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  • Jean-Louis Debré est-il bien placé pour faire (de) la morale?.....

              Il est vrai qu'il a bien fait rigoler tout le monde une fois -mais ce fut bien la seule...-, le jour où il a tenu ce propos mémorable à propos de la Corse (qui lui a d'ailleurs valu le prix du "club humour et politique" en 2004): "Je n’imagine pas un instant cette île séparée du continent" !

              Mais pour le reste? On ne voit pas trop ce qui l'autorise à parler avec autorité, à décerner ou refuser des brevets de ceci ou cela, à donner des conseils et des leçons de morale, comme il l'a fait le dimanche 3 février au micro de "Radio J": '"...à partir du moment où vous avez reçu une mission du peuple, quelle que soit cette mission, il y a une certaine tenue à avoir"..."L'autorité de l'Etat et la légitimité conférée par le peuple supposent une certaine retenue et une certaine dignité dans la fonction", a-t-il déclaré, évoquant pèle mêle la vie privée du chef de l'État et l'exposition médiatique des conseillers de l'Elysée.

              On peut tenir ces propos, et se montrer excédé d'un étalage effectivement excessif et dérangeant. Encore faut-il ne pas prêter le flanc soi-même à la critique. Et là Jean-Louis Debré est très mal placé pour donner des leçons et pour émettre des critiques, qu'encore une fois on peut formuler, mais pas forcément lui, et en tout cas pas sur le ton sentencieux qu'il a adopté ce jour-là. Il a, en effet, pour première "qualité" (?!) d'être un "fils de", et pour deuxième d'être le chouchou de Chirac: ce sont à peu près tout ses "mérites" (?!), et on ne voit pas trop ce à quoi cela l'autorise, ni quelle autorité morale cela lui donne....

              Et rien, décidément, ne vient redorer son blason: ni le fait d'être celui qui a fait voter 5 ans d'indemnité pour les députés non ré-élus (les pauvres...! la soupe est bonne !....); ni celui d'habiter un luxueux appartement de plusieurs centaines de mètres carrés au Palais Royal, loué à un prix dérisoire à la banque de France (bonjour l'abolition des privilèges!...). Peut-il "décemment" parler de décence et de "retenue" ?

              Morale....vous avez dit morale ?

  • En marge du voyage en Algérie, petit retour sur l' ”affaire du 19 mars” : encore une fois, ”François contre François”...

    Attendons la fin du voyage présidentiel pour en tirer toutes les conclusions, mais revenons un peu, d'ici là, à ce nouvel épisode de la "guerre des deux François" qui s'est passé il y a peu : pour la seconde fois (ce qui voudrait dire que ce serait la dernière...) ou pour la deuxième (ce qui voudrait dire qu'il pourra y en avoir encore d'autres, après...) François "normal", président socialiste de la République, vient de se démarquer de François "la francisque", lui aussi président socialiste de la République, en laissant faire, à propos de la date du 19 mars, le contraire de ce qu'avait dit Mitterand en son temps...

    Il faudra bien que le Parti socialiste finisse par nous dire, un jour, lequel a raison contre l'autre; lequel il garde et lequel il exclut. A moins qu'il n'accepte l'idée qu'un parti peut-être à la fois pour et contre la même chose. Par exemple, nous socialistes, nous sommes pour et contre la peine de mort; pour et contre l'avortement; pour et contre le "mariage pour tous" et ainsi de suite... : mais, alors, que le PS le dise franchement !

    La première fois, c'était sur la responsabilité de l'Etat français dans la Rafle du Vel d'Hiv, responsabilité-et-repentance-qui-va-avec constamment refusée par tous les présidents de la République depuis 45, y compris François Mitterrand, amis acceptée par Hollande : qui a tort, qui a raison ? Hollande ou Mitterand ? Premier silence radio du PS :

    Voici la vidéo (et la note qui l'accompagne) que nous avons publiée le 23 juillet dernier à ce sujet : son titre était une phrase de François Mitterand : "Ce sont des gens qui ne savent pas ce que c'est que d'être Français, l'honneur d'être Français et l'honneur de l'Histoire de France" 

    Voilà maintenant que Hollande a remis ça : s'il n'est pas le seul responsable, loin de là, d'une loi votée en 2002 par l'Assemblée, il a laissé le Sénat - maintenant "à gauche" - la voter - dix ans après ! - "dans les mêmes termes", ce qui équivaut à son adoption définitive; sans lever le petit doigt, sans dire ni faire quoi que ce soit, ce qui revient à prendre le contre-pied direct de ce que disait son auguste prédecesseur, qui refusait le choix de la date du 19 mars pour "célébrer le souvenir des victimes de la guerre d'Algérie".

    Comme dit le proverbe : Qui ne dit mot, consent... :

    D'où "la" question : lequel des deux François dit ce que pense le PS ? Ou, si l'on préfère, avec lequel des deux le PS est-il d'accord ?

    Quand on prétend être un grand parti sérieux et responsable, et de gouvernement, on doit tout de même un minimum de clarté, de logique, de cohérence aux électeurs, non ?...

    Ou alors on décide que, dorénavant, dans la Vème République, les partis peuvent être à la fois "pour tout, et son contraire".

    Et, bien sûr, réciproquement !...

  • Au hasard de la navigation sur le Net : échos des Blogs, des Pages Facebook, et d'ailleurs....

    capture d'ecran blog.jpg        (Cette chronique n'a pas d'autre objet que de communiquer à nos lecteurs des articles et prises de positions sur lesquels nous nous trouvons en convergence, totale ou, au moins, partielle, et sur des points d'importance; elle ne signifie évidemment pas accord total et permanent, sur tous sujets et en toute occasion, avec les Blogs ou Pages mentionnées... Même chose pour les liens envoyés par des lecteurs, pour approfondir tel ou tel sujet traité sur le Blog, pour "aller plus loin"...)  

     1. Sur les Blogs, sur Facebook ou ailleurs... :  

    1. Pourquoi le Qatar a finalement préféré le char allemand au char français : http://www.riskenergy.fr/2013/05/pourquoi-le-qatar-prefere-finalement-le.html

    2. Loi Taubire : le "Groupe Cambacérès" écrit à François Hollande : http://www.atlantico.fr/decryptage/mariage-homosexuel-non-est-pas-trop-tard-collectif-hauts-fonctionnaires-interpelle-president-republique-718903.html

    3. Dans "Le Nouvel Obs", "Plongée dans la galaxie "catho-réac-décomplexée" : http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130503.OBS8077/plongee-dans-la-galaxie-catho-reac-decomplexee.html 

    4. "La manif pour tous", forces et limites, par Christian Harbulot, Directeur de l’Ecole de Guerre Economique : http://www.infoguerre.fr/edito/edito-mouvement-de-masse-et-guerre-de-linformation/

    5. Surprise : Bruxelles suspend des pesticides... : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2013/04/30/surprise-bruxelles-suspend-des-pesticides.html#more 

    6. Culture : Au château de Versailles, les Appartements de Mesdames, filles du roi Louis XV, restaurés et remeublés, sont ouverts au public depuis le 25 avril 2013 : http://patrimoine.blog.pelerin.info/2013/04/26/versailles-les-appartements-des-filles-du-roi-louis-xv-restaures-et-ouverts-a-la-visite/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+PatrimoineEnBlog+%28Patrimoine+en+blog%29   

     

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    2. La "bourse aux liens", envoyés par des lecteurs, pour approfondir et aller plus loin... 

    1. Je vous invite à découvrir l'article "Israël: "Le sionisme religieux est plus influent que jamais"". Si le lien vers l'article n'est pas cliquable, vous pouvez lire l'article à partir de l'url suivante : http://www.lexpress.fr/tiny/1245539 

    2. Sur ARTE, voici un reportage mettant en vis a vis "les nouveaux royalistes" du CRAF et les moins jeunes de la NAR : http://wp.arte.tv/yourope/2013/04/19/france-les-nouveaux-royalistes/ 

    3. L'irruption spontanée de la génération JMJ fait réfléchir Jacques Julliard.
    C'est Gérard Leclerc qui commente son article sur Radio-Notre-Dame : http://radionotredame.net/player/http://radionotredame.net/wp-content/uploads/podcasts/l-editorial/l-editorial-30-04-2013.mp3

  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg= Pour coller au plus près à l'actualité, on a rajouté au dernier moment, cette semaine, comme presqu'à chaque fois, des notes (2 en l'occurrence) sur des sujets nouveaux ou prenant une importance plus grande que prévue : ainsi notre note de mardi sur le nouveau roi de Hollande, et celle de mercredi  sur les révélations du député Guilloteau, concernant les "jeunes" djihadistes "français" (!). Forcément, cela demande que l'on repousse une ou deux notes annoncées, et voilà pourquoi c'est cette semaine-ci que vous lirez les deux sujets prévus dimanche dernier, sur le Charette de de Villiers et sur la Démographie, de Champsaur :

    = "Charette, c'est l'anti-Robespierre" : succès confirmé pour le dernier ouvrage de Philippe de Villiers; nous présenterons mardi une recension des interventions radio/téle et des articles les plus importants qui lui ont été consacrés. Avec ses deux immenses réussites du Puy du Fou et du Vendée Globe, Philippe de Villiers remet sur le devant de la scène ces Vendéens qui furent les premiers résistants au Totalitarisme : Soljénitsyne, présent en Vendée pour le  bi-centenaire de la funeste révolution de 89, a bien établi qu'elle était le "principe de tout le mal". 

    = Champsaur traitera de Démographie et terrorisme intellectuel, loin du politiquement correct, mais avec une documentation incontestable... avant d'aborder, pour les prochaines semaines, le budget militaire de la Chine (évolution effarante du budget militaire chinois...) et l’Egypte. A propos de ces deux futurs sujets, rappelons que vous pouvez retrouver les articles "à l'internationa"l de Champsaur (Syrie, Iran, Tunisie, Vae victis, L'eau etc...) dans notre Catégorie "International ( 2 : Monde)..., et la plupart des autres dans notre Catégorie "Social, Economie" : Histoire du Pétrole, Gaz de schiste etc...

     = On s'arrêtera également sur cette visite interdite aux architectes pourtant chargés de la rénover dans cette "cité" des quartiers nords de Marseille : le "plan d'Aou". C'est du Pagnol, mais inversé : tragique, inquiétant et révélateur. État et collectivités locales gaspillent des milliards pour soi-disant "rénover" ces 1.500 et plus zones de non-droit, mais les "vives tensions" qui y règnent (c'est l'euphémisme dont se sert La Provence) font qu'il est impossible aux architectes d'y entrer; ou alors, si l'on préfère, d'en sortir, vivants : en clair danger de mort ! Et, pendant ce temps-là, l'Etat gaspilleur refuse à notre Armée les crédits dont elle a besoin, elle qui fait "travailler" la recherche et l'innovation, qui assure l'emploi, le savoir-faire et l'excellence française dans ce domaine évidemment indispensable à l'indépendance nationale qu'est la Défense nationale !... 

        DAUDET ASSEMBLEE.jpg                          

    = La parution de notre 20ème Album :

  • Altice, symbole du business moderne

     

    par Ludovic Greiling

    Passer de 500 millions d’euros d’actifs à 20 milliards en cinq ans, c’est possible ! C’est ce que révèlent les agissements d’Altice, la société de portefeuille luxembourgeoise contrôlée par l’homme d’affaires israélien Patrick Drahi. Ses dernières emplettes ? L’opérateur de télécommunications américain Cablevision, pour 17,7 milliards de dollars, trois mois après avoir racheté en Europe la compagnie Portugal Télécom pour 7,4 milliards d’euros.

    Devenu en quinze mois un magnat des médias français

    Auparavant, en quinze mois, Patrick Drahi avait mis la main en France sur la majorité de l’opérateur de téléphonie mobile SFR ainsi que sur Virgin Mobile (il contrôle déjà le fournisseur d’accès à internet Numéricâble). Il s’était également lancé dans le rachat de gros médias nationaux, comme le groupe médiatique Roularta (L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Point de vue, etc), 42% du journal Libération et la moitié du capital des radios-télés RMC et BFM.

    De la magie ? Non. Seulement une boulimie d’acquisitions obtenues par endettement, typique de l’actuel mouvement de concentration des richesses dans le monde. Fin juin, le montant dû par Altice à ses créanciers équivalait près de 30 milliards d’euros (avant acquisition de Cablevision). Qui lui prête ? « La société lève surtout de l’argent par émission d’obligations qui servent des taux d’intérêts élevés, de 5% à 6%. Et son business tient car elle améliore beaucoup les marges des entreprises acquises en coupant drastiquement dans leurs coûts », explique un analyste de banque qui suit la valeur. Un quart de la dette d’Altice est également assuré par des crédits bancaires.

    Comment la dette concentre les richesses

    Pour obtenir de tels financements, il faut du réseau et Patrick Drahi n’en manque pas. Celui qui avait commencé sa carrière télécom en France avec le soutien de nombreux fonds américains – dont Carlyle, bastion financier du complexe militaire états-unien – est très présent en Israël, où il a été reçu à plusieurs reprises par l’ancien président Shimon Peres. Il y a d’ailleurs lancé i24news, une chaine d’informations multilingue dont le but est de « doter Israël d’un outil d’influence », selon son directeur.

    Le modèle d’Altice peut-il tenir ? L’inquiétude a gagné certains banquiers après la publication d’une note de Goldman Sachs qui mettait en doute les montages financiers du groupe. « Même si les taux d’intérêts venaient à monter, son modèle devrait encore marcher », tempère cependant notre analyste bancaire. « Altice coupe drastiquement dans les coûts des entreprises rachetées. Par exemple, suite à son acquisition en République dominicaine, la marge d’exploitation y est passée en très peu de temps de 30% à 50% [à force de licenciements massifs – NDLR]. Quand vous rachetez une compagnie mal gérée et que vous pouvez en améliorer le business, ça fonctionne. Néanmoins, Altice ne pourra pas continuer à aller aussi vite comme cela », conclut le spécialiste.   

     - Politique magazine

     

  • TRADITION • La laïcité, une praxis au service du bien commun

    « Si l’association des maires de France a fait savoir que "la présence de crèches de Noël dans l’enceinte des mairies" ne serait "pas compatible avec la laïcité", beaucoup de maires provençaux considèrent que cette tradition populaire ne mérite pas polémique.,» (Quotidien La Provence PHOTO E.C.)

    par Gérard Leclerc

     

    283146557.JPGFaut-il cent fois sur le métier remettre le concept de notre sacro-sainte laïcité ? Chacun sait que pour beaucoup elle constitue le talisman précieux, capable de nous protéger de tous les maux : la peste, le choléra, et d’autres pires encore. Je galèje bien sûr, mais non sans intention de mettre les pieds dans le plat. Ce n’est pas la laïcité qui nous sauvera du terrorisme et de l’extrémisme djihadiste. Il n’est pas sûr qu’elle ait la capacité, à elle seule, de prendre la mesure du phénomène idéologique et religieux en cause. Qu’est-ce que la laïcité ? Très modestement, un dispositif de gouvernement, qui grâce à la séparation du politique et du spirituel, permet l’existence d’une société pluraliste, en assurant les conditions de la liberté de conscience. Je dis modestement, mais ce n’est pas rien de servir ainsi le bien commun et la liberté des citoyens. Cela ne justifie pas de gonfler le concept, si on me permet cette expression, qui risque d’éclater comme la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf.

    La laïcité consiste avant tout dans l’exercice pragmatique de l’autorité, capable de prendre de judicieuses décisions à un moment donné. En gros, c’est une praxis, ce n’est pas une philosophie, même si elle est circonscrite par quelques principes de base. Le philosophe John Rawls dirait que ce n’est pas une doctrine compréhensive, c’est-à-dire une pensée qui éclaire sur le sens de la vie humaine. La meilleure preuve, c’est qu’elle peut être une occasion de regroupement pour des gens aux conceptions les plus diverses dans les domaines philosophiques et religieux. C’est pourquoi il importe de noter d’un zéro pointé l’Association des maires de France qui vient de fournir sa propre définition de la laïcité : « Une approche philosophique du vivre ensemble que l’on peut qualifier d’humaniste parce qu’elle ne se réfère à aucun dogme religieux ni à aucune vérité “révélée” et qu’elle n’est soumise à aucun appareil religieux. » Cette définition, qui sent bon le rationalisme rabougri et le b-a ba de la rue Cadet, est tout simplement inepte. Elle confond laïcité et laïcisme, et s’ordonne dans une lourde dogmatique anti-religieuse. Quand on apprend dans le même texte que le plus beau fleuron de la laïcité consiste dans l’éradication des crèches de nos mairies, on se dit que la boucle est bouclée, et que le comble de la sottise est atteint par des gens qui n’ont rien trouvé de mieux que de pourchasser nos santons populaires, quand la maison brûle. Mon Dieu, quelle pitié !  

    Chronique sur Radio Notre-Dame le 24.11.2015

  • Idées & Politique • Fin de campagne

     

    par Gérard Leclerc

    Jeudi 20 avril 2017 

    rubon9-071ca.jpgEnfin ! Enfin, nous arrivons au bout de cette campagne électorale. Peut-être ai-je tort de m’exprimer ainsi, car l’impatience d’en finir pourrait être demain relayée par le désolation d’une nouvelle impasse, ou pire encore du chaos. Certes, il ne faut jamais parier pour le pire, et même si c’est la crise institutionnelle qui s’imposait dans les prochains mois, il faudrait espérer contre toute espérance, en se persuadant que souvent le sursaut peut jaillir de l’abîme. Il s’agit de ne décourager personne, et surtout pas les courageux militants qui se sont engagés, corps et âmes, dans un combat qu’ils croient nécessaire. Mais c’est la situation qui rend perplexe l’observateur que je suis. Un observateur nullement détaché, mais suffisamment indépendant pour tenter de juger les choses sans trop de préjugés.

    Dans ma perplexité, je me suis saisi avidement des deux pages du Monde, où trois philosophes allemands éminents étaient invités à exposer leur analyse de la situation politique en France. Je ne puis dire que j’ai été déçu, car j’ai trouvé aussi bien chez Sloterdijk, Habermas que Streeck, des éléments intéressants, grâce au regard extérieur qu’ils projettent sur notre pays. Néanmoins, ces trois esprits puissants n’ont pas produit en moi le dénouement que j’escomptais, peut-être avec présomption. J’ai cru comprendre qu’ils attendaient beaucoup d’Emmanuel Macron, pourvu qu’il gagne la compétition, mais ils m’ont donné l’impression d’investir le compétiteur de leurs propres espoirs en une reconfiguration des forces politiques qui est, à mon sens, plus que problématique. Et lorsque nos philosophes mêlent à leur supputation des vœux qui s’adressent au pays des Lumières, je ne marche pas du tout, ce supplément d’âme masquant ce qu’il y a de hasardeux dans leur pari.

    Et puis Wolfgang Streeck contredit l’optimisme de ses collègues, en montrant la vanité d’une médiation qui ne résoudra en rien les difficultés d’un monde bousculé par ce qu’il appelle « la logique du perpétuel ajournement de la faillite ». Non, il n’y a rien dans tout cela de propre à nous sortir de nos incertitudes, sauf une invitation à dire non à l’à quoi bon et à la fin de l’histoire. La nôtre ! 

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 avril 2017

    Gérard Leclerc

  • Société • Accélération de l’histoire ?

     

    par Gérard Leclerc

     

    1237311666.jpgDans un magnifique livre au style étincelant, qui parut en 1948, Daniel Halévy développait le thème de l’accélération de l’histoire. Tout allait de plus en plus vite, la modernité s’identifiant à ce rythme saccadé qui sortait l’humanité de ses immobilités, de ses engoncements dans ses habitudes et ses traditions. On pourrait à ce propos se référer aussi à ce que Claude Levi-Strauss appelait « les sociétés froides », ces sociétés dominées par une sagesse les incitant « à résister désespérément à toute modification de leur structure, qui permettrait à l’histoire de faire irruption en son sein ». L’Occident, d’évidence, s’est toujours distingué de cette résistance, avec sa conception non cyclique du temps. Il n’empêche qu’à un certain moment le rythme s’est accru de telle façon que la distinction d’avec la société froide devenait obsolète.

    106503674.jpgC’est bien la société historique elle-même qui se trouvait propulsée dans une autre dimension, notamment avec l’avènement de l’industrie moderne. Mais le développement des sciences et des techniques aidant, l’accélération s’est trouvée surmultipliée. Nous nous en apercevons avec ce qu’est devenue l’information qui prétend nous rendre compte, d’une façon haletante, de tout ce qui se passe sur la planète. Rien que sur le terrain politique, avec l’essor des chaînes spécialisées, nous pourrions y passer toute notre vie. L’actualité de ces derniers mois et de ces derniers jours, avec ses rebondissements continuels, est suivie scrupuleusement, aussi bien par l’image que par le commentaire.

    Il s’est ainsi créé une catégorie de journalistes, dont les performances provoquent toute mon admiration, mais pas nécessairement mon envie. J’admire toute cette virtuosité qui permet de faire patienter un auditoire, avant que tombe, par exemple, l’annonce du nouveau gouvernement. Il se dispense dans ces exercices une somme d’intelligence, de subtilité et même de savoir, étonnante. Cependant, j’aurais scrupule à me joindre à ces collègues, car je garde tout de même une préférence, sinon pour le temps immobile et les sociétés froides, du moins pour une certaine distance, une possibilité d’interprétation plus apaisée. Est-ce une gageure impossible, aujourd’hui ?   

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 juin 2017.

    Gérard Leclerc - France catholique 

    Ci-dessus à droite : Daniel Halévy

  • Un monarchiste à la tête des eurodéputés

    Antonio Tajani.  

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Notre chroniqueur met en relief le profil d’un citoyen sans reproche de la République italienne, quoique de conviction royaliste, et qui, depuis cette année, préside le Parlement européen.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgTout le monde connaît le tonitruant et rugueux Martin Schulz, surnommé le « gaucho-brutal » par certains de ses collègues, le social-démocrate allemand qui présida jusqu’en janvier 2017 l’assemblée européenne siégeant tour à tour à Strasbourg et à Bruxelles. En revanche, rares sont les gens, en Europe et environs, qui sont à présent en mesure de citer le nom, pourtant facile à retenir, de ce Latin avenant, à l’abondante chevelure poivre et sel, Antonio Tajani, et qui, depuis le début de cette année, est à son tour le président des eurodéputés, et cela au moins jusqu’en 2019. 

    Cet homme politique italien, né à Rome en 1953 (et ayant l’accent de la campagne romaine), parfaitement intégré aux jeux politiciens compliqués de la démocratie italienne, a même été un temps porte-parole du pittoresque Silvio Berlusconi. Eurodéputé dès 1994, vice-président du Parlement continental, un temps même commissaire européen aux Transports, il mit en pratique sa conception des économies budgétaires en renonçant à son indemnité annuelle de 468.000 euros. Il n’a pourtant pas de fortune personnelle, et a toujours travaillé, étant tour à tour officier de l’armée de l’air, juriste puis journaliste radio avant son cursus politique. 

    Souverainiste affirmé et catholique assumé, ce qui est encore à la limite accepté, en France et ailleurs, par le « politiquement correct », Antonio Tajani a été perfidement qualifié d’« ancien monarchiste » par le quotidien parisien Libération. Or, le nouveau président du Parlement européen est toujours de conviction royaliste, pour son pays l’Italie en tous cas. Il ne peut évidemment plus militer au grand jour au sein du mouvement monarchiste de la Péninsule mais il est resté notoirement fidèle à la Maison de Savoie qui a réunifié l’Italie en 1860-1870 et a été renversée en 1946 par un référendum républicain notoirement « corrigé »… 

    Saluons en tout cas la tolérance des républicains italiens maintenant au pouvoir à Rome et qui n’ont pas essayé d’entraver  l’ascension du Signor Tajani vers le « perchoir » de Bruxelles et Strasbourg! Jamais en France cela n’aurait été possible, même si le futur président Macron a, il est vrai, regretté en 2015, quand il était ministre, la décapitation du roi Louis XVI et même s’il est allé sous les caméras, pendant la campagne présidentielle, rencontrer en Vendée le monarchiste Philippe de Villiers, ancien eurodéputé, promoteur de la fameuse Cinéscénie du Puy-du-Fou. 

    Antonio Tajani vient, en tout cas, de lancer un clin d’œil aux royalistes européens, qui sont nombreux au sein des démocraties couronnées du Vieux Continent, et même dans certaines républiques. Ce clignement oculaire, il a eu lieu au monastère franciscain de Gorizia, en Slovénie (anciennement en Autriche-Hongrie) où le président Tajani est allé faire, cette année, une « visite patrimoniale» à la crypte où reposent plusieurs princes de la branche aînée des Bourbons de France, à présent éteinte, dont le roi Charles X (1821-1830).  • 

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 30.09.2016

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    « Vous êtes ridicules » : Juncker face à un Parlement européen vide ...

  • PMA légalisée : l’atteinte à l’enfance

     

    par Gérard Leclerc

     

    1237311666.jpgHier, nous parlions écologie*. Aujourd’hui, nous sommes obligés de parler écologie humaine. Patatras ! Autant, je me sentais des affinités avec Nicolas Hulot, autant j’ai grand peur de me trouver en opposition radicale avec Emmanuel Macron à propos d’une nouvelle transgression majeure, celle qui concerne la PMA, la procréation médicalement assistée. Le candidat avait clairement affirmé son accord à une extension de la PMA pour les couples de femmes, tout en attendant l’avis que devait prononcer le Comité consultatif national d’éthique. Le comité s’étant prononcé hier et d’une façon favorable au projet d’extension, il y a tout à craindre d’un futur projet de loi. Sans doute, Emmanuel Macron avait-il aussi énoncé son souci de ne pas provoquer de nouvelles fractures nationales, comme pour le mariage homosexuel. On peut craindre néanmoins, sous l’influence des lobbies et des médias massivement acquis à une certaine conception des mœurs, d’entrer dans une autre bataille qui, à nouveau, divisera profondément le pays.

    Bien sûr, on est obligé de partir d’un fait, celui du flottement généralisé des conceptions du monde, flottement que l’on est bien obligé de référer à la diffusion d’un nihilisme sournois. Il n’y a plus de convictions communes. On est donc obligé de se référer aux discussions de cette instance très particulière qu’est un comité d’éthique. Comité, dont les procédures sont assez proches de celles définies par Habermas, sans les lourdeurs propres aux rapports de force politiques. Encore faut-il, pour se mettre vraiment d’accord, pouvoir s’appuyer sur un minimum de perceptions communes. Force est de constater que ce minimum est plus que problématique. Et par ailleurs, le dernier mot appartient tout de même au politique qui tranchera, en accusant encore plus, sans doute, les incompatibilités.

    On aura l’occasion de traiter amplement le sujet lui-même. Mais comment ne pas reconnaître que la transgression envisagée porte atteinte au cœur de la vie même, là où s’élabore le fruit sacré de l’amour humain. Cœur que la Providence a disposé avec la différence des sexes. On a beau dire que c’est par compassion que l’on veut permettre aux femmes en souffrances d’accéder à la maternité. Ce qui sera atteint, c’est la reconnaissance native, la plus délicate, celle que l’enfant perçoit simultanément dans le sourire de la mère et l’ombre protectrice du père.

    *écologie.

    Gérard Leclerc au jour le jour

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 juin 2017 

  • Identité socialiste

     

    par Gérard Leclerc

     

    XVM495e5cb0-8a51-11e6-8bce-57b23a9183a7-100x108.jpgL’affrontement qui oppose Manuel Valls et Benoît Hamon est sans aucun doute décisif pour déterminer ce qu’est ou ce que sera l’identité de la gauche. Cette question de l’identité n’a pas été dénouée. Le Parti socialiste n’a pas eu son Bad Godesberg. Faut-il rappeler que le Parti social démocrate allemand décida, lors de son congrès de Bad Godesberg en 1959, l’abandon de ses références au marxisme et l’adoption de l’économie de marché. Jamais, le Parti socialiste français ne s’est livré à pareil aggiornamento en dépit du tournant qu’a constitué en 1983 le changement radical de politique économique du président Mitterrand, à l’instigation de Jacques Delors. François Mitterrand n’était nullement disposé à reconnaître la mutation idéologique pourtant évidente qui s’était produite, avec l’abandon de l’orientation étatiste de son projet présidentiel.

    Il est vrai qu’il y a dans le patrimoine du socialisme français une désinence possibiliste. Sans renier les objectifs ultimes de transformation sociale, il s’agit de consentir à un certain pragmatisme, sans lequel l’exercice des responsabilités réelles n’est pas possible. Mais avec le tournant de 1983, on est très au-delà du possibilisme. On se lie complètement aux règles du libre-marché, sur lesquelles d’ailleurs l’autorité de Bruxelles exerce une vigilance sans faille. Il y a des socialistes qui n’ont jamais admis ce tournant. Jean-Luc Mélenchon en est le prototype. Ceux qu’on a appelés les frondeurs participaient aussi, à leur manière, de cette fidélité à l’ADN du socialisme, en se dressant contre toutes les décisions du quinquennat de Hollande qui renforçaient l’alignement du pouvoir sur le libéralisme économique.

    Benoît Hamon est-il l’homme qui ramènera le Parti socialiste à ses purs idéaux ? Incontestablement le désaccord avec la ligne de Manuel Valls est profond. Y aura-t-il pour autant désaveu du tournant de 1983, avec toutes ses conséquences ? Ce n’est nullement évident, comme il n’est nullement évident que soit renoués les liens avec la tradition syndicaliste et ouvrière des origines. Un Jean-Claude Michéa rappelle obstinément qu’il y incompatibilité entre cette tradition et l’évolution libertaire des frondeurs qui restent complices d’une culture largement commune avec les libéraux-libertaires.

    Gérard Leclerc - France catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 janvier 2017.

  • Retour à la culture française

     

    par Gérard Leclerc

     

    XVM495e5cb0-8a51-11e6-8bce-57b23a9183a7-100x108.jpgFaut-il revenir à la question de la culture française, dont un des candidats à la présidence de la République a prétendu qu’elle n’existait pas ? Pourquoi pas ? Le sujet n’est pas médiocre, et même s’il y a lieu de s’intéresser aussi à des dossiers qui semblent peser plus lourd, celui-là est quand même essentiel, car il concerne la vie de l’esprit et ce qui nous permet de nous mieux reconnaître ensemble. J’ai déjà abordé le sujet, mais j’y reviens suite à une mise au point d’un de nos anciens ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon sur le site Figarovox. Tout part, il est vrai, d’une distinction plutôt subtile. Peut-on opposer la notion de culture française à celle de culture en France ? C’est cette opposition qu’avait faite à Lyon Emmanuel Macron, que Jean-Jacques Aillagon reprend à son compte en y apportant son explication.

    « Ce qu’on appelle, par justification commode, la culture française est en fait constituée depuis plusieurs siècles par la convergence, la rencontre, le métissage d’influences culturelles venues de partout. » Cette argumentation ne me convainc pas du tout, même si on peut accorder que la vie de l’esprit suppose l’incessant échange des influences. À vouloir disséminer à l’excès la culture, celle-ci devient proprement inintelligible, elle est ramenée au local infime et à l’inverse, au multiple insaisissable. Alors, il faut nier l’existence d’unités repérables, ne serait-ce que celles que caractérisent les langues nationales. Plus de culture française, allemande, anglaise, espagnole, russe… ? C’est quand même un sacré paradoxe.

    On comprend le souci de Macron ou d’Aillagon d’éviter une sorte de fixation étroite ou rigide, mais il ne s’agit pas de cela. Il s’agit de reconnaître la visibilité des traditions qui sont d’évidence des traditions vivantes, ouvertes à l’échange. Des traditions reconnaissables aussi par des traits qui les définissent, car la multiplicité des influences n’empêche pas la prédominance de caractères forts qui se reconnaissent aussi par leur rayonnement et leur fécondité. Le dialogue des cultures ne gagnera sûrement pas à leur indistinction et à leur effacement dans le brouillard d’une multiplicité sans fin. 

    Gérard Leclerc

    France catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 février 2017.

  • Victoire écrasante de Fillon : Les débats ne sont pas tranchés

     

    Par Gérard Leclerc

    Une excellente synthèse des questions et problèmes restant en suspens après la victoire de François Fillon à la primaire de la droite. De fait, ce que montreront sans-doute les mois à venir, il semble qu'en profondeur, elle ne résout rien. LFAR

     

    XVM495e5cb0-8a51-11e6-8bce-57b23a9183a7-100x108.jpgLa victoire écrasante de François Fillon dimanche est de bon augure pour l’élection présidentielle, mais il reste de rudes étapes à parcourir pour parvenir au but. La première étape n’est peut-être pas la plus difficile. Ayant déjà réussi à s’adjoindre l’état-major et la troupe sarkozystes, François Fillon devrait aussi s’acquérir ceux qui se sont reconnus dans la personne d’Alain Juppé, en dépit de blessures inévitables. Ainsi, trois droites se retrouveraient réunifiées sous la houlette du nouveau leader : la droite dite conservatrice qui lui a permis de l’emporter au premier tour, la droite bonapartiste de Sarkozy et la droite centriste de Juppé. Mais le compte n’y est pas, car il manque, pour faire une majorité électorale véritable, tout un peuple déclassé, celui de la France périphérique qui continue à se reconnaître en Marine Le Pen.

    Et il est vrai qu’un certain discours libéral peut contribuer à maintenir et même approfondir la rupture avec cette France là. Henri Guaino s’en est fait l’avocat, en contestant durement certains aspects du programme de François Fillon, rejoignant ainsi le réquisitoire de Florian Philippot. Qu’en est-il du gaullisme social, que ce compagnon de Philippe Seguin semble avoir abandonné ? L’intéressé se défend en répondant que c’est le retour au plein emploi qui permettra de remédier aux maux du chômage et de la pauvreté. Mais la discussion est ouverte et promet de faire rage dans les prochains mois.

    Il y a d’ores et déjà une controverse intéressante à propos du gauchissement opéré par la contamination chevènementiste du Front national, où la France profonde de droite ne se reconnaîtrait pas. Mais il y a aussi une discussion ardente dans certains milieux catholiques, pas forcément de gauche, qui ne reconnaissent pas la doctrine sociale de l’Église dans un programme digne de la dame de fer. Et l’anti-libéralisme du pape François, si sensible dans son encyclique sur l’écologie, irait à l’inverse des orientations d’une politique économique, dominée par les canons de l’orthodoxie financière. Je ne trancherai pas ces débats, mais ils sont dignes d’attention et ont le mérite d’approfondir les enjeux de cette bataille qui va durer jusqu’au printemps prochain. 

    France Catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 29 novembre 2016.

  • Société & Actualité • Prendre de la hauteur

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgPrendre de la hauteur en période de passion, ce n’est pas donné à tout le monde. Pourtant, c’est souvent la condition première de la lucidité.

    Durant cette campagne, qui se poursuit d’ailleurs, divers thèmes ont été traités sur le mode polémique. Y aurait-il donc une césure définitive entre les patriotes et les mondialistes ? Ceux qui sont attachés à la France en tant que sujet historique et ceux qui la considèrent comme un cadre suranné, rendu obsolète par les processus de la mondialisation ? Ou encore y aurait-il deux camps, celui de la générosité, de l’ouverture et celui de la peur, de la haine, de l’exclusion et du repli ? Il est pratiquement impossible, lorsqu’on est partie prenante dans une confrontation pour le pouvoir de prendre de la distance par rapport à ces qualifications catégoriques. Et pourtant, l’un et l’autre camp désignent des problèmes réels, des revendications ou des exigences qu’il serait dommage de ne pas prendre en considération. Non pas pour parvenir à une synthèse impossible ou à une réconciliation problématique, mais pour tenter une prise en compte générale des questions posées. Posées parce qu’elles sont incontournables.

    Philippe d’Iribarne, sociologue indépendant, s’est essayé, au Figaro d’hier, à cette prise en compte, et j’ai été sensible à son analyse, parce que justement elle prenait de la hauteur, ne méprisant personne, n’excluant aucun camp, sans pour autant se risquer à un « embrassons-nous Folleville » comme aurait dit l’excellent Labiche. Je ne puis résumer d’une formule sa grande page, je n’en retiendrai qu’un avertissement qui résume assez bien la substance de son propos. Sommes-nous condamnés à des solutions extrêmes, sans moyen terme pratique ? D’un côté l’ouverture sans limite, de l’autre la fermeture absolue ? « Qu’est-ce qu’en pratique un peuple ouvert ? Se réduirait-il à une foule informe ? Ou garde-t-il quelque chose de spécifique, un imaginaire, des rituels, des symboles, des mœurs, qui font que, par exemple, le peuple américain n’est pas le peuple anglais, le peuple finlandais n’est pas le peuple suédois. » Et puis attention, il arrive que les sociétés les plus ouvertes soient aussi les plus violentes. C’est la cohérence intérieure qui permet la paix civile. Voilà en tout cas de quoi faire réfléchir ! 

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 mai 2017

    France catholique

  • La sécession de la plèbe

    A Paris, le 18 juin

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgL’abstention massive qui s’est encore aggravée au second tour des législatives pose quand même un sérieux problème, alors que le président de la République dispose maintenant d’une majorité qui lui donne tous les moyens de gouverner.

    On a parlé, à juste titre, de la lassitude d’un électorat fatigué d’une trop longue compétition. On a aussi insisté sur la résignation de ce même électorat, persuadé que les choses étaient pliées avec l’élection d’Emmanuel Macron et la certitude qu’il aurait sa majorité parlementaire. Mais il est une autre façon d’envisager les choses, qui confère au phénomène de l’abstention une densité significative.

    C’est Jean-Claude Barreau qui a lancé l’idée, avec un rappel historique de ce qui s’était passé autrefois dans la République romaine. Dès le début de la République, en effet, se produit ce qu’on appelle la sécession de la plèbe. La plèbe, c’est le peuple qui n’appartient pas aux catégories supérieures, au patriciat qui tient en main la réalité du pouvoir. Elle se rebelle contre le mépris dont elle est l’objet. En 499 avant Jésus-Christ, cette plèbe en armes se réfugie sur la colline de l’Aventin et finit par obtenir la création d’une magistrature chargée de ses intérêts. On parlera ainsi des tribuns de la plèbe. L’expression est restée, elle a été employée à différentes reprises pour caractériser, par exemple, le rôle du Parti communiste. On parlait alors de sa fonction tribunicienne, eu égard à toute une population ouvrière, ou prolétarienne, dont il avait à défendre les intérêts.

    Est-ce un peu forcer la comparaison que d’affirmer que l’abstention massive des deux tours des législatives équivaut à la sécession de la plèbe et à son reflux sur l’Aventin ? Une plèbe qui ne se reconnaît pas dans un système patricien, avec des représentants largement issus des catégories sociales supérieures de la population ? Comparaison n’est pas raison, mais il y a quand même quelque chose d’impressionnant dans le fait que le pouvoir soit détenu par un président sélectionné par un quart de l’électorat et bénéficiant du soutien d’une majorité qui ne rassemble, en fait, que le septième du même électorat. La France insoumise et le Front national se sont trouvés marginalisés en dépit de la masse considérable qu’ils représentent. Ne reste au Parlement que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen pour exercer la fonction de tribuns de la plèbe. C’est significatif d’un déséquilibre qui fragilise d’ores et déjà le président et son gouvernement. 

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 juin 2017.

    Gérard Leclerc - France catholique 

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