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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Humeur et Histoire : les délires existent, on en rencontre tous les jours....

            D'accord, plus c'est gros, plus ça passe, mais tout de même !

            Là, il y est allé un peu fort, Laurent Attar-Bayrou, Président de la FNAME (Fédération nationales des Anciens des missions extérieures). Dans un communiqué publié suite aux propos d' "Eva dans le mur", il s'est indigné de la proposition de supprimer le Défilé militaire du 14 juillet, qu'il considère être"une proposition ridicule qui émane pourtant d'une femme brillante".

            Jusque là, ça va : c'est après que les choses se gâtent..... 

    valéry,petain,armée,14 juillet

    à l'attention de Laurent Attar-Boyer, qui "a un problème", comme on dit aujourd'hui dans le jargon, avec son Histoire de France :  le vrai 14 juillet.pdf

            Précisons tout d'abord que, pour être tout à fait francs, nous ne connaissions jusqu'à maintenant l'existence ni de la Fname, ni de son Président. Et que nous n'avons bien évidemment rien contre les "Anciens", ni de l'armée française en général, ni des missions extérieures en particulier. Ou alors, si nous avons quelque chose, c'est, à l'inverse, uniquement de l'estime et du respect pour cette Armée dont nous pensons, avec Paul Valéry, qu' "Elle est indivisible de la nation qu’elle reflète exactement. Le pays peut se mirer dans son bouclier" (1).

            Bon, ceci étant dit, et sans sombrer dans la polémique pour la polémique, on ne peut malgré tout pas laisser passer sans, au moins, la relever comme telle, l'ineptie profonde qui suit ce premier propos. Laurent Attar-Bayrou conseille à Eva Joly de "relire ses livres d'histoire" : il a mille fois raison ! Il faut lire et relire, et les faire connaître, les livres non seulement de Bainville, mais des Furet, des Chaunu, des Petitfils et autres.... Mais, pourquoi Laurent-Attar-Bayrou ne s'applique-t-il pas à lui-même ce précieux conseil qu'il donne à Eva Joly ? Cela lui aurait évité d'écrire l'insanité suivante, pour laquelle on hésite à choisir, comme qualificatif, entre grotesque et scandaleux :

            "...Le 14 juillet célèbre la prise du pouvoir de l'armée du peuple sur les armées royales..." Il faut avouer que, là, les bras vous en tombent ! Consternation véritablement désolée, ou franche hilarité, chacun réagira à sa façon, mais peut-on vraiment, en 2011, continuer à écrire des énormités pareilles ?

            Libre à Laurent Attar-Bayrou de croire encore et toujours en cette Révolution qu'il semble porter aux nues. Ainsi, en toute logique, qu'en cette République idéologique qui en est l'héritière, et qui a déconstruit notre société, la mettant dans l'état lamentable où elle se trouve aujourd'hui : cela relève de son libre choix politique. Mais travestir aussi grossièrement les faits ! A-t-on le "droit" d'écrire "n'importe quoi" ? : puisque l'on vient de parler du Bac, cela ne serait-il pas un sujet possible, pour l'année prochaine, aux épreuves de Philo ?

     

     

    Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants"...

     

     

     

            Nous rappellerons seulement à Monsieur Attar-Boyer :

    1. Que, selon le mot fort juste de Chateaubriand, "Louis XVI a pu vingt fois sauver sa couronne et sa vie..." comme, un seul exemple, à Varennes (récit de Michel Mourre) : "Quand la berline se présenta, elle trouva le pont de l'Aire barricadé et fut entourée de gardes municipaux en armes. Louis XVI, rejoint peu après par les officiers de Bouillé, Choiseul et Damas, refusa de les laisser dégager la route par la force. Les commissaires de la Constituante, survenus, purent donc s'assurer sans difficulté de la personne du roi....."

    2. Quoi que pense et que dise Laurent Attar-Boyer, et à l'encontre de ses élucubrations, historiquement, des trois types de Régime qu'a connus la France - Royauté, République et Empire - le seul qui ait reçu la consécration populaire, si l'on peut dire, sous forme de soulèvement armé en sa faveur est la Royauté, alors que les deux autres Régimes - les deux Empire et les quatre République - ont été bien incapables de susciter, lors de leur chute respective, une telle adhésion populaire. Et cela, d'une façon ou d'une autre, signifie quelque chose.... 

           Nul ne s'est levé pour défendre Napléon III, en 1870, pas plus que Napoléon Premier en 1814 et 1815. Tout au plus la caste militaire (par réflexe corporatiste ?...) s'est-elle ralliée à lui, au moins en partie, lors des Cent jours : on sait ce que cela a donné... Quant aux différentes Républiques, on sait les cris de joie qui ont salués Thermidor et comment s'est passé la fin de la Première; l'indifférence qui a accompagné la fin de la Deuxième; pour la Troisième, le désastre et la fuite éperdue, sans nulle gloire ni dignité, de ses représentants légaux, trop heureux de confier le pouvoir à un vieil homme de plus de quatre vingts ans, afin de fuir plus rapidement pour tâcher d'enfouir leurs responsabilités; enfin, pour la quatrième, le discrédit total, confinant au mépris, dans lequel elle disparut...

            Seule la Royauté, avec les Guerres de Vendée ("guerre de géants", disait Napoléon...) a suscité à ce point l'adhésion populaire.....

            On s'arrêtera là car, nous l'avons dit, nous n'éprouvons pour l'Armée française, prise en tant que Corps, qu'estime et respect. Aussi ne développerons-nous pas outre-mesure cette polémique, et nous contenterons-nous, juste, d'avoir marqué le coup.

            Avec une pensée pour toutes ces victimes de la Révolution, qui fut tout sauf faite "par l'armée du peuple" contre "les armées royales".... 

     

    (1) : Paul Valéry, discours de réponse au maréchal Pétain, 1931

  • « Secrets d’Histoire » sur France 2 : ça promet…

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                        Sous-titré « Catherine de Médicis et les intrigues des châteaux de la Loire » Stéphane Bern présentera, le jeudi 31 juillet (1), le premier volet d’une série de quatre émissions estivales, que l’on pourrait tout aussi bien intituler « Art et Histoire… »…..

              « Le long du coteau courbe et des nobles vallées,

                 Les châteaux sont semés comme des reposoirs ;

                 Et, dans la majesté des jardins et des soirs,

                 La Loire et ses vassaux s’en vont par les allées… »

                 Le paysage chanté par Péguy servant bien évidemment de toile de fond à l’émission, on parlera plus précisément dans ce premier volet de Catherine de Médicis (1519-1589), une des plus grandes femmes d’Etat de l’Histoire de France et une figure emblématique de la Renaissance. Elle est pourtant victime, depuis des siècles, d’une légende noire qui a fait de cette Italienne une adepte de Machiavel, empoisonneuse à ses heures. Stéphane Bern s’emploie ici à la réhabiliter, menant l’enquête dans les châteaux de la Loire où elle a séjourné ( cf nos deux illustrations : châteaux de Chambord et de Chenonceau).

                 "Montage nerveux, interventions croisées d’historiens, découverte de lieux inaccessibles au public. Et, au-delà du personnage central, le tableau coloré des modes de vie d’une époque et la rencontre de personnages mythiques : Diane de Poitiers, Marie Stuart, Nostradamus…."

              

    Chateau-de-Chenonceau.jpg

              Bref, « Une réussite », nous promettent les journalistes chargés des pages télés des magazines, qui –eux- ont la chance (quand elles sont bonnes….) de découvrir les émissions avant nous. Merci à eux de nous avoir mis, pour la bonne cause, la puce à l’oreille…..

      (1)    Pour la première de ses quatre émissions estivales, Secrets d’Histoire nous ouvre les portes des châteaux de la Loire pour réhabiliter l’une des plus grandes femmes d’Etat de l’Histoire de France : Catherine de Médicis. Jeudi 31 juillet, 20h50, France 2 (durée : 1h55mn).

  • Pour l'histoire : Hartwell House Le souvenir des lys

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    Ou comment revivre l'exil de Louis XVIII au coeur du Buckinghamshire…

    C'est aujourd'hui le seul palais royal français où il est possible de séjourner… A une heure de Londres, au coeur d'une campagne so picturesque - les Rothschild anglais possèdent encore un vaste domaine à un coup de fusil, Hartwell House fut de 1809 à 1814 la résidence de Louis XVIII, de sa cour, du poulailler royal et d'un potager sur les toits de la maison. Que l'on ne s'y méprenne pas : cette élégante bâtisse XVIIe siècle fut toujours envisagée par le frère de Louis XVI comme un « palais », à la manière dont les Bourbons le concevaient entre salle des gardes, antichambre des nobles, chambre d'apparat : le lieu où séjournait le roi ne pouvait être qu'affirmation de légitimité.

    La bibliothèque garde encore le souvenir de ce moment où Louis XVIII appris officiellement qu'il pouvait « renouer la chaîne des temps » en regagnant le trône de ses ancêtres. Alors que l'enfilade des salons XVIIIe aux tapisseries très Gobelins rappellent le caractère « royal du lieu ». Demeure qu'aux tabourets très Versailles d'avant 1789 ont succédé de profonds canapés et que le high tea a pris la place du Grand Couvert, version exil. Sans doute quelques mordus réservent encore la chambre où mourut Marie-Josèphe de Savoie, épouse du prétendant et tribade la plus célèbre de son temps… Demeure aussi que, propriété du National trust, ce bout de France légitimiste est devenu désormais l'acmé de la résidence de campagne aristocratique anglaise où l'on privilégie désormais le confort et le bien-être (un spa avec piscine un rien kitsch se camoufle dans les communs). Sans le céder à l'apparat, butler sorti de « Downton Abbey » aidant.  ♦

    Gilles Denis

    www.hartwell-house.com, à partir de 200 euros. 

    Source : Les échos - Gilles Denis

  • HISTOIRE • Bon vent à l'Hermione !

     

    La réplique de L'Hermione, la frégate légendaire sur laquelle s’est élancé le marquis de La Fayette vers les Amériques, a pris la mer hier pour refaire sur l'océan atlantique, le voyage qui a fait la renommée du navire original. Mickaël Fonton, journaliste à Valeurs actuelles raconte son histoire !

    Ce n'est pas que nous ayons une tendresse particulière pour le marquis de La Fayette. Mais l'aventure commencée hier est belle et mérite d'être saluée. Bon vent à l'Hermione ! 

     

     

    Valeurs actuelles

  • Denis Tillinac : « Affronter l'histoire »

     

    Denis Tillinac : « ... Nous n'aurions plus peur et serions invincibles »

     

     2594939590.jpgIl y a pire que nos ennemis terroristes : le reniement de soi. C’est en sachant pourquoi nous nous battons que vous vaincrons les barbares.

    L'Histoire se venge. Dans le temple privilégié de notre société du spectacle, la France et l'Allemagne ont mimé sur un carré d'herbe nos guerres d’antan. On n’imagine pas Lloris et Schweinsteiger, les capitaines des deux équipes, se ceindre d'explosifs pour se sacrifier au nom du Dieu de leurs pères ou de la terre sacrée de leurs ancêtres. Ils gagnent de l'argent en jouant au ballon, et n'incitent leurs supporters qu'à acheter des maillots à leur nom : divinités parmi d’autres d’une post-histoire occidentale en voie avancée de déchristianisation, dont les chefs politiques se polarisent sur leur com et  nous parlent exclusivement d'économie. Certes nos soldats  font la guerre en Syrie.

    Mais ce faux remake des Croisades, écrit à la hâte par le fantôme de Shakespeare avec Obama et Poutine dans des rôles de rois fous, reste pour les citoyens de la vieille Europe une succession de spots télévisuels. Qui est l'allié de qui dans ce maelström sanglant où les conflits de tribus décrits par Monfreid et Kessel se surajoutent à la haine millénaire des Sunnites pour les Chiites, à la pêche en eaux troubles des pétro monarques du Golfe, aux songes brumeux des héritiers de Darius et de Soliman, à l'interminable feuilleton des zizanies israélo-palestiniennes, à l'irrédentisme des Kurdes ? Une seule certitude : les chrétiens de là-bas ont été, sont et seront les victimes expiatoires. Ceux de chez nous ne les pleurent que d'un œil, l'autre regarde la télé. Or, voilà que derrière le petit écran, l'Histoire fait son retour, tous siècles confondus : des fous d’Allah tuent pour de vrai, en plein Paris, et se suicident pour hâter leur admission au paradis.  « Guerre asymétrique », disent les experts.

    Oui, asymétrique, et pas seulement sur le plan du contraste entre forces armées plus ou moins étatiques et combattants invisibles d’une guérilla sans frontières. Cette guerre-là, nos bombes peuvent peut-être la gagner, encore que les GI’S ont payé cher au Vietnam l'illusion d'une supériorité assise seulement sur le fric et la technique. Nos soldats tueront des djihadistes, mais aussi beaucoup d'innocents, et le ressentiment suscitera en retour des vocations de djihadistes, on ne voit pas la fin de cette logique infernale. La « dissymétrie » la plus terrifiante, c'est le contraste entre des activistes ayant par avance accepté la mort, et des populations enclines à se mobiliser… pour préserver leurs « droits acquis », et pour rien d'autre. C'est la simultanéité  d'une foi belliqueuse et du nihilisme  « moderne » inhérent à notre société de consommation. C'est aussi, par voie de conséquence la perspective en France d'une guerre civile larvée mais au long cours. L'immense majorité des français musulmans n'a d’autre désir que de faire son trou et sa pelote. Mais dans le nombre, fatalement, surgiront des fous d'Allah que le marasme des cités aura rendus ivres de rancœur. Ceux qui ont ricané mondainement quand Estrosi a évoqué la menace d'une « cinquième colonne » seraient bien inspirés d'y réfléchir.

    Et ceux qui nous gouvernent, de prendre des dispositions pour protéger les Français ordinaires au lieu d'adopter des postures à la fois larmoyantes et bravaches. On ne nous refera pas le coup des manifs du 11 janvier, avec en guise d'exutoire des cours de « laïcité » à l'école, et de « valeurs républicaines » dans les prisons. Les anathèmes d'usage contre l'Islam sont tout aussi inopérants. Personne ne risquera sa peau pour défendre une « laïcité » touillée dans les marmites d’un scepticisme démoralisant. Mieux vaudrait inciter le peuple français à renouer avec ses vraies racines, et lui en inculquer la noblesse. Ces racines judéo-chrétiennes, et gréco-latines, ont enfanté une  civilisation dont les valeurs, fécondées dans le giron du catholicisme, devraient être remises à l’honneur.

    Si tel était le cas, nous n'aurions plus peur et serions invincibles. On peut même imaginer que les islamistes nous respecteraient ; ils ne connaissent que la force, et la vraie force résulte de la volonté de défendre coûte que coûte un héritage spirituel. Trêve de baratins lénifiants ou alarmistes : redevenons ce que nous sommes et affrontons l'Histoire droit dans les yeux, puisqu’aussi bien elle revient nous défier. Il y a pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi tapi dans l'ombre de nos consciences, le reniement de soi. Celui-là, il faut lui régler son compte en toute priorité. Sinon nous sommes condamnés. 

    Denis Tillinac  (Valeurs actuelles)

  • HISTOIRE & ACTUALITE • Notre « France inerte » analysée par Tocqueville

     

    Un commentaire de  Nicolas Bonnal, écrivain

    Que penserait Tocqueville, aujourd'hui, où cinq républiques ont passé, où leur histoire, est connue, où l'on connaît aussi leur fin, du moins celle des quatre premières, la cinquième ne devant pas trop tarder, sans-doute, à nous dévoiler la sienne, qui ne devrait guère différer des précédentes ...  leur histoire, leur fin et aussi leurs résultats ? Nous ne pouvons pas répondre pour Tocqueville. Simplement, l'on peut supposer que ce grand aristocrate, qui n'avait pas manqué de pressentir et de décrire ce que seraient les vices profonds des démocraties modernes et n'optait pour la République que par défaut, ne persisterait probablement pas à juger la République bonne pour le Français, ou pour la France... Autour de 1848, beaucoup d'intellectuels français ont vécu des années d'illusions que les faits démentiront. Aujourd'hui, la haine de l'ancienne dynastie n'a plus cours; au contraire, l'Histoire et sa diffusion à travers le grand public, l'engouement qu'il lui porte, ont amené comme une nostalgie assez répandue de l'ancienne France. A quoi s'ajoute la conscience largement partagée, que décrit fort bien Nicolas Bonnal, du piège moderne, ou républicain, ou démocrate, aujourd'hui refermé sur nous. D'où les déclarations Macron qui, peut-être, seraient aujourd'hui aussi celles d'un Tocqueville dégagé des illusions de 1848 et effrayé de leurs suites.  LFAR         

     

    1538183.jpgHollande vient de dire que les traités se signent toujours en secret, et que le bon peuple n’y a rien à voir. Cette bonne nouvelle, jointe à la tyrannie européenne qui se renforce, contre la Grèce, contre l’Italie, contre le peuple allemand aussi, que Merkel oblige à se faire envahir (300.000 réfugiés en six mois) m’inciterait au désespoir, n’était cette relecture de Tocqueville, qui montre comment le piège moderne, ou républicain, ou démocrate se met en place en 1848.

    Notre grand analyste, qui était alors ministre des Affaires étrangères*, reconnaît que « la république était sans doute très difficile à maintenir », mais aussi qu’elle est « assez difficile à abattre. La haine qu’on lui portait était une haine molle, comme toutes les passions que ressentait alors le pays. »

    Il voit que le pays ne changerait plus pour la raison suivante :

    « D’ailleurs, on réprouvait son gouvernement sans en aimer aucun autre. Trois partis, irréconciliables entre eux, plus ennemis les uns des autres qu’aucun d’eux ne l’était de la république, se disputaient l’avenir. De majorité, il n’y en avait pour rien. »

    C’est l’entropie. Tocqueville découvre que si médiocre qu’elle soit, la république est bonne pour le Français. Et voici pourquoi :

    « Je voulais la maintenir, parce que je ne voyais rien de prêt, ni de bon à mettre à la place. L’ancienne dynastie était profondément antipathique à la majorité du pays. Au milieu de cet alanguissement de toutes les passions politiques que la fatigue des révolutions et leurs vaines promesses ont produit, une seule passion reste vivace en France : c’est la haine de l’ancien régime et la défiance contre les anciennes classes privilégiées, qui le représentent aux yeux du peuple. »

    Un des drames, en effet, de notre histoire moderne est que la nullité des élites républicaines, malhonnêtes oligarchies qui nous menèrent aux désastres militaires, aux humiliations coloniales, à la gabegie économique et au déclin démographique et culturel, ne suscitera jamais autant de haine et de ressentiment des masses (ces masses libérées en 1789 et aussitôt condamnées à cent jours de travail de plus par la loi Le Chapelier de 1791) que la vieille noblesse que Bonald ou de Maistre défendirent en vain.

    Car on n’a pas besoin de la télé pour les mener par le bout de leur nez, ces masses !

    Et leur excitation, vaine et souvent manipulée, reflète en fait leur inertie profonde.

    Et Tocqueville d’ajouter :

    « Je pensais donc que le gouvernement de la république, ayant pour lui le fait et n’ayant jamais pour adversaires que des minorités difficiles à coaliser, pouvait se maintenir au milieu de l’inertie de la masse, s’il était conduit avec modération et avec sagesse. »

    Modération et sagesse qui nous mèneront au coup d’État de 1851, à la guerre prolongée de 1871, aux hécatombes de 1914, à la raclée de 1940, aux déculottées coloniales et aujourd’hui à l’anéantissement par le minotaure euro-américain.

    Et notre masse inerte aura tout toléré. 

    * Alexis de Tocqueville fut ministre des Affaires étrangères de juin à octobre 1849.  

    , écrivain

     

  • Histoire • Marie-Thérèse d’Autriche

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngPour un Français, peu de noms émergent de la longue liste des souverains Habsbourg et, leur poserait-on la question, sans doute serait-ce celui de Marie-Thérèse qui leur viendrait d’abord à l’esprit. Peut-être parce que l’impératrice, épouse d’un duc de Lorraine, fut la mère de Marie-Antoinette et qu’elle exerça sur sa fille, comme sur tous ses enfants, -elle en eut seize- une influence fâcheuse. Montée sur le trône en 1740, la jeune femme n’avait pas été préparée à régner par son père, Charles VI, qui espérait la naissance d’un fils et négligea l’éducation politique d’une princesse prête à hériter d’un empire amputé de l’Espagne, revenue aux Bourbons, et d’une partie de ses territoires italiens et balkaniques. Si la France demeurait hostile, le vrai péril venait désormais de la Prusse de Frédéric II. Les premiers mois du règne furent désastreux, au point que tout sembla perdu. Mais Marie-Thérèse fit face, avec une détermination étonnante. Lorsqu’elle s’éteignit, en 1780, elle avait préservé ses possessions et, au prix de retournements d’alliances spectaculaires dont elle fut l’unique bénéficiaire, repris sur la scène internationale une place prépondérante. Pour y parvenir, elle avait froidement sacrifié sa progéniture, fidèle à la devise ancestrale : « les autres font la guerre ; toi, heureuse Autriche, marie-toi ! »

    Jean-Paul Bled donne de la vie et de l’œuvre de l’impératrice une analyse remarquable, qui éclaire toute l’histoire du XVIIIe siècle. Travail d’autant plus nécessaire qu’il n’existe pratiquement aucune biographie française de ce personnage crucial. 

    Marie-Thérèse dAutriche, de Jean-Paul Bled, Perrin Tempus. 

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  • Livres & Histoire • La Libération vue de près

     

    PAR HILAIRE DE CRÉMIERS

    À LIRE. L'histoire de l'Occupation et de la Libération vécue chez les gens de lettres.

     

    Mon bureau 3 Lucs.jpgLe travail considérable est des plus minutieux. Si vous voulez tout savoir de ce qui s'est passé chez les gens de lettres - et il faut le dire malheureusement entre gens de lettres -, chez les auteurs et compositeurs dramatiques ou de musique, compulsez ce Dictionnaire de l'épuration des gens de lettres 1939-1949 de Jacques Boncompain qui est le spécialiste reconnu de tout ce qui concerne les auteurs et leurs droits. Le sous-titre évoque toute une ambiance : « Mort aux confrères ». Il serait toutefois injuste et même faux de s'arrêter sur les seuls règlements de compte. On connaît la jalousie et la rancune redoutables qui peuvent animer les membres de ces corporations. Les mots d'esprit, d'ailleurs, fourmillent sur le sujet : le livre en est rempli. Mais le travail de Jacques Boncompain est beaucoup plus ample. D'abord il met en perspective, ce qui permet de voir dès avant guerre des fractures qui ressurgirent à la Libération où l'idéologie recouvrit d'oripeaux des choix beaucoup plus personnels ; puis il explique en détail - et c'est du plus haut intérêt historique les rapports réels des gens de lettres - et de leurs organisations représentatives - d'une part avec le gouvernement de Vichy, d'autre part avec la puissance occupante, ce qui n'est pas la même chose ; et enfin tout cela resitué dans le climat de l'époque. Sur Brasillach, par exemple, tout est dit. L'Épuration fut une période horrible où la justice fut le plus souvent faussée, alors qu'elle était censée mettre fin à cette autre période horrible de l'Occupation.

    Le régime avait été incapable de préparer la France à la guerre ; il fut incapable de la pacifier après guerre. De Gaulle aggrava la cassure. Il y eut des turpitudes, des maladresses, des choix absurdes, des dénonciations, des lâchetés, mais, il faut le dire à l'honneur de l'esprit français, il y eut aussi de magnifiques réactions beaucoup plus nombreuses qu'on ne le croit, notamment aux questionnaires de la Libération qui ressemblaient si étrangement à ceux de la Gestapo, de la part tant d'un Jean Poyet que d'un René Benjamin, pour ne citer que ces noms. Enfin l'auteur se plaît - et nous avec lui - à s'attarder sur des personnalités attachantes par leur droiture et leur courage, tel un Jean-Jacques Bernard, ce juif converti au catholicisme qui se sentait si français qu'au milieu de tant de violences successives il ne cessait d'appeler à l'amour du nom français. La préface d'Henri-Christian Giraud et la conclusion aussi puissante que ramassée de l'auteur ajoutent à la compréhension des évènements et des hommes. 


    DICTIONNAIRE DE L'ÉPURATION DES GENS DE LETTRES, de Jacques Boncompain, préface de Henri-Christian Giraud, éditions Honoré Champion, 702 p., 70 euros.

  • Société • Accélération de l’histoire ?

     

    par Gérard Leclerc

     

    1237311666.jpgDans un magnifique livre au style étincelant, qui parut en 1948, Daniel Halévy développait le thème de l’accélération de l’histoire. Tout allait de plus en plus vite, la modernité s’identifiant à ce rythme saccadé qui sortait l’humanité de ses immobilités, de ses engoncements dans ses habitudes et ses traditions. On pourrait à ce propos se référer aussi à ce que Claude Levi-Strauss appelait « les sociétés froides », ces sociétés dominées par une sagesse les incitant « à résister désespérément à toute modification de leur structure, qui permettrait à l’histoire de faire irruption en son sein ». L’Occident, d’évidence, s’est toujours distingué de cette résistance, avec sa conception non cyclique du temps. Il n’empêche qu’à un certain moment le rythme s’est accru de telle façon que la distinction d’avec la société froide devenait obsolète.

    106503674.jpgC’est bien la société historique elle-même qui se trouvait propulsée dans une autre dimension, notamment avec l’avènement de l’industrie moderne. Mais le développement des sciences et des techniques aidant, l’accélération s’est trouvée surmultipliée. Nous nous en apercevons avec ce qu’est devenue l’information qui prétend nous rendre compte, d’une façon haletante, de tout ce qui se passe sur la planète. Rien que sur le terrain politique, avec l’essor des chaînes spécialisées, nous pourrions y passer toute notre vie. L’actualité de ces derniers mois et de ces derniers jours, avec ses rebondissements continuels, est suivie scrupuleusement, aussi bien par l’image que par le commentaire.

    Il s’est ainsi créé une catégorie de journalistes, dont les performances provoquent toute mon admiration, mais pas nécessairement mon envie. J’admire toute cette virtuosité qui permet de faire patienter un auditoire, avant que tombe, par exemple, l’annonce du nouveau gouvernement. Il se dispense dans ces exercices une somme d’intelligence, de subtilité et même de savoir, étonnante. Cependant, j’aurais scrupule à me joindre à ces collègues, car je garde tout de même une préférence, sinon pour le temps immobile et les sociétés froides, du moins pour une certaine distance, une possibilité d’interprétation plus apaisée. Est-ce une gageure impossible, aujourd’hui ?   

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 juin 2017.

    Gérard Leclerc - France catholique 

    Ci-dessus à droite : Daniel Halévy

  • Histoire & Actualité • Aux sources du 14 Juillet

     

    Par Jérémy Loisse

    Il est des idées, des analyses, des rappels historiques, et, finalement, des constations, que nous ne sommes plus seuls à exprimer, que nous n'avons même plus la peine d'exprimer, tant elles sont aujourd'hui partagées, diffusées. Il est même bon, voire préférable, que cela soit publié sur d'autres médias que royalistes, d'autres médias que les nôtres. Ainsi de cette excellente réflexion de Jérémy Loisse, parue hier, 15 juillet, sur Boulevard Voltaire. S'étonnera-t-on que nous préférions reprendre ainsi ces vérités dites par d'autres, notamment sur ce que fut la Révolution ? Hé bien, l'on aurait tort. Que l'on y réfléchisse. Bravo à l'auteur ! LFAR    

     

    ba4cf6877969a6350a052b6bf5ac64e2.jpeg.jpgEn ce jour du 14 juillet 2017, il n’est jamais mauvais de rappeler ce que fut cette journée et à quoi elle donna naissance.

    Le 14 juillet 1789, les révolutionnaires prennent la Bastille pour libérer sept détenus qui y étaient emprisonnés :

    Jean Béchade, Bernard Laroche, Jean La Corrège et Jean-Antoine Pujade, quatre faussaires accusés d’avoir falsifié des lettres de change ;

    le comte Hubert de Solages, criminel coupable de deux tentatives d’assassinat sur son frère frère aîné, ainsi que de viol, vol et assassinat sur sa terre de Trévien ;

    Auguste Tavernier, supposé complice de Robert-François Damiens, l’auteur d’une tentative d’assassinat (régicide) sur Louis XV

    le comte de Whyte de Malleville, embastillé pour démence à la demande de sa famille.

    Ces sept détenus sont tous à l’image de cette révolution : entre la démence, la falsification, le meurtre et le régicide. Les révolutionnaires jugeaient sans preuve, condamnaient sans motif, guillotinaient sans pitié. À voir les flots d’émotions que suscitent ces cris de « liberté, égalité, fraternité » et les flots de sang versés par ces mêmes personnes, on ne saurait oublier le proverbe qui dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les meurtres des ecclésiastiques, le saccages des églises, le renversement des mœurs, les massacres de septembre 1792, massacres de la guerre de Vendée et de la Chouannerie, la Terreur, le Tribunal révolutionnaire, Louis XVI et Marie-Antoinette guillotinés après des mascarades de procès auxquels les procès staliniens n’auraient rien à envier, la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis, les révolutionnaires jetant les cendres de plus de 170 personnes, dont des rois et reines de France, des princes, des serviteurs du royaume ainsi que des religieux, dans des fosses communes… Voilà ce qu’étaient les actes de cette révolution.

    Comment ne pas trembler à l’écoute des noms de ses sanglants prophètes tels que Robespierre, Saint-Just, Marat ou Fouquier-Tinville ? Des loups maçonniques assoiffés de sang. La Révolution fut un leurre, mais un leurre entaché de crimes, de meurtres d’hommes, de femmes et d’enfants. Voyez ces trois mots mensongers de liberté (qui enchaîna la France), d’égalité (qui mit la France en dessous de toutes les nations) et de fraternité (qui amena les Français dans la période la plus fratricide de toute son Histoire). 

    Je conclurai en citant Alexandre Soljenitsyne : 

    « La Révolution française s’est déroulée au nom d’un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. […] liberté et égalité tendent à s’exclure mutuellement, sont antagoniques l’une de l’autre ! La liberté détruit l’égalité sociale – c’est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l’égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n’est pas de leur famille. Ce n’est qu’un aventureux ajout au slogan… » 

     
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  • Histoire • Le miracle de Jeanne d'Arc

    « La grande idée de Jeanne fut le sacre de Reims »  Jacques Bainville 

     

    Par Jean Sévillia

     

    1393915541.jpgLe 22 février 1429, Jeanne d'Arc quitte Vaucouleurs. Le 5 mars suivant (selon la chronologie de Maurice Vachon), elle a sa première entrevue, à Chinon, avec le roi Charles. Le 29 avril, elle atteint Orléans qui est délivrée le 8 mai. Le 17 juillet, à Reims, Jeanne assiste au sacre de Charles VII. Le 10 septembre, elle doit renoncer à prendre Paris. Le 23 mai 1430, devant Compiègne, elle tombe aux mains des Bourguignons qui la livrent aux Anglais. Ces derniers accèdent au voeu des clercs qui veulent juger la Pucelle pour sorcellerie et par là même atteindre le roi Charles qui lui doit son sacre. Le procès, instruit à Rouen, s'ouvre le 21 février 1431. Face à ses accusateurs, la jeune fille se défend, jamais ne cède. Le 24 mai, en entendant la sentence de mort, elle faiblit toutefois. Reconduite dans son cachot anglais au mépris de la parole qui lui a été donnée d'être gardée par des femmes, elle subit une tentative de viol. Quatre jours plus tard, elle remet ses habits d'homme. Considérée comme relapse, elle est brûlée vive, le 30 mai 1431, sur la place du Vieux-Marché. Elle n'avait pas 20 ans. Deux ans de vie publique, cinq siècles de postérité.

    Dans un livre paru en 1993, aujourd'hui réédité, Gerd Krumeich, spécialiste allemand de la Grande Guerre, s'intéresse au mythe Jeanne d'Arc : de Voltaire à Michelet et de Péguy à Bertolt Brecht, d'innombrables écrivains ont eu leur interprétation de la Pucelle, laquelle a inspiré les catholiques comme les républicains, le socialiste Jaurès comme le nationaliste Barrès, le royaliste Maurras comme le trotskiste Bensaïd (1).

    Contradictions ? Non, inépuisable richesse du personnage. La relecture des minutes du procès de Jeanne par l'avocat et essayiste Jacques Trémolet de Villers, parue l'an dernier, est désormais clisponible en poche : un précieux document historique assorti d'une leçon politique et spirituelle (2).

    Et voici, inédit, un considérable dictionnaire que tous les passionnés de Jeanne d'Arc s'offriront car il contient tout ce que l'on sait sur elle : 2 000 pages, prodigieux travail au service de celle qui incarne, disent les auteurs, « un idéal de pureté hors du commun » (3).  

    IMG.jpg

    (1) Jeanne d'Arc à travers l'Histoire, de Gerd Krumeich, Belin, 410 p., 24 €.
    (2) Jeanne d'Arc. Le procès de Rouen, de Jacques Trémolet de Villers, Tempus.365 p.. 9 €.
    (3) Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d'Arc, de Pascal-Raphaël Ambrogi et Dominique Le Tourneau (dir.), Desclée de Brouwer. 2 012 p., 49 C.

    Figaro magazine 7.07.2017

  • HISTOIRE & TRADITIONS • TRESOR … TRESOR DES ARCHIVES FAMILIALES

     

    3578948983.jpgLe représentant d'une famille royaliste, de bonne roture haut-provençale, et qui demande à conserver l'anonymat, est venu récemment à Marseille nous montrer quelques petits « trésors » conservés dans le coffre de sa maisonnée. Au premier chef une pièce de monnaie en argent datée 1831, d'une valeur de 1 franc, à l'effigie du jeune Henri V (1821-1883), plus connu sous ses titres de duc de Bordeaux ou de comte de Chambord (le château de François 1er lui avait été offert par souscription nationale) car il ne régna jamais effectivement.

    De Charles X à Henri V

    L'existence de cette pièce de monnaie qui n'eut jamais cours, s'explique par l'action de légitimistes au sein de la Monnaie royale, après la Révolution de 1830, laquelle avait chassé de France le roi Charles X et sa famille, dont le petit Henri V, en faveur duquel le vieux monarque avait abdiqué. Lesdits légitimistes croyaient à une restauration bourbonienne, et il y eut d'ailleurs, en 1832, l'héroïque et malheureuse  expédition de la duchesse de Berry, mère d'Henri V, expédition commencée dans une crique à l'ouest de Marseille.

    Fidèles Henriquinquistes

    Ces espoirs ne se concrétisèrent pas et la branche Orléans des Bourbons resta sur le trône, en la personne de Louis-Philippe 1er, jusqu'à la Révolution de 1848. Beaucoup de fidèles henriquinquistes, dont, dit-on, les parents de Jean Jaurès, conservèrent précieusement une de ces pièces qui n'eurent jamais cours. La collection de Raymond JANVROT (1884-1966), entièrement consacrée à Henri V, et toujours montrée à Bordeaux, au Musée des Arts décoratifs, dans une section à part, comprend plusieurs de ces monnaies « illégales ». Cette section vaut la visite.

    Héritier légitime

    Autre petit trésor politico-sentimental dans les tiroirs de la même famille haut-provençale, cette médaille en cuivre rouge, à l'effigie du roi Louis-Philippe mais donnée par son petit-fils, le comte de Paris (1838-1894), qui faillit régner en 1848, dans le cadre d'une régence et qui, plus tard, fut reconnu comme héritier unique et légitime, par Henri V, qui n'avait pas de postérité.

    m__dailles royales - Copie.jpg

    Orphéon : un mot du XVIIIème siècle

    Ladite médaille fut donnée par le jeune prince le 21 mars 1847, moins d'un an avant la date fatidique du 24 février 1848; donnée à un orphéon, c'est-à-dire une fanfare qui s'était produite devant lui. Le mot « orphéon », apparu en France en 1767, fut très en vogue au XIXème siècle, par référence à la figure de la mythologie grecque, Orphée, dont la voix et la lyre charmèrent aussi bien les Sirènes que Cerbère.   •

     

  • Livres & Histoire • Prince de Ligne : Mémoires

     

    Voici les mémoires du prince Charles-Joseph de Ligne (1735-1814).

     

    « Sensible très jeune aux récits des batailles de Charles XII, Turenne ou Condé, il s’engage précocement dans la carrière militaire. Avec l’armée impériale autrichienne, il participe à la guerre de Sept Ans, il prend part à la guerre de succession de Bavière (1777-1779) ; en 1789, aux côtés de Catherine II, il joue un rôle majeur dans la prise de Belgrade…

    Aussi à l’aise sur un champ de bataille que dans les salons des cours de Vienne, de Versailles ou de Moscou, le prince est l’ami des puissants de son époque : Marie-Thérèse d’Autriche, Marie-Antoinette, Joseph II, Frédéric de Prusse, Catherine de Russie, Mme du Barry.

    Madame de Staël, elle, admire l’homme de lettres qui a correspondu avec Voltaire et Rousseau, le passionné de galanterie complice de Casanova…

    Les Mémoires du feld-maréchal témoignent d’une souveraine liberté de ton, d’une élégance de style et d’un véritable art de vivre. Comme l’avaient été avant elle Byron, Barbey d’Aurevilly, Paul Valéry ou Paul Morand, Chantal Thomas a été séduite par cet écrivain passionnant, figure marquante du siècle des Lumières :  » Sa mémoire n’est jamais nostalgique. Il use de son pouvoir de reproduction non pour creuser le gouffre des années disparues, mais pour les faire ressurgir dans la diffraction d’un jeu de miroirs.  » 

    « Prince de Ligne. Mémoires. », préface de Chantal Thomas, Le temps retrouvé, 2017, 644 p.

    Source : Noblesse et royautés

  • Histoire • La monarchie contre l’esclavage

     

    Relevé sur le site du Salon Beige ces quelques éléments d’Histoire utiles à connaître et à faire connaître.

     

    Le 4 février 1776 : abolition de l'esclavage en France.

    Selon_le_droit_de_Nature_chacun_doit_naître_franc.jpgL'esclavage en France métropolitaine n'a jamais existé ! Dans Institutions coutumières, (éd. Loysel, livre I, art. 6), il est rappelé qu'un édit du 3 juillet 1315, de Louis X le Hutin, stipule que : 

    « Le sol de France affranchit l'homme qui le touche ». 

    Encore un mensonge de l'histoire officielle, car ce n'est pas la Convention, qui en 1792 abolit l'esclavage en décidant d'accorder la citoyenneté aux hommes libres de couleur, mais bien le roi Louis XVI qui promulgue, dès 1776, un édit condamnant fermement la possession d'esclaves sur le territoire français. Et la République se garde bien de nous rappeler que trois ans plus tard, le roi va plus loin, puisque le 8 mai 1779, Louis XVI abolit par ordonnance, le servage, le droit de suite et affranchit tous les « mains mortables » [les serfs] des domaines royaux, ainsi que les hommes de corps, les « mortaillables » et les « taillables ».  

    Encore un mythe mensonger destiné à draper la république d'habits respectables qu'elle ne mérite pas. Où sont la liberté, l'égalité et la fraternité quand on justifie l'esclavage ? 

    En effet, l'Assemblée Nationale de 1790 réaffirme par deux décrets, du 8 mars et du 12 octobre 1790, que l'esclavage est légal ; abolissant une liberté de plus en supprimant ainsi la réforme royale. L'Assemblée rejette ainsi la publication de Brissot Adresse à l'Assemblée Nationale pour l'abolition de la traite des Noirs

    Ce n'est que devant son impuissance face aux révoltes des esclaves des colonies qu'elle finit par abolir l'esclavage en 1794 et, comme par hasard, le 4 février ! La France est par l'action réformatrice de son roi l'une des premières nations du monde à abolir l'esclavage et le servage. 

    Mais qui sait encore qu'à l'époque un esclave qui met le pied sur le sol du royaume devient automatiquement libre, ou « franc» ? Le serf dépend du seigneur, qui en échange de son travail, lui doit protection ; il est attaché à sa terre, mais on ne peut la lui retirer. Avec le temps, le servage disparaît, ne subsistant que sous des aspects secondaires, variant selon les endroits. Quant aux corvées, elles sont un impôt en nature et n'ont rien à voir avec l'esclavage. L'esclave est une « chose », un « bien meuble » (conception du droit romain reprise à la Renaissance), tandis que le serf n'a jamais cessé d'être une « personne », possédant la personnalité juridique. Tempéré par le Code noir de 1685, qui est un progrès pour l'époque, l'esclavage demeure aux colonies, et est effectivement confirmé en 1790. Ce qui est moins connu, c'est l'esclavage des Blancs aux Antilles, par d'autres Blancs, sous la forme de « l'engagement ». Il existe tout au long du XVIIe siècle. 

    Merci à Michel Franceschetti de sa transmission

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