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Islamo-gauchisme (suite sans fin ?), par Henri Temple.

Un communiqué paru le 18 février sur le site de la Conférence des présidents d’ (CPU) prend lui aussi position à propos de la mission sur l’ à l’université, confiée au CNRS par Mme Vidal, ministre des Universités et de la Recherche.

5.jpegCe texte est, une fois de plus, anonyme : les citoyens et contribuables ont pourtant le droit de savoir s’il a été voté, et par quelle instance du CPU et ses 74 universités. Le bureau de la CPU est composé de Manuel Tunon de Lara, médecin, Virginie Dupont, chimiste, et Guillaume Gellé, électronicien (rappelons que le directeur du CNRS est, lui, un matheux). Ayant, à eux trois, un volume de publications plutôt discret, leur niveau de compétence en sociologie et en histoire des idées politiques est nul.

Selon ce communiqué, « l’islamo-gauchisme n’est pas un concept […] C’est une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique […] qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de CNews, plus largement, à l’extrême droite qui l’a popularisé ». Si, ce sont bien des présidents d’université qui écrivent ! D’ailleurs, les statuts et règlement intérieur de la CPU (muets sur l’initiative des communiqués de presse) sont entièrement rédigés en langue inclusive (ou genriste). Pour paraphraser Boileau : ce qui se conçoit mal s’énonce obscurément, et les mots pour le dire arrivent malaisément. Distinguons bien, toutefois, l’administration universitaire des universitaires qui enseignent, recherchent, trouvent, et publient.

Maniant involontairement l’ironie autodestructrice, les auteurs du « communiqué » concluent que « la CPU appelle à élever le débat (sic !). Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce (sic), les universités se tiennent à sa disposition. Le débat politique n’est par principe pas un débat scientifique : il ne doit pas pour autant conduire à raconter n’importe quoi (sic). »

On a ici un effarant concentré d’absurdités.

Si l’on comprend bien, on ne devrait pas demander de réflexion sur un tel sujet au CNRS mais à l’université, alors, pourtant, que l’islamo-gauchisme « ne serait pas un concept » mais une « pseudo-notion ». Le débat politique ne serait pas un débat scientifique : la science politique n’existerait donc plus ? Élever le débat ? Ne pas dire n’importe quoi ? À lire ce texte, c’est bien mal parti. Enfin, le communiqué cite une belle phrase du ministre : « L’université n’est ni la matrice de l’extrémisme, ni un lieu où l’on confondrait émancipation et endoctrinement. L’université n’est pas un lieu d’encouragement ou d’expression du fanatisme, mais le lieu où s’apprennent le doute comme la modération, ainsi que la seule de nos institutions capable d’éclairer l’ensemble de la société, de l’école aux médias, par une connaissance scientifiquement établie, discutée et critiquée collégialement. » Et le communiqué « complète » : « Rien ne saurait justifier un changement de discours à ce sujet. » Or, que fait la CPU ?

Des médias sombrent dans la mêlée : BFM TV assure qu’Emmanuel Macron a « recadré en Conseil des ministres ». Mais 24 heures plus tard, le porte-parole du gouvernement déclare que Mme Vidal « conserve évidemment la confiance d’Emmanuel Macron ». Et le gouvernement est bien soudé puisque Blanquer et Darmanin soutiennent leur collègue Vidal.

Seule la panique « intellectuelle » a pu conduire la direction de la CPU à s’en prendre nommément à une chaîne de télé suivie, chaque soir, dans un million de foyers. Mais la résistance des intellectuels libres s’organise. Il faudra faire copier cent fois, par les instances de la CPU, les trois interviews magistrales de Pierre-André Taguieff dans Marianne (19 à 21 février). Il n’y parle ni médecine, ni informatique, ni chimie. Mais il donne, à tous ceux qui étalent leur idéologie ou leur ignorance, une puissante leçon d’intelligence, résumé de sa longue carrière de chercheur et ses nombreuse publication, sur ce qu’est la recherche et sur ce qu’est l’islamo-gauchisme qui, comme le diable du Moyen Âge, déteste être nommé.

 

Henri Temple

Universitaire, juri-économiste, expert international, dialecticien

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