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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Sahel : et si le développement provoquait la guerre ?, par Bernard Lugan.

    Les conflits du Sahel central ne sont pas une conséquence de la raréfaction des ressources alimentaires puisque, entre 1999 et 2016, la production céréalière y a été multipliée par trois. Parallèlement, le terrorisme a embrasé la région. Pourquoi ?

     

    Bernard Lugan.jpgSi les ressources alimentaires ont été multipliées par trois, c’est parce que les surfaces cultivées ont augmenté de 25 %. Un résultat essentiellement obtenu par la mise en culture de pâturages. Donc aux dépens des pasteurs. Sur leurs anciens terrains de parcours, les Peul ont ainsi vu s’installer des colons allochtones dont, avant la colonisation, ils razziaient les ancêtres. Leur mode d’existence étant menacé, ils se sont tournés vers les jihadistes.

    Plus généralement, si nous regardons les microphénomènes, et non plus les seuls macrophénomènes, nous constatons que ce n’est pas tant autour des anciens points d’eau qu’ont lieu les affrontements, mais autour des nouveaux puits creusés par les ONG et des surfaces d’irrigation subventionnées par l’Union européenne. Certains projets maraîchers portés par les « sauveurs de la planète » sont même de véritables facteurs de guerre. Ils quadrillent en effet des zones humides désormais interdites aux pasteurs et qui leur sont pourtant vitales.

    La religion du « développement » bouleverse donc les subtils équilibres fonciers traditionnels. D’où la plupart des affrontements ethniques actuels au Macina, au Soum et au Liptako.

    Comme je l’explique dans mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours, en raison de l’ethno-mathématique électorale, les États sahéliens qui sont dirigés par les agriculteurs sédentaires favorisent les leurs aux dépens des pasteurs. Enrichis, les sédentaires investissent dans l’élevage, concurrençant ainsi directement les pasteurs. Cela est notamment le cas dans le Macina-Soum. D’où la confrontation entre Peul et Dogon.

    Le résultat de cette double dépossession des pasteurs fait que les sédentaires enrichis et devenus possesseurs de bétail, engagent comme bergers de jeunes Peul prolétarisés. Dès-lors, il est facile aux jihadistes de proposer à ces derniers de sortir de leur humiliation par la loi des armes. Celle de leurs ancêtres quand ils étaient dominants.

    Autre exemple, le Soum, où, comme je ne cesse de l’écrire depuis des années, l’introduction de la riziculture qui s’est faite aux dépens du pastoralisme est une des clés de compréhension de l’actuel jihadisme.

    Cette nouveauté a en effet attiré dans la région de nouvelles populations. Les colons riziculteurs mossi ou fulsé-kurumba ont dans un premier temps évincé les pasteurs peul de leurs terrains de parcours. Puis au nom de l’ethno-mathématique, devenus localement plus nombreux que les Peul, ils ont combattu leur chefferie afin de changer les règles d’attribution des terres.

    Ici également, le développement a donc ouvert une voie royale aux jihadistes…

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    http://bernardlugan.blogspot.com/

  • Le regard du romancier philosophe, par Gérard Leclerc.

    Michel Houellebecq

    CC by-sa : Fronteiras do Pensamento | Luiz

    Munhoz

    Hier, je notais la complémentarité nécessaire entre le savant et le politique, le savant disposant de données précieuses dans le domaine de la pandémie actuelle, et le politique ayant le pouvoir de décision à partir de l’information qui lui est fournie. Mais avec Régis Debray, j’associais ces deux personnages à un troisième, le philosophe, celui qui garde la distance nécessaire pour comprendre à quel point et en quel sens une société peut être modifiée par l’événement surprenant qui est venu, en quelque sorte, la prendre à la gorge. Nous avons absolument besoin de ce troisième personnage, parce que nous sommes des êtres de culture qui avons à interpréter des phénomènes de civilisation.

    gerard leclerc.jpgLa physionomie morale et physique d’un peuple est forcément affectée par les événements qui modifient ses modes de vie et de pensée. Les générations qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale ne sont pas tout à fait les mêmes que celle qui a vécu la reconstruction, a fortiori celle qui est entrée dans l’ère de la consommation avec les années soixante.

    Qu’en est-il donc pour nous de cette expérience jamais connue à cette échelle d’une pandémie qui a brusquement stoppé l’activité économique, conduit au confinement et bousculé tous les repères habituels, notamment en économie. Les avis diffèrent, d’évidence, d’une personnalité à l’autre. Suivant les divers tropismes intellectuels. Mais j’ai envie, pour aujourd’hui, de me limiter au diagnostic de Michel Houellebecq, dont l’expertise sociologique en tant que romancier est toujours intéressante à suivre. Houellebecq n’est pas un philosophe au sens rigoureux du terme, mais le regard qu’il projette sur les choses est toujours aigu et ce qu’il a de plus provoquant n’est pas pour me déplaire.

    Il est très souvent pessimiste, mais le pessimisme est parfois plus salubre qu’un optimisme idéologique, trompeur par essence. Relevons simplement un mot du romancier pour en apprécier la saveur : « Jamais la mort n’aura aussi été discrète qu’en ces dernières semaines. Les gens meurent seuls dans leurs chambres d’hôpitaux ou d’EHPAD, on les enterre aussitôt… sans aucune personne, en secret… » Cela s’inscrit dans une tendance lourde, bien comprise par l’historien Philippe Ariès. Cela veut-il dire que nous n’allons pas vers le nouveau monde espéré, mais « le même en pire » ? J’espère bien que non, mais justement il s’agit d’espérer !

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 mai 2020.

  • On arrête tout et on réfléchit, par Gérard Leclerc.

    En dépit de la gravité de l’heure, si nous renoncions un instant à être sérieux ! Entendons-nous… il y a différentes façons de décliner ce terme de sérieux et l’on pourrait recourir à la philosophie pour mieux cerner le concept. Contentons-nous d’évoquer, pour le rejeter, cet esprit de sérieux qui enferme dans un morne immobilisme, par refus de se remettre en question et de remettre en question le monde tel qu’il va. Mais justement, le monde tel qu’il va vient de s’arrêter brusquement. La fébrilité a quitté nos rues en même temps que toute agitation, comme pour défier ce qui est le moteur de notre civilisation technique.

    gerard leclerc.jpgPour qualifier la supériorité des États-unis, c’est à cette image de la fébrilité des rues que l’on a eu parfois recours. L’Américain ce n’est pas l’homme tranquille, c’est l’homme pressé. Mais voilà que l’homme pressé est contraint de s’arrêter, de s’immobiliser. Ce n’est pas drôle, ça ne donne pas envie de rire. Pas seulement parce qu’il y a cette affreuse pandémie mais parce que toute l’activité économique s’est arrêtée.

    Justement, et si nous prenions le parti des gens pas sérieux, c’est-à-dire des personnes qui trouvent quelque avantage à cet arrêt de l’activité, parce qu’il donne l’occasion de réfléchir à frais nouveau. Cela rappelle des souvenirs, pour qui a connu les folies qui ont entouré Mai 68. Gébé, un dessinateur satirique publiait L’an 01, qui va devenir un film au succès étonnant, fondé sur la pure imagination utopique. Et si on arrêtait tout, et si l’on recommençait à zéro. « On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste. » Cela ne va pas durer longtemps. L’esprit de sérieux ne tardera pas à reprendre le dessus et les militants utopistes des années soixante ne tarderont pas à rejoindre l’appareil de production dont ils seront les agents très efficaces.

    Mais aujourd’hui que l’utopie de Gébé se trouve momentanément réalisée, que l’on a tout arrêté, ne pourrait-on pas réfléchir à la possibilité d’un redémarrage qui tiendrait compte de ce qui ne marchait pas dans notre système avec la ferme résolution d’y porter remède. Quelqu’un d’aussi sensé qu’Hubert Védrine, notre ancien ministre des Affaires étrangères, rentre tout à fait dans ce pari : « Il faut procéder à une évaluation implacable de tout ce qui doit être corrigé ou abandonné au niveau international, européen, national, scientifique, administratif, collectif et personnel » Le Figaro, 23 mars). Concrètement, il faudra écologiser complètement notre système de production et cela nous mènera à une mutation totale en dix ou quinze ans. Ne pas être sérieux aujourd’hui, ne serait-ce pas la seule façon d’être sérieux ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 mars 2020.

  • Le diagnostic de Gaël Giraud, par Gérard Leclerc.

    Salle des marchés, Salzbourg, 2006.

    CC by : Raiffeisenverband Salzburg reg. Gen. m. b.

    H., Schwarzstr. 13-15, 5024 Salzburg

    La crise pandémique mondiale que nous vivons ne révèle pas seulement les graves défauts de nos dispositifs sanitaires. C’est tout le système mondialisé de notre économie qui se trouve incriminé avec la toute puissance des marchés financiers.

    gerard leclerc.jpgAinsi que je le relevais il y a deux jours, la crise que nous vivons en ce moment remet en cause bien des certitudes. Elle interroge sur les ressorts de notre civilisation, en coupant court à ce qu’on pourrait appeler un progressisme naïf. Je ne veux pas rentrer ici dans une querelle de vocabulaire à forte connotation idéologique. Il est plus que probable qu’au-delà de cette crise continueront de s’opposer des sensibilités diverses, en continuité avec des courants de pensée anciens. Mais ces courants ne pourront pas ne pas tenir compte de tout ce qui s’est révélé au grand jour comme faiblesses d’un système mondial d’évidence déstabilisé. Ce ne sont pas les seuls responsables de la santé, nationaux et internationaux, qui constatent douloureusement qu’il y a quelque chose de malade dans une mondialisation que certains annonçaient forcément heureuse dans les années 90. Ce sont aussi les économistes, pour peu qu’ils sortent de leur paradigme chancelant.

    Ainsi Gaël Giraud, qui par ailleurs appartient à la Compagnie de Jésus, est connu comme analyste sagace des flux économiques et financiers, peut dénoncer dans L’Obs l’aveuglement de nos dirigeants. Les marchés financiers n’avaient en rien anticipé la pandémie. Pourtant, celle-ci n’était nullement imprévisible. « L’Organisation mondiale de la Santé avait prévenu que les marchés d’animaux sauvages en Chine présentaient des risques épidémiologiques majeurs. » Or ces marchés financiers se veulent et sont considérés comme « la boussole suprême de nos sociétés ».

    Mais pour envisager une alternative à notre système mondial, il faudra rompre résolument avec lui, en consentant à des conversions radicales. Gaël Giraud indique en quels sens il conviendra de porter les efforts : « Relocaliser la production, réguler la sphère financière, repenser les normes comptables pour valoriser la résilience de nos systèmes productifs, instaurer une taxe carbone et sanitaire aux frontières, lancer un plan de relance français et européen pour la réindustrialisation écologique… » J’ai le sentiment qu’un François Lenglet n’est pas loin de partager ces choix. Mais les économistes ne sont pas seuls à devoir entrer dans ce processus de réflexion. Il y a tout ceux qui devraient se soucier du bien commun. Pourquoi pas les religieux, à l’exemple de Gaël Giraud ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 mars 2020.

  • En Espagne : Monarchie, ou République ? par Frédéric de Natal

    Monarchie versus république, le combat a commencé en Espagne.

    Érigé en défenseur de la monarchie, Santiago Abascal (au centre, photo ci dessus) a pris la tête d’une marche composée de monarchistes et d’anti-indépendantistes à Barcelone où il a réaffirmé que son parti serait le « garant de la constitution » contre ceux qui tentent de renverser la monarchie.

    A la veille de sa nouvelle rencontre avec le roi Felipe (Philippe) VI au palais de la Zarzuela, le leader de Vox, la droite conservatrice espagnole, a averti le souverain Bourbon du danger que courrait actuellement la maison royale si elle nommait le leader du parti socialiste (PSOE) à la tête du gouvernement. Pour Santiago Abascal, qui craint de vivre le scénario de 1931, la reconduction au pouvoir du premier ministre Pedro Sanchez serait une menace pour la stabilité de l’institution monarchique.

    « Nous serons cette forteresse qui protégera notre constitution [royale] ». Interrogé lors de cette marche, organisée le 6 décembre, Santiago Abascal a dénoncé un complot visant à détruire la monarchie et accusé le PSOE et ses alliés de vouloir s’accrocher au pouvoir à tout prix. Un message qu’il entend faire passer au monarque. Selon le porte-parole de Vox, Iván Espinosa, Santiago Abascal profitera de cette visite au palais royal pour renouveler ses vœux de loyauté à la couronne, ce «symbole d’unité menacé aujourd’hui » selon lui.

    Ce week-end dernier, pressenti pour être un vice-premier ministre, Pablo Iglesias, leader de Podemos, l'extrême-gauche populiste, a réuni tout ce que l'Espagne compte comme de mouvements, associations républicaines de tout bord. A l'issue de ce congrès qui a réuni pas moins de deux cents personnes, une Plateforme de consultation populaire (Plataforma para la Consulta Popular Estatal*) a été mise en place et organisera le 9 mai prochain, un référendum national , sur la question de la monarchie. "(...) Un grand jour de participation démocratique et de libre expression populaire au cours duquel nous pourrons voter et décider si nous voulons une monarchie ou une république comme forme d'État" ont déclaré d'une voix commune les organisateurs de cette convention qui a rassemblé 37 organisations sociales, politiques, syndicales et de jeunesse.

    Interviewé par le journal monarchiste ABC, en marge de cette convention, l'ancien premier ministre Mariano Rajoy a rappelé que "le règne du roi Juan Carlos et celui de l'actuel roi Felipe VI, chacun avec leurs personnalités différentes, avaient démontré toute l'importance de l'institution monarchique comme facteur de stabilité et qui explique comme permet de comprendre tous les progrès de l’Espagne ces dernières années ".

    Copyright@Frederic de Natal

    https://plataformaestatalmonarquiaorepublica.org/

  • Bien commencé, ”Le bazar de la Charité”, une série qui s'enlise. Ou : commencé en fanfare, le bazar devient... bavard !

    Pourtant, elle avait bien commencé, cette série : la scène quasi initiale de l'incendie nous ramenait - toutes proportions gardées - à des ambiances comme celle du naufrage du Titanic (de Cameron) ou à la bataille initiale de Gladiator (avec l'inoubliable Russel Crow...)

    Pourtant, elle aurait pu bien continuer, cette série : en "exploitant" les possibilités qu'offrait ce personnage magnifique de la duchesse d'Alençon, qui fit preuve là d'un héroïsme et d'une abnégation, qui la menèrent à se sacrifier pour sauver les autres, tant d'autres ("Je sortirai la dernière..." devait-elle dire, poussant son sens du devoir jusqu'au sacrifice de sa vie).

    Oui, mais voilà : les producteurs ont choisi de montrer en quoi la tragédie avait bouleversé le destin de trois femmes; pourquoi pas ? sauf que cette option se révèle être d'une désolante banalité, embrouillée à l'extrême, et  finalement ennuyeuse à souhait...

    En somme, ils ont lâché la proie pour l'ombre : au lieu de parler d'une héroïne véritable, et du sens du devoir, de l'honneur, du sacrifice suprême, ils ont préféré parler de choses simplement humaines, trop humaines...

    Du trivial, en somme, au lieu de l'héroïque.

    Dommage !

    À 50 ans, Sophie-Charlotte affronta la mort de manière chrétienne et héroïque dans l’incendie du Bazar de la Charité, qui a fit environ 120 victimes le 4 mai 1897. Le Bazar était une ancienne écurie où se regroupaient différentes œuvres de bienfaisance, avec de nombreux comptoirs. « Cette année-là », raconte Geneviève Delaboudinière dans son livre Femmes de France, Femmes de feu, « il avait été construit un décor de carton-pâte, de velours, de vélum goudronné pour la toiture afin de reconstituer une rue de Paris. » 

    Sophie-Charlotte se tenait derrière le comptoir des noviciats dominicains, et reçut la visite du Nonce. Son mari était également présent. La vente fut un succès. Près de 1.500 personnes se pressaient dans le hall, long et étroit, animé par des orchestres. Tout à coup, le drame. Une allumette mit le feu à la bouteille d’éther du cinématographe. On cria : « Au feu ! ». Quinze minutes plus tard, tout avait brûlé. Le mari de Sophie-Charlotte tenta de rejoindre sa femme, mais les flammes se dressaient entre eux. Les derniers instants de la duchesse, rapportés notamment par une religieuse rescapée, montrent sa grandeur d’âme et son abnégation. Elle se préoccupa d’abord d’organiser la sortie des plus jeunes, des clientes et de ses vendeuses par une petite porte derrière le comptoir. On l’entendit dire : « Les jeunes d’abord, puis les visiteuses ». Puis elle ajouta : « Partez ! Ne vous occupez pas de moi, je partirai la dernière ». Lorsque la duchesse songea enfin à partir, elle se dirigea vers la porte principale, car c’est là qu’elle avait aperçu son mari pour la dernière fois. Mais le chemin était impraticable, ainsi que la petite porte derrière le comptoir. Elle se tint debout et pria. Et répondit à ceux qui paniquaient : « Dans quelques minutes, pensez que nous verrons Dieu, que nous serons au Ciel ».

    lafautearousseau

  • Que faire avec le déconfinement ?, par Gérard Leclerc.

    © Pascal Deloche / Godong

    La discussion à propos du confinement fait rage. Beaucoup d’économistes tirent le signal d’alarme sur le désastre économique qui résulte de l’arrêt de l’activité. Le projet d’un modèle alternatif au libéralisme leur est étranger. Tandis que d’autres affirment qu’un changement profond est indispensable.

    gerard leclerc.jpgC’est sans doute par goût et par penchant intellectuel que je privilégie souvent dans ces chroniques un certain angle de vue, plus axé sur les relations sociales que sur les rapports économiques. On est fondé à me le reprocher, comme si j’adoptais une sorte d’idéalisme qui fait fi d’un certain nombre de dures réalités. Ainsi hier, je me retrouvais d’emblée en accord avec Edgar Morin, dont je suis avec la plus grande sympathie les travaux depuis longtemps, notamment dans l’ordre de l’anthropologie sociale. Mais pas plus tard qu’hier, je me suis trouvé rappelé à l’ordre par un certain nombre d’articles de journaux. Gare à la catastrophe économique qui nous guette ! Le confinement constitue un danger absolu. Les chiffres s’alignent, implacables. Je me félicite, avec Edgar Morin, d’un bel élan de solidarité ? Mais demain des milliers d’entreprises vont faire faillite, et le nombre des chômeurs va s’accroître de façon considérable.

    La polémique s’enflamme d’ailleurs entre ceux qui annoncent une mutation de civilisation et ceux qui dénoncent l’illusion de la fin du libéralisme économique et de la mondialisation. Il serait insensé de ne pas prêter attention aux « réalistes », même si je prétends que leurs contradicteurs ne sont pas forcément de doux rêveurs. Faut-il préciser que cette polémique ne date pas d’aujourd’hui ? J’ai tiré de ma bibliothèque un ouvrage de Raymond Aron intitulé Les désillusions du progrès. Sa première édition en anglais date de 1965, donc d’avant 1968 et de ses utopies libertaires. Déjà, les mêmes problèmes se trouvent posés, avec la remise en cause de la société industrielle et le procès fait à la technique. La question écologique se profile déjà, même s’il faudra attendre dix années encore pour qu’elle se traduise politiquement. Mais ce grand esprit qu’est Aron ne parvient pas à trancher. Il ne se résout pas à abandonner totalement l’esprit saint-simonien. Il oppose deux ouvrages-manifestes Le Grand espoir du XXe siècle de l’économiste Jean Fourastié et La technique ou l’enjeu du siècle du sociologue-théologien Jacques Ellul. Il ne s’accorde, dit-il, ni avec la sérénité du premier, ni avec la rage froide du second. Peut-on trancher aujourd’hui ? Ce qui est certain, c’est que les enjeux sont devenus bien plus graves.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 avril 2020.

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Docteur ?

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    A l’affiche : Docteur ?, un film français de Tristan Séguéla, avec Michel Blanc (le docteur Serge Manou Mani), Hakim Jemili (Malek), Solène Rigot (Rose) et Franck Gastambide (Grisoni), inspiré de faits réels.

    3107438373.2.jpgAvec cette nouvelle année,  les affaires reprennent.
    Pour la clique qui prétend nous diriger, LREM, La Régression En Marche, c'est la grève des transports et la population...  en marche, soit pour manifester,  soit pour aller travailler, et peut-être les deux.
    Pour les "Tamalou" que nous sommes, c'était hier matin un rendez-vous à l'hôpital (RASTVB) et le soir, retour au cinéma pour aller voir... Docteur ?.
    Un film dont l'intérêt ne dépasse pas la médiocrité de la bande-annonce. Certain critique avait conseillé d'y aller, prétendant qu'on s'amuse pendant la première partie... et c'est vrai qu'on ne s'ennuie pas... sans plus... si on n'a rien d'autre à faire.
    Il permet une pensée émue sur ce très beau métier,  cette  vocation,  quand le médecin aide à donner la vie et à sauver des vies. Un "service" malheureusement en disparition dans le désert médical de nos campagnes... mais si ça ne gêne que les ruraux, n'est-ce pas que ce n'est pas grave... Docteur ?

     

     

     

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.
    Pour mémoire  

     

    Titre

    Violent/scabreux

    Date

    Il aurait été très dommage de ne pas le voir

    Hors normes

    non

    10/11/2019

    Une bonne soirée

    It Must Be Heaven

    Non

    06/12/2019

    Un très bon film

    Midway

    non

    11/11/2019

    Un bon film

    Une vie cachée

    oui

    05/01/2020

    (Très) intéressant

    Un monde plus grand

    non

    28/11/2019

    A revoir en VF

    La Famille

    non

    08/10/2019

    J’aurais pu et dû ne pas le voir

    Docteur ?

    non

    06/01/2020

    Je m’y suis ennuyé

    Le meilleur reste à venir

    non

    29/10/2019

    Je n’ai pas aimé du tout

    Chanson douce

    oui

    10/12/2019

    Le film à retenir depuis le 1er janvier

  • Le drame de Gabriel Matzneff par Gérard Leclerc

    Toute la presse fait écho à un ouvrage intitulé Le consentement, qui sera en librairie le 2 janvier. Il n’est pas nécessaire de l’avoir lu pour en connaître le contenu, déjà largement exposé dans de longs articles, que l’on peut retrouver aussi bien sur le site du Monde que celui de La Croix.

    LECLERC.jpgL’auteur, directrice des éditions Julliard, raconte comment elle a été, entre treize et quinze ans, la maîtresse d’un écrivain bien connu, notamment pour avoir défendu ses penchants pour « les moins de seize ans ». Les initiales de cet écrivain G. M. sont immédiatement identifiables. Qui, sur la scène littéraire, ne connaît pas Gabriel Matzneff, par ailleurs régulièrement visé par des campagnes dénonçant sa pédophilie ? L’élément nouveau est que cette pédophilie est aujourd’hui unanimement réprouvée et criminalisée, y compris par des journaux qui, autrefois, en assumaient la défense, sinon la légitimité.

    Je n’ai pas très envie de lire le livre de Vanessa Springora, pour différentes raisons, même si elle s’explique amèrement sur la notion de consentement. Oui, une adolescente peut consentir à une liaison avec un homme mûr, dès lors que celui-ci a suffisamment de prestige, de culture et de charme, alors qu’elle ressent sur le moment qu’il y a quelque chose d’ambigu et de pervers, de destructeur dans une telle relation.

    Il se trouve que je connais personnellement Gabriel Matzneff depuis très longtemps. Nos échanges ne se sont jamais situés sur ce terrain de la sexualité. Nous parlions déjà, dans les années soixante-dix, de philosophie et de littérature, en évoquant Dostoïevski, Berdiaev, ou encore Gabriel Marcel et Pierre Boutang. Il me recommandait tel livre de théologie orthodoxe qui l’avait marqué. N’était-il pas proche d’Olivier Clément, lui-même théologien orthodoxe ?

    Alors, comment entendre cette contradiction entre le fidèle et le libertin ? Lui-même s’en est expliqué dans certains textes : « Par ma faute, mon inconscience, ma folie, l’icône s’est obscurcie, occultée, et j’ai sombré dans la nuit. » Il parle même de « descente aux enfer ». On comprend qu’avec l’Église orthodoxe ses rapports aient été difficiles, au point d’être rompus un moment. Mais il s’est toujours finalement retourné vers la liturgie lumineuse de son enfance. Une liturgie qui est le seul secours qui puisse lui tendre la main dans sa tragédie actuelle.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 décembre 2019

  • L'Echo républicain explique le sens de la messe pour Louis XVI célébrée à Dreux ce 21 janvier...

    Pour la première fois, une cérémonie hommage pour Louis XVI aura lieu, mardi 21 janvier 2020, à la chapelle royale. Un geste fort du chef de la Maison France pour tourner cette page sombre marquée par le vote de la mort du roi par Louis Philippe Egalité en 1792. 

    Dès les premières heures après le décès de son père, le prince Jean de France, qui allait reprendre le titre de Comte de Paris, voyait dans la date de cette mort, un symbole.

    Henri d’Orléans est décédé le 21 janvier 2019 alors qu’il venait de s’habiller pour aller à la messe en hommage à Louis XVI, mort guillotiné. Une cérémonie qu’il n’a jamais manquée.

    Depuis toujours, le prince Jean de France s’inscrit dans une logique de pardon. C’est dans cet esprit que s’était déroulée la messe de requiem, le 2 février 2019, pour Henri d’Orléans.

    C’est encore dans cette logique d’unité, d’humilité et de pardon que s’inscrira la messe qui sera dite, mardi, à 10 h 30, en la chapelle royale de Dreux : pour la première fois, une messe en hommage à Louis XVI aura lieu dans la nécropole des Orléans.

    "C'est une manière de reconnaître la faute, de tourner cette page et de se concentrer sur l'avenir" Princesse Philomena 

    La princesse Philomena explique la démarche du Comte de Paris : « Pour cette date anniversaire, il y aura une première messe en mémoire de mon beau-père, lundi. Mais, le Comte de Paris a voulu marquer cette première année de sa fonction par un geste fort en faisant dire une messe pour le roi Louis XVI, le lendemain. »

    Pour comprendre toute la portée de ce geste, il faut se souvenir que Louis-Philippe Égalité a voté la mort de son cousin, en 1792, marquant toute la branche cadette des Orléans du sceau du régicide.

    « Cet hommage est une manière de reconnaître que le vote de la mort du roi a été une faute. Une faute qu’il ne nous appartient pas de juger car on ne sait pas ce que l’on aurait fait à sa place. Une faute qui a entraîné la France dans la Terreur. C’est une manière de reconnaître la faute historique pour tourner cette page et se concentrer sur l’avenir. »

    Le Comte de Paris ne fait pas cette démarche en cercle fermé : chacun est invité aux offices en mémoire de Henri d’Orléans et de Louis XVI.

    Messes. Lundi 20 janvier à 17 h 30 pour Henri d’Orléans suivie d’une veillée de prières jusqu’à 21 heures. Le mardi 21 janvier à 10h30 pour Louis XVI. La messe sera célébrée par Mgr Philippe Brizard des Œuvres d’Orient et par le père Jaroslav Lobkowicz.

    Valérie Beaudoin

  • Le religieux dans la cité, par Gérard Leclerc.

    Saint-Émilion

    © Philippe Lissac / Godong

    Quand les chrétiens pourront-ils retrouver le chemin de leurs églises ? Les évêques s’en préoccupent à l’unisson des fidèles. Plus généralement la puissance publique donne-t-elle l’importance nécessaire au souci spirituel ?

    gerard leclerc.jpgLes conséquences qu’ont eu les règles du confinement dans le domaine religieux, et singulièrement pour ce qui concerne la liturgie chrétienne, ont provoqué ici ou là des polémiques que l’on peut comprendre. Vraiment, nous n’avions jamais vécu, pas plus que nos prédécesseurs, cette interdiction de participer à la messe dominicale. L’épreuve a été d’autant plus cruelle qu’elle a affecté la grande semaine de l’année et la célébration de Pâques. Aujourd’hui, l’impatience est grande face à la volonté du gouvernement de reporter la levée de l’interdiction jusqu’au mois de juin. L’épiscopat français, qui a fait preuve d’un civisme rigoureux en acceptant les règles communes, montre désormais qu’il partage ce désir de beaucoup de fidèles pour revenir au plus vite aux célébrations communautaires. Le Pape lui-même a indiqué qu’on ne pourrait longtemps en rester à une participation virtuelle à la messe.

    Mais doit-on creuser plus loin cette question de la présence du religieux dans la vie de la cité, alors que la crise générale de la société devrait raviver l’interrogation sur le sens de notre existence ? Pour ma part, je serais enclin à recevoir avec la plus grande attention ce que Pierre Manent, philosophe politique, nous confie avec indignation : « Avez-vous remarqué que, sur la longue liste des motifs autorisant la sortie du domicile, on n’a pas oublié “les besoins des animaux de compagnie” mais qu’il n’est pas envisagé que nous souhaitions nous rendre dans un lieu de culte ? Cela mérite réflexion. Ceux qui nous gouvernent sont des personnes honorables qui font de leur mieux pour surmonter une crise grave. Or, ils n’ont pas perçu l’énorme, l’inadmissible abus de pouvoir qui était impliqué dans certaines de leurs décisions. Comment est-ce possible ? »

    Peut-être y aurait-il lieu d’apporter quelques nuances à ce reproche. Je sais des responsables politiques importants qui se sont soucié de munir de masques les prêtres qui se rendaient au chevet des malades, souvent gravement atteints. Mais l’interrogation garde toute sa force. C’est Malraux déjà qui mettait en cause une civilisation qui n’avait su construire « ni un temple, ni un tombeau ».

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 avril 2020.

  • Un collectif publie un ”manifeste des soignants” et une lettre ouverte à Emmanuel Macron.

    Le ministre de la Santé Olivier Véran.

    A la veille de l'ouverture des concertations du "Ségur de la santé", une tribune signée par des personnalités en première ligne dans la défense de l'hôpital public propose une série de mesures extrêmement détaillées. Revalorisation des carrières pour les soignants, égal accès aux soins pour tous, rattrapage pour la psychiatrie, réforme de l'assurance maladie, refonte des études de médecine... sont au programme.

    Il est signé notamment par des membres du Comité inter-hôpitaux (Antoine Pélissolo, François Salachas, André Grimaldi) ou inter-urgences (Hugo Huon), la sociologue Dominique Méda ou encore l'ancien directeur de Santé publique France, François Bourdillon.

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    https://www.liberation.fr/france/2020/05/24/soignants-monsieur-le-president-montrez-nous-qu-on-peut-compter-sur-vous_1789266

     

    Il s'accompagne d'une lettre ouverte à Emmanuel Macron, rappelant l'inquiétude exprimée depuis des mois voire des années "quant à l'évolution extrêmement préoccupante du système de santé... sans réponse à la hauteur des problèmes soulevés". "Et ce que nous craignions tous est advenu: un cataclysme. L'épidémie de Covid s'est abattue sur la nation, plaçant l'hôpital public fragile, démuni, désossé, en première ligne", poursuivent-ils.

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    https://www.liberation.fr/liseuse/publication/25-05-2020/1/

    "Il faut tenir, mais les combattants épuisés vont déserter si le 'plan massif' que vous avez annoncé, Monsieur le Président, n'est pas à la hauteur des enjeux", concluent les signataires, alors que s'ouvre lundi le "Ségur de la santé", une concertation de sept semaines visant à améliorer la prise en charge des malades et les conditions de travail des soignants. Cette lettre s'accompagne d'une série de propositions, la première visant à "définir dans la loi" cinq services publics de santé: "assurance maladie, soins et prévention, sécurité sanitaire et santé publique, enseignement et formation continue, recherche".

    Des stocks de sécurité

    Le texte propose aussi de "financer de façon inaliénable la Sécurité sociale", qui prendrait en charge à 100% "un panier large de prévention, de soins et de services", prônant un accès universel aux soins en mettant fin aux inégalités sociales et territoriales. A l'hôpital, il demande un plan de rattrapage pour la psychiatrie, davantage de lits d'aval des urgences, des quotas de personnel, la limitation de la tarification à l'acte ou encore la participation des usagers à la gouvernance.

    Autres propositions: une revalorisation des carrières des professions de santé et de la recherche, une transformation des études de médecine qui incluraient les sciences humaines, ou encore "une politique publique industrielle de santé et du médicament pour produire à prix coûtants, au niveau de la France et des pays européens", les médicaments et équipements indispensables. Tirant les leçons de l'épidémie de Covid-19, le texte propose aussi de "s'assurer de stocks de sécurité pour au moins six mois et imposer un rapport et un vote annuel du Parlement sur l'état des stocks stratégiques".

  • Patrimoine cinématographique • L'aveu

     

    Par Pierre Builly

    L'aveu de Costa Gavras (1970)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgLogique de la Terreur

    Que La révolution dévore jusqu'à ses enfants, on le sait depuis Danton, et que ce Moloch jamais rassasié, ce brasier qui a toujours besoin de nouveaux combustibles ait dévoré en ne s'en satisfaisant jamais les meilleurs de ses combattants, on le savait, en assistant, assez fasciné à cette catastrophe.

    Mais davantage que dans des films qui montrent plus particulièrement la stupéfaction, la surprise, le désenchantement, L'aveu explore de façon presque clinique, en tout cas distante et maîtrisée la folie de ceux qui prétendent changer la vie, c'est-à-dire changer la nature humaine... 

    ee87df15-0b1f-4ccc-8a2d-188a425f6a10_2.jpgS'il y a, à mes yeux, un quart d'heure de trop, qui en ralentit le rythme, L'aveu est un grand film, peut-être meilleur encore que Z, qui est plus romanesque ; l'enfermement, la folie kafkaïenne, le sadisme ordinaire et constant des geôliers, l'aveuglement de ceux qui ont fait du Parti l'horizon insurpassable de la pensée humaine et qui le tiennent comme une église à la fois parfaite et immanente (jolie contradiction dans les termes), tout cela est rendu avec une force extrême par Costa-Gavras, largement secondé par un Montand absolument bluffant, une Signoret d'autant plus crédible qu'elle avait largement partagé - et partageait en grande partie encore - les billevesées révolutionnaires, et une pléiade d'acteurs de second rang, mais de talent premier (Michel Vitold, Gabriele Ferzetti, Jacques Rispal, Jean Bouise, Michel Beaune et tant d'autres)... 

    Étrange sort que celui des Brigadistes, les Révolutionnaires de la guerre civile d'Espagne qui, à peu près tous, et alors que certains avaient encore fait davantage leurs preuves dans la lutte clandestine pendant les résistances au nazisme, se sont retrouvés suspectés, vilipendés, exclus de leur raison de vivre, la fidélité au parti et la Révolution, pendant les années d'après-guerre... L'aveu est le film de la déchéance d'Artur London, en Tchécoslovaquie, de ses brimades, humiliations, tortures, avilissements ; de façon plus cauteleuse, ce sont les mêmes procédés qui ont été employés, en France, contre d'authentiques soldats de la Révolution, André Marty, Charles Tillon, Auguste Lecœur... 

    L'Espagne, la défaite, en Occident, du marxisme révolutionnaire, aura été, assurément, une blessure irréconciliable, en même temps qu'un rêve romanesque ; dans la maison des London (Montand et Signoret, donc, compagnons de route ici réunis pour constater la faillite absolue de ce qui fut et resta - pour elle tout au moins - un idéal), il y a plein de photos de la guerre civile, le milicien frappé à mort immortalisé par Robert Capa, la buveuse de sang Ibbaruri (la Passionara), ou le défilé, à Barcelone, le 27 octobre 1938, des Brigades dissoutes par le Gouvernement républicain de Juan Negrin ; ceux qui combattirent n'y récoltèrent rien que la méfiance et l'aversion de ceux qui n'avaient pas pris les armes....  

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    Le DVD n’est plus très facile à trouver ; 16 € ENVIRON

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Tribune du Prince Jean, Comte de Paris, dans Le Figaro : « Au-delà de la reconstruction, l’urgence de la transmission »

    Jean d’Orléans, Comte de Paris, devant Notre-Dame mardi 16 avril 2019. AFP

    TRIBUNE [17 avril 2019] - Jean d’Orléans, Comte de Paris, communie à l’émotion nationale suscitée par l’incendie spectaculaire de Notre-Dame de Paris. Le descendant de Saint Louis souligne également l’urgence de transmettre l’héritage que nous avons reçu.

    le-prince-jean-d-orleans-parle-du-comte-de-paris_4297145.jpgHier matin, en contemplant ce qu’il reste de cette pauvre cathédrale de Paris, cette chère cathédrale de France, on ne peut qu’être blessé dans sa chair, en tant que Français et en tant que chrétien.

    Car Notre-Dame-de-Paris est bien plus qu’un bâtiment, plus même qu’un symbole, c’est le signe visible et bien réel du génie de la France. Du génie et du dévouement de ses admirables bâtisseurs, mais aussi du génie de ceux qui durant plus de 850 ans, siècle après siècle, ont chéri ce trésor national, et nous l’ont transmis sans faillir.

    Il y a dans cet édifice une continuité historique entre d’une part les rois Capétiens bâtisseurs et d’autre part les autres régimes qui leur ont succédé jusqu’à notre Ve République, qui ont su préserver et faire rayonner ce legs, pour faire de la France un sommet de la culture universelle. Notre-Dame, en traversant les siècles, est le témoin vivant de l’unité des Français autour d’un destin commun. Comme Fils de Saint Louis, roi bâtisseur, je me rattache aussi pleinement à cette continuité.

    Il faut toutefois s’y résoudre: notre génération, qui se drape souvent dans sa supériorité sur tout ce qui nous précède, est celle qui n’a pas transmis. Nous sommes des consommateurs d’héritage, des enfants gâtés jouissant de biens qui leur semblent éternels, à commencer d’ailleurs par nos ressources naturelles, dilapidées par notre mode de vie et nos exigences de confort, et nos paysages défigurés par une urbanisation sauvage et insensée.

    Mais Notre-Dame-de-Paris n’est pas la seule victime de notre insouciance. Parmi les ruines de notre cathédrale mutilée, dans chacun de ces vitraux pulvérisés, dans chacune de ces poutres consumées, il y a une de nos petites églises de campagne qui chaque année par dizaines sont profanées, abandonnées, désaffectées ou détruites, mais aussi tous les biens patrimoniaux, religieux ou non, dont nous sommes responsables. Chacun de ces dons reçus de nos aînés vient avec une responsabilité, et une exigence.

    Comment nous rendre à présent plus dignes de ce qui nous a été légué par tant de générations ? Peut-être d’abord par le geste le plus simple qui soit : entrer dans nos églises, pour ceux qui le souhaitent y prier, visiter nos monuments, sauvegarder nos paysages. Apprendre à aimer ces pierres, écouter ce qu’elles nous disent du passé, et quelles que soient nos origines culturelles ou religieuses, respecter ce qui nous dépasse en elles. 

     

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Thomas Pesquet, l'étoffe d'un héros...

    5665772.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgArts et essai : Thomas Pesquet, l’étoffe d’un héros : un film français de Jürgen Hansen et Pierre-Emmanuel Le Goff,
    avec Thomas Pesquet, Peggy Whitson et Oleg Novitski.

    Continuons de célébrer le jubilé des premiers pas sur la lune.


    A vrai dire, un précédent documentaire, 16 levers de soleil,  de Pierre-Emmanuel Le Goff à bord du Soyouz MS-03, en 2016, avec ces 3 astronautes, m’avait ennuyé… Celui-ci, beaucoup plus intéressant, porte sur l’entraînement physique et psychologique de Thomas Pesquet durant les années et les mois précédant l’embarquement.

    J’y ai ressenti un stress qui ne m’avait pas effleuré la première fois.

    Je ne voudrais pas radoter avec les propos du Capitaine Haddock, mais je ne peux quand même que répéter mon commentaire de Moonwalk One sur le véritable héroïsme que je situe davantage dans l’acceptation de la « torture » - comme le dit Thomas Pesquet - physique préalable, que dans la réalisation de la mission elle-même.

    Oui, ces hommes méritent, eux, contrairement à ceux qui font l’actualité et se pavanent sur les plateaux de télévision et de radio, qu’on leur rende hommage…

    Ils ont été dix français, depuis Jean-Loup chrétien en 1982, à aller dans l’espace dont quatre ont effectué des sorties extra-véhiculaires (EVA), de Jean-Loup Chrétien lui-même en 1988 à Thomas Pesquet lors de cette mission.

    Respect.

     

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et 400 autres sur mon blog Je ciné mate.

    Pour mémoire  

     

    Titre

    Violent/scabreux

    Date

    Il aurait été très dommage de ne pas le voir

    Moonwalk One

    non

    22/08/2019

    Une bonne soirée

    Fête de famille

    non

    12/09/2019

    Un très bon film

    Les hirondelles de Kaboul

    non

    17/09/2019

    Un bon film

    Mjolk, la guerre du lait

    non

    13/09/2019

    Très intéressant

    Thomas Pesquet, l’étoffe d’un héros

    non

    20/09/2019

    A revoir en VF

    Van Gogh et le Japon

    Non

    13/06/2019

    J’aurais pu dû ne pas le voir

    Tu mérites un amour

    oui

    15/09/2019

    Je m’y suis ennuyé

    Un havre de paix

    non

    10/07/2019

    Je n’ai pas aimé du tout

    Nous finirons ensemble

    non

    12/05/2019

    Le film à retenir depuis le 1er janvier

    Le chant du loup

    Non

    15/03/2019