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Le regard vide, extraits n° 8, 9 et 10.

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Il faut être reconnaissants à Jean-François MATTEI, avons-nous dit, d’avoir écrit « Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne ». Et, en effet, il faut lire et relire ce livre, le méditer, en faire un objet de réflexion et de discussions entre nous. Il dit, un grand nombre de choses tout à fait essentielles sur la crise qui affecte notre civilisation – et, bien-sûr, pas seulement la France – dans ce qu’elle a de plus profond.  

 Ce livre nous paraît tout à fait essentiel, car il serait illusoire et vain de tenter une quelconque restauration du Politique, en France, si la Civilisation qui est la nôtre était condamnée à s’éteindre et si ce que Jean-François MATTEI a justement nommé la barbarie du monde moderne devait l’emporter pour longtemps.

 C’est pourquoi nous publierons, ici, régulièrement, à compter d’aujourd’hui, et pendant un certain temps, différents extraits significatifs de cet ouvrage, dont, on l’aura compris, fût-ce pour le discuter, nous recommandons vivement la lecture. 

 -extrait n° 8 : page 67.

« Toute la monarchie du grand Turc est gouvernée par un seul homme -lit-on dans Le Prince- tous les autres sont ses esclaves. »…. L’équilibre européen, qui est le moteur de toutes les chancelleries depuis le XVIème siècle, n’est en réalité qu’une succession de déséquilibres et de basculements, sinon de guerres. »

 

-extrait n° 9 : pages 117/118.

Mais on doit suivre Benjamin quand il avance que le déclin de l’art met en péril ce que l’Europe avait toujours compris sous le nom de culture. Désormais la seule fin que l’œuvre satisfait, c’est le désir irrépressible du consommateur de « posséder l’objet d’aussi près que possible, dans l’image ou, plutôt, dans son reflet, dans sa reproduction (1), selon un processus de standardisation qui supprime l’exigence d’unicité. L’œuvre perd sa proximité intellectuelle à mesure de son enlisement dans la promiscuité matérielle des produits qui vont être aussi rapidement utilisés que délaissés.

(1)     : W. Benjamin, « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », pages 278/279.

 

-extrait n° 10 : page 125.

Telle est l’impression qu’éprouve Hannah Arendt lorsqu’elle critique la disparition du monde commun. Dans la lignée de Benjamin, l’auteur de la Crise de la Culture met en cause la confiscation moderne des œuvres culturelles par une société de masse qui les consomme au même titre que les objets d’usage, et qui réduit le monde stable des œuvres aux processus éphémères de la vie. On connaît son jugement définitif : « Le résultat n’est pas une désintégration, mais une pourriture. » Les œuvres de culture, du moins celles que la tradition européenne entendait sous ce nom, ne concernent pas au premier chef les hommes, qui pourraient les utiliser selon leur bon plaisir, mais le monde qu’ils habitent puisque celui-ci est destiné à durer au-delà de la vie des mortels. Hannah Arendt peut alors dénoncer, en des termes plus sévères que Benjamin, l’abolition de la culture à laquelle les sociétés de masse se livrent avec d’autant plus d’ardeur qu’elles confondent la culture véritable, qui exige la pérennité des œuvres dans la sauvegarde du monde, avec l’industrie des loisirs, qui impose la consommation des objets dans une frénésie de destruction vouée à al fausse proximité de l’immédiat.

 

 Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne, de Jean-François Mattéi. Flammarion, 302 pages, 19 euros.

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