Loisirs, culture, traditions ...
UA-147560259-1
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
« Mustapha » de Girodet (1819) © Copyright : DR
Grâce à Péroncel-Hugoz, nous avons chaque jour des nouvelles du Maroc, car.il nous fait adresser le quotidien en ligne marocain indépendant le 360.ma où il tient une chronique renouvelée chaque jeudi soir. Le 360.ma, rappelons-le, est le premier media francophone du Maroc toutes catégories confondues, audiovisuel non compris. Péroncel-Hugoz s'intéresse, ici, aux médiocres relations franco-marocaines, mais aussi et surtout, de nouveau, aux peintres orientalistes français et aux expositions en cours. Ses commentaires nous confirment que l'Histoire, la culture et l'art unissent bien plus aisément et profondément les peuples et les nations que l'économique ou le politique ... Lafautearousseau ♦
Probablement suite aux intrigues, pour le moment réussies, de l’influent «clan algérien» au sein du Parti socialiste et de l’Etat français, les relations franco-marocaines n’ont cessé de se détériorer depuis début 2014. Ce climat plus que maussade perdure, malgré le geste significatif du Palais de déléguer la sœur aînée du Roi pour inaugurer, avec le président Hollande, les manifestations artistiques sur le «Maroc contemporain» à l’Institut du monde arabe, tandis que le «Maroc médiéval» est illustré au Louvre et que «le Roi Juba II» a été précédemment honoré au MUCEM de Marseille*.
Ni ces évènements d’envergure internationale ni les médiocres relations actuelles entre Paris et Rabat ne nous permettent cependant d’ignorer une petite expo organisée en ce moment dans l’atelier même du peintre Eugène Delacroix* en plein Saint-Germain-des-Prés, non pas autour des toiles du maître orientaliste (1798-1863) mais des objets locaux rapportés de Chérifie par l’artiste et dont il se servit pour recréer en peinture des décors qu’il n’avait pu souvent voir que fugacement, durant un séjour de cinq mois, de janvier à juin 1832, entre Tanger et Meknès.
Donc limitée, mais captivante, est cette expo d’une centaine d’objets que Delacroix eut sous les yeux et utilisa durant le reste de sa vie, après le séjour marocain: armes en tous genres, boîtes à poudre, bois enluminés, broderies, harnachements de montures et surtout ces plats fassis dont les irisations se retrouvent dans plusieurs œuvres de Delacroix. C’est un peu l’envers du décor mais un envers dispensateur, lui aussi, de couleurs et formes relevant également de l’Art ou tout au moins d’un Artisanat artistique, d’ailleurs toujours vivant dans le Maroc actuel grâce aux commandes du Palais, des mosquées et d’institutions étatiques (on pense par exemple à l’Institut royal amazigh et au nouveau musée d’Art contemporain, tous deux à Rabat).
Profitons de cette chronique pour rectifier une erreur bien des fois commise, sans doute de bonne foi, ici ou en Europe, et qui fait de Delacroix le «père de l’orientalisme». Non, il fut un immense créateur mais pas le «père» de cette école! On sait maintenant à coup sûr que la première toile orientaliste est due à un aîné de Delacroix que celui-ci, d’ailleurs, admirait: Anne-Louis Girodet-Trioson, dit Girodet (1767-1824). Son portrait de « Mustapha de Sousse» (1819), un Turco-arabe de la Régence de Tunis, superbement enturbanné et barbu, se trouve depuis 1988 au modeste musée de Montargis, la très jolie petite ville natale de Girodet, à 100 kilomètres au sud de Paris. C’est «la Venise du Gâtinais», avec ses 130 ponts, d’où venait également la famille du plus fameux des pieds-noirs marocains, Michel Jobert, et elle vaut donc doublement la visite avec son portrait de « Mustapha*** », pionnier de l’orientalisme pictural. ♦
* Voir notre chronique du 16 juillet 2014 sur le 360.ma
** Atelier Delacroix, « Souvenirs du Maroc », jusqu’au 2 février 2015, 6 rue de Furstenberg, 75006- Paris. Tel : 00.33.(0).1.44.41.86.50 / www.musee-delacroix.fr/
*** Musée Girodet, Montargis. Tel : 00.33 (0).2.38.98.07.81/ www.musee-girodet.fr/
Voici un ouvrage qui nous arrive du Québec et dont l'auteur, Jean-Pilippe Trottier, en février 2011, avait interrogé Lafautearousseau sur notre royalisme (en l'occurrence, François Davin), pour les auditeurs de Radio Ville Marie, à Montréal. A noter que cette sympathique radio canadienne* touche près de six-cent mille auditeurs.
Nous savions Jean-Philippe Trottier admirateur de Gustave Thibon que nous sommes plusieurs à avoir bien connu, dans l'équipe de Lafautearousseau. Mais sans avoir encore lu cet ouvrage de Jean-Philippe Trottier, le titre qu'il lui a donné nous paraît être un de ceux que Thibon aurait pu choisir...
Cordial salut, donc, à Jean-Philippe Trottier et tous nos souhaits pour le succès de son livre ! •
Voici, en tout cas, la présentation qui en est faite au Québec :
Un livre remarquable préfacé par Charles Taylor.
« Dans une série d’études extrêmement riches, Jean-Philippe Trottier essaie de nous libérer de nos stéréotypes sur la foi et la non-foi, et sur ce qui est censé les séparer. Il nous offre de nouvelles pistes de réflexion non seulement sur le christianisme, mais aussi sur notre vie à l’âge séculier. » Charles Taylor
À mi-chemin du témoignage et de la réflexion, voici un livre qui s’inscrit pleinement dans la quête spirituelle de l’homme ou de la femme d’aujourd’hui. Artiste et intellectuel, esprit bohème et critique, Jean-Philippe Trottier a passé quelques années dans l’indifférence à l’égard du christianisme. Il a l’a redécouvert de manière très intime, en deçà des discours officiels, «par le bas». Dans cet essai d’une grande authenticité, il propose une promenade à travers des thèmes aussi concrets que le corps et aussi cruciaux que la liberté, et démasque brillamment les malentendus qui aboutissent à une religion déracinée de la vie. La fougue de l’auteur n’a d’égal que son désir de nous faire goûter le réalisme et la fraîcheur du message immémorial qui l’a conquis. ♦
Jean-Philippe Trottier est diplômé de la Sorbonne en philosophie ainsi que de l’Université McGill et du Conservatoire de Montréal en musique. Il a été traducteur et anime actuellement deux émissions sur les ondes de Radio VM, Midi-Actualités et En Dialogue. Brillant essayiste, il publie ici son troisième livre.
La profondeur divine de l’existence
Jean-Philippe Trottier • Médiaspaul
ISBN 978-2-89420-952-3 • 184 p. • 24,95 $
Contact : Jean-François Beaudet – 514-322-7341 poste 2232 presse@mediaspaul.qc.ca
* Radio Ville Marie : http://www.radiovm.com.
Maurras et Pujo* ont passé trois jours à Londres avec le duc d'Orléans. Ils publient aujourd'hui dans L'Action française les déclarations du Prince. C'est une page émouvante et de haute allure qui a produit grand effet, surtout aux passages où le descendant des rois qui ont fait la France raconte ses efforts infructueux pour servir dans les troupes françaises, belges, anglaises et même indiennes. L'enrôlement incognito - selon le précédent du duc de Chartres s'engageant en 1870 sous le nom de Robert le Fort - ne lui a même pas été possible en raison des filatures de police. Il était dénoncé dès qu'il se présentait dans un bureau de recrutement.
Le Prince recommande à tous ses partisans de servir la France comme lui-même eût désiré la servir. ♦
* Charles Maurras et Maurice Pujo avaient fait en son nom une première mission auprès du président du Conseil René Viviani, qui avait conseillé au prétendant de s'enrôler dans les armées alliées où il se heurta à des refus. Philippe, duc d'Orléans (1869-1926) est prétendant en titre depuis 1894 (Philippe VIII).
Dans cet entretien, que Boulevard Voltaire a publié le 22 novembre, Alain de Benoist se livre à une analyse en tous points pertinente - selon nous - du Suicide français d’Éric Zemmour. Nous marquerons une seule nuance : s’il est bien vrai que « la fin des idéologies n’est qu’une fable » et que, selon Zemmour, « jamais nous n’avons autant été dans l’idéologie », Edgard Morin n’a pas tort, non plus, de déplorer la disparition des grandes pensées politiques, en tant que telles, dans l’esprit public français. L’idéologie règne, diffuse, prégnante, omniprésente, au cœur de nos sociétés. Certains cercles aujourd’hui influents (Terra Nova, le Grand Orient de France) n’en ont pas perdu de vue les fondements intellectuels profonds. Mais l’idéologie régnante ne s’en réclame plus clairement. Larvatus prodeo : elle avance masquée, elle n’avoue pas sa source. De cette faiblesse, elle tire une plus grande force … ♦
Le Suicide français, dernier essai d’Éric Zemmour, est en tête des ventes, alors que Yannick Noah arrête ses tournées et que la dernière pièce de BHL est en train de quitter l’affiche avant que la colle ne soit sèche. Les temps seraient-ils en train de changer ?
L’extraordinaire succès du livre de Zemmour (15.000 exemplaires vendus tous les jours) n’est pas seulement un phénomène éditorial. C’est un phénomène sociétal. La preuve en est qu’il suscite même des sondages. L’un d’eux révèle que 37 % des Français (20 % à gauche, 53 % à droite) sont d’accord avec Zemmour, qu’ils se reconnaissent dans ce qu’il dit, qu’ils découvrent dans son livre ce qu’ils n’osaient dire tout haut ou qu’ils ne formulaient que de façon confuse. Renaud Camus a très justement parlé « d’industrie de l’hébétude ». D’autres mots pourraient être employés : sidération, ahurissement. On est en train d’en sortir. Ceux qui méprisent le peuple y verront la confirmation que l’ouvrage n’est qu’une accumulation de lieux communs et de propos de bistrot. Mais il ne faut pas s’y tromper : cet adoubement populaire, c’est une consécration.
Cela dit, si ce livre n’avait pour seul résultat que de conforter ses lecteurs dans leurs opinions, il n’aurait qu’un intérêt tout relatif. Son plus grand mérite, à mon avis, est bien plutôt de donner à ces lecteurs l’occasion de faire leur autocritique. Que dit en effet Zemmour dans son livre ? D’abord que, si la France n’a cessé de se défaire depuis quarante ans, c’est d’abord d’une idéologie qu’elle a été la victime, ce qui montre que le thème de la « fin des idéologies » n’est qu’une fable (« jamais nous n’avons autant été dans l’idéologie », écrit Zemmour). Ensuite, que cette idéologie, devenue peu à peu dominante, n’a pas été seulement le fait des méchants gauchos, mais tout autant de la droite libérale, et qu’elle va bien au-delà du jeu politique, car elle résulte d’une action culturelle, menée avec autant de patience que de rigueur, qui visait à « déconstruire » les fondements de notre société.
« Je veux déconstruire les déconstructeurs », dit Zemmour. Et d’en citer quelques-uns au passage : Michel Foucault, Jacques Derrida, Pierre Bourdieu, Deleuze et Guattari. Mais c’est ici que l’on peut poser la question : parmi ceux qui applaudissent bruyamment Zemmour aujourd’hui, combien y en a-t-il qui ont sérieusement lu Bourdieu, Derrida et Foucault ? Combien y en a-t-il qui se sont sérieusement intéressés au mouvement des idées ? Combien y en a-t-il qui ont jamais compris ce qu’est une guerre culturelle ? La vérité est qu’il y en a fort peu, car la « droite », pour ce qui est du travail de la pensée, est restée pendant des décennies en situation d’encéphalogramme plat. En la mettant face à ses responsabilités, en déclarant : « Je fais de la politique “gramscienne” en menant un combat d’idées dans le cadre d’une lutte pour l’hégémonie intellectuelle », Zemmour montre qu’il est au contraire pleinement conscient des enjeux.
Peut-on dire pour autant que l’opinion est en train de basculer à droite ?
Interprétation un peu courte. Éric Zemmour n’est pas l’héritier de Bonald ou de Maurras, et moins encore de Bastiat. C’est un national-républicain, gaulliste et bonapartiste, dont les vues se situent quelque part entre Jean-Pierre Chevènement et Florian Philippot. Parle-t-il seulement au nom de la « droite » ? Voire… Quand il dénonce le « libéralisme anglo-saxon », le « grand marché mondial qui permet à une petite élite de s’enrichir toujours plus », le « marché qui règne avec l’individu-roi », « les élites sans patrie qui n’ont jamais digéré la souveraineté populaire et qui ont fait allégeance à la mondialisation économique plutôt qu’aux intérêts de la nation », quand il renvoie dos à dos la droite et la gauche : « La droite a abandonné l’État au nom du libéralisme, la gauche a abandonné la nation au nom de l’universalisme, l’une et l’autre ont trahi le peuple », ce n’est de toute évidence pas au nom de la « droite » qu’il parle, mais au nom du peuple. C’est bien ce qui fait sa force.
Alors qu’il n’a jamais été aussi présent dans les médias, Éric Zemmour n’en estime pas moins que ses idées sont ostracisées par ces mêmes médias. Le « Système » connaîtrait-il des ratés ?
La société du spectacle est victime de ses contradictions : clouer un auteur au pilori, c’est encore lui faire de la publicité. Mais la vraie question est celle-ci : pourquoi tant de haine ? La réponse est simple : la classe dirigeante est en train de perdre pied. Elle voit le sol se dérober sous ses pieds, elle voit ses privilèges menacés, elle ne sait plus où elle habite. Elle fait comme les chiens qui ont peur : elle aboie. Laurence Parisot n’a pas hésité à accuser Zemmour de « haute trahison » (sic), Manuel Valls a surenchéri : « Le livre de Zemmour ne mérite pas qu’on le lise. » En clair : il vaut mieux ne pas savoir ce qu’il dit. Mais c’est là que le bât blesse. À force d’ériger des murailles invisibles et d’installer des cordons sanitaires, la classe dirigeante a épuisé ses propres défenses immunitaires. À force de refuser le débat, elle est devenue inapte à débattre. Elle n’a désormais plus rien à dire, sinon appeler à « lutter contre les stéréotypes », promouvoir le non-art contemporain et multiplier les références lacrymales aux « droits de l’homme ». Panique morale et misère de la pensée. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, le disait tout de go récemment : « Depuis dix ans, la gauche a perdu la bataille des idées. » Depuis dix ans ! Un tel aveu aurait dû provoquer mille commentaires. Qu’il n’en ait pratiquement suscité aucun montre l’ampleur de ce qu’il reste à faire. ♦
Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
Le triomphe des idées à l'aide desquelles le libéralisme moderne fait imprudemment la guerre au gouvernement prospère des Bourbons serait la perte de la France et des libéraux eux-mêmes. Les chefs du côté gauche le savent bien. Pour eux, cette lutte est une simple question de pouvoir. Si, à Dieu ne plaise, la bourgeoisie abattait, sous la bannière de l'opposition, les supériorités sociales contre lesquelles sa vanité regimbe, ce triomphe serait immédiatement suivi d'un combat soutenu par la bourgeoisie contre le peuple, qui, plus tard, verrait en elle une sorte de noblesse, mesquine, il est vrai, mais dont les fortunes et les privilèges lui seraient d'autant plus odieux, qu'il les sentirait de plus près.
- Le législateur, Messieurs, doit être supérieur à son siècle. Il constate la tendance des erreurs générales, et précise les points vers lesquels inclinent les idées d'une nation; il travaille donc encore plus pour l'avenir que pour le présent, plus pour la génération qui grandit que pour celle qui s'écoule. Or, si vous appelez la masse à faire la loi, la masse peut-elle être supérieure à elle-même? Non. Plus l'assemblée représentera fidèlement les opinions de la foule, moins elle aura l'entente du gouvernement, moins ses vues seront élevées, moins précise, plus vacillante sera sa législation, car la foule est, en France surtout, et sera toujours ce qu'est une foule. La loi emporte un assujettissement à des règles; toute règle est en opposition aux mœurs naturelles, aux intérêts de l'individu; la masse portera-t-elle des lois contre elle-même ? Non. Souvent la tendance des lois doit être en raison inverse de la tendance des mœurs. Mouler les lois sur les mœurs générales, ne serait-ce pas donner, en Espagne, des primes d'encouragement à l'intolérance religieuse et à la fainéantise; en Angleterre, à l'esprit mercantile ?
Tôt ou tard, une assemblée tombe sous le sceptre d'un homme, et, au lieu d'avoir des dynasties de rois, vous avez les changeantes et coûteuses dynasties des premiers ministres. Au bout de toute délibération se trouvent Mirabeau, Danton, Robespierre ou Napoléon.
Honoré de BALZAC
Le Médecin de campagne, Paris, 1833
Une des raisons de l'échec des Institutions européennes est très certainement leur refus de reconnaître les racines de l'Europe. Et, parmi celles-ci, le Christianisme ... ♦
On cite des mots de Poincaré. Ils sont tous effrayants pour la connaissance de son état d'esprit. Au moment où le Président allait quitter Paris, il avait reçu les ambassadeurs des Etats-Unis et d'Espagne, sous la protections desquels, en somme, le gouvernement plaçait la capitale. La conversation terminée, faisant ses adieux aux deux étrangers, le Président, traversant un salon et montrant les Gobelins et les vases de Sèvres, ne put se retenir de soupirer :
- Et dire que c'est peut-être la dernière fois que je vois tout cela !...
Herrick*, l'ambassadeur des Etats-Unis, a été très bien, très galant homme, très amical dans toutes ces affaires. Il vient de rentrer en Amérique et c'est bien dommage : peut-être le président Woodrow Wilson l'aura trouvé trop sympathique à la France. Le fait est que Herrick et le personnel de son ambassade se promenaient à dessein dans les rues lorsque apparaissaient des taubes, dans l'espoir, disait-il, moitié sérieux moitié plaisant, de recevoir un éclat de bombe et de déterminer par là un bon incident entre l'Allemagne et l'Amérique. D'ailleurs Herrick ne cache pas son mépris pour notre personnel gouvernementale et, me dit-on, abonde en anecdotes ironiques sur les évènements du mois d'août. Il était, en particulier, très renseigné sur les pressions exercées par les Anglais pour obtenir la reconstitution du ministère et la résistance de Paris. Il considérait la France comme étant passée sous le protectorat de French et de Kitchener.
L'élément militaire domine de plus en plus le gouvernement. La confiance en Millerand est affaiblie dans l'armée : bon ministre en temps de paix, il aurait été inférieur comme organisateur à ce que le commandement attendait de lui en temps de guerre. Aussi l'autorité des grands chefs de l'armée grandit-elle. On attribue ce mot à Poincaré :
- Nous vivons sous la tyrannie de Joffre. Et elle est dure.
On m'informe que, dans le parti républicain, des "radicaux patriotes" songent à renforcer le gouvernement en y introduisant des éléments militaires. En somme, il y a trois centres : Bordeaux, avec les ministres; Paris, avec Gallieni, Reinach** et Doumer et enfin le grand état-major...
Reçu de Londres cette lettre d'un pessimiste qui n'a jamais eu qu'une confiance très limitée dans l'intensité de l'effort anglais :
"...Vous voyez qu'ils n'avaient pas tort, mes amis de la cour anglaise, et du Foreign Office. Le prince de Bülow lui-même va tenter le coup à Rome***. Dernières nouvelles : à Madrid, il s'est passé des scènes orageuses entre les deux reines, l'anglaise et l'autrichienne. L'Autriche n'épargne aucun effort. La cour espagnole est divisée à l'heure actuelle. Quant aux enrôlements et malgré le bluff des journaux anglais, c'est fini. Le départ du prince de Galles n'a rien donné, et la mort de lord Roberts, qui supplia, lors de l'inauguration u monument de Brighton, les jeunes filles de ne faire flirt qu'avec des jeunes hommes ayant satisfait au devoir militaire, n'arrange rien. En haut lieu, on ne sait plus que faire. De l'argent, oui; des hommes, non."
D'autre part, d'après des nouvelles reçues, l'attitude de l'Italie redeviendrait incertaine. ♦
Antoine de Crémiers, conférencier, conseiller éditorial de la « Nouvelle Revue Universelle », animateur du café actualité d’Aix en Provence était l'invité du Centre Lesdiguières en partenariat avec l’ARD (Alliance Royale du Dauphiné) et DDC, le lundi 17 novembre 2014 à 20; à Grenoble. Thème : « La postmodernité ou le triomphe du libéralisme ». L'analyse d'Antoine de Crémiers : Ce qu’il est convenu de baptiser « crise » n’est autre qu’un formidable basculement de civilisation dont nous sommes les spectateurs, rageusement impuissants, et qui nous contraint à revoir nos « logiciels » d’analyses, formatés par des siècles de Tradition et de Modernité, l’une et l’autre disparues corps et biens.
La vidéo de cette conférence très remarquée en Dauphiné, est disponible ci-dessous. ♦
Cliquez sur l'icône rectangle pour agrandir (En bas, à droite)
Il y a déjà un certain nombre d’années, nous nous souvenons d’avoir écouté, autour d’Hilaire de Crémiers, à l’occasion d’un camp d’été destiné à la formation de jeunes royalistes, non loin de Pau, Alexis Arette parler, avec cette éloquence particulière qui le caractérise, de son pays, le Béarn, des libertés régionales que la France a perdues, et de tout ce qui lui a été ravi d’autre, par ailleurs, qui lui venait de son Histoire, de sa terre, et de son peuple. Les Provençaux présents, virent aussitôt en Alexis Arette, une sorte de Thibon béarnais. Voici que nous retrouvons aujourd’hui Alexis Arette, vice-président de l’Académie de Béarn, parce qu’il vient d’écrire, le 28 octobre dernier, à François Bayrou, après l'inauguration à Pau d'une allée en l'honneur d'Abd-el-Kader, la lettre ouverte qui suit. Nous l’avons retrouvé dans ces lignes égal à lui-même. ♦
Je ne pense pas que l’inauguration de l’allée Abd-el-Kader améliorera les problèmes de circulation que la précédente municipalité t’a laissés en cadeau, et je doute que le geste soit assez fort pour convaincre les coraniques palois de voter en faveur du Pays de Béarn. Si tu y avais ajouté le geste audacieux d’une circoncision publique, peut-être…
À cette occasion, il m’est revenu à l’esprit qu’Abd-el-Kader était un humaniste tout à fait particulier. Dans la guerre qu’il menait contre les Français, pour les droits de l’homme musulman de conserver un harem et de pratiquer l’esclavage, il y eut quelques trêves, et au cours de l’une d’elles, les Français acceptèrent de rendre à l’émir une centaine de ses esclaves noirs, qui avaient cru trouver la liberté en se réfugiant sous notre drapeau. Abd-el-Kader les fit tous décapiter. Il n’était, ce faisant, qu’un très modeste émule de Mahomed qui, lui, avait fait couper le cou des 900 juifs de la tribu des Banou-Caraïza, pour mettre leurs jolies femmes dans le lit de ses guerriers. Tamerlan devait faire mieux encore en édifiant des pyramides avec les têtes des infidèles tombées sous le cimeterre.
Mais ce ne sont là que des broutilles de l’histoire, et même le Pape François, en accord avec les Imams qui prolifèrent en France comme des champignons, nous affirme que l’Islam est, contrairement à quelques apparences, tolérant et miséricordieux. Bien sûr, les historiens Occidentaux affirment qu’il y eut entre le seizième et le dix-huitième siècle, 4 millions de chrétiens razziés sur nos côtes, et plus de 18 millions de noirs réduits en esclavage, et châtrés afin qu’ils ne se reproduisent pas, mais je me demande si ces historiens n’avaient pas été contaminés par le virus Lepéniste ! La bête immonde est partout ! La preuve ? C’est que même quelques mahométans sont gagnés par le virus, tel l’anthropologue Malek Chebel qui écrit : « Parce que je suis un intellectuel musulman (…) je me sens missionné pour dénoncer ce drame de l’esclavage qui a contaminé tous les pays où l’Islam a prospéré ! »
Fort heureusement, des gestes comme l’inauguration de l’allée Abd-el-Kader prouvent que l’on peut être esclavagiste et coupeur de têtes, et tout de même tenu pour un grand homme par la République. Madame Taubira même, a tenu à aller plus loin dans l’humanisme. Dans l’Express du 4 Mai 2006 elle affirmait : « Il ne faut pas trop évoquer la traite négrière Arabo-Musulmane pour que les jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfais de leurs Pères ! » A remarquer que la justice Taubirienne a déjà porté ses fruits : je lis aujourd’hui sur internet qu’un certain Karim vient d’être interpellé par la police pour la 197ième fois ! En voilà un au moins qui n’est pas traumatisé par l’héritage de ses pères, et qui pourra revoter Hollande la prochaine fois. Nous n’en avons pas fini de découvrir les beautés du Système !
De leur côté, les humanistes de Boko Haram et quelques autres ne relâchent pas leurs efforts pour arracher la jeunesse Africaine à la déchéance Occidentale. Il y a quelques semaines, c’était 200 lycéennes qui étaient enlevées à Chibok. Avant-hier c’étaient 60 femmes enlevées à Wagga. Hier c’étaient 30 Jeunes razziés à Mafa. La religion d’Abd-el Kader manifeste partout une semblable ferveur, et à mon sens ce n’est pas une simple allée qui devrait garder la mémoire du premier vaincu du Djihad, mais une autoroute !Avec bien sûr, dès l’entrée, l’emblème du croissant et de l’étoile, pour éclairer les destinées de la république. » ♦
Inauguration d'une allée en l'honneur d'Abd-el-Kader
* Source : Michel Janva Lien permanent
Victoire russe certaine en Pologne. L'évènement sera décisif pour la suite de la guerre et va en marquer une nouvelle période. Le ciel s'éclaircit de jour en jour sur la France, quoiqu'il reste tant à faire : les Allemands, en ce moment encore, ne sont-ils pas en mesure de bombarder Reims et Soissons, quotidiennement si tel est leur bon plaisir ? Ne viennent-ils pas d'annexer (du moins ils l'ont proclamé à Bruxelles) le bassin métallurgique de Briey ? J'apprends aujourd'hui que Guillaume II est resté en France beaucoup plus longtemps qu'ion ne l'a annoncé. On avait dit qu'il n'avait fait que de rapides apparitions sur le front des troupes. La vérité est qu'il a séjourné assez longtemps dans l'Aisne, au château de Follembray, dont le propriétaire, M. de Brigode, était présent. On affirme aussi qu'Arras a été bombardé pour permettre à l'Empereur de juger de l'efficacité de la grosse artillerie allemande.
M. de Kermaingant, administrateur des aciéries de la Marine, me dit que les hauts-fourneaux d'Homécourt n'ont nullement souffert, bien qu'ils se trouvent directement sous le feu d'un des forts de Metz. Il semble que les Allemands tiennent à ménager, pour leur usage personnel, ce Transvaal français, Transvaal non de l'or, mais du fer, avec ses richesses incalculables.
On présume que les Allemands, qui sont tenaces, vont encore tenter sur l'Yser un effort d'ailleurs voué à l'échec. Après quoi, étant obligés de faire face à l'invasion russe et de dégarnir leur front, le général Joffre pourra exécuter son offensive (le bruit court qu'il la prépare en ce moment du côté de Compiègne, d'où les civils sont impitoyablement écartés), à moins que l'armée allemande d'elle-même ne se retire sur des lignes extrêmement fortes d'où elle espère interdire aux alliés l'entrée de la Belgique.
L'éditeur Flammarion a rencontré Marcel Sembat pendant le récent voyage que celui-ci a fait à Paris. A l'auteur de Faites un Roi sinon faites la paix devenu ministre, Flammarion a demandé quel gouvernement nous aurions après la guerre :
- Celui que voudront les trois cent mille hommes qui reviendront de là-bas, a répondu le seul homme d'esprit du parti socialiste unifié.
... Comme suite à l'histoire de la lettre du président Poincaré au Pape : l'Angleterre envoie un représentant auprès du Saint-Siège. Sir Henry Howard, diplomate catholique, a été choisi par le ministère puritain pour cette mission. On dit bien haut que cette mission est temporaire et prendra fin avec la guerre. Mais, si mes renseignements sont exacts, le Saint-Siège aurait la promesse que Sir Henry Howard ne serait pas si impoli que de partir une fois la paix signée et, pour ainsi parler, le dernier morceau dans la bouche...
Ainsi le roi Georges V, chef de l'église anglicane, et l'empereur Nicolas II, chef de l'église orthodoxe, sont l'un et l'autre représentés auprès du chef de l'église catholique, et la France ne l'est pas ! Le gouvernement républicain ressemble à ces francs-maçons de village qui restent à la porte des églises pendant les enterrements. Cet enterrement pourrait bien être celui de notre protectorat en Orient. Est-ce par le canal de Sir Henry Howard que seront réglées les graves questions qui ne peuvent manquer de se poser en Syrie ? La violation par les Turcs du statut du Liban va nous obliger à intervenir. Comment le ferions-nous au moment où nous avons, en plus de toutes nos charges, le Maroc à garder ? Et le Maroc s'agite peut-être par un contrecoup de la guerre sainte proclamée à Constantinople. Seront-ce les Anglais (pourtant occupés à défendre le canal de Suez contre une armée turque) qui se chargeront de protéger la Syrie ? Et, quand ils seront à Beyrouth, est-ce Sir Henry Howard que le gouvernement français chargera de ses intérêts ?
Il y aurait encore une solution : ce serait que Sir Henry Howard ouvrît les voies à la reprise des rapports diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. Il reste à savoir si l'Angleterre, qui a pris la place, s'en souciera. En attendant, il est certain qu'à défaut d'ambassadeur accrédité, le gouvernement envoie des volontaires au Vatican. Cela se saura. ♦
* Comment espérer qu'entre Allemands et Français on arrive à se mettre d'accord ? Chacun des deux peuples est convaincu que l'autre a été l'agresseur. Dans chacun des deux pays les socialistes et les pacifistes sont persuadés que les pacifistes et les socialistes d'en face ont été grossièrement abusés par leur gouvernement. Sur les origines mêmes et les responsabilités de la guerre, la contradiction est totale, absolue. Le désaccord est formel. Il est dès aujourd'hui visible qu'il se prolongera à travers les siècles, qu'il remplira l'Histoire aussi longtemps qu'une France et qu'une Allemagne existeront. ♦
* Cette deuxième note appartient au Tome I du Journal de Jacques Bainville (1901/1918)
Avec la Restauration Nationale et le blog Le Rouge & le Noir, Lafautearousseau est partenaire de l'important colloque qu'Hilaire de Crémiers annonce dans cette vidéo - et dont il commente le thème. Nous engageons donc vivement nos lecteurs et amis à s'y inscrire, à y participer, à s'y retrouver. Lafautearousseau a été précisément créé pour poser, au jour le jour et au prisme de l'actualité, la question même du régime. C'est tout justement l'objet de ce colloque qui sera donc, aussi, pour nous tous un acte militant. Comment, en effet, ne poserions-nous pas, aujourd'hui, publiquement, dans la terrible crise des institutions politiques que traverse la France, la question du régime ? ♦
Cliquez sur l'icône rectangle pour agrandir (En bas, à droite)
Détails et formulaire pour s'inscrire