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Révolution et République, Ecole, Historiquement correct : un débat entre Philippe Nemo et Roland Huraux (3/3)...

Troisième partie : dénonciation de l’historiquement correct ; ou : les mensonges d’une certaine histoire officielle…..

F.C. : Philippe Nemo, dans votre livre, vous mettez en cause la conception de la Résistance qui prédomine encore aujourd’hui.

P.N. : La Résistance et le régime de Vichy sont en effet l’objet de quelque tabous qui ont la vie dure. Deux erreurs sont indéfiniment répétées.

          D’une part que la première vague de Résistance qui a précédé l’entrée du PCF dans l’action aurait été le fait de la gauche, alors qu’elle a plutôt été celui de la droite, voire de l’extrême-droite, et surtout des démocrates-chrétiens. C’est vrai tout autant du personnel de Londres que des résistants de l’intérieur comme Frenay, ou de ces « vichysto-résistants » sur lesquels un livre récent apporte un utile éclairage (« Les Vichysto-résistants de 1940 à nos jours », par Bénédicte Vergez-Chaignon, Perrin).

          Deuxième phénomène tragiquement occulté : la collaboration a été largement le fait d’hommes de gauche,  de « républicains », d’ascendance « 1793 » ! Or on n’accuse que les catholiques, la droite, les anti-communistes.

          Par exemple, on nous rappelle régulièrement que le premier statut des juifs du 3 octobre 1940 a été conçu par des catholiques et des maurrassiens de l’entourage de Pétain, ce qui est vrai. Mais on ne nous dit jamais qu’aussi horrible qu’ait été ce statut, il n’avait pas pour intention de préparer Auschwitz et le génocide, atrocités que les initiateurs de la loi ne pouvaient pas vouloir en 1940, pour la bonne raison qu’ils ne pouvaient même pas l’imaginer ! 

          Ce statut édictait des interdictions professionnelles absolument scandaleuses et indignes, contraires à al tradition française d’égalité devant la loi issue de 1789, mais il n’impliquait ni des persécutions directes ni des expulsions. Dans l’esprit revanchard et étriqué de ses promoteurs, il s’agissait de combattre l’influence des idées radicales-socialistes et franc-maçonnes par une politique culturelle appropriée. Les francs-maçons n’avaient-ils pas eux-mêmes, quelques années auparavant, combattu la catholicisme en interdisant l’accès de l’Enseignement public aux ecclésiastiques, c’est-à-dire en édictant, eux aussi, des interdictions professionnelles ? C’était donc, en un sens, la réponse du berger à la bergère.

          Les horreurs qui ont suivi, à savoir le second statut des juifs, l’ « aryanisation » des biens juifs, la création du Commissariat aux questions juives  avec ses redoutables fichiers, et surtout les rafles et l’expulsion vers les camps de la mort de quelques soixante-quinze mille juifs étrangers ou français, ont été le fait de Darlan et de Laval, deux hommes qu’on peut dire de gauche à certains égards, en tous cas excellents « républicains » et  laïcards  convaincus.

          Laval avait été député socialiste pendant une quinzaine d’années. Bousquet, l’organisateur de la rafle du Vel d’Hiv, était un radical, rédacteur de La Dépêche de Toulouse, et franc-maçon ! Et surtout, les extrémistes de la collaboration avec l’Allemagne, comme Jacques Doriot et Marcel Déat, étaient, l’un, un ancien dirigeant du parti communiste, et l’autre l’ex numéro deux de la SFIO ! Pour lui ; la collaboration avec l’Allemagne anti-capitaliste était naturelle. Il pensait sincèrement que les soldats d’Hitler étaient les continuateurs de l’œuvre des soldats de l’An II….. S’il suggérait de collaborer avec les nazis pour bâtir une nouvelle Europe, c’était non pas en fonction d’idées de droite, mais en raison de son socialisme !

         Il y a donc une grande injustice en même temps qu’une grande confusion intellectuelle dans la manière dont on a raconté toute cette histoire aux Français après la guerre.

R.H. : Je ne suis pas aussi systématique que vous sur cette période, même si, de fait, l’alliance tactique des gaullistes avec les communistes à partir de 1942, qui est la traduction, à l’échelle de la France, de l’alliance des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’URSS, a permis de désigner de commodes boucs émissaires après la guerre. On a façonné une légende qui fonctionne encore, comme on l’a vu avec l’affaire Guy Môcquet qui identifie la résistance avec le PCF. 

          Le mythe a pris une nouvelle tournure avec Mai 68, où on s’est servi du repoussoir que représentait Vichy pour justifier les dérives libertaires. On oubliait ainsi que certaines idées morales et sociales prônées à Vichy n’étaient pas si éloignées de celles de la Résistance, qui évoque aussi un principe de régénération morale et sociale. Péguy est bien souvent leur référence commune. On trouve une critique radicale de la France parlementaire et décadente des années 30 aussi bien chez les maurrassiens maréchalistes que dans la plupart des mouvements de résistance.          (fin).

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