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  • 23 Novembre 1914 ... Une obligation d'honneur : rendre la Belgique aux Belges

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    La classe 1914 est partie et ira au feu d'ici un mois ou un mois et demi. La classe 1915 est sur le point d'être levée et sera instruite pour le mois de mars. En même temps, on reprend en grand nombre pour le service armé les hommes des services auxiliaires, les exemptés et les réformés. Les territoriaux sont depuis quelque temps au front. Bref, c'est le commencement de la levée en masse. Tout cela accepté par la population avec un grand courage, mais une sorte d'étonnement : la croyance était si répandue et si forte, au mois d'août, que c'était une affaire de deux mois, trois au plus, que la guerre aujourd'hui ne pouvait plus s'éterniser comme les guerres d'autrefois etc...

    Un commerçant me raconte qu'il avait passé dans son quartier pour un pessimiste et presque pour un mauvais citoyen parce qu'il avait dit, au moment de la mobilisation, que la guerre durerait plus longtemps qu'on ne le croyait et que tout le monde finirait par partir. Cependant les nécessités de la situation sont acceptées sans murmure. Il y a chez tous les Français le sentiment d'une obligation d'honneur : rendre la Belgique aux Belges. ♦ 

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  • Aux "Amis" de notre page Facebook...

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    On connaît le mot célèbre de Voltaire sur Fouquet : "Le 17 août, à 6 heures du soir, Fouquet était le roi de France; à 2 heures du matin, il n’était plus rien.".

    Toutes proportions gardées, on pourrait paraphraser pour évoquer la mésaventure qui vient de nous arriver : lundi matin, sans avertissement préalable, Facebook a fermé notre Page Lafautearousseau Royaliste, ouverte en février 2009. La raison tient en quatre simples lignes : émanant d’un mouvement politique, notre Page Facebook devait donc changer de statut et migrer dans le groupe des Pages d'organisations politiques.

    Cela ne nous pose aucun problème, et nous ouvrons donc une nouvelle Page Lafautearousseau Royaliste, en tout exactement semblable à la précédente - forme et fond - et en conservant le même intitulé. Vous y retrouverez tout ce que vous trouviez dans la précédente, vous pourrez continuer à "partager" des liens, à la consulter et à l'enrichir de vos commentaires etc. et tout reprendra son cours. 

    Sauf que...  Sauf qu'en fermant la Page, Facebook efface aussi la liste de nos Amis ! Qui étaient au nombre de 4.109 très exactement lundi dernier au matin ! Et nous repartons donc à zéro ! On peut trouver que c'est le fin du fin, mais cette crasse - pour appeler les choses par leur nom - ne fait pas rire du tout.

    Faut-il donc tout arrêter et renoncer à notre présence sur Facebook - ce qui est exclu – ou tout recommencer à partir de zéro ? C'est rageant mais c'est ainsi, et c'est ce que nous allons faire : vous recevrez, dans les jours qui viennent, une invitation à vous réinscrire, comme "Ami", sur notre nouvelle Page. Je vous invite évidemment à y répondre favorablement et, puisque nous y sommes, je vous invite également à vous abonner à notre compte Twiter A.F.Royaliste : demandez à vos camarades de collège, de lycée ou d'amphi, de bureau ou d'atelier, à vos voisins et amis, parents et enfants... d'en faire autant, afin que, malgré les embûches, nos idées soient toujours plus répandues. Et n'hésitez surtout pas à proposer page facebook et compte twiter à des personnes éloignées de nous ou qui ne nous connaissent pas, ou mal : leurs questions, leurs objections, leurs critiques même seront un stimulant pour nous, et nous pousseront à toujours mieux présenter nos idées, à les rendre plus attrayantes et à faire preuve d'un dynamisme sans cesse renouvelé à leur service, en vue du Bien commun... 

    François Davin

  • Loisirs, culture, traditions ...

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  • LIVRES : Nous sommes tous des héritiers ♦ Par Christian Baudoin*

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    En août dernier, Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie annulaient avec fracas dans les colonnes de Libération leur venue aux « rendez-vous de l’Histoire de Blois » qui avaient pour thème « Les Rebelles », au motif de la présence du « réactionnaire » Marcel Gauchet. Celui-ci avait osé, crime de lèse-bien-pensance, contester la remise en cause de la filiation induite par le « mariage pour tous ».

    C’est pourtant de filiation dont il est question dans le bel ouvrage de François Xavier Bellamy, Les Déshérités ou l’urgence de transmettre. Bellamy est philosophe. Il accompagne depuis quelques années la réflexion d’une jeunesse qui a été privée délibérément de son héritage et qui ne se reconnaît pas dans la pseudo-rébellion d’un Édouard Louis, d’une Najat Vallaud-Belkacem, d’une élite enfantée par Mai 68.

    Son livre dénonce la PMA instituée par des pédagogues sur notre instruction, cette artificialisation du savoir. Il remonte pour cela à Descartes, à Rousseau et à Bourdieu, pour mieux démonter la matrice totalitaire qui s’est abattu sur notre jeunesse à force de slogan de propagande : « La transmission est une aliénation », « La famille ne peut être qu’une source de reproduction castratrice ».

    Après avoir mis à jour les causes qui font que les enfants ont les dents gercés d’avoir mangé les raisins verts des erreurs idéologiques de leurs ainés (Bainville), François Xavier Bellamy reprend les fondamentaux. Il réactualise la pensée de ceux qui ont, notamment, contesté les conséquences de la Révolution et défendu tout à la fois un ordre naturel et une société organique. Il cherche ainsi à retrouver le chemin d’une politique naturelle, fondée sur la sagesse multiséculaire du bon sens. Bellamy nous ré-enseigne que la culture libère, que l’histoire affranchit, que la liberté est à la fleur et non à la racine. Enfin, que nous sommes des héritiers. Il nous redit avec clarté que les mots ont un sens et qu’une littérature digne de ce nom donne du sens à la vie. Si nous reprenons ce chemin de sagesse – qui, pour lui, ne peut être que culturel – alors nous devrions pouvoir « refonder la transmission », celle qui commence à refleurir un peu partout en France par des initiatives heureuses dans des familles qui se posent comme héritières.

    François-Xavier Bellamy a raison quand il dit que la refondation est culturelle. Cette dimension est-elle cependant suffisante ? On s’étonne en effet de la part d’un jeune professeur de philosophie, conseiller municipal, qu’il ne prenne pas en compte la dimension politique d’une telle refondation. Peut-être cela nous vaudra-t-il une suite. Nous l’espérons, car sa pensée est rafraichissante et ses idées pleines de bon sens. C’est de cela dont nous avons besoin actuellement.  ♦

    Les Déshérités ou l’urgence de transmettre, de François Xavier Bellamy, Plon, 240 p., 17 euros. 

    Source : Politique magazine -

  • CINEMA : L’homme qui ébranla le rideau de fer ♦ Par Laurent Dandrieu *

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    Robert Wieckiewicz, un Lech Walesa très humain. © PRODUCTION

    Passionnant. Avec “l’Homme du peuple”, Andrzej Wajda clôt la trilogie consacrée à la résistance du peuple polonais au communisme par un magnifique hommage au “tombeur” de ce dernier, Lech Walesa. 

    L’Homme du peuple d'Andrzej Wajda

    Électricien aux chantiers navals de Gdansk, Lech Walesa (Robert Wieckiewicz) s’éveille à l’activisme lors des grèves de 1970. Soutenu avec angoisse par sa femme Danuta (Agnieszka Grochowska), il ne va cesser dès lors de connaître arrestations et licenciements. Unanimement reconnu pour son courage et ses dons d’orateur, il s’impose comme leader lors de la grève des chantiers Lénine de l’été 1980, puis comme chef de file du premier syndicat indépendant, Solidarnosc…

    En 1977, avec l’Homme de marbre, Andrzej Wajda se penchait sur les prémices de la révolte ouvrière en Pologne, puis en 1981, avec l’Homme de fer, brossait à chaud un tableau de la naissance de Solidarnosc. Dans ce deuxième film, Lech Walesa jouait son propre rôle, à travers des images d’archives mais aussi dans des scènes de fiction, comme celle où on le voyait servir de témoin au mariage des héros.

    Aujourd’hui, pour cet hommage que Wajda a voulu rendre au tombeur du communisme, c’est à travers le même mélange de réalisme documentaire et de fiction que le cinéaste ressuscite cet itinéraire étonnant qui a conduit un petit électricien à défier un régime qui semblait inébranlable, à recevoir le prix Nobel de la paix puis à être reçu aux Nations unies comme héraut du monde libre. Si tout est passionnant dans ce récit, c’est dans le portrait du Walesa intime que Wajda touche et surprend le plus. Décrites avec infiniment de vivacité et de justesse, les scènes entre Lech et Danuta, toujours écartelée entre l’admiration pour le combat de son mari et la peur de le perdre, montrent peut-être plus encore que les scènes plus militantes le courage de ce père de famille nombreuse qui aurait eu tant de raisons de préférer la prudence. Superbement incarné par Robert Wieckiewicz, bien épaulé par Agnieszka Grochowska, Walesa y gagne une humanité touchante qui, malgré l’admiration manifeste et sans bornes que lui voue indubitablement Wajda, le fait échapper à la figure de saint de vitrail.  ♦

     


    L'Homme du peuple Bande-annonce VO

     

    Source : Valeurs actuelles - Laurent Dandrieu

  • 22 Novembre 1914 ... Au sujet des Alsaciens

    653_001.jpgAu sujet des Alsaciens, Mlle T..., fille d'un des pasteurs les plus vénérés de Mulhouse, me dit les choses les plus rassurantes. Le bruit courait que les soldats français n'étaient pas reçus en Alsace aussi bien qu'on eût pu l'espérer. La vérité est qu'à leur entrée à Mulhouse la réception a été admirable, plus belle que les vieux Mulhousiens n'osaient s'y attendre. Les populations ouvrières des faubourgs, où l'on pouvait craindre de l'indifférence, avaient montré un enthousiasme qui était presque du délire. Naturellement, des représailles exercées par les Allemands à leur retour dans la ville ont eu pour effet, dans la suite, de rendre les Alsaciens plus circonspects. De plus les immigrés ont très souvent trahi nos soldats, les ont attirés dans des guet-apens. Le jour où l'Alsace serait à nous, il ne faut pas douter d'une adhésion entière. Les industriels qui auraient le plus à souffrir peut-être dans leurs intérêts d'une réannexion sont prêts à tous les sacrifices.  ♦

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  • Un mathématicien égaré en économie, par François Reloujac *

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    Le 13 octobre dernier, l’académie Nobel a attribué le prix d’économie au chercheur français Jean Tirole. Une manifestation de « la France qui gagne » aussitôt saluée par le président de la République et par le Premier ministre. Mais personne ne s’est véritablement interrogé sur la raison qui permet d’affirmer que les travaux de Jean Tirole illustrent la pensée économique française, même si, officiellement, celui-ci a été récompensé pour ses travaux sur « le pouvoir de marché et la régulation ».

    Jean Tirole est un ancien élève de l’école polytechnique. Il est allé mettre en œuvre ses acquis théoriques d’exploitation des statistiques économiques au Massachusetts Institute of Technology, le fameux MIT. C’est là qu’il s’est familiarisé avec la théorie des jeux, un ensemble d’outils qui analyse les situations dans lesquelles l’action optimale pour un agent dépend des anticipations qu’il forme sur la décision d’un autre agent. étant entendu que cet agent peut être aussi bien une personne physique qu’une entreprise.

    S’il n’a pas pris la nationalité américaine – contrairement à un autre prix Nobel d’économie « français », Gérard Debreu – c’est qu’il est revenu en France pour y créer, sur le modèle des universités américaines, la « Toulouse School of Economics » (TSE). Cette dernière est uniquement financée par des grandes entreprises. Les cours y sont dispensés en anglais à des étudiants qui, pour 60 % d’entre eux sont étrangers, par des professeurs dont bien peu sont de nationalité française.

    Rien d’étonnant, donc, dans le fait que cette école soit soutenue par des grandes entreprises ouvertes à l’international et ayant sur leurs marchés respectifs une position de monopole ou de quasi-monopole. La théorie des jeux et les études statistiques pointues qui sont développées à l’école toulousaine leur sont très utiles : elles leur permettent d’améliorer continuellement leur capacité à analyser toutes les combinaisons possibles des réactions de leurs « partenaires » (administration, fournisseurs, consommateurs). Le jeu est d’autant plus « payant » qu’un joueur principal – une entreprise en position de force sur un marché – est mieux « informé » que les autres. C’est pourquoi cette école cherche à tempérer cet avantage que possède le plus fort par un mécanisme dit de « régulation » dont le but avoué est de maintenir une apparence de libre concurrence.

     

    Que récompense le prix Nobel d’économie ?

    Jean Tirole est un grand mathématicien, un excellent professeur et un chercheur consciencieux. Mais sa distinction révèle les limites du prix Nobel qui ne couronne plus des économistes dont les travaux  cherchent à améliorer le système ou le bien commun économique, mais qui distingue désormais uniquement des spécialistes travaillant sur des secteurs particuliers, fussent-ils utiles à tous ou simplement à un petit nombre.

    De fait, pour Jean Tirole comme pour nombre de ses prédécesseurs, l’économie, relevant de la « science », doit toujours l’emporter sur le politique. Il se rattache donc, comme l’a dit le professeur Christian Stoffaes, « à la gauche utopique pré-marxiste et au positivisme » et, comme la plupart des « ingénieurs-économistes », adhère « à l’idéologie du progrès par la science ». C’est pourquoi Jean Tirole a toujours considéré que le « régulateur » économique – en France, l’Autorité de la concurrence – devait être mis à l’abri de toute influence politique. Il a d’ailleurs tiré les conclusions de cette logique pour justifier la création d’une Union bancaire européenne qui ne dépendrait pas des états : « Il ne faut pas, a-t-il dit, que les gouvernements puissent intervenir dans la réglementation prudentielle car les gouvernants ont leurs propres objectifs qui peuvent après entraîner des difficultés importantes pour les banques ».

    Ainsi, depuis plus de vingt ans, le prix Nobel d’économie ne couronne que des spécialistes de micro-économie. D’une part, parce que l’analyse des statistiques individuelles permet de donner une tournure plus scientifique à la recherche que l’étude des statistiques nationales. D’autre part, parce que de telles études ont une apparence plus « démocratique » que les analyses macro-économiques : pour les « démocrates », en effet, l’intérêt général n’est que la somme des intérêts individuels. Si l’on « maximise » le profit de chacun, on « maximisera » le bien-être de tous. Pour le plus grand bonheur des (grandes) entreprises. 

    C’est l’avis de Manuel Valls qui a remis au goût du jour un projet déjà porté par Nicolas Sarkozy mais qui est maintenant revêtu de l’autorité du prix Nobel : la fusion des contrats à durée indéterminée et des contrats à durée déterminée dans un contrat de travail « unique » !

     

    Que penser du contrat de travail unique ? 

    Derrière cette « réforme » se cache en fait la suppression des CDI, accusés de rigidifier le marché du travail en « surprotégeant » ceux qui en bénéficient, et la généralisation du CDD. Elle est bien vue des grandes entreprises multinationales qui y voient le moyen de délocaliser plus facilement leur production vers des pays où les charges sociales sont moins élevées ou de remplacer les travailleurs autochtones par des immigrés moins exigeants, mais elle se heurte, naturellement, à l’hostilité des syndicats de salariés. Avec une telle réforme, on se rapprocherait du système américain. Mais, si le marché du travail américain est plus fluide et moins contraint que le nôtre, cela ne signifie pas obligatoirement que sa fluidité est « la » cause du plein emploi. à l’inverse, les études statistiques relatives à l’activité des multinationales montrent effectivement qu’elles se portent mieux si elles peuvent « presser le citron et jeter la peau ». Autrement dit, remplacer leurs salariés dès qu’ils sont jugés moins performants. On a beau dire que le marché du travail, en France, protège trop l’emploi et pas assez le salarié, ce n’est pas cette mesure qui, à elle seule, changerait la donne en profondeur. Le chômage ne diminuerait pas uniquement du fait d’une telle « réforme ». Il ne diminuera que si les produits fabriqués en France trouvent preneur au prix auquel ils sont obtenus et s’ils correspondent à un besoin réel des consommateurs. Agir uniquement sur la nature juridique des contrats du travail, c’est s’intéresser à un symptôme dans le but de n’avoir pas à affronter les causes du mal. Qu’un mathématicien, égaré dans le monde économique de la grande entreprise se laisse tenter, soit ; qu’un homme politique, responsable du bien commun, lui emboîte le pas, non !   

    Le prix Nobel d’économie 2014 vient donc couronner un Français qui a fait le choix, à un moment crucial de sa carrière, de revenir en France… Mais dont on peut se demander si, même inconsciemment, il n’est pas plus au service des intérêts américains qu’un Français ayant assimilé les acquis intellectuels américains pour les faire servir au rayonnement de la France dans le monde. ♦

     

    Source : Politique magazine

  • Le jugement radical d'Auguste Comte sur l'idéologie révolutionnaire

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    « Depuis trente ans que je tiens la plume philosophique, j'ai toujours représenté la souveraineté du peuple comme une mystification oppressive et l'égalité comme un ignoble mensonge.» 

     

    Auguste COMTE

    Lettre au général Bonnet, 1er décembre 1855

     

  • 21 Novembre 1914 ... Guillaume II, Empereur d'Europe

    DHALPORT0134.jpgMme de Mac-Mahon a vu aujourd'hui, rue François 1er, une dame de la Croix-Rouge, faite prisonnière à Bapaume, emmenée en Allemagne et revenue en France après quelques semaines d'internement à Hanovre. Cette dame fait le récit suivant :

    « L'ambulance avec laquelle j'avais été faite prisonnière étant passée sous la direction du service de santé allemand, il y eut quelque temps fusion des deux personnels. Je ne tardai pas à remarquer un blessé - d'ailleurs très légèrement atteint d'un éclat d'obus à la cuisse - à qui l'on témoignait une déférence particulière. Voyant ma curiosité, un des médecins allemands finit par me révéler que cet auguste blessé était un des fils de l'Empereur, le prince Eitel. Et, cette confidence faite, il ajouta :

    - Il est triste, notre cher prince Eitel...

    - Et pourquoi est-il triste ? demandai-je.

    On traversait à ce moment une de nos provinces qui a particulièrement eu à souffrir de l'invasion.

    Parce qu'on abîme la France. Et c'était la France qui était destinée au prince Eitel.»

    Cette dame ajoutait :

    « Il ne faut pas s'étonner que Guillaume II ait partagé - avant de savoir s'il aurait la victoire - les peuples vaincus entre ses fils, car j'ai vu sur les murs de Hanovre des affiches dont le titre portait en grosses lettres : Guillaume II, Empereur d'Europe. »

    Des précisions sur la disgrâce de Joseph Caillaux se répandent. D'abord de nombreuses personnes ont été les témoins de scènes désagréables qui se sont produites chez Larue. Un jour, un officier supérieur anglais et quatre de ses collègues sont partis en déclarant qu'ils ne s'assoiraient pas auprès de l'ancien ministre. Le propriétaire du restaurant a fini par prier M. et Mme Caillaux de ne plus venir chez lui, sinon il était menacé de perdre sa clientèle.

    La Stampa, de Turin, a raconté que la disgrâce de Joseph Caillaux et son éloignement avaient été provoqués par le généralissime. Voici le fond de l'histoire. Trésorier-payeur aux armées avec le grade de colonel, Joseph Caillaux, en même temps député, s'était permis d'écrire au général Joffre pour protester contre une punition réglementaire infligée à un officier de réserve, électeur dans la circonscription, désormais célèbre, de Mamers. Joffre répondit par quinze jours d'arrêt à Joseph Caillaux et par une mise en demeure au gouvernement d'avoir à le débarrasser au plus tôt de l'encombrant personnage. On peut croire que Briand et Millerand n'ont pas demandé mieux que de donner satisfaction au généralissime. Caillaux lui-même, pour qui la situation était intenable à Paris, a sans doute accepté avec plaisir la solution d'une mission à l'étranger. Cependant il se pourrait que la série de ses tribulations et de ses avanies ne fût pas achevée. Le bruit court au Figaro qu'il se pourrait fort bien que le ménage Caillaux ne pût même pas débarquer à Rio de Janeiro. 

    Mais cette affaire a encore contribué à irriter le commandement, devant qui cèdent de plus en plus les politiciens.  ♦   

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  • Stratégies pour le XXI ème siècle, par Jean-Louis FAURE

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    Du 8 au 11 novembre nous venons d’être les témoins éloignés d’une réunion de 21 pays à Beijing, qui représentent 60 % de la richesse mondiale, environ 3 milliards d’êtres humains à la surface du globe et la moitié du commerce mondial, répartis des deux côtés du Pacifique : le sommet de l’APEC, Asia Pacific Economic Cooperation, le second qui se tenait en Chine, après Shanghai il y a 13 ans

    La France n’eut pas d’observateurs, pas plus d’ailleurs que cet invertébré que certains appellent l’Europe.

    Par la densité des échanges et l’importance des décisions prises, cette réunion annuelle aurait dû retenir toute notre attention. Au lieu de quoi la couverture médiatique de l’évènement fut des plus succinctes et pusillanime.

    En 2001 la Chine était considérée comme un pays pauvre. Sept ans plus tard les jeux olympiques de 2008 furent une première démonstration de puissance. Treize ans après Shanghai qu’avons-nous vu ? Une fantastique progression. Un axe Pékin – Moscou qui prend forme, des accords historiques entre la Russie et la Chine, une Chine qui s’impose en futur maître du monde. L’alliance entre la Russie et la Chine apparaît non plus comme un épiphénomène temporaire dicté par les récentes circonstances géopolitiques mais comme une orientation stratégique profonde qui devrait façonner de manière durable le 21ème siècle.

    Moscou redessine avec Pékin la carte des grandes alliances mondiales. Au-delà des grands accords dans l’énergie qui structurent leur nouvelle coopération, la Russie et la Chine prennent ensemble du recul par rapport à l’Occident sur fond de crise ukrainienne. L'union eurasiatique de Vladimir Poutine commence à prendre forme.

    Il est peu probable que la Chine puisse se substituer totalement à l’Europe pour la Russie qui reste malgré tout une puissance européenne tant culturelle qu’économique, mais il est évident que, à valeur économique égale, le Kremlin favorisera dorénavant les projets de coopération avec la Chine et l’Asie au détriment de l’Europe. Le projet de TGV Moscou-Pékin ou la décision de la banque VTB de faire migrer sa cotation boursière de Londres à Hong-Kong, sans même parler de l’accord sur un deuxième gazoduc qui passerait par le Xinjiang, n’en sont que les signes avant-coureurs.

    « La Russie et la Chine doivent résister aux pressions de Washington et rester unies dans l’intérêt du monde entier. » Le leader chinois Xi Jinping ne pouvait pas être plus clair lorsqu’il s’est adressé au président russe Vladimir Poutine. Pour sa part, le dirigeant russe, a déclaré que « l’alliance du futur » réside dans le partenariat Yuan-rouble. C’est-à-dire dans l’abandon par deux des principales puissances économiques mondiales du dollar pour les échanges dans le domaine de l’énergie (puisque Moscou et Pékin ont signé une alliance aux proportions gigantesque dans ce domaine, 400 milliards équivalent $ sur 30 ans), mais également dans le secteur du marché de l’armement. Le sommet de l’APEC ces 10 et 11 novembre a marqué un changement majeur dans les équilibres internationaux.

    Tous les observateurs ont conclu qu’un coup d’arrêt brutal vient d’être marqué contre les États-Unis.

    La principale raison est que l’APEC a choisi de suivre la Chine sur le chemin, encore timide et expérimental, d’un traité commercial centré sur l’Asie, qui offre une alternative et se pose en concurrent direct du traité TPP proposé par Washington à certains pays de la zone (une douzaine) et qui excluait précisément la Russie et la Chine. Les 21 Etats membres ont réaffirmé leur engagement en faveur du projet de libre-échange promu par Pékin. Le tout en actant le lancement, à l’APEC, d’une étude de faisabilité concernant une vaste zone de libre-échange impulsée par la Chine.

    Sans parler du fait que la plupart des accords signés entre Xi Jinping et Obama – dans le secteur commercial, militaire, antiterroriste, de la Santé, et des infrastructures – sont plus avantageux pour la Chine et pour sa projection au plan international que pour les États-Unis. La relation entre la Chine et les Etats-Unis a connu plusieurs développements positifs en marge de l'Apec. Outre un accord pour faciliter grandement l'entrée des Chinois sur le territoire américain, les deux pays se sont entendus pour une levée des droits de douane sur une vaste gamme de produits dans les technologies de l'information, des consoles de jeu aux systèmes GPS. Il s'agit d'un pas important pour tous les intervenants du secteur, car l'Organisation mondiale du commerce avait dû bloquer un projet de libéralisation des échanges dans ces domaines, en raison des différends entre Pékin et Washington. En débloquant ce dossier, les deux premières puissances mondiales ouvrent la voie à une vaste négociation qui pourrait réduire à zéro plus de 200 droits de douane, selon la Maison-Blanche. Une volonté nette, donc, de s'afficher unis sur un dossier qui concerne le monde entier. 

    Devant un parterre de plusieurs centaines de chefs d’entreprise, le leader chinois a exalté le rôle de la Chine dans l’économie mondiale, faisant remarquer que les investissements chinois prévus pour les 10 prochaines années s’élèveront à 1.250 milliards de dollars. Deux exemples: accorder au Canada plus de 8 milliards de dollars de quotas d’investissements en yuans en Chine, après s’être engagé à investir 42 milliards de dollars chez le grand allié pakistanais. Elle a décidé d’ouvrir ses banques et ses fonds de pension aux investisseurs internationaux.

    Le leader chinois a annoncé que Pékin investira pas moins de 40 milliards de dollars dans le fonds visant à développer des infrastructures dédiées à la Silk Road Economic Belt, une réédition de la « Route de la Soie » basée sur un projet d’infrastructures multimodales qui reliera le géant asiatique à l’Europe à travers une route terrestre (qui se calque sur l’ancienne Route de la Soie) et une autre maritime. 

    Une stratégie qui vise clairement à réduire la dépendance de ces régions vis-à-vis de l’hégémonie américaine le long des voies de communication maritimes et qui pourrait pousser Pékin à maintenir un rôle actif en termes de politique étrangère, en particulier en recherchant une plus grande stabilité en Asie centrale et au Moyen-Orient, entrant ainsi en collision frontale avec les plans américains de déstabilisation et les intérêts économiques de l’Union européenne.

    C’est une véritable refonte des équilibres et des rapports de force au plan international à l’avantage évident de la Chine, en passant par-dessus les narrations occidentales bâties sur des questions qui, sur le plan des relations entre grandes puissances, nous semblent véritablement de peu d’importance.

    Que déduire de tout ceci ? C’est assez simple : Poutine lance un signal aux Européens. Si l’Europe maintient son allégeance aux États-Unis, et continue à vouloir avoir le contrôle des gazoducs d’Ukraine, alors la Russie vendra son gaz ailleurs. Un autre point important, est que dans le cadre de ces accords, il y a une vraie nouveauté, explicite et exposée publiquement : l’échange pétrolier-gazier, et tous les investissements chinois en Russie, et les rapports bancaires se feront sur la base d’échanges en roubles-yuans. Un nouvel avertissement très clair aux États-Unis d’Amérique, et aux marchés occidentaux.

    Il resterait à compléter le papier de Champsaur du 28 Mai 2013 dans Lafautearousseau sur le complexe militaro-industriel chinois (il faut y inclure l’aviation civile), qui continue à avancer à grands pas. Sujet assez vaste qui demande un exposé spécifique.

    La situation internationale se fait de plus en plus difficile et inquiétante, car ces changements, qui se font en partie sous la contrainte, amèneront des bouleversements dont on mesure mal la nature, à brève échéance, mais qui auront un impact stratégique majeur à plus long terme, pour tous les grands protagonistes mondiaux. ♦

  • 20 Novembre 1914 ... Le nouveau pontificat commence à se révéler ... Benoît XV est un aristocrate

    Benedictus_XV.jpgLe nouveau pontificat, commencé presque obscurément au milieu du plus grand grand tumulte européen, commence à se révéler. Benoît XV est un aristocrate et un diplomate, et ses premiers actes, dans la situation difficile que la guerre crée au chef de l'Eglise, ont été, à tous les points de vue irréprochables. C'est ainsi qu'il a facilité au gouvernement de la République la réparation de la lourde faute commise en 1904 , faute qui a fait rire la diplomatie du monde entier aux dépens de ces "hommes d'état" de la démocratie qui se croyaient très malins - comme des francs-maçons de village restant à la porte de l'église pendant un enterrement*. La guerre, le nouveau pontificat donnaient l'occasion de renouer avec le Saint-Siège des relations diplomatiques dont, chose curieuse, Joseph Caillaux s'est toujours vanté d'être partisan. Benoît XV, avec beaucoup de largeur d'esprit, a fait les premiers pas sous la forme la plus digne et la plus correcte : il a été notifié son élection au gouvernement de la République. Or, de la source la plus sûre, on me raconte ceci : 

    Poincaré, en recevant la notification du Pape, fut très embarrassé. La solution à laquelle il s'arrêta fut la suivante. Jules Cambon**, notre ancien ambassadeur à Berlin, devant partir pour une mission officieuse en Italie, fut chargé de remettre au Vatican la réponse du président de la République. Cette réponse était très sèche, on peut même dire à peine polie. Mais Jules Cambon était chargé d'expliquer à Benoît XV que ce texte, soumis au Conseil des ministres, n'était ainsi conçu que pour des raisons politiques et que les félicitations et les remerciements du Président et du gouvernement français devaient y être joints.

    A ce propos, la question italienne devient de plus en plus délicate, et nous en manquons pas de maîtres gaffeurs pour embrouiller les choses. Depuis le commencement de la semaine, le récit d'un incident qui s'est produit à Turin fait le tour de la presse d'outre-monts. Une conférence du professeur Richet s'est terminée, sur un mot maladroit de l'orateur, par des protestations et même des cris de "A bas la France !" On devrait bien envoyer pour ce genre de missions des personnages plus adroits.. 

    Capus raconte ce mot que lui a dit un vieux parent qu'il a été voir cet été aux environs de Bordeaux : "Eh bien ! Vous en aurez une, de guerre, là-haut !" Ce "là-haut", c'est toute la tranquillité du Midi, abrité contre l'invasion. Cependant le 18ème Corps, celui de Bordeaux précisément, s'est battu d'une façon admirable et a été mis tout entier à l'ordre du jours de l'armée.  ♦

     

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    *  En mars 1904, le président de la République Emile Loubet s'était rendu à Rome pour une visite au roi d'Italie en ignorant le Saint-Siège.

    **  Jules Cambon (1845-1935), ambassadeur à Berlin de 1907 à 1914, premier secrétaire général du Quai d'Orsay d'octobre 1915 à 1920.

  • Tout ça... pour cà ?... par François Davin

    24839943.jpgNous avons décidé de reprendre quelques textes fondateurs de Lafautearousseau. Celui-ci, très court, rédigé par François Davin, remonte au 2 mars 2007, juste après la première note du Blog, le 28 février 2007, "LA" question de fond , que nous avons redonnée le 12 Novembre dernier, et dont il est comme une suite...

    C'était sous la présidence Chirac, et cette première note a été, depuis, maintes fois reprise, sur divers sites et blogs royalistes. C'est sur ces idées simples que nous avons créé Lafautearousseau, il y a presque huit ans. Nous n'avons, hélas, rien à y changer, après la présidence Sarkozy et sous celle, calamiteuse, de François Hollande. La France poursuit sa descente aux Enfers. Et lorsque Eric Zemmour publie son "Suicide français", la France entière sent bien qu'il parle vrai. Nous n'avons donc vraiment aucune raison de renoncer à penser et à dire que la France doit changer, non de majorité, mais de régime. Et que le régime qui lui conviendrait le mieux serait une monarchie - une monarchie royale. Est-ce une gageure ? Sans-doute. Mais la véritable gageure ne serait-ce pas, aujourd'hui, de vouloir la survie de la France et le maintien du régime actuel ?  ♦   Lafautearousseau 

     

    On s'est fait avoir il y a deux cents ans... : on était les premiers, on n'est pas les derniers, mais presque; on était les plus riches, on accumule dettes et déficits; on donnait le ton au monde entier, qui nous copiait et nous imitait ; tout le monde parlait français, on construisait Washington sur le modèle des villes "à la française" : aujourd'hui la France n'intéresse et n'influence plus grand'monde, et si on nous regarde, c'est le plus souvent avec commisération : nous faisions envie sous les Rois, nous faisons presque pitié sous la République; bien sûr, nous avions des problèmes sous Louis XVI, mais nous étions dans la situation des USA aujourd'hui, nous étions LA superpuissance, avec ses problèmes, mais superpuissance malgré tout et numéro un incontesté, faisant la course en tête dans tous les domaines ou presque...

    Aujourd'hui, il ne nous reste que les difficultés, et la France ne cesse de s'étioler, de s'affaiblir : un jour viendra où toutes les réserves auront été épuisées, et la France tout simplement, sortira de l'Histoire, du moins en tant que grand peuple qui compte...

    Ne voit-on pas les signe alarmants qui se multiplient : 2000 milliards de dette; 5 millions de  fonctionnaires, et plus, qui stérilisent une grande part de notre richesse; une démographie chancelante et une armée d'immigrés, imposée par le gouvernement républicain sans que le Peuple ait été associé (ni même, au départ, informé !) de cette décision; un empilement et une superposition de lois et de règlements (plus de 400.000 !), tatillons et très souvent inefficaces, qui étouffe et décourage l'entreprise et l'initiative privée, créatrices de richesse; 2.500.000 français (la plupart  jeunes...) partis travailler à l'étranger par déception et lassitude devant les blocages de la société... ♦

  • 19 Novembre 1914 : la vie de société reprend à Paris, mais la ville est truffée d'espions...

    Paris-1900-photo-couleurs3.jpgIl ne faut pas s'étonner qu'il y ait tant de "fuites". Voici un cas dont nous avons été avisés hier, et le renseignement a été immédiatement transmis à la place : Z... (un nom allemand) administrateur de l'Allgemeine Elektrizitäts Gesellschaft, est à Paris comme administrateur de la société Thomson Houston, qui en ce moment fabrique des obus pour l'armée. La Thomson-Hoston est en relation étroite avec la Compagnie des Omnibus, dont les voitures automobiles servent pour le transport des troupes et des munitions. Et l'on s'étonne que l'ennemi soit renseigné heure par heure sur nos mouvements et sur nos projets !...

    La vie de société reprend à Paris : la ville se ranime légèrement, et certains quartiers, celui de l'Opéra, celui de la gare Saint-Lazare,retrouvent presque, entre quatre et six, leur aspect d'antan. Les femmes visitent de nouveau les magasins, quoique cette année la mode chôme, excepté pour les chapeaux, qui ont tendance à emprunter une allure militaire : le bonnet de police en fourrure est en faveur. De quelles extravagances de luxe la guerre aura-t-elle fait passer à cette simplicité !

    Une des grandes douceurs du moment est de se retrouver entre amis. Il y a tant de funestes nouvelles, tant de visages qu'on ne reverra pas : aujourd'hui encore, c'est Alfred de La Barre de Nanteuil, tué à Dixmude à al tête de ses marins ! A dîner, ce soir, nous avons eu le plaisir de nous réunir entre intimes qui ne s'étaient pas revus depuis la guerre. Au souvenir des journées terribles du mois d'août, on sent plus profondément le bonheur, qui est presque un miracle, d'avoir échappé à al catastrophe où Paris pouvait tant souffrir... Combien auront-ils été ceux qui, tout en faisant bon visage et en affectant la confiance, croyaient à la fin de tout dans le fond de leur coeur lorsque l'Allemagne victorieuse envahissait le territoire ! L'impression des combattants eux-mêmes, la certitude du désastre, étaient si profonde que, nous dit Mme X..., qui vient de passer deux mois dans une ambulance, les blessés de Charleroi ne veulent pas croire encore que les Allemands aient pu être battus. Les récits qu'ils font de cette journée de défaite et de déroute sont tragiques.

    La conversation revient toujours comme par une sorte d'attrait magnétique sur les circonstances dans lesquelles Paris a failli être livré aux Allemands sans combat. André Beaunier cite ce mot extraordinaire de Joseph Caillaux à Messimy, ministre de la Guerre : "Je puis encore obtenir des conditions de paix acceptables, mais à condition de ne pas défendre Paris." Un autre convive tient d'un diplomate que Von Kluck serait venu à Paris même pour traiter de la reddition. Enfin il paraît que l'intervention et l'insistance du général Foch auraient été pour beaucoup dans la reprise d'offensive sur la Marne, tandis que le général Joffre aurait été partisan d'une retraite jusqu'à Orléans. Je note sous bénéfice d'inventaire ces propos de Parisiens répandus et bien renseignés.

    D'ailleurs, ce soir, l'impression générale est bonne. Il n'est question, de toutes parts, que de "quelque chose de nouveau" pour les jours prochains. On parle d'une intervention de l'armée de Paris conduite par le général Gallieni. Même rumeur à Calais, d'où je reçois des nouvelles. Joffre y est venu ces jours-ci, et l'impression que son état-major a laissée parmi les officiers, c'est que l'on était arrivé au milieu de la guerre, qui devrait ainsi prendre fin vers le mois d'avril.

    Symptôme fâcheux parmi les signes favorables : à Calais, de nombreux soldats belges ont jeté leurs fusils, refusant de continuer à se battre, se plaignant de ne pas même savoir où sont leurs femmes et leurs enfants. Ce fait coïncide avec les avis répétés que me donne G... qu'on ne fait pas encore assez pour les Belges et qu'il y a là un péril.  ♦ 

     

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