LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1554
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Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi
Source, L'Obs
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Retour à l'actualité, demain lundi, avec Louis-Joseph Delanglade ... Il s'agira de guerre ou de paix
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MONARCHIES • Dans Figarovox : Lettre de James Bond à la Reine d'Angleterre
À l'occasion du 63e anniversaire de son accession au trône d'Angleterre, le célèbre espion 007rend hommage à sa reine et au flegme tout british dont elle fit preuve, notamment lors d'une excursion mouvementée.
Par David Brunat, écrivain et conseiller en communication.
Your Majesty,
Rendue publique il y a peu, l'histoire a fait le tour du monde et des chancelleries. En 1997 ou 1998, au sortir d'un déjeuner en votre château de Balmoral, vous proposâtes à votre hôte, le roi d'Arabie saoudite Abdallah, une innocente excursion en voiture dans la campagne environnante. Le souverain wahhabite accepta du bout des lèvres, mais sa réserve se mua en épouvante lorsqu'il vous vit vous installer à la place du conducteur et démarrer un solide 4 x 4.
Chacun sait en effet que dans le pays dudit souverain, le beau sexe n'a pas le droit de conduire, en vertu peut-être du peu galant adage: «Femme sur un tapis volant, mort au prochain tournant (surtout s'il est pris à la corde).» Et tandis que le roi d'Arabie, serrant les fesses à mesure que la voiture prenait du champ, roulait peut-être dans son esprit des pensées misogynes et peu amènes à votre endroit, Votre Majesté appuyait tant et si bien sur le champignon qu'il finit, tremblant, par vous enjoindre de ralentir.
Quelle leçon! So smart! So discreet! Quelle manière élégante d'allier la politique et la mécanique et de dire son fait à votre passager sans élever la voix ni déroger au royal sang-froid.
Malgré le panache et le self control dont je me crois bien doté, j'avoue n'avoir jamais fait preuve d'une égale maîtrise, du même flegme, d'une semblable élévation au cours des très nombreuses course-poursuites que mes fonctions m'ont amené à entreprendre à Votre Service au volant de mes légendaires Aston Martin. Vous m'épatez, Ma'am !
Vous conduisez votre Royaume comme vous pilotez vos véhicules et tenez les rênes de vos chevaux: sans aucune faute, sans nul écart ni dérapage. Je suis certain que vous n'auriez fait qu'une bouchée de mes ennemis - un coup de volant autoritaire pour remettre Goldfinger ou le Docteur No à leur place, une virée en 4 x 4 pour montrer au Spectre ou à Hugo Drax qui est le patron…
J'eus un chaste et respectueux coup de coeur pour vous, déjà, lorsque je vous vins chercher à Buckingham pour vous emmener aux Jeux Olympiques qui se tenaient dans la capitale de votre Royaume. J'avais été ébloui par votre port, votre grâce et l'espèce d'humour allègre qui émanait de chacun de vos gestes.
L'exploit de Balmoral met à son comble l'admiration que je vous porte et qui est, je crois, bien partagée dans tout l'Empire britannique.
Je trinque à votre santé avec un gin mêlé de Dubonnet avec deux glaçons et des tranches de citron, le cocktail préféré de Votre Majesté, et vous souhaite un excellent anniversaire de règne (NDLR: Elizabeth II est montée sur le trône le 6 février 1952).
Votre très humble et très obéissant Sujet,
James. •
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BLOGS & SOCIETE • Le djihadisme : un humanisme, par Aristide Renou*
Des réflexions et de l'humour sur un sujet grave ...
La suggestion de créer, pour les « Français » de retour de djihad, des centres de « déradicalisation » ressemble fort à l’un de ces lapsus qui révèlent sur vous bien plus que vous ne voudriez en dire. L’une des prémisses fondamentales du progressisme affleure à la surface de cette proposition : le postulat de la bonté essentielle de l’être humain. Alors que le conservateur est, entre autres choses, celui qui voit en l’homme une créature dangereuse, seulement à demi-sociable, le progressiste croit en la fraternité naturelle du genre humain et considère la paix et la coopération comme la condition normale de l’humanité.
Dans le débat public, cela donne au progressiste un certain ascendant moral sur le conservateur, qui sera caricaturé comme un misanthrope aigri, rempli de préjugés d’un autre âge ; mais, intellectuellement, cela place aussi le progressiste dans une position inconfortable. Dans la mesure où l’histoire des peuples apparaît plutôt comme le vaste recueil de toutes les folies, de tous les vices et de toutes les horreurs dont l’homme est capable que comme la marche fraternelle et paisible du genre humain vers un avenir radieux, le progressiste doit expliquer pourquoi la condition normale de l’humanité n’est pas sa condition habituelle.
Une des manières les plus simples de l’expliquer est de supposer que, au fond d’eux-mêmes, les hommes sont tous des sociaux-démocrates en devenir : gentils, coopératifs, tolérants, craignant la guerre par-dessus-tout, et que seules des circonstances malheureuses les empêchent d’exprimer leur bonté native.
L’aveuglement
Dès lors, tous les comportements qui ne correspondent pas à cette fiche de poste deviennent des « problèmes sociaux », des aberrations provoquées par la société elle-même et qui ne peuvent donc pas vraiment être imputées à ceux qui les commettent. Sûrement, quelque chose doit expliquer ces horreurs, quelque chose qui permette de disculper leurs auteurs. En voyant, sur les réseaux sociaux, des hommes masqués et vêtus de noir égorger d’autres hommes aux mains liées dans le dos au nom d’Allah, le progressiste frissonne intérieurement. Mais, à part lui, il soupire aussi : « Voilà ce qui arrive lorsque de jeunes déshérités n’ont pas accès aux services sociaux adéquats… »
Certains progressistes concéderont, peut-être, la responsabilité individuelle des auteurs de ces actes, mais s’empresseront de leur trouver de nobles motifs : soif d’idéal, révolte contre l’injustice, besoin de retrouver ses « racines », etc. Dans un cas comme dans l’autre, l’important pour traiter ces comportements aberrants sera de bien être persuadé qu’ils sont aberrants. Ce que l’on pourrait faire, concrètement, pour « déradicaliser » des assassins fanatiques n’est pas le plus important puisque, comme tous les hommes, ils sont essentiellement bons. Et cette bonté ne demande qu’à réapparaître, pourvu qu’on leur montre un peu de sollicitude. D’ailleurs, n’ont-ils pas dû beaucoup souffrir pour s’éloigner autant de leur nature et en arriver à de telles extrémités ?
C’est ainsi que le progressiste, qui se flatte d’aimer la diversité humaine, finit par ne voir dans les autres hommes que d’innombrables exemplaires de lui-même, qui ne diffèrent que par leurs vêtements ou leurs spécialités culinaires. C’est ainsi que le progressiste, qui se veut le défenseur de l’humanisme, de la tolérance, de la paix et de la démocratie, finit par trouver des excuses et des justifications à la barbarie, au fanatisme, à la violence et à la tyrannie. C’est ainsi que le progressiste, qui s’enorgueillit d’être du côté des « victimes », finit par porter toute sa compassion et sa sollicitude du côté des criminels et des bourreaux.
Plutôt que de huer ou de ridiculiser ceux qui ont émis cette idée des centres de « déradicalisation », nous devrions les remercier : il est rare que la face sombre du progressisme se laisse voir aussi nettement. •
* Retrouvez Aristide Renou sur son blog
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Loisirs • Culture • Traditions ...
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Famille de France • Nouvelles heureuses des Princes ...
Les enfants de France
S.A.R. le prince Jean de France, duc de Vendôme, vient de donner sur son site internet des nouvelles de la Princesse Louise-Marguerite de France, qui avait été hospitalisée le 26 janvier dernier afin de subir une opération importante :
« Notre fille Louise-Marguerite vient de subir une opération importante. Tout s’est bien passé et elle est sortie de l’hôpital. Nous souhaitons par ce message remercier tous ceux qui nous ont soutenus tout au long de cette période éprouvante. » Jean et Philomena
Le blog la Couronne nous a rappelé par ailleurs qu'entre autres événements prévus en 2015 dans la Famille de France (naissances, anniversaires), le Prince Jean de France, Duc de Vendôme et Dauphin de France, fêtera ses 50 ans le 19 mai.
Un anniversaire que Lafautearousseau mettra aussi à l'honneur dans les trois mois à venir. Et que nous fêterons, malgré les temps plutôt sombres que traverse notre pays, comme un jour joyeux. •
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THEATRE • Paris : Le théâtre de la Madeleine reprend Le Souper ... ou comment l'on change de régime, en France !
Le Souper
de Jean-Claude Brisville, avec Niels Arestrup, Patrick Chesnais
Du 6 Février 2015 au 10 Mai 2015 - Théâtre de la Madeleine - 75008 Paris. Durée : 1 h 30.
Présentation
Patrick Chesnais et Niels Arestrup s’affrontent au sommet dans un duel verbal qui éclaire notre temps. Après la défaite de Waterloo et l’exil de Napoléon, Wellington et ses troupes sont dans Paris. La révolte gronde. Qui va gouverner le pays ? Le 6 juillet 1815 au soir, Fouché et Talleyrand se retrouvent lors d’un souper pour décider du régime à donner à la France. Si le premier souhaite une république, le second envisage le retour des Bourbons. Sans céder au manichéisme ni à l’aspect scolaire du face-à-face, Jean-Claude Brisville imagine cette conversation décisive et met en scène la lutte pour le pouvoir et les honneurs de deux hommes puissants qui se détestent, se livrent tour à tour mais que les circonstances historiques condamnent à s’entendre sous peine de disparaître. Deux siècles se sont écoulés et, cependant, leur souper est toujours d’actualité tant du point de vue du questionnement sur l’avenir de la France que de l’affrontement politique.
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LIVRES • Progrès, révélation ou catastrophe
Lafautearousseau a déjà rendu compte de la parution de cet important ouvrage. Il se trouve qu'Hilaire de Crémiers en donne ici une analyse qui doit être lue et publiée.
Apocalypse du progrès, tel est le titre du dernier essai de Pierre de La Coste. Puissant, remarquable, dans la veine de ses précédents essais. Il poursuit sa quête intellectuelle sur ce qui justifie cette idée de progrès que l’époque contemporaine a doté d’une majuscule comme une divinité. Pierre de La Coste, en une synthèse aussi forte que nourrie, passe en revue non seulement l’idée mais aussi le fait qui se trouve sous l’idée, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours ; il montre comment l’idée prit son essor, essentiellement dans la révélation chrétienne, pour se stabiliser sur une double courbe de la grâce et de la volonté en permanente tension dans l’Occident chrétien depuis saint Augustin et Pélage, plus exactement entre l’augustinisme et le pélagianisme, double courbe qui rebondit avec la Renaissance et le calvinisme, et qui, par la suite, bifurque dans la modernité à travers les philosophies des Lumières, de l’histoire à la Hegel, de l’accomplissement de l’Humanité jusqu’à sa divinisation dans l’Absolu des théories, pour s’effondrer dans l’horreur, le doute, le matérialisme le plus plat, le plus technologique, le plus financier, le plus commercial, le progressisme religieux lui-même s’essoufflant à courir derrière cette chimère qui s’achève en effroi.
Apocalypse au sens de « révélation » en ses débuts, cette apocalypse du progrès se termine aujourd’hui sur des visions catastrophiques dans l’autre acception du terme. L’idée chrétienne est devenue folle, selon le mot de Chesterton. Pierre de La Coste connaît tout son monde philosophique, religieux, politique, nous promenant d’Héraclite à Auguste Comte, de saint Augustin au cardinal de Lubac, de Platon à Maurras… Étourdissant de culture vraie et, au fond, merveilleux de sagesse : car si l’homme est fait pour le salut à venir, il ne lui appartient pas d’en déterminer la course, sagesse païenne, sagesse chrétienne, sagesse vraiment catholique. •
Hilaire de Crémiers
Apocalypse du progrès, de Pierre de La Coste, préface de Frédéric Rouvillois, Libres perspectives, 22 euros.
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HISTOIRE • Vendée : Une scénographie innovante sur les pas de Charette
Le logis de la Chabotterie est un haut-lieu de l’épopée des guerres de Vendée.
C’est dans les bois de la Chabotterie que le général Charette, « le roi de la Vendée », fut enfin fait prisonnier par le général républicain Travot, en 1796.
Propriété du Conseil général de la Vendée, le logis de la Chabotterie accueille depuis le 31 janvier un nouvel espace scénographique consacré à Charette et à la Vendée militaire. Les dernières innovations technologiques permettent de mieux comprendre l’histoire du général vendéen auquel l’ancien président du Conseil général, Philippe de Villiers, dédiait un ouvrage il y a deux ans. • -
Immigration et barbarie : Le dossier du numéro de février de Politique magazine qui vient de paraître
Avec l’opération « Je suis Charlie » et ses prolongements, il y a une volonté délibérée de nous faire croire qu’il n’existe aucune relation entre la politique d’immigration suivie depuis 40 ans et la tuerie du 7 janvier. C’est un mensonge. Le lien est certain. Ce dossier entend rappeler en quoi la France est bouleversée dans ses profondeurs par ces transferts de population massifs et non contrôlés. Les actes de terreur que nous avons connus sont criminels. À sa manière, l’aveuglement politique l’est plus encore. Mais à qui ce crime-là profite-t-il ?
Dossier : Immigration et barbarie
• Immigration et barbarie, par Christian Tarente
• La France plurielle et morcelée, par Ludovic Greiling
• Une conquête de territoire, par L.G.
• Entretien avec G-F. Dumont, par Jean-Baptiste d’Albaret
• L’immigration, grande cause nationale, par C.T.Et aussi dans ce numéro… 54 pages d’actualité, de réflexion et de culture!
Analyse : Le Dogme intangible, par Hilaire de Crémiers ; Actualité : Charlie Hebdo : des anars aux bouffons républicains ; Tribune : Ecole, vous avez dit casser le thermomètre? par Yves Morel ; Monde : Où est l’union européenne? par François Reloujac ; Monde : L’éternelle question de la défense européenne ; Civilisation : Entretien avec Richard Millet : Le système a élevé le mensonge au rang de vérité » ; Histoire : Fouché, le crime au pouvoir, par Anne Bernet…
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Il y a aujourd'hui une fête à souhaiter dans la Famille de France et lafautearousseau s'y associe ...
C'es en effet aujourd'hui la saint Gaston ... La fête du prince Gaston de France. Nous lui présentons nos voeux.
Le prince Gaston de France, premier enfant du Duc et de la Duchesse de Vendôme, petit-fils du comte de Paris et de la duchesse de Montpensier, a aujourd'hui cinq ans. Il a célébré son cinquième anniversaire, le 19 novembre dernier.
On nous le décrit comme un jeune prince intrépide et espiègle qui déborde d’énergie. Le prince Gaston, très éveillé, est aussi un enfant sportif : il monte déjà à cheval et fait du judo. Le prince Gaston de France déjà bienveillant envers ses deux sœurs cadettes, la princesse Antoinette qui a célébré ses trois ans le 28 janvier dernier et la princesse Louise-Marguerite, vit avec sa famille au Domaine Royal de Dreux.
Encore tous nos vœux pour le jeune Prince, ses parents, et la Famille de France. • Lafautearousseau
Portrait par la Princesse Marie de France, tante du Prince Gaston.
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Michel Houellebecq, dans Soumission : « celui qui contrôle les enfants contrôle le futur, point final »
« Les négociations entre le Parti socialiste et la Fraternité musulmane sont beaucoup plus difficiles que prévu. Pourtant, les musulmans sont prêts à donner plus de la moitié des ministères à la gauche – y compris des ministères clés comme les Finances et l’Intérieur.
Ils n’ont aucune divergence sur l’économie, ni sur la politique fiscale ; pas davantage sur la sécurité – ils ont de surcroît contrairement à leurs partenaires socialistes, les moyens de faire régner l’ordre dans les cités. Il y a bien quelques désaccords en politique étrangère... (...)
La vraie difficulté, le point d’achoppement des négociations, c’est l’Education nationale. L’intérêt pour l’éducation est une vieille tradition socialiste, et le milieu enseignant est le seul qui n’ait jamais abandonné le Parti socialiste qui ait continué à le soutenir jusqu’au bord du gouffre ; seulement là ils ont affaire à un interlocuteur encore plus motivé qu’eux, et qui ne cèdera sous aucun prétexte. La Fraternité musulmane est un parti spécial vous savez : beaucoup des enjeux politiques habituels les laissent à peu prés indifférents ; et surtout ils ne placent pas l’économie au dessus de tout.
Pour eux, l’essentiel, c’est la démographie, et l’éducation ; la sous-population qui dispose du meilleur taux de reproduction, et qui parvient à transmettre ses valeurs, triomphe ; à leurs yeux c’est aussi simple que çà, l’économie, la géopolitique même ne sont que de la poudre aux yeux : celui qui contrôle les enfants contrôle le futur, point final. Alors le seul point capital, le seul point sur lequel ils veulent absolument avoir satisfaction, c’est l’éducation des enfants. » •Michel Houellebecq
Soumission, Flammarion, Paris, 2015(Pages 81-82) -
On veut bien mais « l'esprit du 11 janvier », c'est quoi au juste ?
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Ivan Blot à Politique magazine : « Nos hommes politiques sont desséchés »
Lorsque nous rencontrons Ivan Blot, avant Noël, nous passons rue du Faubourg Saint-Honoré, à deux pas de l’Élysée et de l’ambassade des États-Unis. Des chants de Noël résonnent dans des haut-parleurs : un crooner américain lance de lancinants « Merry Christmaaas… ». On se croirait dans une série télé filmée à Manhattan. De quoi nous mettre dans le bain de notre entretien. Son sujet ? Un livre : L’Europe colonisée (éd. Apopsix, 2014).
Pourquoi « l’Europe colonisée » ?
La colonisation revêt des formes multiples. En Europe, nous subissons en premier lieu une colonisation politique par les États-Unis et leurs relais européens. La situation sur le continent dépend toujours de l’issue militaire de la seconde guerre mondiale. Et, depuis, l’Union soviétique s’est effondrée, laissant les Etats-Unis seuls en piste.
Que pensez-vous de l’Otan ?
L’Otan, créée en 1949 à Washington, est clairement une structure militaire colonisatrice. Son premier secrétaire général, Hastings Lionel Ismay, déclarait que ses buts étaient de « garder les Russes à l’extérieur, les Américains à l’intérieur et les Allemands en tutelle ». La baisse récente des dépenses militaires en Europe montre que cette dernière est militairement colonisée et ne fait plus guère d’efforts propres.
Quelles sont les autres formes de colonisation ?
Il y en a trois. L’une est économique. La structure des marchés est influencée historiquement par des relations de pouvoir ; or, les centres de décision économiques sont de moins en moins chez nous. On assiste à un transfert. Je rappelle que la valorisation du CAC 40 dans son ensemble n’équivaut qu’au tiers des sommes détenues par le plus grand fonds au monde, l’américain Blackrock.
La seconde est physique. Elle découle de l’immigration incontrôlée qui s’installe actuellement sur le territoire européen. La dernière, la plus importante, est culturelle et spirituelle : l’Europe est gagnée par l’utilitarisme américain, qui met la fonction marchande au sommet avec comme valeurs suprêmes les droits et l’argent.
Dans votre ouvrage, vous faites référence à Aristote. Pourquoi ?
Aristote propose des outils qui permettent de comprendre le monde. Dans sa Physique, il décrit quatre causes servant à analyser l’existence d’un fait social humain : la cause matérielle, la cause formelle, la cause motrice et la cause finale. Prenons l’exemple du temple grec. Il s’explique par sa cause matérielle : la pierre et le bois destiné à sa construction ; nous sommes dans de la technique et de l’économique. La cause formelle, c’est le plan de l’architecte selon les vœux de la cité ; il s’agit de juridique et de politique. La cause motrice, ce sont les hommes qui construisent le temple, avec la culture qui est la leur. La cause finale, c’est la religion des grecs, car sans elle, on n’aurait aucune raison de construire ce temple.
Dans mon livre, j’essaye d’appliquer ces quatre causes pour comprendre l’état de l’Europe actuelle.
Comment l’Europe pourrait-elle se décoloniser, selon vous ?
L’une des clés de sortie de cette colonisation est culturelle. Nos énarques ont perdu tout repère humaniste. Ils ne sont guidés que par les deux premières causes, la matérielle et la formelle, c’est-à-dire le droit et l’économie. Nous avons des hommes politiques desséchés et cela joue énormément sur le manque de représentativité. Pour sortir de notre arraisonnement utilitaire actuel, il serait possible de se baser sur deux institutions fortes : l’Église et l’Armée. C’est ce qu’a fait la Russie au sortir du communisme. De manière générale, tout redressement ne pourra se faire sans une démocratisation de nos pays qui vivent en réalité en régime oligarchique. •