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La coalition de gauche prépare-t-elle l'abolition de la monarchie espagnole en douceur ?, par Frédéric de Natal

Ce lundi prochain, c’est un vent de fronde anti-monarchique qui va souffler dans l’enceinte des Cortès. Une heure avant l’arrivée du roi Felipe (Philippe) VI, les principaux présidents de formations de la gauche catalane, basque et galicienne (ERC, BNG, CUP, Bildu et JxCAT), accompagnés de leurs élus, au total 49 députés, ont annoncé qu’ils allaient lire un manifeste remettant en cause le principe monarchique tout en affichant leurs volontés sécessionnistes.

Un acte de défiance qui n’est pas sans rappeler les événements de 1931 qui ont précipité l’exil du roi Alphonse XIII.

La monarchie du roi d’Espagne est-elle menacée par un nouveau Front républicain ?

Depuis la réélection du premier ministre Pedro Sanchez, le 10 novembre 2019, les médias s’inquiètent de la montée en puissance des partis indépendantistes et pro-républicains, présents aux Cortès. Y compris au sein du gouvernement. Pour «El Diaro», qui consacre un article complet à ce qu’elle considère comme une atteinte contre l’institution royale, la coalition au pouvoir (les socialistes du PSOE et l’extrême-gauche populiste de Podemos) cache mal ses rêves d’instaurer une « Tercera República » dans le pays d’Isabelle la Catholique et de Ferdinand d’Aragon. Pour les indépendantistes catalans, il s’agit de protester contre le discours d’octobre 2017, d’une rare fermeté, prononcé par le souverain Bourbon qui avait accusé ceux-ci de « déloyauté » et de s’être « mis en marge de la démocratie » en organisant leur référendum d’autodétermination . Au mépris de la constitution de 1978 qui interdit ce genre de votations.

«Un choc émotionnel » pour le journal «El Diaro» qui demande à la Zarzuela d’agir rapidement et de renouer le dialogue avec la Catalogne afin d’éviter la chute de la monarchie, restaurée en 1975, après le décès du caudillo Franco. Des relations qui se sont crispées depuis que ces mêmes formations ont refusé de rencontrer Felipe VI lors des consultations qui ont mené à la formation du gouvernement de coalition. « La monarchie est une institution anachronique qui n'épouse pas un système qui se doit d'être démocratique » n’a pas hésité à déclarer, dans la presse galicienne, le député du BNG au Congrès, Nestor Rego, et qui souhaite l’abolition de la monarchie. « L'actuel roi Bourbon a décidé de prendre une position de défense » contre les « droits collectifs du peuple à prendre son destin en main» a t-il renchéri.

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Pour le député de Vox, Santiago Abascal, auto-proclamé protecteur de la monarchie et qui n’a toujours pas avalé l’exhumation ordonnée par le premier ministre de la dépouille de Franco, comme il l’évoque lui-même dans un entretien à Valeurs Actuelles, ce gouvernement n’est composé que de « traîtres » à la «patria».

En décembre 2019, devant la mairie de Madrid, et une flopée de drapeaux sang et or, y compris ceux des traditionalistes carlistes, un mouvement qui s'est singulièrement rapproché de lui, le parti Vox a appelé les espagnols à s’unir, «combattre les ennemis de l'ordre constitutionnel », « ramener Carles Puigdemont [éphémère président de la république de Catalogne-ndlr] en détention » et « arrêter le maudit Quim Torra [actuel président de la Généralité de Catalogne-ndr] ».

«Nous serons cette forteresse qui protégera notre constitution [royale] » n’a pas hésité à marteler le leader de Vox, dont le parti ne cesse de gagner des voix dans tous les scrutins locaux et nationaux. Un parti qui aurait même certaines faveurs de certains membres de la famille royale comme le jeune Felipe Juan Froilán de Todos los Santos de Marichalar y Borbón, 21 ans, fils de l’infante Elena, qui n’a pas hésité à participer à une manifestation organisée conjointement par la droite populaire et Vox. Avant de se faire rappeler à l’ordre par son oncle, el Rey.

Un référendum contre la monarchie ? C’est toute la question qui agite les milieux monarchistes espagnols. Toujours en décembre, un congrès a rassemblé dans la capitale du royaume, des centaines de délégués de formation de gauche et d’extrême-gauche, réunis au sein d’une Plateforme de consultation populaire et qui ont convenu d’organiser le 9 mai prochain un vote afin de savoir si l’Espagne souhaitait conserver son système actuel ou favoriser l’instauration d’une république. Selon le dernier sondage sur cette question, 51% des espagnols se revendiquent comme étant monarchistes contre 46% qui s’afficheraient républicains. Un conflit de génération est assez perceptible et fait craindre tous les scénarios. Pour 70% des jeunes espagnols, entre 18 et 24 ans, les mirages de république semblent plus attirants que les ors de la monarchie, une institution encore plébiscitée par les 55- 64 ans avec 62% des voix Un antagonisme qui est encore plus flagrant dans les différentes régions du royaume. Avec 75% des voix, l’Andalousie se place en tête des provinces pro-monarchiques, loin devant la Catalogne et le pays Basque qui rejettent respectivement la monarchie avec 74 et 71% des voix. Politiquement, le Parti Populaire (91%), Ciudadanos (83%) et Vox (82%) sont les mouvements les plus fidèles à la monarchie Bourbon. Une adhésion pour la monarchie en net recul chez les socialistes qui souhaiteraient la république à plus de 51% contre 44% en faveur du maintien de la royauté. Mais la palme de l’anti-monarchisme revient à Podemos où l’on trouve à peine 9% de ses membres sondés qui ne remettent pas en cause le système actuel.

Atmosphère de guerre civile en Espagne ? Haro sur le nouveau ministre de la communication, Alberto Garzon, accusé de niveler la monarchie par le bas. Ce député de la Gauche Unie (Izquierda Unida) ) qui cite volontiers en exemple Karl Marx et Lénine et qui appelle Felipe VI le « roi-citoyen », a tenté de ne pas prêter serment devant le souverain. Un affront mal vécu par les monarchistes. C’est d’ailleurs le premier communiste à intégrer un gouvernement espagnol depuis la victoire du Front Populaire en 1936. Ce même Front qui avait conduit le pays vers le chemin de la guerre civile. Sa présence a d’ailleurs provoqué l’irritation des forces monarchiques, Eglise catholique et Vox en tête, qui ont appelé, à l’annonce de sa nomination «à prier pour le salut de l’Espagne » voir «l’armée à remettre de l’ordre dans le royaume » comme l’explique une édition du quotidien français, « L’Humanité », daté du 14 janvier dernier.

Des modifications ont même été apportées à la prestation obligatoire de serment au roi depuis 2018. Exit la présence la Bible éditée en 1791 et dédiée à Charles IV, sur laquelle chaque ministre devait poser la paume de sa main au moment de la prestation de serment, comme le crucifix apposé près du Livre saint. Et si l’inclinaison au roi n’a pas été supprimée, elle n’est plus désormais obligatoire et laissée à la libre appréciation des ministres. Portraits du roi enlevés des mairies détenues par les indépendantistes ou les républicains, quand ils ne sont pas brûlés en place publique, drapeaux de la seconde république hissés au fronton des mairies, autant de signes d’inquiétudes et des menaces qui pèseraient sur l’institution royale d’après les monarchistes qui mobilisent désormais leurs partisans à chaque déplacement de la famille royale. Complots, fanstames en tout genre, le journal d’extrême-droite «Hispanidad » a, quant à lui, appelé à la formation d’un large mouvement catholique monarchique avant de se féliciter du discours prononcé récemment par le roi à la «Pascua Militar ».

Devant les principaux chefs militaires, le roi Felipe a rappelé à ceux-ci que leur devoir était de faire «respecter la constitution et les valeurs démocratiques de la monarchie». ¡Que viva España y VERDE ! crient dans la rue et d'une seule voix les monarchistes qui font front commun face à la menace qui pèse désormais l'unité du pays...

Commentaires

  • L'abolition de la monarchie actuelle est dans le droit fil de la "défranquisation" du pays qui a été promue par la Gauche espagnole lors de la translation des cendres de Franco de Los Caïdos au caveau familial de Mingorrubio, et ce au titre de la complète liquidation de l'héritage du Caudillo.
    Dans cet héritage, qui comprend du foncier, une fondation sur fonds publics, les positions sociales et patrimoniales de toutes les familles franquistes, il y a la restauration des Bourbons, qui en Catalogne sont particulièrement honnis par la moitié des habitants (La Diada).
    Plus en cliquant sur mon pseudo >>

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