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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • BD • Mystère à Cordouan

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngDepuis quelques années, tout en poursuivant sa collaboration à la série à succès Le Sang de la vigne, Jean-Pierre Alaux a entamé un autre cycle romanesque qui met en scène non plus un œnologue mais un conservateur employé, dans les années 70-80, par le ministère de la Culture et en charge de la sauvegarde du patrimoine.

    Séraphin Cantarel, bon vivant rondouillard, n’a pas le chic de Benjamin Cooker et les romans sont, en vérité, un peu légers, un peu décevants. Ces défauts n’ont pas empêché, à défaut d’une adaptation télévisuelle, d’en tenter le passage à la bande dessinée.

    Voici donc mise en planches la première enquête de Cantarel et du jeune Trélissac, son assistant, expédiés, en 1975, mesurer l’état de dégradation du phare de Cordouan, qui menace ruines.
    Très vite, cependant, la splendeur du monument, et son délabrement, vont moins inquiéter le conservateur que les étranges événements dont le phare semble le théâtre. Qui, la veille des noces, a tué Killiam, le fils d’un des gardiens, puis sa fiancée ?

    La clef de l’énigme serait-elle dans les caves mystérieuses de Cordouan qui ont abrité de bien curieux visiteurs ? Tandis qu’une terrible tempête se lève sur l’estuaire de la Gironde, Cantarel risque de se retrouver piégé en pleine mer en compagnie d’un assassin …

    L’on ne peut espérer mieux de la bande dessinée que du roman d’où elle est tirée. Cela se laisse lire sans déplaisir, rien de plus. Et, s’il donne, comme tant d’autres dessinateurs, dans la caricature dès qu’il s’agit d’esquisser un visage, Suro trace de belles images de Courdouan, Talmont ou Royan. C’est le charme principal de l’album. 

    Avis de tempête sur Cordouan, Corbeyran et Suro, Delcourt, 56p, 12,50€.

  • Retour géopolitique de 25 ans en arrière, avec Thomas Molnar : Déclin de l'empire soviétique

     

    1978112346.jpgC'est un document d'archives exceptionnel que nous vous proposons aujourd'hui, tiré précisément des archives de Lafautearousseau. Il s'agit d'une conférence de Thomas Molnar, donnée à Marseille vers le milieu des années 1980, pour l'Union Royaliste Provençale

    Ce document est exceptionnel d'abord parce qu'il permet de retrouver le penseur puissant que fut Thomas Molnar et le cheminement de ses analyses. A notre connaissance, il existe peu d'enregistrements de lui. Celui-ci est l'un des rares.

    Ce document est aussi exceptionnel par le sujet traité : le déclin de l'empire soviétique. Il en prévoyait la fin prochaine. Nous doutions un peu à cette époque qu'elle fût possible à court ou moyen terme. Elle se produisit quatre ou cinq ans après.

    Enfin, dans cette conférence Molnar donne sur la Russie de toujours, sur la Mitteleuropa, sur la montée de l'Islam, sur les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne et la France, des aperçus qui valent toujours pour le monde d'aujourd'hui, qui l'expliquent et l'éclairent. LFAR  • 

     

     

    Sur Thomas Molnar l'on pourra lire la très courte notice de Wikipédia. 

    Voir aussi la note que nous lui avions consacrée, l'année de sa mort (2010)

     

  • Grenoble : ce lundi 16 octobre, conférence de Nadia Furlan au Centre Lesdiguières. A ne pas rater

     

    Professeur de Lettres, Nadia FURLAN nous propose une réflexion sur les deux révolutions de février et octobre 1917 en Russie.


    Le centième anniversaire de la Révolution d'Octobre appelle en effet à s'interroger sur cet événement qui a marqué le XXème siècle de son empreinte sanglante. Les mouvements communistes ont perdu de leur puissance, l'URSS s'est écroulée, Cependant, peut-on pour autant dire que la page est tournée et que les effets de ces années terribles ne sont plus qu'un mauvais souvenir..? Ou bien ne peut-on pas discerner certains prolongements ou avatars de ce funeste projet révolutionnaire dans l'actualité du monde aujourd'hui ?

    Après un rappel historique et géographique, une revue des protagonistes, des soutiens extérieurs apportés aux révolutionnaires, suivra une étude des principes et des idées révolutionnaires et de la situation économique et humaine de la Russie. Les conséquences des coups d'Etat et des années de dictature communiste sont encore présentes dans cette région du monde; notamment en matière de propriété et sur la doctrine sociale de l'Eglise.  

    CONTACT

    centreslesdiguieres@laposte.net

  • ”Il n'y a pas de pays sans paysans...” : un film fort où Guillaume Canet défend intelligemment les agriculteurs

     

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    Dans "Au nom de la Terre", Guillaume Canet joue la détresse d'un agriculteur dans les années 90...

    À Saint-Pierre-sur-Orthe, la ferme de La Touche a servi de décor au tournage d’Au nom de la terre, un film très fort sur la détresse d’un agriculteur dans les années 1990. Guillaume Canet joue ce paysan. Avec le réalisateur Édouard Bergeon, ils sont revenus en Mayenne pour présenter leur film dans la cour de la ferme (ci dessus).

    Il n'emploie que des mots simples, Guillaume Canet; des mots de tous les jours, ceux de la vraie vie des vrais gens; et c'est pourquoi il est immédiatement compris par tous.

    Mais si ces mots sont simples, ils sont aussi profonds, ils touchent au coeur, à l'essentiel : simples et sans fioritures, comme une colonne grecque, ils font penser aux vers du poète Frédéric Mistral : "Oh, paysans - comme on vous nomme - Vous resterez maîtres du pays..."

    A l'heure de la quinzaine de grandes métropoles outrageusement favorisées par le Système, autour desquelles le même Système programme, organise et conduit la mort de la ruralité - comprise au sens large... - voilà un film et des propos éminemment "politiques" - au sens fort et noble du terme - et éminemment sains, même si les acteurs n'ont pas toujours, peut-être, pleinement conscience de tout ce que recouvre ce qu'ils dénoncent, et ce qu'ils proposent...

    Voilà une utile et positive "remise en cause"; reste la "remise en ordre", qui implique une vision politique, une révolution contre ce "chaos figé des conservateurs du désordre" dont parlait Thibon; une révolution contre "cette société (qui) n'a que des banques pour cathédrales" et dont "il n'y a rien à conserver", dont parlait Boutang...

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : Comment ont été acheminés les Convois de Noël...

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

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    CONVOI DE NOËL 2020

    Comme tous les ans depuis la création de Solidarité Kosovo en 2004, nous partons cet hiver apporter notre soutien aux habitants des enclaves serbes du Kosovo. Nous distribuerons des cadeaux aux enfants ainsi que vêtements et chaussures pour enfants et adultes. Cette année, nous offrirons aussi quelques poêles à bois et quelques petits troupeaux de bétail.

     

    Ce convoi sera forcément un peu particulier dans ce contexte exceptionnel qui a déjà chamboulé toute l’année 2020.

    Vous pouvez voir ci-dessous les photos de ce convoi, et en-dessous les différents articles en rendant compte.

                                                                              
  • Sur le blog ami du Courrier Royal : livre: «Marie-Antoinette et Axel de Fersen. La correspondance secrète».

    Prochaine parution de l’ouvrage « Marie-Antoinette et Axel de Fersen. La correspondance secrète » par Isabelle Aristide Hastir. En voici le résumé : « Une correspondance inédite révélée pour la première fois dans cet ouvrage ! Trois années : c’est le temps qu’il aura fallu aux chercheurs et chercheuses du projet REX pour déchiffrer les lettres de Marie-Antoinette et Axel de Fersen, caviardées, codées ou écrites à l’encre sympathique.

    On pensait trouver des mots tendres et de l’amour, mais ce sont avant tout deux années de correspondance politique pour sauver un royaume et sa reine qui voient le jour. Remises chacune dans leur contexte, les quelque soixante lettres déchiffrées permettent de mieux appréhender les enjeux étatiques et politiques qui se profilaient en France à la fin du XVIIIe siècle, entre la Couronne et son royaume, mais également avec les autres puissances étrangères.

    Au fil des échanges entre Marie-Antoinette et le comte de Fersen et des événements qu’elle commente, cette correspondance, pour la première fois révélée dans son intégralité, dresse le portrait touchant d’une reine isolée qui tente de comprendre, trop tardivement, le monde dans lequel elle évolue. Amoureux mais surtout complice, Fersen ne ménage pas ses efforts pour faire renaître l’espoir dans le cœur d’une reine abandonnée de tous. Le destin ne laissera pas le temps aux deux amants de vivre la relation intime esquissée en secret dans ces lettres.  »

     

    « Marie-Antoinette et Axel de Fersen. La correspondance secrète », par Isabelle Aristide Hastir, aux éditions Michel Lafon, 2021, 256 p. Vous pouvez pré-commander ce livre directement sur le site de l’éditeur : ici

    Sources : https://le-courrier-royal.com/

    https://www.facebook.com/lecourrierroyal

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... :

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

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    CONVOI DE NOËL 2021 – OFFREZ UN POÊLE À BOIS À UNE FAMILLE !

    En décembre 2021, nos volontaires se rendront à nouveau aux côtés des habitants des enclaves serbes du Kosovo-Métochie pour leur manifester le soutien du peuple français et leur apporter des cadeaux de Noël et des vêtements chauds. Mais nous avons un autre cadeau à leur offrir, avec votre aide !
     
    Cette année encore, nous renouvelons notre opération « Poêle à bois » : plusieurs dizaines de familles recevront un superbe poêle à bois d’une valeur de 350 euros chacun. Un cadeau fondamental pour ces familles particulièrement défavorisées, qui le plus souvent ne chauffent qu’une seule pièce à l’aide d’un vieux poêle produisant autant de fumée que de chaleur. Ce nouveau poêle leur permettra de se chauffer efficacement tout en profitant d’une cuisinière de qualité.
     
    Cette année, nous vous proposons de nous aider à acheter un de ces poêles, intégralement ou en partie. Si vous pouvez faire le don de l’intégralité d’un poêle, nous partagerons votre nom à la famille qui recevra ce beau cadeau, qui ne manquera pas de prier pour vous et vos intentions
  • Dans Dreux officiel...

    [COMTE DE PARIS]
     
    Pierre Frédéric Billet et le Prince Jean, Comte de Paris ont profité de la soirée des Vœux du Maire pour souhaiter que l’année 2024 et les suivantes confirmeront l’apaisement entre la famille d’Orléans et la Fondation Saint-Louis.
    Le Comte de Paris et la fondation ont en effet signé, quelques jours plus tôt, un protocole d'accord pour clore leurs différents qu’ils avaient mis entre les mains de la justice.
    Le Comte de Paris retrouve le conseil d’administration de la Fondation Saint-Louis et pourra revenir plus sereinement loger dans la Maison Philidor.
    La bâtisse de briques se trouve dans le parc du Domaine royal géré par la Fondation Saint-Louis.
    Pierre-Frédéric Billet s’est souvent impliqué ces dernières années dans ce souci de réconciliation :
     
    "Les Drouais tiennent beaucoup à la famille d’Orléans qui, elle, a toujours su montrer son attachement à notre ville. La Fondation Saint-Louis a aussi une importance essentielle pour faire vivre notre patrimoine. Je suis très heureux que tous aient su œuvrer à ce rapprochement, et je resterai à l’écoute de chacun pour préserver cette paix retrouvée."
  • La coalition de gauche prépare-t-elle l'abolition de la monarchie espagnole en douceur ?, par Frédéric de Natal

    Ce lundi prochain, c’est un vent de fronde anti-monarchique qui va souffler dans l’enceinte des Cortès. Une heure avant l’arrivée du roi Felipe (Philippe) VI, les principaux présidents de formations de la gauche catalane, basque et galicienne (ERC, BNG, CUP, Bildu et JxCAT), accompagnés de leurs élus, au total 49 députés, ont annoncé qu’ils allaient lire un manifeste remettant en cause le principe monarchique tout en affichant leurs volontés sécessionnistes.

    Un acte de défiance qui n’est pas sans rappeler les événements de 1931 qui ont précipité l’exil du roi Alphonse XIII.

    La monarchie du roi d’Espagne est-elle menacée par un nouveau Front républicain ?

    Depuis la réélection du premier ministre Pedro Sanchez, le 10 novembre 2019, les médias s’inquiètent de la montée en puissance des partis indépendantistes et pro-républicains, présents aux Cortès. Y compris au sein du gouvernement. Pour «El Diaro», qui consacre un article complet à ce qu’elle considère comme une atteinte contre l’institution royale, la coalition au pouvoir (les socialistes du PSOE et l’extrême-gauche populiste de Podemos) cache mal ses rêves d’instaurer une « Tercera República » dans le pays d’Isabelle la Catholique et de Ferdinand d’Aragon. Pour les indépendantistes catalans, il s’agit de protester contre le discours d’octobre 2017, d’une rare fermeté, prononcé par le souverain Bourbon qui avait accusé ceux-ci de « déloyauté » et de s’être « mis en marge de la démocratie » en organisant leur référendum d’autodétermination . Au mépris de la constitution de 1978 qui interdit ce genre de votations.

    «Un choc émotionnel » pour le journal «El Diaro» qui demande à la Zarzuela d’agir rapidement et de renouer le dialogue avec la Catalogne afin d’éviter la chute de la monarchie, restaurée en 1975, après le décès du caudillo Franco. Des relations qui se sont crispées depuis que ces mêmes formations ont refusé de rencontrer Felipe VI lors des consultations qui ont mené à la formation du gouvernement de coalition. « La monarchie est une institution anachronique qui n'épouse pas un système qui se doit d'être démocratique » n’a pas hésité à déclarer, dans la presse galicienne, le député du BNG au Congrès, Nestor Rego, et qui souhaite l’abolition de la monarchie. « L'actuel roi Bourbon a décidé de prendre une position de défense » contre les « droits collectifs du peuple à prendre son destin en main» a t-il renchéri.

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    Pour le député de Vox, Santiago Abascal, auto-proclamé protecteur de la monarchie et qui n’a toujours pas avalé l’exhumation ordonnée par le premier ministre de la dépouille de Franco, comme il l’évoque lui-même dans un entretien à Valeurs Actuelles, ce gouvernement n’est composé que de « traîtres » à la «patria».

    En décembre 2019, devant la mairie de Madrid, et une flopée de drapeaux sang et or, y compris ceux des traditionalistes carlistes, un mouvement qui s'est singulièrement rapproché de lui, le parti Vox a appelé les espagnols à s’unir, «combattre les ennemis de l'ordre constitutionnel », « ramener Carles Puigdemont [éphémère président de la république de Catalogne-ndlr] en détention » et « arrêter le maudit Quim Torra [actuel président de la Généralité de Catalogne-ndr] ».

    «Nous serons cette forteresse qui protégera notre constitution [royale] » n’a pas hésité à marteler le leader de Vox, dont le parti ne cesse de gagner des voix dans tous les scrutins locaux et nationaux. Un parti qui aurait même certaines faveurs de certains membres de la famille royale comme le jeune Felipe Juan Froilán de Todos los Santos de Marichalar y Borbón, 21 ans, fils de l’infante Elena, qui n’a pas hésité à participer à une manifestation organisée conjointement par la droite populaire et Vox. Avant de se faire rappeler à l’ordre par son oncle, el Rey.

    Un référendum contre la monarchie ? C’est toute la question qui agite les milieux monarchistes espagnols. Toujours en décembre, un congrès a rassemblé dans la capitale du royaume, des centaines de délégués de formation de gauche et d’extrême-gauche, réunis au sein d’une Plateforme de consultation populaire et qui ont convenu d’organiser le 9 mai prochain un vote afin de savoir si l’Espagne souhaitait conserver son système actuel ou favoriser l’instauration d’une république. Selon le dernier sondage sur cette question, 51% des espagnols se revendiquent comme étant monarchistes contre 46% qui s’afficheraient républicains. Un conflit de génération est assez perceptible et fait craindre tous les scénarios. Pour 70% des jeunes espagnols, entre 18 et 24 ans, les mirages de république semblent plus attirants que les ors de la monarchie, une institution encore plébiscitée par les 55- 64 ans avec 62% des voix Un antagonisme qui est encore plus flagrant dans les différentes régions du royaume. Avec 75% des voix, l’Andalousie se place en tête des provinces pro-monarchiques, loin devant la Catalogne et le pays Basque qui rejettent respectivement la monarchie avec 74 et 71% des voix. Politiquement, le Parti Populaire (91%), Ciudadanos (83%) et Vox (82%) sont les mouvements les plus fidèles à la monarchie Bourbon. Une adhésion pour la monarchie en net recul chez les socialistes qui souhaiteraient la république à plus de 51% contre 44% en faveur du maintien de la royauté. Mais la palme de l’anti-monarchisme revient à Podemos où l’on trouve à peine 9% de ses membres sondés qui ne remettent pas en cause le système actuel.

    Atmosphère de guerre civile en Espagne ? Haro sur le nouveau ministre de la communication, Alberto Garzon, accusé de niveler la monarchie par le bas. Ce député de la Gauche Unie (Izquierda Unida) ) qui cite volontiers en exemple Karl Marx et Lénine et qui appelle Felipe VI le « roi-citoyen », a tenté de ne pas prêter serment devant le souverain. Un affront mal vécu par les monarchistes. C’est d’ailleurs le premier communiste à intégrer un gouvernement espagnol depuis la victoire du Front Populaire en 1936. Ce même Front qui avait conduit le pays vers le chemin de la guerre civile. Sa présence a d’ailleurs provoqué l’irritation des forces monarchiques, Eglise catholique et Vox en tête, qui ont appelé, à l’annonce de sa nomination «à prier pour le salut de l’Espagne » voir «l’armée à remettre de l’ordre dans le royaume » comme l’explique une édition du quotidien français, « L’Humanité », daté du 14 janvier dernier.

    Des modifications ont même été apportées à la prestation obligatoire de serment au roi depuis 2018. Exit la présence la Bible éditée en 1791 et dédiée à Charles IV, sur laquelle chaque ministre devait poser la paume de sa main au moment de la prestation de serment, comme le crucifix apposé près du Livre saint. Et si l’inclinaison au roi n’a pas été supprimée, elle n’est plus désormais obligatoire et laissée à la libre appréciation des ministres. Portraits du roi enlevés des mairies détenues par les indépendantistes ou les républicains, quand ils ne sont pas brûlés en place publique, drapeaux de la seconde république hissés au fronton des mairies, autant de signes d’inquiétudes et des menaces qui pèseraient sur l’institution royale d’après les monarchistes qui mobilisent désormais leurs partisans à chaque déplacement de la famille royale. Complots, fanstames en tout genre, le journal d’extrême-droite «Hispanidad » a, quant à lui, appelé à la formation d’un large mouvement catholique monarchique avant de se féliciter du discours prononcé récemment par le roi à la «Pascua Militar ».

    Devant les principaux chefs militaires, le roi Felipe a rappelé à ceux-ci que leur devoir était de faire «respecter la constitution et les valeurs démocratiques de la monarchie». ¡Que viva España y VERDE ! crient dans la rue et d'une seule voix les monarchistes qui font front commun face à la menace qui pèse désormais l'unité du pays...

  • Trump, l’Iran et le détroit d’Ormuz, par Antoine de Lacoste

    (article rédigé pour Politique magazine, publié ici avec l'aimable autorisation et du journal et d'Antoine de Lacoste)

    Depuis que Donald Trump a choisi de se retirer de l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les principales puissances de la planète, la tension est à son comble au Proche-Orient.

    Trump avait d’ailleurs annoncé la couleur tout au long de sa campagne électorale. Pour lui, ce traité signé en 2015 faisait la part trop belle à l’Iran et il convenait de le renégocier. C’était bien sûr un argument électoral pour contrer le camp démocrate, mais pas seulement. Cet engagement de retrait relevait également de la ferme volonté de contenir la montée en puissance iranienne afin de protéger Israël et l’Arabie Saoudite, piliers des alliances américaines au Proche-Orient.

    antoine de lacoste.jpgLe retrait fut décidé en mai 2018, assorti de sanctions économiques destinées à mettre l’Iran à genoux. La manœuvre, dite de « pression maximum », devait obliger le régime des mollahs à négocier un nouvel accord en échange de la levée des sanctions. Cet accord serait naturellement plus contraignant pour l’Iran, allant au-delà du problème nucléaire, englobant en particulier les missiles balistiques. Bien évidemment, le noyau dur des sanctions concernait le pétrole dont les exportations seraient rendues impossibles. Privé de cette ressource vitale, l’Iran ne pouvait que demander grâce.

     

    La lutte pour le pétrole

    Ce que Trump n’avait pas suffisamment anticipé, ce sont les luttes de pouvoir au sein du régime iranien. Le clan des conciliants, emmené par le Président Rohani, était farouchement pour cet accord nucléaire, premier pas vers un apaisement des relations avec le monde occidental qui serait suivi d’une relance des investissements et du tourisme. Le clan des durs, symbolisé par les gardiens de la révolution, perdit de l’influence après la signature solennelle du traité à Vienne. Naturellement, la décision de Trump les remit en selle et, aujourd’hui, ce sont eux qui organisent la résistance au diktat américain.

    Cette résistance, l’Iran a décidé de la faire porter principalement sur le terrain du pétrole, tout en poursuivant sa politique d’implantation en Irak et en Syrie. A cela s’ajoute un soutien actif aux rebelles houthis en guerre contre le régime yéménite et l’Arabie Saoudite.

    Ainsi des pétroliers de diverses nationalités naviguant dans le Golfe persique ont subi des attaques non revendiquées. Les Américains ont accusé l’Iran haut et fort et ont fait procéder à Gibraltar par son allié anglais à l’arraisonnement d’un pétrolier iranien soupçonné de vouloir ravitailler la Syrie en pétrole. De provocations en rodomontades réciproques, la tension est allée croissante. Le point d’orgue fut atteint lorsqu’un drone américain fut abattu par un missile iranien. A cent millions de dollars le drone, le monde attendait une réaction américaine violente.

    Elle n’eut pas lieu et Trump affirma dans un de ses fameux tweets (quelle époque étrange…) qu’il avait, à la dernière minute, rappelé ses avions partis bombarder l’Iran afin d’éviter de nombreux morts. Personne ne croit à cette thèse et, au fond, il apparaît bien que Trump veuille éviter la guerre à tout prix.

    Sa grande idée était plutôt de convaincre les Européens de participer à l’escorte militaire des pétroliers franchissant le détroit d’Ormuz.

     

    Bloquer le détroit Ormuz ?

    Depuis 1945 et le début de la grande alliance américano-saoudienne, pétrole contre protection, le détroit d’Ormuz est considéré comme le lieu stratégique de l’approvisionnement du monde en pétrole. Chaque jour, ce sont 18 millions de barils qui y transitent, assurant ainsi 20% de la consommation mondiale. Large de seulement 50 kilomètres il constituerait un point de fragilité majeur en cas d’aggravation du conflit. C’est pourquoi Trump a eu cette idée de coalition internationale.

    Mais les Européens n’ont guère montré d’enthousiasme. Outre le coût considérable de telles patrouilles, leur utilité n’est pas apparue comme évidente. En fait, personne ne croit que l’Iran tentera de bloquer le détroit d’Ormuz. Ce serait un défi absurde, complexe à mettre en œuvre et suicidaire. Même les Européens seraient obligés de forcer l’Iran à ne pas menacer la libre circulation du pétrole et du gaz.

    Le détroit d’Ormuz aujourd’hui, s’il reste très important, n’est plus vital pour l’économie mondiale. Depuis que les Américains ont ouvert la voie du pétrole et du gaz de schiste, leur production s’est considérablement accrue au point d’en faire maintenant le premier producteur mondial de pétrole. L’Europe, pour des raisons purement idéologiques, s’est interdit d’explorer cette voie et l’on reste accablé par un tel aveuglement doublé d’une telle veulerie face aux « khmers verts ».

    La dépendance américaine vis-à-vis de l’Arabie Saoudite et donc du détroit d’Ormuz a disparu, ce qui rebat les cartes de ses alliances et de son interventionnisme potentiel. L’Europe est également moins dépendante : la Russie, les pays du Caucase, l’Algérie sont des fournisseurs stables et, en cas de besoin, les énormes ressources du Venezuela (les plus importantes de la planète) sont potentiellement disponibles.

    Ce qui se passe au Proche-Orient relève donc d’avantage d’une lutte idéologique que d’une guerre du pétrole. Et cette lutte idéologique, Trump a décidé de ne pas en faire un conflit armé. Le début de sa campagne électorale préparatoire à un éventuel deuxième mandat, y est pour beaucoup bien sûr. Ses engagements avant son élection ont été entendus par le peuple américain et une aventure militaire en Iran pourrait sonner le glas d’une réélection.

    Les Emirats arabes unis ont également joué un rôle dans cette retenue américaine. Situés juste en face de l’Iran, de l’autre côté de du détroit, ils seraient en première ligne en cas de conflit. Peu désireux d’y participer, ce très fidèle allié des Américains a pris du champ. Il s’est permis de signaler qu’un peu de prudence dans cette région explosive serait de bon aloi et des échanges courtois ont eu lieu avec le voisin iranien, initiative bien osée de la part d’une puissance sunnite envers l’hérétique chiite.

    De plus les Emirats sont les seuls à disposer d’une armée à peu près fiable parmi les pays sunnites et ils sont las de pallier, au Yemen, l’invraisemblable incurie de l’armée saoudienne. Leurs pertes augmentent face aux rebelles houthis (d’obédience chiite) et leur sortie progressive de ce conflit calamiteux déclenché par les Saoudiens n’est plus à exclure.

     

    Une attaque surprise de drones

    Trump n’ignore rien de la faiblesse de son allié saoudien. Les frasques de son nouveau dirigeant Mohamed ben Salman (MBS pour les intimes), en particulier la séquestration du Premier ministre libanais Hariri et l’assassinat d’un journaliste d’opposition dans les locaux de son consulat en Turquie, ont durablement dégradé son image. D’allié stratégique, l’Arabie Saoudite devient progressivement un allié nécessaire mais parfois encombrant.

    Dans ce contexte, la retenue américaine prend tout son sens ainsi que le renvoi du pire faucon, John Bolton, l’homme qui ne regrette même pas l’intervention en Irak.

    Mais les gardiens de la révolution iraniens ne l’entendent pas ainsi et, eux aussi, appliquent la méthode de la pression maximum.

    La récente attaque de drones contre deux installations pétrolières stratégiques de l’Arabie Saoudite a surpris tout le monde. On ne sait pas encore très bien d’où sont partis ces missiles mais la main iranienne semble évidente. Là aussi, l’absence (pour l’instant) de réaction américaine est très frappante alors que les dégâts sont tout de même très importants pour l’économie pétrolière saoudienne. Accessoirement, la vulnérabilité de ses installations est apparue criante. Les Américains viennent d’ailleurs d’envoyer quelques renforts en urgence pour protéger les-dites installations.

    La doctrine américaine évolue donc et pression maximum semble se substituer à « changement de régime hostile ». Sauf nouvelle escalade imprévue (et tout est possible), il n’y aura sans doute pas de guerre pour le détroit d’Ormuz.   ■ 

     

    Par Antoine de Lacoste

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  • Médias • Objectivité subjective

     

    Entretien de Politque magazine avec Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine 

    Est-ce le rôle de l’Assemblée nationale de définir ce qui est vrai, comme la loi sur les fake news tendrait à le démontrer ?

    Je ne le pense pas. Et dans cette loi, ce ne sera même pas l’Assemblée mais les juges qui, en dernier recours, décideraient de la vérité. Tout cela part d’un bon sentiment, mais on s’apercevra à l’usage que les juges auront une forte marge d’interprétation pour décider si une information est juste ou non. Et ça, c’est dangereux. Je ferai l’analogie avec la 17e chambre, qui condamne des journalistes comme Éric Zemmour, un de nos collaborateurs, où, partant d’un concept apparemment simple, comme l’incitation à la haine, le juge décide à partir de quel moment un propos est seulement descriptif d’une situation, ou incitatif… Je suis très réservé.

    En même temps, il y a une volonté de judiciarisation de la vérité par les militants et même les Français dans leur ensemble : on peut signaler à chaque média, au CSA, tout ce qui nous déplait, et personne ne s’en prive, au vu des statistiques.

    Il y a cette « envie de pénal » généralisée dont parlait Philippe Muray. Il y a là le résultat de deux mouvements. Le premier, c’est la victimisation, qui est devenue une règle d’existence : quand je ne suis pas d’accord, je suis forcément une victime et donc je demande réparation. La logique de la contradiction, traditionnelle dans le débat démocratique, s’amenuise au profit d’une logique de la réparation. On voit ça sur tous les sujets, c’est devenu un réflexe. Le second, c’est tout bonnement le refus du débat. Avec les réseaux sociaux, chacun a pu se construire une bulle dans laquelle il est conforté par les gens qui pensent comme lui, les sites qu’il consulte, les comptes Twitter qu’il suit, et il ne supporte plus ceux qui ne rentrent pas dans cette bulle, au point que son obsession devient alors de les faire taire. C’est la grande contradiction d’Internet supposé vous ouvrir au monde et qui vous referme sur vous-même.

    Avec des initiatives comme le Decodex, ou le fait d’être officiellement chargés de certifier le vrai et d’indexer le juste, d’être une référence, les médias ne sont-ils pas victimes des mêmes travers ?

    L’erreur de base de cette construction est de considérer qu’il y a une vérité objective. Sur les faits, sur les chiffres, comme ceux de l’immigration, par l’exemple, on voit qu’on peut choisir ceux qu’on met en avant. C’est pourquoi nous ne rentrons pas dans ce dispositif consistant à dire qu’il y a une vérité officielle qu’on ne peut plus contester. C’est une impasse. Chacun fait son travail de journaliste honnêtement mais chacun met en avant des chiffres, des réalités, des faits qui sont vrais mais qui vont à l’appui de la thèse défendue, à l’appui d’une vision du monde et même, surtout à gauche, d’une idéologie, avec des bons et des méchants. Et les bons, ce sont ceux qui pensent comme Le Monde et Libération. On ne dit pas que les autres sont méchants, on dit « les autres ont tort, ce sont des menteurs ». Il y a là un glissement sémantique, puisqu’on travestit le débat contradictoire en un affrontement entre le mensonge et la vérité.

    Les journalistes sont en fait prescripteurs de vérité : en sélectionnant l’information, ils constituent l’univers de référence dans lequel le lecteur se positionne. Ils informent la réalité plus qu’ils n’en rendent compte. Mais les journaux paraissent refuser d’admettre ce rôle constitutif et prescripteur…

    Je ne sais plus qui disait que la vérité était comme une sphère, on ne peut jamais la voir toute entière. J’adore cette image. « Il fait jour sur la terre », ce n’est vrai que pour la moitié de la planète. Les médias sont de bonne foi quand ils disent qu’ils décrivent la vérité, mais ils doivent admettre qu’ils décrivent la partie de la vérité qui est cohérente avec leur vision du monde, quitte à nier la réalité quand ils affirment par exemple qu’il n’y a pas de crise de l’immigration mais seulement une crise sociale. On est toujours sur cette ligne de crête où on doit admettre qu’on a une vision des choses. Je m’efforce d’abord et avant tout de respecter les faits mais je ne me considère pas comme un journaliste neutre, je ne suis pas au Figaro Magazine par hasard. J’ai une vision libérale et conservatrice de la société, et je décris des situations qui sont le reflet de cette vision. Je dois admettre cette subjectivité. Ce qui n’est pas supportable, ce sont les médias qui disent « mais nous, on est objectifs ». Ce n’est pas vrai : on peut être honnête, on ne peut pas être objectif… Même quand on est journaliste scientifique !

    Que penser des journaux qui expliquent qu’ils ne parlent pas d’une information parce qu’elle desservirait leur cause ou favoriserait celle de leurs adversaires, au motif de « ne pas faire le jeu de … » ? En quoi est-il légitime de ne pas parler d’une information ?

    Ce type de raisonnement n’est plus opérationnel, il est même contre-productif. Si on prend l’affaire des agressions sexuelles de Cologne pendant le réveillon, même la police avait occulté les événements, et quand cela a fini par se savoir, le scandale a été décuplé. Taire, cela ne marche plus. Quand un média occulte une information, ça lui est reproché immédiatement – et les réseaux sociaux la répandent à sa place. Quelle est la réflexion du journaliste ? Ne pas en parler parce que dans la hiérarchie de l’information ce n’est pas le plus important, ou ne pas en parler parce que ça ne va pas dans le sens de sa thèse ? Il ne devrait pas y avoir les mêmes règles selon qu’on est un média de service public ou non. Il n’y a pas assez de neutralité, et c’est un euphémisme, sur ces médias financés par les Français de toute conviction. En revanche, il n’est pas choquant qu’un journal dont la ligne éditoriale est claire décide de mettre ou non l’accent sur tel ou tel sujet.

    Plusieurs journaux justifient pourtant leur silence au nom de l’idéal qu’ils défendent et vont jusqu’à réclamer que les fournisseurs alternatifs d’information soient réduits au silence. Le gouvernement veut maîtriser l’information et certains médias dits « de référence » veulent protéger la vérité officielle ou protéger, peut-être, leur rente de situation.

    Je pense qu’il faut relativiser ce constat. Les journalistes de L’Obs doivent penser qu’au Figaro Magazine on ne met en avant que ce qui accrédite nos constats : on est toujours le « politiquement correct » de quelqu’un ! Tant que toutes les opinions s’expriment, ça ne me choque pas. Mais que le gouvernement commence à mettre un pied là-dedans avec cette loi, ça devient inquiétant.

    Le gouvernement veut légiférer alors que la confiance envers les politiques et les médias est au plus bas, selon le baromètre du Cevipof*. Cette perte de confiance ne vient-elle pas en partie de l’idée que politiques et médiatiques gouvernent ensemble ?

    Le développement d’informations fausses sur les réseaux sociaux, supposés libérés, a redonné une crédibilité aux médias. Aux États-Unis, la prolifération des fake news, dans tous les camps, a fait considérablement augmenter les abonnements numériques aux journaux dits sérieux, traditionnels. Le Figaro arrive à cent mille abonnés numériques. Il ne faut donc être ni naïf, ni tranché : le discrédit n’est pas absolu. Mais c’est à nous de prouver qu’une information donnée par un journaliste, signée de son nom, a plus de valeur qu’une opinion donnée sur les réseaux, ne serait-ce que parce que je suis soumis à des règles dont les internautes s’affranchissent. Pour répondre plus directement, je ne crois pas à une coalition d’intérêts concertée. Je pense plutôt qu’il y a une vision moderne du monde partagée entre les derniers gouvernements, de Macron à Sarkozy, et la majorité des journalistes. Ça n’a donc pas besoin d’être concerté : ces gens pensent la même chose. Il y a en fait beaucoup de gens honnêtes. Ce système médiatique, dont on a le sentiment qu’il est engagé dans un camp, n’est pas une machine militante : c’est « juste » que ses artisans sont profondément et sincèrement convaincus. Les médias engagés doivent donc éveiller les consciences – et on voit, en Europe, à quel point les choses peuvent bouger. Que cette concordance de points de vue entre le pouvoir en général et les médias en général ait participé ou provoqué ce discrédit, c’est une évidence. Mais le double constat que les gens sont honnêtes et que les choses peuvent bouger me rend optimiste !  ■

    www.sciencespo.fr/cevipof/fr/content/les-resultats-par-vague : vague 9, janvier 2018, page 29.

    Propos recueillis Par Philippe Mesnard
  • Jardins d’Éole: face à un millier de toxicomanes, les habitants du nord de Paris abandonnés, Pierre Liscia.

    Évacuation du jardin d’Eole, 30 juin 2021 © LIONEL URMAN/SIPA Numéro de reportage : 01026143_000021

    Une tribune de Pierre Liscia

    En évacuant les toxicomanes des Jardins d’Eole (18e arrondissement de Paris) au début de l’été, Anne Hidalgo a voulu invisibiliser un fiasco trop visible de sa politique. Mais les riverains demeurent en proie à une toxicomanie de rue inédite et éparse. Pierre Liscia fait le point.

    6.jpgÉole. Quel joli nom que celui d’Éole ! Un mot doux à l’oreille, qui fleure bon le grand air et qui évoque la légèreté de la feuille qui se laisse porter par le vent, papillonnante et tourbillonnante. Éole, c’est une promesse de sérénité, de quiétude et de liberté. Les jardins d’Éole, c’était ça : la promesse d’un grand parc pour les habitants du nord-est parisien qui aurait redonné une bouffée d’oxygène à un quartier enclavé, surdensifié et bétonnisé. Pourtant, ces derniers mois, Éole est devenu le symbole d’un cauchemar urbain au quotidien. Ce qu’Éole avait de doux s’est mue en une réalité dure et brutale. La bouffée d’oxygène est devenue suffocante. Quant à la promesse de liberté, elle s’est éteinte, asphyxiée sous une chape de crack.

    Ceux qui se navrent aujourd’hui de voir les migrants plonger dans la toxicomanie sont les mêmes qui défendaient l’ouverture d’un centre d’accueil pour migrants au pied de la colline du crack…

    Nul besoin de rappeler l’odieuse réalité de notre quotidien tant l’actualité des derniers mois a rapporté chaque jour son lot de témoignages épouvantables, d’agressions insupportables, de viols et un meurtre ignoble qui a suscité un vif émoi dans tout le quartier. Gare du Nord, porte de la Chapelle, porte d’Aubervilliers, Rosa Parks, Stalingrad, Éole… À chaque fois, les mêmes dénominateurs communs : la toxicomanie, le crack, l’insécurité. Derrière ces mots, des vies brisées par la drogue, des riverains abandonnés, des enfants terrorisés. Et des élus locaux aux abonnés absents, quand ils ne sont pas tout simplement méprisants.

    L’indifférence d’Anne Hidalgo

    Comment en est-on arrivé là ? Comment a-t-on pu laisser sombrer tant de quartiers de la Ville lumière dans les profondeurs de l’indignité, à la limite de l’inhumanité ? Comment la Maire de Paris – candidate putative à l’élection présidentielle – peut-elle être si indifférente à la détresse de ses propres administrés ? Comment la capitale de la cinquième puissance mondiale y a-t-elle perdu sa splendeur, son panache – et disons-le clairement – son âme, alors que cette triple catastrophe humanitaire, sanitaire et sécuritaire était largement prévisible, et donc évitable ?

    Non seulement les pouvoirs publics ne se sont jamais donnés les moyens d’enrayer cette spirale mortifère du crack et de la toxicomanie de rue, mais pire, ils l’ont alimenté par leur inaction, leur attentisme, leurs improvisations permanentes et leur cynisme, avec au premier chef, la Ville de Paris.

    Gesticulations politiques

    Depuis trois ans, la crise du crack est la toile de fond d’une bataille politique et idéologique entre la Maire de Paris et le gouvernement, dont les figurants – ou plutôt devrais-je dire les premières victimes – sont les habitants oubliés du nord-est parisien. Pour eux, l’enjeu n’a jamais été d’apporter des solutions rapides et efficaces contre le crack ni de répondre aux attentes légitimes des riverains mais bien de s’engager dans des querelles aussi stériles qu’affligeantes : on s’emploie donc à se rejeter la responsabilité de ses propres échecs ; on se surpasse dans l’art de la joute, à la recherche de la formule qui fera mouche ; on en profite pour tenter de rassembler la gauche et l’extrême-gauche défenseuse des salles de shoot ou au contraire pour bomber le torse et rassurer son aile droite à grands renforts de gesticulations médiatiques et de discours martiaux qui ne seront jamais suivis d’effets.

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    Pierre Liscia est conseiller régional d’Ile-de-France, porte-parole de “Libres !” et riverain du Jardin d’Eole

    Et nous dans tout ça ? Rien. Ou plutôt si : pire ! Depuis les démantèlements successifs de la « colline du crack » à la porte de la Chapelle, les toxicomanes n’ont jamais cessés d’être déplacés de quartiers en quartiers, sans jamais qu’il ne leur soit proposé une solution durable et pérenne pour les sortir de la rue et les insérer dans un parcours de sevrage et de réinsertion sociale – une solution que nous proposons avec force depuis 2018 avec Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France – pourtant la seule issue pour enfin sortir de l’ornière. Au lieu de ça, l’État évacue, encore et toujours, sachant pertinemment que sans structure de désintoxication avec prises en charge sanitaire et psychiatrique, les consommateurs n’ont aucune autre perspective que de se réinstaller quelques centaines de mètres plus loin, à la merci des dealers, des réseaux de prostitution et de traite d’êtres humains.

    Le cocktail imbuvable de la Mairie

    Cette crise du crack, c’est aussi une succession d’erreurs sciemment commises par la Maire de Paris, par excès d’orgueil et égo démesuré. La première est d’avoir précipité l’ouverture d’un centre d’accueil pour migrants à la porte de la Chapelle sans aucune concertation avec le gouvernement, et cela dans un quartier déjà très largement sinistré et surtout à quelques mètres à peine de la colline du crack qui préexistait déjà. Comment ne pas voir que la surconcentration de populations migrantes en situation d’extrême précarité sociale et de grande fragilité physique et psychique en proximité immédiate des toxicomanes et de leurs dealers était un cocktail dangereux qui allait dramatiquement aggraver la situation ? Alors qu’ils n’étaient que quelques dizaines de toxicomanes à la porte de la Chapelle en 2017, ils sont aujourd’hui plus d’un millier en errance dans le nord-est de Paris. Ceux qui se navrent aujourd’hui de voir les migrants plonger dans la toxicomanie sont les mêmes qui défendaient l’ouverture d’un centre d’accueil pour migrants au pied de la colline du crack.

    La seconde erreur est de s’être entêtée à vouloir appréhender la question de la toxicomanie sous le prisme de la victimisation des consommateurs qui nécessiteraient d’être accompagnés dans leur addition plutôt que de les considérer pour ce qu’ils sont, à savoir des malades qui sont un danger pour eux-mêmes et pour autrui et qui nécessitent par conséquent d’être soignés. Aussi Anne Hidalgo s’est-elle longtemps gargarisé de son « plan crack » de 10 millions d’euros qui n’a servi qu’à créer des points de fixation de la consommation et du deal dans le nord-est et à accompagner dans leur dépendance les « usagers de drogues » comme il est désormais convenu de désigner les toxicomanes selon le jargon adopté par l’Hôtel de Ville, comme si la consommation de crack avait rang de service public. « Le plan crack est un fiasco ? Qu’à cela ne tienne ! Ouvrons donc des salles de shoot ! » s’exclame en chœur l’intelligentsia socialiste parisienne, faisant fi de l’expérience de la salle déjà ouverte depuis 2016 près de la Gare du Nord : explosion de la toxicomanie de rue dans le quartier au grand désespoir des riverains qui vivent au milieu du deal, des injections, des dégradations, des rixes, des cris et des agressions. L’ouverture de cette salle n’a pas non plus empêché́ la recrudescence du crack dans le nord-est de Paris, et pour cause, elle est réservée à la consommation de drogues par voie intraveineuse. Réclamer des salles d’injection pour lutter contre le crack qui s’administre par inhalation est une ineptie révélatrice de l’inquiétante méconnaissance de la Ville des enjeux du crack.

    Le coup de balai électoraliste d’Hidalgo

    Enfin, l’ultime erreur – et non des moindres ! – est d’avoir pris la décision unilatérale d’expulser les toxicomanes des jardins d’Éole en juin dernier, sans s’en être concertée avec les services de l’État et malgré l’inquiétante mise en garde du Préfet quant à une dissémination des consommateurs dans le quartier qui rendrait la situation pour les forces de sécurité comme pour les riverains encore plus compliquée qu’elle ne l’était précédemment. Qu’importe, il fallait à tout prix éviter que la crise à Éole ne vienne perturber le lancement du mouvement « Idées en Commun » début juillet, premier étage de la fusée destinée à propulser Anne Hidalgo dans la course à l’Élysée.

    Aujourd’hui, les toxicomanes poursuivent leur errance le long des grilles des jardins d’Éole sous les yeux des habitants découragés, écœurés et méprisés. Les enfants reprennent le chemin de l’école, la boule au ventre. Le quartier s’enlise, doucement mais inéluctablement. Qui s’en soucie ? Il y a fort à parier qu’Éole reste encore un bout de temps le doux mot d’une dure réalité.

     

    Conseiller régional d'Ile-de-France, porte-parole de "Libres !"
     
  • Sortie du Covid : des libertés toujours fragiles, par Jean Bouër.

    On annonce la sortie de la crise sanitaire. On pourra sortir plus tard, aller au restaurant ou même rire au théâtre… Mais en réalité, les libertés continuent à être fragilisées. Cet article vise à recenser ces libertés publiques soumises à des conditions qui rendent leur exercice précaire.

    Un nouvel épisode de « La République contre les libertés », pour reprendre le titre d’un ouvrage d’un universitaire (Jean-Pierre Machelon) qui soulevait les nombreuses restrictions aux libertés publiques appliquées par la IIIe République, contrastant ainsi avec l’image d’un régime perçu à tort comme un âge d’or de ces libertés. Et si l’état d’urgence sanitaire était une nouvelle illustration d’une politique dont le discours libéral – voire libertaire et même permissif quand il s’agit des mœurs – s’accommode sans difficultés d’une atteinte qui pourrait vider ces libertés de leur substance ? La situation de certaines libertés apporte un éclairage instructif.

    Liberté d’aller et venir : les allers-retours d’une restriction

    Cette liberté qui prévoit que tout citoyen peut circuler et se mouvoir librement a des fondements constitutionnels (articles 2 et 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, article 66 de la Constitution de 1958 qui mentionne la liberté individuelle auquel la liberté d’aller et venir est classiquement rattachée ou même, sans plus de précision, « principe fondamental de notre droit constitutionnel » selon la décision n°79-107 DC du 12 juillet 1979 du Conseil constitutionnel) ; mais aussi législatifs ou internationaux (article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme du 4 novembre 1950 qui fait référence au « droit à la liberté et à la sûreté »). Pour le juge administratif, c’est une « liberté fondamentale » qui peut être invoquée à l’appui d’un référé-liberté (CE, 11 avril 2018, n°418 027). Au même titre que la liberté d’expression, elle constitue l’un des pivots d’une société dite démocratique : elle ne peut être limitée que pour des raisons relatives à l’ordre public ou pour des raisons pénales (enquête ou condamnation). Pourtant, la manière dont on y remet en cause une échelle collective ne peut que laisser songeur. En effet, la liberté d’aller et venir n’a cessé d’être régulièrement écornée depuis mars 2020, notamment par des couvre-feu aussi répétitifs qu’évolutifs (interdiction de sortie à 21h, à 20h, à 18h, à 19h, puis à nouveau à 21h…) calqués sur le caractère dramatique ou non de l’actualité sanitaire… Le plus intéressant est que si l’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme envisage la restriction de la liberté pour des raisons sanitaires, c’est dans le cas d’une « détention régulière d’une personne susceptible de propager une maladie contagieuse » et non dans un cadre collectif comme on l’a vu avec les confinements successifs, appliqués indistinctement à des personnes contaminées ou non. L’état d’urgence sanitaire est bien une expérience inédite, qui soulève la question de l’atteinte massive à une liberté classique. Peut-on vraiment affirmer que la restriction à liberté d’aller et venir a été aussi proportionnée qu’elle aurait dû l’être ?

    Liberté de culte : un protocole de distanciation maintenu sans aucun calendrier sur la reprise normale du culte

    La liberté de culte, dont l’exercice avait été suspendu au cours du premier confinement, avait fait l’objet de mobilisations, aboutissant au rétablissement rapide de cet exercice. Le Conseil d’État était intervenu à plusieurs reprises et certaines de ces décisions feront date dans le régime jurisprudentiel de la liberté de culte. Dans plusieurs décisions, rendues à la suite de référés-liberté déposés par plusieurs associations après le premier confinement ou pendant le deuxième, le Conseil d’État avait indiqué que « la liberté du culte présente le caractère d’une liberté fondamentale. Telle qu’elle est régie par la loi, cette liberté ne se limite pas au droit de tout individu d’exprimer les convictions religieuses de son choix dans le respect de l’ordre public. Elle comporte également, parmi ses composantes essentielles, le droit de participer collectivement, sous la même réserve, à des cérémonies, en particulier dans les lieux de culte. La liberté du culte doit, cependant, être conciliée avec l’objectif de valeur constitutionnelle de protection de la santé » (CE, ord., 18 mai 2020, n°440 366, cons. 11 ; CE, ord., 7 novembre 2020, n°445 825, cons. 10). Cela avait suffi à rétablir à la fin du mois de mai 2020 l’exercice du culte. En novembre 2020, le Conseil d’État avait rejeté les requêtes demandant le rétablissement de l’exercice normal du culte, mais quelques semaines plus tard, (CE, ord., 29 novembre 2020, n°446 930), il avait enjoint au Premier ministre de modifier dans un délai maximum de trois jours son décret du 29 octobre 2020 pour encadrer de manière proportionnée les rassemblements et réunions dans les établissements de culte. Les autorités publiques étaient ainsi revenues sur la limitation de 30 fidèles par rassemblement au sein d’un lieu de culte par la mise en place d’un protocole prévoyant des règles de distanciation entre fidèles. Curieusement, alors que ce protocole impose aux lieux de culte une distance d’un siège sur trois et d’un rang sur deux, aucune date de reprise du culte dans les conditions normales n’a été à ce jour indiquée. Une anomalie qui contraste avec les calendriers publiés pour d’autres activités, comme la restauration en intérieur ou les salles de sport. Faut-il en déduire que la reprise normale se fera à compter de la cessation du couvre-feu le 30 juin 2021 ?

    Des libertés locales entravées par l’usage abusif des visioconférences ?

    La libre administration des collectivités locales est une liberté publique, dont l’effectivité permet de jauger le respect par notre pays des droits et libertés. Pour le juge administratif, elle constitue bien une « liberté fondamentale » qui peut être invoquée dans le cadre d’un référé-liberté (CE, ord., 18 janvier 2001, Communes de Venelles). Pour le Conseil constitutionnel, elle fait aussi partie de ces droits et libertés qui peuvent être invoqués à l’appui d’une question prioritaire de constitutionnalité. Pour autant, l’exigence de visioconférence dans certaines communes pourrait mettre en cause la libre administration des collectivités locales prévue par l’article 72 de la Constitution. Qui plus est, le législateur avait encadré dans le temps le recours à ces visioconférences. En effet, la loi n°2020-1379 du 14 novembre 2020 avait ouvert jusqu’au 16 février 2021 la faculté de recourir à ces réunions virtuelles. Or quelle n’est pas notre surprise de constater qu’après cette date, certaines assemblées locales ne se sont pas privées de réunir leurs élus à distance ! Peut-on sérieusement affirmer que l’appréciation du quorum (le nombre d’élus présents pour qu’une assemblée locale puisse se tenir régulièrement) se fait aussi en fonction des élus qui sont à distance ? La notion de présence est clairement pulvérisée… Les échanges en visioconférence ne présentent pas les mêmes liberté et spontanéité que dans une situation réelle. Bref, s’il n’y a guère de débat, donc de délibération au sens plénier du terme, la « réelle capacité de décision »[1] qu’implique la libre administration des collectivités locales a-t-elle été respectée ?

    [1] . Louis Favoreu et André Roux, « La libre administration des collectivités locales est-elle une liberté fondamentale ? », Cahiers du Conseil constitutionnel, n°12, mai 2002.

    Illustration : La brigade des libertés veille sur nous : Bruno Le Maire (ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance), Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la Fonction publique), et Cédric O (secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques).

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Le ”Plan Réussite en Licence” de Valérie Pécresse...

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               "Nous entendons diviser par deux en cinq ans le taux d'échec en première année à l'université, proche de 50 % dans certaines disciplines. Nous voulons un vrai équilibre entre les connaissances et l'orientation.

               Notre but est d'amener 50 % d'une classe d'âge à poursuivre des études supérieures, contre seulement 37 % aujourd'hui....."

              Voilà ce qu'a déclaré Valérie Pécresse, lors de la présentation d'un vague plan pompeusement baptisé "Plan Réussite en Licence". 

               Mais ces propos ne sont-ils pas stupéfiants ? Il ne vient pas une seconde à l'esprit de Madame Pécresse de se demander pourquoi l'on connaît un tel taux d'échec à l'Université ! Et si, tout simplement, c'était un défaut d'orientation ? Le même qui a commencé en sixième, lorsqu'on a laissé entrer dans cette classe environ 30 % d'enfants ne maîtrisant pas correctement la lecture, ni l'écriture, ni le calcul.

              Des enfants que l'on a ensuite -toujours par idéologie/démagogie...- laissé passer en Seconde, après qu'ils aient redoublé une ou deux classes au collège (où l'on commence à avoir des élèves de 17 ans en 3°: bientôt 18 ?). Puis qui ont fait, parfois en six ans, leurs trois années de Lycée, et qui ont fini par avoir un bac "à l'usure", passés leur 21 ans !....

             Pour enfin entrer à l'Université, dont ils finissent par sortir assez vite, ayant perdu leur temps et leur belle jeunesse, sans avoir acquis la moindre formation. Direction: l'Anpe !

             Cela n'a semble-t-il absolument pas effleuré Madame Pécresse, ne fût-ce qu'un instant. Ces élèves échouent à l'Université ? Plutôt que d'arrêter enfin les frais, et d'en finir avec ce saccage de personnalités et ce gaspillage d'argent, on va continuer ! On va donc les encadrer, les prendre en main, pour qu'ils passent en seconde année ! En seconde année on recommencera, on mettra autant de professeurs qu'il le faudra par élève, pour qu'ils passent en troisième année, et ainsi de suite.....

             Mais où s'arrêtera le délire ? Madame Pécresse va-t-elle engager la moitié de la France pour "encadrer" l'autre moitié ?

             Plantez un manche à balai, arrosez-le quatre fois par jour et apportez-lui de l'engrais deux fois par semaine: il ne produira pas de roses pour autant. Mais que dirait-on à celui (ou a celle...) qui dirait que c'est parce qu'on ne l'a pas assez arrosé, ou parce qu'on n'a pas mis assez d'engrais qu'il ne fait pas de roses ?.....

             Il semblerait que dans ce cas, pour lui ou pour elle, il n'y ait pas ou plus de remède.......

  • Feu sur le tirage au sort à l’université !

     

    Par Aristide Leucate

     

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    Le 27 avril 2017, soit quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle, le Bulletin officiel de l’Éducation nationale publiait une circulaire prévoyant le tirage au sort lorsque l’effectif des candidatures en première année d’accès à l’université excède les capacités d’accueil de cette dernière. Ultime présent laissé à ses successeurs par le plus malfaisant ministre de la rue de Grenelle : Najat Vallaud-Belkacem.

    Par la voix de son avocat, Me Henri de Beauregard, l’association SOS Éducation déposait une requête en référé devant le Conseil d’État pour demander la suspension de cette circulaire. Par ordonnance du 2 juin 2017, le juge rejeta la requête au motif que parce que « depuis plusieurs années le nombre de candidatures à une formation en première année de licence excède notablement, dans quelques établissements universitaires et pour certaines filières, le nombre de places disponibles » et « eu égard au droit pour tout bachelier à être inscrit », il peut être « nécessaire [de recourir] à un tirage au sort entre les candidats classés au même rang et ne pouvant être inscrits en totalité pour la formation désirée sans excéder les capacités d’accueil de l’établissement ».

    Il ne s’agissait, ici, que d’une ordonnance rendue sur le caractère suspensif de ladite circulaire, sans préjuger de ce qui allait être jugé plus tard, par une formation collégiale (et non plus un juge unique) au sein du Conseil d’État.

    Ce sera chose faite, ce 13 décembre, quand les juges du Palais-Royal examineront la requête au fond. Le rapporteur public se prononcera pour l’annulation de cette circulaire, ce qui, statistiquement, entraîne une décision similaire de la part des autres magistrats. 

    Quelques mois plus tôt, le 16 juin 2016, le tribunal administratif de Bordeaux estima que le tirage au sort était un procédé illégal, attendu qu’il appartient au recteur chancelier des universités, dès lors qu’il serait confronté à un nombre inhabituel de demandes d’inscriptions pouvant dépasser les capacités d’accueil de l’établissement en cause, de trancher lui-même la question – donc sans s’en remettre au hasard – « en fonction du domicile, de la situation de famille du candidat et des préférences exprimées par celui-ci »« selon la réglementation établie par le ministre chargé de l’Enseignement supérieur ». 

    En d’autres termes, le ministre comme le recteur ne peuvent se dédouaner de leurs responsabilités en se retranchant piteusement derrière l’aléa, en invoquant, au doigt mouillé, le destin. Outre que cette pratique semble ressortir aux temps lointains où quelques augures patentés savaient encore déchiffrer l’hermétique langage du sort, elle heurte en pleine figure le sacro-saint principe républicain selon lequel « tous les Citoyens étant égaux [aux yeux de la loi] sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents » (article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789).

    Le tirage aux sorts contrevient, d’évidence, à cette pierre angulaire républicaine qu’est la réussite fondée sur le mérite. Cette idée saugrenue révèle surtout en creux l’insurmontable naufrage de la « Déséducation » nationale qui, entraînant, année après année, la majorité d’une classe d’âge au baccalauréat, a abouti à l’engorgement des universités, désespérées de devoir éponger ces masses surnuméraires incultes et quasiment analphabètes.

    En droit, on recourt normalement au tirage au sort pour l’attribution de ressources techniques rares comme les préfixes téléphoniques ou les fréquences hertziennes. Que l’université y soit assujettie démontre, ab absurdo, que tout le monde n’a pas vocation à y entrer. Dura lex, sed lex…