Et peu importe que ce ne soit qu’à 25 % des voix ! L’important est de créer des clivages : progressistes européens et nationalistes rétrogrades !

    Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut est-il agressé dans la rue par un islamiste et lui-même précise-t-il qu’il sait fort bien le sens de cette agression et qu’il ne convient donc pas de tomber dans le piège de pareille provocation, rien n’y fait. Des partis politiques à bout de souffle, des politiciens cyniques, des journalistes sans foi ni loi qui ont laissé la gangrène de l’islamo-gauchisme dévorer la société française, en profitent pour se refaire une virginité de bon aloi et reprendre leur rôle de professeurs de morale. Avec l’idée maintenant de criminaliser l’antisionisme ! Le sionisme n’est-il pas un nationalisme ? Comme l’islam, un vecteur du nationalisme arabe ? Alors, ces nationalismes devraient donc être sacralisés ? Et seul sera voué à l’exécration par la République le nationalisme français ? Qui ne comprendrait que le problème est mal posé ? Ah, oui, pauvres Gilets jaunes !

    55996883.jpgMaintenant leur sort sera de servir de repoussoir. Le mécanisme électoral est tel qu’aucune réaction du corps national ne peut aboutir. Seulement, la société se délite. Quant à l’Europe, elle éclate. Les intérêts divergent comme partout dans le monde. Les dernières rencontres internationales ne l’ont que trop montré, que ce soit à la conférence sur la sécurité du 16 février dernier à Munich ou encore à Varsovie. Les États-Unis suivent leur ligne implacablement et l’annoncent imperturbablement. La Chine pareillement. L’Europe n’est qu’une superstructure qui ne vit que pour elle-même et pour ses stipendiés ; elle n’a pas de politique commune ; elle en aura de moins en moins. On en est aujourd’hui à se lancer des insultes par dessus les frontières entre nations-sœurs comme l’Italie et la France. Nul ne sait ce que va faire l’Angleterre ni demain l’Allemagne. Et Macron prétend jouer le dresseur de fauves dans ce cirque ? Il a tout simplement perdu le sens : « Quem vult Jupiter perdere, dementat prius ». Macron, en dépit qu’il en ait, n’est pas Jupiter. Il ferait bien de se méfier.  

    Hilaire de Crémiers

  • Du communisme de bistrot à la chouannerie populaire ?

    Par Jean-Philippe Chauvin

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    « Le comptoir du café est le parlement du peuple » Balzac

    « Le comptoir du café est le parlement du peuple », affirmait Balzac, et je fais souvent mienne cette célèbre citation du non moins célèbre royaliste, en entretenant discussions et parfois querelles dans les estaminets et restaurants des villes et villages de France que je traverse ou dans lesquels j’habite et vis.

    Ainsi, il y a quelques jours à Versailles : alors que je me régalais d’un mille feuilles aux framboises fait maison (c’est tellement meilleur qu’un surgelé décongelé), deux « communistes » sont arrivés, forte carrure et blouse de travail sur le dos, salués de leur présumée étiquette par le patron des lieux. Aussitôt, évidemment, la discussion, brève et cordiale, s’engagea, m’étant moi-présenté comme royaliste.

    bistrotsdoisneau.jpgLe plus virulent, sorte de Peppone sans moustache, s’engagea dans un discours sur les congés payés, les 35 heures, et les progrès sociaux du XXe siècle, avec le ton déclamatoire d’un Georges Marchais façon Thierry Le Luron, tandis que l’autre me soufflait, d’un air amusé, qu’ils n’étaient pas vraiment communistes… Mais, au travers de sa harangue, le premier évoquait une sorte de nostalgie d’un temps apparemment révolu, celui des « conquêtes sociales » devenus, pour le meilleur mais parfois aussi pour le moins bon, des « acquis sociaux ». Il est vrai que, depuis une quarantaine d’années, notre société est entrée dans une période et un climat d’insécurité sociale, entre chômage structurel et crainte du déclassement. Pendant longtemps, les économistes et les politiques ont, pour la plupart, minimisé ces phénomènes et raillé les sentiments des classes populaires, puis des classes moyennes, arguant que la mondialisation était heureuse, forcément heureuse parce que l’on n’avait jamais autant consommé depuis les débuts de l’humanité. De l’ouvrier producteur et exploité des temps de l’industrialisation, on était passé au consommateur qu’il s’agissait de contenter et d’inciter, toujours et encore, à consommer, non seulement pour son plaisir mais pour le plus grand profit de la Grande distribution et d’un système de « désir infini dans un monde fini », selon l’expression de Daniel Cohen, dont, justement, il s’agissait d’oublier la seconde partie de la formule pour que ce système perdure et garde sa « profitabilité ».

    Aujourd’hui, la France est en fin de désindustrialisation, et les délocalisations spéculatives continuent, pour le plus grand bonheur des actionnaires souvent peu intéressés par les conditions de leurs gains, et notre nation a perdu, dans le même mouvement, son fin maillage de services publics et de cafés, renouant avec un « désert français » que Jean-François Gravier dénonçait à l’orée des années Cinquante et que l’action de la gaullienne DATAR avait cherché à éviter, ou à ordonner pour en limiter les effets délétères. En fait, la répartition des habitants de notre pays était moins déséquilibrée du temps de la rédaction du livre de Gravier, et la « déconcentration » des années de Gaulle puis la « décentralisation » des lois Defferre et des politiques Pasqua et Raffarin n’ont, en définitive, abouti qu’à rendre « plus acceptable » un processus de métropolisation qui a littéralement asséché les territoires ruraux de France et concentré les populations actives autour des grandes cités et au sein des grandes aires métropolitaines. Non que les intentions des uns et des autres fussent mauvaises, mais la République et les féodalités qu’elle préserve et dont elle dépend ont dévoyé le noble mouvement de « retour au local » qui s’ébauchait par la Loi et l’ont transformé en nouvel âge féodal, libéral en principe et égoïste en fait, au profit d’une nouvelle classe dominante globale, mondialisée et nomade tout autant qu’intéressée et hypocrite, peu soucieuse du Bien commun. Suis-je trop sévère dans mes appréciations ? Peut-être est-ce un moyen d’éviter d’être cruel dans la pratique, préférant toujours la juste colère à l’injuste violence…

    Le peuple des cafés ne prend pas toujours des précautions oratoires pour parler des princes sans principes qui nous gouvernent, et il n’est guère sensible aux appels médiatiques et politiques à la raison, considérant que celle-ci n’est plus que la tentative des puissants de se préserver d’une colère populaire qui, désormais, déborde en une crue anarchique mais qui pourrait, hors du Pays légal, s’avérer féconde pour le Pays réel. Est-il « communiste », ce peuple-là ? Non, mais il se sert du « mythe » d’un communisme des travailleurs qui, s’il n’a jamais été qu’un leurre ou une terrible illusion qui s’est payée de millions de morts plus à l’est que Strasbourg et que Calcutta, a permis, par son existence étatique et historique en Russie puis en Chine, d’équilibrer, par la peur qu’il suscitait pour les « capitalistes » occidentaux, le rapport de forces entre les travailleurs et les puissances financières et économiques du XXe siècle : c’était, d’une certaine manière, une « réaction » (et c’est Maurras qui, d’ailleurs, l’évoquera comme telle) à la création et à l’exploitation du Prolétariat permise par le triomphe du modèle anglo-saxon d’industrialisation, mais aussi par la destruction du modèle social corporatif français dans les années de la Révolution et de l’Empire au nom d’une drôle de « Liberté du Travail » qui s’émancipait, d’abord, des droits des travailleurs eux-mêmes.

    euro-vampire.jpgAujourd’hui, la dérégulation voulue par la Commission européenne et la privatisation accélérée de pans entiers de l’appareil français d’encadrement et de services, mais aussi d’équipements et d’infrastructures que les Français pensaient « posséder » par leurs impôts (ce qui n’était pas tout à fait faux…), entretiennent ce fort sentiment de « dépossession » qui nourrit la colère des Gilets jaunes, une colère que nombre de Français « délèguent » aux manifestants fluorescents du samedi et qui anime les émissions et les débats télévisuels depuis plus de quatre mois sans que l’on sache vraiment ce qui pourrait épuiser totalement les troupes contestatrices. Que la République, en son gouvernement du moment, méprise à ce point ceux à qui, si l’on suivait les règles d’une démocratie équilibrée sans être toujours décisionnaire (car ce dernier cas de figure pourrait alors mener à la paralysie ou à la démagogie dictatoriale façon Pisistrate), elle devrait rendre des comptes autrement que par l’élection parlementaire (sans la remettre en cause pour autant, car elle a son utilité, en particulier « consultative » ou « représentative »), apparaît bien comme un affront à la justice civique qui n’est jamais très éloignée, en définitive, de la justice sociale. Les dernières annonces sur l’augmentation prévue du prix de l’électricité pour les mois prochains, sur la mise en place de 400 nouveaux radars destinés plus à rapporter de l’argent qu’à prévenir des comportements routiers dangereux, sur le report de l’âge (plutôt « pivot » que « légal ») de la retraite, sur les nouvelles taxes sur l’héritage ou sur la propriété privée des classes moyennes, etc., apparaissent comme la volonté de « passer en force » pour appliquer un programme « social » (« antisocial » serait sémantiquement plus approprié…)  décidé au-delà des frontières de notre pays, en des institutions qui se veulent « gouvernance » ou « européennes » (ou les deux à la fois), et pour complaire à des puissances qui sont d’abord celles de « l’Avoir » quand il serait préférable que « l’Etre » soit pris en compte avant elles…

    La colère du peuple des comptoirs sera-t-elle suffisante pour remettre à l’endroit un monde politique qui pense à l’envers des classes populaires et moyennes ? Il y faudrait un caractère qui y soit politique sans être politicien ; révolutionnaire en stratégie et en pratique sans être nostalgique d’une Révolution française qui a installé les principes qui gouvernent désormais l’économie ; social sans être étatiste ou sectaire… La République ne craint pas vraiment, passés les premiers émois, les jacqueries qu’elle peut réprimer et discréditer en dressant les Français les uns contre les autres, en « classes ennemies » quand elles devraient être des classes complémentaires et fédérées dans le corps civique, mais elle pourrait bien craindre la cristallisation des mécontentements en chouanneries qui ne se contenteraient pas de contester mais seraient animées par un esprit de fondation et de service nécessaire pour le pays, et pour le pays d’abord, compris comme l’ensemble de ce qui vit et travaille au sein des territoires, de la métropole à l’Outre-mer, de l’usine à la ferme, de l’école à l’épicerie. Il n’est pas alors interdit de travailler dès maintenant à préparer cette alternative qui pourrait donner au peuple des cafés, mieux encore qu’un espoir fugace, une espérance pour longtemps et un débouché politique et institutionnel...    

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Notre-Dame de Paris, prochaine victime de l’idéologie du dépoussiérage

    Une tribune de Bérénice Levet

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpg Les progressistes qui nous gouvernent sont incapables de concevoir que les chefs-d’œuvre du passé comme la cathédrale de Paris sont en avance sur nous, s’alarme ici Bérénice Levet*. [Le Figaro, 24.04]. Cette tribune consacrée à « Emmanuel Macron et Notre-Dame de Paris », nous a vivement intéressés. Elle ne manquera pas de retenir l'attention des lecteurs de notre site. C'est, dans le trouble et l'émotion qui ont suivi l'incendie de Notre-Dame « une cure d'altitude mentale ».   Lafautearousseau. 

     

    XVMfc375418-65cd-11e9-886f-2e1105865bd6-250x250.jpgDécidément, depuis quelques mois, quoi qu’il advienne, le président Emmanuel Macron est rappelé à cette vérité, cruelle pour lui : il n’est pas à la tête d’une start-up nation mais d’un peuple, c’est-à-dire d’une communauté, historiquement constitué, héritier d’une longue, d’une très longue histoire. Et à laquelle il est infiniment attaché.

    L’émoi, l’ébranlement, l’anxiété qui ont saisi les Français lorsqu’ils ont découvert, lundi dernier, la cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes, l’a une fois encore vérifié.

    Cette nuit-là, pour paraphraser Paul Valéry, Notre-Dame n’a pas péri, mais s’est sentie périr. Venue d’une autre rive temporelle, Notre-Dame de Paris nous dit l’épaisseur des siècles dont nous sommes les héritiers et les débiteurs. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas que des hommes du XXIe siècle, et c’est bien pourquoi nous ne devons jamais la conjuguer au présent.

    « Ce que nos pères nous ont dit », c’est le titre que le maître de Proust en matière d’art, John Ruskin, devait donner à la série d’ouvrages qu’il projetait de consacrer aux cathédrales après l’écriture de sa Bible d’Amiens. En vertu de leur pérennité, de leur potentielle immortalité, - qui tient à leur essence, au fait de n’être ni des produits de consommation, ni de simples objets d’usage, car si la cathédrale a bien une fonction religieuse, sa magnificence ne s’explique que par sa destination, elle est bâtie ad majorem gloriam dei - avec les œuvres d’art, les monuments composent ce que Hannah Arendt appelait « la patrie non mortelle des êtres mortels ». Monde commun des vivants et des morts.

    Les cathédrales renvoient aux fondements de notre civilisation, à ses fondations en un sens très concret, à ce qu’on acceptera d’appeler les racines chrétiennes de la France, pourvu qu’on y entende monter la sève qui irrigue et inspire et non ce qui immobilise, fixe et fige. Les bâtisseurs des cathédrales sont d’abord les bâtisseurs d’une civilisation - à laquelle nous ne tenons plus que par des fils ténus. Et si nous avons tant tremblé au cours de la nuit du 15 au 16 avril, hantés par la perspective d’un éboulement complet de Notre-Dame, c’est que sa disparition eût été comme l’indice d’un fil qui se rompait, d’une page qui se tournait.

    Aussi longtemps que ces témoins du passé demeurent fièrement debout, nous ne pouvons pas tout à fait oublier qui nous sommes. « Ce n’est pas le curé de l’église voisine qui a converti nos enfants et nos frères, écrivait Emmanuel Levinas, c’est Pascal, c’est Bossuet, c’est Racine, ce sont les bâtisseurs des cathédrales de Chartres et d’ailleurs. » Les cathédrales nous sont une inlassable piqûre de rappel de ce que l’histoire de la France ne commence pas avec nous, non plus avec la Révolution et la Déclaration des droits de l’homme, qu’une patrie n’est pas qu’ensemble de valeurs ou alors des valeurs incarnées à la fois par des hommes et précisément par ces chefs-d’œuvre de pierre qui disent l’âme d’un peuple.

    Or, dès le lendemain de la catastrophe de Notre-Dame, le 16 avril au soir, Emmanuel Macron a tenu à prendre la parole. Et la tonalité de son « adresse aux Français », ainsi qu’il l’a présomptueusement qualifiée, fut celle d’un chef d’entreprise obsédé de « positive attitude », galvanisant ses troupes à grand renfort de formules managériales - « devenir meilleurs que nous ne le sommes » - et cédant, nous y sommes accoutumés, à ce verbiage destiné à satisfaire en même temps progressistes et conservateurs. À l’attention de ces derniers, le président ne manque pas d’évoquer la « continuité qui fait la France », cette « France spirituelle ». Volontarisme de surface pour mieux dissimuler ses manquements, et le mot est faible, en matière de politique patrimoniale.

    Enfant gâté trépignant d’impatience, avant même qu’un état des lieux n’ait été établi, Emmanuel Macron fixait une échéance : « Je veux que ce soit achevé d’ici cinq années. » Attitude qui témoigne d’un esprit consumériste qui a pénétré jusqu’au sommet de l’État : tout, tout de suite ! Depuis, la question agite les médias : cinq années, est-ce réalisable ? Cette question est hors de propos et étrangère à l’esprit des bâtisseurs de cathédrales.

    Loin de la compassion que Simone Weil promettait aux choses qui se découvrent à nous « belles, précieuses, fragiles et périssables » - et c’était bien ce que l’incendie venait de nous révéler : l’altière et souveraine Notre-Dame de Paris, qu’on voulait croire éternelle, pourrait ne plus être -, le tour que prend la reconstruction de Notre-Dame fait songer au philosophe Gunther Anders décrivant la psychologie des modernes : « Tout pouvant être reconstruit, l’anéantissement n’est pas si grave et peut même être une chance. » Non seulement reconstruit mais, chance plus grande encore, remplacé. Dans le monde des progressistes, « plus de perte, plus de deuil - ce mot si humain », commente magnifiquement mais tristement le philosophe. Et c’est ce que nous devions apprendre le lendemain. Les vivants, les contemporains étaient appelés à remplacer les morts.

    Dès le 17 avril, Edouard Philippe annonçait en effet le lancement d’un concours international pour reconstruire la flèche afin de trancher la question de savoir si on la reconstruisait à l’identique selon les plans de Viollet-le-Duc ou bien si l’on prenait le parti de « doter la cathédrale d’une nouvelle flèche adaptée - mot talisman des progressistes - aux techniques et aux enjeux de notre présent ». L’Élysée annonçait que le président souhaitait qu’un « geste architectural contemporain puisse être envisagé ». Traduisons : l’incendie qui a détruit la flèche nous offre enfin l’occasion de dépoussiérer Notre-Dame, de la mettre au goût du jour.

    On notera l’ingratitude à l’égard de Viollet-le-Duc qu’une telle décision implique : profiter ainsi de l’incendie qui a détruit son œuvre pour le faire lui-même flamber dans un grand feu grégeois est d’une extrême brutalité. Comment ne pas songer à T.S. Eliot dénonçant « le provincialisme non de l’espace mais du temps ; pour lequel le monde est la propriété des seuls vivants, propriété où les morts n’ont pas de place » ?

    Ainsi après Molière, Racine, Mozart, après le Louvre et sa galerie Médicis investie par le ver de terre de Jan Fabre rampant au pied des Rubens, après Versailles colonisé par le « vagin de la reine » d’Anish Kapoor, la place Vendôme défigurée par le « plug anal » de McCarthy, Notre-Dame risque-t-elle bien d’être la prochaine victime de cette redoutable esthétique du dépoussiérage et de l’actualisation. Anne Hidalgo proposera peut-être d’y percher le bouquet de tulipes de Jeff Koons accepté par la Ville de Paris mais dont personne ne sait réellement que faire ?

    L’homme cultivé, disait Hannah Arendt, se reconnaît à ce que nous pouvons compter sur lui pour prendre soin des œuvres d’art. Cela vaut pour une nation. S’il est un domaine où il faut redevenir conservateur, c’est bien, avec l’école, celui de la culture. Si notre président tient absolument qu’à quelque chose malheur soit bon, ce ne peut être qu’à instaurer une politique patrimoniale digne de ce nom. La charge symbolique de Notre-Dame est assurément incommensurable mais l’identité de la France au sens le plus charnel du terme, sa physionomie dépend intensément de la pérennité de ses églises, de ses clochers, de la persistance de ce « blanc manteau d’églises » dont s’est tôt revêtue la France.

    « Alors oui, nous rebâtirons la cathédrale, plus belle encore », s’est enthousiasmé Emmanuel Macron. Parole par excellence de progressiste, incapable de concevoir que le passé puisse avoir quelque avance sur nous et assuré qu’aujourd’hui ne peut qu’être supérieur à hier. Invitons notre président à méditer, devant le vitrail de la cathédrale de Chartres les illustrant, les célèbres paroles de Bernard de Chartres : « Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu’eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu’ils nous portent en l’air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque. »    

    * Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie au Centre Sèvres. Elle vient de faire paraître Libérons-nous du féminisme !  aux éditions de l'Observatoire, 2018. Elle avait publié précédemment « Le Crépuscule des idoles progressistes » (Stock, 2017) et « La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges », préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016). 
  • EUROPÉENNES 2019 : LE NOUVEAU CLIVAGE PERSISTE ET SIGNE

    Par Rémi Hugues

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    Alors que se termine la campagne des élections européennes cru 2019, le premier scrutin intermédiaire de dimension nationale de l’ère Macron (les élections dites partielles ayant d’ailleurs été très rares), un enseignement peut déjà être tiré. Il concerne la structuration du système politique français issue du « collapse » de 2017.           

    Les résultants des études d’opinion suggèrent que l’opposition nationale fait jeu égal avec la majorité présidentielle, chacune réunissant un cinquième des sondés ayant l’intention de se déplacer au bureau de vote le 26 mai prochain. La République en marche (L.R.E.M.) et le Rassemblement national (R.N.) en tête, au même niveau : il y a du suspense dans l’air, comme en 2014. Lors des dernières européennes, la droite et le Front national se tiraient la bourre avec un étiage similaire dans les sondages (la première devançant la seconde d’une très courte tête), avant que celle-ci creuse l’écart de façon nette le jour du vote, rassemblant le quart du corps électoral. Pour la première fois de son histoire le mouvement lepéniste pouvait se targuer d’être le premier parti de France. « Bis repetita ! » souhaitent de tout cœur les caciques du RN.

    Quelle que soit la formation qui arrivera en tête, le rapport de force qui se dessine confirme qu’un nouveau clivage s’est substitué au clivage gauche / droite, qui depuis les débuts de la Vème République opposait le socialo-communiste aux gaullistes et leurs alliés chrétiens-démocrates. La singularité commune au président Macron et à Marine Le Pen est d’avoir posé, dans notre époque caractérisée par la mondialisation et la crise économique, la fin de la pertinence de ce clivage gauche / droite, d’avoir diagnostiqué son obsolescence.

    6884814_mafg_1000x625.jpgAinsi a surgi le « et-en-même-temps-de-gauche-et-de-droite » du premier, face « au ni droite ni gauche, Français » de la seconde. Dès les lendemains de l’élection présidentielle de 2012, dans les colonnes de « Trop libre »[1], je mettais en évidence que ledit clivage était en train de devenir obsolète, dépassé, archaïque, et qu’à sa place émergeait le clivage libéral / souverainiste.

    Le 26 avril 2012, d’abord : « Ce double clivage territorial – est/ouest et centre/périphérie – peut être vu comme la matérialisation en termes géographique du nouveau clivage qui caractérise la France électorale du XXIème siècle, structuré autour des thèmes de la mondialisation, de la question européenne et du libéralisme culturel : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ et ʽʽsouverainistesʼʼ, par-delà la coupure traditionnelle droite/gauche. »[2] 

    Puis le 9 mai 2012 : « clivage, qui depuis le referendum de 2005 pourrait bien être le plus opérant dans la vie politique française : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ (...) et ʽʽsouverainistesʼʼ (...) sur les questions de la mondialisation, du libre-échange et de la construction européenne. »[3]           

    Il est à noter que dautres nomment différemment ce clivage né de la mondialisation et de la crise : « ouverts » contre « fermés », « progressistes » contre « populistes », « mondialistes » contre « patriotes »... en la matière il existe une grande variété de vocables !

    Mais au-delà de la question – décisive s’il en est – de la terminologie, ce qu’il importe c’est de constater que ce nouveau clivage ne cesse de s’affermir, laissant, d’une part, une gauche éparpillée façon puzzle entre plusieurs mouvements, qui, au mieux, frôlent les 10 %, et d’autre part, une droite réduite à incarner le « parti catholique » afin d’attirer les voix de la bourgeoisie traditionnelle de province vieillissante ; lesquelles forces de l’ « ancien monde » jouent en dernière instance le rôle de supplétifs de la majorité présidentielle au second tour, dont l’avènement est résulté de la synthèse des deux.

    XVM52b7d548-65b4-11e9-8e63-23165fe113f9.jpgDépouillés de leurs oripeaux antilibéraux, de leur mystique propre, une foi messianiste dans le peuple pour lune et un amour fou de la nation pour l’autre, il ne leur restait que l’idéal libéral de l’ordre en mouvement, du tout-marché, du tout-Europe, du tout-à-l’égo, du tout-pour-la-disparition-de-la-France, idéal incarné de manière chimiquement pure par le pouvoir macronien.

    En négatif de cette synthèse s’inscrit celle de la France d’avant, qui s’accorde sur un certain nombre de points, que l’on pourrait agréger autour de la notion orwellienne de Common decency, de « décence commune », notion à laquelle pourrait adhérer autant un Étienne Chouard qu’un Patrick Buisson. Le pays réel en somme, qui estime que l’effort, le mérite, le travail, ne sont pas assez valorisés tout en défendant le dimanche chômé, le repos dominical. Qui s’émeut des onze vaccins obligatoires à trois ans et des cours d’éducation sexuelle prodigués dès l’école primaire. C’est cette France qui soutient le « mouvement des gilets jaunes », qui ne répugne pas par principe à payer l’impôt, mais qui a bien compris que ce qui nous est prélevé ne sert pas à assurer un fonctionnement optimal des services publics mais à alimenter le train de vie dispendieux d’une caste xénophile, soucieuse de servir les gnomes de la City et de Wall Street, ces « spéculateurs » dans le sens que donnait à ce terme Vilfredo Pareto dans son Traité de sociologie générale[4], qui parient à la baisse sur l’actif France, sponsorisant toute action publique ayant pour seuls bénéficiaires les sans-papiers (ou migrants), érigés en nouvelle classe messianique au détriment des catégories populaires et de la fraction paupérisée de la classe moyenne, qui usent du vote contestataire comme d’un défouloir, un moyen de faire la nique à l’élite établie.   

    macron_et_le_pen_jeudi_27.04-3025235.jpgS’il faut se risquer à un pronostic quant au vainqueur du 26 mai prochain – exercice ô combien périlleux ! –, je dirais que la liste conduite par Jordan Bardella est celle qui arrivera en tête. En mars 2018, L’humanité Dimanche mentionnait un sondage IFOP réalisé en décembre 2017 plaçant LREM en pole position avec 26 % des suffrages, suivi par le FN avec 17 %[5]. La dynamique, on le voit, par rapport à maintenant, est clairement du côté du parti rebaptisé depuis RN.

    Séparés alors par un écart de dix points, les deux partis sont aujourd’hui au coude-à-coude : pour l’observateur attentif, une telle évolution du rapport de force signifie que la liste de la ministre Loiseau sera battue. Si cela s’avère exact, le journaliste Benjamin Köning de l’hebdomadaire communiste avait vu juste en signant un article intitulé « Front national. Pourquoi il est loin d’être mort. » Réponse le 26 mai au soir...   

     

    [1]Un blog rattaché à une fondation financée indûment par nos impôts que pilotent deux fidéicommis de la maison Rothschild, Nicolas Bazire et Grégoire Chertok, administrateurs donc, outre leur activité professionnelle principale, de la chiraco-sarkozyste Fondapol.
    [2]http://www.trop-libre.fr/la-vague-rose-s%E2%80%99arrete-a-l%E2%80%99est/
    [3]http://www.trop-libre.fr/le-front-national-avant-garde-de-la-%C2%AB-nouvelle-classe-ouvriere-%C2%BB-2/
    [4]Les spéculateurs sont les « possesseurs d’actions de sociétés industrielles et commerciales […]. Il y aura aussi les propriétaires de bâtiments, dans les villes où l’on fait des spéculations immobilières; de même les propriétaires de terres, avec la condition semblable de l’existence de spéculations sur ces terres; les spéculateurs à la Bourse; les banquiers qui gagnent sur les emprunts d’Etat, sur les prêts aux industries et aux commerces. Ajoutons toutes les personnes qui dépendent de celles-là : les notaires, les avocats, les ingénieurs, les politiciens, les ouvriers et les employés qui retirent un avantage des opérations indiquées plus haut. En somme, nous mettons en- semble toutes les personnes qui, directement ou indirectement, tirent un profit de la spéculation, et qui par différents moyens contribuent à accroître leurs revenus, en tirant ingénieusement parti des circonstances. », Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale, vol. II, Lausanne / Paris, Payot & Cie, 1919, p. 1431. Dans cet ouvrage, le sociologue exprime avec un brin d’ironie son scepticisme vis-à-vis de la démocratie représentative, analyse que je partage entièrement : « Qui est ce dieu nouveau qu’on appelle ʽʽSuffrage universelʼʼ ? Il n’est pas mieux défini, pas moins mystérieux, pas moins en dehors de la réalité que tant d’autres divinités, et sa théologie ne manque pas plus qu’une autre de contradictions patentes. Les fidèles du ʽʽSuffrage universelʼʼ ne se laissent pas guider par leur dieu ; ce sont eux qui le guident, qui lui imposent les formes sous lesquelles il doit se manifester. Souvent, tandis qu’ils proclament la sainteté de la majorité, ils s’opposent par  ʽʽobstructionʼʼ à la majorité, même s’ils ne sont qu’une petite minorité ; et tout en encensant la déesse Raison, ils ne dédaignent nullement, en certains cas, le secours de la ruse, de la fraude, de la corruption. », ibid., p. 1396. Gustave Mirbeau était bien inspiré quand il en appelait à la « grève des électeurs ».
    [5]N° 599, 1-7 mars 2018.

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...

    (Cliquer sur l'image)

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  • Mieux connaître, pour mieux comprendre et mieux évaluer... : Regards croisés sur l'Islam (II)

    Nous savons fort bien, comme tout un chacun, qu'il n'existe pas, et pourtant l'envie est forte de reprendre la vieille expression: le hasard fait bien les choses...    

    Quelques temps après avoir mis en ligne la remarquable conférence de Pierre Boutang - L'horizon politique: le Prince chrétien... (que vous pouvez écouter ici ) voici que la programmation des notes nous amène à publier aujourd'hui cette Lettre prophétique du père Charles de Foucauld à René Bazin de l'Académie Française, du 29 juillet 1916 (1).

    Et l'on voit que les grands esprits se rencontrent : les propos que tient Boutang, dans cette Conférence, sur l'Islam et sur les musulmans, résonnent singulièrement aux oreilles de celui qui lit la Lettre du père de Foucauld, prémonitoire à bien des égards. En effet, il est frappant de voir comment Boutang fait écho aux paroles de Foucauld lorsqu'il déclare avec force qu'il faudra beaucoup d'amour et beaucoup de force à la fois -ensemble, la force et l'amour: pas l'une ou l'un sans l'autre...- pour aborder et conjurer l'immense problème que représente l'Islam en France de nos jours.

    Maintenant que ce qui apparaît à la fois comme une prémonition, une prédiction, voire une prophétie..., de Foucauld s'est en grande partie réalisée, c'est en effet sur le sol métropolitain que se joue aujourd'hui ce grand affrontement spirituel entre l'Islam et nous. Et Pierre Boutang reprend, presque mot pour mot, les sages remèdes et recommandations énoncés par Charles de Foucauld lorsqu'il affirme que ce qu'il faut proposer aux musulmans -tout simplement, mais c'est énorme...-, c'est.... la Conversion !

    Y a-t-il, en effet, une alternative ?...

     

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    Et tout d'abord, en guise de préambule, puisque le Père de Foucauld traite longuement du Mahdi dans son texte, voici les précisions qu'apporte à ce sujet Michel Mourre dans son Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire. Cela se trouve à l'article MAHDI, pages 2783/2784 :

     

                "La croyance eschatologique en la venue du mahdi (c'est-à-dire "le bien dirigé"), n'apparaît pas chez Mahomet, mais elle se répandit dès la fin du VIIème siècle et joua un rôle capital dans le chiisme, alors que les théologiens sunnites la considérèrent toujours avec quelque suspicion. Le Mahdi est le messie musulman, qui viendra vers la fin des temps, restaurera la justice et la vraie foi, et régnera pendant quelques années avant le jugement dernier. Ce personnage devait être identifié à Jésus, à Mahomet réincarné, à un membre de la famille du Prophète. Pour les chiites, le Mahdi est un membre de la famille d'Ali, autrement dit l'imam caché. En toutes les époques où l'Islam connut une grande crise, l'attente du Mahdi connut dans les masses populaires une ferveur nouvelle, qui fut exploitée notamment par Obéïd Allah, fondateur de la dynastie des Fatimides (début Xème siècle), et par Ibn Toumert, fondateur de la dynastie des Almohades (XIIème siècle). En Egypte, deux mahdis se dressèrent, l'un contre Bonaparte (1799), l'autre contre les Anglais (1833)." 

     

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    3e Conférence internationale sur la doctrine du mahdisme, Téhéran, août 2007
     
     

    Voici maintenant la Lettre du Père de Foucauld :

     

    "Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d'autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu'elle a avec les Français (représentants de l'autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d'elle. Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite instruite : quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.

    L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au maniement de nos armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos écoles. Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens.

    Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.

    Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui.

    D'une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du Medhi, il n'y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu'à l'approche du jugement dernier le Medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l' engage à subir avec calme son épreuve ; "l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération", disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger ; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Medhi, en lequel ils soumettront la France.

    De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ? Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d'apostasie, un renoncement à la foi du Medhi..."

     

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    Notre-Dame d'Afrique, Alger:
    "...priez pour nous, et pour les musulmans..."
     
     
    (1) : Lettre à René Bazin, de l'Académie française, Président de la Corporation des Publicistes chrétiens; parue dans le Bulletin du Bureau catholique de Presse, n° 5 , octobre 1947.
  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (21)

    Immigration italienne dans les années 30 (Musée national de l'histoire de l'immigration)

     

    2293089609.14.jpgNous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000.

    Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener.

    Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES

    Il ne reste plus grand temps. Si, dans la prochaine décennie, les Français continuent de subir un déclin démographique, ancien et profond, qui brutalement s'accélère depuis 1974, la vieille nation sortira de la scène de l'Histoire. Ce ne sera pas sous les bravos et les hourrahs. L'événement peut être daté avec une certaine précision. Il devrait se produire vers.2050, un peu plus tôt, un peu plus tard. En tout cas, tout se sera joué en l'an 2000. Le processus deviendra irréversible. Seules des circonstances fortuites, liées à des conflits locaux ou généralisés, pour l'heure imprévisibles, allongeront ou accourciront les délais.

    Nous sommes les derniers Français capables de renverser le destin. C'est une affaire de nombre. Le redressement temporaire du taux de fécondité qui a suivi la seconde guerre mondiale, s'est continué jusqu'en 1964 et n'a décliné que progressivement, jusqu'en 1974, fera sentir ses effets pendant une dizaine d'années encore. En 1982, on a commencé de fermer des classes, dans le primaire. On continue d'en ouvrir dans le secondaire. Jusqu'à la fin du siècle, à condition de commencer immédiatement, une moyenne de trois enfants par famille suffirait pour assurer la survie de la nation. Dans les décennies suivantes, compte tenu du nombre décroissant de femmes capables d'engendrer, il en faudrait quatre, puis cinq.

    Objectif réalisable, étant donné la fécondité naturelle de l'espèce mais qui supposerait, pour être atteint, une dictature de fer, à la chinoise. On peut imaginer qu'un régime totalitaire imposerait, à chaque couple, d'avoir, dans les délais requis, le nombre d'enfants indispensable !! Ceux qui feraient mieux seraient richement récompensés. Les défaillants, exclus de la fonction publique et du Parti unique, accablés d'impôts, mis au ban de la société, seraient privés du bénéfice des retraites, tout en supportant la charge. Il ne leur resterait pour échapper à la vindicte publique, que la ressource de l'insémination artificielle et de la location d'utérus. Il ne s'agit encore que de politique-fiction. Pourtant le moment approche où il ne restera plus d'autre choix, en dehors de la résignation à la servitude.

    Nous pouvons encore éviter le recours à un totalitarisme, qui s'accompagnerait nécessairement d'une idéologie raciste et xénophobe sans, pour autant, accepter la fatalité du déclin. Il faudrait une volonté politique. En avons-nous le désir ? Chacun semble occupé à défendre son niveau de vie, ses grands privilèges ou ses petits, ses intérêts corporatifs, son confort. Un pays qui se contente de vivre au jour le jour se rend incapable de penser à long terme.

    Pourtant, selon l'expression de M. Mitterrand, « c’est une question de survie » et M. Chirac évoque le moment où l'Europe ne pourra plus résister à la poussée des peuples pauvres et nombreux. Un Français sur cinq se montre sensible à la propagande de M. Le Pen, dont ses adversaires reconnaissent qu'elle pose « les vraies questions » tout en n'apportant pas les bonnes réponses. Certes, il ne suffit pas de prendre des mesures policières et de refouler les étrangers. Il est néanmoins difficile de contester que si notre génération n'adopte pas une politique cohérente, celle qui nous suit sera acculée à choisir entre l'Apartheid et la transformation en mosquée de Notre Dame de Paris. Pour ne pas déranger le sommeil des Français, les hommes politiques leur chantent des complaintes. Le 14 Novembre 1984, après sa fameuse déclaration sur « la question de survie » le Président de la République s'est borné à approuver des mesures empruntées à l'attirail, désormais classique, des « aides financières à la famille » d'une consternante mesquinerie. Quant aux propositions de l'opposition, elles témoignent d'un manque d'imagination que les difficultés économiques ne suffisent pas à expliquer.

    Les problèmes conjoints de la natalité et de l'immigration ne datent pas d'aujourd'hui. En 1911, déjà, les étrangers (en comptant les naturalisés de fraîche date) représentaient 3,3 % de la population française. Ce qui provoquait des rixes sanglantes à Marseille et dans le bassin minier du Nord, les syndicats ouvriers reprochant aux patrons de recruter à l'étranger des briseurs de grève et des travailleurs au rabais. L'opinion s'inquiétait déjà de l'insécurité dont elle tenait les immigrés pour responsables, de la charge qu'ils représentaient pour l'assistance publique, de leurs mœurs irrégulières. En 1911, précisément, Jacques Bertillon publiait un livre, « la dépopulation de la France » ; qui condamnait « la colonisation » du pays par les étrangers qui s'introduisaient librement dans notre pays.

    Ces dangers, rétrospectivement, paraissent dérisoires. Les immigrés, dans l'ensemble, se sont intégrés. Les mariages mixtes l'emportaient d'ailleurs sur ceux dont deux époux étaient étrangers. Mais d'où venaient ces travailleurs, qui acceptaient les tâches les plus pénibles et les moins bien payées, dont, déjà, les Français ne voulaient plus ? Des Belges, des Allemands, des Anglais et des Suisses jusqu'au milieu du XIXème siècle, puis de plus en plus d'Italiens, d'Espagnols, de Polonais, tous gens facilement assimilables.

    Le rayonnement de notre culture exerçait une véritable fascination. Devenir Français représentait une promotion sociale, ainsi qu'en témoignent Kessel ou Ikor. De fait, l'intégration provoquait en une génération, un alignement sur le mode de vie des Français de souche. La misère des premières années, qui engendrait la délinquance, la promiscuité sexuelle et les aides de l'assistance publique faisait place à une aisance relative, à la vie de famille, à la stabilité de l'emploi. L'école, publique ou privée, y contribuait pour une bonne part. Dans ma petite ville, le fils du « turc », qui vendait sa camelote en plein air, possède depuis longtemps une belle boutique, préside l'association des anciens élèves et s'est marié à une chrétienne.

    Bertillon, comme Guiot, criait au loup et s'il y en avait un, du moins, ne demandait-il qu'à se transformer en chien de garde. Aujourd'hui, le loup est d'une autre espèce. Il n'a pas l'intention de se laisser domestiquer. Nos avertissements risquent cependant de n'être pas pris au sérieux. Après tout, il est facile de nous objecter que nos craintes naissent, comme celles de M. Bertillon, d'un imaginaire corrompu par un racisme inconscient. Hitler ayant déshonoré l'antisémitisme, nous n'oserions plus nous attaquer aux Juifs et nous les remplacerions par les arabes, qui après tout, sont aussi, des sémites. Quelques groupuscules d'extrême droite, qui crient « la France aux Français » justifient les dénonciations vertueuses des grandes consciences de la gauche malthusienne. S'il n'y a plus de Français, ou trop peu, il faudra bien que la France soit à d'autres. Les grandes consciences malthusiennes, à leur insu, font le lit du racisme et de la xénophobie, qui, à leur tour, les confortent dans leur aveuglement. Il y a là un cercle vicieux, une dialectique qu'il convient de briser.

    Les mouvements migratoires sont aussi anciens que le genre humain. Ils constituent un facteur de progrès. Nos rois l'avaient si bien compris qu'ils encourageaient des travailleurs étrangers à venir travailler chez nous afin de nous enseigner des techniques que nous maitrisions mal. C'est ainsi que des paysans hollandais asséchèrent le marais poitevin. Qui serait assez fou pour soutenir que Madame Curie, parce que née Skodowska, n'a pas servi le prestige de la France ? D'ailleurs, les groupes humains, qu'isolèrent les conditions géographiques, sont demeurés à l'âge de pierre.   

    A suivre  (A venir : Les nouvelles invasions barbares 2).

     

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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  • Sur le Blog de Jean-Philippe Chauvin :  La justice sociale, une exigence politique

    (illustration : le Sceptre et la Main de justice de Charles V)

    Nouvelle chouannerie, le Blog de Jean-Philippe Chauvin

     

    La question sociale mérite que l’on y prête attention et que l’on y réponde, autant que possible et selon les règles d’une justice sociale que nombre de nos concitoyens semblent parfois avoir oubliée : il est vrai que la lecture des manuels scolaires ou universitaires démontrent une certaine négligence sur le sujet, comme on peut le constater dans les manuels de géographie de Première des nouveaux programmes qui n’évoquent la question du chômage en France, par exemple, que par le biais d’une photo ou d’un titre de presse, sans s’y attarder plus longuement, comme si les quelques cinq millions de Français confrontés à ce drame étaient destinés à l’invisibilité ! Comment pourrait-il en être autrement quand la mondialisation, vantée sous tous les angles et couplée avec une métropolisation conquérante, est présentée comme le progrès par excellence, ce progrès obligatoire et « évidemment accepté par tous » (ou presque), désormais un peu verdi par les projets dits de développement durable, un progrès auquel il faut s’adapter pour accroître « l’attractivité », nouveau maître-mot des programmes d’aménagement du territoire ? Du coup, chômeurs et territoires en déshérence ne sont plus vus que comme les « perdants de la mondialisation », formule dont, le plus souvent, on ne retient que le premier mot, péjorativement prononcé et compris comme symbole d’un échec à imputer, non au système économique ou politique, mais aux seuls chômeurs ou aux territoires désertés… Le plus grave est peut-être que cette opinion négative est intégrée par les victimes mêmes de cette situation, un peu de la même manière que lorsque les petits Bretons ou Basques étaient moqués pour leurs langues et coutumes particulières dans l’école de Jules Ferry, au nom d’un progrès qui, à l’époque, se déclinait dans les manuels scolaires sous la formule de « République une et indivisible », et qu’ils en développaient parfois un complexe d’infériorité.

    CHAUVIN 1.jpgLe mouvement des Gilets jaunes a réveillé ce « peuple des perdants » comme le nommait récemment un sociologue sans acrimonie à leur égard, et la République en a tremblé quelques semaines avant de reprendre ses mauvaises habitudes de déni social et de suffisance. Que le gouvernement nommé par M. Macron, et malgré quelques bonnes volontés en son sein qu’il ne s’agit pas de dénigrer (preuve de la complexité du régime macronien, de cet « enfer pavé de bonnes intentions » selon un de ses adversaires), apparaisse comme le « bras armé politique de la mondialisation en France », n’est pas un contresens mais bien une triste réalité qu’il s’agit, elle, de dénoncer et de vouloir changer, non par pur idéalisme, mais par souci politique de la justice sociale. Cette dernière ne naît pas naturellement du monde dirigeant et décisionnaire de l’économie, de cette oligarchie qu’il faudrait plutôt nommer ploutocratie si l’on veut être complètement honnête, mais c’est bien par le moyen du politique, de l’exercice de l’Etat qu’elle peut être respectée et honorée comme elle doit l’être. La République peut-elle être cet Etat soucieux de la justice sociale, elle qui semble parfois avoir remplacée la main de justice par la matraque de Castaner ? J’en doute, et d’autant plus depuis les débuts de cette crise sociale inédite dont notre pays n’est pas sorti depuis un an qu’elle a commencé sur les ronds-points de France.

     

     

    La justice sociale n’est pas, ne doit pas être un « détail de l’histoire » : elle doit être la profonde motivation contemporaine de tout Etat digne de ce nom et c’est pour avoir oublié cette exigence de justice que nombre de gouvernements et de régimes, de par le monde, connaissent actuellement des mouvements de révolte souvent massifs et parfois brutaux, rompant avec ce fatalisme et cette non-violence qui, en définitive, semblaient convenir aux dirigeants et légitimaient, d’une certaine manière, leur inertie sociale au profit des grands intérêts financiers et économiques particuliers et au détriment du bien commun que, d’ailleurs, les plus libéraux des libéraux continuent à méconnaître ou à dénigrer dans une logique toute thatchérienne… Margaret Thatcher affirmait que la société n’existait pas, ce qui évitait logiquement d’avoir à traiter de la justice sociale, mais les réalités humaines, individuelles comme collectives, ont défait ce mythe libéral.

    La France ne peut oublier cette exigence de justice sociale que crient les peuples de notre pays, au sein de leurs villes et campagnes, au travers de leurs professions et activités économiques, mais aussi au gré des contestations contemporaines : cette exigence, d’ailleurs, n’est pas à sens unique et elle doit être l’occasion de repenser les fonctions économiques et les rapports sociaux, non dans une logique, vaine et souvent créatrice d’injustices, d’égalitarisme social, mais selon les critères de bien commun, de nécessaire solidarité et entraide, de service et non d’égoïsme ou de grivèlerie économique… La grande question des retraites, qui commence à préoccuper nombre de nos concitoyens, doit être l’occasion de réaffirmer la nécessité d’une justice sociale qui doit inclure plutôt qu’exclure ou marginaliser, qui doit inciter au partage et à la mise en commun et non au repli sur soi de chaque classe sur ses seuls intérêts ou jalousies : elle ne pourra être résolue positivement que par la prise en compte des qualités et des fragilités de chacun, au sein de son cadre socio-professionnel et « d’enracinement », et selon le contexte local et national. En ce sens, une réponse « corporative », c’est-à-dire qui pense le travail dans un cadre professionnel et local, selon des règles établies par branche d’activités ou corps de métier (et cela sans méconnaître les mutations du travail ni les mobilités contemporaines, mais en leur fixant un cadre légal et approprié à ces particularités), apparaît possible et, même, souhaitable : au-delà de la justice sociale, cela assurerait une visibilité et une prévisibilité à des systèmes de retraites qui doivent s’inscrire dans la durée pour satisfaire aux besoins des travailleurs d’hier comme à ceux d’aujourd’hui et de demain.

     

     

    Encore faudrait-il que l’Etat, qui doit être le garant suprême de la justice sociale entre (et pour) tous les corps et citoyens de ce pays, retrouve les moyens d’assurer et d’assumer son rôle de justicier : pour avoir la légitimité et la force d’incarner ce souci éminemment politique, il lui faut être indépendant des jeux de partis et des grandes féodalités financières et économiques, mais aussi des pressions de la « gouvernance » (sic !) de l’Union européenne et de la mondialisation. Il n’est pas certain que, désormais, l’élection du Chef de l’Etat au suffrage universel assure solidement l’indépendance de la magistrature suprême de l’Etat, car les jeux économico-politiciens l’ont prise en otage. Reconquérir l’indépendance pour l’Etat passe par un mode de désignation qui ne doive rien à l’élection sans, pour autant, la dénier pour les autres constituants de la sphère politique (assemblée nationale ; sénat ; municipalités ; chambres économiques, professionnelles, agricoles, etc.) : ainsi, la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’Etat apparaît comme la plus simple et la plus pérenne à long terme pour s’abstraire des égoïsmes politiciens ou particularistes. Que pour la Monarchie royale en France, la main de justice ne soit pas un simple hochet mais un symbole fort et nécessaire de sa vocation sociale, nous paraît comme le signe le plus évident mais aussi le plus exigeant de sa nature politique : si la Monarchie réinstaurée l’oubliait ou le négligeait, elle en paierait le prix le plus élevé, celui du discrédit et de la chute finale, comme le signalait avec véhémence le plus fidèle des royalistes, notre capitaine Georges Bernanos…

  • Renaud Camus : « Macron est l’incarnation parfaite du remplacisme global »

     

    Renaud Camus a donné à Boulevard Voltaire l'intéressant entretien qu'on va lire. Eventuellement pour en débattre.  LFAR 

     

    0b0a57389a7e9f784d1e5cb8a814f086.jpegRenaud Camus, Emmanuel Macron est entré à l’Élysée le 14 mai dernier. Un semestre, le dixième du temps d’un quinquennat ! Que vous inspire tout d’abord le personnage en lui-même ? Un personnage de roman, un super-technocrate ? Certains n’hésitent pas à le comparer à Bonaparte !

    Emmanuel Macron me facilite beaucoup la vie, au moins intellectuellement, car si l’on me demande de résumer d’un mot ce que je veux dire par remplacisme global, je peux répondre : Macron. Il en est l’incarnation parfaite.

    Je l’ai dit cent fois, le Grand Remplacement, la substitution ethnique, le changement de peuple, si énormes qu’ils soient comme phénomène, ne sont qu’une petite partie d’une phénomène plus large encore, le remplacisme gobal, où je vois l’un des deux principaux totalitarismes à l’œuvre de par le monde (l’autre étant évidemment l’islam). Remplacer, telle est l’essence des sociétés post-industrielles et post-modernes : tout doit y être remplaçable et s’y trouver remplacé — le vrai par le faux, l’original par la copie, les matières par leur reconstitution synthétique, les services et les objets par leur version low cost, l’homme par l’homme, l’homme par la femme, l’homme et la femme par les robots, les mères par les mères porteuses, la ville et la campagne par la banlieue, les peuples par d’autres peuples, l’humanité par une post-humanité hagarde et hyper-violente, l’espèce humaine par la Matière Humaine Indifférenciée (MHI).

    Le remplacisme est petit-fils de la révolution industrielle et fils du taylorisme fordien qui, à force de tout standardiser selon les exigences de la production et du profit, a fini très logiquement par vouloir standardiser l’homme lui-même. L’homme est à ses yeux une petite entreprise artisanale à succès, que rachète la grande distribution multinationale pour en commercialiser une version low cost, dénaturée mais hyper-profitable. Dans ses desseins plutôt noirs, le remplacisme s’est trouvé sur le tard un allié inespéré mais de poids, et, après tout, très naturel, très logique, l’antiracisme, qui a fini par signifier ce que portait son nom, la haine des races, la croyance absolue en leur inexistence et, paradoxalement, la foi non moins absolue en leur égalité et, surtout — c’était le plus précieux pour le remplacisme —, le désir de les fondre en une seule.

    Emmanuel Macron se situe exactement au point de convergence de ces deux généalogies, financiarisme bancaire post-industriel d’un côté, antiracisme de l’autre — à ceci près, tout de même, que lui n’est même plus antiraciste, il est bien au-delà : les origines n’existent pas pour lui et, comme on sait, « il n’y a pas de culture française ». 

    En mai 2016, vous déclariez, dans un entretien à Boulevard Voltaire , que l’élection présidentielle de 2017 serait un référendum sur le changement de population. Comme interprétez-vous le résultat de cette élection ? Les Français ont dit oui au changement de population ou bien cet enjeu a tout simplement été occulté ? 

    Cet enjeu a été totalement occulté mais les Français n’ont, au mieux, pas dit non, il faut bien le reconnaître, à mon immense regret. Il convient de dire qu’en cet univers où tous les mots mentent, il en est peu qui mentent plus fort que Français, qualificatif qui réunit en un monstrueux amalgame envahisseurs et envahis, colonisateurs et colonisés, occupants et occupés. L’issue des votes dépend déjà largement du peuple de remplacement, puisqu’on a eu la folie sans précédent de lui donner le droit de vote. Mais, surtout, le peuple remplacé est hébété par l’enseignement de l’oubli, l’imbécillisation de masse, la répression, la censure, les injections permanentes de haine de soi, la peur, le monopole médiatique presque complet dont jouit le remplacisme (Boulevard Voltaire et TV Libertés nonobstant). Aussi bien l’issue ne sera-t-elle plus politique, à présent. Je l’ai déclaré dans un autre entretien, en volume, celui-là, avec Philippe Karsenty : 2017 était la dernière chance avant le Grand Remplacement. J’aurais dû préciser : la dernière chance politique.

    À travers les décisions, ou les non-décisions, de ce premier semestre du Président Macron à la tête de l’État, décelez-vous une quelconque évolution de la politique dans le domaine de l’immigration qui serait de nature à vous rassurer, ou au contraire ?

    Pas du tout, et très au contraire : on est entré dans le mode automatisé du changement de peuple. Le remplacisme global est au pouvoir et il procède selon un mode de gouvernement que j’ai appelé, par opposition à la démocratie directe, la « davocratie » directe – le gouvernement par Davos -, sans intermédiaire. Les grands argentiers du monde, ceux qui se réunissent une fois l’an à Davos, ont constaté qu’ils étaient désormais assez forts pour gérer directement le parc humain, en se passant de la caste politique, qui représentait pour eux une perte de temps et d’argent. La France est un modèle, à cet égard – le macronisme supprime le microcosme : renvoi à leurs études de toutes les grandes figures de la vie politique depuis trente ans, les Sarkozy, les Hollande, les Juppé, voire les Marine Le Pen ; constitution d’un gouvernement de second couteaux ; remplacement de la représentation nationale par une cargaison de zombies à peine alphabètes qui doivent tout au pouvoir et sont bien résolus à ne lui faire ni ombre ni peine. On vient à bout des pouvoirs locaux en les mettant au pain sec et à l’eau, en organisant leur ruine, même. Surtout, surtout, on pulvérise les partis politiques : des trois dont les Français croyaient il y a encore un an qu’ils avaient en main le destin de la nation, pas un ne tient encore sur ses jambes aujourd’hui. Le changement de peuple avait déjà échappé au peuple, voici qu’il échappe à ses élus. Il est géré par des machines, ou par des hommes au cœur de machine.

    Entre remplacistes et anti-remplacistes, macroniens et identitaires, on en arrive ainsi, sur un point unique, à une étrange convergence, due à une coïncidence, ou à la rigueur extrême de l’opposition : les deux parties sont d’accord pour sortir de la politique, laquelle d’ailleurs suppose un peuple, et il n’y a pratiquement plus de peuple. Les remplacistes et Macron sortent de la politique par l’économie, par la finance, par la gestion d’entreprise, par The Principles of Scientific Management, qui est à la fois leur Das Kapital et leur Mein Kempf, presque aussi terrifiant (« Dans le passé, l’homme était premier, écrit froidement Taylor ; à l’avenir, c’est le système qui doit être premier »). Les anti-remplacistes et moi, si j’ose dire, voulons sortir de la politique par l’Histoire, ou par l’ontologie.

    En effet, quand la seule question sérieuse qui se pose est celle de la survie d’un peuple et d’une civilisation, ce n’est pas de la politique, cela : c’est de l’Histoire. De Gaulle à Londres, ce n’était pas de la politique, mais de l’Histoire. C’est pourquoi Karim Ouchikh et moi, à Colombey-les-Deux-Églises, le 9 novembre, jour anniversaire de la mort du Général, et près de sa tombe, avons crée un Conseil national de la résistance européenne, que nous comptons constituer et élargir par cooptation. Mais c’est un autre sujet, cet entretien est déjà trop long, je vous en parlerai une autre fois, si vous m’en donnez l’occasion.   

    Ecrivain
    Fondateur du NON
    Librairie
  • « Race », un mot qu’il faut chasser de l’expression orale ou écrite

     

    Par Pierre de Meuse

     

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    Jeudi 12 juillet, la Chambre des députés a voté la proposition d’une nouvelle révision constitutionnelle, concernant l’article 1 de la Constitution qui est pour l’instant encore rédigé ainsi : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. »

    Le but de cette révision est de supprimer le mot « race » et de le remplacer par le mot « sexe ». Cette révision était demandée depuis des décennies par des députés antillais, notamment par Victorin Lurel. Elle recevra force constitutionnelle si la procédure aboutit. Il est à noter que ce texte a été approuvé à l’unanimité des votants présents. Sans vouloir être taxé de libéralisme, qu’il nous soit permis de nous inquiéter de l’unanimité qui est souvent le signe d’une forte pression, quelquefois même d’une violence cachée. Rappelons le serment du jeu de paume, en 1789, lors duquel le seul opposant assez courageux pour voter contre, a dû être exfiltré en vitesse car nombre de députés brandissaient un couteau pour jean-christophe-lagarde-reelu-a-la-presidence-de-l-udi.jpgl’assassiner.(1) D’ailleurs lors du vote du 12 juillet, un démocrate-chrétien, le président du groupe UDI-Agir, Jean-Christophe Lagarde (Photo), a mis en exergue qu’« aucun représentant de l’extrême droite n’était présent pour ce vote qui honore notre nation ». Les députés Rassemblement national (RN),  étaient en effet, selon lui « absents par volonté ». Gageons que s’ils avaient voté pour au lieu de s’abstenir, Lagarde n’aurait pas manqué de mettre en doute leur sincérité.

    Mais quel est l’intérêt d’une telle loi constitutionnelle ? Doit-on conclure que la discrimination raciale, jusque-là interdite par le Droit républicain, devient permise ? Evidemment non. L’idée sous-jacente est que le calendrier de l’émancipation par l’égalité débute une étape nouvelle ; celle de la race étant dépassée, on se tourne vers un autre chantier, celui de la différenciation sexuelle. Conséquence logique, il faut terminer le travail en jetant l’interdit sur le mot de race, un mot que les rapporteurs estiment dénué de sens, un mot qu’il faut chasser de l’expression orale ou écrite car il légitime selon le rapporteur « l’opinion selon laquelle il existerait des « races distinctes ». Cette opinion – qui est un délit dans notre droit positif – a toujours servi de support »,poursuit-il, aux discours qui préludent à l’extermination des peuples.» (2)

    Cela dit, cette décision de l’assemblée nous paraît remettre en vigueur une conception philosophique bien oubliée : celle du nominalisme, la rendant encore plus absurde en la renversant.

    Pour les lecteurs de LFAR non passionnés de philosophie, rappelons que le nominalisme est une doctrine qui considère que les concepts ne sont que des conventions humaines. Les choses et les êtres n’existent donc qu’à partir du moment où ils ont reçu un nom. Le nominalisme est issu de la scolastique médiévale dans ses marges ou dans ses développements tardifs.(3) Il s'oppose à l’idéalisme platonicien, comme au réalisme aristotélicien et thomiste.

    En l’occurrence, les rapporteurs de la loi constitutionnelle procèdent à un renversement logique des principes du nominalisme : puisqu’une chose n’existe que si elle est nommée, il suffit de supprimer le nom pour faire disparaître son objet. C’est donc à cette tâche que s’attellent les députés. Mais comment faire disparaître le nom de ce qui est innommable et qui possède plusieurs sens ? En le rayant des dictionnaires ? En caviardant les textes littéraires et les livres d’histoire ? 1316009-Couronnement_de_Philippe_Auguste.jpgFaut-il interdire la tirade d’Andromaque dans la pièce du même nom : « Fais connaître à mon fils les héros de sa race »? Ou brûler le serment du sacre des rois de France : « Règne noble race des Francs » ? (Photo) .Ou frapper d’anathème le jugement de Mauriac : « L'individu le plus singulier n'est que le moment d'une race. » ? Cela risque d’être difficile. Alors, ils décident de le rayer du vocabulaire constitutionnel, en espérant que cet effacement rituel aura pour effet de faire disparaître la notion des mentalités. En somme les députés participent inconsciemment à un retour de la pensée magique. Poursuivant les méthodes de la doctrine kantienne, ils formulent une imprécation : « la diversité humaine n’est pas car elle ne doit pas être ». Il faut remarquer que la Droite officielle et l’extrême Gauche mélenchoniste sont tombées d’accord pour approuver cette démarche, craignant d’une seule voix, celles de Philippe Gosselin et d’Éric Coquerel, que cet effacement sémantique ne « conduise à baisser la garde pour lutter contre le racisme ». Et presque personne ne met en lumière la régression de la pensée qui tire un trait sur cinq siècles d‘épistémologie européenne. Paradoxalement, c’est un député LREM,  le mathématicien Cédric Villani qui a émis, sans se rendre compte du sacrilège qu’il perpétrait, des réserves iconoclastes : « Cette suppression du mot race ne doit pas être décidée au nom de la science, « qui peut toujours évoluer », mais au nom de« l’empathie et du sens du destin commun par lesquels nous reconnaissons toute l’humanité comme nos frères et sœurs ». Ce qui revient à dire que la science n’a rien à faire dans cette loi, mais seulement les bons sentiments. Quel aveu !

    Il y a tout de même une remarque à faire à ceux d’entre nos lecteurs qui jugeraient que ce sujet est trop dangereux, que d’ailleurs le corpus législatif de l’antiracisme ne nous concerne pas, puisqu’il est destiné aux disciples du germanisme insoutenable de Houston Chamberlain ou Vacher de Lapouge, et que par conséquent il est inutile d’en parler. Nous pensons au contraire que nous sommes concernés au premier chef. Il suffit en effet de lire l’exposé des motifs de cette loi pour y trouver la preuve que l’abolition du terme de race va bien plus loin que la simple condamnation de la théorie biologique de la race : « l’utilisation du terme de race est contraire à notre tradition constitutionnelle républicaine qui vise depuis 1789 à nier le concept même de différence naturelle. » Ce terme de différence naturelle doit être compris dans toute son acception, c’est-à-dire innée, mais aussi collective et reçue, soit traditionnelle. C’est la totalité des différences humaines qui sont ainsi condamnées comme illégitimes. Il nous faut en être conscient.

    C’est ainsi que l’antiracisme développe sur tous les tons l’idée que « Le sexe n’a pas plus une réalité biologique que la race. Sexe et race sont des constructions sociales qui consistent à hiérarchiser, classer les individus selon des dispositions, des compétences et aptitudes supposées appartenir à leur nature. Enfin, la "race" permet de décrire de manière plus exhaustive l’imaginaire qui alimente - en même temps qu’il s’en nourrit – les différentes fixations du racisme : en effet, la race renvoie à la production d’une différence irréductible et hiérarchisée entre les hommes à partir de la perception fantasmée de la couleur de peau, des origines, de la confession, de la culture. En ce sens, ni l’origine ni la couleur de peau en tant que telles ne décrivent adéquatement l’ensemble des configurations racistes : il suffit de penser au racisme qui touche les Roms ou encore à l’antisémitisme. Dans ces deux cas, ce n’est pas l’origine, ni la couleur de peau ni même la confession stricto-sensu qui opère dans ces racismes spécifiques.(4) » Dans ces conditions, toutes les acceptions de la race, des plus figurées aux plus anthropologiques (5), comme toutes les expressions ou caractères de la virilité et de la féminité, sont considérées comme devant être détruites. Il faut bien comprendre que la démocratie idéologique a juré de démolir pierre par pierre tous les héritages humains pour ériger son Homme nouveau quel qu’en soit le coût. Ce serait du pur aveuglement que de détourner le regard de cette réalité.     

     

    1. Il s’agissait du député de Castelnaudary Martin Dauch - Honneur à sa mémoire.

    2. Victorin Lurel, dans l’énoncé des motifs du projet de 2004, non validé. On peut s’interroger cependant sur la fidélité de cet honorable membre du Parlement au Congressional Black Caucus de Washington, la réunion des parlementaires noirs américains. En effet, ce groupe se fonde clairement sur des bases racistes négro-africaines.

    3. Citons à ses débuts Pierre Abélard, puis Guillaume d’Occam, ou, pour les XVII° et XVIII° siècles, Gassendi, Berkeley et Condillac.

    4. Hourya Bentouhami maitresse de conférences à l’Université de Toulouse 2 auteur de « Race, cultures, identités une approche féministe et postcoloniale » (éd. Puf),

    5. C’est-à-dire : « Ensemble des personnes appartenant à une même lignée, à une même famille ». « Ensemble de personnes qui présentent des caractères communs dus à l'histoire, à une communauté, actuelle ou passée, de langue, de civilisation sans référence biologique dûment fondée ». « Population autochtone d'une région, d'une ville. », « Groupement naturel d'êtres humains, actuels ou fossiles, qui présentent un ensemble de caractères physiques communs héréditaires, indépendamment de leurs langues et nationalités ». « Subdivision de l'espèce fondée sur des caractères physiques héréditaires représentée par une population. » et bien d’autres encore. 

    Pierre de Meuse

    Docteur en droit, conférencier, sociologue et historien.

  • D'accord avec Hadrien Dessuin : « L’Europe souveraine » n’est qu’un slogan Il n'y a pas un seul peuple européen mais plu

     

    par Hadrien Desuin

    soleil.jpgL'Europe de Bruxelles prend l'eau de toutes parts tandis qu'une autre Europe est peut-être en train d'émerger. Hadrien Desuin réfléchit sur cette situation et son article est remarquable. [Causeur, 23.08]  LFAR

     

    hadrien-desuin.jpg

    Comme De Gaulle l’avait compris, il n’y a pas un seul peuple européen mais plusieurs. Dans ces conditions, seule une Europe confédérale respectueuse des Etats-nations représente une solution d’avenir réaliste face aux géants américain et chinois.

    Tandis que l’Autriche préside l’Union Européenne depuis le 1er juillet, la Roumanie se prépare à prendre la relève au 1er janvier 2019. A quelques mois des élections européennes de mars mais aussi du Brexit, cette double présidence austro-roumaine souligne l’importance croissante des pays d’Europe centrale dans les mécanismes bruxellois. Même lorsque les coalitions ou les gouvernements au pouvoir suscitent de vives réserves parmi les élites libérales de France et d’ailleurs, les pays d’Europe centrale sont devenus incontournables.

    Juncker se rallie (enfin) à Séguin

    Dans ce contexte, la venue le 18 août de Vladimir Poutine au mariage de la ministre des affaires étrangères autrichienne a provoqué quelques commentaires acerbes. Raphaël Glucksmann a crié à la trahison. En somme le projet d’ « Europe souveraine » porté par Emmanuel Macron (belle formule qui a le mérite de polir le terme habituel de construction fédérale ou supranationale) était symboliquement foulé au pied en Autriche. Le clivage entre les partisans d’une construction fédérale de l’Union Européenne d’une part et les défenseurs d’une Europe respectueuse de l’indépendance de ses membres d’autre part n’est pas mort, il est plus vivace que jamais.  

    Dans le même temps, le roi Philippe VI d’Espagne peinait à commémorer dans la dignité le premier anniversaire de l’attentat djihadiste de Barcelone. Une ville qui concentrait en 2017 les tensions nationalistes mais aussi fondamentalistes qui taraudent l’Europe de ce début de XXIème siècle. Autrement dit, l’Europe se trouve confrontée à la réémergence de tensions culturelles mais aussi à un questionnement sur son organisation politique. Les deux enjeux étant intimement liés. La crise migratoire est là pour nous le rappeler chaque été.

    Bruxelles gênée par l’Ecosse et la Catalogne

    Si l’Europe est mise à l’écart de la politique antiterroriste, Bruxelles a milité en faveur du statu quo dans le cadre des référendums écossais et catalans de 2014 et 2017. Et les dirigeants régionalistes se sont retrouvés piégés entre leurs convictions européennes affichées et le manque de soutien de la part de la Commission. Jean-Claude Juncker se rallie, mais un peu tard, à Philippe Séguin qui en son temps prévenait qu’une Europe régionale (une Europe à 100 membres environ) équivaudrait en réalité à une Europe féodale. Sous l’apparente autorité d’une lointaine capitale européenne, l’Empire confédéral se noierait dans de microscopiques rivalités de territoires. On peine à se mettre d’accord à 27, on n’ose imaginer à 100…

    2885141609.jpgLa logique qui a animé les principaux penseurs français de l’Europe (Photo), en particulier Jean Monnet, n’était évidemment pas celle d’une « décolonisation de la province » comme on disait en 68 mais au contraire celle d’une plus grande unité, c’est-à-dire d’une centralisation européenne à la faveur de la guerre froide et de la tutelle américaine sur le continent. Plus modestement, ce fut l’approche fonctionnaliste pensée par Robert Schuman et poursuivie par Jacques Delors qui l’emporta, une synthèse que l’on habilla du concept ambiguë de « fédération d’Etats-nations ». « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble: elle se fera par des réalisations concrètes, créant d’abord une solidarité de fait. » Cette formule ambivalente laissait aux successeurs de Robert Schuman la liberté de faire le grand saut fédéral en fonction des avancées et des solidarités progressivement acquises.

    Trois Europe possibles

    Au bout du compte, nous restons face aux trois directions possibles : une Europe féodale, celle de Barcelone. Une Europe confédérale composée d’Etats-nations, celle prônée par le groupe de Visegrad et jadis par de Gaulle. Et une Europe fédérale, ardemment souhaitée par Bruxelles et Emmanuel Macron. Choix difficile. Tellement difficile que depuis 2005, on n’ose plus demander directement aux peuples leur avis.

    La France naturellement reste au centre du jeu européen. Sa position géographique la place au carrefour des tensions Nord-Sud mais aussi Est-Ouest du continent. Quant à l’élection de son jeune président, elle a redonné brièvement espoir aux partisans du grand saut fédéral. La France s’est historiquement construite autour de sa capitale, de son armée et de son Etat. Elle est donc portée à imaginer la construction européenne comme un phénomène nécessairement centralisé et dirigée par une administration et une armée européenne. Toutefois, elle a peine à exercer son leadership au sein même de ce nouveau dispositif puisqu’il faut précisément défaire la France pour faire les Etats-Unis d’Europe. Ses partenaires se sont empressés de lui faire ressentir ce paradoxe. La France n’est déjà plus en mesure d’entraîner ses partenaires puisqu’elle est déjà en décomposition.

    De Gaulle l’avait bien dit

    La France est donc isolée lorsqu’elle parle avec emphase à ses partenaires « d’Europe-puissance » et de monde multipolaire face à l’Amérique de Trump, la Russie de Poutine ou la Chine de Xi Xinping. Malgré les effets d’annonce, l’Europe régalienne de la Défense, de la Police et de la Justice est restée dans les cartons. Emmanuel Macron voulait dans son fameux discours de la Sorbonne un nouveau traité de l’Elysée, une constituante à Strasbourg en 2019 et un Etat fédéral pour les jeux olympiques de Paris en 2024. Il a été très vite rattrapé par les réalités européennes, celles de Visegrad. Le général de Gaulle nous avait pourtant prévenus puisque la question se posait déjà en 1962: « La France savait aussi bien que quiconque, en tout cas beaucoup mieux que ceux qui ne sont pas européens, qu’il ne peut y avoir d’Europe qu’en vertu de ses nations, que, de par la nature et l’Histoire, notre continent est tel que la fusion n’y est que confusion, à moins qu’elle ne soit l’oppression, qu’on n’est pas un européen si l’on est un apatride, que, par exemple, Chateaubriand, Gœthe, Byron, Tolstoï – pour ne prendre que les romantiques – n’auraient rien valu du tout en volapük ou en espéranto, mais qu’ils sont toujours de grands écrivains de l’Europe parce que chacun d’eux s’inspira du génie de son pays. »

    « L’Europe souveraine » restera un simple slogan puisqu’il n’y a pas un seul peuple européen, il y en a plusieurs. Si elle passe en force, c’est l’Europe de Barcelone qui finira par resurgir. L’Europe des Nations c’est la paix. L’Europe sans les peuples, c’est la guerre.   

    Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr puis de l'École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d'un master II en relations internationales et stratégie sur la question des Chrétiens d'Orient, de leurs diasporas et la géopolitique de l'Égypte, réalisé au Centre d'Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd'hui il collabore à Causeur et Conflits où il suit l'actualité de la diplomatie française dans le monde.