UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 7

  • VOYAGE • Sur les traces d’Agatha Christie ... De Singapour à Bangkok, un voyage d'exception

     

    Par Jacques Burnel

    Un court récit de l’un des plus beaux voyages ferroviaires d’Asie : depuis 1993, au départ de Singapour, l’Eastern & Oriental Express parcourt la Malaisie et la Thaïlande en passant des sites mythiques… 2000 kms de rêves et de dépaysement.

    Plus qu’un voyage en train, c’est une véritable croisière ferroviaire, avec ses « escales », que nous propose l’Eastern & Oriental Express. On y retrouve même l’ombre d’Agatha Christie.

    Nous laissons Singapour et ses gratte-ciels aux formes extravagantes et toujours plus nombreux, mais aussi son charmant quartier administratif, très vieille Angleterre, construit par son 1er gouverneur, Sir Stamford Raffles.

    Après avoir contemplé les paysages malais de forêts primaires et de rizières, nous nous arrêtons pour visiter le Palais de Kuala Kangsar, capitale d’un des 9 Etats dont les Sultans sont, à tour de rôle et pour 5 ans, Roi de la Fédération de Malaisie.

    Passage de la frontière thaïlandaise et arrivée le lendemain au célèbre Pont de La Rivière Kwaï. Pendant que nous naviguons sur le fleuve Mae Klaung et sous le pont, un très bon conférencier nous explique qu’en raison de la maîtrise des mers par les Alliés, les Japonais avaient besoin d’une voie ferroviaire pour approvisionner cette partie du monde, qu’ils occupaient depuis 1942.

    Plus de 10 000 prisonniers de guerre sont morts entre 1942 et 1943, victimes de la sous-alimentation, de conditions de travail inhumaines et des maladies tropicales. Un musée et le cimetière militaire en témoignent.

    Cette « croisière » se termine à Bangkok, où règne depuis 1946, l’excellent Roi Bhumibol, Rama IX. 

    Infos et réservations : Eastern & Oriental Express ou Compagnie des chemins de fer malais. 

     

  • Université d'été d'Action française,le Camp Maxime Real Del Sarte, s'ouvrira dans dix jours (17 au 23 août 2015)

     

    Voici donc rappelés le lieu, les dates, le thème du prochain Camp Maxime Real del Sarte.

    Le Camp Maxime Real del Sarte (CMRDS) est une université d’été d’Action française, surtout destinée à la formation de jeunes Français soucieux de l'avenir de leur pays. A travers les générations, l'A.F. n’a jamais cessé de remplir cette fonction. L’on serait en effet étonnés si l’on dressait la liste des personnalités du monde politique, économique, littéraire ou médiatique d’aujourd’hui qui y sont passées, et qui, même si elles ont parfois gagné d’autres rivages, y ont forgé des liens, des amitiés et des convictions restés toujours vivaces.    

    La réflexion précède l’action mais aussi elle s’en nourrit et c’est de leur perpétuelle interaction que naissent les œuvres du long terme. L’Action française, dans sa meilleure tradition, a, ainsi, toujours su tout à la fois maintenir sa ligne fondatrice et l’actualiser suivant les réalités de chaque époque, de même que ses méthodes d’action.

     

    Ainsi, après le colloque du 9 mai dernier, dont le thème, heureusement formulé était Dessine-moi un roi, le Camp Maxime Real del Sarte 2015 s'est logiquement donné pour sujet : Les rois ont fait la France, à la France il faut un roi.

     

    Le site du Centre Royaliste d'Acion Française donne le programme du CMRDS 2015 et l'on peut encore s'y inscrire. 

     

    Les jeunes qui s’y réuniront cette année seront invités à combiner étude, réflexion, sport, détente et un grand fond d'amitié. Il leur faudra, sans-doute, beaucoup de lucidité et de courage pour affronter les difficultés du monde qui vient. Il faut les leur souhaiter.

     

     

    1544520399.jpg

     

     Le Camp Maxime Real del Sarte 2014

     

     

  • Alain de Benoist : « Pour le pape François, le système capitaliste est intrinsèquement mauvais ! »

     

    Entretien dans Boulevard Voltaire   

    Ces propos pourront choquer les lecteurs de Maurras qui se souviendront qu'il définissait le binôme « capitalisme et tradition » comme fondement de toute civilisation. Il est évident que le capitalisme dont il est question ici est un autre concept, une autre pratique. Celui dont le même Maurras avait annoncé la tyrannie, en conclusion de l'Avenir de l'intelligence. Et qui engendrerait l'âge de fer, l'âge barbare, où nous sommes aujourd'hui. En bref, le règne de l'Or. Il s'agit ici du capitalisme défini comme marchandisation du monde. Et c'est pourquoi, malgré l'aspect paradoxal qu'il pourra avoir pour certains, comme d'ailleurs l'enseignement du pape François, nous croyons qu'en l'occurrence de Benoist a raison. LFAR

     

    1530443371.jpgAvec sa dernière encyclique, qui a fait grand bruit, le pape François s’est apparemment rallié à l’écologisme le plus radical, ce qui ne doit pas vous déplaire. Mais n’est-il pas dans son rôle quand il s’inquiète du sort de la création ?

    Le pape François n’est pas le premier souverain pontife à exprimer un souci écologique. Le grand précurseur en la matière est évidemment François d’Assise, dont le pape n’a pas hésité à rappeler qu’il parlait de « notre Mère la Terre ». Mais il est de fait que, dans l’encyclique Laudato si’, il va plus loin que ses prédécesseurs, que ce soit pour dénoncer le « mythe du progrès » (n° 60), l’orientation actuelle de l’économie (n° 128) ou le fait que « l’être humain et les choses ont cessé de se tendre amicalement la main pour entrer en opposition » (n° 106). Je trouve cela très positif.

    Théologiquement, les choses sont un peu plus compliquées. Le christianisme s’est certes très tôt séparé des gnostiques, qui estimaient que ce monde était intrinsèquement mauvais. Mais la théologie chrétienne, fondée sur la distinction de l’être créé et de l’être incréé, ne reconnaît pas de sacralité intrinsèque au monde. Or, c’est parce que le monde a été désacralisé que Descartes a pu poser l’homme comme « maître et possesseur de la nature ». La tradition chrétienne place par ailleurs l’homme au sommet de la création, ce qui lui donne des droits sur elle. La Genèse lui assigne le devoir de « dominer sur toute la Terre » (1,26). On a récemment cherché à traduire ce verbe de façon plus souple, par « diriger de façon responsable, être le gardien de », mais cette manière de faire sollicite le texte. Le terme original est radah, qui signifie bien « dominer » au sens de soumettre, subjuguer, assujettir, fouler aux pieds, comme le montrent ses autres occurrences dans la Bible (Lév. 26,17 ; Nombres 24,19 ; Néhémie 9,28, Psaumes 49,14, etc.).

    Pareillement, lorsque ce même pape condamne capitalisme et libéralisme, ne met-il pas ses chaussons rouges dans les pas de ses augustes devanciers ?

    En ce domaine, en effet, il n’innove pas radicalement. La critique du libéralisme, notamment, est déjà présente dans la doctrine sociale de l’Église. Au Vatican, cette critique remonte au moins à l’encyclique Rerum novarum (1891) et à sa condamnation d’une « concurrence effrénée » aboutissant à la « concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce ». Ce qui est nouveau en revanche, et ce dont je me réjouis, c’est que le pape ne se borne plus à dénoncer les « dérives », les « excès », les « mauvaises applications » du système capitaliste. Il ne se borne pas non plus à faire appel à la conscience morale, au « juste salaire », au paternalisme ou à la charité. Il tranche net et sans détours. Il l’a redit récemment en s’adressant aux mouvements populaires de Bolivie : le système capitaliste est intrinsèquement mauvais, car il contredit les « droits sacrés » que résume le principe « terre, toit, travail » (terra, techo, trabajo). Il est « intolérable » parce qu’il implique la toute-puissance de l’argent, que Basile de Césarée qualifiait de « fumier du Diable ». Bref, il constitue une « structure de péché ».

    Conformément à la leçon des Évangiles (les premiers chrétiens exigeaient la mise en commun de tous les biens), le pape François a choisi l’« option préférentielle en faveur des pauvres ». Il a bien compris que le capitalisme, avant d’être un système économique, est un « fait social total », porteur d’une anthropologie qui lui est propre. De même a-t-il bien compris que les réformes sociétales que la gauche veut appliquer aujourd’hui n’ont rien de « socialiste » ni même de « gauchiste », mais procèdent de la même conception de l’homme qui est à la base du libéralisme économique et de la société de marché, une conception qui fait de l’axiomatique de l’intérêt et de l’orientation vers la logique du gain le fondement même du phénomène humain, le réduisant ainsi aux seules lois gravitationnelles du désir et de l’intérêt.

    Ce qui est assez amusant, c’est de voir les chrétiens les plus réactionnaires, qui se réfèrent à tout instant au pape pour condamner le mariage homosexuel, la PMA pour tous et la « culture de mort », regarder ailleurs ou l’inviter à « s’occuper de ses messes » quand il condamne sans équivoque la marchandisation du monde et le système du profit. Comme si le pape, à défaut d’être infaillible sur le sujet, était nécessairement incompétent en économie ! Comme s’il devait rester muet sur le monde actuel, sur les effets dévastateurs du libre-échange, sur les privatisations, sur le système qui « tue » et qui « exclut » ! Dom Hélder Câmara, dont le procès en béatification a été engagé en 2013 au Vatican, disait déjà : « Quand je donne à manger aux pauvres, on dit que je suis un saint, mais quand je demande pourquoi ils ont faim, on me traite de communiste. ». Aux États-Unis, il a suffi que le pape condamne la société de marché pour que les Américains voient en lui Karl Marx ressuscité ! D’autres, en France, l’ont accusé de « messianisme terrestre », d’« altermondialisme larvé », de « zapatisme », et que sais-je encore. Les héritiers de Thiers et de Guizot veulent bien qu’on leur parle de « pauvreté évangélique », mais à condition qu’on ne leur demande pas d’en suivre l’exemple…

    Qu’un Alain de Benoist puisse dire du bien du Vatican, ça vaut le détour en tout cas ! Vous qui n’avez notoirement pas d’atomes crochus avec le monothéisme en général et le christianisme en particulier, cela ne vous pose pas de problème ?

    Cela ne m’en pose aucun. Je suis un intellectuel engagé, pas un intellectuel partisan. Je juge des idées en fonction de ce que je crois être leur valeur de vérité, non en fonction de la personne qui les émet ou du lieu à partir duquel elles sont émises. Simple question d’honnêteté.  

    Boulevard Voltaire

    41xYQ2k287L__SX344_BO1,204,203,200_.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Jacques Myard : « Il est urgent que la France retrouve le sens de son intérêt national »

     

    Jacques Myard, député-maire de Maisons-Laffitte

    Une dizaine de députés français se sont rendus en visite en Crimée contre l'avis du Quai d'Orsay. Jacques Myard a donné dans Boulevard Voltaire et au Figaro les explications suivantes, où il n'a pas mâché ses mots.

     

    sans-titre.pngPourquoi ce déplacement en Crimée la semaine dernière ?

    Nous nous sommes rendus là-bas à l’initiative de mon collègue Thierry Mariani avec sept autres députés, sur invitation des Russes. Je me suis joint à ce voyage parce qu’il est cohérent avec la position que j’ai toujours défendue : nous sommes en tort vis-à-vis de la Russie, à cause d’une politique de sanctions totalement hors de proportions.

    La Crimée est russe depuis plus de deux siècles et les événements successifs de 1954 et de 1991 ne changent rien à cette réalité. En 1954, Khrouchtchev rattache la Crimée à l’Ukraine, mais c’est une décision administrative : il rattache une partie de territoire à un département, mais cela se fait au sein d’un même pays qui est alors l’Empire soviétique. En 1991, date de la chute de l’URSS, l’accord était déjà caduc. Une partie de cet accord prévoyait d’ailleurs que la flotte reste sous contrôle russe à Sébastopol ! Bref, depuis 1991, les habitants de la Crimée souhaitent retrouver la Russie ; ils l’ont d’ailleurs exprimé lors du référendum de 2014.

    Certains affirment que ce référendum était truqué, mais je peux vous assurer que l’on rencontre sur place une population ravie d’être à nouveau rattachée à la Russie. Sur la promenade de Yalta, à Sébastopol, toutes les personnes croisées le disent : quel intérêt auraient-elles à nous mentir ? C’est ridicule.

    Depuis 1773, la Crimée se trouve dans l’univers russe : nous sommes là-bas en Russie et le nier n’a absolument aucun sens.

    Aller sur place était une manière de critiquer la politique internationale que la France mène vis-à-vis de la Russie ?

    Bien entendu. Cette politique n’est d’ailleurs pas celle que nous menons, nous nous contentons de suivre bêtement, et contre nos intérêts. On a suivi les ultras européens qui font passer Poutine pour le nouveau Staline dans la région… Un peu de sérieux.

    Les sanctions que nous avons appliquées ont été logiquement suivies de contre-mesures russes et le tout est dévastateur pour les uns comme pour les autres : nous nous sommes pénalisés nous-mêmes, il faut quand même le faire !

    La levée des sanctions est une décision qui se prend à 28 et la France est donc coincée dans une position directement contraire à ses intérêts, à cause de son suivisme. Il est temps de ruer dans les brancards parce que nous avons tout à perdre en restant campés sur nos positions.

    Je précise tout de même que la question du Donbass est différente. Pour ce qui est de la Crimée, il n’y a vraiment aucun doute possible, on ne peut aller contre la réalité très longtemps.

    On a déjà eu ce genre de comportement au Kosovo : il n’est pas normal que le droit international soit utilisé à géométrie variable comme il l’est aujourd’hui. Il existe aussi la libre détermination des peuples, il ne faudrait pas l’oublier.

    Qu’avez-vous vu et entendu en Crimée ?

    J’ai vu un pays en paix, un véritable pays de Cocagne, il faut le dire. Il y a une réelle diversité linguistique puisque l’ukrainien, le russe et le tatar sont parlés dans les rues de Crimée. C’est une région dans laquelle les gens vivent bien et qui aurait d’ailleurs accueilli 150.000 réfugiés ayant fui les combats en Ukraine.
    Les habitants de la Crimée vivent bien et sont heureux de leur situation, ce n’est quand même pas difficile à reconnaître !

    On paie notre position aberrante sur le plan commercial, économique, géostratégique, diplomatique et même culturel. La force de notre présence en Russie est également culturelle : les Russes aiment la littérature française, et plus largement les Français. Il y a une réelle affection culturelle que nous ne pouvons piétiner ainsi.

    Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’être « pro-russe » ?

    Je ne suis ni pro-russe ni pro-américain, je suis pro-français.

    Cette accusation est d’une imbécillité totale. Je suis allé là-bas pour réaffirmer – et mon voyage a confirmé cette idée – qu’il est urgent que la France retrouve le sens de son intérêt national. Elle ne peut le faire sans un minimum de réalisme sur la situation.

    La Russie est un pays incontournable pour la paix en Europe, dans la lutte contre le terrorisme, et pour trouver une solution dans le conflit qui embrase le Proche et le Moyen-Orient.

    Nier ça pour suivre les Américains est un jeu dangereux…

    Que recherchent les Américains ? Certains affirment qu’ils tentent de casser l’Europe en deux pour éviter tout rapprochement avec la Russie. On doit réellement s’interroger et cesser, en tout cas, de les suivre sans réfléchir.

    La politique internationale de la France ne doit pas se décider à Moscou ou à Washington, pas plus qu’à Riyad ou Tel Aviv : elle doit être décidée à Paris.

    Quelles pourront-être les retombées de ce voyage ?

    Pour ma part, je continuerai bien sûr à défendre ce que je dis depuis longtemps déjà. Mais je crains que Laurent Fabius ne change rien.

    Mercredi dernier, le jour même de notre départ, le ministre des Affaires étrangères nous a expliqué qu’il était opposé à ce voyage. Après l’avoir remercié pour son hommage appuyé à l’indépendance des députés (!), je me suis permis de lui faire remarquer qu’il était sûrement jaloux de la liberté que nous avions, tandis qu’il est enfermé dans une position inconfortable.

    Je pense que Laurent Fabius est conscient de s’être laissé enfermer dans un piège, ce qui expliquerait son hyper-réaction à l’annonce de notre voyage… 

    Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas

  • L'église de Longefont sauvée...

    La renaissance d’une église, plus belle restauration de l’année

    REPORTAGE - Murée pendant 170 ans, l’église du prieuré de Longefont revit depuis 2015 grâce à l’obstination de ses propriétaires. Ils ont été récompensés par le Grand Trophée de la plus belle restauration, décerné par Propriétés Le Figaro, Le Figaro Magazine, la Fondation pour les Monuments Historiques, en partenariat avec La Demeure Historique.

    Publicité
     
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
     
    1/5
    Source Le Figaro Magazine

    C’était le 5 août 2015. Agnès et François Chombart de Lauwe avaient fait signe à leur entourage, à l’occasion de la dédicace de Notre-Dame de Longefont, l’église du prieuré fontevriste dont ils sont propriétaires, dans l’Indre, entre Saint-Gaultier et Le Blanc, près d’Oulches. Après huit ans de travaux, le bâtiment, érigé au début du XIIe siècle, à une époque où la France, animée d’un puissant regain de foi, se couvrait d’un blanc manteau d’églises romanes, avait enfin retrouvé toute sa beauté. Jouant avec les vitraux de l’abside, le soleil estival faisait danser ses rayons de joie sur la pierre claire, tandis que les chantres de la cathédrale de Bourges louaient le Seigneur en grégorien et que l’abbé de Notre-Dame de Fontgombault, venu tout spécialement pour l’occasion, célébrait l’Eucharistie. Puis ce fut au tour d’Irène, l’une des filles d’Agnès et François Chombart de Lauwe, d’entamer, seule, l’Ave Maria de Caccini. Sa voix de soprano juste accompagnée au piano, en sourdine, montait comme une prière dans l’église. Ce jour-là, un vent d’allégresse souffla sur le prieuré de Longefont. Ne dit-on pas que celui qui construit une église sur la terre a droit à un appartement au paradis?

    Construire une église, ou plutôt la reconstruire, pierre par pierre…

    C’est le défi qu’Agnès et François Chombart de Lauwe ont entrepris de relever en 2007. A cette époque, Notre-Dame de Longefont était loin de présenter le même aspect qu’aujourd’hui. Il ne restait finalement pas grand-chose de l’église de l’Abbatia Longi Fontis(abbaye de la Grande-Fontaine), prieuré féminin fondé dans les années 1110 par Isambert, seigneur de Cors, qui le donna à Robert d’Arbrissel, fondateur du puissant ordre de Fontevrault. Epargnée par les guerres de Religion puis par un incendie criminel qui ravagea le prieuré en

    1638, l’église accueillit les prières ferventes des religieuses durant près de sept cents ans avant d’être brutalement fermée en 1792, à la suite de la Révolution française. Certaines des moniales retournèrent dans leur famille ; d’autres, moins fortunées, prêtèrent serment à la République, en échange d’une rente qui leur permettait de vivre. Triste époque! Pour Notre-Dame de Longefont, c’était le début de la fin. Certes, des offices y furent encore célébrés de temps à autre mais par manque de soins, le bâtiment ne tarda pas à se détériorer. La voûte finit par s’effondrer en 1830. On combla alors l’église, jusqu’au sommet des colonnes extérieures, avec des monceaux de terre et de gravats. Ses portes furent murées. La pluie, le vent, la végétation et les arbres achevèrent de condamner l’édifice à l’état de ruine, attendant, telle la Belle au bois dormant, le réveil de son prince charmant.

    C’est un coup de gel, durant l’hiver 2005,qui changea la donne

    La partie haute de l’une des deux portes romanes donnant accès à l’église s’effondra subitement. François Chombart de Lauwe ne put résister plus longtemps à l’envie qui le taraudait depuis toujours de dégager le passage et de voir ce qui se trouvait derrière ces murs qu’il avait toujours connus. Et puis, une petite voix intérieure, mystérieuse et insistante, ne cessait de lui répéter: «Papa, il faut creuser l’église!» Aidé de son fils et de quelques-uns de ses amis, il commença à creuser dès l’été 2006, s’improvisant expert dans le maniement de la pioche et de la truelle. Drôle de reconversion pour ce centralien, ancien dirigeant d’entreprise!

    Les premiers coups de pioche sont fructueux: la joyeuse équipe découvre, enfouis sous la terre, 19 chapiteaux romans. Une trouvaille totalement inattendue! «Il a fallu porter les chapiteaux un à un, avec des méthodes d’Egyptiens, pour les mettre à l’abri. Chacun d’eux pesait 200 kilos! raconte François Chombart de Lauwe. Conscients d’être tombés sur de véritables merveilles, nous avons décidé de faire appel à une entreprise spécialisée. Il y avait 600 m3 de terre à extraire de l’église. Si nous avions voulu tout dégager par nous-mêmes, en y consacrant toutes nos vacances, cela nous aurait pris plus de vingt ans…» A l’aide de piolets, de pelles et de brosses, les artisans de l’entreprise de maçonnerie Christian Polo (venue du sud de Poitiers) s’attaquent au chantier.

    Et là, stupeur: ils découvrent 26 autres chapiteaux

    Soit un total de 45 avec ceux trouvés précédemment, superbement sculptés de serpents, dragons, monstres et autres créatures hybrides. Certains d’entre eux présentaient même des traces de polychromie. Tous avaient été soigneusement démontés et placés sous quelques centimètres de terre à la suite de l’effondrement de la voûte. «Autant de chapiteaux romans réunis, c’était de l’inédit total, s’exclame François Chombart de Lauwe. Une véritable merveille!» Les travaux de déblaiement mettent au jour la beauté de l’intérieur de l’église, finalement beaucoup mieux conservé que les parties extérieures: outre des fresques, 36 colonnes sont découvertes dans le chœur et l’abside, en place et en bon état ; certaines sont même marquées de la croix de consécration. L’emmarchement du chœur est dégagé, de même que les voussures romanes des deux portes.

    Puis un beau jour, on découvre l’autel maçonné, et sa table que quelqu’un avait un jour délicatement déposée le long du mur. «Mon beau-père répétait toujours qu’il fallait trouver le trésor de Longefont, raconte Agnès Chombart de Lauwe. Il tapotait sur les pierres en disant à ses petits-enfants: “Creusez donc, cela sonne creux!” Il n’avait pas totalement tort…»

    Pierres de taille, moellons, tailloirs sont soigneusement répertoriés, analysés et stockés à même le sol dans un espace baptisé le «lapidaire». Un minutieux travail d’anastylose est alors mené durant deux mois: les pierres sont étudiées une à une, méthodiquement, en vue d’identifier l’ajustement des différents éléments architecturaux, et de restituer chaque partie de l’église avec ses pièces d’origine. «Nous n’avions aucun plan, aucun dessin, aucune archive permettant de reconstituer les pièces de ce gigantesque puzzle, rappelle Agnès Chombart de Lauwe. Ce sont les pierres, vieilles de 900 ans, qui ont parlé!»

    Un vieux clou de fer forgé retrouvé au sommet d’une colonne permet de déterminer avec précision la hauteur à laquelle replacer les chapiteaux et, par déduction, l’ensemble de la restitution. Mais selon quel ordonnancement? «Très vite, on s’est aperçus que chaque chapiteau trouvait sa place dans la construction par la géométrie de la pierre dans laquelle il avait été sculpté, reprend-elle. En effet, si la partie sculptée est disposée au sommet d’une colonne, son prolongement dans la maçonnerie doit correspondre au mur situé derrière.»

    Au total, huit années ont été nécessaires

    Huit années pour mettre en valeur cet ensemble architectural superbe, au terme d’un gigantesque travail de restitution que récompense Le Grand Trophée de la plus belle restauration remis cette année à Agnès et François Chombart de Lauwe. Le montant des travaux qu’ils ont entrepris s’élève à plus d’un million d’euros, dont 70 % apportés par leurs soins (735 980 euros), le reste de la somme provenant de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et du conseil général (10 %).

    On peine à croire, en voyant cette paisible église romane du XIIe siècle nichée dans son écrin de verdure, qu’elle était à terre il y a encore quelques années. En 2015, l’édifice avait retrouvé toute sa pureté, son élégance… et même une protectrice en la personne de sainte Philomène, à qui sont attribués nombre de

    grâces et miracles. Depuis un peu plus d’un an, cette princesse grecque martyrisée à l’âge de 13 ans sous le règne - terrible pour les chrétiens persécutés - de l’empereur Dioclétien (284 à 305 après J.-C.), veille sur l’église de Longefont, ses reliques, offertes par des amis des Chombart de Lauwe, y ayant été religieusement déposées sous la pierre d’autel.

    Il ne manquait plus à l’édifice que des vitraux. Leur réalisation a été confiée au maître verrier Pierre Le Cacheux, qui a suivi de près les souhaits des propriétaires des lieux. La Drac leur a laissé carte blanche, estimant que c’était une affaire qui regardait la famille.

    «Nous voulions de la couleur, expliquent ces derniers. Et aussi ajouter une note personnelle au projet.» La Samaritaine au puits, le miracle de la tempête apaisée, le baptême du Christ… Comme un fil conducteur, l’eau et le bleu sont omniprésents dans les vitraux, comme un écho à la Grande Fontaine ou «Font-Bleue» qui jaillit en contrebas de l’abbaye et, après avoir cheminé en minces ruisselets dans la prairie, tel le sang dans les veines, va rejoindre la Creuse. «L’eau, c’est la vie, résume Agnès Chombart de Lauwe. La vie de l’homme qui jaillit de la Font-Bleue et parcourt les vitraux ; mais aussi la vie divine qui nous est offerte par le baptême. L’eau, comme la vie, nous est donnée. Elle s’écoule. Un jour ou l’autre, elle nous est reprise, mais avec le Christ qui tient le gouvernail dans la tempête, nous n’avons pas d’inquiétude à nous faire!»

    L’un des vitraux, situé derrière l’autel, attire tout particulièrement l’attention.

    On y voit une jeune fille dans les bras de la Sainte Vierge, accueillie avec tendresse et une infinie douceur:

    c’est Mathilde, la troisième fille des Chombart de Lauwe, brutalement décédée en janvier 1998, à l’âge de 17 ans et demi. «Ce vitrail, nous l’avons baptisé Le Songe d’Evrard,explique François Chombart de Lauwe. Evrard est l’un de nos gendres. Le 26 décembre 1997, il s’est réveillé en nous disant qu’il avait rêvé que Mathilde avait la tête posée sur les genoux de la Vierge. Quelques jours après, elle tombait dans le coma.»

    Sur la cheminée du salon, une photo de Mathilde. Ravissante, gaie, intelligente. Née avec une malformation cardiaque qui la condamnait d’avance (elle ne vivrait que sept semaines, pensaient les médecins à l’époque), elle mordait la vie à pleines dents, trouvant le temps, entre ses études au lycée Saint-Louis (en Maths sup), de sortir avec ses amis, de visiter Rome, d’assister aux JMJ lors de la venue du pape Jean-Paul II à Paris… Un événement qui l’avait bouleversée. Elle aimait aussi particulièrement venir à Longefont. «C’est un lieu que j’adore, confiait-elle à son journal intime dont elle noircissait les pages avec passion, allant jusqu’à écrire sept volumes entiers. J’aimerais beaucoup amener des amis ici et leur faire partager ce sentiment de bonheur et de bien-être qui m’étreint quand je me promène au soleil dans le potager ou que je m’assieds un instant au pied de la chapelle.» Un jour, alors qu’elle était perchée sur le haut des vieilles fortifications de l’ancienne abbaye, qui domine superbement la Creuse, elle avait dit à ses

    parents, en regardant l’église de Longefont caressée par la lumière du soir qui semblait vouloir réveiller ses vieilles pierres de leur torpeur: «Un jour, je voudrais me marier ici.» Le sort en a décidé autrement: «J’ai été prévenue de son décès quelques mois auparavant,confie Agnès Chombart de Lauwe. J’étais à Lourdes où je m’occupais des malades, dans le cadre du Pèlerinage national. Un soir, je suis allée prier seule à la grotte et tout à coup, j’ai ressenti une impression étrange. Une voix m’a murmuré: “Prépare-toi, Agnès, la vie va basculer.” Deux jours plus tard, alors que j’étais rentrée à Longefont, Mathilde s’effondrait dans ma chambre, victime d’un malaise. Ah non, pas déjà! ai-je supplié le Seigneur.» Mathilde est morte quelques mois après.

    C’est pour elle, en sa mémoire, que les Chombart de Lauwe ont entrepris de redonner vie à leur église. Habitant le manoir prieural (XVIIIe) situé à quelques mètres, ils s’y rendent désormais tous les jours ; et l’été, lorsque leurs 17 petits-enfants les rejoignent pour les vacances, c’est ici, après avoir nagé dans les eaux généreuses de la Creuse, que l’on vient se ressourcer le soir et prier. En famille.


    Le Grand Trophée de la plus belle restauration

    Le Grand Trophée de la plus belle restauration est décerné pour la cinquième année consécutive par Propriétés Le Figaro, Le Figaro Magazine et la Fondation pour les Monuments Historiques, en partenariat avec La Demeure Historique. Il récompense un projet exceptionnel de restauration d’un monument, d’un parc ou d’un jardin privé bénéficiant d’une protection au titre des Monuments historiques. Un chèque de 30 000 euros est remis au lauréat. Le jury, présidé par Alexis Brézet, directeur des rédactions du Figaro, est composé d’experts et de passionnés du patrimoine: Benoît Bassi (président de la Fondation pour les Monuments Historiques), Antoine Courtois (directeur de l’atelier Mériguet-Carrère), Frédéric Didier (architecte en chef du château et de la ville de Versailles), Dominique Flahaut de la Billarderie (membre du comité exécutif de la Fondation pour les Monuments Historiques), Jacques Garcia (architecte, décorateur, propriétaire du château du Champ-de-Bataille), Jean de Lambertye (président de La Demeure Historique), Yves Lecoq (humoriste, auteur de Fou de châteaux, Editions du Chêne), Olivier Marin (rédacteur en chef de Propriétés Le Figaro), Jean-Louis Remilleux (producteur de l’émission «Secrets d’histoire») et Jean-René Van der Plaetsen (directeur délégué de la rédaction du Figaro Magazine).


    La Fondation pour les Monuments Historiques voit loin

    Créée en 2008, sous l’égide de la Fondation de France, la Fondation pour les Monuments Historiques est un acteur récent, mais puissant, dans le monde du patrimoine architectural et paysager français. La vocation de cette fondation que préside Benoît Bassi peut être résumée ainsi: assurer la pérennité des monuments historiques pour les transmettre aux générations futures. Depuis 2009, la Fondation a attribué 1,2 million d’euros à près de 100 projets de restauration de monuments et de jardins privés et publics, ainsi qu’une soixantaine de bourses d’études à des étudiants en métiers d’art de la restauration et en recherche.

    Fondation pour les Monuments Historiques, hôtel de Nesmond, 57, quai de la Tournelle, 75005 Paris (01.55.42.60.04 ; www.fondationmh.fr ).

  • Le chômage intéresse-t-il encore les économistes ?

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

    Le chômage intéresse-t-il encore les économistes ? J'en doute de plus en plus, et j'ai constaté que, dans les classes préparatoires et en particulier dans les filières qui mènent à HEC, la question du chômage est traitée en quelques lignes sibyllines dans les manuels disponibles, au point que poser des sujets d'oraux sur ce thème déstabilise facilement les étudiants : la croissance semble être, ou presque, le seul but à atteindre, et qu'importent les moyens et les dommages collatéraux ! Rien d'étonnant alors que la période de forte croissance économique des années 50 aux années 70 ait été baptisée « les trente glorieuses » quand on sait désormais (mais on le savait aussi avant !) qu'elles furent aussi les années les plus destructrices de l'environnement en France, des espaces comme des espèces (et particulièrement celles qui peuplaient les fermes et les champs), et qu'elles ont provoqué cette « seconde Révolution française » qui a bouleversé, et pas forcément pour le meilleur, notre société, ses équilibres et une grande part de ses beautés, tout comme la sociabilité, aujourd'hui bien mal en point... 

    Néanmoins, avec la fin des « trente glorieuses » si mal nommées, le chômage, qui n'avait pas disparu mais s'était fait plus rare, est devenu, en quelques années, un chômage structurel, durable et désormais pérenne, comme un pilier majeur de ce système économique, pilier qui permettrait, étrangement, de maintenir celui-ci en étouffant, par la crainte de l'exclusion sociale que provoque le chômage dans notre société de plus en plus anomique et anonyme, toute velléité de révolte et de révolution : la société de consommation, et Jack London l'avait tôt compris (et si amèrement qu’il se suicida) à la suite de Ford, est le meilleur moyen d'asservir les individus, et la peur de « ne plus y être » désarme toute alternative politique, au moins jusqu'à un certain point... 

    Aujourd'hui, le chômage touche officiellement près de 6 millions de personnes dans notre pays, sans que la République n'en soit ébranlée : la société de consommation « amortit » les chocs, ainsi que les différentes et utiles aides financières pour les chômeurs, même si celles-ci se font plus restreintes avec le temps. Doit-on se contenter de ce constat ? Personnellement, je refuse ce fatalisme qui, depuis la petite formule de M. Mitterrand qui affirmait que tout avait été tenté contre ce fléau, n'a cessé de s'enraciner jusqu'à se banaliser. Mais ce refus ne sert à rien s'il n'est étayé par des propositions : mon intuition est que la solution n'est pas « une » mais plurielle, et qu'elle nécessite une impulsion plus politique que simplement économique. Car s'appuyer sur le seul calcul économique est, en fin de compte, vain, ne serait-ce que parce que l'économie n'a pas pour rôle, aujourd'hui, de réduire le chômage ou de donner du travail à tout le monde, mais de faire fonctionner la mondialisation et d'assurer la croissance, terme polysémique que l'on confond trop souvent avec la prospérité alors qu'elle ne l'est pas exactement pour tous... 

    Si l’État ne peut pas tout et n'a pas pour fonction de tout faire en économie, car l'étatisme est une maladie d'hypertrophie de l’État et non la preuve de son efficacité (bien au contraire!), il peut susciter, motiver et lancer, ou soutenir, de grandes initiatives économiques, productrices et distributrices, et une grande politique d'aménagement du territoire (parler « des » territoires serait d'ailleurs plus juste) qui me semble la clef de l'emploi et du travail au sens le plus large du mot : c'est vrai pour l'agriculture qui pourrait, si l'on veut bien rompre avec un modèle productiviste antisocial par principe, redevenir source majeure d'emplois pérennes et permettre un « redéploiement rural » qui redonnerait vie à des campagnes et des villages aujourd'hui en danger de mort par dévitalisation et désertification ; c'est vrai aussi pour des activités artisanales et industrielles qui, combinées avec un système de commercialisation « de proximité », peuvent se déployer au plus près des grands centres de consommation des Français ; etc. 

    Encore faudrait-il que l’État soit assez fort et volontaire pour jouer efficacement son rôle, et qu'il dispose d'une autorité politique suffisante pour s'imposer à des puissances économiques et financières qui ont tendance, de plus en plus, à s'émanciper des territoires et, au-delà, de leurs devoirs sociaux. La République n'est plus aujourd'hui crédible en ce domaine, ayant renoncé depuis longtemps à infléchir le cours de la mondialisation et préférant n'être que le gouvernorat d'une Union européenne trop « libéraliste » pour être vraiment sociale... Or, la lutte contre le chômage nécessite de rompre avec les logiques de la seule croissance et d'un libéralisme qui, en pratiquant le « laisser faire, laisser passer », oublie trop souvent les personnes, leur mode de vie et leur enracinement, en somme leur humanité propre...   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Crise agricole : distribuer de l’argent ne sert à rien

    Un grand sujet au retentissement multiformes, multidirectionnel, à traiter à fond, sur lequel revenir ... 

     

    Face à la crise agricole, que les politiques européennes et françaises ne feront qu’aggraver, distribuer de l’argent ne sert qu’à dissimuler l’ampleur des problèmes. Entretien avec Michel Collin, ingénieur agricole. 

    L’Action Française 2000 – Les solutions gouvernementales aideront-elles à résoudre cette crise de la viande et, plus globalement, les crises de l’agriculture française ?

    Michel Collin – Les solutions, si j’ai bien suivi, sont essentiellement du report d’échéance, du report de crédit et des appels comminatoires à une bonne volonté commune entre les différents acteurs de la chaîne. Ce ne sont pas des solutions : on veut essayer de donner de la trésorerie momentanée aux éleveurs, je ne vois pas en quoi cela va régler le problème structurel du prix de la viande. On ne peut pas faire l’économie d’une réflexion de fond sur le monde agricole : nous avons développé un modèle d’élevage aberrant. En amont, il nous oblige à aller chercher à l’étranger de quoi nourrir notre bétail, notamment avec du soja brésilien, qui provient de terres dont les paysans locaux auraient besoin – il y a donc un accaparement de terres, direct ou indirect. En aval, avec les concentrations anormales d’animaux dans certaines régions, les sols ne peuvent pas supporter les effluents d’élevage, les surfaces ne peuvent pas les absorber. Si on ne regarde que ces deux points, on est déjà dans l’absurde. En examinant d’autres systèmes, comme le poulet, on trouve des paysans totalement prolétarisés, qui ne sont plus agriculteurs, mais “nourrisseurs de volaille”, qui reçoivent tout de l’extérieur, poussins et aliments. Ils élèvent, si l’on peut dire, la volaille (ils portent le risque, surtout), que des machines envoyées par les entreprises de transformation viendront ramasser… Depuis plusieurs années, à chaque crise de l’élevage, les subventions réclamées ne servent qu’à masquer le problème. Des éleveurs disparaissent, la concentration s’accélère, avec comme conséquence immédiate l’augmentation de la charge de travail et de l’endettement : c’est un système artificiel, une fuite en avant perpétuelle. Le gouvernement gagne quelques mois, mais évite soigneusement de s’attaquer aux racines du problème.

    La FNSEA joue-t-elle son rôle de défense des intérêts paysans ?

    Ce qui est compliqué, c’est qu’à la tête de la FNSEA il y a Xavier Beulin, qui est aussi président d’un gros groupe agro-industriel, Avril-Sofiproteol, leader européen des oléoprotéagineux. Il est censé défendre les paysans, mais ses intérêts économiques monstrueux dans l’agro-industrie lui commandent une politique contraire. Une des sociétés de son groupe importe du poulet brésilien (émission Capital, avril 2014) ! Ses actions en tant qu’industriel vont directement à l’encontre des intérêts paysans qu’il est censé défendre. On marche sur la tête ! Rien de bon ne peut sortir de cet homme, qui a l’oreille de tous les politiques, François Hollande compris*.

    Si le gouvernement ne raisonne qu’en subventions, et si le seul syndicat représentatif n’accomplit pas son travail, existe-t-il une autre solution que de bouleverser le système de production agricole ?

    Non, il n’y a pas d’autre solution. Nous sommes sur un modèle agricole déphasé par rapport à notre époque. Ces dernières décennies, nous avons acquis un savoir certain, fiable, sur la santé, la “malbouffe”, les problèmes environnementaux, la biodiversité – et notre modèle agricole (en y incluant l’agro-industrie) génère clairement des nuisances majeures, qui mettent en danger les populations et la nature. Et il y a le problème de l’emploi : l’agriculture et la transformation des produits agricoles devraient être de formidables gisements d’emplois, mais on reste sur des problématiques d’il y a cinquante ou soixante ans… Dans ce système où l’agro-industrie et la grande distribution ont acquis un poids colossal, on ne peut pas imaginer revenir à de l’équité, donc à un vrai partage de la valeur, donc à de l’emploi. Il faut repenser totalement le modèle agricole, et cette crise est une opportunité. La transition vers le modèle qui fonctionnerait, qu’on connaît bien, l’agro-écologie, est extrêmement compliquée : les grands céréaliers, les grandes sucreries cotées en bourse, qui profitent le plus de l’argent de la Politique agricole commune (PAC), ne vont pas accepter que, du jour au lendemain, on supprime les exploitations de mille hectares dans la Brie… Mais c’est possible : il suffit d’une volonté politique. La PAC représente plusieurs milliards d’euros par an : donc, les moyens de cette transition existent. Mais le gouvernement ne fait rien, contrairement à ce que dit Stéphane Le Foll (ministre de l’Agriculture). Augmenter de 10 % les subventions aux premiers hectares ou rien, c’est la même chose ! Cela ne favorise en rien l’avènement d’une véritable agriculture paysanne, c’est une poussière. Un certain nombre de personnes, en revanche, ont des solutions, comme Jacques Caplat, qui les a exposées dans son livre Changeons d’agriculture – Réussir la transition (Actes Sud, 2014), ou Samuel Féret, qui était à la tête du collectif PAC 2013 et avait essayé de proposer une véritable modification de la PAC. Le gouvernement préfère être du côté des industriels et des puissants.

    Propos recueillis par Philippe Mesnard

    *http://www.reporterre.net/ENQUETE-5...

    Action Française 2000

     
  • A ne rater sous aucun prétexte !

  • FAILLITES RÉPUBLICAINES

     

    Par François Marcilhac 

    Pour ce dernier éditorial de l’année politique, nous aurions préféré pouvoir simplement souhaiter à ceux de nos lecteurs qui ne les auraient pas encore prises de bonnes vacances bien méritées ! Malheureusement, l’actualité ne nous en laisse pas le loisir.

     
    Ou, plutôt que l’actualité, car il faut toujours désigner les choses et les causes — c’est le même mot en latin — par leur nom : la république !

    Les « choses », ce sont, en l’occurrence, ces multiples faillites auxquelles nos compatriotes assistent en cette fin de mois de juillet. Les causes, quant à elles, se résument à une principale : la République, non seulement dans son incapacité à répondre aux enjeux de notre temps mais plus encore dans son incurie et son idéologie, qui sont à la source de nombreux problèmes.

    Tout d’abord la faillite bien concrète de dizaines de milliers d’éleveurs, confrontés à une baisse catastrophique des prix, qu’il s’agisse de la viande, ou encore du lait à la suite de la disparition des quotas. Comme l’a déclaré Périco Légasse au Figaro, ce 22 juillet, « la puissance financière de la grande distribution et sa collusion avec la classe politique conduisent au massacre économique et social que l’on constate quotidiennement. Nos gouvernants, de “droite” comme de “gauche” — tout cela ne veut plus rien dire — ont tellement peur d’aller dans le sens contraire de l’histoire, entendez celui des marchés financiers, en réglementant les pratiques commerciales abusives et déloyales, que la grande distribution dicte leur conduite aux pouvoirs publics. » Sans compter une politique européenne favorisant, notamment à travers la pratique des travailleurs détachés, une concurrence déloyale en matière de main d’œuvre qui profite essentiellement à l’Allemagne, sur fond d’une libéralisation des échanges que la signature promise, par l’Europe, du traité transatlantique ne fera qu’aggraver encore. C’est bien la destruction de l’agriculture française qui est délibérément recherchée tant par les instances européennes sous contrôle allemand que par les Etats-Unis — une agriculture française que le carcan européen étouffe depuis plusieurs décennies avec la complicité active des dirigeants français, au nom d’une politique agricole commune dont nos paysans ont été les dindons de la farce ! Ne les a-t-on pas forcés, pour mieux les asservir et les conduire à la faillite, à vivre non plus de leur travail mais de subventions versées avec une prétendue générosité par l’ « Europe » — mensonge éhonté puisque la France est contributrice nette du budget européen ? Le tout en imposant un modèle agricole qui empoisonne les terres et les paysans eux-mêmes ! Oui, la république a fomenté la faillite de l’agriculture française.

    Faillite, ensuite, des collectivités territoriales : Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France, a ainsi déclaré aux Echos le 26 juillet que de « un à cinq départements risquent de se déclarer en faillite d’ici à la fin de l’année si rien n’est fait. » Pourquoi ? Parce « l’Etat n’a pas compensé l’intégralité des versements que nous faisons pour son compte aux prestataires sociaux. Nous avons calculé qu’à fin juillet, le reste à charge cumulé pour les départements est de 8 milliards d’euros. » Joli tour de passe-passe d’une république qui ne « décentralise » apparemment que pour fuir ses responsabilités ! Et laisser les collectivités — par ailleurs trop contentes de s’instituer en féodalités politiques — dans l’incapacité de répondre à des contraintes financières décidées à Paris. Oui, la république est bien dans l’incapacité de faire vivre sainement les différents échelons administratifs tout simplement parce qu’elle a tué, dès l’origine, une organisation territoriale où l’économique, le culturel et le social peuvent se compléter harmonieusement. Il sera toujours possible de ponctionner le pays réel !

    Faillite également du « vivre-ensemble », cet OPNI (objet politique non identifié) dont l’incantation magique est proportionnelle à la dissolution de la société française. Là encore, la république est pleinement responsable d’un état de fait où les agressions au nom de préjugés barbares, étrangers à notre vieille civilisation chrétienne qui est la chair de notre identité nationale, deviennent monnaie courante — récemment encore dans un parc de Reims —, suscitées par une politique, elle aussi, menée conjointement depuis plusieurs décennies par nos gouvernants, de “droite” comme de “gauche”, puisque tout cela, en effet, ne veut plus rien dire. La justice et l’intérieur ont beau mentir effrontément pour dissimuler le caractère « culturel » de ces agressions : des Français de souche ou des immigrés pleinement assimilés en sont devenus les victimes quotidiennes. L’invasion migratoire, ordonnée par les instances européennes et que nos dirigeants organisent de manière préméditée, déstabilisent la société française en imposant la préférence étrangère. Il en est ainsi de la récente loi Cazeneuve sur les nouveaux droits des immigrés — de préférence en situation irrégulière : les chouchous des socialistes —, loi qui, en élargissant les procédures d’accès à la nationalité française, crée, selon le Républicain Guillaume Larrivé, « une sorte de régime du droit du sol hors sol ». Mais les Républicains — ex-UMP — sont-ils les mieux placés pour dénoncer une politique qu’ils ont eux-mêmes allègrement pratiquée lorsqu’ils étaient au pouvoir ? Et comment Sarkozy, qui fut le champion du déferlement migratoire durant cinq ans et le serait encore s’il revenait au pouvoir, ose-t-il déclarer vouloir remettre en cause Schengen ? Assez de mensonges !

    Faillites et mensonges, également, s’agissant de l’école, que nos gouvernants, de “droite” comme de “gauche”, puisque, là encore, tout cela ne veut plus rien dire, se sont ingéniés à détruire pour mieux couper les Français de leurs racines et empêcher les néonationaux de les acquérir, en vue de favoriser la dissolution de l’identité nationale, l’idéologie pédagogiste, partagée par toute la classe politique républicaine, continuant parallèlement son travail de sape de la transmission des savoirs.

    Oui, c’est avec la conscience de ces multiples faillites, dont la liste est loin d’être exhaustive, et de ces mensonges éhontés d’un pays légal sans vergogne, que les patriotes doivent partir en vacances. Pour nourrir leur détermination. Et recouvrer leurs forces. Toutes leurs forces. Car dès la rentrée le pays en aura besoin ! 

    L’AF 2000

     

  • Grèce-Europe : le kairos manqué

     

    Par Olivier Pichon

    Le kairos est, chez les grecs anciens, le moment décisif qu’il faut saisir pour prendre la bonne décision, décision de nature à s’inscrire dans la durée, c’est-à-dire dans l’histoire. Tsipras a manqué une occasion historique de libérer la Grèce, de l’euro et de l’oligarchie à lui attachée, ainsi que de la puissance qui a le plus intérêt à l’euro, l’Allemagne. Le premier ministre grec avoue ainsi son trotskysme originel qui est révolutionnaire dans le champ de l’économie (lutte des classes, opposition au capitalisme des banques internationales) mais pas dans celui de la politique, en l’occurrence celui de la souveraineté et de l’identité. Comme Sisyphe, il est maintenant condamné à rouler le roc de la dette qui ne sera jamais payée. Mais en contraignant son pays à la servitude pour de longues années tandis que les contribuables européens payeront pour une dette irrécouvrable. Tout cela au seul bénéfice du maintien au pouvoir des oligarques européen et, derrière eux, non le peuple allemand, mais la chancelière et ses conseillers.

    La crise grecque est emblématique de l’impasse européenne. Ses différentes facettes sont la Grèce elle-même, la France, mais aussi l’oligarchie européenne. Demeure une question : l’Europe d’inspiration légitime, mais dévoyée, n’est-elle pas sur le point d’avorter ?

    Tsipras trotskyste un jour ?

    On ne finit pas de s’interroger sur le revirement de Tsipras qui, par le référendum, s’était assuré de l’appui de son peuple épuisé par six années de vaches maigres. Lui qui avait dit non au plan européen se voit désormais imposé les réformes voulues par les oligarques bruxellois ! Augmentation de la TVA, fin des avantages fiscaux pour les îles grecques, recul de l’âge de la retraite, cotisations de santé pour les retraités majorées, hausses des taxes sur les sociétés et les compagnies maritimes, reforme du marché du travail… La Grèce n’ayant pas joué le jeu de l’euro qu’elle a pourtant prétendu intégrer, ces mesures pourraient relever d’un certain réalisme économique. La crise a en effet commencé quand le ministre grec des finances annonça, en 2009, que le déficit public était de 12 ,5 %… loin des 3,7% annoncés ! Il est maintenant trop tard et le problème n’est plus économique mais politique.

    En réalité, la voie de l’extrême-gauche est bouchée en Europe. Le mouvement Podemos, en Espagne, peut s’interroger sur l’avenir de ses propositions alors que l’économie espagnole a commencé un redressement dans l’austérité. En échange de liquidités, Tsipras veut imposer au pays ces mesures qui ne résoudront pas le problème mais, au contraire, vont l’aggraver. Personne ne parie aujourd’hui sur leur succès. L’ineffable Strauss-Kahn le premier qui ne s’est pas toujours trompé sur les dossiers économiques ! Néanmoins, accepter le jeudi ce que le peuple a refusé e dimanche précédent ne laisse pas d’intriguer… Tsipras avait pourtant le choix : ou il démissionnait, ou il sortait de l’euro. Mais, comme l’on sait, les traités ne prévoient pas ce scenario (pourtant, un traité est un contrat et quel contrat serait valide s’il ne comprenait pas une clause de résiliation ?). C’est dire l’assurance qu’avaient Kohl Mitterrand et Delors du succès de leur entreprise !

    Tsipras demeure donc prisonnier de l’oligarchie européenne. On aura noté au passage que voilà un énième référendum qui est contrevenu par les dirigeants européens. A l’appui de la manœuvre, il y avait cette fois des espèces sonnantes et trébuchantes (80 milliards d’aide plus 35 milliards d’investissements, ces derniers déjà inscrits). Et l’euro est sauvé !

    Nous croyons, en réalité, Tsipras fortement européiste, et, en tant que trotskyste, attaché à «  l’internationalisme européen ». Il faut avoir vu sa moue méprisante et renfrognée lorsqu’au parlement européen, Nigel Farrage, président de l’UKIP, prit la défense du peuple grec en montrant que les peuples européens « n’avaient jamais demandé cela (l’Euro et les contraintes de la Commission) car cela ne marche pas » ; qu’un nouveau mur de Berlin s’était érigé de fait, non pas entre l’est et l’ouest, mais entre le nord et le sud : le mur de l’euro ; et qu’en conséquence, c’était folie de continuer ainsi pour le seul bénéfice des banques européennes ; que Tsipras, ne pouvait avoir le beurre et l’argent du beurre (have the cake and eat it !)… C’est-à-dire la souveraineté populaire et la soumission financière.

    La France en dessous de tout !

    Rappelons d’abord que la France c’est, du point de vue de la dette, la Grèce en pire. Qu’on en juge. 35 heures, 24% d’actifs fonctionnaires avec les jours de carence en plus, retraite à 62 ans, 57% du Pib dépensés par l’Etat, dépenses sociales à 9848 euros par habitant, 1% de la population mondiale et 7% de la dépense sociale du monde, réduction de la dépense publique portant surtout sur la défense (34 MD pour la défense et 652 MD pour la dépense sociale de surcroît en partie financée par l’emprunt)… Une différence néanmoins : la Grèce a un déficit primaire plus petit que celui de la France (3,5 % contre 4%) avec une dette de 177% du PIB contre quasiment 100% pour la France. Mais c’est sans compter la dette cachée, par exemple les retraites de la fonction publique payables sur les futurs budgets. Dans ces conditions Hollande est-il bien placé pour soutenir les exigences du FMI à l’endroit de la Grèce ? Il a fait, comme à son habitude, de la grossière récupération en vantant les mérites de cet accord dont l’espérance de vie est manifestement faible. Que pourra-t-il dire encore s’il avorte avant la fin de son mandat ? Que sa péroraison pitoyable reposait sur du vent ?

    298 milliards, c’est le montant de la dette grecque. Qui peut raisonnablement penser qu’elle sera remboursée ? Sa structure est massivement constituée par des créanciers publics (FESF-FMI-BCE-UE) et seulement un petit 45 milliard détenus par des créanciers privés. Autrement dit, les peuples et les citoyens européens sont ignorés, saufs pour leur contribution fiscale. Aux temps de lord Byron on se demandait s’il fallait mourir pour la Grèce. Aujourd’hui c’est: faut-il payer pour la Grèce ? Les données structurelles de l’économie mondiale ne permettent évidemment pas de rembourser une telle dette. Cependant, le problème grec n’est que l’arbre qui cache la forêt car la dette grecque ne représente que 3,5% de la dette totale de la zone euro. C’est dire si cette crise est une crise européenne et française. Une crise de l’Etat providence consolidé à prix fort en contradiction avec le projet européen de libéralisation de l’économie.

    Deustchland uber alles ! La Grèce exécutée sur l’autel de l’euro.

    Loin de nous l’idée de cultiver de vieilles rancœurs mais force est de constater que la loi européenne, en cette occurrence, est une loi allemande et que c’est elle qui a gagné ! Aucun changement aux obligations d’austérité pour la Grèce qui produiront à leur tour l’arrêt de toute croissance, aucune décote sur la dette, le vote du referendum du 6 juillet passé par pertes et profits… L’Allemagne, dans le passé, a pourtant vu ses dettes effacées avec le plan Dawes et le plan Young (dans les années trente), puis au moment de sa reconstruction dans les années cinquante et au moment de la réunification. Dans cette affaire, force est de constater que la France a été tout simplement à la remorque de l’Allemagne. En dépit des rodomontades du sieur Hollande, celui-ci, une fois encore, n’a pas été à la hauteur des enjeux et, n’ayant à l’esprit que la survie de l’euro, s’est comporté en supplétif de la chancelière allemande. Remarquable exemple de déni de la réalité – la dette grecque est irrécouvrable – et d’idéologie contre l’intérêt des peuples – la nécessité de l’euro.

    Si l’exécutif français avait refusé et dit publiquement qu’il n’admettait pas que le projet européen devienne un instrument de l’Allemagne, la chancelière eut probablement reculé et se fut quelque peu amadouée. Car la monnaie unique et ses institutions non élues sont les deux tares congénitales de l’Europe. Or le pouvoir existe toujours et l’Europe ne l’a pas aboli, elle l’a déplacé. Ce dernier se divise rarement et, dans cette crise, il fut allemand. Le plus grave est qu’aujourd’hui, il semble que la dégradation historique du processus européen rende impossible une autre Europe. Sauf à sortir de cette Europe des créanciers. On a rarement vu dans l’histoire qu’une politique de change fixe ne finisse par s’effondrer. Voyez le système de Brettons Woods dont l’agonie s’étendit sur plus d’une décennie (1965 1976).

    Ainsi, nous léguons à nos enfants une Europe des dettes avec son cortège d’huissiers. Bel héritage en vérité ! Le singe d’Ésope et de La Fontaine (on peut lui prêter le visage de l’un de nos dirigeants européens), juché sur un dauphin qui l’a (temporairement) sauvé du naufrage, peut croire que le Pirée est devant lui, le pire l’est aussi. 

     

  • Sur la prétendance de Louis-Alphonse de Bourbon ...

     

    Ce premier lundi d'août, nous délaisserons l'actualité, du moins celle que nous distillent radios et télés (les bouchons routiers, le rapatriement du débris du vol MH 370, etc.) pour évoquer un sujet qui concerne, en tant que tel, le royalisme français : le bien-fondé de la prétendance de Louis-Alphonse de Bourbon à la couronne de France. 

    La presse à grand tirage revient en effet périodiquement sur cette question, dont il faut bien supposer qu'elle doit intéresser son lectorat. Elle ne se soucie pas de rouvrir un débat souvent jugé anachronique, de raviver la querelle dynastique, ou même de donner dans le people. Elle le fait à sa façon, avec grands titres et photos de couverture où les princes posent à la manière des mannequins de mode … Néanmoins, des affirmations de fond y sont lancées et le plus souvent sans véritable rigueur historique, juridique et politique.

     

    Nous aborderons le sujet en trois étapes, trois notes successives :

     

      Nous examinerons en premier lieu qui est vraiment Louis-Alphonse de Bourbon, du simple point de vue historique et factuel : d'où il vient, quelles sont ses origines, quels sont ses ancêtres, aïeuls et aïeules, à quelle terre, à quelle histoire il appartient. Au fond, cet examen revient à se demander si ce prince est français ou espagnol. Les deux ? On verra que ce ne serait pas conforme à la réalité. Louis-Alphonse de Bourbon n'est pas un prince hors-sol.

     

      En deuxième lieu, nous reprendrons la Lettre sur la légitimité adressée par Pierre de Meuse au Télégramme, à la suite des déclarations du prince Louis-Alphonse de Bourbon publiées sur le site du quotidien breton [30.05.2015]. Pierre de Meuse y signale un certain nombre d’erreurs qui en disent long sur le bien-fondé de la prétendance de Louis-Alphonse de Bourbon. Il y rappelle à grands traits quelles sont les conditions de la légitimité historique.

     

      Enfin, il nous a paru bon de publier en forme de note - la troisième et dernière sur ce sujet - le riche débat qui a suivi cette Lettre sur la légitimité de Pierre de Meuse [Du 1e au 22 juin 2015 - 31 commentaires]. On y trouvera - en tout cas dans bon nombre de commentaires - de solides références historiques. Il faut en effet une bonne connaissance de l'histoire d'Espagne - et pas seulement de l'histoire de France - pour conclure valablement sur le caractère fondé ou infondé des prétentions des princes espagnols qui n'ayant pas eu accès à la couronne d'Espagne, ont depuis lors orienté leurs ambitions vers la France.

     

    Les récentes déclarations d'Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, attestent que ce sujet n'est pas aussi anachronique ou dérisoire qu'on pourrait le croire  - y compris parmi les royalistes. Le manque de roi y est considéré comme au centre du problème politique français actuel. Et, ne craignant pas de remonter le cours de l'Histoire, il n'hésite pas à dater ce manque de l'exécution de Louis XVI dont il se dit, de plus, persuadé que les Français ne l'ont pas voulue. 

     

     

  • Qui est Louis-Alphonse de Bourbon ? D'où est-il ? D'où vient-il ? Quelles sont ses origines ? Qui sont ses aïeux ?

     

    Les questions en titre ont été de tous temps celles que l'on pose pour connaître un homme, comme questions sur son origine et donc sur qui il est vraiment. Malgré la publicité qui lui est faite, les réponses à ces interrogations ne semblent en général ni claires ni précises.

     

    Au Figaro magazine [Stéphane Bern - 18.07.2015] Louis-Alphonse de Bourbon déclare : « la première mission envers mes aïeux est celle du souvenir et de la mémoire, dont il faut toujours témoigner. »  

     

    Mais qui sont ses aïeux ? De qui est-il le fils ? Qui sont ses grands-parents, ses arrière-grands-parents ? Ses aïeux des siècles passés ?  

     

    C'est ce que nous examinons ici d'un point de vue historique et factuel, au moyen de brèves notices, jusqu'à ses arrière-grands-parents, après quoi, ses ancêtres ce sont huit rois espagnols n'ayant eu, à la suite de Philippe V, aucune participation à la vie politique française.

     

    Il faut enjamber - et ignorer - trois siècles d'enracinement espagnol pour que Louis-Alphonse de Bourbon retrouve l'origine française de sa famille.

     

    Mais, précisément, lorsque Louis XIV eut décidé d'accepter le couronne d'Espagne pour son petit-fils, le duc d'Anjou, sa position fut celle du bon sens. A sa cour assemblée, il présente le futur roi : « Messieurs, voilà le roi d'Espagne.» Puis, s'adressant à ce dernier, il lui déclare : « Soyez bon Espagnol, c'est présentement votre premier devoir ; mais souvenez-vous que vous êtes né Français, pour entretenir l'union entre les deux nations : c'est le moyen de les rendre heureuses et de conserver la paix de l'Europe

     

    Roi d'Espagne - qu'il eût pu ou dû être doublement, si son grand-père n'avait pas été infirme et incompétent ou si Franco avait tranché la question de sa succession en faveur de son père, le duc de Cadix - Louis-Alphonse de Bourbon ne peut l'être, la fonction ayant échu au cousin-germain de son père, le roi Juan-Carlos Ier.

     

    Roi sans couronne - mais celle d'Espagne, non celle de France - il lui reste à être bon Espagnol. Suivant la recommandation de son aïeul, le roi Louis XIV lui-même.  

     

    mail_google_com_1.pngLouis-Alphonse de Bourbon, né à Madrid le 25 avril 1974. Nom de naissance : Luis Alfonso Gonzalo Víctor Manuel Marco de Borbón y Martínez-Bordiú.

    Le prince est baptisé le 3 mai 1974 au palais royal du Pardo, à Madrid, avec pour parrain et marraine son grand-père paternel, Don Jaime de Bourbon, duc de Ségovie représenté par Gonzalo de Bourbon, et son arrière-grand-mère maternelle Carmen Polo, épouse du général Franco.

    Le prince possède la double nationalité : française par son père (né de mère française) et espagnole par sa mère et par son père.

    Il est le second fils d’Alphonse de Bourbon, duc de Cadix, et de Carmen Martínez-Bordiú y Franco, fille de Cristóbal Martínez-Bordiú, marquis de Villaverde, et de Carmen Franco y Polo, fille du général Franco.

    Le Prince a fait ses études à Madrid et effectué son service militaire dans l’armée de l’air espagnole.

    Il travaille ensuite à la BNP Paribas à Madrid, puis, devient vice-président international de la Banco Occidental de Descuento (BOD) à Caracas, au Venezuela.

    En 2004, il a épousé, en République Dominicaine, Marie-Marguerite Vargas Santaella, fille de l'homme d'affaires vénézuélien Víctor Vargas. Après avoir vécu à Caracas puis à New York, il s'installe avec son épouse à Madrid. De cette union sont nés 3 enfants, dont deux garçons.

    Il prétend être « le successeur des rois de France ».  

    Ses parents 

    dukescadiz.jpgAlphonse de Bourbon, duc de Cadix est né le 20 avril 1936 à Rome où réside la famille royale d’Espagne en exil. Nom de naissance : Alfonso, Jaime, de Borbón y Dampierre. Il possédait la double nationalité espagnole (par son père) et française (par sa mère).

    Alphonse de Bourbon est le fils aîné de Don Jaime de Bourbon, duc de Ségovie, deuxième fils du roi Alphonse XIII, et d’Emmanuelle de Dampierre. 

    En 1969, à la suite de son père le duc de Ségovie qui avait renouvelé, par lettre adressée au général Franco, sa renonciation au trône d'Espagne, en faveur de son neveu, Juan Carlos Ier, « en vue du bien commun de l’Espagne, de la paix et de la prospérité du peuple espagnol », Alphonse de Bourbon signe à son tour un acte d’acceptation de la désignation par Francisco Franco de son cousin germain Juan Carlos comme futur roi d’Espagne.

    En 1972, il épouse au palais du Pardo Carmen Martínez-Bordiú y Franco, mariage dont il aura deux fils, François (1972-1984) et le prince Louis-Alphonse. Il est alors titré S.A.R. le duc de Cadix  par le général Franco. Ce titre - qui ne lui venait pas de la Maison Royale - fut ensuite rendu viager par décret du roi Juan-Carlos. Le couple se séparera en 1979 puis divorcera en 1982.

    En 1975, au décès de son père, en Suisse, il reprend les prétentions de ce dernier au trône de France et prend le titre de « duc d'Anjou », comme l'avait fait son père en 1946.

    En 1984, il est victime d'un grave accident d'automobile, qui coûte la vie à son fils aîné François, décédé à Pampelune. 

    Le prince Alphonse de Bourbon a été avocat au Barreau de Madrid, Ambassadeur d'Espagne à Stockholm (1969-1972), Banquier et Président du Comité olympique espagnol. 

    En 1989, il est victime d’un accident sur une piste de ski aux États-Unis où il décède. Il est inhumé à Madrid, dans la chapelle du monastère des Descalzas reales, aux côtés de son fils aîné. La double tombe porte l’inscription : « Sus Altezas Reales don Alfonso y don Francisco de Borbón 20-IV-1936 - 30-I-1989   22-XI-1972 - 7-II-1984 ». 

    bordiu-borbon.jpgCarmen Martínez-Bordiú y Franco née le 26 février 1951 au palais royal du Pardo  où elle réside jusqu’à son mariage. Elle est la petite-fille du général Franco.

    En 1972, elle épouse au palais du Pardo, Alphonse de Bourbon, père de Louis-Alphonse de Bourbon. À l'occasion de leur mariage, Alphonse et Carmen reçoivent par décret du général Franco les titres et prédicats de duc et duchesse de Cadix et d'altesses royales. Le couple se sépare en 1979 puis divorce en 1982. Carmen se remariera deux fois : avec le français Jean-Marie Rossi, puis avec l’homme d’affaires espagnol José Campos García. Elle divorcera dans les deux cas. Néanmoins, l’ex-duchesse de Cadix prétendrait porter aujourd’hui le titre de « duchesse douairière d'Anjou ».  Elle réside à Madrid.  

    Ses grands-parents paternels  

    Jaime_Enrique_de_Borbón.jpgDon Jaime de Borbón y Battenberg, duc de Ségovie, né au palais royal de la Granja de San Ildefonso (Ségovie) en Espagne, le 23 juin 1908. Il est le second fils du roi Alphonse XIII et de la reine Victoria Eugenia de Battenberg. À sa naissance, il fut titré infant d’Espagne. 

    Don Jaime devint sourd puis muet au cours de sa petite enfance des suites d’une maladie. Plus tard, il apprit à lire sur les lèvres et recouvra partiellement l'usage de la parole. 

    En 1931, lors de la proclamation de la IIe république espagnole, le prince dut quitter l’Espagne, suivant son père, le roi Alphonse XIII ainsi que la famille royale, en exil, d’abord en France (Paris et Avon) puis à Rome, à partir de 1934.  

    En 1933, Alphonse XIII avait exclu de la succession au trône d’Espagne son fils aîné, Alphonse, prince des Asturies, en raison de son projet de mariage avec une roturière cubaine, puis Don Jaime, son second fils, à cause de ses difficultés d’élocution et de sa surdité, obstacles à une éventuelle restauration de la monarchie en Espagne. La renonciation de Don Jaime au trône d’Espagne, pour lui-même et ses éventuels descendants, fut confirmée par lettre la même année. 

    En 1935, Don Jaime épouse à Rome Emmanuelle de Dampierre, de nationalité française. A l’occasion de ce mariage inégal, qui l’aurait exclu de la succession au trône d’Espagne s’il n’y avait déjà renoncé, il reçut de son père le titre de courtoisie de « duc de Ségovie ».  De cette union, naîtront deux fils : Alphonse de Bourbon, futur duc de Cadix, père du prince Louis-Alphonse de Bourbon, et Gonzalo de Bourbon, aujourd’hui décédé.  

    Peu avant sa mort, à Rome, en 1941, Alphonse XIII avait abdiqué en faveur de son troisième fils, Don Juan de Bourbon, Comte de Barcelone, frère cadet de Don Jaime et père du futur roi Juan-Carlos 1er. 

    La suite de la vie de Don Jaime n’est qu’une succession de reprises puis de confirmations de sa renonciation de 1933 au trône d’Espagne.  

    Don Jaime confirma tout d'abord cette renonciation par deux lettres adressées à son frère cadet, en 1945 et 1947. Mais en 1949, il récusa ses renonciations au trône d’Espagne dont il s'estimait légitime héritier en tant que fils aîné du dernier roi. 

    En 1954 par une lettre envoyée au général Franco, Don Jaime rappela qu'il était le légitime héritier de la couronne d'Espagne. Mais, en 1969, il lui écrivit de nouveau et lui déclara accepter la désignation de son neveu Juan Carlos de Bourbon comme futur roi d’Espagne après la mort du général. Ceci « en vue du bien commun de l’Espagne, de la paix et de la prospérité du peuple espagnol » et à la demande de son fils aîné, Alphonse (le futur duc de Cadix, père de Louis-Alphonse de Bourbon).

    Après la seconde guerre mondiale, Don Jaime se déclara Chef de la Maison de France et adopta le titre de duc d’Anjou, attribuant aussi, par la suite différents titres français à ses fils. Il présidera diverses manifestations commémoratives en France au cours des années suivantes.

    Il vécut alors en France, puis en Suisse, se remaria civilement en 1949 avec Charlotte Tiedemann, cantatrice, deux fois divorcée. Il mourut le 20 mars 1975 à Lausanne où il fut d’abord inhumé. Il a aujourd’hui sa sépulture (avec l'accord du roi d’Espagne, son neveu) dans le panthéon des infants, au monastère de l’Escorial. 

    3239710784.jpgEmmanuelle de Dampierre, duchesse de Ségovie  née à Rome, le 8 novembre 1913 et morte dans la même ville le 2 mai 2012. 

    Elle est la première épouse de Don Jaime de Bourbon, duc de Ségovie. Sur ce mariage et sur les deux fils qui en sont issus, on se reportera à la note précédente consacrée au duc de Ségovie. 

    Cette union se termina par un divorce (1947-1949) et le remariage (civil) d’Emmanuelle de Dampierre en 1949 lequel donna lieu à un second divorce en 1967.

    Dans les années 1980, elle eut à faire face au divorce fracassant de son fils aîné, Alphonse de Bourbon, duc de Cadix (père de Louis-Alphonse de Bourbon) d’avec Carmen Martínez-Bordiú y Franco (mère de Louis de Bourbon). Suivit le grave accident de voiture qu’il eut en Espagne et qui coûta la vie à son fils ainé François, lui-même et son fils Louis-Alphonse ayant été grièvement blessés. Enfin, en 1989, Alphonse de Bourbon meurt d’un accident de ski aux États-Unis.

    Emmanuelle de Dampierre souhaite alors avoir la garde de son dernier petit-fils, Louis-Alphonse de Bourbon, mais c’est chez son autre grand-mère, María del Carmen Franco y Polo que celui-ci choisit de s’installer, à Madrid.

    Emmanuelle de Dampierre, malgré son divorce et son remariage, porte alors le titre de « duchesse d’Anjou et de Ségovie » et participe à différentes cérémonies commémoratives principalement en France. Elle décède le 2 mai 2012 à Rome à l'âge de 98 ans. Elle est inhumée au caveau familial de Dampierre du cimetière de Passy.  

    Ses grands-parents maternels   

    guests103.jpgCristobal Martínez-Bordiú, 10eme marquis de Villaverde (1922-1998) et Carmen Franco y Polo (1926), marquise de Villaverde, fille du général et de Madame Francisco Franco. Le marquis de Villaverde fut un chirurgien renommé. C'est auprès de ses grands-parents maternels que Louis de Bourbon vécut, à Madrid, après le décès accidentel de son père, le duc de Cadix, en 1989.  

    Ses arrière-grands-parents paternels  

    15828_rey-alfonso-xiii-reina-victoria-eugenia.jpgLe roi Alphonse XIII (1886-1941) et la reine Victoria Eugenia de Battenberg (1887-1969).

    Ne seront pas évoqués ici sa minorité sous la régence de sa mère Marie-Christine d'Autriche, ni son règne personnel très agité, jalonné de défaites militaires, complots, attentats, coups d'état, périodes de dictature, etc. Ces thèmes ne sont pas ceux qui nous occupent ici.

    En 1906, Alphonse XIII épouse Victoria-Eugenia de Battenberg, petite-fille de la Reine Victoria et nièce du roi Edouard VII. De leur union naîtront sept enfants, dont l'infant Alphonse, prince des Asturies qui fut exclu de la succession au trône d'Espagne en 1933 en raison d'un mariage inégal et mourut en 1938, Don Jaime, futur duc de Ségovie, qui fut aussi  exclu de la succession au trône d'Espagne, la même année, en raison de ses infirmités et devait contracter, lui aussi, un mariage inégal, enfin Don Juan, futur comte de Barcelone et père du roi Juan-Carlos Ier.

    Lors de la proclamation de la IIe république espagnole, en 1931, le roi Alphonse XIII quitta l’Espagne avec sa famille, pour l'exil d’abord en France puis à Rome, à partir de 1934. 

    Peu avant sa mort, à Rome, en 1941, Alphonse XIII abdiqua en faveur de son troisième fils, Don Juan de Bourbon. 

    En 1980, le roi Juan Carlos, son petit-fils, ordonna le transfert de ses restes vers la nécropole royale de l'Escurial.  La reine Victoria Eugenia y a aussi sa sépulture. 

    Ses arrière-grands-parents maternels  

    franco--644x362.jpgFrancisco Franco Bahamonde (1892-1975), María del Carmen Polo y Martínez-Valdés (1900-1988)

    Ne seront pas évoquées ici sa jeunesse et sa formation, sa carrière militaire, sa conduite de la guerre civile jusqu'à la victoire de 1939, ni l'histoire du régime franquiste, jusqu'à la mort du caudillo, en 1975. Ces thèmes ne sont pas ceux qui nous occupent ici. 

    En revanche, il nous importe de noter qu'à partir de 1948, Franco décide d'entamer le processus de restauration de la monarchie en Espagne. Il en est l'indiscutable auteur. L'Espagne est définie comme un royaume, dont, toutefois, le futur roi n'est alors pas désigné. Mais, lors d'une entrevue avec le comte de Barcelone, Don Juan de Borbon, accompagné de son frère ainé, le duc de Ségovie, il est convenu, cette même année, que le prince Juan Carlos, fils ainé du comte de Barcelone rentrerait d'exil pour recevoir sa formation, y compris politique et militaire, en Espagne. Suivant en cela la position du roi Alphonse XIII sur la validité des renonciations du duc de Ségovie comme sur son incapacité de fait à régner, cette même disposition fut refusée à ce dernier pour ses fils Alfonso, futur duc de Cadix, et Gonzalo. En 1969, Franco confèrera à Don Juan-Carlos de Bourbon le titre de prince d'Espagne, appelé à lui succéder. Ce qui est advenu le xx novembre 1975, bien que sa petite-fille ait épousé, entre-temps (1972), Alphonse de Bourbon, qu'il titra duc de Cadix à cette occasion, et que différentes pressions se soient alors exercées sur lui pour qu'il modifie son choix dynastique et ce en faveur du duc de Cadix. Ce qu'il se refusa à faire. 

    Ses ancêtres, princes et rois d'Espagne

    Au delà de ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents, les ancêtres de Louis-Alphonse de Bourbon sont, trois siècles durant, les princes et rois d'Espagne, jusqu'à Philippe V, né à Versailles, en 1683 et mort à Madrid en 1746. Sa sépulture est en Espagne, au palais de La Granja de San Ildefonso, dans la province de Ségovie. Ses successeurs (au nombre de huit) sont tous inhumés en Espagne, la plupart au monastère de l'Escorial, au nord de Madrid.

     

  • Lettre sur la légitimité

     

    Par Pierre de Meuse

    En visite en Bretagne les samedi 30 et dimanche 31 mai 2015, le prince Louis-Alphonse de Bourbon a fait au Télégramme des déclarations publiées sur le site internet du quotidien breton. Pierre de Meuse y a réagi en postant sur le forum des débats du Télégramme la Lettre sur la légimité que voiciNous l'avions mise en ligne dès le 1er juin dernier. Nous croyons utile de la verser aujourd'hui à notre mini-dossier sur le bien-fondé de la prétendance de Louis-Alphonse de Bourbon. Cette lettre a suscité 31 commentaires.  LFAR  

     

    955344382.jpgLa monarchie légitime est malheureusement abolie depuis 185 ans. Dans l’ordre juridique actuel, n’importe qui a le droit de revendiquer la couronne de France. Toutefois, si on le fait au nom du droit dynastique et de  l’Histoire, il faut respecter les faits historiques. Or Louis Alphonse de Bourbon, que vous avez interrogé, a commis un certain nombre d’erreurs qui en disent long sur le bien-fondé de sa prétendance.

      D’abord, il nous parle des Bourbons, « famille française depuis plus de 1.000 ans. » Faut-il rappeler que les Bourbons commencent en 1256 en tant que branche de la famille royale, et ne deviennent héritiers de la couronne qu’à la mort d’Henri III, à la fin du XVI° siècle ? La famille royale millénaire est bien la dynastie capétienne, à travers ses divers rameaux. 

      Ensuite, s’il est vrai que le Prince Henri d’Orléans est le descendant direct de Louis-Philippe, ce n’est nullement de la Monarchie de Juillet qu’il tient sa légitimité, mais de l’épuisement de la branche aînée dans les mâles à la mort d’Henri V, Comte de Chambord. Contrairement à ce que dit Louis Alphonse, il n’y a plus d’orléanisme, ni de légitimisme, d’ailleurs, depuis que, le 3 août 1873 le premier Comte de Paris reconnut Henri V comme roi de jure et renonça à porter les insignes de 1830. A la mort du prétendant de Frohsdorf, il devint Philippe VII et non Louis-Philippe II comme le réclamait une partie de sa famille, qui le déshérita pour cela. Du reste, si le terme « orléanisme » signifie une option libérale et centraliste, par opposition au royalisme traditionnel, alors Louis de Bourbon peut considérer avec regret ses propres aïeules et aïeux les reines Marie-Christine et Isabelle, ainsi que les rois Alphonse XII et Alphonse XIII, dont la doctrine de gouvernement était identique à celle de Louis Philippe. 

      Enfin, Louis de Bourbon rappelle de manière surprenante pour expliquer sa vie à l’étranger les « mesures d’exil qui ont frappé les familles royales ». Certes, mais non la sienne, qui ne fut touchée ni par la loi de 1832, ni par la loi de 1848 ni par celle de 1886 qui ne proscrit que les Orléans et les Bonaparte. Et pour cause ! Les Bourbons isabelins dont Louis est l’héritier régnaient alors sur l’Espagne, et ne songeaient nullement à revendiquer la couronne de France. Et lorsque le grand père de Louis, après la mort de son père, le roi Alphonse XIII, se découvre appelé par une vocation irrépressible à la prétendance, il va tranquillement passer sans entraves d’un pays d’Europe à l’autre, tandis que les Orléans restent frappés par la loi d’exil jusqu’en 1950, revenant ensuite dans leur patrie pour toujours sans jamais cesser de se déclarer prêts à accomplir leur devoir historique.  Car renouer les liens déchirés du charisme monarchique diffère grandement de la simple transmission d’une couronne : il y faut une longue suite de sacrifices et d’efforts, bien plus que deux voyages par an, mais un amour exclusif de notre pays, une disposition de tous les instants, une solidarité obstinée à travers les siècles. La couronne de France n’est pas un lot de consolation pour des princes injustement traités par leurs cousins. 

     

    Pierre de Meuse