Année Saint-Joseph Un amour qui libère, par Gérard Leclerc.
La sainte Famille, église Sainte-Clotilde, Paris.
© Pascal Deloche / Godong
L’annonce par le pape d’une année consacrée conjointement à la famille et à saint Joseph se doit d’être reçue avec le plus d’attention possible, en évitant notamment les chausse-trapes des polémiques qui risquent de détourner des objectifs d’une telle entreprise.
La portée anthropologique et sociale d’une réflexion sur les liens familiaux est aujourd’hui capitale, si l’on veut bien se rendre compte de la gravité de certaines pathologies qui affectent le corps social dans son ensemble. Un scandale vient de mettre en évidence le fléau de l’inceste qui ne concerne pas seulement un secteur aux mœurs dissolues. Les médias donnent, en ce moment, une résonance singulière au phénomène de contagion qui traverse la jeunesse, à propos d’une identité sexuelle mal perçue ou refusée. Un discours aberrant se fait jour à ce propos, comme s’il s’agissait d’une question d’ouverture et de bienveillance à l’égard de ces personnes, alors qu’il s’agit d’une crise profonde de l’affectivité qui ne peut qu’entraîner un déséquilibre général du lien social.
L’effet du péché originel
Le problème pour l’Église ne consiste nullement à affaiblir ses convictions fondatrices à propos de l’amour conjugal, du sacrement qui le consacre et des conséquences qui en découlent, mais à réfléchir le plus intensément possible à sa portée actuelle, qui est d’ordre civilisationnel. L’importance que l’on a donnée à ce sujet à la psychanalyse et à son fondateur Sigmund Freud n’est nullement usurpée, en dépit des objections graves que leurs fondements philosophiques suscitent. L’amour humain n’est pas une donnée simple, il se trouve intimement mêlé à un instinct de mort qui se déploie en une agressivité omniprésente. Avant les théories modernes, saint Augustin avait montré comment un large espace de notre psyché échappait au contrôle de la conscience libre et réfléchie, ce qu’il considérait être l’effet du péché d’origine.
Réhabiliter l’amour humain
On conçoit donc que l’insistance mise sur le thème de la famille ne consiste nullement en une tâche facile. La simple réhabilitation de l’amour humain s’oppose à ce que Freud appelait un malaise dans la culture, qui induisait une destruction de la relation, bousculée de maltraitance en abandon. L’illusion de l’individualisme contemporain a consisté à croire que la liberté pouvait se construire dans l’indifférence à l’affectivité qui l’environne et lui permet de se reconnaître au moyen des liens fondateurs de la famille. Lorsque Jean-Paul Sartre affirmait « l’enfer c’est les autres », il signifiait d’une seule formule la faille d’une modernité qui isole la liberté de ses conditions d’exercice. Avec le retour à saint Joseph et au sens du sacrement de mariage, il ne s’agit nullement de piété mièvre, mais d’un examen des fondamentaux qui permettent l’accès au vrai bonheur et à l’épanouissement des enfants accueillis dans la joie d’un amour qui libère en construisant.
Source : https://www.france-catholique.fr/