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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1558

  • 24 Novembre 1914 ... Les pertes et les ruines que la guerre, même victorieuse, ne pourra manquer de laisser ...

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    Le Bulletin des Armées confirme l'échec des Allemands en Flandre dans des termes d'une précision telle qu'il ne peut subsister le moindre doute pour l'esprit. D'autre part, le bruit court d'une victoire remportée par les Russes sur la Warta, en dépit des efforts du général Von Hindenbourg, le seul véritable homme de guerre que paraissent avoir les Allemands*. (On me dit que ce récit a pour auteur André Tardieu**, qui est à l'état-major du général Foch...) Il est heureux que les nouvelles soient bonnes car il paraît qu'hier, au cabinet civil du gouvernement de Paris, on faisait de fort longues figures sur l'avis que Soissons était bombardé. Ces messieurs voyaient déjà la capitale menacée.

    Gervais-Courtellemont, l'explorateur, a reçu des informations particulières d'après lesquelles l'Allemagne manquerait de deux objets de première nécessité : le cuivre et le pétrole, d'où gêne sérieuse et qui ne peut plus que grandir pour la fabrication des projectiles et les transports par automobile. Il en conclut que la guerre pourrait finir plus tôt qu'on ne s'accoutume à le penser : car l'esprit humain est ainsi fait et il a peine à se représenter autre chose que ce qui est. On croit à la guerre indéfinie comme on croyait naguère à la paix perpétuelle.

    Quelques personnes de sang-froid commencent à supputer les pertes et les ruines que la guerre, même victorieuse, ne pourra manquer de laisser. Une des opérations d' "avant-guerre" (selon le mot si admirablement créé par Léon Daudet et qui restera dans la langue française), une des opérations d'avant-guerre les mieux réussies de l'Allemagne à été le coup porté à la Bourse de Paris. Les Rosenberg*** et consorts, sujets autrichiens ou allemands, sûrs de leur affaire, vendaient à tour de bras les valeurs que nos pauvres capitalistes et spéculateurs français rachetaient naïvement. Le moratorium a empêché leur ruine immédiate. Mais il faudra bien liquider, et comment, dans quelles conditions ? Par l'indisponibilité subite des capitaux placé sen reports, une crise de confiance terrible s'est ouverte. La Banque va prêter 200 millions pour que 40 pour cent de ces reports puissent être remboursés. Mais après ? Il est trop clair qu'un nombre important de ces spéculateurs (en particulier les banquiers et les industriels du Nord, de l'Est, de la région de Reims, coutumiers de grandes opérations de Bourse) vont se trouver ruinés par la guerre et dans l'impossibilité d'acquitter ce qu'ils doivent aux agents de change. L'agent de son côté, étant responsable vis-à-vis de ses clients, devra payer de sa poche les différences que ceux-ci ne pourront acquitter. "En laissant de côté les agents qui, ne pouvant faire face à leurs engagements, seront obligés de faire appel à la garantie solidaire de leurs collègues, j'estime, me dit une personne bien renseignée, que ceux qui, après ce cataclysme, pourront représenter les trois quarts ou même la moitié de leur capital, auront encore à s'estimer heureux."  ♦

     

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    * La bataille d'Ypres, en Belgique, qui avait duré une quinzaine de jours, s'était soldée le 17 novembre par une stabilisation du front. Les alliés conservent la ville d'Ypres mais les Allemands gagnent une position dominante.

    A l'Est, la IXème armée allemande de Von Mackensen, qui avait essayé d'aider les austro-hongrois en Galicie et avait dû se replier sur la Warta, avait repris l'offensive le 12 novembre en direction de Lodz. La bataille fut longtemps indécise.

    ** André Tardieu (1876-1945), secrétaire des Affaires étrAngères, chroniqueur diplomatique au Temps de 1905 à 1914, député modéré en 1914, collaborateur de Clemenceau à la conférence de paix de Versailles, il sera président du Conseil en 1929 et en 1932.

    *** Oscar von Rosenberg était un banquier d'origine autrichienne. On accusera le frère de Georges Clemenceau, Albert, de l'avoir protégé pendant la guerre.

  • Loisirs, culture, traditions ...

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  • Le prince Gaston de France a fêté ses 5 ans

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    Le prince Gaston de France, fils du Duc et de la Duchesse de Vendôme, petit-fils du comte de Paris et de la duchesse de Montpensier, a célébré son cinquième anniversaire, le 19 novembre.

    Le prince Gaston est un garçon intrépide et espiègle qui déborde d’énergie. Le jeune prince, très éveillé, est aussi un enfant sportif : il monte déjà à cheval et fait du judoLe prince Gaston de France déjà bienveillant envers ses deux sœurs cadettes, la princesse Antoinette qui célébrera ses trois ans le 28 janvier prochain et la princesse Louise-Marguerite, vit avec sa famille au Domaine Royal de Dreux.

    Tous nos vœux pour le jeune Prince, ses parents, et la Famille de France. ♦ 

    Portrait par la Princesse Marie de France, tante du Prince Gaston.

    Source : la-couronne-

  • Une somptueuse exposition à la Conciergerie consacrée à Louis IX

    Une somptueuse exposition à la Conciergerie est consacrée à Louis IX, ce roi fin politique qui fut aussi un saint et fit rayonner l'art gothique dans tout le royaume. Jean-Yves Le Pogam, commissaire, nous raconte. 

     

     

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    EN IMAGES - L'exposition Saint Louis à la Conciergerie révèle les beautés d'un règne hors du commun 

    Engoncé dans sa légende comme dans des habits trop étroits, dissimulé derrière ces images d'Epinal du roi chevalier, vainqueur de Damiette, ou rendant la justice sous un chêne, Saint Louis reste l'un des plus mal connus des rois de France. Hommage rendu à l'occasion du 800e anniversaire de sa naissance, l'exposition qui vient d'ouvrir sous les longues voûtes de la salle des Gens d'armes, à la Conciergerie, tente d'écarter les voiles du mythe pour retrouver la complexité d'un homme qui voulut être à la fois roi et saint. Elle montre comment Louis IX fortifia les bases du pouvoir royal, le consacra par l'acquisition des reliques de la Passion déposées au cœur même du palais royal, et par ce désir ardent qu'avait le souverain de délivrer Jérusalem et qui l'incita à partir en croisade.

    Sous son règne, les arts et les techniques connaissent un état de grâce, fait d'harmonie, d'élégance, de raffinement paisible. Un art tour à tour précieux, sans ostentation, dépouillé mais toujours expressif, nourri du bouillonnement intellectuel d'une époque qui, avec l'essor des ordres dominicains et franciscains, portait un regard neuf, curieux et avide sur le réel, le fonctionnement et les beautés du monde: saint Thomas rédige sa Somme théologique, Vincent de Beauvais Le Miroir du monde... Un art rayonnant, comme les rosaces de la Sainte-Chapelle, que la magnifique sélection d'œuvres présentées à l'exposition exprime magnifiquement: bibles et psautiers enluminés, statuettes de bois ou d'ivoire (telle la magnifique Descente de croix du Louvre), reliquaires orfévrés, vitraux de la Sainte-Chapelle et leurs relevés grandeur nature à l'aquarelle. A l'appui, la possibilité de s'immerger dans le palais de la Cité comme il se présentait à l'époque, reconstitué en 3D par Dassault Systèmes. Plus qu'un récit des événements qui le jalonnèrent, une immersion dans l'esprit du règne de Saint Louis. ♦

    Saint Louis, du 8 octobre 2014 au 11 janvier 2015. La Conciergerie, 2, boulevard du Palais, 75001 Paris. Ouvert tous les jours (sauf 25 décembre et 1er janvier), de 9h30 à 18 heures. Tarifs : 8,50 € / 5,50 €. Renseignements: 01 53 40 60 80 et www.conciergerie.monuments-nationaux.fr  

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    INTERVIEW VIDÉO LE FIGARO MAGAZINE - Pierre-Yves Le Pogam, commissaire de l'exposition Le Figaro Histoire: Saint Louis, le roi, le bâtisseur, le croisé en kiosque, sur Figaro Store ou dans l'application Le Figaro Histoire sur iPhone, iPad et iPod Touch.

  • 23 Novembre 1914 ... Une obligation d'honneur : rendre la Belgique aux Belges

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    La classe 1914 est partie et ira au feu d'ici un mois ou un mois et demi. La classe 1915 est sur le point d'être levée et sera instruite pour le mois de mars. En même temps, on reprend en grand nombre pour le service armé les hommes des services auxiliaires, les exemptés et les réformés. Les territoriaux sont depuis quelque temps au front. Bref, c'est le commencement de la levée en masse. Tout cela accepté par la population avec un grand courage, mais une sorte d'étonnement : la croyance était si répandue et si forte, au mois d'août, que c'était une affaire de deux mois, trois au plus, que la guerre aujourd'hui ne pouvait plus s'éterniser comme les guerres d'autrefois etc...

    Un commerçant me raconte qu'il avait passé dans son quartier pour un pessimiste et presque pour un mauvais citoyen parce qu'il avait dit, au moment de la mobilisation, que la guerre durerait plus longtemps qu'on ne le croyait et que tout le monde finirait par partir. Cependant les nécessités de la situation sont acceptées sans murmure. Il y a chez tous les Français le sentiment d'une obligation d'honneur : rendre la Belgique aux Belges. ♦ 

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  • Aux "Amis" de notre page Facebook...

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    On connaît le mot célèbre de Voltaire sur Fouquet : "Le 17 août, à 6 heures du soir, Fouquet était le roi de France; à 2 heures du matin, il n’était plus rien.".

    Toutes proportions gardées, on pourrait paraphraser pour évoquer la mésaventure qui vient de nous arriver : lundi matin, sans avertissement préalable, Facebook a fermé notre Page Lafautearousseau Royaliste, ouverte en février 2009. La raison tient en quatre simples lignes : émanant d’un mouvement politique, notre Page Facebook devait donc changer de statut et migrer dans le groupe des Pages d'organisations politiques.

    Cela ne nous pose aucun problème, et nous ouvrons donc une nouvelle Page Lafautearousseau Royaliste, en tout exactement semblable à la précédente - forme et fond - et en conservant le même intitulé. Vous y retrouverez tout ce que vous trouviez dans la précédente, vous pourrez continuer à "partager" des liens, à la consulter et à l'enrichir de vos commentaires etc. et tout reprendra son cours. 

    Sauf que...  Sauf qu'en fermant la Page, Facebook efface aussi la liste de nos Amis ! Qui étaient au nombre de 4.109 très exactement lundi dernier au matin ! Et nous repartons donc à zéro ! On peut trouver que c'est le fin du fin, mais cette crasse - pour appeler les choses par leur nom - ne fait pas rire du tout.

    Faut-il donc tout arrêter et renoncer à notre présence sur Facebook - ce qui est exclu – ou tout recommencer à partir de zéro ? C'est rageant mais c'est ainsi, et c'est ce que nous allons faire : vous recevrez, dans les jours qui viennent, une invitation à vous réinscrire, comme "Ami", sur notre nouvelle Page. Je vous invite évidemment à y répondre favorablement et, puisque nous y sommes, je vous invite également à vous abonner à notre compte Twiter A.F.Royaliste : demandez à vos camarades de collège, de lycée ou d'amphi, de bureau ou d'atelier, à vos voisins et amis, parents et enfants... d'en faire autant, afin que, malgré les embûches, nos idées soient toujours plus répandues. Et n'hésitez surtout pas à proposer page facebook et compte twiter à des personnes éloignées de nous ou qui ne nous connaissent pas, ou mal : leurs questions, leurs objections, leurs critiques même seront un stimulant pour nous, et nous pousseront à toujours mieux présenter nos idées, à les rendre plus attrayantes et à faire preuve d'un dynamisme sans cesse renouvelé à leur service, en vue du Bien commun... 

    François Davin

  • Loisirs, culture, traditions ...

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  • LIVRES : Nous sommes tous des héritiers ♦ Par Christian Baudoin*

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    En août dernier, Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie annulaient avec fracas dans les colonnes de Libération leur venue aux « rendez-vous de l’Histoire de Blois » qui avaient pour thème « Les Rebelles », au motif de la présence du « réactionnaire » Marcel Gauchet. Celui-ci avait osé, crime de lèse-bien-pensance, contester la remise en cause de la filiation induite par le « mariage pour tous ».

    C’est pourtant de filiation dont il est question dans le bel ouvrage de François Xavier Bellamy, Les Déshérités ou l’urgence de transmettre. Bellamy est philosophe. Il accompagne depuis quelques années la réflexion d’une jeunesse qui a été privée délibérément de son héritage et qui ne se reconnaît pas dans la pseudo-rébellion d’un Édouard Louis, d’une Najat Vallaud-Belkacem, d’une élite enfantée par Mai 68.

    Son livre dénonce la PMA instituée par des pédagogues sur notre instruction, cette artificialisation du savoir. Il remonte pour cela à Descartes, à Rousseau et à Bourdieu, pour mieux démonter la matrice totalitaire qui s’est abattu sur notre jeunesse à force de slogan de propagande : « La transmission est une aliénation », « La famille ne peut être qu’une source de reproduction castratrice ».

    Après avoir mis à jour les causes qui font que les enfants ont les dents gercés d’avoir mangé les raisins verts des erreurs idéologiques de leurs ainés (Bainville), François Xavier Bellamy reprend les fondamentaux. Il réactualise la pensée de ceux qui ont, notamment, contesté les conséquences de la Révolution et défendu tout à la fois un ordre naturel et une société organique. Il cherche ainsi à retrouver le chemin d’une politique naturelle, fondée sur la sagesse multiséculaire du bon sens. Bellamy nous ré-enseigne que la culture libère, que l’histoire affranchit, que la liberté est à la fleur et non à la racine. Enfin, que nous sommes des héritiers. Il nous redit avec clarté que les mots ont un sens et qu’une littérature digne de ce nom donne du sens à la vie. Si nous reprenons ce chemin de sagesse – qui, pour lui, ne peut être que culturel – alors nous devrions pouvoir « refonder la transmission », celle qui commence à refleurir un peu partout en France par des initiatives heureuses dans des familles qui se posent comme héritières.

    François-Xavier Bellamy a raison quand il dit que la refondation est culturelle. Cette dimension est-elle cependant suffisante ? On s’étonne en effet de la part d’un jeune professeur de philosophie, conseiller municipal, qu’il ne prenne pas en compte la dimension politique d’une telle refondation. Peut-être cela nous vaudra-t-il une suite. Nous l’espérons, car sa pensée est rafraichissante et ses idées pleines de bon sens. C’est de cela dont nous avons besoin actuellement.  ♦

    Les Déshérités ou l’urgence de transmettre, de François Xavier Bellamy, Plon, 240 p., 17 euros. 

    Source : Politique magazine -

  • CINEMA : L’homme qui ébranla le rideau de fer ♦ Par Laurent Dandrieu *

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    Robert Wieckiewicz, un Lech Walesa très humain. © PRODUCTION

    Passionnant. Avec “l’Homme du peuple”, Andrzej Wajda clôt la trilogie consacrée à la résistance du peuple polonais au communisme par un magnifique hommage au “tombeur” de ce dernier, Lech Walesa. 

    L’Homme du peuple d'Andrzej Wajda

    Électricien aux chantiers navals de Gdansk, Lech Walesa (Robert Wieckiewicz) s’éveille à l’activisme lors des grèves de 1970. Soutenu avec angoisse par sa femme Danuta (Agnieszka Grochowska), il ne va cesser dès lors de connaître arrestations et licenciements. Unanimement reconnu pour son courage et ses dons d’orateur, il s’impose comme leader lors de la grève des chantiers Lénine de l’été 1980, puis comme chef de file du premier syndicat indépendant, Solidarnosc…

    En 1977, avec l’Homme de marbre, Andrzej Wajda se penchait sur les prémices de la révolte ouvrière en Pologne, puis en 1981, avec l’Homme de fer, brossait à chaud un tableau de la naissance de Solidarnosc. Dans ce deuxième film, Lech Walesa jouait son propre rôle, à travers des images d’archives mais aussi dans des scènes de fiction, comme celle où on le voyait servir de témoin au mariage des héros.

    Aujourd’hui, pour cet hommage que Wajda a voulu rendre au tombeur du communisme, c’est à travers le même mélange de réalisme documentaire et de fiction que le cinéaste ressuscite cet itinéraire étonnant qui a conduit un petit électricien à défier un régime qui semblait inébranlable, à recevoir le prix Nobel de la paix puis à être reçu aux Nations unies comme héraut du monde libre. Si tout est passionnant dans ce récit, c’est dans le portrait du Walesa intime que Wajda touche et surprend le plus. Décrites avec infiniment de vivacité et de justesse, les scènes entre Lech et Danuta, toujours écartelée entre l’admiration pour le combat de son mari et la peur de le perdre, montrent peut-être plus encore que les scènes plus militantes le courage de ce père de famille nombreuse qui aurait eu tant de raisons de préférer la prudence. Superbement incarné par Robert Wieckiewicz, bien épaulé par Agnieszka Grochowska, Walesa y gagne une humanité touchante qui, malgré l’admiration manifeste et sans bornes que lui voue indubitablement Wajda, le fait échapper à la figure de saint de vitrail.  ♦

     


    L'Homme du peuple Bande-annonce VO

     

    Source : Valeurs actuelles - Laurent Dandrieu

  • 22 Novembre 1914 ... Au sujet des Alsaciens

    653_001.jpgAu sujet des Alsaciens, Mlle T..., fille d'un des pasteurs les plus vénérés de Mulhouse, me dit les choses les plus rassurantes. Le bruit courait que les soldats français n'étaient pas reçus en Alsace aussi bien qu'on eût pu l'espérer. La vérité est qu'à leur entrée à Mulhouse la réception a été admirable, plus belle que les vieux Mulhousiens n'osaient s'y attendre. Les populations ouvrières des faubourgs, où l'on pouvait craindre de l'indifférence, avaient montré un enthousiasme qui était presque du délire. Naturellement, des représailles exercées par les Allemands à leur retour dans la ville ont eu pour effet, dans la suite, de rendre les Alsaciens plus circonspects. De plus les immigrés ont très souvent trahi nos soldats, les ont attirés dans des guet-apens. Le jour où l'Alsace serait à nous, il ne faut pas douter d'une adhésion entière. Les industriels qui auraient le plus à souffrir peut-être dans leurs intérêts d'une réannexion sont prêts à tous les sacrifices.  ♦

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  • Un mathématicien égaré en économie, par François Reloujac *

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    Le 13 octobre dernier, l’académie Nobel a attribué le prix d’économie au chercheur français Jean Tirole. Une manifestation de « la France qui gagne » aussitôt saluée par le président de la République et par le Premier ministre. Mais personne ne s’est véritablement interrogé sur la raison qui permet d’affirmer que les travaux de Jean Tirole illustrent la pensée économique française, même si, officiellement, celui-ci a été récompensé pour ses travaux sur « le pouvoir de marché et la régulation ».

    Jean Tirole est un ancien élève de l’école polytechnique. Il est allé mettre en œuvre ses acquis théoriques d’exploitation des statistiques économiques au Massachusetts Institute of Technology, le fameux MIT. C’est là qu’il s’est familiarisé avec la théorie des jeux, un ensemble d’outils qui analyse les situations dans lesquelles l’action optimale pour un agent dépend des anticipations qu’il forme sur la décision d’un autre agent. étant entendu que cet agent peut être aussi bien une personne physique qu’une entreprise.

    S’il n’a pas pris la nationalité américaine – contrairement à un autre prix Nobel d’économie « français », Gérard Debreu – c’est qu’il est revenu en France pour y créer, sur le modèle des universités américaines, la « Toulouse School of Economics » (TSE). Cette dernière est uniquement financée par des grandes entreprises. Les cours y sont dispensés en anglais à des étudiants qui, pour 60 % d’entre eux sont étrangers, par des professeurs dont bien peu sont de nationalité française.

    Rien d’étonnant, donc, dans le fait que cette école soit soutenue par des grandes entreprises ouvertes à l’international et ayant sur leurs marchés respectifs une position de monopole ou de quasi-monopole. La théorie des jeux et les études statistiques pointues qui sont développées à l’école toulousaine leur sont très utiles : elles leur permettent d’améliorer continuellement leur capacité à analyser toutes les combinaisons possibles des réactions de leurs « partenaires » (administration, fournisseurs, consommateurs). Le jeu est d’autant plus « payant » qu’un joueur principal – une entreprise en position de force sur un marché – est mieux « informé » que les autres. C’est pourquoi cette école cherche à tempérer cet avantage que possède le plus fort par un mécanisme dit de « régulation » dont le but avoué est de maintenir une apparence de libre concurrence.

     

    Que récompense le prix Nobel d’économie ?

    Jean Tirole est un grand mathématicien, un excellent professeur et un chercheur consciencieux. Mais sa distinction révèle les limites du prix Nobel qui ne couronne plus des économistes dont les travaux  cherchent à améliorer le système ou le bien commun économique, mais qui distingue désormais uniquement des spécialistes travaillant sur des secteurs particuliers, fussent-ils utiles à tous ou simplement à un petit nombre.

    De fait, pour Jean Tirole comme pour nombre de ses prédécesseurs, l’économie, relevant de la « science », doit toujours l’emporter sur le politique. Il se rattache donc, comme l’a dit le professeur Christian Stoffaes, « à la gauche utopique pré-marxiste et au positivisme » et, comme la plupart des « ingénieurs-économistes », adhère « à l’idéologie du progrès par la science ». C’est pourquoi Jean Tirole a toujours considéré que le « régulateur » économique – en France, l’Autorité de la concurrence – devait être mis à l’abri de toute influence politique. Il a d’ailleurs tiré les conclusions de cette logique pour justifier la création d’une Union bancaire européenne qui ne dépendrait pas des états : « Il ne faut pas, a-t-il dit, que les gouvernements puissent intervenir dans la réglementation prudentielle car les gouvernants ont leurs propres objectifs qui peuvent après entraîner des difficultés importantes pour les banques ».

    Ainsi, depuis plus de vingt ans, le prix Nobel d’économie ne couronne que des spécialistes de micro-économie. D’une part, parce que l’analyse des statistiques individuelles permet de donner une tournure plus scientifique à la recherche que l’étude des statistiques nationales. D’autre part, parce que de telles études ont une apparence plus « démocratique » que les analyses macro-économiques : pour les « démocrates », en effet, l’intérêt général n’est que la somme des intérêts individuels. Si l’on « maximise » le profit de chacun, on « maximisera » le bien-être de tous. Pour le plus grand bonheur des (grandes) entreprises. 

    C’est l’avis de Manuel Valls qui a remis au goût du jour un projet déjà porté par Nicolas Sarkozy mais qui est maintenant revêtu de l’autorité du prix Nobel : la fusion des contrats à durée indéterminée et des contrats à durée déterminée dans un contrat de travail « unique » !

     

    Que penser du contrat de travail unique ? 

    Derrière cette « réforme » se cache en fait la suppression des CDI, accusés de rigidifier le marché du travail en « surprotégeant » ceux qui en bénéficient, et la généralisation du CDD. Elle est bien vue des grandes entreprises multinationales qui y voient le moyen de délocaliser plus facilement leur production vers des pays où les charges sociales sont moins élevées ou de remplacer les travailleurs autochtones par des immigrés moins exigeants, mais elle se heurte, naturellement, à l’hostilité des syndicats de salariés. Avec une telle réforme, on se rapprocherait du système américain. Mais, si le marché du travail américain est plus fluide et moins contraint que le nôtre, cela ne signifie pas obligatoirement que sa fluidité est « la » cause du plein emploi. à l’inverse, les études statistiques relatives à l’activité des multinationales montrent effectivement qu’elles se portent mieux si elles peuvent « presser le citron et jeter la peau ». Autrement dit, remplacer leurs salariés dès qu’ils sont jugés moins performants. On a beau dire que le marché du travail, en France, protège trop l’emploi et pas assez le salarié, ce n’est pas cette mesure qui, à elle seule, changerait la donne en profondeur. Le chômage ne diminuerait pas uniquement du fait d’une telle « réforme ». Il ne diminuera que si les produits fabriqués en France trouvent preneur au prix auquel ils sont obtenus et s’ils correspondent à un besoin réel des consommateurs. Agir uniquement sur la nature juridique des contrats du travail, c’est s’intéresser à un symptôme dans le but de n’avoir pas à affronter les causes du mal. Qu’un mathématicien, égaré dans le monde économique de la grande entreprise se laisse tenter, soit ; qu’un homme politique, responsable du bien commun, lui emboîte le pas, non !   

    Le prix Nobel d’économie 2014 vient donc couronner un Français qui a fait le choix, à un moment crucial de sa carrière, de revenir en France… Mais dont on peut se demander si, même inconsciemment, il n’est pas plus au service des intérêts américains qu’un Français ayant assimilé les acquis intellectuels américains pour les faire servir au rayonnement de la France dans le monde. ♦

     

    Source : Politique magazine

  • Le jugement radical d'Auguste Comte sur l'idéologie révolutionnaire

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    « Depuis trente ans que je tiens la plume philosophique, j'ai toujours représenté la souveraineté du peuple comme une mystification oppressive et l'égalité comme un ignoble mensonge.» 

     

    Auguste COMTE

    Lettre au général Bonnet, 1er décembre 1855