UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (65)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

    lfar espace.jpg

     

    Aujourd'hui : Le discours de Michel Déon...

    1A.jpg

    Au cours de cette journée de remise des clés, Michel Déon, qui fut le dernier secrétaire personnel de Charles Maurras, prononça le court et superbe discours suivant :

    "Permettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.
    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville.
    Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue.
    Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous.
    Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.
    Mais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget*.
    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale.
    Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes.
    L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix :



    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus.

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ?



    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde.
    Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée.
    Vaine prétention !
    La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel.
    Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.
    Le temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence.
    En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer.
    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots :


    "Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité..."


    Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues.
    Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète."

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !

     

    LFAR FLEURS.jpg

  • Argent-Roi : Quand Napoléon parle comme Maurras...

    Il est toujours intéressant et instructif de rapprocher des textes apparemment éloignés : les étudiants en Lettres connaissent cela sous le nom de "littérature comparée".

    Un lecteur ami m'a envoyé ce visuel de Napoléon 1er parlant de "l'argent" : cela m'a tout de suite rappelé un article que j'avais écrit ici-même, en 2009 (très exactement le 21 août, c'est-à-dire presque deux ans et demi après que j'aie fondé lafautearousseau...).

    Je vous livre l'un et l'autre, sans commentaire et sans y rien changer : pour une fois que Maurras et Napoléon se rencontrent, le mieux est de s'effacer et de le  laisser en tête à tête, non ?

    (article du 21 août 2009)

    Argent, qui t'a fait roi ?

    On peut employer les mots que l’on voudra, et les formules les plus diverses. On peut parler, comme Boutang, de « Reprendre » l’Etat ; ou de le « séquestrer », comme le disait Renan (on va voir ci-après de quoi il s’agit….) ; ou encore de le « libérer », comme le disait Maurras.

    Mais peu importent les mots : quelles que soient les formules que l’on choisit, l’important est bien, au bout du compte, de remettre l’Argent à sa place, et de bien comprendre comment et pourquoi, à quelle occasion historique, il a pu ainsi s’affranchir de toute contrainte, jusqu’à remplir tout l’espace et acquérir une puissance inédite chez nous : c’est en abattant la Royauté que ceux qui ont fait la révolution, et dont certains étaient peut-être sincères, ont en réalité ouvert la route à l’Argent, le pouvoir royal traditionnel, qui le maintenait à sa place, ayant disparu.

    Tels des apprentis sorciers -et même si, bien sûr, on pourra toujours dire: Mais ils n'ont pas voulu cela !...- ils ont déclenché des forces immenses que leurs nuées abstraites ont été bien incapables de maîtriser, et devant lesquelles elles ont pesé d'un bien faible poids. 

    Ils raisonnaient dans l'une des sociétés les plus raffinées, les plus policées, les plus civilisées dont l'Histoire gardera la mémoire, et que l'on peut, à bien des égards, appeler un Âge d'Or. Mais ils ont obtenu le résultat inverse de celui qu'ils espéraient, et ils n'ont fait qu'initier le processus qui, implacablement et inexorablement, une fois qu'il s'est mis en route, a abouti au désastre actuel de notre Âge de Fer, barbare et asservi aux forces matérielles, où seul l'Argent est roi; où l'Argent est le seul roi....

    Voici un texte lumineux de Charles Maurras, paru dans L’Action Française du 1er Août 1921 (mais on peut aussi, dans l'Ephéméride du 20 avril -jour de la naissance de Maurras- trouver un rapide résumé de l'Avenir de l'intelligence). Il est bon de le relire : nous parlerons donc bientôt – et très longuement, car il s’agit de quelque chose de fondamental… - de ce Maurras fulgurant de L’Avenir de l’Intelligence, qui avait – dès le début du siècle dernier - parfaitement  compris et analysé la société dans laquelle nous allions vivre ; et dans laquelle, pour le coup, nous vivons maintenant : une société dans laquelle les puissances de l’Argent, après avoir éliminé le pouvoir politique traditionnel et fort incarné par la royauté, éliminerait toute autre forme de pouvoir, notamment celui des intellectuels et de la pensée, et finirait par rester seul maître d’une société à laquelle le nom d’ « âge de fer » conviendrait parfaitement. 

    Nous y sommes, hélas….  Mais nous verrons aussi que Maurras commençait les dernieres pages de l’Avenir de l’Intelligence par « A moins que… »…

    « L’Argent, en tant qu’argent, celui qui remplit sa fonction, honnête ou neutre, de simple Argent, ne m’inspire aucun sentiment d’hostilité, non plus que d’amitié ni d’envie. Je le voudrais bien à sa place. Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut (1). Le vertige démocratique le condamne à l’usurpation, parce qu’il ne peut trouver de contrepoids en démocratie. Cela est réglé, cela est vécu.

    Ne croyez pas que les argentiers eux-mêmes aient lieu de s’en réjouir ! Ce qu’ils achètent indûment s’avilit et les avilit, voilà tout. Ils y perdent deux choses : ce qu’ils y croient gagner et eux-mêmes.

    Pour savoir quels étaient les rapports de l’Argent et de l’Etat quand notre organisation naturelle et historique fonctionnait, lisons cette page de Bonald :

    « Assurément, on ne pouvait se plaindre en France que de l’excessive facilité de l’anoblissement et, tandis qu’un meunier hollandais, ou un aubergiste suisse sans activité, comme sans désir, bornés à servir l’homme pour de l’argent, ne voyaient dans l’avenir, pour eux et leur postérité, que le moulin et l’enseigne de leurs aïeux, un négociant français, riche de deux cents mile écus, entrait au service de l’État, achetait une charge et une terre, plaçait son fils dans la robe et un autre dans l’épée, voyait déjà en perspective la place de président à mortier et celle de maréchal de France, et fondait une famille politique qui prenait l’esprit de l’ordre à la première génération, et les manières à la seconde. C’est, dit Montesquieu, une politique très sage en France, que les négociants n’y soient pas nobles, mais qu’ils puissent le devenir ». (2)

    On voit à quoi servait l’Argent dans cette économie ; il servait à servir. Il servait à entrer dans les services de l’État, services où il était discipliné et traité suivant ses œuvres nouvelles. L’Argent devenait chose morale et sociale, il se chargeait de responsabilités définies qui l’introduisaient et le maintenaient sur un plan différent du sien. C’est que l’État était alors constitué en dehors et au dessus de l’Argent. L’État pouvait donner splendeurs, honneurs, influences, vastes espoirs dans toutes les directions de l’élévation politique et morale. En même temps, il imposait son esprit. Il gardait le gouvernement. C’est que, le Chef de l’État n’étant pas élu, la corruption essentielle n’était pas possible (3) : il n’était ni or ni argent qui pût faire de la souveraineté politique un objet de vente et d’achat.

    Le souverain héréditaire n’était pas engendré par l’argent comme peut l’être un souverain élu : il pouvait donc offrir un patronage sûr aux forces que l’Argent tentait d’opprimer. Par ce mécanisme qui, selon le mot de Renan, « séquestrait » le pouvoir suprême, au-dessus des brigues et des trocs, un certain ordre d’injustice criante et de basse immoralité se voyait interdire la vie sociale. Depuis que le séquestre royal est supprimé, et que tout est livré au choix précaire et vacillant des volontés humaines, leur fragilité, leur faiblesse leur assignent l’Argent pour maître absolu : nul obstacle ne retient plus l’État français de rouler sur la pente où l’empire est mis à l’encan."

    Ceux qui s'obstinent à ne voir en Maurras qu'un penseur conservateur trouveront tout au contraire dans ce texte une analyse qui conteste le fondement même de la société subvertie dans laquelle nous vivons, c'est-à-dire la toute puissance de l'Argent.

    Il faut en conclure que le printemps de l'Action Française a duré plus longtemps que ne le dit Paugham. Boutang l'a bien montré : Maurras est un grand contestataire, et il ne serait pas sérieux de prétendre aujourd'hui faire l'économie de son analyse.

    Tout simplement parce que nous sommes en plein dans la réalité de cet Âge de fer dont il avait prévu la survenue.   

    François Davin

  • Action française Arras : décentralisation, par Kilian Créon (conférence).

    C'est le fédéralisme et la décentralisation qui a amené Maurras vers la royauté, pas l'inverse.
    Pan fondateur de notre doctrine, Kilian Créon aborde demain à 18h le caractère salvateur d'un retour du politique vers les territoires.
  • GRANDS TEXTES (35) : La Monarchie fédérale, par Charles Maurras

    COLONNE GRECQUE 1.jpg"Quoi de plus moderne qu'une colonne grecque ?" répondait Ionesco, sous forme de boutade - mais boutade sérieuse et profonde... - aux tenants d'un art abscons, qui s'enivraient des mots "nouveau", "contemporain", "moderne" etc...

    En le paraphrasant, et en appliquant la paraphrase à la chose politique, ne pourrait-on dire : quoi de plus moderne que ces textes de Maurras, qu'il s'agisse de livres écrits il y a cent ans, au tout début du XXème siècle, comme L'Avenir de l'Intelligence, Kiel et Tanger ou, comme ici, d'un texte beaucoup plus court : La monarchie fédérale ?

    Quoi de plus moderne, mais aussi et surtout, quoi de plus révolutionnaire ? Alors que les tenants du Système sont devenus, de fait, les conservateurs du des-ordre établi de  ce Système, de cette république idéologique qui s'écroule aujourd'hui, après avoir fait faillite en tous domaines, nous sommes, nous les critiques de ce Système, les vrais révolutionnaires de ce des-ordre à l'échec retentissant. "Révolutionnaires" étant pris, bien sûr, non dans son sens idéologique - celui que se sont attribué ceux qui ont voulu 1789 - mais dans son sens naturel et premier : nous voulons retourner les choses, les remettre à l'endroit, pour, expliquait Boutang, retrouver "l'ordre légitime et profond"...

    Ainsi, dans la société induite par la révolution de 1789 et par la République de 1875, qui en est l'héritière, et qui était appelée "société bloquée" dès les années 1970 par Jacques Chaban-Delmas, il est bien révolutionnaire de parler de républiques au niveau municipal, de fédéralisme au niveau provincial (certains préfereront le technocratique "régional"...) et de royalisme à la tête de l'Etat : un Etat a-démocratique, "séquestré", disait Renan, "libéré" disait Maurras - là où Boutang parlait de "Reprendre le Pouvoir" - afin que les forces de l'Argent ne prévalent point contre lui et ne s'en emparent, ce qui est bien le cas aujourd'hui...

    Frédéric Amouretti est bien inconnu aujourd'hui : pourtant, Maurras était en pleine amitié et communion d'esprit et de pensée avec lui sur le régionalisme et le fédéralisme, comme lorsqu'il écrivait : "...En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...".

    Pour Amouretti, au contraire, et pour les "fédéralistes", il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon "sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...", ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête "uno assemblado soubeirano, à Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, à Marsiho o à-z-Ais". Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme "lou paire e lou redatour de la declaracioun", les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait :

    "...Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile...". 

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération : "...Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue..."

    Nous renvoyons le lecteur à l'excellent Cahier de l'Herne sur Charles Maurras (voir aussi ici) dans lequel se trouve la non moins excellente communication de Frédéric Rouvillois, Maurras fédéraliste (pages 232 à 243). Le "Cahier" donne aussi, juste après, la très courte Lettre au curé de Martigues (écrite "vers 1950", soit deux ans avant sa mort...) dans laquelle Maurras dit ceci : "...Nos opinions politiques peuvent ne pas coïncider, mais, outre qu'elles sont inspirées toutes par le même désir du bien d e la France, nous nous rejoignons dans le même sentiment de patriotisme municipal : vous devez connaître assez mes idées pour savoir que, royaliste à Paris et pour les affaires nationales, je suis républicain à Martigues pour les affaires municipales et en Provence pour les affaires de la province; les Républiques sous le Roi ont toujours été ma devise. Voilà un terrain d'accord ! En tout cas, il reste toujours l'amitié que l'on peut avoir entre dignes concitoyens..."

     La monarchie Fédérale

     

    Le Bulletin de l'une des trois paroisses de ma petite ville m'est arrivé avec un poème provençal en l'honneur de saint Éloi, suivi d'un cantique à la gloire du même saint, en provençal toujours, suivi lui-même d'un sermon prononcé par le curé pour le jour de la Trinité, en provençal encore. À la fin du numéro, autre cantique en provençal. Le titre du Bulletin est seul en français d'oui ; encore porte-t-il une épigraphe de Mistral. Huit vers du grand poète servent aussi de devise et d'invocation aux Quatre Dauphins, la revue aixoise, qui est bilingue. Les jeunes gens de 1890 fondaient des revues cosmopolites ; elles s'appelaient, par exemple, Le Saint Graal. Ils entendaient exclure de leurs soucis et de leurs amitiés tout ce qui ne leur venait pas de Bayreuth; en 1912, au même âge, dans le même monde et la même classe, on a le cœur rempli du murmure des cloches, et des fontaines du pays natal, le tremblement de la mer natale, et nos jeunes Aixois prennent plaisir à émouvoir l'élite de Paris et des provinces en faveur des Saintes-Maries de la Mer menacées par le flot et qu'il faut endiguer à tout prix.

    Le succès est-il acquis à ces grandes causes ? Ni la langue provençale, ni l'église des Saintes ne sont encore à l'abri des dévastations; le culte du sol sacré n'est pas encore inscrit d'office dans la vie publique et privée. Mais le mouvement est lancé ; d'année en année, il avance, il fait partie de la renaissance de la Patrie. À l'esprit public indifférent ou hostile succède peu à peu une aspiration favorable assez puissante pour s'exprimer et se définir.

    Il n'est rien de meilleur. En travaillant à la reconstruction de la ville ou de la province, on travaille à reconstituer la nation. Le provençal ne fait aucun obstacle à l'épuration et à l'illustration de la langue française, et bien au contraire il y aide. Le patriotisme français nourri et rafraîchi à ses vives sources locales est peut-être un peu plus compliqué à concevoir et à régler que le patriotisme unificateur, simpliste, administratif et abstrait de la tradition révolutionnaire et napoléonienne. Mais comme il est plus fort ! Et surtout, comme il est plus sûr ! À la place d'un simple total de milliers de fiches contenues dans un carton vert, voici la plante naturelle qui boit la sève de son sol.

     

    FRANCE PROVINCES.jpg

    Quelle France voulons-nous ? Une France héritée de l'Histoire, bâtie patiemment autour de solidarités et d'affinités naturelles, même lorsqu'elles sont fort dégradées par le Système, après 140 ans de république idéologique... 

     

     

    Aussi bien, si les amis de la patrie peuvent quelquefois s'égarer jusqu'à se prononcer contre les provinces pour un régime d'uniformité, les ennemis du patriotisme ne commettent pas la faute inverse. Leur haine est lucide ; elle unit dans la même insulte le drapeau de Wagram et les fanions de nos comtés, duchés, marches et bonnes villes ! Du temps où le vent qui souffle n'avait pas rallié Marc Sangnier à ce « patriotisme territorial » qu'il critiquait avec une si sincère âpreté, il avait bien soin de stipuler que ses sections du Sillon de Bretagne devaient s'appeler « le Sillon en Bretagne », nullement le Sillon breton, son association cosmopolite et anti-physique devant se retrouver la même partout. Les libéraux logiques et les anarchistes sincères, les économistes qui disent la planète est un atelier, comme Léon Say, les collectivistes à la Hervé qui lui font un si juste écho, sont tout à fait d'accord pour répudier la diversité des régions au même titre que la diversité des nations.

    Tout ce qu'on dit contre la province vaut contre la nation. Tout ce qu'on dit contre la nation est utilisé contre la province. M. Sixte Quenin, aujourd'hui député socialiste unifié de l'arrondissement d'Arles, se prononçait, dès sa jeunesse militante, contre la délicieuse « chapelle » et le gracieux hennin des filles d'Arles ; ces belles choses lui paraissant coupables de n'être pas à l'alignement de Paris. D'ailleurs, disait M. Quenin, « on n'y peut rien, cela s'en va ». Les dialectes, les coutumes, les goûts locaux s'en allaient, il n'en fallait pas davantage à la fin du XIXème siècle ; l'on noyait ce qui ne demandait qu'à se sauver à la nage. On se gardait d'examiner pour chaque victime condamnée ses titres à la vie. On alléguait, en bloc, la formation prochaine d'États-Unis d'Europe, la fatale tendance du monde à s'unifier, l'inévitable disparition des nationalités consécutive à l'effacement des anciens petits États devenus simples préfectures ou sous-préfectures de pays plus grands.

     

    FRANCE 80 DEPARTEMENTS CARRES.jpg

    ... ou bien une France "hors sol", abstraite, issue du désir fou de refuser les Racines historiques, sentimentales, culturelles.. : c'est Jacques-Guillaume Thouret (1746-1794), plusieurs fois président de l'Assemblée - avant de perdre sa tête pendant
    la Terreur - qui proposa, en 1790, une dissolution du vieux découpage des provinces
    (ce qui sera fait) par un système de grille (ce qui ne sera pas fait !)...

    Pour la Révolution, il s'agit "du passé de faire table rase", afin de créer un citoyen nouveau, pour un monde nouveau, dans un esprit nouveau.
    Ce citoyen doit être "libéré" de tous ses héritages spirituels, religieux, politiques etc...
    Et, en ce qui concerne l'administration de ce nouveau monde, le citoyen nouveau doit être libéré"des héritages historiques que véhiculent les Provinces.
    Déconnectée du réel, la pensée va si loin dans son abstraction que, dans un premier temps, "on" imagine, tout simplement, 80 départements carrés !
    Un peu de bon sens dans le délire hystérique ramènera les choses à nos actuels départements... qui portent toujours la tare de leur origine et de leur raison d'être : avoir été voulus pour tourner le dos à notre Histoire, à notre Être profond venu du fond des âges...

     

     

     

    Les instituteurs primaires du XXème siècle commencent à ne plus vouloir d'un verbiage dont s'est nourri plus d'un lettré du XIXème. On s'est rendu un compte parfait de la frivolité de certaines oppositions, de la fragilité de certaines déductions. Il n'y a pas antinomie, mais affinité entre l'unité française et les diversités régionales qui la composent. L'Europe moderne n'assiste pas à un mouvement d'unification fatale, elle subit deux efforts en sens divers, mais non contraires, et l'effort unitaire n'est pas le plus puissant ; les peuples heureux, les politiques adroits sont d'ailleurs ceux qui savent combiner ces diversités au lieu de les entrechoquer. Enfin, loin de se fusionner et de se fédérer, les grandes nations modernes vivent dans un état croissant d'antagonisme qui suffirait à montrer que l'avenir européen et planétaire appartient à l'idée de la défense des nations, nullement à la concorde cosmopolite. Pour faire face à cet avenir, la France contemporaine n'aura point trop de toutes ses forces, de leur organisation la plus pratique et la plus vigoureuse !

    C'est pour la bien organiser que nous voulons aller au Roi ; mais c'est pour ne rien gaspiller, pour tout utiliser dans le meilleur état possible que nous conseillons l'autonomie des pouvoirs locaux et professionnels. Les républicains autonomistes et fédéralistes, qui s'étaient cachés longtemps, ne se dérobent plus. Ils ne nous disent pas comment leur régime, où la centralisation est fatale, réalisera ce qu'ils veulent ; mais enfin ils le veulent, d'une volonté plus profonde qu'on ne le croit dans le pays. Le mouvement du Narbonnais en 1907, la crise de Champagne en 1911 ont fait apparaître des passions et des intérêts dont on ne se doutait guère. Le pays s'intéresse à de simples problèmes de division administrative. Ces jours-ci, lorsque le parlement a essayé de grouper les départements en des circonscriptions électorales plus vastes, mais sans égard à la nature et à l'histoire, les protestations se sont élevées des « anciennes provinces » restées plus fermes qu'il n'eût semblé dans le sentiment et dans le souvenir de leur unité.

    À Perpignan, une municipalité radicale-socialiste a protesté contre toute idée d'adjonction à l'Ariège et c'est à l'Aude, à une région méditerranéenne comme la leur, que les élus de la Catalogne française veulent être rejoints. Déjà, à Paris même, les députés de la Normandie avaient « sans acception de parti » (ce qui est beau) protesté contre « l'expulsion de l'Orne de la famille normande » et réclamé la division rationnelle et traditionnelle en Haute et Basse-Normandie. En Lorraine, on s'élève contre la tentative de dissociation dont la province est menacée ; les Vosges étaient juxtaposées au département champenois de la Haute-Marne et séparées du groupe formé par la Meurthe-et-Moselle et la Meuse ! Mais autant que ces résistances, les gauches initiatives du pouvoir central établissent que le réveil est assez fort pour poser la question et préoccuper le gouvernement.

     

    FRANCE departements.JPG

    "...En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...".

     

     

     

    Un historien de ce mouvement, M. Charles Brun, dans son livre du Régionalisme que l'Académie a couronné, reconnaît quelle influence exerça la Déclaration de 1892. Les signataires qui survivent ne peuvent qu'être sensibles à la justice qui leur est rendue. Mais il y aurait une injustice considérable à s'en armer pour contester, au nom du Midi, l'originalité du mouvement lorrain. Il est parfaitement inexact de prétendre que l'initiative de Maurice Barrès ait dû quoi que ce soit à nos Provençaux. Que la flamme et la science d'Amouretti, son génie, sa passion aient été admirés de Maurice Barrès, cela est certain. Mais peut-on croire que nous n'ayons rien dû à Barrès, Amouretti et les amis d'Amouretti ?

    Il était naturel, qu'une fois lancés, les deux mouvements dussent se pénétrer et se soutenir l'un par l'autre. Ils se sont entraidés. L'origine de chacun d'eux reste indépendante. Amouretti ne connut Barrès que longtemps après moi. À la première visite que je fis à Barrès en 1888, l'auteur de Sous l'œil des Barbares me parla des bonnes feuilles d'Un homme libre qu'il était en train de revoir, et du chapitre consacré à ses racines lorraines, premier germe de cette « Vallée de la Moselle » qui devait faire l'ornement des Déracinés.

    Nous venions de Mistral et de ne nos braves comtes ; il dérivait de Gellée, de Callot et de ses bons ducs, comme, en Bretagne, Le Goffic s'inspirait de la duchesse Anne, des celtisants et de Renan. Je ne vois aucun avantage à diminuer par la chronique des suggestions mutuelles la spontanéité profonde et convergente d'un élan général de fédération qui vaut par la mise en ordre et la synthèse utile, mais qui vaut aussi comme expression directe de la nature et de l'histoire du pays. Il est insupportable d'en voir suspecter l'origine, la vérité et la franchise. Le retour aux provinces est venu des provinces, le réveil de la conscience nationale est venu de la conscience de la nation.

    Ces deux points de vue sont inséparables. Comme le dit un grand vers de Mistral : « il est bon d'être le nombre, il est beau de s'appeler les enfants de la France. » Ceux qui l'oublieraient auraient tort à leur point de vue même ; ils auraient tort pour leur province et pour leur cité. L'Unité française a pu gêner parfois ; elle aura surtout protégé. Sans elle, on aurait succombé d'abord aux querelles intestines, puis aux jalousies du dehors. Ce qui fut fait pour l'unité française a fini par servir toutes les parties de la France. Je n'oublie pas les coups de canif pratiqués par le pouvoir royal dans la lettre des Pactes et des Traités d'union, mais au lieu d'agiter un peu vainement si cela fut juste ou juridique ou politique, on devrait jeter un coup d'œil hors de France pour comparer à l'histoire de nos provinces le régime imposé aux éléments analogues d'autres États !

     

    france eclatée.jpg

     

    En attendant, le Système s'est contredit lui-même et a condamné l'oeuvre de la Révolution, puisqu'il a rétabli les Provinces, sous forme de Régions - terme évidemment plus "technocratique"... - mais d'une manière souvent idéologique et aberrante...

     

     

    Si l'on épluche quelques fautes, d'ailleurs rares, imputées aux « rois de Paris », il faut se rappeler le martyrologe des catholiques d'Angleterre ou le statut de l'Irlande, tel qu'il subsiste de nos jours. Citera-t-on le Canada ? Mais le Canada a commencé par être très rudement mené, et il a dû prendre les armes ; c'est les armes à la main qu'il dicta le respect de son autonomie en retour de quoi il accorda à l'Angleterre l'estime, le « loyalisme », presque l'amour. Or, c'est pleinement de l'amour, et tout de suite, que nos pères Provençaux ou Bretons ont donné, plusieurs siècles, aux rois de Paris.

    Comme ils n'étaient pas plus mal doués que leurs descendants, ils devaient avoir leurs raisons.

    Leurs raisons, c'étaient les nôtres ; c'est qu'il est beau et bon d'être de la France. La destruction de cette unité matérielle et morale serait un immense malheur atteignant tout le monde, ceux qui s'en doutent et, plus encore, ceux qui ne s'en doutent pas. Le dernier de nos frères en pâtirait autant que l'auteur de Colette Baudoche, si magnifiquement averti de tous les maux privés qui peuvent découler, après trente ans et plus, d'une catastrophe publique telle que la chute de Metz. Les enfants qui vont à l'école, l'épicier, le porteur, le cocher, le mineur enfoncé toute la journée sous la terre souffriraient les plus dures répercussions du partage ou de la diminution de la France. Autre chose est la condition des participants d'une France indépendante et la qualité de sujets d'un Pays d'Empire quelconque ! Il ne faudrait pas trop compter qu'on « neutralisera » des positions comme Toulon, Marseille, Bordeaux ou Brest dans l'Europe de lord Beasconsfield, de Cavour et de Bismarck ou que les droits et les biens des personnes y seraient sacrés.

    J'essaie de faire peur aux anti-patriotes. Mais à l'abominable tableau de ce qui se passerait si l'armature française venait à crouler, il conviendrait d'opposer l'image de ce que donnerait aux Français d'abord, au monde ensuite

  • Action française Toulouse : Don du sang. Solidarité nationale.

    1A.jpgEn ces temps troublés, nous devons faire corps avec toute la nation.

    Parmi nos compatriotes, certains se battent contre la maladie, d'autres sont accidentés, etc.

    Comme notre camarade Hugues, donnez votre sang pour sauver des vies. Agissons concrètement pour les nôtres.

  • COLLOQUE MAURRASSISME ET LITTERATURE. L’Action française. Culture, société, politique. AF4. 20, 21 et 22 octobre 2011. U

            Voici une annonce importante, à laquelle il convient de donner, dès à présent, l'écho qu'elle mérite : le quatrième Colloque organisé sur le thème général - et fort vaste... -  de Maurras, l'Action française, la Culture etc... se tiendra fin octobre à Paris.

            Nous en donnons d'ores et déjà les principaux renseignements : dates, orateurs et sujets, répartition des interventions par demi-journées etc...

            En souhaitant un plein succès à cette initiative, venant après les trois précédentes - qui sont rappelées ci-après - nous communiquerons au fur et à mesure toute nouvelle information utile dont nous disposerons....

    Maurrassisme et littérature. L’Action française. Culture, société, politique IV 

     
            Charles Maurras et l’Action française constituent un pôle important de la vie politique et culturelle de la France du XXe siècle. La série de colloques interdisciplinaires réalisés et publiés ces dernières années a mis en lumière la multiplicité des facettes du maurrassisme ; celui-ci dépasse la personne et l’œuvre propre du théoricien du « nationalisme intégral », qui jouit d’un magistère intellectuel indéniable ; ces colloques ont aussi permis de prendre la mesure –et les limites- de son influence politique, idéologique et culturelle.
            Le projet proprement politique échoue : la République n’est pas renversée, le « coup de force » n’est pas possible. Mais le projet idéologique et culturel, central à l’Action française, a connu une audience certaine et mérite qu’on l’étudie de plus près.
            Le premier colloque de la série (L’Action française. Culture, société, politique¸ P. U. du Septentrion, 2008) s’est penché sur les héritages revendiqués ou refusés, les milieux sociaux et religieux que le mouvement informe, sur ses vecteurs de diffusion et les régions plus particulièrement sensibles à ses thématiques, sans négliger les oppositions et les dissidences que suscite cet « envers de la République » (Pierre Nora).
            Le deuxième (Charles Maurras et l’étranger. L’étranger et Charles Maurras, Peter Lang, 2009) a explicité les relations que Maurras et les maurrassiens entretiennent avec des interlocuteurs étrangers, favorables ou hostiles, ainsi que la réception, les divers usages et les transferts culturels et politiques du maurrassisme hors de France.
            Le troisième colloque (Le maurrassisme et la culture. L’Action française. Culture, société, politique III, P. U. du Septentrion, 2010) a été plus spécifiquement consacré au maurrassisme et à la culture, aux liens entre histoire, politique, philosophie et esthétique ; il a permis d’étudier la place et les productions de quelques-unes des personnalités majeures qui ont incarné les différentes générations du mouvement.
            Le quatrième colloque -« Maurrassisme et littérature »- se tiendra les 20-22 octobre 2011 à Paris 3 : conservant la perspective interdisciplinaire qui caractérise ce cycle depuis ses débuts, il s’intéressera plus précisément à la sphère littéraire, tout aussi bien aux figures et aux groupes -de Mistral ou Lemaître aux « hussards »-, qu’aux institutions et aux milieux de la critique littéraire prise dans sa diversité, puisqu’il s’agit d’étudier les réceptions favorables et celles qui sont au contraire réservées voire hostiles. Comme lors des précédents colloques, le regard se portera sur les relations entre le maurrassisme, la littérature et l’étranger en privilégiant l’aire francophone et l’aire latine.
    Olivier Dard, Jeanyves Guérin, Michel Leymarie

    COLLOQUE « MAURRASSISME ET LITTERATURE »
    L’Action française. Culture, société, politique IV
    20, 21 et 22 octobre 2011 Université de Paris 3-Sorbonne nouvelle

     

    Jeudi 20 octobre matin
    Jeanyves Guérin : Mot de bienvenue
    Président : Pascal Ory (Paris 1)
    Introduction : Michel Leymarie (Lille 3/ IRHIS)
    Mistral-Maurras, les enjeux d’une filiation : Martin Motte (Paris IV /Saint-Cyr Coëtquidan)
    Paul Bourget, Jules Lemaître et l’Action française : Laurent Joly (CNRS)
    Paul Claudel, Maurras et l’Action française : Pascale Alexandre (Paris Est Marne-la-Vallée)
    La NRF. Tentations et refus du maurrassisme : Pierre Masson (Nantes)

    Jeudi 20 octobre après-midi
    Président : Marc Dambre (Paris 3)
    Les Lettres dans La Revue universelle : Michel Leymarie (Lille 3, IRHIS)
    L’Académie française et l’Action française : Jean Touzot (Paris 4)
    Léon Daudet critique : Jean El Gammal (Nancy 2, MSH Lorraine)
    Georges Bernanos et l’Action française : Denis Labouret (Paris 4)

    Vendredi 21 octobre matin
    Président : Pascale Alexandre (Paris Est Marne-la-Vallée)
    Maurice Blanchot et l’Action française : Jérémie Majorel (Paris 7)
    Relire le Corneille de Brasillach et le Racine de Maulnier : Hélène Merlin – Kajman (Paris 3)
    Maurrassisme et théâtre : Jeanyves Guérin (Paris 3)
    Contre le maurrassisme, deux revues de gauche : Europe et Commune : Nicole Racine (FNSP)
    La Jeune Droite, le maurrassisme et la littérature : Olivier Dard (Metz, MSH Lorraine)

    Vendredi 21 octobre après-midi
    Président : Olivier Dard (Metz)
    Francis Balance (Liège) : Maurrassisme et littérature en Belgique
    Robert Kopp Bâle) : Maurrassisme et littérature en Suisse
    Ana Sardinha-Desvignes (Paris 3) : Contre Maurras : le « néoclassicisme scientifique » de Fernando Pessoa
    Xavier Pla (Gérone) : Maurrassisme et littérature en Catalogne
    Georgiana Medrea (Bucarest, Centre Mousnier Paris 4) : Maurrassisme et littérature en Roumanie

    Samedi 22 octobre matin
    Président : Michel Leymarie (Lille 3, IRHIS)
    Maurrassisme et histoires de la littérature (Lasserre, Clouard, Haedens…) : Didier Alexandre (Paris 4)
    Les Hussards et l’Action française : Marc Dambre (Paris 3)
    Jacques Laurent et le maurrassisme : François-Jean Authier (Paris 3, CERRAC)
    Roland Laudenbach et La Table ronde, Jacques Perret et Aspects de la France : Guillaume Gros (Toulouse, FRAMESPA)
    Conclusion : Jeanyves Guérin et Olivier Dard

  • La Cinquième, ce n'est pas la Monarchie ! par le Groupe d'action royaliste

    Peut être une image de texte
     
    Soyons clairs : la Cinquième République, ce n’est pas la Monarchie et le président n’est pas le roi, comme l’a signalé avec justesse le philosophe Marcel Gauchet il y a quelques années :
     
    "Mais [Macron] s’est trompé sur ce que l’on attendait d’un roi. Un roi, ce n’est pas un manager, pas un patron de start-up qui secoue ses employés pour qu’ils travaillent dix-huit heures par jour pour que les Français, par effet d’entraînement, deviennent tous milliardaires ! Dans la tradition française, un roi, c’est un arbitre. Quelqu’un qui est là pour contraindre les gouvernants à écouter les gouvernés. Quand les gens accusent Macron d’être le président des riches, ils lui reprochent surtout de ne pas être l’arbitre entre les riches et les pauvres. (1)"
     
    En quelques lignes, le philosophe fait litière de la confusion savamment entretenue par certains doctrinaires d’une Gauche qui se veut républicaine façon Révolution française pour éviter de se pencher sur les limites de leur modèle idéologique, souvent plus idéalement fantasmé que réellement convaincant, au regard de l’histoire comme de la promesse du lendemain…
    Dans le même temps, Marcel Gauchet peut nous permettre de préciser ce qu’il ébauche de la nature et de la forme de la Monarchie royale en France, qui ne peut être confondue avec la « monocratie » (2), qui est sans doute un terme plus exact pour définir la Cinquième République fondée par le général de Gaulle. Quand la monocratie est le pouvoir d’un seul sans contre-pouvoirs effectifs et efficaces, nous sommes bien loin d’une Monarchie royale à la française où le pouvoir central ne peut s’émanciper complètement des pouvoirs locaux (provinciaux et communaux) ou sociaux (socioprofessionnels, corporatifs et syndicaux, entre autres).
    En Monarchie, le pouvoir royal « ordonne » l’ensemble, il n’intervient pas forcément dans le fonctionnement et les décisions des organes et des corps intermédiaires : il est, d’abord, un arbitre, et il laisse « jouer les ordres et libertés » selon le principe de subsidiarité, rappelé régulièrement par Maurras, reprenant la vieille formule héritée des légistes médiévaux, « Sous le Roi, les Républiques » : ce qu’il faut bien entendre ici, ce n’est pas un rapport de soumission des républiques locales, professionnelles ou universitaires à l’État central, mais le fait qu’elles se trouvent à l’abri de l’État royal, leurs libertés étant garanties par cet État qui les surplombe sans les plomber. Tout l’inverse de cette République qui, en se disant aujourd’hui inclusive, se fait de plus en plus intrusive, au risque d’étouffer toute initiative libre ou non-conforme aux dogmes de l’idéologie dominante.
     
    Notes :
    (1) : Marcel Gauchet (Entretien à Le Soir du 25 décembre 2018).
    (2) : La monocratie, qui vient du grec monos (le seul) et kratein (l’emporter sur, dominer), c’est le pouvoir, la domination sans partage d’un seul, sans contre-pouvoirs (au contraire de la tradition monarchique française et de ses lois fondamentales) et sans légitimité autre que celle de Créon...

  • Dans maurras.net : le Charles Maurras, de Tony Kunter (en attendant la vidéo...).

                Le site maurras.net ( http://maurras.net/ ) a signalé la sortie (le 1er septembre) du Charles Maurras, la Contre-Révolution pour héritage, de Tony Kunter, aux Nouvelles Éditions latines.

                Le premier livre de Tony Kunter s’appuie sur une épistémologie de l’histoire des idées novatrice, en se rattachant à l’école de la contextualisation de Quentin Skinner tout en en énonçant les limites. Cet essai est aussi fondé sur une histoire à la source, dépassant la traditionnelle histoire-problématique à la française.

    maurras kunter.jpg

     
    Nouvelles Editions Latine, 305 pages, 17 euros

                Analysant les rapports entre Louis de Bonald et Charles Maurras, Tony Kunter conclut à la captation d’un héritage en déshérence. Autour de Joseph de Maistre se jouent les rapports entre positivistes et catholiques au sein de l’Action française. Enfin, cette récupération et ce recalibrage d’auteurs s’apparentent à une refondation contre-révolutionnaire, centre névralgique de la pensée de Charles Maurras.

                Voilà tout le programme de l’ouvrage de Tony Kunter qui présente une analyse de la pensée de Charles Maurras sous un angle inédit. Le sujet reste de plus d’actualité : la pensée maurrassienne a largement influencé la Ve République jusqu’au concept de monarchie républicaine souvent évoqué de nos jours.

    bonald.jpg
    Louis de Bonald

                Tony Kunter a contribué à la variété des publications du site maurras.net — voir l’onglet Textes sur Charles Maurras. La plupart de ces apports constituent des outils complémentaires à son ouvrage, l’ensemble constituant son master en histoire des idées politiques, soutenu à L’Université Toulouse II Le Mirail en 2007 sous la direction de Jacques Cantier et Jean-François Soulet.

     

                Tony Kunter est né à Toulouse le 15 septembre 1983. Il s’intéresse très vite à l’écriture et à l’histoire. Deux fois lauréat du Concours de la Résistance et de la Déportation (en 1998 et en 1999), il poursuit ensuite des études historiques où il rencontre rapidement la figure et l’œuvre de Charles Maurras, dans le cadre d’un commentaire de l’affiche annonçant le premier numéro de L’Action française quotidienne en mars 1908.

                 Après la mort de son père dans des circonstances douloureuses en 2005, il se passionne pour les auteurs contre-révolutionnaires Louis de Bonald et Joseph de Maistre (ci dessous). De là lui vient l’idée de cette étude sur les filiations de la pensée maurrassienne avec celle des théocrates.

    de-maistre-joseph-1753-1821.jpg
  • Grandes ”Une” de L'Action française : la vie du mouvement, ”vue de l'intérieur” (2/2) : informations diverses et variées

     

    (EN CONSTRUCTION - AJOUTS À VENIR...)

    Une histoire de l'Action française... en lisant L'Action française !...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    (Ce deuxième volet de cette "vie de l'Action française, vue de l'intérieur", est "en construction" : il concerne l'invention par L'AF de la Revue de Presse, les Congrès, les Almanachs de L'Action française, le nombre d'abonnés au journal, la structuration du mouvement en onze zones sur tout le territoire métropolitain (la onzième zone étant : l'Algérie !), les insignes du mouvement et d'autre sujets encore... Il est publié dès maintenant, et sera augmenté au fur et à mesure de l'avancée de notre lecture de la collection complète du quotidien... )

    Rappel : pour lire les articles, après avoir cliqué sur les liens que nous vous donnons à chaque fois...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

    1AZZZ.jpg

     

    • 1 : Novatrice, la toute nouvelle Action française quotidienne invente une nouvelle Chronique, qui sera adoptée et reprise par toute la presse, écrite et parlée (et, aujourd'hui, télévisuelle) : la "Revue de presse"...

    • Dès les deux premiers numéros, en page trois, "Criton" évoque plusieurs sujets, dans la partie supérieure de la première et de la deuxième colonne; mais il s'agit de généralités, la nouvelle chronique n'en est qu'à son ébauche...

    • C'est dans le troisième numéro du quotidien - en même temps que la chronique "Ligue d'Action française", qui devient vraiment ce qu'elle sera (elle est en page deux, troisième colonne, et parle de Saint-Jean-de-Luz et d'Angers) - que "Criton" écrit ce qui est vraiment une "revue de presse (sur la première colonne et le haut de la deuxième) avec quatre sujets :

    (cliquez sur les images pour les agrandir) 

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    • Dans le quatrième numéro, il y aura encore une Revue de Presse signée "Criton" (en fait, c'était le pseudonyme de Maurras), comme dans le cinquième : mais, déjà, dans ce cinquième numéro "La Politique", en page une, est signée Ch. M., comme la Revue de Presse, en page trois, signée "Criton".

    Puis, Maurras abandonnera la Revue de Presse à divers collaborateurs, se consacrant, jusqu'à la fin, à "La Politique", qui occupait toujours une part importante des colonnes centrales de la "Une"...

     

    1AZZZ.jpg

    • 2 : Organisation et structuration du Mouvement :

    - 1/2 : Mars 1911, l'ensemble des Sections de Paris, couvrant les vingt arrondissements, est constitué...

    • dans le numéro du Dimanche 26 Mars 1911 :

    1A.png

    1A.png

    1AA.png

    1AAA.png

    1AAAA.png

    - 2/2 : Informations générales sur la Ligue d'Action française : la structuration du mouvement en onze zones sur tout le territoire métropolitain, la onzième zone étant : l'Algérie !

    Lorsque le journal commença sa parution (le 21 Mars 1908, jour du Printemps) il fallait tout faire en même temps, et tout se fit, en effet, mais dans une sorte de joyeux spontanéisme créatif, d'anarchie positive (si l'on peut dire). Tout de suite, le quotidien annonça la création - "par la base" - de Sections (elles-mêmes créant des "sous-sections") lesquelles se groupèrent en fédérations sur tout le territoire... La rationalisation et l'organisation/structuration de ce mouvement militant généreux, enthousiaste et spontané demanda quelques temps. On vient de voir (ci-dessus) que, presque trois ans jour pour jour après le premier numéro, la direction du Mouvement avait créé les vingt sections parisiennes, couvrant l'intégralité des quartiers de la Capitale et de ses vingt arrondissements.

    Il n'en fut pas de même pour le Mouvement dans sa globalité, sur l'ensemble du territoire national. Et ce ne fut pas l'Action française qui donna la première "organisation", mais bien le Prince lui-même. On le voit très clairement dans les deux numéros des 8 et 21 Décembre 1911 :

    • en "Une" du numéro du Vendredi 8 Décembre 1911 :

    1A.png

    Détail de l'annonce, en partie supérieure des deux premières colonnes :

    1A.png

    1AA.png

    • et en "Une" du numéro du Jeudi 21 Décembre 1911 :

    1A.png

    1AA.png

    Étapes de la ré-organisation indispensable, dès l'après-guerre :

    • en "Une" du numéro du Dimanche 13 Avril 1919 :

    1A.png

    • dans le numéro du Mercredi 16 Avril 1919 (page deux) :

    1A.png

    • en "Une" du numéro du Samedi 3 Avril 1920 :

    1A.png

    1AA.png

    1AAA.png

     

     

    • 3 : Les Almanachs de l'Action française :

    Dès sa première année d'existence, L'Action française réalisa, chaque année, un Almanach, contenant de nombreuses informations générales (et non "politiques") mais aussi lui permettant de revenir sur les principales manifestations  d'importance organisées par les Fédérations de tout le pays, et donnant de précieux renseignements de noms, de lieux, de date, avec de nombreuses photos, hélas peu ou pas exploitables en l'état, aujourd'hui... 

    Ces Almanachs donnaient aussi, au début, les noms et adresses des responsable d'AF dans tous le pays, y compris - par exemple pour l'Union Royaliste Provençale - dans les plus petites communes : très utiles pour la propagande, cette publication finit par cesser, lorsque "Le Populaire" (organe socialiste violemment "anti-AF") se mit à publier ces listes, ce qui faisait courir un danger aux personnes dont le nom et l'adresse étaient ainsi livrés au grand public...

    • dans le numéro du Samedi 31 Octobre 1908, en "Une", au milieu de la sixième colonne, voici l'annonce de la prochaine parution du tout premier Almanach :

    1A.png

    Et, en effet, en "Une" du Jeudi 5 Novembre suivant (milieu de la cinquième colonne :

    1A.png

    1AA.png

    Puis, à partir du Dimanche 8 Novembre, la "première" d'une annonce qui reviendra longtemps, chaque année... :

    1A.png

    • on aura une idée de ce qu'étaient ces Almanachs avec cette note, qui reprend celui de 1929, présentant l'organigramme du mouvement :

    Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (65) : Dans L'Almanach d'Action française pour 1929, présentation des onze "zones" de la Ligue d'Action française et de leurs responsables : voici la dixième, "Le Midi", celle de l'URP...

    • Le site Maurras.net propose les deux années 1929 et 1933 :

    https://maurras.net/pdf/af/almanachs/almanach-af-1929.pdf

    https://maurras.net/pdf/af/almanachs/almanach-af-1933.pdf

    Tout de suite, l'Almanach souhaita publier des éditions régionales, comme le montre cet encart paru dans la "Une" du Premier Septembre 1912 (bas de la cinquième colonne)... :

    1A.png

    ... et avec ce pavé, paru en "Une" du numéro du Samedi 30 Novembre 1912 :

    1A.png

     

    • 4 : Le Service de voyages de L'Action française...

    ... dont voici trois illustrations :

    • Dans le numéro du Lundi 6 Mars 1911 (page quatre) :

    1A.png

    1AA.png

    • pour la canonisation de Jeanne d'Arc, en 1920 : dans le numéro du Samedi 10 Avril 1920 (page 3) :

    1A.png

    1AA.png

    • Du 4 au 11 Septembre 1934, l'Action française organisa une croisière "de Marseille à Marseille" à laquelle participa le Comte de Paris. Dans le numéro du Lundi 23 Juillet 34 (page deux) :

    1A.png

    Voici les liens menant aux onze numéros du quotidien qui relatent cette croisière : 

    1 / 2 / 3 / 4 / 5 / 6 / 7 / 8 /

  • Série : Le legs d’Action française ; rubrique 6 : Les traces de guerre civile – les « quatre États confédérés », l’antis

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

    Voici la sixième rubrique de Gérard Leclerc sur «  Le legs de l’Action française  ». Il y aborde la problématique bien française de la guerre civile. Donc de l’implication de l’Action française dans ces luttes. Sa question est de savoir si le bien commun exige la perpétuation indéfinie de ces luttes civiles. Ne faut-il pas, sous peine de catastrophe, mettre les pouces et dire que l’on passe à autre chose ? Ne faut-il pas, pour l’A.F. savoir, comme Henri IV, décréter la fin des combats et proclamer la paix civique et l’amnistie  ? Il fait allusion entre-autres à l’Affaire Dreyfus et à l’antigaullisme.

    gerard leclerc.jpgSur ce dernier point il est possible de se procurer le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle n° 59 qui sera présentée au Camp Maxime Réal Del Sarte. Son dossier traite de  : De Gaulle – Maurras  : Influences, discordance, confluences. (ndlr)

    Je voudrais maintenant aborder une question d’une tout autre nature et, là encore, je vais devoir le faire très rapidement, sans pouvoir prendre le temps d’en tirer toutes les conséquences. C’est un problème inhérent à tout mouvement qui s’engage avec vigueur et conviction dans le combat politique  : il risque, à tout moment, d’y laisser des traces regrettables. Et notamment des traces de guerre civile. C’est un problème pour l’Action française et plus particulièrement pour Maurras, d’avoir été lié aux troubles de l’affaire Dreyfus, avec, disons-le, un ressentiment à l’égard des Juifs, toujours censés avoir des intérêts différents de l’intérêt national, voire opposés à lui. D’où la théorie des “quatre États confédérés” qui associe les Juifs, les Protestants, les Francs-maçons et les “métèques” (du mot grec désignant les étrangers, non-citoyens). Cette théorie, que Maurras va reprendre à son compte, à l’origine n’est pas de lui. Elle est due à La Tour du Pin, un sociologue catholique qui va jouer un rôle très important dans le mouvement du christianisme social, et qui va rallier l’Action française dès ses débuts.

    Là aussi, il y a toute une analyse à développer – je crois d’ailleurs que la Nouvelle Revue universelle va s’en occuper – parce ce qu’on ne peut pas comprendre l’antisémitisme de l’Action française indépendamment du contexte historique du début du siècle. Or celui-ci ne concerne pas la seule Affaire Dreyfus. Il y a à ce moment-là, dans le cadre de la République, une lutte antireligieuse dont le but délibéré est d’arracher au catholicisme français la place majeure qu’il occupe dans la vie des Français. La question religieuse a dès lors pris une place cruciale dans les débats civiques. C’est pour cela qu’à l’époque, des journaux comme La Croix ou Le Pèlerin, n’ayant rien à voir avec l’Action française, sont d’un antisémitisme extraordinairement virulent. Parce que la bataille se joue aussi à ce niveau-là.

    Ce que je veux souligner ici, c’est le problème que pose le combat civique lorsqu’il risque de se traduire par une guerre civile à perpétuité. Nous autres Français, nous avons été trop souvent divisés, entretenant détestations, rancunes et hostilités tenaces. Il y a cette véritable guerre civile que fut l’affaire Dreyfus. Il y a aussi l’immense question du désastre de juin 1940 et de ses responsabilités, le soutien de l’Action française à Vichy et l’engagement d’un grand nombre de ses fidèles dans la Résistance, et les drames de la Libération. La question est de savoir si le bien commun exige la perpétuation indéfinie de ces luttes civiles. Ne faut-il pas, sous peine de catastrophe, mettre les pouces et dire que l’on passe à autre chose ? Ne faut-il pas savoir, comme Henri IV, décréter la fin des combats et proclamer la paix civique et l’amnistie  ?

    Hier, j’entendais certains de nos amis rappeler les moments de souffrance liés à l’Algérie, au gaullisme, au colonel Bastien-Thiry, etc. Une période de l’histoire qui a été infiniment douloureuse. Cela réveillait en moi des souvenirs, j’étais tout jeune mais j’y ai été associé. La question n’est-elle pas, là encore, de savoir s’il ne faut pas dépasser cette querelle et se retrouver sur de nouveaux objectifs ?

    Cela a été ma politique, dès les années 60, avec Bertrand Renouvin. C’est une histoire qui nous est propre, elle ne concerne pas toute l’Action française. Nous avons été les premiers, à l’époque, à dresser dans Aspects de la France un bilan critique du gaullisme dans un sens qui n’était pas purement négatif. Et nous avons établi des liens avec des gaullistes de gauche avec qui nous avions de larges zones d’accord  : Frédéric Grendel, Philippe de Saint-Robert, et les responsables de L’Appel, la revue de l’Institut Charles de Gaulle, qui sont restés des amis, comme Olivier Germain-Thomas.

    Gérard Leclerc ( à suivre)

    Retrouvez les rubriques de l’été militant 2020 du site de l’Action française  :

    Par Christian Franchet d’Esperey

    1 – Est-il opportun de s’accrocher à un homme aussi décrié ?
    2 – Les positions les plus contestées de Maurras ne doivent plus faire écran à ses découvertes majeures
    3 – maurrassisme intra-muros et maurrassisme hors les murs
    4 – Une demarche d’aggiornamento cest-a-dire de mise au jour

    Par Philippe Lallement

    Le maurrassisme est-il devenu un simple objet d etude historique

    Par Gérard Leclerc

    1. Le legs d’Action française
    2. Maurras humaniste et poete
    3. L homme de la cite le republicain
    4. Un mouvement dote dune singuliere force d attraction
  • Fondamentaux d'Action Française • La civilisation

     

    par Stéphane BLANCHONNET

    Un Article de Stéphane BLANCHONNET paru dans à-rebours.fr et dans L'AF2000. Et un article parmi plusieurs autres qui rappellent utilement les fondamentaux de la politique d'Action française.  LFAR

     

    659173882.jpg

    Contrairement à ce qu'affirment les préjugés à son égard (et ils sont légion !), Maurras n'a jamais fait de la nation un absolu. Nous avons déjà évoqué ce point dans deux autres chroniques doctrinales (sur « la nation et la nationalité » et sur le « nationalisme intégral »). Elle est à ses yeux la forme la plus complète, au temporel, des cercles communautaires. Rien de moins, rien de plus. Enfin, un peu plus tout de même !

    La France pour Maurras appartient à un ensemble plus vaste auquel elle nous relie. Cet ensemble, c'est la civilisation. Il s'agit en quelque sorte d'un universel concret qui ne doit surtout pas être confondu avec l'universalisme abstrait, négateur des réalités nationales, ethniques et religieuses, défendu sous ce même nom par les partisans du cosmopolitisme.

    Maurras n'a aucun mépris pour les cultures différentes de la nôtre. Toutes à ses yeux méritent le nom de civilisation « parce qu'il n'y a point de société sans tradition, ni d'hommes sans société. » Mais il n'est pas non plus aveuglé par un absurde apriori égalitariste. Si toutes les civilisations consistent en un capital moral et matériel transmis, une seule, LA civilisation, a donné au monde la juste conception du beau, du bien, du vrai et de la raison, c'est la civilisation gréco-romaine, prolongée par le catholicisme, dont la France n'est pas la seule héritière dans la modernité mais sans conteste la plus éminente. 

    Repris de A rebours

    Voir aussi ...

    Fondamentaux d'Action Française • Le nationalisme intégral

    Le Quadrilatère maurrassien

    La Monarchie que nous voulons

    Le « coup de force »

  • Fondamentaux d'Action Française • Le nationalisme intégral

     

    par Stéphane Blanchonnet   

     

    3411685988.jpgLe « nationalisme intégral » n'a jamais désigné autre chose pour Maurras que la monarchie elle-même, en tant qu'elle répond « intégralement » aux attentes des nationalistes français. Toute autre interprétation, notamment celle qui en ferait l'expression d'un nationalisme exacerbé, est erronée ou malveillante.

    Le grand mérite de Maurras est d'avoir réussi, à l'aube du XXème siècle, à opérer la synthèse de la contre-révolution et du nationalisme. Le « nationalisme intégral » est à la fois le symbole et le résultat de cette synthèse. Le propre de l'Action française est ainsi de rappeler la formule traditionnelle, royale, d'un ordre spécifiquement français dans le contexte et avec le vocabulaire de la politique moderne.

    À la lumière de ce qui précède, l'erreur d'interprétation évoquée plus haut se révèle être un contresens radical. En effet, le « nationalisme intégral » est un nationalisme modéré, tempéré par la tradition, un nationalisme en quelque sorte vacciné contre les dérives du césarisme, du fascisme ou du totalitarisme. Ces formes de « nationalitarismes » (terme forgée par les maurrassiens pour s'en distinguer) répondent à des logiques (légitimité charismatique, divinisation du peuple et de la volonté générale) fondamentalement étrangères au modèle de la monarchie traditionnelle et décentralisée que nous défendons. 

    Repris de A rebours

  • Fondamentaux d'Action Française • Le nationalisme intégral

    Publié le 21 mars 2016 - Actualisé le 22 mai 2019

    Par Stéphane Blanchonnet

    3411685988.jpgLe « nationalisme intégral » n'a jamais désigné autre chose pour Maurras que la monarchie elle-même, en tant qu'elle répond « intégralement » aux attentes des nationalistes français. Toute autre interprétation, notamment celle qui en ferait l'expression d'un nationalisme exacerbé, est erronée ou malveillante.

    Le grand mérite de Maurras est d'avoir réussi, à l'aube du XXème siècle, à opérer la synthèse de la contre-révolution et du nationalisme. Le « nationalisme intégral » est à la fois le symbole et le résultat de cette synthèse. Le propre de l'Action française est ainsi de rappeler la formule traditionnelle, royale, d'un ordre spécifiquement français dans le contexte et avec le vocabulaire de la politique moderne.

    À la lumière de ce qui précède, l'erreur d'interprétation évoquée plus haut se révèle être un contresens radical. En effet, le « nationalisme intégral » est un nationalisme modéré, tempéré par la tradition, un nationalisme en quelque sorte vacciné contre les dérives du césarisme, du fascisme ou du totalitarisme. Ces formes de « nationalitarismes » (terme forgé par les maurrassiens pour s'en distinguer) répondent à des logiques (légitimité charismatique, divinisation du peuple et de la volonté générale) fondamentalement étrangères au modèle de la monarchie traditionnelle et décentralisée que nous défendons.   

    Repris de À rebours

  • Grandes ”Une” de L'Action française : 13 juillet 1926, Maurras, visionnaire et prophétique, réagit à l'inauguration de l

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    ---------------

    Voici la "Une" du Mardi 13 Juillet 1926 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7627391

     

    Maurras, Bainville, Daudet et Pujo la remplissent presqu'entièrement, laissant juste deux "bas de colonne" (la deuxième et la sixième) à la réception de Primo de Rivera - chaleureusement salué par le journal (2ème colonne) et au compte-rendu de "la réunion triomphale de Nîmes" (6ème colonne), qui réunit 40.000 personnes autour de Léon Daudet...

    DAUDET.jpg• l'article de Daudet, justement ("Le silence de Lannes"), est à "sa" place : colonne de gauche (et, ici, première moitié supérieure de la deuxième colonne).

    Il est consacré aux suites de l'assassinat de son fils Philippe par une collusion entre les anarchistes et la police politique du Régime et à la poursuite de l'enquête...

    • l'article de Bainville (qui signe toujours, modestement, "J.B.") est luiBainville.jpg aussi a "sa" place : sixième colonne, en haut. Intitulé "L'éclipse", il est économique : Bainville s'y inquiète de "la faiblesse de notre monnaie" et de "notre devise dépréciée", ce qui "entraîne des conséquences qu'il était facile de prévoir"; avec un mark à huit francs, Bainville s'inquiète de cette Allemagne qui se relève si bien et si vite de sa défaite de 18, c'est-à-dire d'il y a huit ans à peine !...

    • l'article de Pujo ("La jaunisse") est consacré à Georges Valois : hélas, la rupture est consommée avec lui, et, considéré avec le recul du temps, c'est un épisode qui fut bien triste pour notre mouvement...

    1A.jpg

    • Enfin, et c'est ce qui nous intéresse ici, Maurras consacre le court deuxième paragraphe de sa "Politique" (toujours en plein milieu de la "Une" : 3ème, 4ème et début de la cinquième colonne ), intitulé sobrement "La Mosquée", à l'inauguration de la Grande mosquée de Paris.

    Voici, d'abord, le paragraphe 2 dans son entier :

    1A.png

    1A.png

    Comme on le voit dès les premières lignes, Maurras s'y montre, d'emblée, plein d'estime envers "ces majestueux enfants du désert" et, dit-il en fin du premier paragraphe "Notre Garde républicaine elle-même, si bien casquée, guêtrée et culottée soit-elle, cède, il me semble, à la splendeur diaprée de nos hôtes orientaux."

    Mais...

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    Oui : Maurras, visionnaire et prophétique... Notre actualité ne nous le montre que trop, aujourd'hui !

    1A.jpg

    Un siècle après que ce court texte ait été rédigé, il apparaît clairement que Maurras avait vu juste, et que son pressentiment n'était que trop fondé : aujourd'hui, les termes d' "invasion/acculturation" semblent plus appropriés pour parler de la situation que celui de "colonisés" !

    Enfin, en annexe du sujet, si l'on peut dire, rien à rajouter, rien à retrancher dans ce court billet que nous avons publié ici-même le 7 avril 2017, presque cent ans après le texte de Maurras :

    Mieux vaudrait créer un jardin public à la place de la Grande Mosquée de Paris, si on devait la céder à l'Algérie !

    -------------------

    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

    LFAR FLEURS.jpg

  • Grandes ”Une” de L'Action française : c'est un Maurras enthousiaste qui ”présente” Thibon aux lecteurs du journal...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    ---------------

    Comme d'habitude, voici le lien qui vous permet d'accéder à la "Une" de ce mercredi 10 juin 42 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7683903/f1.item.zoom

    même si c'est en page 2 que Maurras "présente" Gustave Thibon (avec la première partie de son texte, qui s'achèvera le lendemain, jeudi 11 juin) :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7683903/f2.item.zoom

    Les temps sont difficiles pour L'Action française, qui n'a guère plus de deux ans à vivre... Le journal n'a plus que deux pages, et il est édité à Lyon; bien entendu, Bainville n'est plus là, depuis longtemps maintenant, mais, depuis, peu, c'est Léon Daudet qui commence à manquer à l'appel : il va décéder dans peu de temps, au début du mois de juillet, des suites de nombreuses attaques cérébrales...

    1A.jpg

    C'est Thierry Maulnier qui "tient" la Revue de Presse, qui occupe un peu moins du tiers des six colonnes de la page 2, dans laquelle Maurras parle de Thibon.

    Il le fait dans sa "Politique", divisée en cinq paragraphes dont les trois premiers sont en "Une" et les deux derniers (avec la fin du troisième) sont en page 2 : l'enthousiasme éclate dès la première ligne du cinquième et dernier (et long !) paragraphe de cette "Politique" du jour, intégralement consacré à Thibon et intitulé "V. Le réalisme de la terre" :

     

    "Gustave Thibon est sans conteste le plus brillant, le plus neuf, le plus inattendu, le plus désiré et le plus cordialement salué de nos jeunes soleils..."

     

    (Né le 2 septembre 1903, Thibon a donc 39 ans lorsque Maurras écrit ces lignes enthousiastes. Il sera à ses côtés, comme il l'a raconté, lors de ses tous derniers jours, de ses toutes dernières promenades, de ses toutes dernières discussions...)

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    Et c'est donc le lendemain, jeudi 11 juin, que paraît la seconde partie de cette "présentation" au lecteur de Thibon : toujours dans la "Politique", qui cette fois n'a que trois paragraphes, le dernier étant à nouveau consacré à Thibon, avec le même titre, mais bizarrement "numéroté quatre" : "IV. Le réalisme de la terre"...

    Voici le lien pour la page 1 de ce jeudi... :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k768391g/f1.item.zoom

    ... et le lien vous donnant accès à la page 2 du journal, où se trouve ce troisième paragraphe, numéroté pourtant "quatrième" :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k768391g/f2.item.

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

     

    Pour saluer Gustave Thibon, voici le "Dans notre Éphéméride de ce jour" qui lui est consacré (le second, du  2 septembre, pour l'anniversaire de sa naissance, est identique) :

    • le 19 janvier, pour l'anniversaire de son entrée dans la Vie : Dans notre Éphéméride de ce jour : permanence de Gustave Thibon...

    1AA.jpg

    et, pour évoquer la relation tout à fait particulière qu'il a entretenue avec Simone Weil, notre Éphéméride du 3 février, à l'entrée "1909 : Naissance de Simone Weil, à Paris"

     

     

    30 septembre,munich,hitler,daladier,chamberlain,mussolini,jean perrin,lehn,bainville,denikine

     

     

    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

    LFAR FLEURS.jpg