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  • Histoire & Action Française • Rétrospective : 2018 année Maurras [1]

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras ». Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

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    Avant-propos ...

    Alors que la nuit de la saint-Sylvestre approche, où une fois de plus nos forces de l'ordre vont probablement être mises a rude épreuve, c'est le moment de jeter un oeil sur le rétroviseur. De quoi l'année 2018 a-t-elle été le nom ?

    Elle a commencé par une polémique déclenchée par le ministère de la Culture qui a décidé de mettre Charles Maurras dans la liste des commémorations officielles des personnalités ayant marqué l'histoire de France avant de se raviser.

    2018-world-cup-final-french-4635-diaporama.jpgA son mitan, s'est produite une vague nationaliste de grande ampleur, rappelant quelque peu l'euphorie qui gagna la France un autre été, celui de la mobilisation de 1914. Visages grimés aux couleurs de la patrie, Marseillaises entonnées a tout va et nombre pléthorique de drapeaux déployés, aux fenêtres des voitures en marche ou des logements... tel est ce que l'on a pu observer après la victoire de la France lors de la coupe du monde de football en Russie.

    325225350.jpgCe sentiment d'unité nationale a muté au moment de l'automne en une fièvre saine de contestation radicale du Pouvoir. Après les célébrations du centenaire du dénouement de la Grande Guerre, dont l'issue favorable pour notre pays doit en grande partie à l'énergie, au courage et à la probité de Maurras et des siens, le Pays Réel a initié un mouvement extraordinaire de révolte contre le Pays Légal, cette bancocratie cosmopolite que Macron représente avec une morgue typique des golden boys de la City et de Wall Street.

    Indéniablement ce Mai 1968 inversé, où cette fois c'est la périphérie (les provinces) qui donne le LA au centre (Paris), est pour tout défenseur du Pays Réel une divine surprise.

    2018, soit 150 années après la naissance du Maître de Martigues, a été l'année Maurras.  (A suivre)  

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
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  • Histoire & Action Française • Rétrospective : 2018 année Maurras [2]

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras »Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

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    In Winock veritas ?

    Dans le milieu des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, Michel Winock est une figure dʼautorité[1]. Fort de son statut de conseiller auprès de la rédaction du mensuel LʼHistoire, il sʼest donné la peine dans le numéro de juin 2018 dʼexprimer son point de vue expert à la piétaille qui nʼy comprend rien – nous les gueux sans doctorat ni agrégation – sur le cas Charles Maurras, qui depuis quelque temps a reçu un nouveau sobriquet : « M le Maudit ». 

    41qLB-P4F4L._AC_US218_.jpgIl est vrai que Michel Winock (photo) sʼest spécialisé dans lʼétude des figures « réactionnaires » (pour reprendre le vocable du libéral Benjamin Constant[2], vocable si cher aux socialo-communistes) de lʼhistoire littéraire de notre pays, comme Léon Bloy. Visiblement, Winock est attiré par les plumes talentueuses ! Confondant analyse historique et jugement moral, il se plaît dans le rôle de parangon de vertu républicaine, livrant les bons et les mauvais points. Untel a bien agi en 1789, un autre sʼest très mal comporté pendant la Commune, lʼattitude de celui-là fut indigne dans les années 1930 et 1940, heures les plus sombres de la doxa médiatique. 

    Il se garde bien en revanche dʼinsister sur le génocide de 1793-1794 commis par les révolutionnaires en Vendée, contribuant à lʼindigne « mémoricide » perpétré par lʼÉcole républicaine. Quelle horreur ce serait de salir lʼimage de Marianne : le professeur Winock profite des prébendes depuis tant dʼannées ! Quoi de plus ignoble que de blâmer la République !       

    En synthétisant la bien-pensance contemporaine relative à la représentation des faits historiques, Winock joue le rôle de guide des âmes en peine qui pourraient être troublées par les sirènes du populisme, du chauvinisme ou du passéisme, les pires maux de ce siècle à en croire la caste « ripoublicaine » qui nous gouverne. 

    Degradation_alfred_dreyfus.jpgComme le suggèrent le titre de lʼarticle puis son contenu, ce qui obnubile Winock chez Maurras cʼest son rapport à la question juive et à Adolf Hitler. En choisissant « La revanche de Dreyfus ? » comme titre, il fait un clin d’œil à la saillie que prononça Maurras en apprenant sa condamnation à l’indignité nationale et à la détention à vie pour intelligence avec lʼennemi en 1945 : « cʼest la revanche de Dreyfus ! » 

    Winock se fourvoie dans le réflexe pavlovien, en vogue chez les penseurs stipendiés, de la reductio ad hitlerum. Une autre historien, lʼAméricain dʼorigine russe Yuri Slezkine, commente cet état de fait en ces termes : à partir des années 1970 « lʼHolocauste devint tout à la fois lʼépisode central de lʼhistoire juive et de celle de lʼhumanité et un concept religieux transcendant concernant un événement réputé incomparable, incompréhensible et irreprésentable. »[3] Et Adolf Hitler de représenter le Mal pris comme un principe transcendant. « La conséquence la plus profonde de la Seconde Guerre mondiale a été la naissance dʼun nouvel absolu moral, celui du nazisme comme mal universel. »[4] 

    Du haut de sa science Winock édicte une fatwa, dʼoù Maurras sort plutôt sacrilège quʼen odeur de sainteté. Cʼest le moins que lʼon puisse dire. Mais à délaisser la raison au profit de la morale, lʼon risque de se commettre en imprécisions, inexactitudes, inepties. 

    Commençons par ce qui est dʼordre factuel. Winock écrit que Maurras aurait « défrayé la chronique au mois dʼavril 2018 ». Or cʼest quelques mois plus tôt, en janvier, que la polémique a éclaté lorsque le ministère de la Culture de Madame Nyssen a publié le cahier des commémorations officielles de lʼannée 2018, où le nom de « M le maudit » apparaissait, avant de le retirer, sous la pression des Valls et consorts. Mis à part les intimidations de la gauche contre les organisateurs dʼun colloque qui sʼest tenu à Marseille le 21 avril[5] – affaire relayée par quelques titres de presse comme La Provence ou La Croix –, rien dʼautre de retentissant ne sʼest passé au sujet de Maurras en avril. 

    Outre sʼemmêler les pinceaux dans les dates – un comble pour un historien –, Winock sʼembrouille quant aux notions « nationalisme », « nationalisme intégral » et « conservatisme ». Il se montre incapable de définir rigoureusement ces termes. Pour lui ils sont équivalents. Alors que le nationalisme, concept originellement de gauche, peut être aussi bien progressiste que traditionaliste, renvoyer tant au jacobinisme des Robespierre, Thorez, Chevènement ou Mélenchon (ce dernier a axé sa campagne présidentielle de 2017 autour de la défense de la souveraineté française contre les diktats de lʼUnion européenne) quʼau catholicisme des Barruel, Barrès, de Villiers ou Jean-Marie Le Pen. Cʼest pourquoi Maurras insistait pour que le nationalisme soit intégral, c’est-à-dire monarchique : un nationalisme conséquent ne pouvant à ses yeux que vouloir perpétuer lʼhéritage glorieux de la France, dʼessence catholique et royale, eu égard à sa fondation par un roi converti au christianisme et à son attribut, dont elle sʼenorgueillit jusquʼen 1789, de « fille aînée de lʼÉglise ». 

    Mariage-gay-Taubira-enflamme-l-Assemblee.jpgEn outre, cʼest une erreur dʼidentifier le nationalisme intégral de Maurras à un conservatisme, idéologie qui vient dʼAngleterre (des Tories) et qui est donc étrangère à notre culture politique. Même si, aujourd’hui, un certain courant intellectuel plutôt traditionaliste et largement  antimoderne,  lui donne un sens nouveau, en France et ailleurs. Comment est-il possible de sʼattacher à vouloir conserver des mœurs et un droit positif qui, du fait du changement social, évoluent constamment ? En 2010 si je suis conservateur je suis contre le mariage pour les homosexuels. En 2018 en tant que conservateur je suis favorable au maintien de lʼexistant, au statut quo, donc à la loi Taubira qui accorde aux homosexuels le droit de sa marier. 

    Pour Winock toutes ces idéologies sont anathèmes, il nʼy a donc pas lieu dʼen saisir les subtilités. (A suivre)  

     
     [1]  Michel Winock a écrit notamment La Belle Époque et 1789, Lʼannée sans pareille, publiés chez Perrin. Il a également contribué à la rédaction, sous la direction de Serge Berstein, de lʼouvrage collectif Les cultures politiques en France, paru au Seuil. En 2008, son livre La fièvre hexagonale était au programme du concours dʼentrée à lʼInstitut dʼétudes politiques de Grenoble. Régulièrement invité sur les plateaux de télévision et dans les studios des stations de radio, il est incontestablement membre de cet aréopage dʼexperts du régime quʼil est de coutume dʼappeler fonctionnaires de la technocratie. 
    [2]  En 1797 Benjamin Constant publie le volume Des réactions politiques, où pour la première fois est utilisé cet adjectif de « réactionnaire » promis à un bel avenir. Le plus surprenant cʼest quʼaujourdʼhui il est tout particulièrement prisé par les « antilibéraux », trotskystes, P.C.F. et France insoumise.
    [3]  Le siècle juif, Paris, La Découverte, 2009, p. 388.
    [4]  Ibid., p. 389.
    [5]  Organisé par le blog « Lafautearousseau », son lieu initial, occupé par un ordre monastique, dut être changé à la dernière minute sous la pression dʼune poignée dʼhurluberlus allant du parti socialiste à un fantasque « front unitaire antifasciste ». Ces derniers ayant menacé de mettre à sac le couvent, la police prit les choses très au sérieux, avertissant les religieux quʼil serait plus sage de tout annuler. Une salle de conférence sise dans un hôtel fut trouvée en hâte pour que le colloque, célébrant le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Charles Maurras et visant à présenter sa pensée à une jeune génération attirée par le nationalisme mais connaissant de façon imprécise la doctrine du « nationalisme intégral », puisse bien avoir lieu. 
     
    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
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  • Rétrospective : 2018 année Maurras [5]

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous a proposé une série d'articles - qui se termine aujourd'hui : « Rétrospective : 2018 année Maurras »Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et de l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

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    In Winock veritas ?

    Le principe commun entre le cosmopolitisme et le communisme est en particulier lʼaspiration à la disparition des frontières nationales, projet aujourdʼhui en voie de finalisation – quoique puissamment contrecarré ces temps-ci -  et qui relie le maître à penser des pères de la IIIème République, Emmanuel Kant, à Karl Marx, le chef de file intellectuel de Lénine et des autres bolcheviks qui, suite à la Révolution dʼOctobre, instaurèrent en lieu et place de lʼimmémoriale Russie des tsars et des popes, lʼUnion Soviétique, véritable enfer sur terre qui proclamait urbi et orbi quʼil était un paradis plus glorieux encore que lʼÉden des temps reculés. 

    721.jpgAprès que la Première Guerre mondiale permit au communisme de prendre racine sur le sol glacial du peuple slave, lʼon peut remarquer, en revenant en France, que le P.C.F. réalisa le meilleur score de son histoire dans lʼimmédiate après-guerre. Il obtient 28 % des voix aux élections législatives de novembre 1946, devenant le premier parti de France. 

    Maurras avait ainsi parfaitement raison de dénoncer ce danger, quelque temps avant la grande boucherie de 1939-1945. De vouloir empêcher quʼadvienne le pire ; la guerre, ce monstrueux bain de sang, est le pire de tout : cʼest la sagesse politique même. Apparemment pas pour Winock, qui condamne le discernement de Maurras dont le leitmotiv à la fin des années 1930 était « dʼabord pas la guerre ! », mais qui lui reproche en même temps dʼêtre un haineux, un violent. Logique aristotélicienne, où diable es-tu passée ?     

    La ligne définie par Maurras était strictement défensive : prévenir une agression venue de lʼextérieur en augmentant massivement le budget militaire. Il en appelait à la fin de la République et à sa substitution par un régime « capable dʼarmer », de protéger la France face à la menace hitlérienne. 

    Ce que Winock interprète spécieusement comme de lʼanti-patriotisme. Il accuse carrément  la pensée de Maurras dʼêtre « nuisible à la cause nationale quʼelle est censée défendre ». Voir dans le régime de Vichy mis en place par Pétain une « divine surprise » relèverait pour lʼhistorien de lʼacte de haute trahison. Maurras, pourtant affublé du titre de « germanophobe » par Winock, aurait-il fait preuve de couardise en se soumettant censément à lʼAllemagne victorieuse ? Lui au moins a accepté de vivre lʼhumiliation de près. Il est resté dans sa patrie défaite. Quand de Gaulle est parti pour Londres. 

    Qui, honnêtement, est le plus courageux des deux ? Lʼacte le plus courageux nʼétait-il pas de vivre à lʼintérieur de son pays, en dépit de lʼOccupation ? Ne consistait-il pas à se ranger du côté de ce régime nouveau qui sʼefforçait de maintenir la grandeur de la France ? En réalité Maurras fit preuve de bravoure patriotique. Il aurait pu se réfugier à lʼétranger. 

    Cependant pour Winock lʼÉtat français du Maréchal Pétain est à vouer aux gémonies car il manifestait une hostilité sans pareille contre « les Juifs, les francs-maçons, les communistes et les gaullistes ». Lʼhostilité en soi nʼest pas un crime, comme en attestent les campagnes actuelles qui sʼen prennent aux supposés « conspirationnistes », accusés de « semer la haine » sur internet. 

    blog -pacte gernano-sovietique-Staline-Ribentrop-23 aout 1939.jpgLes communistes avaient bien pactisé avec lʼAllemagne nazie, lors du pacte Ribbentrop-Molotov, qui fut approuvé par le P.C.F. en septembre 1939. Au sujet des Juifs, Winock a-t-il oublié que Pétain avait parmi ses conseillers Emmanuel Berl, lʼinventeur de la célèbre formule « La terre ne ment pas », qui était de confession juive ? Enfin, reprocher à Vichy d’être dirigé contre les gaullistes relève pour le moins dʼune appréciation téléologique. Cʼest faire de lʼhistoire « rétrospective ». À lʼépoque nul ne pouvait présager de lʼimportance à venir de la personne du Général de Gaulle. Il était combattu en tant que sous-fifre des Britanniques. Pour Pétain et les ronds-de-cuir de lʼÉtat français siégeant à Vichy, il nʼétait quʼun point de détail, un pion au sein de lʼappareil militaire du Royaume-Uni, un officier parmi dʼautres de Sa Majesté. Rien de plus. 

    5.jpgOn a presque, en outre, lʼimpression que pour Winock Hitler et Pétain sont interchangeables. Ce quʼil est capital de rappeler, cʼest que ce dernier reçut son pouvoir non dʼHitler mais de la chambre des députés élue en 1936 – celle du Front populaire (photo) –. Le Maréchal dut assumer un rapport de force qui lui avait été imposé. Il nʼétait pas le responsable de la défaite. En aucun cas il nʼétait le thuriféraire dʼHitler. De même que Maurras, il percevait la défaite comme une terrible humiliation. Mais ce nʼest pas pour autant quʼil envisagea de partir au loin afin dʼéchapper aux épreuves auxquelles faisait face sa chère nation. Pétain comme Maurras ont agi en patriotes. 

    XVM8a31eda0-c178-11e8-ad1e-60c1e544ba7a-300x200.jpgCe quʼil y a, pour finir, de plus surprenant dans lʼarticle de Michel Winock, cʼest quʼil accuse Maurras de faire preuve de pacifisme. Empêtré par un discours qui fleure bon lʼanti-maurrassisme primaire, Winock se révèle en creux « polémophile », littéralement qui aime la guerre, cʼest-à-dire apologète de la guerre en tant que telle. Oui, Maurras eut raison de mettre en une de son journal Action française, après les accords de Munich (photo), « à bas la guerre ». Oui, la guerre, lʼacte politique le plus extrême et radical, est un fléau, l’ultima ratio, que lʼon ait à combattre Staline, Hitler, Nasser, Bachar al-Assad, Daech ou le roi dʼAngleterre. 

    Paradoxalement, Winock, en justifiant quʼon puisse trouver de bonnes raisons de faire la guerre (en se référant à 1939 il légitime la moins justifiable des guerres, la guerre offensive), se positionne sur la même ligne que Hitler, qui, sʼappuyant sur les théorèmes méphistophéliques du darwinisme social, lʼexaltait. À force de se vouloir lʼopposant diamétral de Maurras, Winock en à arrive à épouser le bellicisme hitlérien, nous priant de croire avec lui quʼil y aurait dans une guerre que l’on avait toutes chances de perdre quelque vertu. 

    Et lʼingénu de se dire distraitement quʼil est décisif de savoir prendre sa retraite au moment opportun, une fois carrière accomplie. Car un historien nʼest pas comme le vin, il ne se bonifie pas forcément avec lʼâge. (FIN)  

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
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  • Maurras en son actualité

     

    Par Axel Tisserand
    2293089609.14.jpgCet article comme les précédents publiés hier jeudi est préparatoire à notre colloque Charles Maurras, l'homme de la politique, qui se tiendra à Marseille samedi 21 avril [voir plus loin].   LFAR

     

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    Il est toujours l’ennemi numéro 1. C’est qu’« ils » savent ou discernent fort bien qu’il est différent des autres. Qu’un Askolovitch s’en prenne à lui dans Le Nouveau Magazine littéraire avec une telle violence révèle, en fait, le refus d’affronter la force de l’intelligence. C’est une défaite de leur pensée à eux et la revanche de Maurras. Au fond, ils ne font que prouver qu’il est plus actuel que jamais. 

    Organisant en 2012 un colloque pour le soixantième anniversaire de sa mort, je soulignais : « L’aversion à l’égard de Maurras est inversement proportionnelle à son éloignement historique. Plus il devient une figure de l’histoire, plus il est honni. Nous sommes passés d’une condamnation de sa doctrine à une damnation de tout ce qu’il représente… ou plutôt de tout ce qu’on lui fait endosser, de ce à quoi on le réduit », en l’occurrence l’antisémitisme. « La pensée de Maurras exprime les ténèbres d’un temps révolu, que les Lumières ont dissipées, mais qui n’attendent qu’une occasion pour recouvrir de nouveau le monde.» (Charles Maurras, soixante ans après, sous la direction d’Axel Tisserand, Questions disputées, Pierre Téqui éditeur, 2013).

    Mais pourquoi tant de haine ?

    En 2018, la situation ne s’est pas améliorée, elle s’est même dégradée. Si le 150e anniversaire de la naissance de Maurras, né le 20 avril 1868, ne peut pas être tu, il a déjà suscité des polémiques qui ne font pas honneur à l’Intelligence française. Peut-être est-ce un des signes de la déchristianisation de nos sociétés européennes que le besoin renaissant de boucs émissaires, dont la logique, selon René Girard, avait été démystifiée par le sacrifice du Christ. Peut-être, aussi, est-ce là le sens profond, ignoré de son auteur lui-même, de cette « revanche de Dreyfus », formule par laquelle Maurras avait accueilli son verdict fin janvier 1945 devant la Cour de justice de Lyon, et qui lui fut tant reprochée… Maurras condamné comme Dreyfus ? C’est-à-dire, l’un comme l’autre nullement concerné par l’objet du procès : une trahison aussi nécessaire qu’impossible ? Mais, pour que la logique du bouc émissaire fonctionne, sa diabolisation n’est-elle pas une condition nécessaire ? Si le « mannequin » Maurras, campé en 1945 par un faussaire professionnel, Verdenal, inculpé de vols, faux et usage de faux et sorti de prison à cette fin, continue d’être aussi nécessaire, c’est parce que la figure de Maurras, institué ennemi intellectuel n° 1 de la modernité, permet de concentrer en elle tout ce que celle-ci rejette ou refuse d’assumer.

    Chaque époque a d’ailleurs les intellectuels qu’elle mérite. En 1952, deux jours seulement après sa mort, André Fontaine écrit dans Le Monde :

    « il y a quelque chose d’insultant pour nous dans le fait que cet homme, en qui rien n’était sordide et qui pour lui-même toute sa vie méprisa l’argent, ait passé ses dernières années enfermé au nom de la liberté. […] Devant cette tombe ouverte, devant le corps d’un homme qui, cinquante ans de sa vie, a honoré les lettres et le génie français, ne serait-il plus possible de tenter d’être juste » ?

    « Idiot complotiste », « déjà un vieux débris de son vivant » à la « pensée imbécile » et à « la langue prétentieuse », qu’on peut résumer à du « verbiage » et des « mots viciés » : oui, chaque époque a bien les intellectuels et les journalistes qu’elle mérite. Quelle chute vertigineuse, par rapport à novembre 1952, voire à mai 68, quand Le Monde publie une double page centrale pour le centième anniversaire de la naissance de Maurras ! Claude Askolovitch n’aurait pas alors osé écrire le dixième de ses éructations, peut-être déjà parce qu’il n’aurait pas osé les penser. Mais même alors, de peur de se déconsidérer définitivement auprès de ses pairs, il n’aurait pas laissé libre cours à une haine aussi vulgaire, aussi désinhibée, ni à l’encontre de Maurras, ni à l’encontre de Michel Déon, dans un magazine, de plus, à prétention intellectuelle, Le Nouveau Magazine littéraire, et récidivé, quelques jours plus tard, sur lepoint.fr. Un intellectuel, à l’époque, savait encore penser, voire s’empêcher, pour reprendre un mot cher au père d’Albert Camus. Du reste, signant sans vergogne ces propos, plus imbéciles qu’insultants, tout en osant – c’est un comble ! – dénoncer « l’injure et la haine librement répandues » comme « le reflet de ce qu’étaient Maurras et ses soudards du verbe », il avoue lui-même : « En réalité, on se fout de Maurras ! » et peut-être Jean-Christophe Buisson, qui préface chez Bouquins la réédition, prévue en avril, de textes du Martégal réunis par Martin Motte, lui a fait beaucoup d’honneur en lui répondant également sur lepoint.fr. Nous ne le ferons pas.

    Une haine révélatrice

    Pourquoi ? Parce que ce discours de haine froide revendiquée – « nous osons le haïr », écrit-il à propos de Michel Déon mort – et « librement répandu » dans la presse, en dit plus sur son auteur et tout une f(r)ange de l’intelligence salariée, et serve des tabous imposés par le discours dominant, analysée avec une prescience étonnante par le jeune Maurras de 1905 dans L’Avenir de l’intelligence, que sur Maurras lui-même, qui ne sert plus qu’à incarner, contre les faits, un fascisme qui a perdu en compréhension ce qu’il a gagné en extension, jusqu’à devenir un concept vide. Déjà le quotidien Libération avait servi début février à ses lecteurs le même cocktail de haine et d’amalgame, des universitaires n’hésitant pas à évoquer la mise à l’index républicain des écrivains d’« extrême droite », le « démon » Maurras compris, afin de protéger de leur influence nécessairement brune les intelligences nécessairement fragiles du vulgum pecus. Et avec cela, Askolovitch l’assure, « il n’y a pas d’inquisition démocratique ».

    Photo-14-386x600.jpgC’est vrai qu’Askolovitch ne demande rien de tel. C’est encore trop intellectuel. Il en reste à l’insulte, confirmant, par sa démesure – Déon aurait dû « passe[r] le reste de son âge à s’excuser, à réparer » le fait d’avoir été le secrétaire de Maurras de 1942 à 1944 à Lyon ! –, que l’hybris rend fou ceux qu’elle saisit, comme le savaient les Grecs. Car Askolovitch, comme Créon, est victime de sa propre haine, dans laquelle la raison ne peut plus avoir d’autre part que celle de tourner à vide – c’est la marque du raisonnement paranoïaque que Créon oppose à Antigone puis à son fils Hémon. Maurras, c’est le mal, Déon, secrétaire de Maurras, a été le secrétaire du Mal. Les haïr n’est pas seulement un droit, cela devient un devoir républicain, surtout pour lutter contre l’islamophobie – ne vous demandez pas ce qu’elle vient faire dans cette galère, Askolovitch l’ignore sans doute lui-même. Un regret ? « que le refus des socialistes parisiens [d’une sépulture à Déon] n’ait pas été exprimé politiquement. Il eût fallu dire qu’un fasciste ne pouvait pas reposer en paix ». Du reste, « ils n’ont aucun titre à notre monde, aucun » – la déshumanisation de l’adversaire est une conséquence de sa diabolisation. Quand on sait les mots admirables de Maurras sur Antigone, Vierge-Mère de l’Ordre, « née pour partager l’amour et non la haine », selon les mots de Sophocle, on se dit que la haine de Créon-Askolovitch et la défaite de la pensée qu’elle traduit sont la revanche de Maurras. Même si le tyran de Thèbes n’avait pas mérité un si pitoyable rejeton.

    Au-delà de « la morale », tout simplement le vrai

    Tout ancien étudiant de Boutang se rappelle que celui-ci, chaque année, trouvait l’occasion d’enseigner à ses étudiants que rien n’est plus « abject » – c’était son adjectif – que de faire honte à autrui. Avoir honte, soit, mais faire honte, ce n’est pas seulement voir la paille dans l’œil de son prochain pour mieux ignorer la poutre dans le sien : non, c’est s’instituer juge suprême des élégances morales. Notre époque, par son moralisme poisseux, a remplacé la dispute sur le Vrai et le Faux par celle sur le Bien et le Mal. De ce bushisme mental, « abject » au sens boutangien du mot, puisque la honte serait l’« apanage » des maurrassiens, Askolovitch est un vecteur assumé. On hésite dès lors à associer son nom à celui d’Alain Finkielkraut, vrai penseur, à la scrupuleuse honnêteté intellectuelle. Aussi ne le ferons-nous pas. Même si, en affirmant, dans Causeur de mars, que Maurras, « à la différence de Barrès […] est insauvable », au fond, il participe, lui aussi, à la diabolisation de Maurras, en le réduisant à son antisémitisme, c’est-à-dire à 1 % de sa pensée, ce qui évite d’avoir à lire les 99 % restants – ceux qui intéressaient Bainville, par exemple, qui ne fut jamais antisémite et déclarait tout devoir à Maurras, fors la vie, notamment son rejet radical du racisme. Maurras n’a d’ailleurs pas attendu le revirement de Barrès pour rendre hommage, en 14-18, dans les colonnes de L’Action Française aux morts juifs pour la France, comme le grand rabbin de Lyon, Abraham Bloch, tué à la bataille de la Marne, ou le ligueur d’AF Pierre David, « héros juif d’Action française » mort pour la France le 1er août 1918. Ni pour accueillir comme ligueurs des Juifs auxquels il ne demandait pas de certificat de baptême. Cela ne justifie en rien l’antisémitisme persistant de Maurras. Cela, en revanche, donne à penser qu’on ne décide pas de « sauver », ou non, un penseur au nom d’une lecture partielle, voire partiale, et d’un manichéisme réducteur.

    Maurras n’est pas « le repoussoir providentiel du progressisme mondialisé », dont Askolovitch est d’ailleurs un porte-parole, ou plutôt il ne le paraît qu’en raison de cette défaite de la pensée dont les polémiques de cet hiver sont une illustration particulièrement frappante. Les Français pourront bientôt de nouveau le lire. Et juger par eux-mêmes. Il faudra que « le camp du Bien » s’y fasse !   

    Illustration ci-dessus (dans le texte) : 1936 – Jubilé littéraire de Charles Maurras. 

    Axel Tisserand

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  • Rétrospective : 2018 année Maurras [4]

    1914, l'Union Sacrée

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras »Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

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    In Winock veritas ?

    Concernant la pensée de Charles Maurras il sʼagirait plutôt de la qualifier de « judéocritique », ou si lʼon veut être « winockien » dʼanti-judaïque, cʼest-à-dire que sa pensée sʼefforce de réfuter rationnellement un système de valeurs ; quʼelle repose sur des considérations dʼordre théologico-politique au lieu dʼêtre fondée sur le racial ; quʼelle réfute non lʼessence des Juifs mais la conscience juive, bien quʼil existât des nuances à lʼintérieur de celle-ci, il suffit de se rappeler les confrontations violentes qui opposèrent, dans lʼEurope centrale et orientale des XVIe et XVIIe siècles, les sabbato-franckistes (qui donnèrent par la suite naissance aux Haskalah) au rabbinat régissant les shttetel du Yiddishland et les kehalim de lʼEmpire russe. 

    On retrouve ce primat accordé au prisme racial chez lʼhistorien libéral Augustin Thierry, qui voyait dans la Révolution française une revanche de la race gallo-romaine sur la race franque qui lʼaurait asservie à partir du baptême de Clovis. 

    Indéniablement, en réduisant la personne de Maurras en un chantre coupable de lʼantisémitisme dʼÉtat que connut lʼEurope à partir du deuxième tiers du XXe siècle, Michel Winock fait état de ses obsessions. Ça crève les yeux : il éprouve une passion pour la Seconde Guerre mondiale. Il le fait ressentir pratiquement à chaque ligne. Il se sert de cette période pour tenter de convaincre son lecteur quʼil est un devoir sacré dʼêtre anti-Maurras. Car le vrai anti-Maurras, ce nʼest pas de Gaulle, cʼest Winock. 

    Lʼhistorien cherche à le pousser dans ses retranchements. Pourquoi pas ? Cʼest de bonne guerre. Cʼest même ce quʼil y a de plus sain. Rien nʼest plus légitime que dʼessayer de mettre Maurras devant ses contradictions. Même dans les rangs de lʼAction Française il nʼest point lʼobjet dʼidolâtrie. Critiquer Maurras ne relève en rien du blasphème, du crime de lèse-majesté. 

    Le plus affligeant cʼest que Winock, aveuglé par ses passions, nʼest pas en mesure de disposer de suffisamment de facultés cognitives pour élaborer une critique pertinente de Maurras, une critique « interne », dans le sens où seule une critique interne est performative car elle sʼappuie non pas sur un jugement de valeurs mais sur la mise en évidence dʼun dysfonctionnement de la logique interne dʼun raisonnement. La critique, « externe », développée par Winock contre Maurras reste par conséquent inefficace, superficielle, et finalement vaine. 

    CCQn2bRWAAE78_w.jpgCar il est évidemment possible de dire que chez Maurras il y eut des erreurs qui ont été commises, par exemple en sʼattachant à évaluer lʼadéquation entre ses intentions et ses actes. Lui lʼanti-républicain rabique nʼa-t-il pas rallié la République ? Ne lʼa-t-il pas rejointe durant lʼété 1914 ? Nʼa-t-il pas fait partie de lʼUnion Sacrée, cette vaste coalition de partis politiques majoritairement républicains, qui en appela à la mobilisation générale pour le salut de la Patrie républicaine, face à une Allemagne ambitieuse et conquérante ? Au nom du « compromis nationaliste » nʼa-t-il pas trahi ses convictions les plus profondes ? Nʼa-t-il pas pactisé avec lʼennemi républicain, nʼa-t-il pas légitimé que fussent envoyés au casse-pipe ces paysans, ces ouvriers, ces artisans, ces commerçants, cette force vive de la Nation France ? Ce sont des questions qui méritent étude et réponses. 

    Mais comme Winock estime que seule la Deuxième Guerre mondiale est digne dʼintérêt, il se cantonne à celle-ci, au détriment de la « Grande Guerre », qui pourtant fut dʼune importance déterminante. Quand on substitue à la raison la morale, lʼon risque dʼaccroître lʼindigence de son propos[1]. 

    640_louis-ferdinand_celinegettyimages-109885482.jpgLe raisonnement de Winock ressemble plus à celui dʼun « prêtre rouge » quʼà un clerc guidé par les seules lumières de la science. Un prêtre qui, contrairement au curé exhortant ses fidèles à pratiquer lʼamour plutôt que la guerre, tend à justifier le bellicisme. Il reproche ainsi à Maurras dʼavoir voulu éviter à tout prix la guerre lorsquʼil écrit que « Maurras et les siens sʼemploient à expliquer quʼil faut éviter la guerre, parce que ce sont les Juifs et les communistes qui la veulent, pour prendre le pouvoir ». Cʼest peu ou prou une thèse partagée par Louis-Ferdinand Céline dans sa satire, publiée dans les années 1930, Bagatelles pour un massacre. Thèse condamnable sʼil en est pour les beaux esprits de la « rien-pensance ». 

    ob_9f4941_donald-trump-and-jerusalem-888658.jpgUn dynamisme dialectique caractérise les effets des deux Guerres mondiales : triomphe du cosmopolitisme, dʼune part, avec la création de la Société des Nations après la 1ère, puis lʼOrganisation des Nations unies après la 2ème et cristallisation politique du sionisme dʼautre part, avec la déclaration Balfour (1917) et la naissance de lʼÉtat dʼIsraël (1948). Cosmopolitisme et sionisme vont de pair : ils signifient, en bout de course, lʼavènement de Jérusalem comme capitale dʼun monde réuni autour dʼun gouvernement unique. Jérusalem, Sion, comme « cosmo-polis », « ville-monde ». (A suivre)  

    [1]  Comme le souligne le marxiste « orthodoxe » Karl Kautsky, dans Éthique et conception matérialiste de lʼhistoire (1906), « dans la science, lʼidéal moral devient une source dʼerreurs, sʼil se permet de lui prescrire ses fins », cité par Lucien Goldmann, Recherches dialectiques, Paris, Gallimard, 1959, p. 286.
    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
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  • Rétrospective : 2018 année Maurras [3]

    Dédicace de Charles de Gaulle à Charles Marras pour son livre La discorde chez l'ennemi

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras »Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

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    In Winock veritas ?

    De la subtilité, Winock en manque cruellement lorsquʼil va jusquʼà défendre la position selon laquelle de Gaulle était lʼ « anti-Maurras », quʼil était « aux antipodes de Maurras ». Il est indiscutable que lʼidiosyncrasie gaullienne était imprégnée de lʼesprit de Maurras. Il faudrait que Winock réécoute sa conférence de presse du 27 novembre 1967, largement consacrée à lʼactualité internationale, aux États-Unis et à Israël notamment. Certes, de Gaulle était un maurrassien critique, de raison, pas un maurrassien béat. 

    En vérité lʼ « intelloʼ de Martigues » avait imprimé sa marque dans lʼâme jeune du natif de Lille. La socialisation politique primaire de De Gaulle sʼétait faite sous le signe de Maurras : son père, « Henri, lisait LʼAction française […]. Il était royaliste de cœur, et le jeune Charles a été éduqué dans un milieu habité par la nostalgie de la royauté. » 

    hqdefault.jpgEt pour preuve : de Gaulle a parfaitement retenu la leçon de son maître à penser à propos des quatre états confédérés quand il dit à Alain Peyrfefitte que la franc-maçonnerie fait office de quatrième colonne, un parti de lʼétranger, inféodé à la perfide Albion : « Sénat, Club Jean-Moulin, francs-maçons, tout se tient. Ces gens-là cherchent à me mettre des sabots aux pieds. On mʼassure que la moitié des sénateurs, de la gauche à la droite, sont franc-maçons. On mʼen dit autant des magistrats, quʼils soient du siège ou du parquet. Ça expliquerait bien des choses. Ces gens-là nʼaiment pas la France, ils préfèrent les Anglo-Saxons. »[1] On dirait du Maurras dans le texte. 

    Négateur du réel, Winock préfère voir en de Gaulle un épigone de Charles Péguy, un grand littérateur nʼayant en revanche jamais développé une doctrine politique cohérente sʼarticulant autour de concepts originaux, structurants et fondamentaux, à la différence de la pensée de Maurras, dont la dichotomie pays légal / pays réel, par exemple, est encore utilisée aujourdʼhui, notamment par les publicistes de la presse écrite ou même de la radio et de la télévision. Est-il quelquʼun qui a retenu une quelconque doctrine politique de Péguy, lui qui commença socialiste avant de se tourner vers le catholicisme ? Péguy ne s’est jamais voulu et nʼa jamais été à la tête dʼune organisation politique. 

    2784291594.jpgLʼanalyse de Winock révèle ici ses limites : il montre quʼil nʼa guère compris que le politique est dʼabord une somme dʼinteractions sociales, de relations humaines (quʼelles soient dʼamitié ou dʼinimitié[2]), soit quelque chose de bassement concret, avant dʼêtre des idées abstraites empilées dans des livres. Faire de De Gaulle lʼépigone de Péguy (photo) pour l’opposer à Maurras, quelle ineptie ! Plus énorme encore est celle dʼériger de Gaulle en anti-Maurras ; par ce truchement Winock réhabilite la formule maurrassienne très controversée dʼ « anti-France ». Sʼil est valide du point de vue épistémologique de se servir du préfixe « anti » pour exprimer une opposition radicale, pourquoi le serait-il pour Maurras et ne le serait-il pas pour la France ? 

    Ce manque de rigueur sémantique est le trait marquant de lʼarticle de Winock. Il utilise, si lʼon peut dire, des mots sans en mesurer le poids. Jetant aux orties Aristote qui signale que si « on ne posait de limite et quʼon prétendît quʼil y eût une infinité de significations, il est manifeste quʼil ne pourrait y avoir aucun logos. En effet, ne pas signifier une chose unique, cʼest ne rien signifier du tout », il sʼaffranchit du respect du sens strict des mots. 

    Prenons celui dʼantisémitisme. Maurras est victime de la présomption de culpabilité dʼen être un. Pour Winock, cʼest un fait avéré. On est dans lʼordre du préjugé : nul besoin de chercher à le démontrer. Lʼhistoire a tranché : Maurras est à bannir car il a rejoint le rang des antisémites notoires. 

    17639964-22082748.jpgOr cʼest mal connaître la généalogie de la question juive. Lʼantisémitisme présuppose lʼexistence de races distinctes, ce qui dans la modernité, comme le souligne Hannah Arendt (photo) dans le passage qui suit, a été introduit par des Juifs. 

    « Cʼest alors que, sans aucune intervention extérieure, les Juifs commencèrent à penser que ʽʽce qui séparait les Juifs des nations nʼétait pas fondamentalement une divergence en matière de croyance et de foi, mais une différence de nature profondeʼʼ, et que lʼancienne dichotomie entre Juifs et non-Juifs était ʽʽplus probablement dʼorigine raciale que doctrinaleʼʼ. Ce changement dʼoptique, cette vision nouvelle du caractère étranger du peuple juif, qui devait se généraliser chez les non-Juifs que beaucoup plus tard, à lʼépoque des Lumières, apparaît clairement comme la condition sine qua non de lʼapparition de lʼantisémitisme. Il est important de noter que cette notion sʼest formée dʼabord dans la réflexion des Juifs sur eux-mêmes, et à peu près au moment où la Chrétienté européenne éclata en groupes ethniques qui accéderont plus tard à lʼexistence politique dans le système des États-nations modernes. »[3] 

    Augustine_Confessiones.jpgSe situant à extrême distance de ces Juifs qui théorisèrent la diversité raciale du genre humain, du racialisme en somme qui, dʼaprès Hannah Arendt est une invention juive, Maurras, ce fidèle de lʼÉglise de Rome en vertu non de la foi mais de la raison, entendait rester fidèle à lʼesprit de lʼépître aux Galates de saint Paul qui continuait la parabole christique du Bon Samaritain. 

    Maurras n’entend pas remettre en cause lʼuniversalité, lʼunité radicale de lʼhumanité, telle quʼexprimée par saint Augustin de la manière suivante : « Quel que soit lʼendroit où naît un homme, cʼest-à-dire un être raisonnable et mortel, sʼil possède un corps étrange pour nos sens, par sa forme, sa couleur, ses mouvements, sa voix, quels que soient la force, les éléments et les qualités de sa nature, aucun fidèle ne doit douter quʼil tire son origine du seul premier homme[4] ». (A suivre)  

    [1]  Alain Peyrefitte, Cʼétait de Gaulle, II, Éditions de Fallois / Fayard, 1997, p. 111.
    [2]  Carl Schmitt, dans La notion de politique, avance que la syzygie, autrement dit lʼappariement du couple dʼopposés ami / ennemi est au politique ce que les dichotomies vrai / faux, bien / mal, beau / laid et utile / nuisible sont respectivement à la science, à la morale, à lʼart, et à lʼéconomie.
    [3]  Hannah Arendt, Sur lʼantisémitisme. Les origines du totalitarisme, Paris, Gallimard, 2002, p. 8-9.
    [4]  Saint Augustin, La Cité de Dieu,  II, Paris, Gallimard, 2000, p. 661. 
    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
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  • Olivier Dard à Libération : « Maurras est représentatif de notre histoire »

    Charles Maurras (1868-1952), écrivain, journaliste et homme politique français reçoit son épée d'académicien. Photo «Excelsior». Roger-Viollet

     

    Libération a publié le 2 février l'entretien qui suit, avec Oliver Dard. La présentation qui en est faite, la terminologie employée, les questions posées, sont naturellement  dans l'esprit de ce quotidien. LFAR 

     

    602px-Libération.jpgProfesseur à Paris-Sorbonne, Olivier Dard est spécialiste de l’entre-deux-guerres. Auteur de Charles Maurras : le maître et l’action (Armand Colin, 2013), c’est lui qui a rédigé la notice sur le théoricien de l’Action française, antirépublicain et antisémite, dans le Livre des commémorations nationales 2018. Olivier Dard prévoit également à terme de rééditer Notre avant-guerre, de Brasillach, fusillé à la Libération. 

    Pensez-vous que la République devait officiellement célébrer Maurras ?

    Le Haut Comité des commémorations nationales m’a demandé de rédiger une notice il y a un an. Je pensais qu’il s’agissait d’admettre que Maurras était un personnage important et représentatif de l’histoire française - ce qui est une certitude. Je pense en historien, et quand on est historien, on ne peut rien s’interdire : n’étudier que les gens «acceptables» ce serait s’interdire de comprendre la complexité.

    Rien n’empêche de faire de Maurras un objet de recherche, il s’agit cette fois de le commémorer officiellement…

    Sans doute faudrait-il mieux préciser le sens que le Haut Comité et l’Etat donnent à la notion de «commémoration». Car dans le dictionnaire, le mot renvoie aussi bien à célébrer qu’à rappeler et remémorer. Nous avons en France une mémoire fracturée. Ces fractures ne sont pas nouvelles et se sont aggravées depuis le second conflit mondial si on y ajoute la décolonisation et la fin de la guerre d’Algérie. Ce qui est sûr, c’est que le Haut Comité a décidé d’ajouter le nom de Maurras à la liste des commémorations nationales de 2018 et que la ministre de la Culture a validé ce choix il y a plusieurs mois [avant de se rétracter, ndlr].Maurras n’est pas entré par effraction dans le Livre des commémorations.

    De nombreuses œuvres du théoricien de l’Action française vont être rééditées en avril, et vous-même travaillez sur une republication commentée de Notre avant-guerre, de Brasillach. Quel intérêt ?

    Maurras ne se limite pas à l’antisémitisme, même si son antisémitisme est précoce, profond et constant. C’est un homme de plume très engagé, avant d’être un homme politique. Il a marqué son temps par ses textes esthétiques comme par ses articles polémiques. Je trouve très utile que mes étudiants aient bientôt accès à ses œuvres dans la collection Bouquins (Robert Laffont). Ces quinze dernières années, les archives Maurras ont été versées aux Archives nationales, le Vatican a ouvert les siennes… l’historiographie en a été renouvelée. Quant à Notre avant-guerre de Robert Brasillach, c’est un témoignage qui fait revivre la vie intellectuelle, politique et culturelle de l’époque. C’est à mon sens une source incontournable pour comprendre les années 30. Ce texte a été édité jusque dans les années 80 aux éditions Poche. Il faut le rendre à nouveau disponible, à deux conditions : l’accompagner d’une introduction très fournie et en proposer une édition critique, remettre ce livre en perspective par rapport aux autres écrits de l’auteur dont certains sont beaucoup plus violents et polémiques. Il faut permettre au lecteur de comprendre l’ouvrage. Pour cela, il faut lui faire comprendre la période.

    Il y a tout de même une responsabilité à publier aujourd’hui des œuvres d’auteurs d’extrême droite, qui ont collaboré avec Vichy ou le nazisme…

    La responsabilité éditoriale existe, évidemment, mais le débat est sous-tendu par l’idée, discutable, que la France d’aujourd’hui ressemblerait beaucoup à celle des années 30. Vous ne dissuaderez pas l’antisémite d’aujourd’hui d’être antisémite avec des notes en bas de page. De toute façon, celui-là n’achètera pas ces éditions avec appareillage critique. En revanche, elles peuvent permettre aux personnes désireuses de mieux comprendre ceux qui ont fait cette période de l’histoire. Lire les Décombres de Rebatet, par exemple, est la meilleure manière de se mettre dans la tête d’un collabo. Censurer ces œuvres risque au contraire d’avaliser les thèses complotistes. Ce qui compte c’est la pédagogie et le décryptage. Arrêtons de penser que le public n’est pas mûr.  

    Libération

  • Vive Maurras !

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    La milice de la pensée aura donc eu rapidement gain de cause : Mme Nyssen, ministre de la culture, n’écoutant que son courage, a retiré Maurras du Livre des commémorations nationales de 2018 à peine la polémique a-t-elle commencé à gonfler. 

    La France ne célébrera donc pas officiellement un de ses plus grands écrivains et philosophes politiques. Ne lui en déplaise, Mme Nyssen vient au moins de confirmer une thèse de Maurras : l’incapacité du pays légal à se réformer en sortant de ses ornières. Par cette mesure, il cherche simplement à priver le pays réel de la redécouverte d’un penseur et d’un acteur majeurs de la France du XXe siècle, que toute l’intelligence de l’époque a célébré : Proust, Apollinaire, Cocteau, Kessel, Malraux, De Gaulle ou même Lacan.

    Mais Mme Nyssen a préféré écouter les voix du politiquement correct, de l’antiracisme subventionné et de la libre pensée plutôt que celle de la pensée libre. De l’ancien Premier ministre Manuel Valls, allié pour ce mauvais coup au député de la France I’ “islamo-gauchiste” Alexis Corbière, aux inévitables chiens de garde de SOS Racisme et de la LICRA ou à Frédéric Potier, Délégué interministériel à la Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les haines anti-LGBT (cela ne s’invente pas), le chœur des pleureuses a obtenu du Gouvernement une censure qui n’a qu’un objectif : mutiler la mémoire nationale de celui qui voyait dans le racisme son “plus vieil ennemi intellectuel” ou déclarait en 1934 : « Je le répète : il n’y a pas de plus grand danger national que l’hitlérisme et le soviétisme. À égalité ! Et ces égaux-là sont faits pour s’entendre. La carte le confirme. L’avenir le vérifiera. »

    Parce qu’en macronie on ne fait pas les choses à moitié, Mme Nyssen a également convoqué, comme un magistrat des primo-délinquants pour un rappel à la loi, les membres du Haut-comité qui a présidé au Livre des commémorations, parmi lesquels l’académicienne Danièle Sallenave et les historiens Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory. Iront-ils à repentance ?

    Qu’importe, au fond. Grâce aux censeurs, l’année Maurras est désormais lancée. Et l’Action française peut d’ores et déjà annoncer qu’entre rééditions chez de grands éditeurs, publications et colloques, elle sera riche.  

    Communiqué du Centre Royaliste d'Action Française

  • Maurras en vérité

    A son procès 

     

    Par Christian Tarente

     

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    Non seulement « la bêtise n'était pas son fort », comme aurait pu dire de lui Valéry, mais la médiocrité lui était radicalement étrangère. Comment l'image trop souvent donnée de lui peut-elle être à ce point faussée ? 

    « Le 4 avril 2017, Sarah Halimi, une femme juive, est assassinée de manière effroyable, à son domicile, au cœur de Paris. À n’en pas douter, il faut une certaine déconnexion avec le réel et l’humanité pour battre, torturer et défenestrer une femme de soixante-cinq ans à son domicile en pleine nuit. Mais l’Histoire démontre que la folie, l’usage de stupéfiants ou la haine rance ne sont pas exclusifs de l’antisémitisme. » Sacha Ghozlan, président de l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF), évoquant en septembre dernier le meurtre particulièrement abominable d’une juive, souligne que le caractère sordide du crime n’exclut en rien une motivation antisémite. Cependant, pour les juges saisis de l’affaire, il s’agit de comprendre les véritables mobiles de l’assassin, de discerner, ce qui n’est pas simple, la réalité de ses intentions. Les juges s’y sont appliqués : appelons cela la justice.

    LES EFFETS D’UNE RUMEUR PERSISTANTE

    Osera-t-on alors demander que ce qui est accordé à l’occasion d’un fait divers crapuleux, le soit également dans une tout autre affaire, celle d’un homme dont on peut considérer qu’il est la victime d’un amalgame largement arbitraire et fait l’objet d’une rumeur, dans le sens de la « rumeur d’Orléans » d’Edgar Morin, très répandue dans l’esprit public ?

    C’est un fait que le silence gêné qui s’établit dès que le nom de Maurras surgit dans les conversations constitue le premier degré de cette rumeur, qui s’accommode parfaitement de formules vagues du genre « la part d’ombre » ou « les aspects inacceptables », ou le récent « Maurras n’est pas sauvable » d’Alain Finkielkraut. On a vu, à l’occasion de l’affaire des commémorations nationales, jusqu’à quel degré la fièvre peut monter. Les réseaux sociaux ont, de ce point de vue, un effet accélérateur, alors même qu’aucun élément concret n’est apporté. La rumeur s’amplifie d’elle-même, comme l’effet Larsen bien connu des salles de conférence.

    Maurras sert alors d’identification au mal. En ce sens que, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Ce qui est principalement visé est clairement son antisémitisme. Sans même que ce soit nécessairement explicite. La condamnation de son soutien à Vichy, notamment, est largement liée à l’idée supposée d’une compromission avec les nazis, et donc d’un certain degré de complicité dans la Shoah. Les autres aspects de sa doctrine et de sa personnalité qui ont été le plus souvent critiqués – son nationalisme (« intégral »), son royalisme, son opposition déclarée aux institutions républicaines et à la démocratie, ou encore sa verve polémique et ses violences verbales – n’apparaissent plus en première ligne. Les accusations d’antichristianisme, voire d’athéisme, comme ce qui lui valut une condamnation papale en 1926, tout cela n’est plus le fait que de quelques clercs ou laïcs marqués par de vieux réflexes démocrates-chrétiens. Par contre, la rumeur de son antisémitisme le recouvre comme une chape de plomb. La stigmatisation continue de le frapper comme si on lui avait jeté un sort.

    Une vie qui a exclu toute possibilité de médiocrité

    Pourtant, quand on suit le fil complet de l’existence de Maurras, depuis l’enfance bénie à Martigues, la « tragi-comédie » de sa surdité à l’adolescence, la jeunesse brillante mais tourmentée à Aix puis à Paris, la « perte » de la foi, la correspondance avec l’abbé Penon, les articles et les livres de sa première notoriété, les grandes œuvres de la maturité, l’affrontement à une forme de christianisme jugée dévoyée, le combat politique « pour une patrie, pour un roi… les plus beaux qu’on ait vu sous le ciel », les guerres mondiales et la défense éperdue de la France, la correspondance avec le Carmel, enfin la prison rejetée avec hauteur mais acceptée dans la sérénité, tout ce parcours d’une vie exceptionnelle, perpétuellement sous tension exclut toute possibilité de médiocrité. « Ce vieux cœur de soldat n’a point connu la haine », a-t-il affirmé : hypocrisie ? mensonge ? Pour quiconque a pris la peine de suivre Maurras de bout en bout, c’est là une chose rigoureusement impossible. Inutile d’en faire un héros ou un saint. Simplement, par toute sa vie, il a montré que l’antisémitisme vulgaire, « ordinaire », et a fortiori l’antisémitisme criminel et génocidaire, lui étaient radicalement étrangers. Mais alors, dira-t-on, quid de cet antisémitisme revendiqué, de ces dénonciations des hordes juives, de ce Blum « à fusiller mais dans le dos », de ces dérapages verbaux dans les polémiques ?

    C’est là où il est devenu impératif qu’on rende enfin à Maurras la justice impartiale qui lui a été refusée en 1945, une justice sereine, sans complaisance, apte à relever les erreurs, les excès, les fameux « dérapages », à redresser ses torts en déterminant leur exacte mesure, en les situant dans la vérité de leur contexte.

    Maurras était un soldat que terrifiaient les menaces pesant sur la France. L’idée de voir la soldatesque germanique fouler le sol martégal était « le cauchemar de son existence ». Plus que tout, il avait, à la veille de la Grande Guerre, redouté de voir « cinq cent mille jeunes Français couchés, froids et sanglants, sur leur terre mal défendue. »

    « LA MENACE D’UN NOUVEL HOLOCAUSTE… »

    Ils furent plus du triple. Après cette première gigantesque catastrophe du siècle – qu’il ne serait pas inapproprié de qualifier de « shoah », selon le terme hébreu que popularisera Claude Lanzmann –, Maurras fut terrorisé à l’idée qu’elle se renouvelle vingt ans plus tard, selon ses propres prophéties et celles de Bainville. Le 6 novembre 1920, il écrivait dans l’Action française : « La victoire a été achetée par 1 500 000 sacrifices humains ! Et le fruit va s’en envoler ! Le malfaisant, le sanglant empire ne sera pas détruit (…) La menace d’un nouvel holocauste continuera de planer sur le monde (…) » Que Maurras n’ait pas plus que quiconque prévu le génocide des juifs mis en œuvre par les Nazis est une évidence. Mais, pour tous ceux qui le lisent avec attention, il est tout aussi évident que, vingt ans à l’avance, il en avait prévu et décrit les causes. Et pendant l’entre-deux-guerres, voir la IIIe République laisser se réaliser, pas à pas, ce qu’il redoutait par-dessus tout, éveillait chez lui une sorte de fureur sacrée. Ce combattant se voyait combattre une hydre à mille têtes. Que dans la violence des coups, il ait pu frapper à côté ou même à tort, il était impossible, compte tenu des circonstances et de son tempérament, qu’il en fût autrement. Mais Maurras, par son désintéressement, par sa vitalité généreuse, par son honnêteté intellectuelle et morale foncière, a droit au regard de justice qui lui a été refusé. Refus qui l’a fait condamner pour « intelligences avec l’ennemi », lui qui en était rigoureusement incapable.

    Du point de vue judiciaire, cette condamnation ne peut plus être sujette à révision. L’appel inévitable ne peut plus être fait que devant le tribunal de l’histoire. Certains viennent encore de tenter de le lui refuser. Dix historiens d’un haut comité officiel ont heureusement rejeté cette tentative. La tâche aujourd’hui réservée aux historiens est d’appliquer à Charles Maurras, à sa vie, à son action et à son œuvre – et aussi à son antisémitisme politique qui lui est spécifique et n’a rien à voir avec la haine raciale, il avait des amis et des disciples juifs – le même discernement qui s’impose aux juges en charge de l’affaire Sarah Halimi. Il ne s’agit de rien d’autre que de rendre à ce Français exceptionnel sa vérité, toute sa vérité d’homme.  

    Christian Tarente

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    Nouvelle « affaire Maurras » : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...

  • Camp Maxime Real del Sarte 2018, Université d’Été d'Action française, du 19 au 26 août

     

    150 nuances de Maurras ... 

    Des repères pour le XXIe siècle. 

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    Camp de formation Maxime Real Del Sarte, pour étudiants, lycéens et jeunes travailleurs (15-35 ans)

    Conférences magistrales, cercles d'étude, ateliers pratiques, sport et camaraderie !

    RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS :

    CMRDS - Université d'été d'Action Française

  • Action Française - Histoire • Marseille 25 octobre 1968 : Pierre Debray et Gustave Thibon parlent de Maurras pour son ce

    Gustave Thibon et Pierre Debray

     

    2293089609.14.jpgNous sommes en Provence, en 1968. L'on y commémore le centenaire de Maurras .

    D'abord à Martigues, Chemin de Paradis, sous la conduite de Jacques et Nicole Maurras. De multiples autorités y participent, différentes institutions sont parties prenantes, dont l'Académie française.  

    A Marseille, le 25 octobre 1968, c'est une évocation de Maurras plus militante qui est organisée. Une réunion se tient au Château des Fleurs à l'initiative de l'Union Royaliste Provençale, c'est à dire de l'Action française en Provence, que préside Pierre Chauvet. Les deux orateurs sont Pierre Debray et Gustave Thibon. Le premier apporte à l'école d'Action française de l'époque ses analyses des évolutions de la France contemporaine. Elles actualisent et prolongent la pensée de Maurras. C'est l'une des premières fois où Thibon participe à une manifestation de l'Union Royaliste Provençale. Il devait y prononcer par la suite chaque année de nombreuses conférences et prendre la parole pendant plus de vingt ans au Rassemblement Royaliste de Montmajour puis des Baux de Provence.     

    Le Méridional est alors l'un des deux grands quotidiens régionaux. L'Action Française y a des amis. Le compte-rendu qui suit paru dans Le Méridional est signé de Robert Oberdorff, l'un d'entre eux, le plus proche ...  Document d'histoire de notre mouvement.  LFAR  

     

    debray thibon - Copie (3).jpgGustave Thibon et Pierre Debray ont parlé de «  Maurras toujours présent » 

    Il y avait grand monde au « Château des Fleurs » pour entendre Gustave Thibon et Pierre Debray parler de « Maurras toujours présent », à l'invitation de la section marseil­laise de la Restauration natio­nale. placée, comme on le sait. dans la droite ligne de l'Ac­tion française.

    Après l'entrée en matière de M. Pierre Chauvet, président de l'Union royaliste provençale, heureux de souligner la présence d'une nombreuse jeunesse enthousias­te, Gustave Thibon évoqua le Maurras religieux et poète, cet « éternel blessé du mystère et de la divinité », dont il eut le bonheur immérité d'être l'ami.

     « Avant tout, Maurras était un poète et c'est en poète qu'il s'est jeté à la défense du rem­part par amour de la cathédrale. On l'a dit insensible. Rien ne fut plus faux. N'est-ce pas Maurras qui a dit de l'insensibilité qu'elle était mère des déraisons ? En fait, démontra Gustave Thibon, Maur­ras, « l'homme de la mesure, fut tout le contraire des utopistes idéalistes, des fanatiques de la raison ». Et de conclure, au terme d'un propos cons­tamment émaillé d'abondantes citations ne mémoire : « L'œuvre de Maurras est un témoignage  qui affecte l'homme éternel. Maurras reste un guide pour la jeunesse. Il ap­porte aux jeunes des valeurs qui ne meurent pas et un idéal transcendant leur permettant de rester jeunes toute la vie.

    Les lois du réel

    Apres le philosophe, volon­tiers humoriste, vint le doc­trinaire royaliste en la person­ne de Pierre Debray, journa­liste à l'hebdomadaire « As­pects de la France », qui traita du Maurras politique.

    Gus­tave Thihon s'était élevé con­tre « un certain silence », Pierre Debray proteste con­tre « un certain mensonge » ... On a défiguré totalement l'œuvre et la pensée de Maurras. On a voulu les figer. Rien n'est plus inexact. « Maurras n'a pas trouvé du premier coup sa foi et n'a pas attendu Marcuse ou Cohn-Bendit pour saisir toute la tragédie de la société de consommation »... « S'il a forgé une méthode, l'empirisme organisateur l'a mené au nationalisme intégral ; s'il a construit une si vaste synthèse, c'est parce qu'il a retrouvé les lois du réel, abolit tout présupposé, tout préjugé et a su regarder les choses comme elles étaient. »

    !I a compris que « les peu­ples ne se ressemblaient pas ». Et au bout de ce cheminement, lui qui un temps fut nihiliste, s'est découvert « fils d'un sol, fils d'un peuple », dont la monarchie lui a semblé être le système naturel. C'est pour­quoi le génial fils de Marti­gues, né voici cent ans dans sa Provence bien-aimée, s'est fait royaliste, mais pas roya­liste figé, car « les corps vi­vants se transformant sans cesse dans la continuité », il fut et s’en fit une gloire, « à la fois un homme de conserva­tion et de progrès ».  

    Robert OBERDORFF

    Illustration dans le texte, Le Méridional

    Les deux photos :

    De gauche à droite : MM. Gustave Thibon, Pierre Chauvet, Pierre Debray. 

    Une vue de l'assistance.

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...: THE REVENGE OF MAURRAS

    https://www.firstthings.com/article/2019/11/the-revenge-of-maurras?fbclid=IwAR2eceOltXByMARti6OuczjxNjAz4F6glovPJrmvbYp2SNjK4G1aOtx9YRQ

     

     "Il faut lire Maurras." : telle est la conclusion et la dernière ligne de cet article de Nathan Pinkoski, chercheur postdoctoral au St. Michael's College de l'Université de Toronto.

    L'article est en anglais, mais un menu déroulant propose sa traduction en français (assez - voire franchement - mauvaise par moment).

    S'il faut lire Maurras - et nous sommes bien d'accord avec Pinkoski là-dessus - il faut lire également cet article, et le faire lire : on pourra, certes, émettre quelques réserves, voire quelques critiques; apporter telle ou telle précision, atténuer ou souligner telle ou telle affirmation.

    Mais, tel qu'il se présente, cet article est le symbole même de ce que nous aimerions voir et entendre dans une Maison de Maurras, à Martigues, intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et qui serait devenue un centre national et international d'études et de recherches sur la pensée et l'oeuvre du Maître de Martigues...

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    Au cas où, pour une raison ou pour une autre, le lien viendrait à disparaître, voici d'abord le texte intégral, en anglais; puis sa traduction (imparfaite, nous l'avons dit) proposée par un logiciel de traduction de textes : ils ont encore des progrès à faire !...)

     

    I. Le texte original

    L’avenir de l’intelligence et autres textes
    by charles maurras
    edited by martin motte
    bouquins, 1,280 pages, €32,00

    Every year, France’s Ministry of Culture publishes an official volume to commemorate major anniversaries in French history, covering past events as well as the lives of prominent personalities. Assembled by a team of historians and approved by the Ministry, the list mixes victories and failures, the honored and the notorious—judging events and personalities strictly on the basis of their historical significance. In 2018, the judges placed Charles Maurras on the list, noting the 150th anniversary of his birth. Protests ensued. The judges insisted that commemoration is not the same as celebration, to no avail. Bowing to pressure, the Minister of Culture recalled and reedited the volume. Maurras’s name was effaced from the official history.

    The same year saw the release of a new anthology of Maurras, the first edition of his works to be arranged and published since 2002. It, too, caused a scandal. Reviewers deplored “the return of a fascist icon.”

    Publishing an anthology of ­Maurras is an offense against the postwar consensus and the “official history” of the twentieth century. Yet the case for studying Maurras is hard to deny. He was historically significant. As a political journalist, essayist, and poet, writing for more than six decades, he reached a wide audience and maintained enormous influence. Charles Péguy, Marcel Proust, and André Malraux all praised his talent. Those who acknowledged their intellectual debt to Maurras include philosophers Louis Althusser, Pierre Boutang, Jacques Lacan, Jacques Maritain, and Gustave Thibon, and novelists Georges Bernanos, Michel Déon, Jacques Laurent, and Roger Nimier. French president Georges Pompidou, the pragmatic conservative of the 1970s, praised Maurras as a prophet of the modern world. T. S. Eliot, who read Maurras for years, said that Maurras had helped him toward Christianity. Maurras was, for Eliot, “a sort of Virgil who led us to the gates of the temple.”

    The “official history” of the twentieth century is highly selective in its designations of the thinkers who count as scandalous. It does not hesitate to highlight Marx’s insights or to praise the political movements he spawned, and it quietly ignores the unsavory aspects of the thinker and his followers. The resulting distortion of our understanding of the twentieth century is a serious problem because—as the preface of the new anthology ­contends—readers today are likely to find “a troubling familiarity” in the situation Maurras addressed.

    The editor of L’avenir de l’intelligence et autres textes, military historian Martin Motte, demonstrates that Maurras was not a fascist. Like many interwar intellectuals, Maurras had a fondness for Mussolini. Yet he rejected the fascist theory that Mussolini advocated, of the state’s controlling the totality of the social realm. In the 1930s, Maurras denounced Hitler’s “bizarre philosophy of Blood and Race.” Opposing Nazism, Maurras taught that racial conflict was “neither the nerve nor the key of history.” He repeatedly advocated French rearmament in the face of the German threat. Fascists opposed him. They mocked Action française, the movement Maurras led, for its refusal of revolutionary violence—calling it “l’Inaction française.” Maurras was an icon and influence for many political movements, but fascism was not one of them.

    Deaf from an early age and cut off from most social life, Maurras turned his energies to reading and writing. He reached adulthood when France seemed to have reached the “end of history”; republicanism had triumphed over all its opponents. The Third Republic, which had consolidated in the 1870s following the Prussian invasion and the collapse of the Second Empire, claimed to obviate all the ideological battles of the past and to unite the French in a common consensus. It dominated the political, juridical, and cultural institutions of France. ­Maurras devoted his life to showing that this “end of history” mentality was a false republican conceit. The republican victory was extensive, making it “legal France.” But it was not “real France.” On behalf of “real France,” Maurras argued that the republican ideology and regime were weakening the nation and dividing the French against one another. Moreover, the Republic was steadily surrendering national independence to the control of foreign powers. Maurras argued that there was an alternative to republicanism, which would guarantee France’s independence: integral nationalism. Articulating its postulates would become the project of Action française.

    The volume’s selections, the detailed preface by Jean-­Christophe Buisson, and ­Martin Motte’s superb editorial essays make no attempt to ­idealize the political thought of Maurras. His most egregious failures are openly discussed. Anti-Semitism became a formidable political force in the nineteenth century, appearing in the writings of many prominent ­intellectuals. “We discern in Judaism . . . a universal anti-social element. . . . What is the worldly cult of the Jew? Huckstering. What is his worldly god? Money. . . . As soon as society succeeds in abolishing the empirical essence of Judaism—huckstering and its conditions—the Jew becomes impossible.” These quotations are from Marx, not Maurras, but Maurras wrote in a similar vein. Like nationalism, political anti-Semitism was born on the left but became bipartisan in time. Whereas left-wing anti-­Semitism imagined the Jew as the truest capitalist, right-wing anti-­Semitism imagined the Jew as unpatriotic, exercising undue ­political influence at the service of foreign powers.

    The right saw the Dreyfus affair as the realization of its worst fear. Here was a Jewish officer of the French army, convicted of spying for the Germans. The left used Dreyfus’s case not to clear his name but to humiliate the army. It was on that basis that Maurras wrote: “If Dreyfus is innocent, he should be made a Marshal of France, and his top ten defenders should be shot.” Of course, as later events showed, Dreyfus was innocent. The question of his innocence or guilt was the only question that should have mattered. Yet instead of prioritizing that question, Maurras used Dreyfus’s case to launch opportunistic attacks against the Republic and its Jewish supporters. Maurras’s anti-Semitic aim was to limit Jewish political influence. This was the typical French anti-Semitism of the nineteenth century. It was very far from the anti-Semitism of racial warfare and purification that Hitler embodied. Yet after the Shoah, these demarcations are of little consequence. Maurras cannot be excused.

    Nor should Maurras be excused for his support of Vichy. Maurras never wavered from arguing that the Third Republic was a flawed regime, doomed to collapse in the face of German menace. His prophecy came true in 1940, when he was an elderly man. After France’s surrender, he and most of the French people, including the political class of the left and right, trusted the hero of Verdun, Marshal Pétain, to lead a new regime. ­Maurras was one of many to imagine that Pétain would rebuild the country and avenge the defeat of 1940. But Maurras, deafer than ever, was living in his imagination. In supporting Vichy, he condemned himself by his own standard: He supported a regime that surrendered national independence to a foreign power. In rejecting Vichy, General de Gaulle was more Maurrassian than Maurras.

    Maurras was an agnostic for most of his life. This fact had ­consequences. He was fascinated by Auguste Comte’s positivist political project, which envisioned a central place for le culte, albeit in the form of a new religion of humanity. Maurras saw no reason for a new cult; the old, properly guided, would do. Thus, he did not adopt the anti-Christian prejudices common to secularist movements. He was not directly anti-clerical or anti-religious in the manner of the left. Yet his movement lacked, as Bernanos observed, an “interior life.” At his worst he did something more insidious, instrumentalizing Catholicism to political ends. This trend in Maurras’s thought, combined with the influence he exerted over French youth, prompted Pope Pius XI to denounce him and Action française in 1926. In an extraordinary and controversial use of papal disciplinary powers, Maurras’s major writings and the journal Action française were forbidden to Catholics under pain of excommunication. As an agnostic, Maurras appeared ­untroubled by excomm­unication. Yet his Catholic supporters could not be indifferent. Prominent Catholics drifted away, Bernanos and ­Maritain among them. By the time the ban was lifted in July 1939, Catholics had moved on.

    Maurras’s thought revolved around a series of binaries. The first was for counter-revolution, and against revolution. Maurras was sympathetic enough to the Orléaniste tradition to appreciate civic equality and the end of special privileges for the aristocracy. Yet the real essence of the French Revolution was the sacralization of social and political change, based on the ideal of individualism. Individualism had produced the great nineteenth-­century ideologies that emerged from the Revolution: socialism and liberalism. Both were individualist, in that they challenged the organic conception of society favored by the right of the nineteenth century. In its socialist form, Maurras argued, individualism attacks all social hierarchies. In its liberal form, it excuses the elite from acknowledging their social obligations toward the people. Both ideologies look to transform social relations and institutions in order to achieve freedom; but in seeking to free the individual from social roles, individualism mutilates freedom.

    For Maurras, genuine counterrevolution did not require violent social and political change. It required a way of thinking that would dissipate revolutionary passion. Thus, Maurras arrived at another binary: for classicism, and against romanticism. In his time, the right admired the romantics of the nineteenth century, who were often conservatives yearning for the lost unity of the old regime. But Maurras thought that the right had set up the wrong ­champions. Romanticism was a movement of individualism and historical determinism, which believed that the post-revolutionary present doomed France to mediocrity. Only a few noble souls could look beyond the present catastrophe. By regarding the past nostalgically, romanticism could not assess what from the past was transmissible, fertile, and eternal. It delighted in despair. To counter romanticism, Maurras proposed a rediscovery of classicism. Classicism sought to discover the rational order existing in nature and reality, including in politics. As a way of thinking, classicism disciplined the mind; classicism in politics disciplined the statesman to achieve right order and abandon hubristic, unrealizable dreams. As its name suggests, classicism sought to apply the best of Greece and Rome into the modern context. Classicism’s greatest achievement was the Grand Siècle of the seventeenth century, because the Grand Siècle synthesized the best of Greece and Rome into modern France. That achievement could be repeated in the twentieth century; it remained possible to grasp and achieve the right order for France. Maurras concluded that “in politics, all despair is absolute silliness.”

    France needed to be put into order, Maurras reasoned, with a system of thought that countered the ideas of “cosmopolitan anarchy.” The socialist idea of perpetual class struggle turned class against class. The republican idea of parliamentary politics turned political party against political party, intensifying the partisanship that had fractured national unity since the Revolution. The liberal idea turned the economic interests of the bourgeois against everything else, causing “more woes than the bombs of the libertines.” These ideas handed over to others the government of France, surrendering national independence. Against cosmopolitan anarchy, Maurras offered its opposite: integral nationalism.

    For Maurras, the nationalism-cosmopolitanism binary, and the choice for nationalism, followed as a deductive, almost mathematical argument. Individualism was false. Man has no more pressing need than to live in society. There are a variety of social forms, but the nation is the most complete, most solid, and most extended. Without nations, “We must fear the retreat of civilization.” Nationalism is, therefore, a rational obligation. Maurras understood nationalism as applying the highest moments of a nation’s past to its present, in order to secure the nation’s survival. Maurras held that the Church supports nations and encourages charity among nations, rather than seeking to destroy nations, as socialism does. He quipped that the Church was the only real “International.”

    In the French case, Maurras argued that the nation was formed out of its history. “Ten centuries of gradual collaboration” had drawn the French closer together, forming a bond of friendship. This friendship, in turn, created an inheritance that was passed down from generation to generation. Emphasizing a shared inheritance that looked to past successes for guidance, Maurras denied that the nation was “a phenomenon of race.” The French nation, he argued, was a federation of many races and peoples, each with a cultural and linguistic heritage that had to be preserved and respected (the young Maurras wrote in Provençal). In a sense, Maurras held that diversity was France’s strength.

    In realizing the vast nation-­building exercise dreamt up by the Jacobins during the Revolution, the Third Republic sought to destroy France’s diversity. Republicans feared the provinces as sources of reactionary political temperament and sought to transform them in order to promote ideological conformity. Through national education, the Republic waged war on local traditions and religious schools. Through bureaucratic indoctrination, it purged local governments of figures skeptical of republicanism. Through centralization, it crippled the capacity of the provinces to govern themselves.

    Despite these domineering tactics, the republican state was feeble. Its parliamentary politics produced temporary coalitions and a revolving door of ministers that made it impossible to maintain a consistent grand strategy. Weak government turned France’s diversity into a source of division, unloosing the centrifugal forces within France and threatening civic strife.

    Maurras offered a fundamental challenge to republicanism’s account of the power of the state and its purpose. The Republic’s institutions failed to accomplish what they purported to do. Because the Republic is the regime that divides the most, and because it organizes the exploitation of the country it has divided, ­Maurras wrote, “Action française calls all good citizens against the Republic.”

    Maurras opposed republicanism with an audaciously different ideal: monarchy. “Without a King, no national strength and no guarantee for national independence.” This was not a vision of absolute monarchy. (Absolute monarchy was, to a large extent, a republican fiction; the last of the Bourbon monarchs flailed against the powers of the local parliaments.) Instead, Maurras’s theory of the state was federalist. The national government would be the strong executive of a hereditary monarchy. Yet the state’s powers would be limited in kind and reach, not touching upon the rights and liberties of the regions. Unlike in the Republic, the towns, provinces, and corporate bodies would be “completely free.” This regime would show regard for France’s diversity while holding its centrifugal forces in check.

    Maurras’s most important argument for resolving the republic-­monarchy binary in favor of monarchy was his contention that the monarchy would solve France’s geopolitical problem. Maurras’s reading of French political history saw a close connection between foreign policy and domestic stability. Foreign policy was the crucible in which the French either rose to greatness or fell into confusion. A strong foreign policy united the nation’s people and increased their self-respect. A weak foreign policy pulled the nation apart, threatening national survival and hastening civil war. Here, another of Maurras’s binaries played out: for nationalist particularism, and against imperialist universalism. Maurras saw modern geopolitics as inherently unstable, fluctuating between the imperialism of the superpowers and the increasingly nationalist tendencies of smaller peoples. France was vulnerable to foreign domination, whether through invasion or through foreign powers capturing factions in the French government. It was misguided to imagine that France could be an imperial power; it had to understand itself as a nation.

    In Kiel et Tanger, the text that ­Pompidou praised as prophetic, Maurras detailed the history of the Third Republic’s failures in foreign affairs. The Third Republic had got the binary

  • Le Figaro : Pourquoi Charles Maurras ne sera pas « commémoré »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgÀ la suite de la polémique née de la décision du ministère de la Culture de retirer de la liste des commémorations nationales la figure intellectuelle de Maurras, Le Figaro a publié mardi les commentaires et le débat vidéo qui suivent. On sait que les membres du comité avaient ferraillé sur l'opportunité de le retenir.  LFAR

    sans-titre.pngExit Charles Maurras ! Sur décision de Françoise Nyssen, tous les exemplaires du Livre des commémorations nationales 2018 sont partis au pilon. Les pages 154, 155 et 156 vont être supprimées, afin que l'écrivain et polémiste sorte de la liste de la centaine de personnages et de dates. La notice sur Maurras, signée Olivier Dard, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne, prenait soin de signaler qu'il était une « figure emblématique et controversée ». Ces derniers jours, les associations de lutte contre le racisme et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme (DILCRAH) s'élevaient contre cet hommage rendu à un « auteur antisémite d'extrême-droite ». 

     

    C'est Maurice Druon, ministre des Affaires culturelles, qui lança en 1974 l'Association française pour les célébrations nationales, afin « de veiller à la commémoration des événements importants de l'histoire nationale ». En 1998, l'Association se transforme en Haut comité des célébrations nationales, puis en Haut comité pour les commémorations nationales, en 2011, à la suite d'une autre polémique qui concernait, cette fois, Céline.

    Les douze membres du comité sont nommés tous les trois ans par le ministre de la Culture. Présidé par l'académicienne Danièle Sallenave, il est composé entre autres de l'ancien ministre et ancien président de la BNF, Jean-Noël Jeanneney, des historiens Pascal Ory et Evelyne Lever, mais aussi du musicologue Gilles Cantagrel, ou de l'académicienne Catherine Bréchignac. Chaque année, ils établissent la liste des anniversaires à venir commentés par une centaine de spécialistes. « Pour 2018, il nous était apparu impossible de ne pas parler de Maurras l'année des 150 ans de sa naissance (il est né le 20 avril 1868) », souligne la présidente du Haut comité aux commémorations nationales, Danièle Sallenave, en son nom personnel. Même si les discussions ont été vives, les membres du comité ont pris acte que l'écrivain et directeur de L'Action française, soutien du régime de Vichy, condamné pour intelligence avec l'ennemi à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale, a eu une grande influence sur la vie intellectuelle et littéraire française.

    « Connotation positive »

    « C'est certainement le mot commémoration qui pose problème, il y a une connotation proche de l'hommage, positive », explique Danièle Sallenave. Et d'ajouter, comme elle le fera devant la ministre de la Culture qui la reçoit ce mardi après-midi: « Nous devons mener une réflexion sur notre rôle et sur le sens des commémorations. Il est indispensable de trouver un moyen de transmettre, notamment aux jeunes générations, une vision complexe de l'Histoire de France, avec ses hauts faits, sa grandeur, mais aussi ses zones sombres.»

    Déjà dans l'introduction du livre pilonné, l'historien Claude Gauvard, insistait : « Le passé est là, tragique et lourd, aussi bien qu'heureux, voire léger. » Pour 2018, le comité avait retenu entre autres la diffusion du premier épisode des Shadoks, l'attribution du Nobel de la paix à René Cassin ou l'Armistice de 1918.  •

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  • Maurras toujours vivant

     

    Par Hilaire de Crémiers

    2293089609.14.jpgCet article et le suivant sont préparatoires à notre colloque Charles Maurras, l'homme de la politique, qui se tiendra à Marseille samedi 21 avril [voir plus loin].   LFAR

     

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    Maurras ? Encore ? On croyait avoir oublié ce nom. Il n’était cité que comme exemple de ce qu’il est interdit de penser. Une fois que son nom était prononcé, il n’y avait plus qu’à mettre la main sur la bouche. Les autres auteurs réprouvés, journalistes ou écrivains, ça pouvait passer… mais lui, non ! 

    Et voilà qu’on s’aperçoit que ce nom voué officiellement à toutes les malédictions continue d’exercer, encore et toujours, dans une société en désarroi, sur une jeunesse curieuse et avide de compréhensions politiques, un attrait pour le moins étonnant et qui ne cesse de surprendre les maîtres – ou prétendus tels – de la pensée contemporaine qui l’ignorent superbement dans leur certitude d’en avoir fini avec un tel fantôme. Viendra-t-il encore hanter les nuits de la République ?

    Eh bien, oui, le revoilà ! Il a suffi que son nom fût cité dans le Livre des commémorations nationales de l’année 2018 à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de sa naissance pour que ce livre fût envoyé au pilon et que l’ostracisme qui frappe le nom exécré fût renouvelé. Rien ne saurait mieux prouver une réelle et prégnante présence qu’un tel rejet ! Et, précisément, le Haut Comité des commémorations avait estimé que le rejeter n’apportait rien et qu’il valait mieux lui reconnaître toute sa place et rien que sa place. Le ministère de la Culture – qui n’a de culture que le nom – sous la pression des aboyeurs de la crétinerie du fanatisme gauchard qui tient lieu d’inquisition officielle, a décidé de le rayer de l’histoire, de lui dénier jusqu’à l’existence. Plus de commémoration donc ! Mais aussi plus de Haut Comité. Il n’y en aura plus. Tel est l’effet « Maurras » ! C’est l’honneur des membres dudit Haut Comité – dix sur douze – d’avoir compris – sans donner aucunement leur approbation à quoi que ce soit – qu’il était vain et ridicule de supprimer de l’histoire de France un tel personnage qui l’avait suffisamment marquée pour en être inséparable, et ils ont donc démissionné. Ils ont manifesté leur indépendance intellectuelle et confirmé leur sens de la dignité morale en ne ratifiant pas les oukases d’une Culture officielle qui se réfugie pour préserver sa domination dans l’orgueil du déni culturel. Félicitations singulières à Messieurs Jean-Noël Jeanneney, Pascal Ory et leurs collègues pour leur geste qui garantit encore en France la liberté de pensée.  ■   

    Hilaire de Crémiers

  • Maurras et le Fascisme [4]

    « La conception fasciste de l’État rejoint étrangement la pratique stalinienne »

     

    Par Pierre Debray

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgC'est une étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, que nous publions ici en quelques jours. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'étalera sur une dizaine de jours. Ceux qui en feront la lecture en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR

     

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    Pourtant, c’était Mussolini et non point Maurras qui avait affirmé : « Nous qui détestons intimement tous les christianismes, aussi bien celui de Jésus que celui de Marx, nous gardons une extraordinaire sympathie pour cette reprise, dans la vie moderne, du culte païen de la force et de l’audace. » M. Gaston Rabeau n’ignorait certes pas cette déclaration de principe, puisqu’elle date du 1er décembre 1919. Pas davantage, il ne lui était possible d’ignorer que Mussolini, alors qu’il affichait des velléités littéraires, avait composé un roman pornographique, tout rempli d’injures pour la religion. Il est vrai que la démocratie-chrétienne devait éprouver plus de mansuétude pour le fascisme que pour l’Action française, pour cette bonne raison que l’Action française se voulait contre-révolutionnaire, tandis que le fascisme s’inscrivait dans le grand mouvement de l’action subversive. 

    Dans un essai beaucoup plus récent, puisque publié trente ans plus tard, un autre démocrate-chrétien, M. Henri Lemaître, distingue également fascisme et nationalisme. L’honnêteté commande de reconnaître qu’il le fait dans un esprit tout différent de celui de. Rabeau. Il remarque que le nationalisme « se présente comme un traditionalisme, comme un effort pour perpétuer un héritage historique, cet héritage étant le plus souvent légitimé par des références à des valeurs transcendantes, politiques, morales, religieuses... Le fascisme, au contraire, conçoit la nation non pas essentiellement comme un héritage de valeurs mais plutôt comme un devenir de puissance ... L’histoire n’est plus alors comme dans le nationalisme considérée comme une fidélité, mais comme une création continue, qui mérite de tout renverser sur son passage de ce qui peut lui résister, et comme une action délibérée du devenir humain. » 

    Le problème est posé dans ses justes termes. M. Henri Lemaître définit du reste le fascisme comme « un socialisme pur dans la mesure où il se charge de l’immédiate réalisation historique du dynamisme social...» M. Lemaître témoigne, en l’occurrence, d’une probité intellectuelle assez rare. Il est devenu en effet habituel de masquer la réalité idéologique du fascisme depuis que la gauche internationale, pour des raisons d’opportunité politique, est devenue résolument antifasciste, ce qu’elle n’était pas primitivement, du moins sans son ensemble, ainsi que le prouve l’exemple de M. Rabeau, qui d’ailleurs n’est pas isolé, car dans les premiers écrits du fondateur d’Esprit, Emmanuel Mounier, on trouverait de même une admiration mal dissimulée pour l’éthique mussolinienne. 

    mussolini.jpgQue le fascisme soit un socialisme pur, on en trouve la preuve dans le texte fondamental publié par Mussolini, après la prise de pouvoir, sous le titre Doctrine du fascisme. Mussolini affirme que « le fascisme ne fut pas le fruit d’une doctrine déjà élaborée ensemble : il naquit d’un besoin d’action et fut action ». (photo) Ce qui revient à transposer la célèbre maxime marxiste sur la priorité de la praxis. Mussolini ajoute aussitôt que toute « doctrine tend à diriger l’activité des hommes vers un objectif déterminé, mais l’activité des hommes réagit sur la doctrine, la transforme, l’adapte aux nécessités nouvelles ou la dépasse. La doctrine elle-même doit donc être non un exercice verbal, mais un acte de vie... » L’empirisme total dont M. Rabeau faisait gloire au dictateur italien ne constitue en fait que l’expression de la dialectique marxiste de la praxis (c’est-à-dire de l’activité des hommes) et de la theoria (c’est-à-dire de la doctrine). Ainsi, Mussolini, alors même qu’il rompait de la façon la plus spectaculaire avec le socialisme, continuait de penser au moyen des catégories intellectuelles forgées par Marx. 

    Il n’est donc pas surprenant que les deux valeurs auxquelles le fascisme accorde la primauté, le travail et la guerre, soient empruntées au marxisme.Marx, lui aussi, soutient que le progrès se fonde à la fois sur l’activité de l’homme en tant que producteur (c’est l’aspect matérialiste de la doctrine) et sur la lutte des contraires (ce qui est son aspect dialectique). Sans doute pourrait-on objecter que Mussolini se proclame « spiritualiste ». Il s’agit d’une simple habileté tactique, destinée à rassurer les masses catholiques. Le fascisme exalte non pas l’esprit, mais la vie qui n’est qu’une forme de la matière ou, en termes marxistes, que la matière devenue action. 

    Pas davantage, nous ne devons-nous laisser abuser par le fait que Mussolini répudie la lutte des classes. Il se contente de la situer à un autre plan, par l’opposition des « nations bourgeoises » et des « nations prolétariennes » Bien loin de se séparer du marxisme, il se borne à le « réviser », et sur ce point, il apparaît comme un précurseur. En effet, le léninisme, plus lentement sans doute, a évolué dans le même sens. Actuellement, c’est moins sur la lutte des classes que sur les luttes nationales entre États capitalistes et Pays sous-développés que le communisme compte afin d’assurer la domination mondiale de la Révolution. 

    800px-Italian_Empire.pngLa conception fasciste de l’État, « en tant que volonté éthique universelle » rejoint étrangement la pratique stalinienne, qui lui est contemporaine. Mussolini, à l’inverse de Maurras, soutient que l’État n’est pas au service de la nation, mais qu’au contraire, la nation représente un simple instrument de l’État car elle est créée par lui. C’est lui qui « donne au peuple conscience de sa propre unité morale, une volonté et par conséquent une existence effective ». L’État fasciste s’affirme impérialiste (carte), et Mussolini se plaît à exalter l’exemple de Rome. En réalité, c’est d’un impérialisme de type nouveau, d’un impérialisme beaucoup plus idéologique que territorial qu’il s’agit. « On peut concevoir, écrit-il, un empire, c’est-à-dire une nation qui, directement ou indirectement, guide d’autres nations, sans que la conquête d’un kilomètre carré de territoire soit nécessaire... » Il est donc en droit d’affirmer le 27 octobre 1930 dans le « Message pour l’An IX » que le fascisme italien dans ses institutions particulières est universel dans son esprit. Tout comme la nation russe pour Staline, la nation italienne constitue, pour Mussolini, le moyen d’imposer au reste du monde sa conception de la Révolution.    (A suivre)

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

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    Maurras et le Fascisme  [1]  [2]  [3]