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Le drame de Gabriel Matzneff par Gérard Leclerc

Toute la presse fait écho à un ouvrage intitulé Le consentement, qui sera en librairie le 2 janvier. Il n’est pas nécessaire de l’avoir lu pour en connaître le contenu, déjà largement exposé dans de longs articles, que l’on peut retrouver aussi bien sur le site du Monde que celui de La Croix.

LECLERC.jpgL’auteur, directrice des éditions Julliard, raconte comment elle a été, entre treize et quinze ans, la maîtresse d’un écrivain bien connu, notamment pour avoir défendu ses penchants pour « les moins de seize ans ». Les initiales de cet écrivain G. M. sont immédiatement identifiables. Qui, sur la scène littéraire, ne connaît pas Gabriel Matzneff, par ailleurs régulièrement visé par des campagnes dénonçant sa pédophilie ? L’élément nouveau est que cette pédophilie est aujourd’hui unanimement réprouvée et criminalisée, y compris par des journaux qui, autrefois, en assumaient la défense, sinon la légitimité.

Je n’ai pas très envie de lire le livre de Vanessa Springora, pour différentes raisons, même si elle s’explique amèrement sur la notion de consentement. Oui, une adolescente peut consentir à une liaison avec un homme mûr, dès lors que celui-ci a suffisamment de prestige, de culture et de charme, alors qu’elle ressent sur le moment qu’il y a quelque chose d’ambigu et de pervers, de destructeur dans une telle relation.

Il se trouve que je connais personnellement Gabriel Matzneff depuis très longtemps. Nos échanges ne se sont jamais situés sur ce terrain de la sexualité. Nous parlions déjà, dans les années soixante-dix, de philosophie et de littérature, en évoquant Dostoïevski, Berdiaev, ou encore Gabriel Marcel et Pierre Boutang. Il me recommandait tel livre de théologie orthodoxe qui l’avait marqué. N’était-il pas proche d’Olivier Clément, lui-même théologien orthodoxe ?

Alors, comment entendre cette contradiction entre le fidèle et le libertin ? Lui-même s’en est expliqué dans certains textes : « Par ma faute, mon inconscience, ma folie, l’icône s’est obscurcie, occultée, et j’ai sombré dans la nuit. » Il parle même de « descente aux enfer ». On comprend qu’avec l’Église orthodoxe ses rapports aient été difficiles, au point d’être rompus un moment. Mais il s’est toujours finalement retourné vers la liturgie lumineuse de son enfance. Une liturgie qui est le seul secours qui puisse lui tendre la main dans sa tragédie actuelle.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 décembre 2019

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