La Syrie et la France (III/III), par Champsaur
Les professionnels de l’information ne peuvent qu’être scandalisés par le traitement de la crise, par les organes français en particulier. Mais cette débauche d’intoxications de masse, conduit à réfléchir à ce qu’est devenue la technologie des réseaux et du multimédia, en tant qu’arme de guerre. Agissant selon la technique de la saturation, une « information » que l’on veut utiliser pour conduire la foule est diffusée massivement sans discrimination. Pire, l’illusion est totale quand elle fait l’objet de « débats » conduits par des gens de presse, eux mêmes sans réelles connaissances du sujet (France 24, la voix de la France à l’étranger en est une caricature). Ce qui laisse perplexe : aucun enseignement n’est tiré par personne (journalistes, diplomates, militaires, simples citoyens …) depuis que ces moyens de diffusion du mensonge se sont perfectionnés. La liste s’allonge depuis l’hiver 1990 simplement, date des interventions massives des Etats Unis dans le monde arabo-musulman. Pour ne rappeler que les annonces les plus spectaculaires : Irak et sa 4ème armée du monde, les couveuses de la maternité de Koweit City, les armes de destruction massive de Saddam Hussein, les colonnes de blindés de Gaddafi fonçant vers Bengazi, les 6.000 morts de Bengazi.
Dans le cas présent de la Syrie on atteint un paroxysme. Le principe de toute opération psychologique tourne autour de trois éléments selon la doctrine américaine de la psywar: il s’agit d’occulter une part de la réalité, de déclencher des émotions et de fournir aux media ce qu’ils attendent. Ici l’émotion est un exutoire à la crise. Seul l’ONU donne régulièrement un nombre des tués, sans discrimination, et sans source indépendante sur le terrain, particulièrement sujet à caution car incapable de nous dire de quel côté sont les morts ... La conduite de Juppé fut particulièrement odieuse. Un groupe d’opposants autour de l’intellectuel Michel KILO, en voyage en France en Octobre 2011 ne fut pas reçu au Quai d’Orsay, et on lui refusa une conférence de presse au Centre d’accueil de la presse étrangère.
Avec amertume le professeur Frédéric PICHON note : « pas de printemps pour l’info ; L’Orient est définitivement trop compliqué pour les journalistes »...
Comme simple exemple nous donnons deux liens qui incitent à la prudence. Dans les deux cas le professeur Tahhan Bassam présente l’énorme avantage d’être syrien d’Alep, et opposant aux Assad. Son opinion est sans appel sur le comportement du gouvernement français.
http://www.agoravox.tv/actualites/international/article/interview-de-bassam-tahhan-sur-la-36152
http://www.agoravox.tv/actualites/international/article/gerard-de-villiers-et-bassam-36232
Quant au plateau de Taddei, il nous fournit ce qu’est le parfait travail d’intoxication d’une journaliste, en l’occurrence une certaine Florence Aubenas (bien connue et fière d’elle, forcément), face à un « grand », Gérard De Villiers.
Et jusqu’à aujourd’hui, intertitre du Figaro du 15 Septembre, censé couvrir les évènements depuis trois jours: « les Etats Unis piégés par une poignée de fanatiques anti-islam ». En oubliant sciemment que la détestation de la bannière étoilée est telle dans le monde arabo-musulman qu’il n‘y a aucune nécessité d’un montage très compliqué pour entrainer les foules à la bruler …
Outre la perte de notre crédibilité, qui ne voit qu’avec la situation de l’islam en France, nous faisons totalement fausse route en accrochant notre politique étrangère à celle de la fédération de marchands des bords du Potomac.
Champsaur