Un rapport administratif accable Sciences Po Grenoble, par Christian de Moliner.
Un rapport administratif de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche sur l’affaire de l’institut des sciences politiques de Grenoble vient d’être remis à Frédérique Vidal, le ministre de l’Enseignement supérieur. S’il pointe les « maladresses » des deux professeurs visés par les accusations d’islamophobie, il est surtout accablant pour leurs adversaires.
Le rapport dénonce un « climat de terreur » instauré par l’Union syndicale, un groupement étudiant. Ses membres émettent, à l’encontre de tous ceux qui ne partagent pas leurs convictions, de graves accusations sur les réseaux sociaux ; soit ils dénoncent systématiquement le racisme de leur opposant, soit (plus grave) ils lancent des rumeurs de violences sexistes sans aucun témoignage, sans qu’aucune plainte ni auprès de la police ni auprès de la direction ne soit enregistrée. Le but étant d’exclure de la vie sociale voire de l’IEP lui-même des étudiants désignés comme cibles.
Il y a eu une stratégie de « harcèlement moral » qui a instrumentalisé l’islamophobie et les violences sexuelles afin de compromettre des adversaires politiques. Ce système a marché à plein régime tout en contournant la loi et la morale. La présomption d’innocence a été systématiquement bafouée et a même été qualifiée d’« outil d’une justice de classe qui muselle la parole des victimes ». Fouquier-Tinville ne renierait pas ces jeunes intolérants qui se croient, il faut le souligner, de grands démocrates.
Le rapport établit l’enchaînement des faits. N’obtenant pas gain de cause dans le conflit l’opposant à Klaus Kinzler, la chercheuse qui a débattu avec lui a envoyé un courriel à sa directrice du laboratoire de recherche, s’estimant insultée, et a affirmé qu’à travers elle, l’ensemble de leurs collègues travaillant dans le laboratoire (voire l’ensemble des chercheurs en France) était diffamé. La directrice, prenant fait et cause pour sa subordonnée, aurait, selon le rapport, usurpé l’autorité du président de l’université en signant un communiqué en son nom et en se mêlant de la gestion des ressources humaines de l’IEP, ce qui n’est pas de son ressort. Ces faits seront inscrits dans son dossier administratif. Il résulte de l’enquête que les étudiants et les professeurs du laboratoire ont beaucoup échangé entre eux au sujet de l’affaire et que les premiers ont été les relais des seconds.
Les étudiants, ou plutôt leurs organisations syndicales, ont pris depuis quelque temps beaucoup d’importance dans la gestion des universités en coprésidant l’université ou en gérant les fonds destinés à la vie étudiante ainsi que les subventions aux associations. Tout cela pèse sur la vie et les orientations budgétaires des universités.
Ce rapport est inquiétant. Pour un établissement mis sous le feu des projecteurs, combien d’universités sont sous le joug d’une minorité qui impose sa loi et fait la chasse aux « dissidents » ?
On parle d’islamo-gauchisme, mais ce terme n’est pas nécessairement adéquat. Il vaudrait mieux parler de fascisme et de totalitarisme qui se répandent dans les facultés : des jeunes biberonnés depuis leur plus jeune âge au gauchisme refusent tout jugement discordant, toute pensée déviante. Ils se croient investis de la vérité, la seule et unique. Ils constituent une menace grave qui sera difficile à contrer.