Valérie Pécresse, la reine du manche à balai, ou : comment se mettre tout le monde à dos...
Très forte, cette Valérie Pécresse ! La voilà qui a réussi à se mettre à dos non seulement les adversaires de sa réforme, ce qui serait somme toute assez naturel, mais aussi et surtout ceux qui, au départ y étaient plutôt favorables !
Comme on le dit très familièrmeent Il faut le faire ! Eh bien, elle, elle l'a fait !
Ecoutons Pierre Jourde, professeur à l'université de Grenoble- III (1)...
"...Au départ, il n'y avait pas d'à priori. On avait expliqué la situation très clairement à la ministre, en dénonçant les abus de pouvoir locaux comme la source de l'essentiel de nos maux. La réforme va exactement dans le sens opposé, en aggravant ces maux. Puisqu'elle met notre temps de travail et notre carrière entre les mains du président de l'Université.
Il y avait pourtant plusieurs solutions : qu'on ne puisse pas faire carrière dans son université d'origine; renforcer le CNU (Conseil national de l'Université), un organe assez indépendant, et les membres extérieurs dans les comités de recrutement."
Si on lui demande quels sont ses griefs, il répond sans hésiter :
"L'aspect idéologique et paradoxal d'une réforme sans aucun pragmatisme. La culture du résultat dans la recherche fondamentale, ça donne lieu à des aberrations, comme la bibliométrie : on mesure votre niveau à vos publications dans des revues de renom et pas à la qualité de vos recherches. Les chercheurs vont publier à tour de bras. On croule sous les travaux médiocres en sciences de l'éducation, alors qu'on peut mettre cinq ans à faire un grand livre. On nous dit professionalisation, mais on exclut toute sélection. Quelle est notre crédibilité ? On va professionnaliser des nuls ? Pour la réforme du concours des futurs enseignants, on connaît depuis des lustres la médiocrité des IUFM et on va céder devant ces gens qui ont démoli l'enseignement. On va construire une société sans âme..."
(1) : Pierre Jourde a dirigé l'ouvrage collectif Université, la grande illusion. Ed. L'Esprit des péninsules.
Commentaires
Si j'ai bien compris, Pierre Jourde reproche à la ministre de désigner une personne qui sera responsable de la performance et qui en tirera les conséquences au niveau de l'avancement des personnels.
Etre performant quelle horreur, comment ose-t-on nous traiter comme le privé etc,etc.....!!!!
Evidemment, le tableau d'avancement traditionnel c'est plus confortable et ça n'engage à rien.
Une réforme est nécessaire et doit se faire pour éviter des départs trop nombreux à l'étranger où les possibilités de travail et les financements sont supérieurs.. sans compter une certaine absence de reconnaissance du public qui petit à petit démotive.
En effet la quantité des publications n'en fait pas la qualité, mais sous cette exigence de qualité se profile un certain endormissement dont certains profitent à leur avantage.
Un contrôle est indispensable.